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[RP] La force du Destin ou le martyre de frère Lazlo

Lazlo.

Rp ouvert, en ce qui concerne l'arrestation de Lazlo. Envoyez-moi un MP pour qu'on vous trouve une place ! Juge procureur, comtesse, tous êtes les bienvenus ! Car après tout, on joue !





    Auch, le 10 octobre 1460, cabinet du Secrétaire d'Etat.

    Earnan de Llobregat de la Duranxie, Officier Royal, terminait son rapport pour le Prime Secrétaire. Mauvaise gérance, abandon des mairies à un fou à lier, bref ! Que de joies en somme ! Il était bien fatigué, le Lazlo. De ce comté. Où la politique valait plus que l'amitié. Que prônait Dieu justement ? Qui l'eût pensé... détrôner le Très-Haut pour ses propres ambitions ; c'était bien pure folie ! Et pourtant, telle une fourmillière, l'Armagnac grouillait de petits insectes prêts à se becqueter l'un l'autre, au moindre regard de travers. Le règne animal. La loi du plus fort. Tout était sans dessus dessous. Mais Frère Lazlo, tentait en bon théologien, de mettre de l'ordre dans ce chaos. Car tout avait un sens. Rien n'était fait par Dieu au hasard. Il fallait chercher le code caché, tel l'alchimiste, et percer l'ombre, pour trouver la lumière ! La vérité ! Le pauvre homme en était bien loin.

    Il était tôt ce matin là. Le soleil était voilé par quelques nuages bien ambitieux. Quelques morceaux de ciel bleu éclaircissaient de çà et là, l'obscurité de l'avant-midi. Pour finir, une pluie fine tombait sur la province. Il y avait meilleur temps ailleurs, assurément. Mais dans ce maudit sud de France, rien n'allait comme il devrait ! Pour combler l'humeur du Secrétaire d'Etat, son encrier se trouva bientôt vide de toute substance. Il avait beau piocher au fin fond, il n'y trouvait rien de quoi écrire plus d'un mot. Tout pour être de bonne humeur.

    Entrait dans les privilèges de sa fonction, une sorte de secrétaire. Celui du Secrétaire, oui. Lazlo hurla son prénom d'une voix tonitruante. Rapidement, son compagnon apparut dans l'encadrement de la porte qu'il avait ouverte.

    - Philippe, allez me chercher de l'encre. Il doit en rester dans le sous-sol, parmi les mauvais Armagnacs que je distribue à gauche et à droite lors des cérémonies officielles.

    Le secrétaire du Secrétaire hocha la tête et s'exécuta en refermant la porte derrière lui. Lazlo attendit, tapotant des doigts sur son bureau. Philippe était long. Bien trop long. Se saoûlait-il avec le mauvais Armagnac ? Décidemment, il devait y avoir une minute pour descendre au sous-sol, une autre minute pour trouver le pot, et une dernière pour remonter. Or là, il atteignait les dix minutes. C'en fut de trop pour le diacre de mauvais humeur ce matin. Il se leva de son siège, le faisant tomber par la même occasion, ne prit pas la peine de le relever, et sortit de la pièce pour aller gronder son secrétaire.

    Quand il descendit les escaliers menant au rez-de-chaussée, Lazlo eut une surprise intéressante. La prévôté s'était invitée en ses appartements royaux. Une demi-douzaine d'agents était présente, l'air lugubre et un peu enivré que leur connait. Deux d'entre eux tenaient fermement Philippe. Voilà qui expliquait mieux la chose. Si l'incompréhension tenaillait au début Earnan, c'est la colère qui s'empara de lui.

    - Que faites-vous ici, coquins ? Quel méfait a entrepris le Sieur Philippe pour que vous l'arrestiez ici, et non chez lui ?
    - Votre laquais est libre. C'est vous ; vous êtes en état d'arrestation.


