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Info:
"Donner la vie à un enfant, n'était-ce pas tuer les espérances de son égoïsme ?" Honoré de Balzac ; Eugénie Grandet - 1833.

[RP]-[Seignelay] Tu t'appelleras Béatrice, ma fille.

Della
        "Donner la vie à un enfant, n'était-ce pas tuer les espérances de son égoïsme ?"
          Honoré de Balzac ; Eugénie Grandet - 1833.


J'aimais beaucoup Béatrice, elle était comme une soeur et une mère à la fois.
C'est tellement difficile de mettre des mots sur le lien qui nous unissait.


Della était confortablement installée dans un fauteuil près de la cheminée.
Isandre était là, près d'elle, à l'écouter, à lui répondre, en excellente damoiselle de compagnie.
Toutes deux étaient occupées à broder.


Elle s'appellera Béatrice.
Un sourire rempli de tendresse et une main posée sur son ventre arrondi ne laissaient aucun doute sur la personne dont il était question.

J'aimerais qu'elle ressemble aux Volvent, les yeux clairs et les cheveux blonds.
L'aiguille allait et venait, traçant un magnifique B sur un linge destiné à l'enfant à naître.

Il faut que je demande à Clarinha de confectionner quelques draps et robes avant la naissance, une robe de baptême aussi. Elle ne pourra pas remettre celle de son frère, le modèle était pour un garçon, je veux que celle de Béatrice soit plus féminine, avec des broderies et des festons.
Je suis si contente de donner une fille à Kéridil.
Le choix du roi, dit-on !


Elle se tut, fixant son attention sur son ouvrage avant de soupirer longuement.
Clément me manque tant !
Que n'ai-je pas interdit à Kéridil de l'emmener !
Pourquoi ai-je cédé à sa demande ?

La mère était angoissée à l'idée de son enfant laissé aux soins de son père. A coup de "Et si jamais...", elle se morfondait en se reprochant de l'avoir abandonner. Et pourtant, elle l'avait fait presque comme une délivrance.

Regardez ! Votre père ! Il a abandonné son fils !
Qui me dit que Kéridil ne fera pas la même chose ?

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Isandre.watelse
Isandre aimait bien l'automne. Le feu de cheminée craquait doucement dans l'âtre, répandant une bonne odeur de pin dans la pièce et la pluie tambourinait doucement sur les tuiles du toit.
Dame Della semblait apaisée depuis quelques temps. Sans doute sa grossesse qui avançait la fatiguait un peu, mais cela permettait de profiter des après midis au calme, après l'agitation des dernières semaines de vendanges.

L'aiguille allait et venait sur la toile avec un doux bruit de frottement quand le fil de soie était tiré.
Son frère jouait sur le sol, toujours aussi muet et replié sur lui même hélas.

Les paroles de Della tira la jeune femme de sa rêverie.


- Béatrice de Volvent... Ca sonne bien effectivement. Je suis sûre qu'elle sera jolie. Regardez Clément, c'est un bel enfant.

Reprenant son point d'assise, elle sourit à l'évocation de la couturière. Le voyage pour la ramener en Bourgogne avait été agité, mais depuis, la jeune femme semblait décider à faire des prouesses et restait enfermée dans son atelier.

- Je suis sûre que Clarinha fera des merveilles pour la robe de baptême.
Pensez vous que la petite naitra avant les premières gelées ?


C'était toujours difficile de savoir quand un enfant allait se décider à venir au monde et Isandre appréhendait les enfants de l'hiver, plus sujets aux coups de froid et souvent qualifiés de plus délicats.

Mais la dernière remarque de Dame Della lui fit froncer les sourcils. Certes, son père les avait abandonnés, aussi bien elle que son frère d'ailleurs, mais la situation n'avait rien à voir.


- Allons Dame... Vous n'allez pas comparer votre époux à mon indigne père quand même ! Lui, il abandonne tous ces enfants, que ça soit juste ou moi. Messire Keridil est un homme de parole. Il vous a promis de revenir et il reviendra.

Avec un soupir, elle poursuivit :

- Et puis, vous, vous n'abandonnerez jamais vos enfants. Ils auront toujours leur mère. Je ne comprends pas comment Dame Ellya a pu abandonner Juste...

