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[RP] Lettre à ma fille...

Deedee
    C'est pour toi que je tais mes doutes, que je me bats coûte que coûte, c'est pour toi, pour que la lumière s'allume encore sous tes paupières…*


Quelque heure, quelque jour, quelque semaine peut être qu’elle était partie… Elle, sa petite princesse, son bébé. Sa petite fille si fragile... Elle l’avait laissé partir… Que pouvait-elle faire d’autre ? Elle le savait, auprès de sa marraine elle serait entouré, choyé, et non laissé au moins des domestiques à essayer de se construire seule. Oh elle le savait que ce n’était pas là la meilleur solution. Elle savait que sa place était auprès d’elle, tout près d’elle, avec elle. Mais voilà… elle avait fait des choix. Des choix qu’elle assumait…. Des choix qui la consumaient. Mais qui pouvait le comprendre. Qui pouvait comprendre qu’elle, la De Courcy, si imperturbable, si insensible, si vaillante se sentait mourir de l’intérieur de voir ses enfants s’éloigner petit à petit…

Le soir, à l’abri des regards, loin des injures et des parjures, elle écrivait la jeune duchesse, elle écrivait ses lettres pour sa fille, pour sa tendre petite étoile…


Citation:


Ma fille, ma princesse
Petit ange blond de mon cœur,

Je ne sais si tu comprendras cette lettre, si tu comprendras mes actes, peut être un jour, quand tu seras plus grande, quand ton cœur de jeune fille te fera songer a ta mère. Mais pour l’heure….

Pour l’heure te voici une fois de plus loin de moi, loin, toujours trop loin. Doit-on croire que je cherche à te fuir, doit-on croire que je cherche juste à te tenir éloigner de moi ? Je ne sais même pas répondre à cette question. Lorsque tu es loin, je n’ai qu’une hâte, te serrer dans mes bras, t’apprendre tout ce que je sais, te faire connaitre mes joies, mes craintes et mes jeux de petites filles. Mais lorsque je suis tout prêt de toi je me trouve… si maladroite si…. Honteuse.

Tu es la, toi, avec ta joie de vivre, ce sourire qui éclaire ton visage et qu’ai-je a t’offrir petite perle ? Qu’ai-je fait pour que tu sois fier de moi ? Qu’ai-je à te donner pour que tu puisses dire avec fierté que je suis ta maman ? Tu vois toutes ces questions qui me rongent et me dévore….

Mon ange… si tu pouvais un jour comprendre ses mots… juste comprendre…


Une larme, c’est une larme qui vint s’écraser sur le parchemin souillant l’encre et grossissant de plus en plus. A quoi bon ? Elle n’y parvenait pas…
Écartant plume et parchemins avec rage, Adeline se leva, ronger par la douleur et la colère ! Comment ? Comment parvenait-elle a tenir la tête d’un duché ? D’une ambassade ? D’un hôpital, et n’était même pas fichu d’écrire une lettre a sa fille ? Comment ?

Le front poser sur la vitre fraiche de sa fenêtre, la jeune femme perdit son regard sur l’extérieur, la cours du château ou tout semblait étriquer, et puis plus loin… le fleuve, l’horizon, la Normandie, le Maine… Briana…
Briana…
Adeline se passa une main sur le visage, lasse, épuisée avant de secouer la tête et se remettre a sa table de travail.

Plume en main, elle tenta de noircir un nouveau parchemin


Citation:


Ma petite Briana, ma douce princesse, mon ange,

Voila des jours et des jours que tu es partie, sans que je ne puisse t’embrasser une dernière fois. Je sais que tu dois être en colère après moi et tu en a bien raison, mais si tu savais ma princesse combien j’aimerais vite m’enfuir pour venir te chercher. Je compte les jours, et les heures depuis ton départ et ceux qui me restent avant de pouvoir venir te voir.

Je ne sais pas si tu comprendras pourquoi je fais tout cela, je ne sais pas si tu comprendras pourquoi j’ai mis autant de temps à t’écrire. Difficile de trouver les mots pour t’expliquer tout cela… Je ne peux pas m’empêcher de te voir comme une ce petit bébé que je tenais blotti contre moi, cette petite fille si fragile que je gardais tout contre moi. J’ai du mal à voir que tu deviens chaque jour une grande fille… Du mal à voir que tu grandi… autant…

Mon ange, j’aurais tant de chose à te dire, tant de chose à te faire comprendre si seulement je trouvais les mots qu’il fallait.
Je me doute que tu dois être en colère, que ton petit cœur doit pleurer de me sentir si loin et pourtant… si tu savais petite perle comme je t’aime et comme tu me manques. Réussirais-je un jour à regagner ta confiance ? Comprendras-tu ce que ta mère à tenter de faire pour votre bien… à tout les deux ?

