Sorianne
C'est une auberge = Chacun est libre d'y poster ce qu'il souhaite.
Le jour était levé depuis un moment déjà, mais la jeune femme trainait dans le lit prit à l'auberge. Emmitouflée sous de multiples couches de laines et de lin, on ne voyait presque que la crinière sombre qui tranchait avec le blanc écru des couvertures. Comme tous les matins, depuis quelques semaines, la jeune femme observait encore et encore, cette chevalière qui avait prit place à son cou, pendant à la fine chaine d'or. Si l'estampille ne comportait qu'un reste de gravure indéchiffrable, à l'intérieur de l'anneau, les symboles qui s'y trouvaient étaient encore bien lisibles. Toutefois, nullement à sa portée. Étaient-ce des mots?
Ces quelques instants volés, il y avait quelques semaines, semblaient désormais bien loin, elle pourrait sérieusement envisager l'avoir complétement rêvé, si elle n'avait pas ce lourd bijou entre les doigts qui lui prouvait le contraire. Et depuis, elle s'appliquait à respecter la promesse donnée. La route serait longue, pour sûr, mais petit à petit... Déjà la brune se forçait à remettre le nez en taverne et à recroiser des gens. N'avait-elle pas prit un haut noble breton pour ce qu'il n'était pas? Même si elle avait eu peur des représailles, rien n'était arrivé finalement. Comme quoi, tout le monde n'était pas si mauvais que ça.
Doucement, la noiraude s'étira, de tout son long. Qu'il était étrange de ne plus entendre les discussions à l'accent Angloys, et les petits pas de sa fille courant sur le parquet... Que devenaient-ils? Un regard vers la fenêtre et la So se mit assise. C'était mieux ainsi de toutes façons. Egoïste, mère indigne, mais oui, il valait mieux ainsi. Jamais elle n'avait eu ce penchant mère poule, couvant ses petits comme s'ils étaient la prunelle de ses yeux. Ou peut-être que si... Il y avait longtemps. Dorénavant son esprit était bien trop occupé à ressasser moult chose pour s'y consacrer pleinement, à son grand dam.
Elle lâcha la chevalière, la laissant reposer au bout de la longue chaine et se leva, enroulée dans les couvertures qui la couvrait depuis qu'elle s'était couchée. La journée serait sans doutes longue. Mais plusieurs choses étaient prévues. So avait ouïe dire qu'un prêche aurait lieu à Saumur. L'inconvénient étant qu'il serait Réformé et non Romain. Barf, à voir. Est-ce qu'y aller serait inconvenant? Elle verrait une fois sur place.
La petite brune finit par faire choir ses lainages et fut saisit par le froid, la chaisne ne protégeant pas vraiment. Bigre, bientôt l'hiver. La bourse bien pleine fut attrapée et les écus comptés. Il fallait croire qu'elle recommençait à se permettre d'emmagasiner pleinement les sous récoltés. Et c'était sans compter ce qui était resté à Alençon. Elle voulait renverser une situation qui la mettait des plus mal à l'aise. Point sûr que ce serait suffisant, mais savait-on jamais...
Deux cents cinquante écus furent ainsi mis de côté, et la jeune femme alla se rafraichir avant de passer cette robe écrue qu'elle mettait chaque Dimanche lorsque le prélat officiait, pour lui montrer à quel point ses pensées étaient funestes, les hanches ceintes d'une longue lanière de cuir. Les bracelets de même matière ne furent pas oubliés, et les cheveux corbeaux peignés et laissés libres dans son dos, si ce n'était ces deux tresses fines se rejoignant sur la nuque et retenues avec un ruban de la même couleur que la tenue portée.
Maintenant, rédaction du courrier. Première étape vers la reconstruction. Et ce serait évidement plus simple par courrier que face à face. La noiraude n'était pas à ce point stupide. Elle savait parfaitement que face à face, elle n'aurait plus le cran de dire quoi que ce soit. Mieux valait déjà voir ce que ça donnerait ainsi.
Citation:
A vous,
Sans doutes serez vous surpris, mais voici 250écus que je vous offre pour votre participation à l'élection Royale.
Elle m'importe peu à dire vrai, mais il me semble qu'elle vous tient à cœur.
Je sais que vous avez les moyens, et je m'en fiche.
Si je fais ça, c'est parce que je le veux, et pour vous montrer que je ne vous dois rien, pas plus à vous qu'à personne, et que je ne veux pas être redevable.
Vous êtes Roy en votre Domaine, je ne suis que Roturière. Mais je sais lire, compter. Et voilà que je participe à votre Rêve de Grandeur. Voyez? Ce n'est pas parce que je n'ai pas de rang que je ne suis capable de rien.
Si l'on ne m'impose rien ou que l'on ne cherche pas à m'acheter, je ne suis pas rétive.
Malgré tout ce que vous avez osé faire... Je vous souhaite bonne chance.
Sorianne.
Sans doutes serez vous surpris, mais voici 250écus que je vous offre pour votre participation à l'élection Royale.
Elle m'importe peu à dire vrai, mais il me semble qu'elle vous tient à cœur.
Je sais que vous avez les moyens, et je m'en fiche.
Si je fais ça, c'est parce que je le veux, et pour vous montrer que je ne vous dois rien, pas plus à vous qu'à personne, et que je ne veux pas être redevable.
Vous êtes Roy en votre Domaine, je ne suis que Roturière. Mais je sais lire, compter. Et voilà que je participe à votre Rêve de Grandeur. Voyez? Ce n'est pas parce que je n'ai pas de rang que je ne suis capable de rien.
Si l'on ne m'impose rien ou que l'on ne cherche pas à m'acheter, je ne suis pas rétive.
Malgré tout ce que vous avez osé faire... Je vous souhaite bonne chance.
Sorianne.
Pensive, la jeune femme relit le billet et sécha l'encre en soufflant doucement dessus. Elle n'oubliait pas. N'oublierait jamais. Mais elle s'efforçait de reléguer ça loin dans son esprit. Du regard, la noiraude chercha un petit coffre de bois qui pourrait lui permettre de placer l'argent à envoyé et courrier joint dedans. Se levant et claudiquant jusqu'à la commode, la So en retourna un qui contenait divers papiers sans doutes inutiles, et plaça le tout dedans. Le temps d'enfiler un lourd manteau de laine, elle était déjà sortie, coffre dans les bras, partie à la recherche d'un coursier qui pourrait faire parvenir ça à Bouillon.
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♥♥♥ Crokiiiiie