Lazlo.
Rp ouvert, en ce qui concerne l'arrestation de Lazlo. Envoyez-moi un MP pour qu'on vous trouve une place ! Juge procureur, comtesse, tous êtes les bienvenus ! Car après tout, on joue !
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Auch, le 10 octobre 1460, cabinet du Secrétaire d'Etat.
Earnan de Llobregat de la Duranxie, Officier Royal, terminait son rapport pour le Prime Secrétaire. Mauvaise gérance, abandon des mairies à un fou à lier, bref ! Que de joies en somme ! Il était bien fatigué, le Lazlo. De ce comté. Où la politique valait plus que l'amitié. Que prônait Dieu justement ? Qui l'eût pensé... détrôner le Très-Haut pour ses propres ambitions ; c'était bien pure folie ! Et pourtant, telle une fourmillière, l'Armagnac grouillait de petits insectes prêts à se becqueter l'un l'autre, au moindre regard de travers. Le règne animal. La loi du plus fort. Tout était sans dessus dessous. Mais Frère Lazlo, tentait en bon théologien, de mettre de l'ordre dans ce chaos. Car tout avait un sens. Rien n'était fait par Dieu au hasard. Il fallait chercher le code caché, tel l'alchimiste, et percer l'ombre, pour trouver la lumière ! La vérité ! Le pauvre homme en était bien loin.
Il était tôt ce matin là. Le soleil était voilé par quelques nuages bien ambitieux. Quelques morceaux de ciel bleu éclaircissaient de çà et là, l'obscurité de l'avant-midi. Pour finir, une pluie fine tombait sur la province. Il y avait meilleur temps ailleurs, assurément. Mais dans ce maudit sud de France, rien n'allait comme il devrait ! Pour combler l'humeur du Secrétaire d'Etat, son encrier se trouva bientôt vide de toute substance. Il avait beau piocher au fin fond, il n'y trouvait rien de quoi écrire plus d'un mot. Tout pour être de bonne humeur.
Entrait dans les privilèges de sa fonction, une sorte de secrétaire. Celui du Secrétaire, oui. Lazlo hurla son prénom d'une voix tonitruante. Rapidement, son compagnon apparut dans l'encadrement de la porte qu'il avait ouverte.
- Philippe, allez me chercher de l'encre. Il doit en rester dans le sous-sol, parmi les mauvais Armagnacs que je distribue à gauche et à droite lors des cérémonies officielles.
Le secrétaire du Secrétaire hocha la tête et s'exécuta en refermant la porte derrière lui. Lazlo attendit, tapotant des doigts sur son bureau. Philippe était long. Bien trop long. Se saoûlait-il avec le mauvais Armagnac ? Décidemment, il devait y avoir une minute pour descendre au sous-sol, une autre minute pour trouver le pot, et une dernière pour remonter. Or là, il atteignait les dix minutes. C'en fut de trop pour le diacre de mauvais humeur ce matin. Il se leva de son siège, le faisant tomber par la même occasion, ne prit pas la peine de le relever, et sortit de la pièce pour aller gronder son secrétaire.
Quand il descendit les escaliers menant au rez-de-chaussée, Lazlo eut une surprise intéressante. La prévôté s'était invitée en ses appartements royaux. Une demi-douzaine d'agents était présente, l'air lugubre et un peu enivré que leur connait. Deux d'entre eux tenaient fermement Philippe. Voilà qui expliquait mieux la chose. Si l'incompréhension tenaillait au début Earnan, c'est la colère qui s'empara de lui.
- Que faites-vous ici, coquins ? Quel méfait a entrepris le Sieur Philippe pour que vous l'arrestiez ici, et non chez lui ?
- Votre laquais est libre. C'est vous ; vous êtes en état d'arrestation.
Lazlo termina de descendre les marches. Consterné, il entendit l'agent lui parler sur ce ton. Il voulut rire, très méchamment. Mais il n'eut pas le temps : déjà les gardes s'avancèrent vers lui. Courageux mais pas téméraire, le Secrétaire d'Etat leur fit signe de rester où ils étaient. Il avait peur. Qui l'arrêtait ? Pourquoi ? Etait-ce une erreur ? Quoi qu'il en soit, il n'avait pas envie de les suivre et de terminer en prison. Sur l'insistance des gardes, quand l'un d'eux le toucha, il s'en détacha et s'écria, plein de vigueur et de sûreté :
- Ne me touchez pas ! Je suis le Secrétaire d'Etat à l'Armagnac et Comminges, Officier Royal ayant prêté serment à Sa Majesté le Roy ; je suis son représentant direct en cette province ! Me toucher c'est porter atteinte à l'Etat français et à la Très Sainte Eglise ! Vous serez tous excommuniés !
Le menace porta ses fruits. La peur de l'Eglise et du rejet du baptême. Lazlo crut la partie remportée. Mais sur un ordre plus virulent de leur supérieur, les gardes finirent par attraper le jeune homme, et fermement, malgré les vociférations de ce dernier et malgré le collier bleu d'officier royal qui pendait à son cou.
Quelques minutes plus tard, il fut jeté dans une geôle du palais comtal. Atterrisant difficilement sur la paille humide, Lazlo se releva immédiatement et s'agrippa aux barreaux qu'ils venaient de fermer :
- Comment osez-vous, misérables ? Savez-vous ce que représente ce Collier ? Savez-vous que vous touchez à un membre du Clergé Romain ? Vous trahissez votre Roy et votre Royaume ! Vous trahissez le Saint-Siège ! Laissez-moi sortir ! Que reproche-t-on à l'un des plus fidèles officier du Roi ? Que reproche-t-on à l'un des serviteurs les plus loyaux de Dieu ?
Mais il parlait déjà dans le vide. Il dut se résoudre à sa position : il était prisonnier d'Armagnac. Réparation et punition sévère il y aurait, si jamais il sortait d'ici, il ferait tout pour savoir le fin mot de cette histoire !
Mais à présent, il était seul dans le froid et l'obscurité des prisons. Il expira l'air de ses poumons très difficilement, entre terreur et colère. Puis il attendit.
Que faire d'autre ?
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