Anna_jagellon
« Le logis, c'est le temple de la famille. »*
* Le Corbusier
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Un cheval à la bai alezan brûlé chevauchait presque nuit et jour avec pour seul réconfort sur le chemin l'eau pure d'un lac et l'herbe recouverte de feuilles rouges.
La cavalière, souple et leste sur son dos, connaissant bien sa monture et surtout l'art de monter de part son éducation, faisait avancer à vive allure son étalon.
Le temps ne lui était pas compté mais l'impatience de revoir sa famille lui donnait des ailes. Si sa conscience ne lui aurait point soufflée de se reposer, nul doute que la donzelle n'aurait trouvé répit avant son arrivé.
Mais la voilà plus sage, plus grande, plus belle aussi qu'on ne la connut jadis.
Elle était emmitouflée dans une simple cape, le capuchon désertant depuis longtemps du sommet de sa tête par la course pour laisser flotter de longs cheveux dorés au grès du vent. Une couleur à faire pâlir les blés.
Comme une étrangère elle pénétra dans le Limousin, pourtant terre d'origine, et chevauchât jusqu'au domaine du vicomté de de Bellegarde-en-Marche, celui de sa chère soeur.
Une soeur aînée qui l'avait pourtant envoyée chez une vieille cousine éloignée selon les voeux du défunt père mais la cadette n'en gardait nulle rancune, maintenant assez âgée pour comprendre les choix d'adulte.
Mais ce n'était pas là le seul sujet de préoccupation qui taraudait l'esprit de la blondinette...Elle pensait également à son frère jumeaux dont elle avait été séparée alors qu'ils étaient à l'époque indissociables.
Un vide avait fait place à cela et la solitude était devenue sa compagne durant ce qu'elle appelait un exil.
Un exil certes mais la voilà à présent devant les portes de sa demeure, la vraie, après que la vieille est rendue l'âme, après avoir passée à double vitesse devant les gardes médusés. Personne ne l'aurait reconnu sans doute.
Autant par les manières qu'on lui avait inculqué, celles d'une future dame mondaine, d'une épouse également, que par le physique.
Mais en rien elle n'avait perdue cette fougue et son caractère fort présent. La maîtrise seule de celui ci avait été réellement assimilée sans pourtant autant transformer une personne...
Pas de passage par l'écurie, elle posa pied à terre qu'une fois arrivée devant l'imposante porte de bois orné.
Trois coups sur la porte,
Enfin de retour.
Trois battements de coeur tel un tambour,
Elle allait les revoir.
Son sang ne fit qu'un tour.
C'est Anna...Anna Jagellon ! cria t-elle à la porte, presque à sépoumoner.
Petite fille orpheline elle était partie. Jeune femme en devenir elle revenait à ses racines. Une Jagellon.
* Le Corbusier