    Lazlo termina de descendre les marches. Consterné, il entendit l'agent lui parler sur ce ton. Il voulut rire, très méchamment. Mais il n'eut pas le temps : déjà les gardes s'avancèrent vers lui. Courageux mais pas téméraire, le Secrétaire d'Etat leur fit signe de rester où ils étaient. Il avait peur. Qui l'arrêtait ? Pourquoi ? Etait-ce une erreur ? Quoi qu'il en soit, il n'avait pas envie de les suivre et de terminer en prison. Sur l'insistance des gardes, quand l'un d'eux le toucha, il s'en détacha et s'écria, plein de vigueur et de sûreté :

    - Ne me touchez pas ! Je suis le Secrétaire d'Etat à l'Armagnac et Comminges, Officier Royal ayant prêté serment à Sa Majesté le Roy ; je suis son représentant direct en cette province ! Me toucher c'est porter atteinte à l'Etat français et à la Très Sainte Eglise ! Vous serez tous excommuniés !

    Le menace porta ses fruits. La peur de l'Eglise et du rejet du baptême. Lazlo crut la partie remportée. Mais sur un ordre plus virulent de leur supérieur, les gardes finirent par attraper le jeune homme, et fermement, malgré les vociférations de ce dernier et malgré le collier bleu d'officier royal qui pendait à son cou.

    Quelques minutes plus tard, il fut jeté dans une geôle du palais comtal. Atterrisant difficilement sur la paille humide, Lazlo se releva immédiatement et s'agrippa aux barreaux qu'ils venaient de fermer :

    - Comment osez-vous, misérables ? Savez-vous ce que représente ce Collier ? Savez-vous que vous touchez à un membre du Clergé Romain ? Vous trahissez votre Roy et votre Royaume ! Vous trahissez le Saint-Siège ! Laissez-moi sortir ! Que reproche-t-on à l'un des plus fidèles officier du Roi ? Que reproche-t-on à l'un des serviteurs les plus loyaux de Dieu ?

    Mais il parlait déjà dans le vide. Il dut se résoudre à sa position : il était prisonnier d'Armagnac. Réparation et punition sévère il y aurait, si jamais il sortait d'ici, il ferait tout pour savoir le fin mot de cette histoire !

    Mais à présent, il était seul dans le froid et l'obscurité des prisons. Il expira l'air de ses poumons très difficilement, entre terreur et colère. Puis il attendit.

    Que faire d'autre ?

_________________
Ondine.


    Le dernier courrier reçu de Lazlo avait intrigué Ondine et elle s’était demandé si le jeune homme allait bien. Il était rare qu’il lui écrive ainsi, aussi avait-elle pensé qu’il avait quelques petits soucis et qu’il aurait besoin d’une amie auprès de lui. Depuis le temps qu’ils se connaissaient tous les deux. Et même si leurs chemins s’amusaient à se croiser et se décroiser, Ondine aimait savoir que quelque part dans ce royaume, Lazlo pensait à elle et inversement.

    Sa vie bien compliquée l’avait conduit sur des chemins qu’elle n’aurait pas souhaités à son pire ennemi mais la brindille faisait front depuis toujours. Esseulée, jeune mère, elle n’avait pourtant pas hésité à prendre les chemins afin de revenir à Saint Bertrand afin de s’enquérir des nouvelles de Lazlo. Il lui fallait le voir, lui parler, peut être percé un peu plus le mystère qui l’entourait car il avait toujours été plus ou moins secret avec elle et parfois, Ondine aurait aimé être aussi présente pour lui qu’il ne l’était pour elle car sans même s’en rendre compte, il comptait pour elle. Lazlo était devenu un familier, un pilier dans sa vie elle qui n’en comptait guère, un homme en qui elle avait confiance et ça, c’était bien rare désormais.

