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[RP] De l'ombre à la lumière

--Reinette
Tapie sous les fougères, Reinette écoutait les deux pattes échanger de confuses paroles. Elle était curieuse Reinette et elle prenait des risques : risque de se faire écraser d'un talon indifférent par un de ces géants qui s'en apercevrait à peine, ou encore de se faire capturer pour finir sur le gril ... Elle le savait bien, mais c'était plus fort qu'elle, elle était assoiffée de savoir !
Ils parlaient d'être et de devenir qui ils étaient ...Cela la plongea dans un état de perplexité proche du comas dépassé.

- Et moi ? qui suis-je ? se demanda-t-elle pour la première fois de sa vie. Suis-je vraiment ce que je suis ? Ou bien dois-je attraper un bâton pour devenir ce que je pourrais être ? Mais avec qui échanger des coups de bâton ?
Ah mais ! de toutes façons, je suis condamnée : je pourrais tout juste attraper une brindille ... Est-ce que les deux pattes accepteraient d'échanger des coups de brindille avec moi ?
Aphykit
Elle était adossée à l’arbre à présent. Son regard ne quittait plus l’arène improvisée où les deux gladiateurs s’affrontaient. Le spectacle était captivant, hypnotisant, le cadre féérique. L’un et l’autre se déplaçaient avec aisance, une grâce presque féline. Les bruits sourds des chocs entre les bâtons envahissaient le silence de la forêt, résonnaient à un rythme étourdissant. Malgré elle, elle retenait sa respiration, inquiète. Puis, une présence, immobile, silencieuse, imperceptible recouvrit la clairière. C’était comme si quelqu’un était là, près d’eux. Elle ne savait pas de qui il pouvait s’agir, aucun bruit, par le moindre craquement n’avait effleuré ses oreilles, juste les bâtons, les pas des combattants dans le feuillage qui jonchait le sol. Elle perçut, sans trop comprendre le trouble qui envahissait Guillhem, il semblait en proie à des conflits intérieurs... son regard se troublait sans cesse. Avait-il, lui aussi des démons qui le hantaient ?

Le ciel s’obscurcissait, la nuit reprenait ses droits, nuit où elle avait tant aimé se prendre, s’oublier, disparaître pour n’être plus qu’une ombre parmi les ombres.
Les nuages s’amoncelaient, la pluie s’intensifia, au loin maintenant le tonnerre grondait… parfois, la clarté illuminait la clairière. Les éléments se déchaînaient autour d’eux. Malgré cela, elle sentait toujours cette présence, elle ferma les yeux une seconde, sentit les embruns, l’odeur si reconnaissable de l’océan. Elle était à Mimizan, échouée sur la plage, malmenée par les déferlantes qui l’avaient déposée sur la plage. Cette terreur, ce froid, elle les ressentait à présent. Elle suffoquait, perdait le contrôle. Tout s’estompait autour d’elle, la clairière, les gladiateurs, Kaos à ses côtés… il n’y avait plus que la plage, la malle… et la terreur. Qui était-elle ?

Des larmes mêlées de pluie inondaient ses joues, elle baissa la tête espérant tant bien que mal masquer son trouble. Il était hors de question de paraître faible. Il fallait se ressaisir, elle le savait et vite.
Le bruit des bâtons continuait à emplir la forêt, puis s'y mêlèrent des bruits de pas, un cheval... impression étrange que cette clairière dans laquelle on trouve tant de monde. Elle devait relever la tête, elle le savait, glissa sa main vers sa dague, la présence était peut-être hostile.
Une fine silhouette se glissa près d'eux.

Un craquement terrible marqua la fin du combat. Elle détourna son regard de la jeune femme qui venait de s'installer près d'eux pour la reporter sur les deux combattants. Elle fut surprise de constater que le prof avait été vaincu, par défaut de bâton, certes, mais vaincu tout de même.

Son regard se tourna vers Leone, il rayonnait et officiait à présent, remettait une médaille au professeur, elle se surprit à sourire en les regardant. Le discours était obscur, mais chargé d'émotions.

Et le couperet tomba, lorsque Leone lui fit face et l'interrogea.


Qu'en pensez-vous ? Vous êtes ici pour quelle raison ?


