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[RP] Gloria Innominatum

Lavey
Nous faisions partis de ce que certains appelaient une secte. Mais il s’agissait d’une religion, de NOTRE religion.
Nous l’avions appelée "Gloria Innominatum" car elle était dédiée à la gloire du Sans-Nom.
Il était d’ailleurs assez cocasse de remarquer à quel point les gens avait fait de cet anonymat un nom propre.

Nous venions tous d’horizons différents. Cela allait du simple vagabond au plus haut fonctionnaire royal, en passant par le boucher ou le boulanger du coin de la rue.
Pendant nos réunions, il n’y avait plus de classe sociale, plus de fonction. Le tutoiement était de mise.
A l’extérieur, le vouvoiement reprenait son bon droit et plus personne ne se connaissait.
Seuls, les amis de longue date pouvait affichés publiquement se lien qui les unissait mais jamais, au grand jamais, personne ne prononçait le nom de "Gloria Innominatum".

Une prophétie annonçait la naissance d’un être à part.
Parce qu’il serait le temps et le lieu, parce que la faiblesse humaine serait à son paroxysme, alors il pourrait, par l’intermédiaire d’un enfant nouveau-né, apparaître à nos yeux.
Il ne serait pas Lui, pas dans toute sa puissance.
Mais Lui, s’exprimerait au son de la voix de cet enfant, guiderait ses actes.
L’enfant deviendrait son apôtre.
L’apôtre du Sans-Nom.

Il s’appelait Samhuinn.
Il était né le jour de la fête dont il porte le nom, celle qui célèbre le début de la période sombre de l’année celtique.
Il était le fils de la Créature de l’Ombre et, par lui, "Gloria Innominatum" se révèlerait au grand jour.
Lavey
[Nuit du 31ème jour du mois d’Octobre de l’Année 1443]

L’attelage menait bon train sur les routes défoncées. La voiture du Haut Fonctionnaire n’arborait aucun signe ni armoirie, drapée de noir qu’elle était.

La date était importante. Nous étions la nuit de Samhuinn et la lune était au plus proche de sa face son sombre.
Le cocher tentait, tant bien que mal, de maintenir la voiture en ligne droite.


- Sal’té d’ch’mins d’campagn’, grommelait-il.

La visibilité était quasi nulle. Il avait eu ordre de souffler toutes les lanternes et toute flamme qui aurait pu être visible.
La discrétion était de rigueur. Si l’inquisition venait à avoir vent de leur position, tout pouvait être gâché.

La contrée était agitée depuis quelques temps. Les espions royaux avait dû faire leur travail correctement.
Alliées à la garde épiscopale, les troupes du Roy arpentaient les villes et villages, mettant aux arrêts toute femme enceinte et dont le terme semblait proche.

Les petites gens, eux-mêmes, s’y étaient mis.
Armés de fourches et autres outils de bois et de fer, ils défonçaient les portes et emmenaient, sans ménagement, toute femme suspecte, quand ils ne les tuaient pas sur le champ.

La rumeur enflait que cette nuit-là serait celle du démon, de celui qui n’avait pas de nom.
L’influence maléfique s’emparait déjà des esprits comme elle l’avait fait à Onyalone, des temps immémoriaux auparavant.

Au détour du chemin, la forme d’une bicoque, toutes flammes éteintes également, se dessina. Une certaine agitation nerveuse était palpable.
Les deux femmes qui s’avançaient à la rencontre de l’attelage ne semblaient pas y échapper.
Lavey
[Peu de temps avant, dans la bicoque]

- Signorina, c'est une grande nuit, vous allez donner naissance au Messie.

La servante s'affairait dans la bicoque insalubre. Le lieu, tenu secret pour des raisons de sécurité, était pourvu d'un confort des plus spartiate.
Imposée à la demoiselle et sa servante, la bicoque les avait tenues à l'écart de l'agitation ambiante et de tout risque de persécution.