Enfin, elle ne devait pas laisser la colère l'envahir. Son père et sa belle mère avaient disparus. Ils semblaient partis en pélerinage à Jérusalem. Du moins, c'est ce que son oncle Adhémar lui avait écrit.
Il fallait changer les idées de la Baronne en tous cas, c'était mauvais pour le petit être qui grandissait en son sein.


- Désirez vous une tisane pour vous réchauffer ?
Savez vous que mon oncle Adhémar ne devrait plus tarder. Je me demande même ce qui le retient si longtemps... Il faudra le présenter à Clarinha. Ils sont un peu dans le même domaine. Il était tailleur en Italie. Tailleur pour dames, si j'ai bien compris.


Intérieurement, elle se demandait quelle sorte de Dames se laisseraient ainsi vêtir par un homme, mais elle garda cette idée pour elle.
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Clarinha
J'étais sortie depuis une grosse demie-heure pour chercher du lin fin, pour les layettes. Il y en avait dans mes appartements, c'est-à-dire ma chambre-atelier. J'y avais stocké, un peu grâce à mes fonds propres, surtout grâce aux finances de mes maîtres, toutes les étoffes les plus variées pour ne jamais manquer de rien, lorsqu'il fallait créer en vitesse. L'on n'avait pas toujours le choix de la couleur, mais les matières étaient presque toutes là.

Ayant trouvé ce que je souhaitais, dans les monceaux d'étoffes, je rassemblai mon nécessaire à couture, mes forces*, mes aiguilles, le fil, et j'allai au boudoir de la Duchesse, qu'il fallait veiller constamment. L'enfant se présenterait sous peu, s'il était en avance, et sous à peine moins, s'il était à l'heure.
J'étais heureuse de me retrouver à Seignelay dans le même temps que ma maîtresse. Cela n'était pas arrivé depuis longtemps ! Je connaissais peu, en revanche, sa dame de compagnie, et l'enfant avec elles m'était inconnu. Je n'avais pas bien compris à qui il était vraiment. Je ne pouvais croire que c'était celui d'Isandre - et j'en aurais été un peu jalouse, si tel avait été le cas. Je tâchais tant de me préserver et d'être vertueuse, contre ma nature et pour ma maîtresse, que l'acceptation du péché d'une fille mieux née que moi et plus exposée encore à la vue de tous m'aurait été une plaie à vif.

Silencieuse, je revins dans la pièce où reposait ma maîtresse, et m'assis, tâchant d'attraper au vol la discussion courante.

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Ne cliquez pas sur ma bannière.
Della
Volontiers, oui, merci Isandre.
Rien que l'idée de la tisane réchauffait déjà la Duchesse qui continuait la conversation sur un ton de causerie amicale.

Oui, je sais que Kéridil n'est pas votre père. Je ne voulais pas vous offenser en parler de Watelse de la sorte, pardonnez-moi si je l'ai fait. J'admire beaucoup votre père, pour son talent de joailler, il travaille de tellement belles pièces...Il a réalisé une magnifique canne pour Kéridil. Vous savez, la canne avec la tête de fouine...c'est de lui !
Della rit...car le souvenir d'une rencontre...:Dire que j'avais moi-même brisé la canne de votre père, précédemment !

Discrète, Clarinha entra chargée d'étoffe et de fils. Elle s’installa, son ouvrage entre les mains.
Clarinha, montrez-moi donc cet ouvrage ! Est-ce pour Béatrice ?
Le regard pétillant, tendant un peu le cou, la Duchesse essayait de deviner sur quelle pièce de vêtement la jeune femme travaillait, déjà pleine de joie rien qu'à l'idée de découvrir une nouvelle merveille sortie des mains de la couturière. Merveille qui habillerait sa fille !

La tisane s'avéra délicieuse même si un peu trop chaude.
Soufflant doucement sur la surface du liquide, Della eut soudain un sursaut.


Il nous faut trouver une sage-femme qui logera ici jusqu'à la naissance et ensuite recevra bons gages pour son secours.
En connaîtriez-vous une ?

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Adelaide
    Vous avez demander une Sage-femme ?




