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[RP] Saigne-les ! Je peux ? Je peux ?

Juste.watelse


J'ai le vague souvenir d'une autre maison et d'autres personnes avec moi, mais cette maison là n'est pas mal non plus.
Ici, j'ai des femmes qui s'occupent de moi. Après tout, c'est normal, les femmes s'occupent des enfants, comme disait mon père.
Isandre est gentille. Elle me nourrit, elle me lave et elle me surveille.
L'autre dame est parfois plus en colère. Elle voudrait que je mange tout seul, que je marche tout seul.... Mais mon père m'a toujours dit de laisser les femelles s'occuper de ce genre de tâches subalternes.
En attendant, je m'ennuie.
Je veux que père revienne.
J'ai plus peur, mais je m'ennuie.

C'est pas bon, je crache.
Clarinha
La porte finalement s'ouvrit. Lorsque l'on m'avait dit que la Duchesse mangerait avec moi, j'en avais eu des frissons de joie. Avait-elle à ce point d'attachement pour moi ?
Des frissons d'effroi y avaient succédé : était-ce un tête-à-tête pour me mieux gourmander de mes écarts (non de vertu, mais de talent, écarts financiers, écarts d'exclusivité de services) ?
Vaille que vaille, il fallait bien y aller.
J'ajustai à ma taille le bliaud que je portais souvent pour les meilleurs jours du quotidien. Une ancienne de mes apprenties me l'avait cousu, la même qui m'avait fourni si bonne escorte à travers la Champagne. Et... go !

J'avais l'impression de n'avoir jamais quitté le château de Seignelay. Ses couloirs m'étaient une évidence. Je traversai plusieurs pièces avant de me trouver devant la porte de la cuisine. J'y posai une main, n'osant la pousser. Derrière... Il y avait des voix. Quoi, ce n'était pas un tête-à-tête ? J'en avais eu une telle conviction que je n'avais pas même noté que celui qui m'avait prévenue n'avait rien dit de tel. Juste que la Duchesse était en cuisine, où nous mangerions.
Bon.
Cela rendrait des retrouvailles moins chaleureuses, moins d'effusions, si tant était qu'il dût y en avoir. Mais cela adoucirait aussi toutes réprimandes que l'on pouvait me faire... J'en pris donc mon parti, poussai la porte, embrassai d'un regard les présents, et allai ployer en une révérence devant ma maîtresse.


-"Moi sou aqui, a minha dona."

Une chose au moins n'avait pas changé, ne changerait sans doute jamais : mon satané handicap linguistique.
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Della
Juste faisait peine à voir et Della se demanda s'il passerait l'hiver en refusant ainsi de s'alimenter. Ses pensées tombèrent alors sur l'enfant qu'elle portait et les craintes enfouies de le voir trépasser à la naissance la submergèrent.
Elle allait s'en ouvrir à Isandre lorsque la porte s'ouvrit, laissant apparaître une Clarinha radieuse.

Della tendit les mains en direction de sa couturière, pour lui souhaiter la bienvenue.

Clarinha ! Enfin, vous voilà !
Venez...venez auprès de nous.


Della recula un peu sur le banc qu'elle occupait, signifiant à Clarinha que sa place était là, à côté d'elle.

D'un geste, elle fit savoir qu'il fallait que l'on vienne servir la jeune femme, ce qui fut fait immédiatement.


J'espère que vous avez faim, Clarinha, c'est rudement bon !
Et accompagnant l'affirmation par une nouvelle bouchée, la Duchesse fit à nouveau honneur au repas.
Elle se sentait bien, à cet instant, la Duchesse, en compagnie de deux amies, au chaud, chez elle à Seignelay, il ne manquait qu'un époux et un fils pour être comblée. Mais depuis longtemps, elle avait appris à se contenter de ce que le jour offrait, attendant le lendemain pour le goûter pareillement.

On m'a avertie de votre retour, chère Clarinha et aussi, l'on m'a dit que vous étiez chargée.
Il nous faudra regarder tout cela...et choisir de beaux modèles aussi !