Je pense à toi ma princesse, j’espère que tout se passe bien avec Karyaan. Comment est ta chambre ? Le château dans lequel tu vis ? As-tu reçu le coquillage que j’ai fait passer à ta marraine ? Je l’ai trouvé sur la plage, il est tellement étrange que j’ai pensé qu’il te plairait. Les bateaux ramènent tellement de chose bizarre en ce moment. En parlant de bateau tu sais que je n’ai pas oublié la promesse que je vous ai faite de ce voyage en bateau et je pense…. Je suis même certaine d’avoir trouvé le bateau et le capitaine qu’il nous faudra pour partir sur les mers. En as-tu encore envie ?

Ma petite perle, ma plume va s’arrêter là, pour cette missive, juste sur ces quelques mots : Je t’aime, je pense à toi…. Tous les jours.

Prend soin de toi mon ange.

Ta maman qui t’aime
Adeline


Cette fois… elle réveilla un de ses messagers prestement, lui ordonnant de galoper au plus vite vers le palais du Dauphin et de porter cette missive a sa petite princesse… Cette fois… non cette fois la missive de resterait pas sur son bureau… inachevé

    C'est pour toi que je me relève, quand, dans mon corps, le vent se lève, réveillant le froid de l'hiver,
    C'est pour toi …. D’une mère à sa fille…*



*D'une mere a sa fille. Chimene Badi

_________________
Briana.
      [ Qui se nourrit d'attendre,
      risque de mourir de faim]



Attendre...
Attendre, encore, toujours.
Attendre... en vain que vienne l'annonce du messager porteur d'une lettre. LA lettre. Celle qu'elle avait tant espérée recevoir depuis qu'elle avait rejoint le Maine.
Elle avait du faire preuve de bien de la patience avant de pouvoir enfin tenir l'Écrit entre ses mains. De ce qu'elle avait pu apprendre, la main maternelle s'était longuement essayer à l'échange épistolaire avec elle, mais sans jamais pouvoir y arriver.
Difficile alors pour Briana, de comprendre ce qui pouvait empêcher une mère de coucher quelques mots pour sa fille sur le vélin.
Avait-elle à craindre ? Manquait-elle de temps ? Comme elle en avait déjà manqué de trop auparavant.
Tant, qu'elle avait même omis venir lui dire au revoir cette nuit où elle avait quitté sa Normandie.

A moins, qu'elle n'ai attendu un premier geste de sa part. Qu'il soit à elle, la petite fille à peine plus âgée de sept printemps, de prendre la décision que l'adulte n'arrivait pas à prendre : celle d'écrire. Seulement, la Mini de Courcy n'en avait rien fait. Non pas qu'elle n'y arrive pas... juste que l'envie n'était plus là.

Et puis il y avait eu ce courrier que les petits doigts était venus ouvrir, ôtant le sceau familial. Aux yeux de découvrir les lignes d'écriture, les mots empreint d'un amour et d'un malaise certain.
Aux entrailles de la petite chose de se resserrer sur ce qu'elle lisait.
Lire sans vraiment tout comprendre... De vouloir y croire, mais de ne pas pouvoir. Les mots, qu'ils soient dis, ou écrit, n'étaient rien de plus que des mots. Des mots de plus... Mais qu'en étaient-ils des actes ?
Des promesses faites ? Avaient-elles seulement un jour été tenues... ?

Aux mots de trouver réponse. De n'être pas choisi et d'être écrit comme ils lui venaient en la pensée, et tant pis s'ils devaient blessés. C'était là tout le naturel de l'enfant, parler et étaler son ressenti franchement.




Maman,

Comme vous avé raison d'avoir pu m'imaginé en colère. Il seré mentir de vous laisser croire le contraire.
Je vous est détesté, vous, ma mère, non pas de m'avoir laissée partir pour le Maine, car il n'y a pour l'heure, pas meilleure place que je puisse trouver, que là où je suis actuellement, entourée de gens que j'aime et qui m'aime.

Je vous en ai voulu pour toute autre chose. Celle de ne pas être venue me dire au revoir. Gé cru ne pas compter autant que vous voulié biun me le faire croire dans ces écrits qui sont votre. Et comment croire que ce que vous dites cette fois sera la vérité ? Vous qui n'avait jamais fait que privilégier à vos actes les mots.