    Donc direction Saint Bertrand où elle s’était installée rapidement, la brindille y trouva un village bien terne et sans vie mais cela ne la dérangeait pas outre mesure, étant prise avec son fils qui venait de naître, elle ne pouvait pas vraiment profiter de la vie. Mais une chose était certaine, il lui fallait voir Lazlo. Les jours avaient donc suivi leur cours, le temps que la brindille trouve ses marques. Elle louait une chambre à l’auberge du coin et avait trouvé en la tenancière une seconde mère ce qui l’arrangeait bien car un peu prise au dépourvu, elle avait parfois du mal à savoir ce qu’il fallait faire avec Matheo. D’ailleurs, en pensant à Matheo, un matin, la brindille se leva avec dans l’idée de faire d’une pierre deux coups. Elle voulait que son fils reçoive les sacrements de l’église afin de le mettre sous la protection du Très-Haut. L’hiver allait bientôt pointer son nez et elle savait que les nouveaux-nés avaient peu de chance de résister aussi, l’angoisse qui la malmenait était devenue quasi permanente à cette idée. Mais le problème allait bientôt se résoudre. Aujourd’hui, elle irait voir son ami Lazlo afin de lui demander de bénir son fils et par la même occasion s’enquérir de son état.

    Ni une, ni deux, Ondine confia Matheo à Frénégonde qui trop heureuse de jouer les mamans poules avait presque jeté dehors la brindille pour pouvoir s’occuper de l’enfant. Et ce fut donc rassurée que la brunette partie pour la capitale du comté. Parce que pour ne pas compliquer sa tâche, Lazlo était rarement à Saint Bertrand. Il jouait les fil de l’air et passait son temps dans son bureau de secrétaire d’état. C’était qu’il en avait fait du chemin… Elle avait souri en l’apercevant dans les couloirs de la Curia un jour qu’elle s’y rendait après y avoir été convoqué pour une réunion au sommet des cuisiniers du Louvre. Il l’avait reconnu, elle lui avait souri mais pris tous les deux dans l’engrenage de leur travail, ils s’étaient à nouveau perdu de vue jusqu’à ce qu’Ondine lui tombe dessus du haut d’un arbre fruitier… Ah les souvenirs… En faisant le chemin jusqu’à la capitale, Ondine souriait comme une enfant à tout ce que Lazlo lui rappelait. Et ce fut en arrivant non loin du palais qu’elle entendit hurler, crier, vociférer. Interdite dans un premier temps, elle se demanda qui pouvait-on agresser de la sorte, hésitante à bouger et puis se rapprochant, elle reconnut celui pour qui elle était là. Stupéfaite, elle suivit la scène comme un cauchemar qui se déroulait devant ses yeux avant d’être bousculé par un garde qui la sortit de sa rêverie.


    - Pardon sieur mais… qu’a fait cet homme pour que vous l’emmeniez ainsi malgré ses protestations ?
    - ça t’regarde pas, circule donc !
    - pas la peine d’être désobligeant, je posais simplement une question ! Et vous l’emmenez où ?
    - A ton avis ? À la prison du comté bien entendu ! Il va être jugé et puni !


    Puni ? Ah mais non, pas Lazlo, il ne pouvait pas avoir commis d’acte répréhensible, pas lui. Ondine secoua légèrement la tête afin de sortir de ce cauchemar. Se dirigeant vers la fontaine qui trônait, orgueilleuse, au milieu de la place, elle s’y accola quelques instants, reprenant sa respiration. Ses réflexions l’entrainaient loin mias elle ne pouvait laisser la situation ainsi. Alors germa une idée, un peu folle peut être mais qu’il fallait tenter. Et une heure plus tard, après avoir reçu indications de passants, elle se pointa à la prison, bien décidée à retrouver son ami.

    Devant la grille, trépignant du pied, elle attendait que le garde arrive. Et oh surprise, le même qui lui avait répondu. Elle se doutait que cela ne serait pas une partie de plaisir avec celui-ci mais la détermination se lisait dans son regard.


    - Ah ben t’revoilà toi ! Qu’est-ce que j’t’ai dit avant ? Circule, y’a rien à voir !
    - Pardon mais je ne vous demande pas la messe en latin qui plus est, je veux voir votre prisonnier !
    - T'vas voir p’tite effrontée si tu vas l’voir ton prisonnier. Aucune visite jusqu’à nouvel ordre ! Et c’est moi qui décide.