Elle songea un instant à invoquer le hasard, n'était-elle pas venue dans cette forêt pour évacuer les pressions d'un quotidien trop pesant ? Si bien entendu, mais elle savait aussi que rien ne relevait vraiment du hasard. L'ordre du monde, l'enchaînement des événements n'était jamais vraiment aléatoire. Il est des raisons à tout, un déterminisme dont on ignore bien souvent l'origine, dont on nie parfois l'existence. En cet instant, elle se demandait d'ailleurs ce qui était le plus rassurant, croire en des forces supérieures qui régissent nos vies, malgré nous... ou savoir, même si parfois, on refuse de l'admettre que nous sommes les maîtres de notre propre destin et admettre que cette promenade n'est qu'une conséquence d'un choix dûment réfléchi.

Elle relève la tête, s'avance d'un pas, pas besoin du support de l'arbre, elle est forte en cet instant, elle a conscience de sa force. Sans doute, cette nouvelle impression provient-elle de l'acceptation de ses propres doutes et faiblesses.
Affronter, elle sait faire. La nature l'entoure, elle s'y est toujours ressourcée, ce soir comme tant d'autres fois auparavant.



Je suis ici parce que ma place est ici, et nulle part ailleurs. Je suis ici, parce que c'est ma volonté. Pour écouter, apprendre, connaître, me faire une opinion. Je suis ici comme les autres, parce qu'il doit en être ainsi.
Nous sommes là, tous réunis pour accomplir... ce que nous devons accomplir. J'ignore totalement sa nature... mais, j'entrevois des chemins qui se croisent, d'autres qui séparent... je ne parviens pas à définir, à comprendre.


Elle se rend compte que ses paroles sont confuses, semblables au chaos qui l'anime depuis des jours. Pourtant, elle est sereine. La pluie continue à tomber, ses vêtements sont détrempés, elle n'a toujours pas froid et reste immobile à écouter... la nature.

_________________
Leone.
Pluie qui ruisselle sur les amas de boue, pluie salvatrice qui nettoie la terre de sa souillure. La poussière ne s'évade plus, le Soleil est entrain de rejoindre sa couche. Une chandelle est allumée pour apporter un peu de lumière à ces âmes sombres. Il pleut des hallebardes, qui viennent conquérir ce qui est leur. Et dans cette scène apocalyptique alors que le tonnerre gronde et que les éclairs partagent le ciel en deux, Salvatore se rend près de son cheval attaché à un arbre juste à côté. L'animal est craintif, hennit lorsque les cieux s'illuminent suivi d'un rugissement sourd. Il se met alors à siffloter pour apaiser son compagnon d'infortune, puis un rire gras se fait entendre, repensant à ce qu'a dit la Toulousaine. Il n'y a rien de plus plaisant que d'écouter les paroles d'un "soumis" prendre conscience des chaînes qui enserrent ses poignets. Rien de plus beau aussi, de plus rassurant et de plus jouissif que cet instant si particulier. Sa cape est détrempée passant d'un rouge vif au bordeaux, couleur étouffée par l'humidité. Elle le protège juste ce qu'il faut, il prend son chapeau et réajuste sa coiffe. Rien ne peut venir entraver à sa quiétude. Les personnes présentes font silence, on entend juste les piaillements d'une reinette qui s'offre une sortie fraîcheur au sein de cette clairière abandonnée - ou presque -. Et puis, c'est las qu'il s'approche de l'ancienne mairesse, injustement accusée d'un crime qu'elle a subi plus que commis. L'eau s'écoule le long de son visage, ses mèches se collent le long de ses tempes. Pourquoi reste-t-elle là au lieu de rejoindre sa masure qui lui offrira un abris certain ? L'averse continue son oeuvre mais personne ne part, et le silence se fait de plus en plus présent. Salvatore se baisse pour arracher une plante longiligne, fine, qu'il porte à sa bouche pour la mâchouiller, lui donnant un aspect "campagnard" plus prononcé. En cet instant, il pense que ces hommes et ces femmes sont aussi fous alliés que lui. A rester en pleine nature alors que les éléments se déchaînent. Les cieux s’obscurcissent de plus en plus, et quand l’électricité fend et claque dans l'air, leurs yeux s'illuminent.

Si elle était encore ici, ce n'était point par simple curiosité mais parce qu'elle le voulait.


Voyez les éléments qui nous entourent, cette eau qui coule le long de ces terres, la boue qui s'en détache, un aristotéliscien y verrait une opération divine, un châtiment de Dieu. Comme lorsque Oanylone fut détruite, parait-il par le Très Haut. Jugeant ses enfants qui avaient sombré dans le péché, dans l'acédie, dans le stupre et la violence. Dieu vint alors faire périr sa création dans les flammes et c'est par la crainte que ses ouailles survivantes cultivèrent un culte pour lui. C'est ce que conte le Livre des Vertus.... Une tripotée de fadaises, si vous voulez mon avis. Dieu, pour nous, est dans tout mais il n'est pas un juge, il ne vient point choisir de la vie et de la mort de ceux qui l'importunent. Il est dans toute chose, il est la Nature et ceux qui périssent, retournent à la terre. Ainsi le veut le cycle de la vie. Ce que je vois, spinoziste, en ce jorn, c'est un orage suite à un surplus de chaleur dans une saison pré-hivernale. Cela porte ce liquide précieux pour les plantes et les cultures ainsi que les animaux. Rien de plus, rien de moins.