Expliquez moi, vous, Maman, ce qui vous retient de nous montrer que vous nous aimez tant ? Expliquez-moi les choses comme Karyaan sait si bien le faire avec moi ? Il n'est pas toujours besoin de moults mots. Un regard suffit, une attention aussi.
De quoi avez-vous essayer de nous protéger en faisant cela ?
Et comment comprendre des choses qu'on ne m'explique pas ?
Puissiez-vous trouver les mots Maman, que je comprenne enfin. Avant qu'il ne soit trop tard. Il faut toujours profiter de se dire les choses lorsqu'on en a encore l'occasion. C'est ce que ma Marraine m'aura longuement expliqué.

C'est grâce à elle encore, que je n'ai su vous haïr davantage pour ce qu'elle m'a expliquer les regrets que cela pourrait occasionner si jamais, par le plus grand des malheurs, je venéà vous perdre.

Voyez notre Cousin Osfrid et son père qui se meurt. Je ne veux pas avoir à vivre la même chose en me trouvant éloignée, sans avoir pu profiter de ce qu'une mère peut donner. Et vous parlant de ça, je vous informe Maman, que je m'en vé rejoindre le Danemark à ses côtés.
Karyaan est au courant. Peut-être vous en aura t-elle parlé.

Sur ces lignes, je vous laisse Maman. Les prochaines nouvelles me concernant devraient vous parvenir de chez nos ancêtres les Barbares. En attendant, prenez soin de vous et ne vous inquiétez pas pour moi. On veille sur moi.

Briana.



Il n'y avait là rien qu'une vérité couchée, des mots reflétant les maux d'une enfant délaissée par une mère qui trop absorbée par ses affaires, si elle ne faisait pas l'effort de se réveiller, risquerait de perdre son bébé, sa petite fille, qui de moins en moins fragile, grandirait avec... ou sans elle.
Deedee
    C'est pour toi, pour que tu te serres, contre moi, viens, je te laisse faire, tu peux la crier, ta colère
    C'est pour toi …
    D'une fille à sa mère


La main glisse, et glisse la plume sur le parchemins à la lueur de cette bougie. Les mots sortent, les mots se couche, les mots parlent, mais parlent juste a une feuille.

La petite lettre était arrivée plus tôt dans la journée, cinglante, comme ces coups qu’elle prenait à longueur de journée et pour lequel elle ne pouvait plus rien faire. Une petite lettre, avec des mots d’enfant, des mots qui exprimaient l’inconnu, l’incompréhension et la déception. Adeline l’avait lu, et relu, et chaque fois son cœur s’était serré de plus belle devant les mots maladroit mais tellement blessant de sa fille.

Apres tout, ne l’avait-elle pas cherché ? N’avait-elle pas provoqué cette chute vertigineuse qui les avait entrainé toute les deux sur ce sentiers si difficile ? Elle en était la seule fautive par ses choix, ses décisions, son sacrifice…

Le soir venu, seule dans son bureau tout juste éclairé par la faible lueur d’une bougie, elle écrivait la Duchesse. Une lettre, des mots, juste pour tenter de lui expliquer… Lui faire comprendre.


Citation:


Ma fille, ma princesse
Petit ange blond de mon cœur

Cette lettre rejoindra surement les autres, celle que je n’ai pu t’envoyer, mais qu’importe. Peut être un jour tu les trouveras, peut être que tu comprendras a ce moment là pourquoi ta mère avait fait ces choix…

Mon enfant ma fille, ta naissance fut pour moi un cadeau du ciel, je ne t’attendais plus, je n’y croyais plus. Aristote m’avait privé d’un autre petit ange avant toi, et je pensais ne pas que tu arriverais. Ton père était fou de joie, mais aussi tellement loin, tellement absent… Si absent que j’avais fini par rejoindre des amis au sein d’un ordre, secret…
Comment pourrais-je te raconter tout ce qu’il s’est passé là-bas ? Tout est si… Le monde des adultes est tellement cruel que j’aimerais t’en protéger toujours, tous les jours…
Tu es arrivé la bas, une nuit d’orage, petit ange coiffé, petit ange chanceuse, et tu as fait ma joie, mon bonheur, mon trésors. Un rayon de soleil dans la tempête qu’était ma vie.