Un regard vers l'enfant...un autre sur Clarinha et un dernier vers Isandre...avant de reprendre à l'intention de la couturière :
Juste est le frère de Isandre, le fils de Wtaelse donc, le joailler. Il ne mange rien...Auriez-vous une idée de la façon dont nous pourrions le nourrir avant qu'il ne meure de faim ?

Lorsque le repas serait terminé, il serait temps de discuter seule à seule avec Clarinha...car pour l'heure, le temps était aux retrouvailles chaleureuses.
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Clarinha
Je ne me fis pas prier pour m'asseoir au côté de ma maîtresse. Je souris aux autres attablés, le petit tout particulièrement. J'avais, jadis, beaucoup côtoyé de petits, ceux de mes collègues... là bas... en mon sein, aucun n'avait jamais pris graine. Un peu que j'avais veillé à ne pas commettre d'excès en mes hautes périodes, un peu, sans doute, que la nature n'insistait pas pour m'en offrir. Cela me manquait, mais cette époque de ma vie m'avait, au moins, appris à prendre soin des petits des autres. Nous avions été, quand bien même notre situation n'était pas enviable, une sorte de famille.
Je hochai la tête et répondis d'un court "Sim, donna" à l'évocation du travail à venir. C'était toujours avec joie que je créais un modèle, et pour elle plus qu'aucune. Sans doute serais-je capable de l'abandonner, si l'on m'offrait un époux bien né et une place dans quelque cour européenne. Pour moins que cela... Probablement pas.

A l'autre sujet, je regardai plus attentivement l'enfant. Watelse... Les Doigts d'Or avaient souvent travaillé en partenariat avec lui. Je me rappelais que la canne de mon maître, la canne à la fouine, venait aussi de là. Isandre était donc sa fille, et l'enfant... Juste... Ouh, que j'aurais de mal à le prononcer ! J'en soupirais déjà. Il semblait joufflu comme tout enfant, mais son regard était éteint. Je dis, lèvre tremblante, inquiète, l'aimant déjà :


-"Il boit um poco ? Ca peut servir de boire do lait con do miel, o do bouillon ?"
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Isandre.watelse
Isandre sourit à la nouvelle venue. Son accent chantant du sud semblait porteur de bonne humeur et de soleil.
Elle tenta à nouveau de glisser un petit morceau de viande dans le bec du petit paon, mais le morceau retomba bien vite sur la table.

Avec un soupir, elle répondit.


- Oh, il mange quand il le veut. J'ai l'impression que petit monsieur est difficile.

Elle n'avait guère l'habitude des enfants, c'était sûr. Mais elle avait bien remarqué que le petit ne risquait pas de se laisser mourir de faim.

- Il mange ce qu'il veut, quand il est décidé. En général, vous avez raison il adore tout ce qui est sucré. Si on l'écoutait, il ne mangerait que des confitures ou du miel.


Sans se lasser, elle reprit un tout petit bout de viande et le représenta à l'enfant.

- Aller Juste, encore 3 morceaux et tu pourras avoir un biscuit.

L'enfant parut hésiter quelques instants puis mordit brusquement. Maladresse ou geste de représailles, ce furent les doigts de sa sœur qui en firent les frais !

- AÏE ! Non mais fais donc attention !!

Quelques gouttes de sang tombèrent sur la serviette blanche...
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Clarinha
J'étais bien désemparée par la situation. Je ne savais si je devais, si je pouvais, aider Isandre avec son frère chahuteur (chahuté ?). J'aurais voulu prendre ce petit contre mon sein, le pouponner, le traiter comme le mien, qui n'en aurais sans doute jamais ! Lui offrir de la chaleur maternelle et le laisser manger ce qu'il veut, car un enfant, il ne faut point le contrarier ! C'est comme un animal échaudé, c'est comme un chat blessé... Et puis, on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre !

Je remarquai que ma maîtresse n'intervenait pas, et je ne savais à quoi l'attribuer. Distance avec l'enfant ? Troubles d'humeurs, dus à sa propre grossesse ? Ou l'avait-on perdue dans ses pensées ? Ou bien, elle mâchait son dîner. Et toute femme bien élevée ne desserrerait pas les dents tant qu'il reste des reliefs appétissants dans sa bouche.
Je hasardai :


-« Ça faut peut-être jouchte faire-lhe plaser ? Si ele est trichte, ça faut forcer nada, ça faut donner o bonheur, et quando ele sera heureux, o Jouchte mangera todo com appétit... »

Je souris à l'enfant, accentuant ma mimique, cherchant son regard. Amis ?
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Della
Della écoutait...un peu distraite, il est vrai, ses deux suivantes, parler de Juste et émettre des hypothèses sur son caractère, heureuse aussi de se trouver aux côtés de ces deux femmes qu'elle appréciait énormément.
Elle avait aussi terminé son repas et elle repoussa le tranchoir.

Isandre, il faut nettoyer ce doigt et y mettre un pansement.

Parlant, elle fixait l'enfant.
Juste, tu viens de faire mal à ta soeur. Ce n'est pas bien. Elle souffre et regarde, elle saigne, même.

Que comprenait-il des mots et des sentiments ? Que se passait-il donc dans sa tête pour qu'il n'ait comme moyen de communication que l'usage de ses dents ?

Clarinha, ma chère.
Voici le moment était venu d'aborder un autre sujet.

J'ai cru reconnaître une de vos robes sur le dos d'une cousine de mon époux ainsi qu'un vêtement confectionné par vos mains, sur son époux.
Est-ce que je me trompe ?


Le ton était neutre, sans reproche, Della cherchait d'abord à s'assurer qu'elle ne s'était pas fourvoyée avant de lancer des accusations.
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Clarinha
Le ton était neutre, mais... Je m'étais trop attendu à cela, j'avais déjà tant ressassé la question dans mon esprit, que je me sentais sur le qui-vive, parée à répondre, parée à arguer, parée à me défendre.
Je me sentais menacée.
Le ton était neutre, mais j'avais tant pensé à cela que je le pris comme une lame sous ma gorge, attendant que je pèse mes mots, ceux qui me tueraient ou ceux qui me sauveraient. C'était embarrassant, d'avoir Isandre dans les parages. Pourrait-on inverser les rôles, por favor ? Je m'occuperais du petit Juste, et Della trouverait un reproche à faire à Isandre.
Mais l'on me parlait à moi, et Isandre devait sans doute être irréprochable. Moi... Même si je le voulais, je ne faisais pas les bonnes choses.


-« Eu não sei qui est a cousina da minha dona, mach eu... couds oum poco na Parich, quando eu vou à Paris, et eu vends och roubech... Para ter oum poco de argent. »

J'avais les yeux baissés sur mes mains, d'où sortaient des merveilles et des pommes de discorde. Je relevai la tête vers ma distinguée maîtresse :

-« Eu épargne para... Maïch tarde... être libre et marier-me... »

Et de l'argent, il en faudrait beaucoup, pour convaincre un homme bien, un petit noble, peut-être, d'épouser de la marchandise gâtée.
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Della
Il est absolument certain que Della avait été en colère de voir des créations de sa couturière sur d'autres épaules et en particulier sur Akane avec qui elle avait eu quelques petites querelles et qu'elle jugeait comme une femme arriviste et profiteuse. Les courriers qu'elle avait écrits à Akane et ensuite à Kéridil attestaient de cette colère et leur teneur ne laissait aucun doute sur l'issue du combat, les vêtements seraient brûlés...si Akane se décidait à répondre à son suzerain, l'époux de Della.

Il se disait que la famille Euphor allait venir passer quelque temps en Bourgogne.
Della avait appris cela non pas par Kéridil mais par des "on-dits", ce qui l'avait énervée et pas qu'un peu !
Aussi, il serait dans l'intérêt dudit Kéridil d'avoir de très bonnes nouvelles à annoncer à son épouse en arrivant, du genre de la récupération de ces frusques.
Mais tout cela, Clacla ne pouvait le savoir.
Tout comme Della ignorait jusque là que le désir de Clarinha était de se marier, de la quitter, de l'abandonner...elle disait qu'elle voulait être libre...Libre...Libre...Ainsi donc, elle se sentait prisonnière auprès de Della, à Seignelay ? Elle ne se considérait pas comme une amie de la Duchesse alors que la Duchesse la considérait comme telle, la laissant entrer dans son intimité même ?

Della se trouva sans mot.
Elle baissa les yeux à son tour et se contenta de hocher la tête.

