Magalona_eufrasia
[13 août]
J'avais demandé cet entretien, il y avait quelques jours déjà, alors que j'étais présente dans la salle dévolue au conseil ducal et que la blonde duchesse qu'on sortait parfois y était aussi. La situation était critique et il me fallait réagir rapidement. Le coche avait été apprêté très tôt dans la matinée, la veille de mon arrivée. Le panier avait été garni par mes soins. Et Seignelay avait été ralliée rapidement. Plus rapidement que je ne l'aurais cru.
Pour l'occasion, mais surtout parce que mon deuil touchait à sa fin, j'avais échangé ma sempiternelle robe noire pour une autre de mes robes. Elle était presque d'un autre temps, mais je n'avais pas le cur à m'en séparer puisque le tissu était comme neuf. J'avais donc cousu un galon afin de la changer un peu. Avant ce voyage en coche, j'avais relevé une partie de mes cheveux de chaque côté de mon visage en macarons tressés et rehaussés d'un filet de fils de lin rouge alors que le reste de ma chevelure pendait dans mon dos, ramené en une tresse à cinq brins qui buttait contre mes fesses plates à chacun de mes pas. Deux rubans, du même rouge que les filets retenant mes macarons, avaient été passés dans ma tresse, rehaussant la profondeur de l'ébène de mes cheveux. Pendant le voyage, deux mèches s'étaient échappées et étaient venues encadrer mon visage, sans toutefois réussir à l'adoucir. Ce visage que j'avais regardé le matin même dans un miroir d'argent poli. Ce visage qui annonçait la couleur dès qu'on le fixait : j'étais malade. Mon teint était bien pâle pour une Languedocienne de naissance, presque cireux. Mes yeux, gouffres sans fond, étaient toujours cernés de noir. La lassitude dans laquelle mes crises m'abandonnaient ne pouvait se cacher.
Par chance, la poussière du voyage n'avait pas pénétré le coche, préservant mes vêtements, mais également me préservant de mes sempiternelles crises d'éternuements et de larmoiements. Pourtant, de larmes, il allait en être question. De drames aussi. Alors que le coche ralentissait, j'entendis le cocher m'annoncer. Une fois la voiture immobilisée, je sortis à la lumière du jour. Je fus éblouie. Levant la main pour me protéger des rayons de l'astre solaire, je posais pied à terre avant de saisir le panier qui m'avait accompagnée. Je n'avais eu aucun mal à me décider . Après tout, quoi de mieux que de fraîches compotées lorsque l'on désire comploter ?
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J'avais demandé cet entretien, il y avait quelques jours déjà, alors que j'étais présente dans la salle dévolue au conseil ducal et que la blonde duchesse qu'on sortait parfois y était aussi. La situation était critique et il me fallait réagir rapidement. Le coche avait été apprêté très tôt dans la matinée, la veille de mon arrivée. Le panier avait été garni par mes soins. Et Seignelay avait été ralliée rapidement. Plus rapidement que je ne l'aurais cru.
Pour l'occasion, mais surtout parce que mon deuil touchait à sa fin, j'avais échangé ma sempiternelle robe noire pour une autre de mes robes. Elle était presque d'un autre temps, mais je n'avais pas le cur à m'en séparer puisque le tissu était comme neuf. J'avais donc cousu un galon afin de la changer un peu. Avant ce voyage en coche, j'avais relevé une partie de mes cheveux de chaque côté de mon visage en macarons tressés et rehaussés d'un filet de fils de lin rouge alors que le reste de ma chevelure pendait dans mon dos, ramené en une tresse à cinq brins qui buttait contre mes fesses plates à chacun de mes pas. Deux rubans, du même rouge que les filets retenant mes macarons, avaient été passés dans ma tresse, rehaussant la profondeur de l'ébène de mes cheveux. Pendant le voyage, deux mèches s'étaient échappées et étaient venues encadrer mon visage, sans toutefois réussir à l'adoucir. Ce visage que j'avais regardé le matin même dans un miroir d'argent poli. Ce visage qui annonçait la couleur dès qu'on le fixait : j'étais malade. Mon teint était bien pâle pour une Languedocienne de naissance, presque cireux. Mes yeux, gouffres sans fond, étaient toujours cernés de noir. La lassitude dans laquelle mes crises m'abandonnaient ne pouvait se cacher.
Par chance, la poussière du voyage n'avait pas pénétré le coche, préservant mes vêtements, mais également me préservant de mes sempiternelles crises d'éternuements et de larmoiements. Pourtant, de larmes, il allait en être question. De drames aussi. Alors que le coche ralentissait, j'entendis le cocher m'annoncer. Une fois la voiture immobilisée, je sortis à la lumière du jour. Je fus éblouie. Levant la main pour me protéger des rayons de l'astre solaire, je posais pied à terre avant de saisir le panier qui m'avait accompagnée. Je n'avais eu aucun mal à me décider . Après tout, quoi de mieux que de fraîches compotées lorsque l'on désire comploter ?
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