Un soir d’automne, la lune brille de son croissant, la fraicheur de l’hiver s’installe peu à peu, le vent souffle faisant bruisser les arbres, les feuilles mortes voltigent dans les airs et pourtant … Et pourtant, rien perturbe l’arrivée de la matrone. Tel on l’appelait dans sa profession.

Seignelay ! Plutôt courte comme adresse pensa-t-elle. Fort heureusement, la dame est astucieuse après renseignement, elle apprit que ce joli domaine, à n’en pas douter … , est une baronnie dont la propriétaire est la Duchesse de Chartes, comme écrit sur l’annonce. Il est plus aisée pour elle a trouver son chemin ainsi.

Elle suit le sentier bravant le tapis de feuilles qui couvre le sol jusqu’à l’entrée du château. Toute vêtue de noir, la vieille dame se protège d’une capeline et un beau chapeau à plume. Elle tient dans une main une sacoche, de l’autre sa canne. Elle frappe à l’imposante porte avec cette dernière et patiente. Sur son nez tient des binocles adapté à sa vue précaire pour son âge certain.

Se remémorant l’annonce aperçue sur l’un des nombreux panneaux de Bourgogne, elle semblait correspondre à tous les critères décrit par celle-ci. Sage-femme, elle l’est, avec bon nombres de naissances à son actif, mais fut-elle également nounou à ces heures. Vertueuse et aristotélicienne, elle l’est également. Bref, espérait-elle que la place ne soit pas déjà prise, car elle avait vraiment besoin de ce travail. C’est que dans son métier la concurrence est rude et les temps sont durs pour sa bourse.

Patiente, mais pas trop … car les nuages couvrent le ciel étoilé et la pluie se met à tomber. Elle craignait pour son chignon soigneusement attaché. Le vent fouette son visage et les gouttes d’eau perlent de plus en plus sur sa capeline … mais aussi ses binocles, ce qui est plus embêtant ... Elle frappe de nouveau plusieurs fois avec sa canne à la porte du château.
Isandre.watelse
La soirée avait été longue et froide.
Isandre venait de raccompagner Dame Della à sa chambre et s'apprêtait à rejoindre la sienne quand elle entendit frapper avec une certaine violence sur la porte principale du château.
Qui pouvait arriver par une nuit pareille ! Ne savait il pas qu'à partir de la nuit tombée, seule l'entrée de service restait disponible.
En maugréant, elle tourna la lourde clé qui fermait l'huis de chêne sombre et entre-ouvrit la lourde porte.


- Qui va là ?

L'obscurité qui régnait sur le seuil dévoilà une ombre solitaire curieusement coiffée de plume. Etait ce un monstre sortit des enfers par une nuit sans lune ?
La jeune femme fut tenter de se signer et de refermer la porte, mais l'hospitalité à Seignelay était une valeur avec laquelle on ne tergiversait pas.


- Montrez vous...

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Adelaide


Il ne fallut pas attendre longtemps pour que quelqu’un vienne à la porte que l’une des occupantes des lieux entrouvre. Dans l’embrasure de la porte, l’ombre d’une demoiselle vient accueillir l’arrivante. La pluie battante et le ciel assombrit, l’hôte ne pouvait que distinguer son ombre. Par acquit de conscience, elle demanda qui pouvait bien déranger la maisonnée par cette heure de la soirée, pourtant pas trop tardive, lui semblait-elle.

Mystère, mais qui pouvait bien être cette silhouette féminine s’appuyant sur une canne rudimentaire ? Que sa stature et ses habits de ténèbres semblent lui donner un côté sombre et sévère ? Inquiète, la demoiselle lui demande à se montrer. Un éclair foudroie le ciel et l’éclaire un instant, juste le temps d’apercevoir les traits de la dame. Une voix grave mais chaleureuse, qui l’eut cru ?, se fit entendre ensuite.


Bien le bonsoir chère donà ! Je me présente, Adelaïde, sage-femme de mestier. Est-ce bien ici Seignelay ? Est-ce bien ici que vous avez mandé une sage-femme ?

