Pluie qui ruisselle sur les amas de boue, pluie salvatrice qui nettoie la terre de sa souillure. La poussière ne s'évade plus, le Soleil est entrain de rejoindre sa couche. Une chandelle est allumée pour apporter un peu de lumière à ces âmes sombres. Il pleut des hallebardes, qui viennent conquérir ce qui est leur. Et dans cette scène apocalyptique alors que le tonnerre gronde et que les éclairs partagent le ciel en deux, Salvatore se rend près de son cheval attaché à un arbre juste à côté. L'animal est craintif, hennit lorsque les cieux s'illuminent suivi d'un rugissement sourd. Il se met alors à siffloter pour apaiser son compagnon d'infortune, puis un rire gras se fait entendre, repensant à ce qu'a dit la Toulousaine. Il n'y a rien de plus plaisant que d'écouter les paroles d'un "soumis" prendre conscience des chaînes qui enserrent ses poignets. Rien de plus beau aussi, de plus rassurant et de plus jouissif que cet instant si particulier. Sa cape est détrempée passant d'un rouge vif au bordeaux, couleur étouffée par l'humidité. Elle le protège juste ce qu'il faut, il prend son chapeau et réajuste sa coiffe. Rien ne peut venir entraver à sa quiétude. Les personnes présentes font silence, on entend juste les piaillements d'une reinette qui s'offre une sortie fraîcheur au sein de cette clairière abandonnée - ou presque -. Et puis, c'est las qu'il s'approche de l'ancienne mairesse, injustement accusée d'un crime qu'elle a subi plus que commis. L'eau s'écoule le long de son visage, ses mèches se collent le long de ses tempes. Pourquoi reste-t-elle là au lieu de rejoindre sa masure qui lui offrira un abris certain ? L'averse continue son oeuvre mais personne ne part, et le silence se fait de plus en plus présent. Salvatore se baisse pour arracher une plante longiligne, fine, qu'il porte à sa bouche pour la mâchouiller, lui donnant un aspect "campagnard" plus prononcé. En cet instant, il pense que ces hommes et ces femmes sont aussi fous alliés que lui. A rester en pleine nature alors que les éléments se déchaînent. Les cieux sobscurcissent de plus en plus, et quand lélectricité fend et claque dans l'air, leurs yeux s'illuminent.
Si elle était encore ici, ce n'était point par simple curiosité mais parce qu'elle le voulait.
Voyez les éléments qui nous entourent, cette eau qui coule le long de ces terres, la boue qui s'en détache, un aristotéliscien y verrait une opération divine, un châtiment de Dieu. Comme lorsque Oanylone fut détruite, parait-il par le Très Haut. Jugeant ses enfants qui avaient sombré dans le péché, dans l'acédie, dans le stupre et la violence. Dieu vint alors faire périr sa création dans les flammes et c'est par la crainte que ses ouailles survivantes cultivèrent un culte pour lui. C'est ce que conte le Livre des Vertus.... Une tripotée de fadaises, si vous voulez mon avis. Dieu, pour nous, est dans tout mais il n'est pas un juge, il ne vient point choisir de la vie et de la mort de ceux qui l'importunent. Il est dans toute chose, il est la Nature et ceux qui périssent, retournent à la terre. Ainsi le veut le cycle de la vie. Ce que je vois, spinoziste, en ce jorn, c'est un orage suite à un surplus de chaleur dans une saison pré-hivernale. Cela porte ce liquide précieux pour les plantes et les cultures ainsi que les animaux. Rien de plus, rien de moins.
Maintenant...
Il s'interrompt regardant Aphy de ses prunelles humides et embrumées.
Désirez-vous rejoindre la communauté Spinoziste ? Si oui, il ne vous reste plus qu'à passer votre primo texto. Vous aurez dès lors le choix entre devenir une Tzadik, qui est le juge, le bras armé des penseurs que nous sommes ou bien une Admor qui enseigne la doctrine aux autres. Enfin, il reste le choix de devenir une simple spinoziste mais je pense que cela serait gâchis que cela. Vous possédez toutes les qualités requises pour devenir une excellente Admor. Après, c'est l'idée que je m'en fais, libre à vous de prendre votre décision. Parce qu'au final, en entrant dans la communauté, je vous demande d'être libre en devenant une havana...