Puis, jouant avec quelques mies de pain, pour ne pas avoir l'air complètement idiote, elle chercha les mots pour répondre :


Clarinha...je...je...vous...enfin je veux dire...

Les mots ne vinrent pas.
Ceux qui auraient dit à Clarinha qu'elle n'avait qu'à demander et que Della ferait tout ce qu'elle pourrait pour que la jeune femme puisse réunir assez d'argent pour se marier, ceux qui auraient aussi dit que Della s'occuperait de trouver un époux à Clarinha puisque tel était son désir, ceux qui auraient dit qu'elle ne voulait pas qu'elle parte, qu'elle devait rester ici même si elle se mariait, que son époux aurait bien du travail à Seignelay, que Della lui en trouverait...

Alors, la gorge serrée et triant toujours les miettes de pain, Della lança, beaucoup trop sèchement :
Au moins les avez-vous fait payer cher, ces vêtements ?

Se souvenant alors d'un récent échange de courrier avec Cassandre Louna, elle continua, moins rudement :

J'ai d'ailleurs une bonne nouvelle, pour vous.
Je viens de vous autoriser à coudre un vêtement pour sa Majesté le Roi d'Allemagne.
Cela devrait vous rapporter gros.

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Clarinha
Je ne m'étais pas attendue à des hourrahs de joie. Du moment que ma maîtresse avait abordé mes activité extra-seignelaisiennes, j'étais partie du principe que j'allais me prendre une volée de bois vert, qu'on allait me remonter les bretelles (ndlr : anachronisme inside : les bretelles ont été inventées au XVIIIème siècle).
Je pensais que ma Duchesse aurait un discours bien préparé, paré à répondre à toutes mes justifications ; que le ton monterait, car j'avais ma fierté ibérique.

Pourtant... Sa voix fut hachée, ses paroles, certes froides, ne sanctionnaient rien formellement, et me trouvaient presque des excuses.
Je ne m'en rendis pas compte, mais l'évocation de l'argent me fit arborer un sourire presque carnassier. Si je faisais payer cher ? Et comment... Je faisais payer au titre de la cliente. Approximativement, l'on pouvait ainsi définir mes tarifs :
Bourgeoise : prix des matières, prix du temps passé.
Dame : prix des matières, prix du temps passé + 200 écus.
Cela allait ainsi croissant, et d'autant plus croissant que la cliente tenait à la tenue. Combien avais-je fait payer cette robe druidique fort simple à la Duchesse de Poudouvre ? Quelques 2000 écus. Et cette robe de mariée à la Duchesse de Cany ? Je ne savais plus exactement ; du même ordre.


-« Eu couds o signe de Seignelay sur todos och roubech... et eu fais payer muito, sim... Surtout para elach douchessach. »

À ce sourire presque sadique s'ajouta une lueur d'intérêt dans mes yeux, lorsque ma maîtresse évoqua le Roi d'Allemagne.

-« Ça peut être ouma boa coïsa... Eu coudra o signe de Seignelay sobre chta tenoue tambem. Combien eu tenho tempoch para faser-lhe ? »

J'oubliais que je venais d'arriver, j'oubliais que j'étais là pour me faire gronder. On m'offrait un challenge, et mes yeux brillaient. On m'offrait de coudre l'écusson de Seignelay sur la cape de sacre d'un Roi... Et je ne voyais quel meilleur acte de repentance à l'égard de ma maîtresse je pourrais faire.
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Della
Les miettes avaient été abandonnées et c'est dorénavant Clarinha qui récoltait toute l'attention de la Duchesse.
Duchesse qui acquiesçait en entendant dire que le signe de Seignelay était sur toutes les oeuvres que Clarinha cousait ailleurs qu'ici. Mais qui sombrait plus encore dans l'impression d'être complètement incomprise dans son amitié.

Alors, elle sourit, elle aussi, mais pas d'un sourire carnassier, non, d'un sourire amical, chaleureux et presque complice.


Sans doute pas énormément de temps, mais j'ai promis que vous seriez à la hauteur de ce que l'on dit de vous, Clarinha : la meilleure !