Maintenant...

Il s'interrompt regardant Aphy de ses prunelles humides et embrumées.

Désirez-vous rejoindre la communauté Spinoziste ? Si oui, il ne vous reste plus qu'à passer votre primo texto. Vous aurez dès lors le choix entre devenir une Tzadik, qui est le juge, le bras armé des penseurs que nous sommes ou bien une Admor qui enseigne la doctrine aux autres. Enfin, il reste le choix de devenir une simple spinoziste mais je pense que cela serait gâchis que cela. Vous possédez toutes les qualités requises pour devenir une excellente Admor. Après, c'est l'idée que je m'en fais, libre à vous de prendre votre décision. Parce qu'au final, en entrant dans la communauté, je vous demande d'être libre en devenant une havana...
Aphykit
Plantée au milieu de la clairière, trempée, les idées engluées, elle regarde Leone, ne comprend pas un traitre mot de ce qu'il lui raconte. Les mots n'ont pas de sens, elle ne sait pas, n'entend pas.
Idiote elle est, idiote elle demeure !
Un seul mot résonne à l'étourdir "Gâchis"... on pourrait parler de désastre, d'apocalypse aussi, plus rien n'a de sens dans l'"ici" et le "maintenant", ni dans le devenir.


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--Reinette
Tchouc, une grosse goutte d'eau vient s'écraser sur la tête de Reinette, un éclair zèbre le ciel tchouc, tchouc, tchouc les gouttes d'eau s'accélèrent, un torrent de pluie se déverse sur la clairière. Reinette aime ça, l'eau qui glisse délicieusement sur son petit corps. Plus étonnant, les deux pattes ne courent pas s'abriter comme le font la plupart de leurs congénères à la moindre averse.
Non, ils restent là, comme figés, seules leur bouche continue de bouger, s'arrondissant, s'amincissant, grimaçant ...
Ah un s'avance, se baisse et ...cueille la brindille que Reinette s'apprêtait à saisir ! Reinette ne peut s'empêcher d'émettre une protestation, vite noyée par le fracas de l'orage.
Les voilà tout dégoulinants, leurs cheveux pendent lamentablement comme des algues brunes, vont-ils se transformer en arbres ? Comme ça Reinette pourrait leur grimper dessus et reprendre sa brindille ! .
Kaos64
La pluie commence à tomber ,doucement puis de plus en plus drue ,Kaos ressent comme une impression de douceur et de froid en meme temps comme lorsqu'on suce un glacon

Son corps frisonne mais en meme temps il a l'etrange sensation que l'eau le nettoie et dissout les tensions de son esprit!Leone a t'il raison de voir essence divine tout autour de nous ?

L'atmosphere de la clairiere devenait de plus en plus etrange ,deja pendant le combat entre Guilhem et Leone , derriere son ami ,est ce que c'etait une vision ,la brume montait du sol et la lumiere rasante de l'automne ,pendant un bref instant ,il avait cru voir la silhouette d'Amael,le pere planant au dessus de son fils!

Il apercut une grenouille qui les regardait ,un petit rictus sur sa bouche ,elle semblait se moquer d'eux
Aphykit
[In rana veritas *...]

Pauvre folle ! Les mains plaquées sur ses oreilles pour ne plus entendre le tambourinement incessant de la pluie, elle regarde ses pieds, aperçoit l'élégant batracien, d'un vert tendre. Belle à croquer, la rainette ! De jolies cuisses dodues ! Elle en ferait bien son quatre heures, à la bonne heure... sauf que la soirée est déjà bien avancée et qu'il n'est point l'heure de ripailler. Et puis, six ou sept, sur cette malheureuse rainette, c'est beaucoup trop pour espérer se sustenter.
La vérité est ailleurs, un peu plus loin, au détour d'une sente étroite gravissant un col Pyrénéen...

