Judas
[ Résumé de l'épisode précédent.
Judas apprend la grossesse de son épouse en Bourgogne. Ebranlé par cette nouvelle qui lui fait réaliser beaucoup de choses il décide de partir à Paris officiellement pour acheter à l'un des meilleur artisan de France un berceau. Pourtant officieusement il espère retrouver en secret la trace d'Anaon, dont la dernière destination connue avant leurs adieux était la capitale. Une fois arrivé à Paris, il ne trouvera nulle trace de son amante jusqu'au courrier salvateur de Rose, son intendante restée auprès de son épouse à Petit Bolchen en Bourgogne. Elle l'entretient d'une missive malheureuse interceptée in extrémis.]
Judas apprend la grossesse de son épouse en Bourgogne. Ebranlé par cette nouvelle qui lui fait réaliser beaucoup de choses il décide de partir à Paris officiellement pour acheter à l'un des meilleur artisan de France un berceau. Pourtant officieusement il espère retrouver en secret la trace d'Anaon, dont la dernière destination connue avant leurs adieux était la capitale. Une fois arrivé à Paris, il ne trouvera nulle trace de son amante jusqu'au courrier salvateur de Rose, son intendante restée auprès de son épouse à Petit Bolchen en Bourgogne. Elle l'entretient d'une missive malheureuse interceptée in extrémis.]
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J'aimerai me réincarner en un pont de pierres, subir le mauvais temps durant 500 ans...
Qu'importe si le soleil me brûle ou si la pluie me fouette, tant que je sais qu'un jour elle viendra me fouler de ses pieds.
- Le Règne des Assassins. -
Citation:
Je doute que l'information vous intéresse, mais...
Je sais où se trouve Anaon.
Et j'ai besoin d'une paire de gants, pour cet hiver.
Bien à vous,
R.
Je sais où se trouve Anaon.
Et j'ai besoin d'une paire de gants, pour cet hiver.
Bien à vous,
R.
Citation:
Gants et pelisse, le message est bien passé... Mais pas tout à fait entier. Ma chère, parlez où gelez-vous le séant cet hiver.
J.
J.
Citation:
La chère disparue se trouve à Château-Gontier, en Anjou.
Félicitez-vous que lil n'ait rien perdu de sa sournoiserie malgré son exil forcé auprès de la Frigide.
Bons baisers de Bourgogne,
R.
Félicitez-vous que lil n'ait rien perdu de sa sournoiserie malgré son exil forcé auprès de la Frigide.
Bons baisers de Bourgogne,
R.
Il n'en avait pas fallu plus au seigneur Bourguignon pour mettre le cap en Anjou, un mois seulement après la tragique fin de la Marquise dans ce même duché, témoin maudit d'une nuit qui n'aurait jamais du tourner aussi mal. Adieu Paris et sa rue Saint Opportune, bonjour Chateau Gontier. La missive de Rose était on ne peut plus claire, et ce malgré cette tendance accentuée au fil des saisons à racketter son seigneur... Sans doute parce que n'étant plus désormais "Limier" de la maison mais "Intendante", la nuance promotionnelle exigeait qu'elle se fasse payer grassement ses anciens services... Mais c'était de bonne guerre si l'on soulignait que Judas l'avait plus ou moins assignée à résidence le soir dans la chambre de Gwenn, alias "La Frigide", suivante d'Isaure, afin que son ami Finn de Pommières , alias "Cazayous" puisse jouir d'une chambre rien que pour lui lors de son séjour chez lui... L'oeil de Petit Bolchen avait une fois de plus mis la main sur un élément capital pour la quête de Judas, à savoir retrouver la Roide. Il ignorait qu'en secret, dans son dos et malgré l'interdiction formelle qu'il avait formulée Anaon et sa jeune suivante Nyam entretenaient encore une correspondance. Rose tenait son information d'une de ces lettres, et c'est en chevauchant vers Saumur qu'il pensa avec un espoir certain retrouver la bretonne et renouer, le plus paisiblement possible... Sans doute avait-il la mémoire courte... Car c'était le port altier, l'allure déterminée qu'il passait les portes de la ville, sans une once d'hésitation quant à son objectif: reconquérir sa maitresse. Et ce alors même qu'il l'avait sévèrement blessée dans son amour propre le jour où elle s'en était allée.
Judas avait besoin d'elle. Pas ce besoin habituel, passionnel et déraisonné non. Un besoin plus tendre, rassurant. Juste la retrouver, l'entendre lui parler comme si toute cette violence passée n'avait été qu'un mauvais rêve. Retrouver fugacement l'apaisement qu'elle pouvait lui inspirer au coeur de la tourmente. De sa tourmente. Il allait être père... Et il savait très bien qu'il ne pourrait pas tenir son mariage à bout de bras sans une autre paire de mains. Il l'avait toujours su. L'annonce de cette grossesse avait effacé ses dernières rancoeurs, depuis des mois il se mourrait intérieurement seul au coté de sa femme. Femme... Quel bien grand mot. Une enfant, qui enfanterai bientôt un enfant.
Sans se rendre à son appartement Andégave - loin de lui l'envie de pénétrer dans le tombeau de Marie de Kermorial - il décida de s'établir à Saumur. Judas aimait bien Saumur, ses tripots et ses étranges habitants quoi qu'en beaucoup de point il détestait l'Anjou. Il y avait aussi quelques connaissances, cela lui faciliterai la tâche. Le seigneur se rendit donc en ville à la recherche d'un visage familier, il ne tarda pas à croiser en croiser un... Celle là même à qui il troquait lorsqu'elle était plus jeune quelques fioles de ses cargaisons contre son silence. Une charmante enfant. Enfant... Quel bien mauvais mot. Une damoiselle, jeune femme qui n'avait certainement plus la même innocence qu'auparavant. Il prit des nouvelles de la pluie et du beau temps, de ses galants et de ses centimètres de plus avant de rentrer le plus innocemment du monde dans le vif du sujet.
- Château-Gontier ... Cela vous dit quelque chose?
- Oui bien sûr.
- Que pouvez-vous m'en dire?
- C'est le lieu de vie de la jeune De Josselinière, avec toute ses damoiselles.
- Vraiment? La Josselinière? Comment s'appelle-t-elle déjà...
- Yolanda.
-Yolanda! Voilà...!
- Si vous cherchez un guide pour vous y conduire je peux trouver cela.
- Ha mais oui. Oui , avec plaisir. Disons demain?
- Va pour demain.
Une aubaine, Judas connaissait ladite Yolanda depuis une certaine ballade en bourgogne. Elle était même à ses noces au mois de juillet dernier. Ainsi donc Anaon demeurait chez la soeur d'Aimbaud, qui quelque part n'était pas moins que son cousin par alliance... Si l'on tirait un peu par les cheveux. Un arrogant marquis qui avait encore du lait dans les narines... Comme s'était plu à le lui rappeler Judas lors de la table ronde organisée pour son contrat de mariage . Il fallait la jouer fine... Très fine. Se rendre à Chateau Gontier la fleur à la bouche en prétextant une visite de courtoisie à la jeune noble et surtout, surtout ne pas aborder la bretonne en public mais à l'insu de Yolanda.
Au petit matin, frais et dispo le Von Frayner attendit son guide aux portes de la ville...
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