Shirine
« ... sil ignore en mourant que cest moi qui le tue. »
Octobre 1460. Genève.
Libre d'aimer, emprisonnée d'aimer. L'amour est un poison, la mort en est-il le remède ?
Shirine guide Moran dans la nuit. Une lanterne dans une main, les armes d'Andhara dans l'autre. La fin de la soirée aurait pu être si différente. Il aurait tellement pu lasservir et l'attacher définitivement à lui, si seulement il avait su répondre aux questions qu'elle lui avait posées. Les non réponses et les effronteries avaient achevées de la décider.
Après qui l'ai vengée de la Velvet, laissée pour morte dans une petite rue derrière la taverne, Shirine en avait ressentie une profonde satisfaction. Elle avait voulu le soigner et en avait profité pour lui demander si Rosalinde était plus belle qu'elle. A cela il avait répondu non. Elle avait sourit, puis avait osé une question plus intime, à savoir qui avait été la meilleure amante. Il avait refusé de répondre. Elle n'avait plus voulu le soigner. L'ingrat avait alors décrété qu'il irait se faire dorloter par la petite brune du coin de la rue, qui de surcroît vivait seule.
Il avait scellé son destin.
Elle qui avait plus ou moins abandonné l'idée de se venger, avait trouvé une autre raison de faire disparaître définitivement le boiteux de sa vie. Elle lui avait promis des décoctions apaisantes, chez elle. Là où il n'avait encore osé aller. Le lieu de vie de dépravée de Shirine, l'hérétique, l'impie Sicaire du Lion de Juda, l'anomalie familiale...
Le chemin serpente hors de la ville, vers le bois. Ils passent la lisière. Moran, malgré sa blessure à la cuisse, a une bonne allure et marche sans son aide. Ils ne se parlent pas. La rousse est d'un calme inquiétant face à toute la colère qui l'habite. Elle se passe en boucle le scénario pensé, imaginé, programmé depuis des mois.
Le frère et la sur slaloment entre les arbres, passent quelques murets, qui furent sans doute des murs à une autre époque. Puis la tour se dessine enfin devant eux. A l'allure sombre et désuvrée, seule au milieu des conifères et des châtaigniers. Ils se faufilent au milieu des fougères pour atteindre la porte en bois rongée par l'humidité. Shirine glisse la clef dans la serrure et ouvre la porte, entrant la première. La pièce est circulaire. Au centre, trône une table en bois, flanquée de deux bancs et de deux fauteuils, à leur droite une cheminée dont le feu est presque éteint, à côté une étagère chargée de vaisselle et de bouteilles.
La Lisreux pose les armes et la lanterne sur la table et va remettre une buche dans la cheminée pour refaire partir le feu.
Va t'asseoir dans un fauteuil, lance-t-elle à Moran par dessus son épaule alors qu'elle s'affaire.
Le feu se remet bientôt à danser joyeusement. Elle se relève et va fermer la porte à clef. Silencieuse, elle va à son étagère et attrape deux verres. Elle en remplit un à moitié d'un liquide soigneusement choisit, puis comble avec du vin rouge, qui remplit également, mais seul, le deuxième verre. Elle se retourne et s'avance pour poser le breuvage devant le grand brun.
Tiens, ça va te détendre.
Elle prend place sur le banc, juste à côté de lui et lui adresse son premier regard depuis qu'ils ont quitté la taverne.
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- Andromaque, Jean Racine
Octobre 1460. Genève.
- Terre de liberté et prison.
Libre d'aimer, emprisonnée d'aimer. L'amour est un poison, la mort en est-il le remède ?
Shirine guide Moran dans la nuit. Une lanterne dans une main, les armes d'Andhara dans l'autre. La fin de la soirée aurait pu être si différente. Il aurait tellement pu lasservir et l'attacher définitivement à lui, si seulement il avait su répondre aux questions qu'elle lui avait posées. Les non réponses et les effronteries avaient achevées de la décider.
Après qui l'ai vengée de la Velvet, laissée pour morte dans une petite rue derrière la taverne, Shirine en avait ressentie une profonde satisfaction. Elle avait voulu le soigner et en avait profité pour lui demander si Rosalinde était plus belle qu'elle. A cela il avait répondu non. Elle avait sourit, puis avait osé une question plus intime, à savoir qui avait été la meilleure amante. Il avait refusé de répondre. Elle n'avait plus voulu le soigner. L'ingrat avait alors décrété qu'il irait se faire dorloter par la petite brune du coin de la rue, qui de surcroît vivait seule.
Il avait scellé son destin.
- Moran... Moran... Pourquoi attires-tu autant les femmes ? Pourquoi devrais-je me contenter d'être une parmi tant d'autres... ? Si tu ne peux être qu'à moi, Moran, tu ne seras à personne.
Elle qui avait plus ou moins abandonné l'idée de se venger, avait trouvé une autre raison de faire disparaître définitivement le boiteux de sa vie. Elle lui avait promis des décoctions apaisantes, chez elle. Là où il n'avait encore osé aller. Le lieu de vie de dépravée de Shirine, l'hérétique, l'impie Sicaire du Lion de Juda, l'anomalie familiale...
Le chemin serpente hors de la ville, vers le bois. Ils passent la lisière. Moran, malgré sa blessure à la cuisse, a une bonne allure et marche sans son aide. Ils ne se parlent pas. La rousse est d'un calme inquiétant face à toute la colère qui l'habite. Elle se passe en boucle le scénario pensé, imaginé, programmé depuis des mois.
Le frère et la sur slaloment entre les arbres, passent quelques murets, qui furent sans doute des murs à une autre époque. Puis la tour se dessine enfin devant eux. A l'allure sombre et désuvrée, seule au milieu des conifères et des châtaigniers. Ils se faufilent au milieu des fougères pour atteindre la porte en bois rongée par l'humidité. Shirine glisse la clef dans la serrure et ouvre la porte, entrant la première. La pièce est circulaire. Au centre, trône une table en bois, flanquée de deux bancs et de deux fauteuils, à leur droite une cheminée dont le feu est presque éteint, à côté une étagère chargée de vaisselle et de bouteilles.
La Lisreux pose les armes et la lanterne sur la table et va remettre une buche dans la cheminée pour refaire partir le feu.
Va t'asseoir dans un fauteuil, lance-t-elle à Moran par dessus son épaule alors qu'elle s'affaire.
Le feu se remet bientôt à danser joyeusement. Elle se relève et va fermer la porte à clef. Silencieuse, elle va à son étagère et attrape deux verres. Elle en remplit un à moitié d'un liquide soigneusement choisit, puis comble avec du vin rouge, qui remplit également, mais seul, le deuxième verre. Elle se retourne et s'avance pour poser le breuvage devant le grand brun.
Tiens, ça va te détendre.
Elle prend place sur le banc, juste à côté de lui et lui adresse son premier regard depuis qu'ils ont quitté la taverne.
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