Evidemment, elle y avait songé aussi, Della, à cette aura qui ne manquerait pas de retomber sur elle, lorsqu'on saurait que le vêtement du roi était de sa couturière. Même, elle avait déjà posé les bases en annonçant que le prix serait très onéreux, avait même évoqué la possibilité d'un fief, en Empire, qui la rapprocherait de Flavien, au moins de temps en temps, pour le plaisir de passer du temps en sa compagnie.
Mais on lui avait répondu que non, un fief pour un vêtement, cela ne se faisait pas.

Vous serez bien payée, pour ce travail, Clarinha, vous pourrez nourrir votre bas de laine.

Et parce que la question lui brûlait les lèvres :

Vous souhaitez vous marier, avez-vous un prétendant déjà ?
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Clarinha
Je me détendais et recommençais à manger, tandis que ma maîtresse reprenait. Mon explication semblait avoir suffi, mais cela signifiait-il que je pourrais continuer ? La culpabilité que je sentais au fond de mon cœur n'était-elle pas la meilleure preuve qu'à un moment donné, au lieu de passer, ça casserait ?
J'ignorais que bientôt, une entaille dans la main me contraindrait, de toute façon, à changer mon rythme, à mieux goûter la compagnie de la Duchesse... à accepter mes scrupules, à être plus féale.
J'ignorais que bientôt, un mot, "amie", résonnerait à mes oreilles, qui changerait tout de l'idée que j'avais de ma position sociale.

J'en étais à parler couture, encore. À me gonfler d'orgueil, car je coudrais pour un roi, un autre, car je gagnerais gros.

Pourtant, à la dernière question de ma maîtresse, j'avalai de travers. Précipitamment, je me jetai sur mon gobelet et envoyai une lampée de breuvage libérer ma glotte.
Bon. D'abord, la politesse pour ce spectacle inconvenant :


-« Deshcoulpa. »

Puis la chaleur empourpra mes joues lusitaniennes. L'émotion coinçait ma voix.

-« Eu... não sei. Eu tenho oum homme que eu aime bem. Mach ele não sabe o que eu fus... jadich. Avant och Doigts d'Our. Si ele sabe, ele não aimera-me. »

Je voyais derrière mes paupières sa grande silhouette dégingandée, ses cheveux pâles, ses manières gauches...
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Della
La réaction de Clarinha fit rire la Duchesse.
Toute idée ou envie de la gronder était désormais envolée, laissant la place à la bonne humeur.
Elle jeta un regard dans la direction d'Isandre qui avait soigné son doigt. Juste était silencieux, comme d'habitude.

Ainsi donc, vous avez une inclinaison vers un homme...Hé bien, il faudra nous le présenter, n'est-ce pas ?

Della avança sa main vers celle de Clarinha, la posa par dessus, la serrant doucement, dans un geste de réconfort et de sollicitude.

Il vous voit telle que vous êtes aujourd'hui, Clarinha. Aujourd'hui, vous êtes belle et respectable. Vous travaillez ici, pour une famille riche et connue, qui pourrait dire de vous que vous n'êtes pas une jeune femme bien ?

La Duchesse sourit, avec chaleur, regardant tour à tour sa damoiselle de compagnie et Clarinha.
Les personnes qui m'entourent sont des personnes respectables et elles peuvent être fières de vivre à Seignelay. Quiconque dirait le contraire me trouverait sur son chemin !
Et pour accentuer ses paroles, elle saisit le couteau à mangeailles et le brandit par dessus sa tête avant de rire, encore.
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Clarinha
La chaleur avec laquelle la Duchesse accueillait la nouvelle me confondait. Je n'arrivai pas à répondre ce que j'aurais voulu, là, tout de suite. Et puis il y avait Isandre, et j'ignorais ce qu'elle savait de moi. Après tout, pourquoi lui révéler mon passé ? J'en avais trop dit déjà, mais on pouvait croire qu'après tout, j'avais simplement été dans le ruisseau, été tire-laine, ou quelque chose dont on se repend plus aisément que d'avoir fait le tapin.