Elle tombe à genoux dans la boue, regarde le batracien qui ne prend pas la fuite. Etrangeté de nature, sans nul doute, bizarrerie de cette soirée, c'est une certitude.
Elle plonge son regard sombre dans celui de l'amie Reinette, princesse du brin herbe volé, reine de la clairière, impératrice de la forêt et somme toute ambassadrice de choc de Dame Nature. Dans ses yeux globuleux, elle déchiffre, décode, traduit et surtout comprend peu à peu le message de Leone. Non qu’elle en maîtrise le vocabulaire, trop de termes lui sont inconnus, mais elle en devine l’essence. Il lui propose de s’engager, elle doute d’en être capable à l’heure actuelle, tant elle est malmenée. Elle a juste envie de se refermer, s’enfermer, se barricader dans sa solitude. Elle n’a plus foi en l’homme, elle n’a plus foi en l’amitié.

Néanmoins, elle relève la tête, tend une main protectrice à la grenouille, à voir si celle-ci grimpera et prendra le risque de se faire croquer, balaie l’assemblée d’un regard. Tous semblent perdus dans leurs propres pensées, comme si, ils étaient en proie à des conflits internes, partagés entre un passé qu’ils ne pouvaient oublier et un futur qu’ils ne savaient comment envisager.



Je ne sais pas si je possède la moindre des qualités que vous évoquez. Pour l’heure, je veux bien apprendre ce que vous aurez à enseigner, je veux bien écouter, m’instruire…
Quant aux capacités et aux fonctions que vous évoquez, je doute d’être assez forte pour les assumer… mais je veux bien m’y essayer.



Elle se demande s’il lui faudra se battre à grand renfort de bâtons, mais elle sourit en cet instant, sans trop en connaître la raison.



* La vérité est dans la grenouille...

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--Reinette
Zut ! elle est repérée ! Elle qui pensait être invisible, la voici brusquement devenue le centre d'attraction ! Sans doute la faute des éclairs qui allument sa peau mouillée d'éclats mordorés.
La femelle noire et blanche tombe soudain à genoux dans la boue , voici qu'elle tend la main devant elle, comme une invite ...
Qu'espère-t-elle cette deux pattes aux yeux noyés ? Croit-elle que Reinette va se transformer en Prince Charmant si elle lui donne un baiser ? Elle la regarde intensément, comme attendant une réponse, mais Reinette n'est pas la dépositaire de la sagesse ...Ce n'est qu'une grenouille !
Sauter ou ne pas sauter ? telle pourrait-être la question. Reinette saute , mutine,...au nez de la femelle ! Puis elle s'éloigne en sautillant gaiement. La vie d'une rainette est brève, chaque minute équivaut à une journée entière du temps des humains, alors ça ne lui laisse guère le temps de philosopher ...
Une flaque d'eau miroite sous la lune qui vient de chasser les nuages. Eperdue de bonheur, Reinette plonge dedans, happe un moustique qui s'était posé sur une feuille, un mâle appelle au loin, que la vie est donc belle ! Reinette se hâte de le rejoindre.

En lui sautant au visage, elle a fait cadeau de deux mots à la dame blanche, mais celle-ci saura-t-elle comprendre son langage ?

- Carpe noctem
Aphykit
Sous la pluie, le temps semble encore arrêté, elle est devenue folle à se perdre de la sorte dans le regard d'une rainette. Voilà qu'à présent, elle l'entend parler, pire qu'elle la comprend ! Une soirée pour le moins curieuse que celle qui se déroule dans cette clairière.
Elle suit du regard la grenouille qui s'éloigne en d'élégants sauts, elle bondit vers sa destinée.

Tout lui paraît simple à présent, les choix, les engagements, elle ne doit pas réfléchir, il lui faut juste se fier à son instinct, à son ressenti. Elle songe à son éveil, un peu plus tôt, à tout ce passé qui l'a submergée en vagues plus ou moins douloureuses. Le chaos, dans sa force, a balayé les faux-semblants, le prêt à penser qu'elle s'était imposé depuis quelques temps.

Elle avait renoncé à elle-même, à ses aspirations, à ses envies, à ce qui était l'essence même de sa vie. Elle voulait reconquérir son libre-arbitre, cette libre-pensée qu'elle avait toujours vénéré.
Plus de chaînes, plus d'entraves, elle serait elle, tout simplement.
Une force la pousse à plonger les mains dans la boue, elle joue avec la terre, la malaxe, finit par en ressortir ses mains et les regarde, sans mot dire.

Elle relève la tête, regarde l'assemblée hétéroclite, sourit à tous, sans en discerner aucun, aimerait prendre la parole, mais ne le peut point. Elle reste comme ça, agenouillée dans la clairière.