    Déglutissant difficilement, Ondine s’accrocha aux barreaux, prenant une mine défaite.

    - Je vous en prie sieur, j’ai fais une longue route jusqu’ici pour venir voir messire Lazlo… je suis fatiguée, j’ai laissé mon fils à garder et je voudrais rentrer avant la nuit… Il faut que je le vois… c’est important

    Une petite larme histoire d’attendrir le bonhomme, Ondine renifla bruyamment. L’homme s’approcha, lui releva le menton cherchant à savoir si la brunette disait vrai et puis, une seconde d’hésitation avant qu’une lueur radoucit passe dans son regard.

    - C’est bon, j’te laisse le voir 5 minutes et après tu déguerpis. Retourne auprès d’ton fils au lieu de t’occuper d’un gibet de potence comme lui qui n’est qu’un vilain sous ses grands airs.

    Ondine acquiesça, trop heureuse d’avoir remporté la première manche puis se faufila à la suite d’une autre gardien qui la conduisit jusqu’à la cellule de son ami. Hésitante, elle s’approcha, penchant la tête sur le côté afin de mieux voir dans la pénombre.

    - Lazlo…. Messire Lazlo… mais qu’avez-vous donc fait encore pour vous retrouver dans pareille situation ? A chaque fois que je vous vois, ce n’est que péripéties et mésaventures…

    La brindille s’était rapprochée au point te venir poser ses mains sur les barreaux, vérifiant d’un œil que le jeune homme n’avait pas été maltraité.


_________________
Lazlo.



    N'en déplaise à certains tragédiens et comiques, Lazlo était toujours en prison. Car quand on était en procès, on était arrêté avant et jeté en geôle. Certains - les mêmes - devraient relire leurs propres lois plutôt que de débiter âneries après âneries, pour rester poli. Ces mêmes certains qui protégeaient leurs maires-pions, dans leur jeu, les confondant en excuses à chaque erreur faite exprès, à n'en point douter. Mais hélas ! Earnan était trop loin de ces complots et de ces manigances qui vous font élire comte, pour s'en soucier davantage. Le sourire par-devant et le poignard dans le dos, très peu pour lui ! Sans parler des sortes de paroles issues de la Sorcellerie, sûr ! Des Igés, des Erpés, il y a avait même des hâches erpées ! C'était pure folie et mélangisme. A croire que l'Armagnac n'était terre que de compromis entre forces du Mal et époque réelle.

    Mais ça n'arrangeait pas les petites affaires de notre Lazlo. Isolé dans sa prison, son esprit vagabondait à quelques errances. On l'avait emmené devant un tribunal où on lui avait récité son acte d'accusation. Les impôts ! Et qui était le procureur ? Le maire ! Et qui était le témoin de l'accusation ? Euh, le maire ! Et qui serait le juge, allez savoir ? Lazlo lui rit largement au nez en pleine séance. On dut l'évacuer sans qu'il ait pu se défendre. Et le revoici ici, plutôt perturbé et tremblant.

    Il a peur, c'est certain. Vers qui tourner son regard et ses pensées ? Dieu ? A tous les coups. Il récita plusieurs prières, s'adressa aux Saints, aux Bienheureux, aux Apôtres, aux deux Prophètes... Et le temps passa ainsi. Alors, le Secrétaire songea à sa famille. Sa mère plus particulièrement. Sa douceur, sa beauté, sa gentillesse, toutes bafouées par un comté de mensonges et de tromperies. Il ne songea pas à Melyna ; elle n'existait plus, contrôlée par le prince-démon. Il pensa à son père. Qui l'avait invité à venir en son domaine. Ah ! S'il avait su, il s'y serait rendu ! Au moins il n'aurait pas eu toute cette mascarade sur le dos, ni tous ses idiots d'ailleurs. Sacré père : c'était lui qui était venu à son fils. Aurait-il dû le désavouer ? Lui qui prône le pardon et la repentance ? Non bien sûr que non. Il avait dit qu'il viendrait sur ses terres. Et il viendrait.

