Alix.b
*merci Yo'
_Mais j'ai enviiieuuuu...
Le temps d'un soupir blasé et la voix plus très patiente d'Alessio s'enquit.
_Que ne comprenez-vous pas dans "non" ?
La petite braqua sur lui un regard aussi humide que son nez rougi. La comédie dut faire son effet car le plus jeune des gardes Noirs reprit, non sans un grognement.
_Il serait dangereux de nous arrêter tant que nous n'sommes pas arrivés à destination. Vostre père fut formel et... silence gêné, comment évoquer sans grimacer la torgnole monumentale administrée par le Baccard à son plus fidèle serviteur, celui qu'on appelait le grand Landri ? ...et je n'désobéirai pas.
Froncement de sourcils, Alix comprit qu'il ne servirait à rien d'insister. Elle non plus n'oubliait pas la scène en question.
Ce n'était pas la première fois que l'Impétueux s'emportait. C'était un truc de famille, jouer à qui ferait trembler les murs le plus fort, et Thibérian partait grand gagnant.
La Val d'Oze retentissait souvent de l'écho de sa voix, c'était soit un rire énorme qui ricochait sur les collines cultivées, soit les récrimination du multi-duc après un infortuné quelconque.
Toujours impressionnante, la scène se finissait toujours bien et une fois qu'il avait fini de faire trembler les fondations du castel ainsi que l'épiderme de toute la maisonnée, la vie reprenait son cours tranquille et l'incident était classé dans le rayon des histoires qu'on raconterait un soir d'hiver devant le feu.
Cette fois ç'avait été bien différent. Certes il avait hurlé jusqu'à en terroriser les servantes mais à la tempête avait succédé un calme anormal.
Alix n'avait été autorisée à sortir de sa chambre que bien des jours plus tard, et malgré tous les talents de son espion favori, son frère Landry, l'objet de cette convocation demeurait un mystère.
La suite s'était enchaînée trop rapidement, à peine lui avait-on annoncé qu'il était temps pour elle à l'aube de ses six printemps de quitter le foyer qu'elle se retrouvait là, dans un attelage brinquebalant à s'abîmer le dos et l'humeur à chaque cahot de la route. Alessio avait été désigné pour l'accompagner afin d'atténuer la brutalité de la séparation, mais dès qu'ils arriveraient il repartirait aussitôt.
Transbahutée de sa chambre au carrosse elle n'avait pas eu le temps de protester, de donner son avis ni même de vraiment dire au revoir à la maisonnée dont elle avait méticuleusement cassé pieds et oreilles depuis six années déjà. A vrai dire son cur se serrait à chaque fois qu'elle revoyait le visage fermé de son père lorsqu'il l'avait laissée partir, et les signes que Landry lui adressait jusqu'à ce qu'elle le perde de vue.
Pourtant elle rêvait de ce jour depuis quelque temps déjà, tant elle craignait qu'on ne l'oublie pour ne se préoccuper que de Landry, l'aîné, le mâle. La petite avait bien tenté de s'imposer de force au service d'Argael, l'homme le plus barbu et sévère qu'elle connaisse, mais le différent qui l'opposait à son père avait eu raison de ce beau projet.
Elle se consolait au fond de sa banquette en s'imaginant quel puissant seigneur serait celui qui aurait pour charge de veiller à sa formation d'écuyer... Pour sûr, après ce qui s'était passé son père devait avoir choisi un comte pour le moins, peut-être un duc !
Il serait grand, obligé ! Et barbu, parce que sage et bienveillant. Et il lui enseignerait à asséner les coups d'épée mortels, à chasser comme son père et mieux encore ! Ah, quelle joie se serait quand elle reviendrait en Lyonnais-Dauphiné et qu'elle lui montrerait quel chevalier accompli elle serait deven...
_Ah, nous arrivons enfin.
On n'aurait su dire lequel des deux était le plus soulagé d'arriver.
Elle n'avait pas prêté attention aux champs et bourgades qu'ils avaient traversé, mais à présent s'élevait devant eux des herses gigantesques qui la firent frétiller sur place. Grandes herses, grande... hum.
_Vite fais-moi descendre ! Je suis certaine qu'il attend ma venue avec impatience ! J'ai si hâte de commenceeeeeer-euuuuu... Oh, suis-je bien arrangée ? Ah un pli ! Voilà... Dis crois-tu que j'aurai une armure à ma taille ?
Penchée à une fenêtre du carrosse au point de manquer le faire basculer, la petite guettait la silhouette immense qu'elle s'attendait à voir arriver.
