Anaon
- Narines et mâchoires frémissent encore alors que le cur se blesse un peu plus fort. Il n'en manque pas une pour placer les mots qui font mal. A la mention de l'épousée, la mercenaire se renfrogne d'avantage. Ah! Il n'avait qu'à y rester, auprès de sa femme au lieu de venir ici-bas pour... pour... pour elle ne sait quoi! Troubler son semblant de quiétude comme un pavé dans la marre!
_ Je veillerais mademoiselle à ce qu'aucun ragot ne sorte de ces murs.
Enfin la voix se révèle dans un calme qui résonne comme une menace. Si tant est qu'il en soit encore possible, le regard se fait plus appuyé à l'intention du Von Frayner.
Et voilà que soudain sonne la retraite, laissant sur le carreaux une Anaon affolée. Les azurites accrochent la jeune noble qui pousse déjà les plus petites hors de la scène. Un "Yolanda" hurlé d'un regard muet. Perdue, comme la petite dernière qu'on oublierait à l'arrière. Oui, parce que naturellement, le chaperon ne s'inclut pas dans les "chéries" désignées. L'échine se tend de plus bel. Si Yolanda avait désiré séparer les deux chiens, elle avait omit d'émettre quelques instructions. La phrase de l'homme tinte alors d'une désinvolture qui grince bien faussement au oreilles de la mercenaire. Intérieurement, elle s'étire d'un sourire aigre. La voilà toute désignée. Et la détresse se scelle dans un battement de cil.
Une lente inspiration. Profonde goulée d'air qui a du mal à se frayer un chemin dans la gorge nouée. Les yeux restent clos. C'est n'est qu'un homme. Qu'un noble à placer dans une chambre et délaisser à ses occupations. Rien de plus, rien de moins. Rideau de chair qui se dégage pour dévoiler les prunelles sombres, contemplatives du vide ou se trouvait Yolanda il y a quelque secondes encore.
_ Je vais vous montrer votre chambre, ensuite je vous ferai venir quelqu'un qui pourra vous faire visiter le domaine comme vous le désirez Vous serez ensuite appelé quand viendra le repas. Je suis chaperon ici, là n'est pas mon office.
Timbre d'une résignée. Les azurites ne se sont pas défaite du vide qu'elle guettent encore. Lui parler lui arrache le cur. Elle veut encore nier sa présence. Ce qu'il est. Ce qui représente. Agir comme avec un autre et s'y tenir. Au mieux.
Sans rien attendre, elle tourne casaque sans même vérifier qu'il s'élance à sa suite. Le savoir dans son dos lui tire un brusque frisson d'effroi. Ça lui pique les reins. Et la rage première laisse soudainement place un trouble plus profond. L'esprit s'agite de mille et une pensée. Des conséquences de sa présence. Du pourquoi. Ses questions et ses réponses. Les jours a venir seront tendus. Précautionneux. Il faudra l'éviter. Oui, il ne suffit que de cela, l'éviter jusqu'à son départ et oublier. Oublier qu'il a été là. Reprendre les choses dans le cours qu'elle doivent avoir. Lui, loin auprès de sa femme. Elle, là, juste là.
Et cela commence par une foulée qui s'allonge, désireuse de garder une distance raisonnable entre ses pas et les siens.
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Images originales: Victoria Francès, concept art Diablo III - [Clik]