    Mais à qui confier ces songes alors ? Une image s'imposa soudainement : celle de sa muse, Ondine. Un sourire naquit sur ses lèvres. Il se souvint de l'ôde qu'il lui avait envoyée, et de leurs lettres qui s'en suivirent. Elle avait dit qu'elle viendrait... Le trouverait-elle ? Saurait-elle qu'il était en prison ? Penserait-elle qu'il l'a abandonnée une nouvelle fois ? Lui en voudrait-elle ? Oh Dieu tout puissant... convaincs ton enfant que non !

    Fatigué de rester debout, Lazlo s'avoua vaincu et se laissa tomber dans la paille abominable. Ses mains vinrent se placer devant son visage et ses yeux. Pleurait-il ? Non, il se lamentait. Triste, seul, oublié.

    Quand il rouvrit les yeux, Ondine était là, devant les barreaux. Il eut un sourire très triste. Des hallucinations maintenant ! Non mais devenait-il fou ? Mais l'image de sa muse était si belle, si convaincante et si réaliste, qu'il s'approcha pour la voir d'un peu plus près. Dieu, succombait-il à l'une des invocations du Sans-Nom ? Oh ! Mais quelle tentation... La tendresse, l'amitié et la gentillesse, contre ce monde froid, humide et mauvais. Il n'y avait pas à hésiter. L'image d'Ondine parlait : c'était bien sa voix. C'était agréable. Ses mains étaient posées contre les barreaux. Oserait-il succomber encore un peu plus ? Accorder plus d'importance à cette vision ? La toucher ? On ne touchait pas le vide...

    Désolé et triste, Lazlo approcha quand même ses doigts. Et là, surprise ! Il entra en contact avec Ondine. Mais alors ? C'était vraiment elle ! Surpris, le diacre se recula et accentua son regard.

    - Demoiselle Ondine ? Comment êtes-vous rentrée ici ? Est-ce bien vous ? Oh ! Je crois qu'on m'invente des procès pour m'écarter, hélas ! Je ne sais ce qu'il adviendra de mon corps ici-bas...

    Il revint vers les barreaux, et reprit la main d'Ondine.

    - Oh ! Partez, avant de me voir défaillir... Mon corps peut être traité mal, mais mon esprit lui, sera toujours tourné vers les belles amours... Dieu, le Roy, Vous...

    Il baissa les yeux.

    - Je suis désolé.

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Ondine.


    Les doigts à peine frôles que déjà Lazlo se reculait. Alors levant la tête vers son ami, le regard empreint d’une tristesse mêlée à un sentiment d’incompréhension, Ondine arqua légèrement un sourcil, essayant de comprendre cette réaction. Cela faisait des mois qu’ils ne s’étaient pas vu mais quelque chose avait changé en lui, peut-être même en elle aussi.

    - Comment je suis entrée dans cet endroit n’a franchement aucune importance à cet instant mais vous, vous en avez à mes yeux, vous le savez. Et j’ai comme l’impression que vous vous êtes foutu dans un sacré guêpier !

    Un instant, elle se tut, cherchant ses mots, ceux qu’il convenait de dire en pareil circonstance et puis… Ondine n’était pas là pour tergiverser, ni pour faire des courbettes. Elle était là pour lui, parce que jamais elle n’aurait cru voir chose pareille de toute son existence.

    - Mais messire Lazlo… vous voilà enfermé ! Qu’avez-vous donc fait pour mériter pareil châtiment… Vous n’êtes pas du genre à vous quereller ou à atteindre à la vie de quelqu’un pourtant. Vous êtes foncièrement bon, vous l’avez toujours été avec moi alors quoi… est-ce que les gens ici sont atteints de folie passagère qu’ils enferment les gens comme vous ?