_________________
Thamos


Il aimait être sous un arbre, surtout quand il bruinait.
Un petit air frais, cette odeur d'herbes mouillées.
Le vert luisant de la reinette plongeant dans le ruisseau.
Les nuages moutonneux blancs neigeux et les myriades de trouées bleutées.

L'homme d'un certain âge était assis sous un arbre dans la position du tailleur.
Un bâton noueux posé à coté, un sac en bandoulière.
Une broche spinoziste famboyait sur le coté de son vêtement.


Vous êtes comme une étoile dansante, avez-vous du chaos en vous ?

Il valait mieux s'adresser aux gens de façon obscur.
C'était toujours ça de gagner dans une rencontre plutôt que cette fausse clarté du vernis mondain.
Et tant qu'à faire, autant être dans cette apparence de n'importe quoi pour en savoir plus.


Ce n'est pas parce que nous refusons de voir les étoiles, qu'il n'y a plus de nuit.
Que celui qui a des oreilles entendent.

Bonjorn Madona le monstre vous a-t-il convaincu...
Admor Leone, sortez donc des fourrés pour me présenter.


C'était un peu glaçant le coté métallique de ces yeux...


> Tanna Thamos de la lignée Monjourat member of Union Spinoza (Forum2 en bas)
> Le sage qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il est. Clic !
Leone.
Curiosité, étrangeté. Que de choses se déroulent en cette clairière à l'orée du bois aux feuilles humides, caressées par la gouttelette de pluie qui fait des claquettes sur les corps meurtris, vieillis des écorces qui forment un tapis. Restant là dans les fourrets, il observe sans rien dire Aphy entrain de s'entretenir avec une grenouille. Aurait-elle perdue la raison ? Et se mettrait-elle à discuter avec la partie de Deus que nous nommes animaux plutôt qu'avec les êtres humains ?

Puis voilà, qu'elle remue la terre, sans doute pour communier encore plus avec la Nature. Ne sait-elle donc pas que les spinozistes courent nus dans les bois jouant à saute mouton pour s'imprégner de l'Immanence de Deus ? - Non, c'est faux - Mais les propos belliqueux de tristes personnages considèrent la différence comme une secte. Alors que leur religion est la mère de toutes les autres.

Dans un coin, un homme à l'âge indéfinissable s'approche, une broche arborée fièrement sur le côté. Et c'est alors que Leone le salue avec déférence.


Addisiàtz Sage Thamos...

Puis se tournant vers l'assemblée.

Voici, le Tanna Thamos un sage parmi les Sages qui fut le maître à penser de nombre d'entre nous. Il éclaire le Monde de ses lumières. Pourra-t-il vous enseigner l'art de la Liberté... La vraie, l'unique. Celle que l'on cultive au plus profond de son être et que l'on cherche à partager.
Aphykit
Elle est toujours agenouillée dans la boue, y patauge telle une truie, l'impression est curieuse, l'analogie troublante. Une voix inconnue vient rompre le calme qui s'était installé dans la clairière depuis quelques temps. La voix est froide, glaciale même... elle a beau chercher, elle ne lui est point familière. Un inconnu s'est encore aventuré dans ce bois en cette nuit pluvieuse et venteuse, c'est proprement incompréhensible.
Perdue dans la contemplation de l'agile grenouille et encore sous la surprise des mots entendus, elle ne parvient à ramener son attention sur l'homme qui vient de faire irruption dans la clairière.
Elle n'a aucune sensation de danger, ses mains boueuses ne se portent pas instinctivement à sa dague, elle reste figée, cherche désespérément une bouffée d'air. Elle étouffe, un étau se resserre sur sa poitrine.

Quelques mots dans le discours du vieillard, jaillissent à présent, retentissent dans sa torpeur.


Chaos... Etoile... Oreilles...


Tout cela n'a aucun sens. Les mots se suivent sans suite logique. Ce discours est le Chaos, sème le désordre, perturbe l'ordre établi. Ainsi, le Chaos est tout autour de nous et le semblant d'organisation que nous tentons d'y apporter n'est qu'utopie, vanité d'esprits englués dans les certitudes. Le dompter est difficile, s'en abreuver divin.
Elle a les yeux clos, toujours, encore. Son visage est inondé par la pluie, les larmes qu'elle contrôle plus depuis un moment, un frisson lui parcourt le dos, prémices du froid qu'elle devrait ressentir depuis un bon moment, trempée par la pluie, les vêtements collés par l'eau et la boue, le corps caressé par des rafales de plus en plus violentes.
Elle relève la tête, scrute l'obscurité à la recherche de la personne dont émane cette voix.
Elle plisse les yeux, aperçoit un vieillard sans âge, d'ailleurs, elle n'est pas certaine que ce soit un vieillard. Il est assis en tailleur, un peu plus loin. Elle s'interroge, depuis combien de temps est-il là ? Comment a-t-il pu s'installer ici sans qu'on le remarque ? Peut-être la présence ressentie plus tôt. Elle l'ignore, et n'a pas vraiment envie de chercher de réponse à tout cela.