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_Mais j'ai enviiieuuuu...
Le temps d'un soupir blasé et la voix plus très patiente d'Alessio s'enquit.
_Que ne comprenez-vous pas dans "non" ?
La petite braqua sur lui un regard aussi humide que son nez rougi. La comédie dut faire son effet car le plus jeune des gardes Noirs reprit, non sans un grognement.
_Il serait dangereux de nous arrêter tant que nous n'sommes pas arrivés à destination. Vostre père fut formel et... silence gêné, comment évoquer sans grimacer la torgnole monumentale administrée par le Baccard à son plus fidèle serviteur, celui qu'on appelait le grand Landri ? ...et je n'désobéirai pas.
Froncement de sourcils, Alix comprit qu'il ne servirait à rien d'insister. Elle non plus n'oubliait pas la scène en question.
Ce n'était pas la première fois que l'Impétueux s'emportait. C'était un truc de famille, jouer à qui ferait trembler les murs le plus fort, et Thibérian partait grand gagnant.
La Val d'Oze retentissait souvent de l'écho de sa voix, c'était soit un rire énorme qui ricochait sur les collines cultivées, soit les récrimination du multi-duc après un infortuné quelconque.
Toujours impressionnante, la scène se finissait toujours bien et une fois qu'il avait fini de faire trembler les fondations du castel ainsi que l'épiderme de toute la maisonnée, la vie reprenait son cours tranquille et l'incident était classé dans le rayon des histoires qu'on raconterait un soir d'hiver devant le feu.
Cette fois ç'avait été bien différent. Certes il avait hurlé jusqu'à en terroriser les servantes mais à la tempête avait succédé un calme anormal.
Alix n'avait été autorisée à sortir de sa chambre que bien des jours plus tard, et malgré tous les talents de son espion favori, son frère Landry, l'objet de cette convocation demeurait un mystère.
La suite s'était enchaînée trop rapidement, à peine lui avait-on annoncé qu'il était temps pour elle à l'aube de ses six printemps de quitter le foyer qu'elle se retrouvait là, dans un attelage brinquebalant à s'abîmer le dos et l'humeur à chaque cahot de la route. Alessio avait été désigné pour l'accompagner afin d'atténuer la brutalité de la séparation, mais dès qu'ils arriveraient il repartirait aussitôt.
Transbahutée de sa chambre au carrosse elle n'avait pas eu le temps de protester, de donner son avis ni même de vraiment dire au revoir à la maisonnée dont elle avait méticuleusement cassé pieds et oreilles depuis six années déjà. A vrai dire son cur se serrait à chaque fois qu'elle revoyait le visage fermé de son père lorsqu'il l'avait laissée partir, et les signes que Landry lui adressait jusqu'à ce qu'elle le perde de vue.
Pourtant elle rêvait de ce jour depuis quelque temps déjà, tant elle craignait qu'on ne l'oublie pour ne se préoccuper que de Landry, l'aîné, le mâle. La petite avait bien tenté de s'imposer de force au service d'Argael, l'homme le plus barbu et sévère qu'elle connaisse, mais le différent qui l'opposait à son père avait eu raison de ce beau projet.
Elle se consolait au fond de sa banquette en s'imaginant quel puissant seigneur serait celui qui aurait pour charge de veiller à sa formation d'écuyer... Pour sûr, après ce qui s'était passé son père devait avoir choisi un comte pour le moins, peut-être un duc !
Il serait grand, obligé ! Et barbu, parce que sage et bienveillant. Et il lui enseignerait à asséner les coups d'épée mortels, à chasser comme son père et mieux encore ! Ah, quelle joie se serait quand elle reviendrait en Lyonnais-Dauphiné et qu'elle lui montrerait quel chevalier accompli elle serait deven...
_Ah, nous arrivons enfin.
On n'aurait su dire lequel des deux était le plus soulagé d'arriver.
Elle n'avait pas prêté attention aux champs et bourgades qu'ils avaient traversé, mais à présent s'élevait devant eux des herses gigantesques qui la firent frétiller sur place. Grandes herses, grande... hum.
_Vite fais-moi descendre ! Je suis certaine qu'il attend ma venue avec impatience ! J'ai si hâte de commenceeeeeer-euuuuu... Oh, suis-je bien arrangée ? Ah un pli ! Voilà... Dis crois-tu que j'aurai une armure à ma taille ?
Penchée à une fenêtre du carrosse au point de manquer le faire basculer, la petite guettait la silhouette immense qu'elle s'attendait à voir arriver.
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