    Ondine essayait de trouver une raison à son enfermement mais surtout à le faire parler. Il avait l’air si abattu. Jamais elle n’avait vu le jeune homme ainsi. A chaque rencontre ce n’était que sourires ou éclats de rire, grands discours sur la vie et l’ailleurs. La brindille respira profondément puis posa ses azurs sur son ami. Il était revenu vers elle et cette fois-ci, avait posé sa main sur la sienne. Machinalement, sa dextre serra celle de Lazlo pour lui insuffler du courage. Mais au lieu de ça, voilà qu’il lui demandait de partir. Ah ça non ! Il était hors de question qu’elle l’abandonne dans ce… cette… ce trou à rat, il n’y avait pas d’autre mot pour définir la cellule dans laquelle il était enfermé. D’un geste tendre, elle se permit de poser sa main sur la joue de Lazlo. Son pouce la lui caressa doucement et Ondine, malgré la tendresse qu’elle dégageait, s’apprêtait à jouer les fortes têtes avec lui.

    - Je ne bougerais pas d’ici Lazlo. Vous aurez beau me supplier, je ne vous laisserais pas dans cette situation... Et vous n’allez pas vous laisser aller. De grâce soyez combatif. Si j’avais dû abandonner alors qu’on me faisait vivre misères et vilenies, je ne serais plus là à vous parler, à vous écouter, à vous soutenir. Et pourtant, je suis devant vous aujourd’hui. Et j’ai tant de choses à vous confier, tant de choses à vous raconter, tant de choses à partager avec vous. Mais pour cela, vous ne pouvez pas m’abandonner. Pas vous ! Vous n’avez pas le droit messire Lazlo… Ne me montrez pas que les hommes sont tous pareils, ne m’infligez pas cette tristesse Lazlo.

    La main sur sa joue reprit sa place sur les doigts de son ami. Ondine cherchait des arguments pour le faire se redresser, se relever. Il ne pouvait pas en être autrement. Quand ils s’étaient connus, elle avait peur de tout et de tous, petit animal blessé, effrayé, il avait su l’approcher, lui parler, l’apprivoiser. Et maintenant, les rôles étaient inversés. Elle se devait de repousser au loin ce pessimisme dans lequel il semblait se morfondre, sombrant lentement dans une attitude déjà vaincue.

    - Ne soyez pas désolé, surtout pas. Vous n’avez rien à vous reprocher, j’en suis certaine. Et peu importe où vous vous trouvez, vous pouvez compter sur moi. Mais maintenant il faut me dire ce qu’il se passe, que je puisse vous aider. Dois-je prévenir quelqu’un, dois-je voir quelqu’un pour vous ? Dites et je le ferais…


_________________
Lazlo.



La main d'Ondine sur sa joue lui fit relever la tête. En temps normal, qui que ce fut, il aurait envoyé violemment le contact. Il ne supportait plus d'être touché. Surtout à présent que les gardes de la prévôt avaient posé leurs pattes sur lui. Que devenait-il Lazlo ? Avait-il peur du genre humain ? Finissait-il par le détester ? Il ne supportait plus ses semblables ! Peut-être la fait d'avoir perdu sa soeur, d'avoir tout gâché. D'avoir promis au père, et de ne s'être jamais présenté en son château... Il était détestable. Haïssable. Il comprenait tout le monde. Il fallait qu'il se punisse, qu'il soit châtié. Le fouet posé sur le plancher de son appartement à Saint Bertrand lui aurait bien servi ici... Le martyr ne finissait jamais. Et si... ? Et si Dieu avait voulu le punir à son tour, par ses propres moyens ? Et si ces saprates au pouvoir étaient ses envoyés sur terre ? Soudain, il comprenait tout. La douceur de la main d'Ondine avait fait jaillir la lumière. Il était Christos en Jérusalem. Ils étaient les Romains, envahisseurs et tout puissants. Peut-être en cet instant, pouvait-on voir un sourire triste dessiné sur les lèvres du diacre. La compréhension. La clarté dans l'obscurité. Il avait aperçu la vérité divine ! Il savait pourquoi il vivait toutes ces épreuves ! Qui en était l'auteur ! Et quelle en était la cause ! Son ingratitude. Sa honte. Son désespoir. Il ne méritait tout, et il méritait tout. Christos n'avait rien fait de mal, lui. Lazlo, si. La comparaison n'était pas permise.

