Della
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"Donner la vie à un enfant, n'était-ce pas tuer les espérances de son égoïsme ?"
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Honoré de Balzac ; Eugénie Grandet - 1833.
J'aimais beaucoup Béatrice, elle était comme une soeur et une mère à la fois.
C'est tellement difficile de mettre des mots sur le lien qui nous unissait.
Della était confortablement installée dans un fauteuil près de la cheminée.
Isandre était là, près d'elle, à l'écouter, à lui répondre, en excellente damoiselle de compagnie.
Toutes deux étaient occupées à broder.
Elle s'appellera Béatrice.
Un sourire rempli de tendresse et une main posée sur son ventre arrondi ne laissaient aucun doute sur la personne dont il était question.
J'aimerais qu'elle ressemble aux Volvent, les yeux clairs et les cheveux blonds.
L'aiguille allait et venait, traçant un magnifique B sur un linge destiné à l'enfant à naître.
Il faut que je demande à Clarinha de confectionner quelques draps et robes avant la naissance, une robe de baptême aussi. Elle ne pourra pas remettre celle de son frère, le modèle était pour un garçon, je veux que celle de Béatrice soit plus féminine, avec des broderies et des festons.
Je suis si contente de donner une fille à Kéridil.
Le choix du roi, dit-on !
Elle se tut, fixant son attention sur son ouvrage avant de soupirer longuement.
Clément me manque tant !
Que n'ai-je pas interdit à Kéridil de l'emmener !
Pourquoi ai-je cédé à sa demande ?
La mère était angoissée à l'idée de son enfant laissé aux soins de son père. A coup de "Et si jamais...", elle se morfondait en se reprochant de l'avoir abandonner. Et pourtant, elle l'avait fait presque comme une délivrance.
Regardez ! Votre père ! Il a abandonné son fils !
Qui me dit que Kéridil ne fera pas la même chose ?
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