Cela, je voulais le dire à ma maîtresse. Elle, si vertueuse... Comprenait-elle seulement ce que c'était d'offrir pour la vie à un homme une pomme pourrie ? Où tant d'autres étaient passés déjà, qui y avaient semé leurs germes et leurs maux ? Je n'avais pas encore développé de maladie, mais rien ne disait que ça ne viendrait pas. Et si j'étais toute dégueulasse en dedans ? Et si la vermine ressortait après le mariage ? Il faudrait bien avouer cela, le reconnaître, et avoir les joues rouges de honte, et être coupable d'avoir exposé l'époux à la contagion.

Non, non. J'avais honte de ce que j'avais été, mais si je devais me marier, je voulais que l'on me prenne toute entière, non la seule face ronde et rose qui s'épanouissait aux pieds de la verdoyante Duchesse de Chartres.
Ou que l'on me marie avec un coureur, avec quelqu'un qui ne pourrait me reprocher de lui avoir donné un mal, lui-même n'étant pas sûr de ne pas l'avoir attrapé dans un autre giron. Un coureur que l'on pourrait même accuser de m'avoir contaminée, si je développais une maladie plus tard...

Je souris à ma Duchesse. Je lui en parlerais, plus tard, peut-être, si vraiment Simon avait de l'affection pour moi, s'il allait jusqu'à demander ma main. Nous n'en étions encore qu'à un balbutiement d'attachement.
Je répondis simplement :


-« Sim, eu sou fièra d'être près da minha dona. »

Chomp-chomp. Nouvelle bouchée. Bon retour à la maison.
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Della
[Plus tard]

Nous étions en décembre, déjà.
Il devait se tenir à Chartres, très bientôt, des joutes que Della voulait exceptionnelles, brillantes, dont on se souviendrait. Elle voulait cela parce qu'il s'agissait d'une première pour Chartres, un peu comme quand un navire est mis à l'eau, pour la première fois. Aussi parce qu'il s'agirait d'annoncer officiellement la naissance du second fils du couple, un bien nommé Eusaias. Eusaias n'était pas le premier prénom de l'enfant mais à coup sûr, c'est celui-là que sa mère lui ferait porter, au grand dam de son père.

Il était prévu que Della et les enfants partent bientôt.
Mais ils ne partiraient pas.
Thoros était tout près de la Bourgogne, il fallait faire face et se tenir prêt à lui arracher les yeux, à lui couper les oreilles et à le faire bouillir sur la place publique. C'est là le sort que la Duchesse rêvait de faire subir à cet olibrius.

Ainsi donc, au lieu de boucler les malles, Della donnait des ordres pour la défense de la Bourgogne.
Elle avait doubler la garde de Seignelay, avait fait enrôler et armer quelques paysans en sus aux abords de ses terres et au château, tout avait été organisé pour que les enfants soient en sécurité.
Kéridil, vassal du Domaine Royal, était déjà parti en Orléans depuis que le Roy avait levé le ban, laissant une fois encore femme et enfants seuls à Seignelay.
Ne vous méprenez pas, Della ne lui en voulait pas. Non, c'était leur vie...parfois ensemble, souvent éloignés. Et il fallait bien avouer que parfois, Della souriait plus à voir les talons de son époux plutôt que ses pointes.
Mais laissons cette réflexion qui trouvera peut-être plus tard un autre écho pour nous pencher sur la lettre que Della tient entre ses mains.


Citation:
A Della De la Mirandole d'Hamahir-Euphor
Du Ritter Makcimus.


Ma soeur, où devrai-je dire pour être exacte ma demi soeur, puisque c'est le rang qui tu as désirée il y a maintenant fort longtemps. Je ne t'ai pas oublié Della... Je me souviens de ton ordalie, de tes combats et je me souviens encore des raisons qui ton poussée à demander à le rang de Halb Schwester. Avec le recul, aujourd'hui je te refuserais cela. Pour une multitude de raisons... Je ne peux te reprocher ton honnetté et ton sens de l'honneur... Ils font parti de toi et de tes qualités.

Tu nous manques... Ma soeur... Tu nous manques tellement.