La jeune femme avait adressé un sourire à sa domestique, posant machinalement une main sur son ventre tendu par la vie qu'il contenait.
La servante trottinait à travers l'unique puèce. Elle rassemblait et empaquetait tout ce qui lui passait sous les mains.
De temps à autre, elle jetait un coup d'oeil vers sa maîtresse afin de s'assurer que tout allait bien.
La jeune demoiselle se tenait parfois le ventre en grimaçant. Le petit être en elle semblait impatient de découvrir le goût de l'air extérieur.

La gouvernante apporta un peu d'eau à sa maîtresse et se remit prestement à ses paquets.
Elle commençait à tout rassembler devant l'unique porte lorsque la jeune femme enceinte la saisit par le bras.
Un sourire, teinté d'une légère mélancolie, accompagna ses paroles à la jeune dame de compagnie.


- Ne te donne pas cette peine Lucia. Là où je vais, je n'aurais pas besoin de tout cela.

La servante ne put que lâcher un triste :

- Signorina ...

Dehors, un bruit de sabots se fit entendre, lointain.

- Les voilà, s'exclama la jeune domestique.

Elle aida alors la jeune femme enceinte à se lever et l'accompagna jusqu'à la porte. Hâtivement, Lucia souffla ensuite toutes les bougies.
Les deux jeunes femmes sortirent en silence. Elles partirent alors, lentement, à la rencontre de l'attelage qui semblait sortir des ténèbres.
Lavey
La petite porte de la voiture s'était ouverte.
Personne ne se montra ni ne souffla mot à l'intérieur. Une simple portière s'était ouverte sur des ténèbres plus sombres que la nuit.

La servante passa une main sous l'aisselle de sa maîtresse, tandis que l'autre lui soutenait l'avant-bras.


- Signorina, allez-y doucement.

La jeune femme grimpa péniblement dans la voiture, suivie de près par sa gouvernante.
Installé en face d'elles, un homme en habits noirs les salua d'un signe de tête. Les deux jeunes femmes inclinèrent légèrement la leur pour lui rendre son salut.

L'attelage se mit alors an branle et fit demi-tour dans la petite cour devant la bicoque.
LE silence, entrecoupé par les légers gémissements de douleur de la jeune femme enceinte, se faisait pesant. Lucia faisait tout ce qui était en son faible pouvoir afin de rendre moins cahotique le transport.

Le village approchait. Déjà, on pouvait voir de petits groupes d'hommes et de femmes entourés de gardes royaux et épiscopaux..
Certains gisaient au sol, dans leur sang, d'autres étaient sur le point d'être exécutés. La suspicion de complot faisait des ravages. Un massacre s'annonçait.

Les chevaux s'arrêtèrent brusquement. L'homme, à l'intérieur, tira un rideau sombre devant les deux jeunes femmes.
Des éclats de voix se firent entendre à l'extérieur puis une tête se montra à la fenêtre.


- Qui va là?

L'homme sombre pencha alors son visage en silence, vers la lumière de la torche que tenait le soldat. Le garde pâlit soudain et bégaya.

- V ... Votre Excellence ... Veuillez me pardonner. Je n'avais pas reconnu votre équipage ... Mes ... Mes respects Excellence.

Blanc comme un linge, le soldat fit signe à ses camarades de laisser passer l'attelage qui reprit sa route.

Le reste du parcourt se fit sans encombre.
Tout le petit monde arriva dans l'immense cour d'un manoir. La voiture s'arrêta. L'homme en noir sortit le premier et aida les jeunes femmes à descendre.
Il s'adressa à la servante.


- Allez la préparer. Vous trouverez tout ce dont vous avez besoin dans le temple.

Il allait se diriger vers le perron lorsque la jeune maîtresse l'interpela.

- Eccelenza?

L'homme se retourna, faisant face à la jeune femme.

- Vous lui parlerez de moi?
- Certamente Signorina ... Un enfant doit savoir qui est sa mère.

Un léger sourire s'afficha sur le visage de la jeune femme qui s'éloigna au bras de sa servante.
L'homme grimpa les marches quatre à quatre en direction de la porte d'entrée principale.
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