J’ai toujours tenté de te protéger, ton frère et toi. Il m’a fallu nous battre, pour vivre, pour survivre, j’ai du vous mettre a l’abri plus d’une fois pour ne pas vous perdre. Tu ne t’en souviens probablement pas, tu étais si petite…
Et puis…


La plume s’arrêta un instant. Submergé par les souvenir et l’émotion, Adeline senti son cœur se serrer au point de s’en sentir mal. Oppressé. Simplement oppressé par tout cela. Comment pouvait-elle ? Comment réussirait-elle a lui expliquer réellement tout ce qui l’a conduit jusqu'à maintenant ?
Les trahisons, les guerres, les batailles, la politique… Tout ceci n’était que jeu d’adulte, non d’enfant…

S’enfilant alors un verre de calva rapidement, la Duchesse se cala dans le fond de son siège quelque instant regardant une fois de plus la lettre… Cette lettre qu’elle n’enverrait pas, comme les autres…
Comme les autres…

Lentement, Adeline posa donc sa lettre dans un coffret, avec les autres, celle ecrite et qu’elle n’avait jamais envoyé, et attrapa un autre parchemin.


Citation:


Ma petite Briana, petite perle, mon ange.

Tu as raison d’être en colère mon ange, la colère fait partie de nous, de notre caractère de notre vie, mais il faut prendre garde à ne pas se laisser dominer par elle. Je le suis aussi tu sais, non après toi, mais après tellement de chose. Mais combien de fois me suis-je laissé conduire par ma colère et fait des actes… irréfléchis et impardonnables.

Je sais mon ange que cela n’enlèvera pas ma faute a ton égard, je sais que j’aurais du être là ce soir là pour te dire au revoir et te serrer dans mes bras et je n’ai… aucune excuse à te donner car toute celle que je pouvais te donner jusqu'à maintenant ne sont pas valable. J’aurais du être là. Je devrais être prêt de toi mon enfant.

Ma petite perle, les mots sont toujours faciles à dire, facile à coucher sur un velin, mais les actes bien plus difficile à faire et parfois même…. Impossible à montrer.
Et puis il y a ces actes que l’on fait, mais que l’on ne dit pas.

Ta marraine est une femme sage, et droite, et je ne regrette pas que tu sois auprès d’elle, loin d’ici. Non pas que je préfère te savoir loin de moi, mais je sais qu’a ses cotés tu n’aura pas a subir la guerre qui fait rage ici.
Tu me demande mon ange de t’expliquer de quoi je veux te protéger, mais je veux simplement te protéger de ce monde d’adulte cruel et sans pitié dans lequel nous vivons. Je ne veux pas que tu subisses la méchanceté de ceux qui nous entoure.

Karyann m’a expliqué que tu côtoyais les marmules, tu vois donc a quoi peut conduire la méchanceté des hommes. Tu vois ce qu’ils peuvent faire à des enfants ? Comprend tu pourquoi je voulais, et je veux toujours t’en protéger ?
Il est vrai que j’aurais pu t’expliquer cela bien avant. Mais aurais tu compris ?

Je ne pourrais pas t’empêcher de me haïr s’il le faut, mais je ne pourrais pas non plus m’empêcher de t’aimer et te chérir. Ta marraine et Cousin Osfrid ont toujours eu raison, il faut profiter de se dire les choses avant qu’il ne soit trop tard, mais aussi, de le montrer.
Et j’ai tellement de chose à te montrer.

J’espère que ton voyage au Danemark se passera bien, que le cousin Osfrid ne sera pas trop exécrable, mais avec toi, j’en doute. Tu es la douceur même, le soleil incarnée. Sans doute la seule dans ce monde à avoir pu l’apprivoiser.

...


Elle s’arrêta un instant, posa sa plume et se massa légèrement la nuque. La nuit était déjà fort avancée, dans quelque heure le jour pointerait le bout de son nez, et une nouvelle journée recommencerait. Une de plus… Mais Adeline ne voulait guère y penser pour l’heure. Juste terminé cette lettre, et se rapprocher un peu plus de cette enfant qu’elle sentait lui echappé…

Citation:


.....
Ma petite perle, je vais devoir te laisser sur ses quelque lignes, bientôt nous nous reverrons et ce ne sont pas là que des mots. Mais en attendant, prends bien soin de toi, je pense a toi de tout mon cœur..

Ta maman qui t’aime…
Adeline.


Que dire de plus ? Tellement… tellement de chose. Tellement de mal de déjà fait qu’il faudrait bien plus que des mots pour reparé cela… Il était temps. Plus que temps meme de rendre les armes une bonne fois pour toute. S’éloigner de tout cela et prendre sa vie en main. SA vie. Loin du passé, des fantômes, loin de tout et de tous.
Il était temps…


    N'aie pas peur de tous mes silences, lorsque je prends de la distance, n'aie pas peur, n'aie pas de tristesse, qu'on se déchire, qu'on se blesse, c'est juste des mots, des broutilles
    C'est juste d'une mère à sa fille*



*D'une mere a sa fille. Chimene Badi

_________________
Briana.
Cette lettre, elle l'avait trouvé à son retour du Danemark. Réponse à la précédente missive qu'elle avait faite parvenir à sa mère peu de temps avant son départ.
Le pli avait été décacheté pour découvrir l'écrit, le petit corps confortablement assis dans le fond d'un énorme fauteuil aux bras épais qui semblait l'engloutir tout entier.