Il serait plus judicieux de le demander, histoire de ne pas se tromper de château …
Isandre.watelse
Une sage femme ! Enfin !
Malgré l'heure tardive, elle était la bienvenue. La demoiselle de compagnie ne se sentait pas la vocation à mettre des enfants au monde. Plus le ventre de Dame Della s'arrondissait, plus son angoisse montait.
L'éclair qui zébra fort à propos le ciel la fit sursauter mais ne lui permit guère de dévisager l'arrivante.


- Seignelay, c'est bien ici oui... Aristote soit loué, vous arrivez bien !
Mais entrez donc, venez vous mettre au chaud.


Ouvrant la porte en grand, elle laissa la matrone pénétrer dans la grande entrée du château.

- Bienvenue ! Je suis Isandre Watelse, la demoiselle de compagnie de Dame Della. C'est pour elle que nous avons besoin d'une matrone, pas pour moi bien sûr...

Précision bien inutile évidement. Isandre était plutôt fine, pour ne pas dire maigre et il était clair qu'elle ne portait pas d'enfant.
L'apparence de la sage femme la déroutait quelque peu. Elle s'était toujours imaginer les matrones joufflues et mafflues mais cette femme à l'allure austère ne collait pas avec l'image de la profession.
Toutefois, elle se rappelait bien des consignes données par la Baronne. "Si une sage-femme se présente, quelque soit l'heure, menez la jusqu'à moi immédiatement... ".


- Mais je bavarde, je bavarde... excusez moi. Veuillez me suivre s'il vous plait. Dame Della est dans sa chambre, mais elle sera ravie de vous y recevoir, j'en suis sûre.

Elle s'engagea dans le grand escalier menant à la chambre de la future maman.
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Della
Dans la chambre, quelques minutes avant que Isandre ne frappa à la porte.

Va t-en de là, espèce de sale bête !

MIAOU !!! Répondit le chat évitant de justesse le sabot qui volait.

BLIIIIIING... Fit la carafe n'ayant pu, elle, éviter le projectile.

Han ! Souffla Della en saisissant la couverture de laine qu'elle avait elle-même brodée d'un B, chose assez rare pour être signalée, et sur laquelle le chat avait osé s'endormir.

S'asseyant alors, la future mère se mit à épiler soigneusement le vêtement comme d'autres effeuillent une marguerite pour connaître le degré d'amour de leur prétendant.
Se faisant, Della rêvait - éveillée - de sa fille.
Bien sûr, elle aimait Clément, son fils aîné, qui d'ailleurs lui manquait terriblement, mais elle savait que l'enfant qui allait naître, elle l'aimerait autrement parce que ce serait une fille, SA fille à qui elle se mit à parler en caressant son ventre...

    Tu seras belle, Béatrice.
    Tu auras les cheveux et les yeux des Renart, blonde au regard bleu changeant selon ton humeur.
    De ton père, tu auras le sourire.
    Tu recevras l'intelligence de ta marraine de coeur, la Reyne Béatrice dont tu porteras le nom fièrement. De là-haut, elle veillera sur toi et sa bienveillance t'accompagnera chaque jour de ta vie.
    Quand tu seras grande, tu marcheras dans mes pas et tu seras une Diplomate remarquée, tenant dans tes mains le pouvoir des mots. Tous les grands des Royaumes connaîtront ton nom et ils n'auront de cesse de vouloir te rencontrer, certains se damneront pour que tu l'accordes ne serait-ce qu'un regard.
    Ma fille...


Toc toc.

Sortant de son soliloque en sursautant, Della mit quelques secondes à identifier le bruit qui venait de la faire retomber dans son fauteuil, couverture de berceau sur les genoux.

Euh...Oui...oui, voilà, j'arrive.

A cette heure, point besoin de montrer patte blanche pour venir visiter la Duchesse, cela ne pouvait être qu'une personne du château, sans doute Clarinha qui venait ajouter une pièce à la layette ou Isandre, avec une bonne tisane bien chaude.

Della ne prit donc pas la peine de vérifier sa tenue et c'est en chemise surmontée d'un châle épais qu'elle ouvrit la porte.


Oh ! Fit-elle en réajustant le châle d'un geste machinal.

Bonj..Bonsoir...dame...Isandre ?