Elle fronce les sourcils, se redresse, tente de ramener son esprit parmi les hommes ici présents. Les paroles, cette fois-ci, distinctes pour elle, emplissent la nuit.


Bonjorn Madona le monstre vous a-t-il convaincu...
Admor Leone, sortez donc des fourrés pour me présenter.


Ainsi donc, ce n'est point un inconnu, sa présence ici est attendue... elle tourne son regard vers Leone, qui semble s'être volatilisé de la clairière. D'une voix forte, il fait les présentations tandis qu'elle se relève, chasse la boue d'un geste nerveux de la main. Elle doit avoir piètre apparence, enfin, peu lui importe au fond.


Addisiàtz Sage Thamos...
Voici, le Tanna Thamos un sage parmi les Sages qui fut le maître à penser de nombre d'entre nous. Il éclaire le Monde de ses lumières. Pourra-t-il vous enseigner l'art de la Liberté... La vraie, l'unique. Celle que l'on cultive au plus profond de son être et que l'on cherche à partager.


Elle hoche la tête, en signe d'assentiment au discours, se retourne vers l'homme sans âge, tente d'avoir l'air digne et le gratifie d'un bredouillant


Addisiàtz, je me nomme Aphykit.


Et puis le vide, elle ne sait quoi dire de plus, se tourne vers les autres, leur lance un regard implorant. Elle déteste être au centre, esquisse donc quelques pas en arrière pour tenter de se fondre dans l'ombre.
_________________
Thamos


Il renifla.
Bruissement de narines.
Manquerait plus de choper un rhume maintenant.
Il écouta la présentation de l'Admor Leone et eut un soudain fou rire.
Nom de Dieu de l'Immanent d'Hashem qu'il était marrant ce nouvel Admor...!

Rire...

Re-rire...

Sérieux, sérieux, ouf... bah non, rire encore !

Inspiration, expiration, les zygomatiques détendues, repos enfin.


Ma Donna, si vous voulez bien vous asseoir sur la mousse fraiche.
Je voudrai commencer par faire parler s'il vous plait, en attendant je vais me présenter moi-même...
En effet, j'ai pour nom Thamos, il y a des années je suis né dans le Berry.
Je ne suis qu'un homme, menteur, voleur, lâche, ignare, grossier, gourmand, volage, et tout le contraire aussi !

N'ayez donc crainte, je peux être aussi stupide que n'importe qui et à n'importe quel moment.
Moi, Ladies and Gentlemen, tout ce qui me passe par la tête je peux le dire et bien souvent je suis à coté de la plaque, bien que je m'efforce de ne pas être à coté de mes pompes.

N'empêche je suis un Sage, un Tanna, et qui plus z'est un Tanna de la lignée de Monjourat.
De siècle en siècle nous nous transmettons nos enseignements depuis Oane, donc voyez-vous au nom de mes prédécesseurs je fais gaffe quand même entre deux mots à choisir le meilleurs !


Il tapa ses cuisses comme s'il avait dit une bonne blague.

L'Admor Leone m'a demandé de venir, faut dire que je préfère rester chez moi, mais l'Admor avait l'air enthousiaste et moi l'enthousiasme je n'y résiste pas ! Me voilà, mais quand même, j'avoue que je me demande ce que je fous ici.

Par quoi vais-je commencer, n'y-t-il que cette charmante jeune femme qui soit intéressé par la pensée des pensées, la cime de l'esprit qu'est la spinozie, gare aux aristos je suis là ! les tièdes et les mous du cervelet va falloir devenir plus méchant !


Badin, son ton était si badin qu'il en ressortait comme un air de pas sérieux ou du moins de pas du tout méprisant pour personne.

Ah oui ! je vous avertis qu'il ne faut pas trop me prendre au sérieux.
Il n'y a pas d’élèves, il n'y a pas de maitre, il y a des parcelles de Dieu qui se titille du coté de la conscience, baste, c'est tout.
J'aurai le mot de la fin parce que c'est vous qui venez vous informer de la spinozie, pas moi, donc rien de plus normal.