La journée de la jeune demoiselle avait été difficile et son voyage, si long et si éprouvant fut-il, pesait encore. Un peu las, elle se gonfla d'une profonde inspiration avant de soupirer longuement. Les yeux clos, elle songeait, revoyant les traits, la silhouette de sa mère qui se dessinait doucement sous ses paupières. Et elle réfléchissait...

A quand pouvait bien remonter leurs derniers instants de complicité partagée ?
Se devait-être à l'hiver dernier.
D'y repenser, un léger sourire était venu étirer la commissure de ses lèvres. Elle se revoyait, les deux pieds enfouis dans un immense tapis blanc, la neige ayant à l'époque recouvert tous le domaine... et leurs interminables batailles de boules de neiges qui finissaient en éclats de rires et en de tendres étreintes. Qu'il lui semblait loin ce temps où elle se sentait d'avoir une mère.

Une mère, le temps d'un hiver... Avant qu'elle ne juge bon fuir encore. Fuir. C'était ça ! Fuir ses enfants, ses obligations, dissimulant ce nouvel abandon sous couvert de quelques excuses qu'ils ne sauraient remettre en question. Combien de fois avait-elle entendu Carenza , Karyaan et bien d'autres, lui dirent que sa mère était une femme là de devoir endosser moult responsabilités. Qu'elle n'avait pas d'autre choix que celui-là.
Mais on avait toujours le choix.
Choix de parler ou de se taire. Choix d'agir ou de ne rien faire. Suffisait d'en prendre conscience pour se libérer du poids de quelques chaînes trop lourdes à porter.
Pour faire un pas vers la liberté.

Saurait-elle le faire un jour ? Serait-elle capable de tout abandonner pour les siens ?
L'avenir le lui dirait.

Rouvrant les yeux, Briana quitta sa place pour aller se rasseoir derrière sa petite table de travail. Déjà un parchemin vierge l'attendait, tout comme sa plume et son encrier. Elle prenait toujours soin d'en redisposer au cas où.
Abandonnant la missive de sa mère sur un coin du bureau, elle se para de sa plume et s'appliqua à coucher les premiers mots d'un nouvel échange épistolaire fille/mère.



Citation:



Maman,

Je vous prie de m'excuser d'avoir tardé à vous répondre, mais comme vous le saviez, mes pas m'ont mené à l'autre bout du monde en la compagnie de notre cousin.
Si vous aviez pu voir comme les terres y sont belles. Et notre famille si accueillante malgré l'épreuve et le chagrin venu lui asséner tourmente.
Si vous aviez pu découvrir tout ceci Maman...


La pointe de sa plume trempant dans l'encrier, Briana était certaine que si sa mère avait pu les accompagner, elle aurait pu avoir un autre regard sur sa vie, sur sa famille. Ouvrir les yeux sur l'essentiel., il fallait qu'elle y arrive. Comme sa grande tante Sigrùn. Quelle chance avait son cousin d'avoir une mère aussi bienveillante.
Comme elle aurait aimé que sa mère soit ainsi...


Citation:


...
Une chose est sur, plus tard, je retournerai sur ces terres. Je m'en suis faite la promesse. A moi et à notre cousin. Il est toujours bon de savoir d'où l'on vient. De partager avec les siens. Et notre cousin m'a tant fait découvrir, si vous saviez comme il fut bon avec moi. En rien il ne saurait être exécrable avec moi croyait-le bien.

J'espère vous voir venir bientôt, Maman, comme vous me l'avez confié dans votre dernière lettre, que je puisse vous raconter mon périple et tout ce qu'il m'a apprit...


Elle avait vu le monde s'écrouler sous les pieds de son cousin et de sa tante à la perte de son grand oncle. Vu la douleur, la difficulté de la surmonter. Mais elle avait appris qu'on le pouvait, avec le temps, à condition d'être soutenu, d'être unis.

Citation:


J'ai besoin de vous Maman, et le reste de notre famille aussi.
Hâtez-vous de rejoindre le Maine et pensait embrasser pour moi notre tendre Artheos et mon frère, sans oublier de lui rappeler qu'il me manque chaque jours un peu plus.