Posant un regard interrogatif sur sa damoiselle de compagnie, Della ouvrit sa porte un peu plus, laissant entrer la visiteuse et Isandre.

Je...je n'attendais pas de visite.

Elle détailla alors la visiteuse ce qui sur le coup, lui procura un frisson. Etait-ce la Faucheuse qui passait la voir ? Elle avait déjà rencontré Dieu lui-même, une fois et Il l'avait remballée sur terre. Est-ce que cette fois, c'était la bonne ?
Se trouvant parfaitement ri-di-cul-le d'une telle pensée, Della leva les épaules et pinça les lèvres. Quand même, ces hormones, ça vous faisait penser n'importe quoi !

Bon, si n'était pas la Faucheuse, alors qui ?
Une mendiante ?
Non, on l'aurait fait entrer aux cuisines et puis, cette femme était bien habillée. Elle manquait assurément de goût mais bon...ses vêtements n'étaient pas troués.

Pas la Faucheuse, pas une mendiante...
Qui ? Bon sang, qui ?

Sans doute une espionne...
Ciel !
Della...arrête et attend la suite, crénom.

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Isandre.watelse
Dame Della semblait un peu perturbée. Peut être qu'Isandre l'avait réveillée finalement.
Isandre fronça les sourcils en voyant des morceaux de poterie sur le sol.


- Dame Della, je suis désolée de vous déranger si tardivement mais.... HEEEE !

Elle sursauta brutalement quand quelque chose de chaud et soyeux lui passa entre les jambes. Elle eut juste le temps d'apercevoir la queue du chat alors qu'il filait dans le couloir. Décidément cette nuit était spéciale. Frissonnante, elle reprit :

- Fichu bestiole ! Désolée... Je disais donc que Dame Adelaïde ici présente, est sage femme et se présente suite à l'annonce que Vittal à affiché partout.
Mais... peut être préféreriez vous que nous repassions demain matin ?

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Adelaide


La pluie tombait en trombe sur Seignelay et bientôt rigoles et nids de poules se remplissent de cette eau céleste. La matrone n’attendait qu’une chose à l’entrée du majestueux château, c’est de pouvoir y entrer pour être au sec et à l’abri et savourer la chaleur de l’âtre. La demoiselle de compagnie qui l’avait accueilli plutôt froidement et plutôt inquiète, changea de ton lorsque Adelaïde révéla l’objet de sa venue. Eh oui, elle était sage-femme, et l’une des meilleures dans sa profession, dit-on, mais son âge avancé ne lui permettait plus de décrocher de travail. La clientèle cherchait généralement plus jeune qu’elle. Aaahhh la jeunesse …

Elle s’engouffre dans la pièce dès qu’elle en reçu l’autorisation, soulagée d’être enfin au chaud. Ses binocles s’embuent de suite alors elle les retire un instant pour mieux observer son interlocutrice qui se présente à elle et l’accueille comme le veux les usages. Elle précise tout de même que ce n’était point elle qui approche de la délivrance, mais sa patronne. Adelaïde réajuste ses binocles sur son nez. En effet, la demoiselle ressemblait plus à une jouvencelle svelte qu’a une dame en fin de grossesse avec une belle bedaine.


Hum … hum … cela va de soit ma chère enfant ! répondit-elle de sa voix tremblante mais chaleureuse tout de même.

Rien ne laissait présager sous son apparence quelque peu austère, qu’il s’y cachait une dame bien aimable, bien que parfois sévère, une main de fer dans un gant de velours. Mais ne dit-ont pas que l'habit ne fait pas le moine ? La suivante rousse lui propose de l’accompagner jusque dans les quartiers de la duchesse en personne. La matrone opine derechef et la suit martelant le plancher avec sa canne, qui fit office de troisième jambe, un appui bien utile pour son âge. Cela fût plus dur pour monter les escaliers. Maudit escalier pensait-elle, mais difficile de faire autrement dans un château.

La demoiselle de compagnie frappe à la porte.


Toc toc.