Le contact rugueux causé par la main d'Ondine sur la barbe du jeune homme cessa. Et les ténèbres furent de nouveau présentes. Mais qui était-il ? Si faible. Si homme. Les paroles de son amie, qu'il suivait s'enchaînante sur ses lèvres.

- Je... je ne veux plus causer de tristesse... J'ai déjà tant fait de mal à mes proches... pas vous... plus personne... j'essayerai...

Le contact revint vers les doigts. Lazlo créa une emprise étroite entre leur deux mains. Etroite et forte. Réconfortante. Très attachante. Ondine parla encore. Partir ? Elle voulait s'en aller ? Le laisser dans l'ombre, lui qui avait maintenant trouvé sa lumière : elle ? Non, il ne pouvait pas le permettre. Sa présence lui était bénéfique. Elle était comme un hameçon qui l'empêchait de tomber plus profondément dans les abymes de l'enfer du chagrin. Pourtant, il aurait voulu qu'elle aille chercher sa mère. Sa mère... Sa douceur, sa gentillesse. Ses mots toujours réconfortants... Une mère était si précieuse... Mais il l'avait si négligé... Etait-ce une fois qu'elle serait loin de la terre qu'il lui avouerait tout ceci ? Oh ! Qu'il était honteux...

- Non, ne partez plus...

Ses yeux étranges et d'une beauté si pure, se perdirent dans ceux d'Ondine. La lumière y était profondément ancrée. Tout comme la douceur farouche, la gentillesse sacrée, et l'amitié indéfectible. Lazlo parla :

- On m'a emmené ce tantôt au tribunal... le maire actuel ne me supporte pas, et m'a imposé une taxe de 50 écus... notre famille est connue pour ses fortes têtes ! Et j'ai refusé de payer... et me voici... le maire est de mèche avec le duché, qui lui me déteste !... Le procès s'est déroulé et le verdict ne saurait tarder... Ah ! Ce serait bien se débarasser d'un homme gênant que de me réduire au slence ! Oh ! Si je dois être exécuté sur le billot, ou pendu sur l'échaffaud, assurez-moi vos yeux en ultime compensation....

Il ne cachait pas sa honte d'être ici. Ni la gêne qu'il avait de lui parler. Mais toutefois, il puisa la force de poursuivre dans le lien de leurs mains entrelacées.

- Depuis le premier jour, j'ai pu percevoir en vous, cette étincelle qui ne se trouve que chez les personnes d'exception. Les ténèbres noires et méchantes qui sont dans tellement de regards, n'avaient aucune place en vos yeux... Vous futes depuis ce temps, ma lumière en le sombre chemin, mon phare sur les mers les plus agitées, ma flamme dans la pièce sans vie... et... mon espoir dans les froides geôles de l'injustice !

La fin de son envolée lyrique lui décrocha un léger sourire. Ondine parvenait à le ramener, sans même qu'il s'en rende compte.

- Je tiens beaucoup à vous. Plus peut-être, que je ne le pensais.

Emprise sur la main légèrement plus forte.

_________________
Ondine.


    Tout en écoutant Lazlo, Ondine avait froncé les sourcils. Ainsi donc, on avait osé le jeter en prison pour une histoire de surtaxe qu’il se refusait de payer. En voilà des manières mais la jeune fille n’était pas au bout de ses surprises. En y allant de ses petites confidences, elle apprit qu’il était la cible de personnes au duché, qu’on lui en voulait alors doucement, ses doigts resserrèrent ceux du jeune homme. Lui donner de la force, du courage afin qu’il affronte cette épreuve avec dignité et lui assurer de son indéfectible amitié. Alors doucement Ondine redressa son visage pour plonger son regard dans son double masculin.