Notre enseignement n'a pas de caractère dogmatique, je n'ai pas de vérité à vous asséner à grand coup de crosses ou de prédication du haut de la chaire.
Nous aimons les accouchements, chaque homme, chaque femme, nous tous, sommes des accoucheurs !
Nous aimons échanger nos propos, qui sont comme des bébés, ça ne m'empêchera pas de vous dire ce que j'en pense !
Ou du moins ce en quoi est la spinozie, per capire bisogna anche ascoltare.

Avez-vous des questions ???
J'avais pensé parler de la liberté, ça vous convient, une petite disputatio entre nous.
Et si ça vous plait, nous pourrons aller plus loin.
Pour vous c'est quoi la liberté ? et Dieu dans tout ça ?




> Tanna Thamos de la lignée Monjourat member of Union Spinoza (Forum2 en bas)
> Le sage qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il est. Clic !
Aphykit, incarné par Leone.




Le vieillard était bavard, les présentations étaient plutôt atypiques, elle ne voyait pas trop où il voulait en venir et cela la troublait, générait une sensation d’instabilité qui ne faisait qu’accroître son impression de perdre pieds. L’homme parlait, tantôt il s’adressait à Leone, tantôt à elle et pour finir aux autres illustres résidents temporaires de la clairière. Quant à l’idée de s’asseoir dans la mousse détrempée, elle ne la réjouissait pas plus, d’autant que la sensation de froid augmentait. Pourtant, elle s’exécuta sans trop rechigner, ramenant ses jambes contre elle, posant le menton sur ses genoux.

D’un regard rêveur elle suivait la grenouille qui s’ébattait dans sa flaque boueuse. Elle se sentait inerte, vidée de toute énergie… elle n’avait aucune envie de bouger, si ce n’est pour prendre la fuite, aucune envie de parler, seulement s’enfouir, disparaître à jamais. Elle peinait toujours autant dans le discours de l’homme qui fort heureusement pour elle, ne semblait pas attendre de réponse. Il questionnait, répondait, parlait de lui, de la Spinozie, puis digressait encore à grand renfort de plaisanteries. Encore un amoureux des mots ! Ceux-là sont les pires manipulateurs qui existent, elle en avait fait les frais, il n’y a pas si longtemps.
Abuser les uns et les autres… pour mieux tirer son épingle du jeu, voilà ce qu’elle avait vu, vécu et subi. Mais rien de nouveau à tout cela, il fallait juste admettre, redresser la tête, et arborer un sourire effronté au coin des lèvres…

Un revirement soudain du ton de son discours la surprit, les paroles se firent plus dogmatiques, et le voilà même causant une langue qu’elle ne comprenait pas…


Ou du moins ce en quoi est la spinozie, per capire bisogna anche ascoltare.

Alors qu'elle s'apprêtait à l'interrompre pour lui demander le sens de ses paroles, la question qui tuait arriva, la laissant sans voix, mine déconfite.

Avez-vous des questions ?


Elle prit une profonde inspiration, se racla la gorge, qui était ô combien irritée ce soir ! Il allait falloir trouver un truc à dire, poser une question obscure, vite, vite… un truc bien plus pertinent que cette traduction de paroles... Il fallait impérativement qu’il poursuive son discours pour qu'elle puisse trouver quelques échappatoires, mais son état d’alerte retomba aussi vite, car déjà il poursuivait.


Pour vous c'est quoi la liberté ? et Dieu dans tout ça ?


Le répit, cette fois, avait été de courte durée et le silence qui s'ensuivit, laissait à penser qu'il était vain de tenter de biaiser.
Ce n’était plus la grenouille qui était dans la mare, mais bel et bien le pavé ! Que pouvait-elle répondre à cela. Elle lança un coup d’œil implorant à ses condisciples de la clairière, mais ils semblaient dans le même état qu’elle. Alors, elle prit la parole.


Oui, j’ai bien quelques questions pour commencer. Pouvez m’expliquer ce que veut dire « , per capire bisogna anche ascoltare ».
Sinon pour ce qui est de la Liberté.. humm j’aurais tendance à croire qu’il s’agit d’un sentiment très personnel, lié sans doute à une impression d’avoir pu s’affranchir d’entraves qui nous retenaient d’agir.
D’un autre côté, dans la liberté, on trouve une dimension autre qui se rapprocherait d’une forme de jugement, enfin... pas vraiment de jugement, mais pour moi, la Liberté c’est pouvoir regarder un événement et le lire à ma propre manière.
Etre libre, c’est penser sans entrave, pouvoir se laisser aller à transgresser certaines règles de bienséance, de "prêt à penser" au moins dans l’esprit pour envisager une autre manière de voir les choses. Pourtant en aucun cas, la Liberté n’est synonyme d’absence de règles, c’est plutôt avoir la possibilité d’envisager une autre manière de voir, de faire... même si cela n'est jamais mis en pratique.
Etre libre, ça ne veut pas vraiment dire faire ce que je veux, au détriment des autres, c'est plus pouvoir envisager toutes les manières d'agir sans honte, sans être sous le joug de la morale... sans crainte que nos pensées soient de l'ordre de l'impie ou du pêché.


