Alwenna.
~Le 14 Juillet 1460~Le temps des adieux~
La Rousse s'était levée à l'aube, un matin de grand soleil qui viendrait dans la journée baigner de chaleur la campagne Valentinoise, elle avait la veille laissée ses deux grandes filles partir avec une personne de confiance vers la Bretagne, moment de déchirement pour une mère, mais depuis le décès de leur fils, Lav avait besoin de leurs filles, et quand à elle, elle devait s'assurer de leur offrir un avenir décent avant toute chose.
Laissant Blanca au bon soin de Nanie, elle avait pris le chemin du lac, elle avait ce besoin de se retrouver, de retrouver un sens à tout ce qu'elle vivait, pour elle et non pas uniquement pour elle mais aussi pour ses filles.
Sa vie se déchirait au fil des jours, une séparation douloureuse, faite en son libre choix, son premier amour qui se mourrait en Bretagne depuis la disparition brutale de leur fils, son cur de mère griffait au plus profond de la chair, et son cur de sur qui prenait aussi à son tour la lame acérée de la souffrance.
Elle marchait sans trop réfléchir à où elle se rendait, descendant un chemin caillouteux, elle arriva sur les rives du lac, une beauté aux aquarelles mélangeant le vert et le bleu, venait se perdre dans l'horizon, ses azurs un instant embrassent la beauté du spectacle, un instant de répit dans les ténèbres dans lesquelles elle plonge sans pouvoir y résister depuis quelques semaines.
Avisant une pierre plate, elle prit place assise, plissant le regard sous le soleil haut du Sud, la chaleur de celui-ci réchauffait sa peau, mais en son intérieur elle avait cruellement froid.Que dire?!? Que faire?!? Comment affronter les tourments qui viennent la balloter dans un tourbillon de peine?!?
Une larme perla sur sa joue, et de sa main presque translucide de ne plus se sustenter comme il se doit, elle sort de sa poche un petit bracelet de cuir, le serrant un instant et posant ses lèvres dessus, elle murmura.
Pardonne moi mon fils, je t'ai aimé, j'aurais voulu encore te voir rire, courir, chahuter, comme tu aimais tant le faire avec tes surs, que ton repos soit doux comme ton cur fut bon..
Un dernier baiser sur le bracelet, puis elle prit sa besace et son coffre si précieux, y glissant le fin bracelet.
La rousse n'en avait pas fini de ses adieux, un regard vers sa main gauche ou une alliance à la pierre bleue venait égayée quelque peu la pâleur de sa main, elle la retira non sans tremblement, elle avait de son propre chef décidée la fin de leur amour, au fond-elle le manque de chaleur, et bien d'autres choses avait terni cet amour qu'elle pensait infini, posant ses lèvres sur l'anneau, elle murmura à nouveau.
Adieu Gui, sois heureux, j'ai vécu avec toi de merveilleux moments, et j'en garde le plus précieux des souvenirs.
Prenant une goulée d'air, elle jeta l'anneau dans les eaux claires du lac, la page se tournait et dans son cur un poids se libérait.
Perdant à nouveau son regard au lointain, elle pensa à sa Bretagne, à ses amis laissés la bas, mais aussi à sa sur qui ne donnait plus de signe de vie à quiconque, elle sentait bien là la fin de celle qui lui apportait tant de rires, de complicité, elle pouvait aussi sentir la peine de Mod son mari, et dans cet écrin de verdure baigné d'eau, elle ferma les yeux et pria pour la fin de ses tourments.
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