    - Mais je ne partirais pas Lazlo. Et vous ne serez pas exécuté ! Je l’en empêcherai, je vous ferai sortir d’ici coûte que coûte, je vous en assure. Quitte à me battre seule contre le duché entier, aucun malheur ne vous arrivera ! Croyez-vous que je resterai de marbre devant pareille situation ?

    Voilà qu’elle partait à la guerre la petite Ondine. Et pour cause, Lazlo était le dernier spécimen mâle qu’elle acceptait encore de fréquenter. Les autres, elle les laissait à leur esprit étriqué, malhonnête ou complètement absurde ainsi qu’à leur si haute estime d’eux-mêmes qu’ils en devenaient ridicules. Les quelques rares hommes qui s’étaient approchés de la brindille avaient tous finis par la décevoir ou lui faire du mal. A croire que c’était immuable mais bizarrement, Lazlo n’était pas de ceux-là, bien au contraire. Il y avait chez lui quelque chose qui faisait qu’Ondine s’était attachée à lui, doucement mais sans honte aucune. Sans doute parce qu’il ne cherchait rien contrairement aux autres. Il se contentait de sa présence, de ses paroles, de ses regards qui en disaient longs sur ce qu’elle ressentait.

    Et tandis qu’elle allait lui dire de ne pas perdre espoir, qu’il y avait toujours quelque chose ou bien quelqu’un à qui on pouvait s’accrocher, Lazlo se lança dans une tirade qui finit par la faire rougir. Se crispant légèrement sur les doigts qui tenaient les siens, la brindille n’avait pour ainsi dire aucune habitude d’entendre autant de louanges de la part de quelqu’un alors ce fut l’étonnement qui la saisit puis elle redescendit sur terre et répliqua avec conviction.

    - Lazlo, ne dites pas d’absurdité. Je ne suis pas meilleure qu’une autre et encore moins celle que vous pensez voir ainsi. Je n’ai jamais rien fais de bon dans ma vie …

    Ondine se tut un instant revivant en quelques images qui venaient flotter devant ses yeux les faits marquants de sa petite vie. Puis secouant légèrement sa tignasse, elle chassa tout ceci bien loin de son esprit avant d’estimer que la seule chose qu’elle avait fait de bien jusqu’à maintenant c’était de mettre son fils au monde. Le reste n’avait pas d’importance. Elle était bien peu de chose en fin de compte et Lazlo s’en rendrait compte tôt ou tard comme tous ceux qui finissaient par l’abandonner ou qu’elle-même laissait afin de ne leur faire aucun mal ou aucun tort. Car si les hommes avaient une forte opinion de leur capacité ou de leur savoir-faire, Ondine doutait de plus en plus de ce qu’elle faisait sur cette terre. Son enfant grandirait sans père parce que ce dernier avait trop aimé les femmes pour lui rester fidèle mais sans doute était-ce de sa faute à elle puisqu’elle n’avait pas su le garder. Quant à Alexandra, Ondine l’avait quittée sans un mot parce qu’il valait mieux fuir le bonheur avant que cela ne soit lui qui s’en aille… Pas facile d’être dans la tête de la brindille et pas facile de s’en faire une amie… Alors oui Lazlo un jour s’en irait comme les autres mais pour le moment, elle ne voulait pas y penser, il n’avait pas besoin de ça. Au contraire, Ondine lui offrit un de ses sourires qu’elle réservait à ceux qui étaient proches d’elle.

    - Je tiens aussi beaucoup à vous Lazlo sinon croyez-vous que j’aurais traversé tant de villages afin de vous retrouver ? Vous m’avez inquiétée avec votre dernière lettre et regardez dans quelle situation je vous trouve. Je vais finir par croire qu’il vous faut quelqu’un pour veiller sur vous.


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