Elle avait débité cette longue tirade qui n'avait ni queue ni tête... d'une stupidité évidente, mais bon, elle n'était pas capable de mieux, en cette heure, alors que le froid s'emparait d'elle et qu'elle cherchait sa cape du regard sans avoir la force d'esquisser le moindre geste.
Thamos


Il respira.
L'homme n'aimait point discourir de trop longue haleine.


J'aime ce mot de liberté ! tout cru, tout seul.
Il me plait à mon coeur et je le berce comme un nouveau né.
L'essence de l'homme est le désir, et la liberté est aussi désirable que la peau d'une femme.


Toujours assis en tailleur, il se saisit de son baton et se leva.

Ils sont tous à bavasser, voyez-vous, tous à se soumettre volontairement.
Cette soumission, ils la chérissent au nom de je ne sais quelle ambition qui les aveuglent !
Ainsi est l'être humain, soumis et ignorant, et fier de cet état de soumission et d'ignorance, confondant la ténébre avec la lumière.


La pluie douce avait cessé, les feuilles rousses tremblaient.
Le Tanna se pencha et saisit un galet de rivière qui se trouvait à ses pieds.


Que penserait la pierre si je la jetais icelieu présentement.
Elle dirait : "je suis libre de voler et je suis libre de tomber !"
Stone est l'homme, lourd, il se croit pénétrant car il ne voit que ses actes sans se demander une seconde ce qui l'a déterminé à agir ainsi.


Il ouvrit sa main et laissa choir la pierre sur le sol.

Il n'y aurait point de liberté alors...
Toute ce qui est, serait déterminé à agir par autre chose que lui-même.
Nous, humain, la passion nous mène par le bout du nez, cette passion obscène qui n'est pas le désir mais le manque qui nous ronge, le manque que nous ne pouvons faire autrement que combler comme un abime sans fond !

Trop souvent, nous sommes un abime.
Trop souvent, nos actes ne sont que des masques pour combler nos manques.


Il se retourna et frappa de son baton le tronc de l'arbre séculaire derrière lui.

Et pourtant, vois ! lui, il est libre !
Il ne tombe pas, il monte vers la lumière, toutes branches déployées.

Cet arbre depuis des siècles va selon sa nature d'arbre, il pousse et se fortifie sans cesse, ses racines plantées dans les profondeurs de la terre et ses ramures hautes vers le soleil.
Il subit les contraintes du temps, les assauts extérieurs, mais en son fonds il est son propre désir d'arbre d'être un arbre et baste !


Il sourit.

Je vais te dire une chose simple qu'un enfançon pourrait penser par lui-même.
Etre libre, c'est devenir la cause de soi-même.
N'être déterminé au fond que par soi en tenant compte, comme cet arbre, de toutes les contraintes extérieures.

Encore faut-il savoir qui nous sommes, quel est ce soi dont nous pourrions être la cause ?
Notre nature propre, unique et singulière, il n'y a que celui qui se vit qui le sait.


Moi Thamos, Tanna de la lignée de Monjourat, je n'aurai de toute ma vie pour savoir qui je suis.
Comprends-tu ma belle et jeune amie, comprends-tu.
La vrai liberté est de vivre ce que l'on est, il s'agit d'un chemin délicat qui conduit nos pas sur la connaissance de soi et du monde.
Connais-toi toi même, ainsi que Dieu et l'Univers. Et deviens ce que tu es. Telle est la voie du spinozisme.


Permets-moi de t'affirmer dans le secret de cette clairière, sous cet arbre plus que centenaire, les pieds dans la mousse verte.
Permets-moi en toute franchise de t'affirmer que toutes les autres religions ne sont que farces et fariboles face au souffle de la liberté divine !
Car notre Dieu l'Unique est une tempête et un appel, un appel à être libre, à suivre notre désir le plus enraciné, devenir ce que nous sommes.

Aaah, quel grand et banal malheur, que crois-tu qu'il arriva quand le désir se réduit à portion congrue ?




> Tanna Thamos de la lignée Monjourat member of Union Spinoza (Forum2 en bas)
> Le sage qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il est. Clic !
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