Nos Halb Schwester sont des Teutoniques, ils ont un statut particulier qui ne leurs donnent plus accès au chapitre et ils ne pretent pas serment au Saint Pere, ils sont donc libres de ne plus répondre aux mobilisations. Mais.... Aujourd'hui, nous savons que nombreux sont les teutoniques ne répondant plus aux mobilisations. Certains d'entre eux, ont même rangs de Rittern... Mais cela n'est pas l'object de notre echange. Personne, ne peut au nom de notre Hochmeister ou au nom de notre Ordenskreis renier le lien d'amitié officiel établie avec une de nos demi-soeurs. Si tel avait été le cas, il aurait fallu une bonne raison et tu en aurais été averti par le Hochmeister en personne. J'espère avoir répondu à ton interrogation concernant ton rang en l'Ordre teutonique.


Concernant notre regretté frère, le Ritter Jackson, nous n'avons pas encore trouvé sa dépouille, et si sa mort est bien confirmée. Aussi nous attendons le retour de plusieurs frères partie à sa recherche et si sa mort est confirmée nous lui rendrons les honneurs qu'ils lui sont dus. Lui aussi nous manque terriblement.

Je suis heureux Della de te savoir revenue en Bourgogne et je t'invite a prendre contact avec notre frère le Bruder et heraut Teutonique Theudbald qui est le landmeister de Romagne. Si tu le désires, je serais heureux d'échanger avec toi en Thorens. Essayer de te convaincre de nous aider à nouveau. De pouvoir bénéficier à nouveau en notre chapitre de ton avis, ta parole et ton expérience des Royaumes me comblerait de joie et j'en suis certain, un grand nombre de nos frères et soeurs.


Que le Tout Puissant te garde Della De la Mirandole d'Hamahir-Euphor.


Donné le trentieme jour de novembre de l'an de grâce MCDLX
Makcimus.


Cette lettre était la réponse à une première que Della avait écrite, avec ses tripes, après qu'un Neuling lui ai balancé au visage et en place publique qu'elle ne faisait plus partie de l'Ordre Teutonique.
Makcimus en avait pris lui aussi plein les dents avec la lettre que Della lui avait envoyée ! Tout ça était de sa faute à lui ! En tout cas, si l'on suit le raisonnement de la Duchesse Demi-Soeur.

C'est donc avec un sourire carnassier en pensant à ce Neuling que Della replia la lettre de Makcimus. Celui-là n'avait qu'à bien se tenir, héhé.

Une réponse fut écrite, à Makcimus.
La tentation était grande, de réintégrer l'Ordre, de plein droit.
Si elle avait effectivement choisi de quitter le Chapitre, c'était en raison de son mariage et du devoir qui était alors le sien d'enfanter des héritiers, pour la lignée des Amahir et celle des Volvent.
Mais cela était fait, maintenant.
Deux fils étaient nés, la fille espérée ne verrait sans doute pas le jour, tel en avait décidé le Très Haut.
Alors, plus rien n'empêchait...


Citation:
Ritter,
Makcimus.,
Mon Frère,


Pax Vobiscum !


Ta lettre me remplit de joie, mon Frère. Sois remercié pour cela.

Ce que j'y lis me désole un peu, par contre, car je perçois dans tes mots, un manque d'engagement de la part de nos Frères. Pourtant, je peux aussi comprendre cela, beaucoup de choses sont entrées en jeu, lors des règnes précédents, hélas.

Comme tu le dis, nous ne débattrons pas de ceci par missive.
Nous ferons cela bientôt, à Thorens.
J'y viendrai, sois en assuré, bientôt.
Les jours prochains, se tiennent à Chartres, des joutes exceptionnelles. Cela me fait plaisir de t'y inviter.
Lorsque ces festivités seront terminées, j'organiserai un voyage à Thorens.
L'hiver n'est pas la saison la plus adéquate pour affronter la Savoie mais les paysages sont si beaux que la difficulté du voyage sera vite oubliée.
J'espère que tu m'y accorderas du temps afin que nous puissions nous retrouver et envisager le fait que je réintègre le Chapitre.

Il faut que nous retrouvions le corps de Jackson ! Il faut que nous sachions ce qu'il lui est arrivé, je veux qu'il reçoive des funérailles dignes de lui. Je l'aimais tellement, il était comme un frère pour moi, il était tellement bon et généreux, on ne peut tolérer que son âme ne repose en Paradis.

A bientôt, mon Frère.
Amitiés.

Que le Très Haut te protège.


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