A mon tour, de vous laisser, et d'espérer vous revoir bientôt.
J'ai pris vos mots pour promesse Maman.

Je vous embrasse,

Votre fille,
Briana.


La missive scellée, elle fut sitôt confiée au pigeonnier afin qu'elle soit rapidement transmise à sa destinataire et à la petite âme de reprendre sa vie là où elle l'avait laissée quelques semaines durant, le temps pour elle de revenir grandit un peu... encore...
_________________
Deedee
    C'est pour toi que je ne veux plus fuir devant ce qui me fait grandir, c'est pour toi, pour que mes rivières, emportent nos chagrins d'hier…


Un sourire, ce n’était pas énorme mais cette lettre lui avait décroché un sourire. Et pour la première fois depuis bien longtemps ce fut un sourire paisible, serein, bien loin de la colère, de la tristesse qui l’habitait.
Un sourire.
Sa petite fille lui avait écrit son besoin d’elle. Sa petite fille semblait si…. Différente dans cette lettre. Grandi, surement aussi, a moins que ce ne soit elle qui ai prit conscience soudainement que sa fille n’était plus un bébé et qu’elle pouvait la comprendre et comprendre ces actes et ces agissements ?

Adeline secoua la tête. Pourquoi penser a tout cela maintenant ? Pourquoi se ressasser encore une fois les décisions prises et les erreurs commises. Elle n’avait pas eu le choix…. Elle n’avait pas pu faire autrement. C’était simplement plus facile de se persuader de cela plutôt que d’affronter la réalité en face une fois de plus.
Briana avait besoin d’elle, Erwan également. Combien de temps encore allait-elle se voiler la face et agir comme elle le faisait ? Combien de temps encore allait-elle fuir devant l’amour de ces enfants qui jamais, oh grand jamais ne la trahirais ? Si leur père l’avait profondément blessé, ses enfants n’agiraient jamais de même. Ce n’était pourtant pas difficile a comprendre, et même Briana, du haut de ses 7 printemps, avait réussit a dire a sa mère ce qu’elle ressentait. Alors pourquoi pas elle ? Pourquoi ?

Relisant pour la énième fois la lettre de sa petite fille, Adeline quitta la fenêtre de son bureau un instant pour prendre la plume a son tour.


Citation:


Ma fille, mon ange blond,

Ta lettre m’est arrivée comme un rayon de soleil dans la nuit. Un peu comme lorsque tu es venu au monde mon enfant. Un rayon de soleil dans la tempête de ma vie. Peut être un jour te raconterais-je l’histoire de ta naissance, peut être te parlerais-je de ton père, de nous deux et de ce qui nous a poussé à faire route séparément, je ne sais pas si tu comprendras tout. Tu as vu, le monde des adultes est un monde cruel et tellement difficile, si difficile qu’il m’arrive parfois, de vouloir vous ressembler, ton frère et toi. Etre comme vous, jouer comme vous, rire comme vous, car malheureusement certaine personne ne savent plus ni rire, ni jouer une fois adulte et je crois que ta maman est devenu comme ces personnes là. M’apprendras-tu Briana ? M’apprendras-tu ton petit monde ?


La plume s’arrêta un instant et le regard de la Duchesse se perdit dans les méandres de ses souvenirs, au temps ou heureuse et insouciante elle s’en aller dans la campagne avec son compagnon de jeu, son tendre Theo. Ils ne se souciaient de rien à cette époque, ni de savoir comment vivait leur province, ni des guerres qui sonnait a leur porte, ni même de ce que pouvait penser les autres, de rien, absolument de rien. Comme deux petits égoïstes ils ne vivaient que pour eux dans leur monde, ce monde qui ne leur appartenait rien qu’a eux. Douce époque, époque bénie de ses 10 ans où rien ne l’effrayait. Pourquoi lui semblait-elle si loin ce temps là ? Si loin et si… inaccessible ?
Et pourtant….


Citation:


Moi aussi j’ai besoin de toi mon enfant, besoin de ton amour, ta tendresse, besoin de ta force et tes petits bras qui me serre et me soutienne. J’ai besoin de toi et de ton frère, de vous et de notre famille. M’aideras-tu ma fille ?


Adeline se mordit la lèvre un instant. Se rendant compte qu’elle venait la de lancer presqu’un appel au secours auprès de sa petite fille. Elle qui jusqu'à présent n’avait jamais réussit à dire ce qu’elle pouvait ressentir, elle qui jusqu'à présent avait réussi à se montrer totalement insensible et inébranlable aux yeux de tous et même de sa famille, parvenait à lâcher prise, doucement. Les mots sortaient… maladroitement. Elle n’était pas sur que Briana comprenne mais qu’importe, ils étaient dit. Et cette fois cette lettre n’irait pas rejoindre les autres dans le coffret de son armoire, non, cette lettre irait rejoindre son destinataires, là bas, dans le Maine.
Qu’importe…


Citation:


J’ai grand hâte de te revoir, grand hâte aussi de t’entendre me raconter ton périple dans ce grand pays froid. Comment est notre tante ? Et les habitants ? J’aimerais y aller un jour aussi tu sais, j’espère que tu seras d’accord pour nous servir de guide ?

Et notre Cousin Osfrid, comment se porte-t-il ?


Nouvel arrêt. Adeline regarda ce qu’elle venait d’écrire, et secoua la tête avant de barrer soigneusement la phrase. OSfrid… Osfrid… il n’était guere necessaire de parler de lui dans ce courrier.

Citation:


J’ai grand hâte de te revoir, grand hâte aussi de t’entendre me raconter ton périple dans ce grand pays froid. Comment est notre tante ? Et les habitants ? J’aimerais y aller un jour aussi tu sais, j’espère que tu seras d’accord pour nous servir de guide ?

En attendant ma petite princesse, je t’embrasse de mille et un tendre baiser, il me faut encore donner des ordres a nos gens pour que les malles soit prête à temps. Le moment se rapproche vite, je serais la tres bientôt, je t’en fais la promesse.

Prend soin de toi

Ta maman,
Adeline.


Encre sèche, vélin plié et scellé, la Duchesse mandat un coursier pour l’envoyer porter sa précieuse missive rapidement.
Demain serait un autre jour…
Demain…


*D'une mere a sa fille. Chimene Badi

_________________
Briana.
Petite, mais elle était là, la pile de courrier qui commençait à s'entasser dans le fond d'une besace dont elle peinait désormais à se détacher. Portée en bandoulière, elle était devenue accessoire indispensable à ses voyages. Un véritable fourre-tout.
Du Mans à l'Orléans, elle avait eut tout temps de récolter, de ramasser, fleurs et objets qui venaient alors trouver place dans le sac de cuir qui bientôt ne tarderait plus à déborder.

Ce jour, halte avait été faite à Blois et sitôt pieds posés à terre, taverne avait été occupée, le temps de se restaurer, de s'y réchauffer, de converser sur la suite qui serait donnée à leur périple. Plus que quelques jours et de nouveau les portes de la Capitale du Maine se dresseraient devant eux, synonyme de la fin d'un voyage qui laisserait alors sa place à un autre.

Un autre oui... Mais pas n'importe quel voyage cette fois. Là ne serait pas question d'aller accomplir simple mission de marchand ambulants. Non ! Cette fois, autre chose les attendait. Elle se rappelait la veille, cette vieille auberge miteuse dans laquelle elle était partie retrouver sa Marraine après que celle-ci l'ait fit mander. Leur conversation, directe, simple, pour que la Môme puisse parfaitement comprendre ce qu'il en était.
Un ordre de la Licorne avait été donné à Karyaan : rejoindre la Normandie au plus vite et pour cause, une nouvelle guerre maritime qui semblait avoir éclatée. A cela, Briana n'avait pu faire part d'une autre envie que de la suivre. Jusqu'à preuve du contraire, elle avait été choisi pour être sa dame de compagnie, alors elle assumerait ce rôle jusqu'au bout. Sans compter cette autre idée qui lui trottait en tête, songeant aux Chevaliers de la Licorne et l'intérêt qu'elle portait à l'Ordre Royal. Pour elle, suivre Karyaan dans sa mission, serait comme si elle aussi en était, à sa façon, même si elle ne devait faire preuve que d'une infime contribution.

Restait alors à annoncer à sa Mère qu'il n'était plus la peine pour cette dernière de songer venir au Mans, et que bientôt à elle de retourner en Normandie. Mais là n'était pas la seule chose à lui dire. Doucement, la main de Briana extirpa de sa besace les quelques courriers qui y avaient trouvés place et auxquels elle n'avait pas encore pris temps de répondre. Rapidement, le tri fut fait, ses doigts s'affairant à libérer la dernière missive que lui avait écrit sa Mère, ses yeux parcourant une nouvelle fois l'écrit qu'elle n'avait pas relu depuis.

Pas tout à fait 8 ans et pourtant à en croire ce qu'elle lisait, on lui demandait de tenir le rôle d'une adulte. 8 ans, si jeune et pourtant déjà si grande.

Mais elle n'était qu'une enfant. L'aurait-on oublié ? Et sa mère ? Qu'était-elle devenue ? Était-elle toujours la femme, l'adulte qu'elle avait laissée ou bien était-ce qu'elle retombait en enfance, demandant à sa fille de s'occuper d'elle comme une mère se doit normalement de s'occuper de son enfant ? Inversement des rôles qu'elle ne voyait pas bien comment mener, elle qui plus que sa mère surement avait besoin qu'on s'occupe d'elle, qu'on l'aide à se forger, à grandir. Sur qui prendrait-elle exemple si ce ne pouvait être sur sa propre mère ?

Vélin volant, trouvant place sur le plat de la table à laquelle elle avait pris place, elle s'arma de sa plume s'affairant à coucher les premiers mots d'une réponse...




Citation:



A Vous,
Maman,

C'est de l'Orléannais que je vous écris, là où un nouveau périple nous aura conduit avec Karyaan. Sachez Mère, que j'ai bien reçu votre dernière lettre et que la relisant une seconde fois, j'ai du mal à saisir ce que vous attendez de moi.

Enfin, si ! Au contraire, je comprends très bien ce que vous voulez, mais me demande alors pourquoi ?
Vous rappelez-vous m'avoir dis Ô combien le monde des adultes était un monde difficile et cruel ? Mais n'êtes vous pas mieux placée que moi pour avoir à l'affronter ? Je puis comprendre que vous ayez besoin de moi Maman, mais qui de vous ou de moi à le plus besoin de l'autre ? Pensez donc à cela.

Que pourrai-je bien faire pour vous ? Vous combler d'amour ? Je l'ai déjà fait et j'ai pu constater que rien n'y faisait, qu'à chaque fois, vous vous éloigniez davantage. Si le fait qu'à mon tour je m'éloigne de vous ai pu vous faire ouvrir les yeux, alors je n'en serai que plus heureuse et vous promets alors que je serai en mesure de vous apporter tout l'amour qu'une enfant se peut d'apporter à sa mère. Mais à côté de cela, ne me demander pas de vous relever. Toute seule vous avez su tomber Maman. Toute seule vous saurez vous remettre sur pieds.
Rappelez-vous mes premiers pas, vos bras tendus vers moi me demandant de faire l'effort de m'accrocher pour me hisser et me remettre debout.

Nous serons nombreux pour vous épauler et vous aider, vous encourager, mais à vous d'agir. Que pourrez bien faire ma petite force et mes petits bras, comme vous le disiez contre cette mélancolie dans laquelle vous vous êtes réfugiée ? Je puis vous assurer que rien. Je vous le répète, je vous aiderai, mais sachez seulement tenir la main que l'on vous tend sans avoir continuellement à la relâcher.

L'entraide, le soutien, ils sont chose que j'ai appris au côté de Karyaan, d'Osfrid et de votre Tante, Sigrùn. Si vous aviez pu la connaître Mère, elle est femme exceptionnelle qui a du tant avoir à supporter tout du long de sa vie et croyait moi Maman, elle se tient droite, et si parfois elle sent son dos se courber, elle pense et vous savez à qui ? A sa famille. Et c'est ce qui fait qu'elle se redressera toujours. Et cela vaut aussi pour notre cousin Osfrid. La famille Maman... C'est ce qui doit compter avant tout le reste. Et parlant de notre cousin, en avez-vous récemment obtenu nouvelles ? J'espère que oui, sinon, je ne manquerais pas vous en donner dès lors que nous nous retrouverons.

Nous nous reverrons donc bientôt. Aussi, vous m'aviez fait part de votre venue au Mans qui devrait avoir lieu dans les prochains jours, sachez qu'il n'est plus la peine pour vous de faire le déplacement. Une fois de retour en le Mans, je reprendrais la route aux côtés de Karyaan. Ma Marraine m'a informé des derniers incidents survenus sur les côtes et puisque l'Ordre de la Licorne l'invite à rejoindre nos terres, je m'en vais la suivre. Vous n'êtes pas sans savoir comme il me tient à coeur de côtoyer les Licornes.

Aussi, je serai ravie de profiter de cette venue pour venir vous retrouver dès lors que j'en aurai l'occasion. Et à ce propos Maman, j'en profiterai pour faire rassembler le tout de mes affaires. Le moment venu, maintenant que plus aucune tâche diplomatique ne vous retient, il serait bon que vous en fassiez autant. Et pour cela je vous aiderai volontiers Maman.

A présent, il me faut vous laisser. Une fois encore la route nous attends.

Je vous embrasse.

Avec tout mon amour,

Briana.


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