La porte s’ouvre pour laisser entrevoir une dame blonde vêtue d’une simple chemise, enfin simple si l’on tient compte de son haut rang. Pas le temps de faire les présentations, qu’une boule de poil à quatre pattes dégarpille illico presto de la chambre comme si elle avait été grondée par la maitresse des lieux. Ah là là, la grossesse peut mettre à rude épreuve les nerfs d’une femme. Et la matrone en avait vu des vertes et des pas mures dans son métier. Ah ça oui ! Elle s’en souvient bien …

Nul besoin de se présenter de vive voix puisque la demoiselle de compagnie s’en charge elle-même. Il ne lui reste alors qu’à saluer la duchesse avec l’étiquette due à son rang.


Bien le bonsoir Votre Grâce ! dit-elle inclinant la tête et reprit Je vous prie de m’excuser d’arriver à une heure si tardive. Le voyage fut bien interminable … et je ne voulais pas faire attendre plus longuement Madame la Duchesse.

C’est surtout qu’elle cherchait à se réfugier du mauvais temps automnale. Elle aurait bien tenté une révérence mais son dos ne lui permettait plus d’être aussi gracieuse.
Della
Le front dellesque s'était garni de rides marquant la perplexité de la Renarde qui encore une fois, détaillait la visiteuse qui se disait...sage-femme !?

Sage-femme, dites-vous...?
Euh...oui, oui, bien sûr, l'annonce...Entrez, entrez, je vous en prie.

Réajustant encore son châle, Della invita d'un geste les deux femmes à entrer dans sa chambre. Se faisant, elle s'aperçut alors qu'un de ses pieds avait drôlement froid. Et pour cause, le sabot lancé au chat était toujours quelque part entre le lit et la commode.
Laissant Isandre installer la sage-femme, elle s'en alla à la recherche de sa chaussure non pas de vair mais de bois.


Aha ! Te voilà, toi ! Dit-elle en brandissant, victorieuse, l'objet de ses recherches.

Sans rien ajouter d'autre, elle enfila le sabot et vint s'asseoir près de la cheminée, là où Isandre et la visiteuse avaient pris place juste avant.


Dame Adélaïde, je suis bien contente de vous rencontrer.
Comme vous le voyez...
Un petit regard sur le ventre arrondi...Je vais dans peu de temps mettre ma fille au monde...Oui oui, vous savez, elle est persuadée du sexe féminin de l'enfant qu'elle porte...et pour cela, je souhaite être bien entourée. Ma chère Isandre, que vous connaissez maintenant, et ma suivante Clarinha seront auprès de moi, bien entendu. Cependant, la présence d'une sage-femme est toujours préférable, n'est-ce pas ? La question n'attendait pas vraiment de réponse et quand bien même en aurait-il eu une, la seule possible eut été un "oui".
Della enchaîna donc sur une question qui venait de lui traverser l'esprit :
Combien d'enfants avez-vous eu, dame Adélaïde ?

Della empoigna le tisonnier et raviva les flammes avant de jeter une belle bûche bien sèche au milieu du brasier.
Se faisant, son regard s'arrêta sur la canne de la vieille et ce fut le visage de son époux, lui-même équipé d'une canne depuis la guerre, qui s'imposa à la future mère qui du coup, soupira profondément.

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Adelaide


La duchesse semblait examiner Adélaïde des pieds à la tête. Apparemment, elle doutait sur son métier et la noble avait besoin de confirmation. Elle s’empressa donc à lui poser quelques questions pertinentes. Évidemment, la matrone y répondit d’une voix aimable et rassurante, toujours avec ce petit tremblement dans la voix qui la caractérise.

Oui Madame ! C’est bien votre annonce qui m’a amenée jusqu’à vous.

Mais la noble en chemise de nuit porta son intérêt vers tout autre chose même si elle écoute toujours la sage-femme. Elle retrouva finalement l’objet de ses recherches, un sabot. La maitresse des lieux avait recouvré chausse à son peton on dirait. Adélaïde esquisse un sourire en observant le manège de la duchesse. Celle-ci baisse les yeux sur son ventre proéminent indiquant que sa grossesse arrive bientôt à son terme et semble même être certaine que ce soit une petite fille. La matrone rehaussa ses binocles comme pour cacher sa réflexion.

En effet, à en voir votre état, sa Grâce devrait bientôt être délivrée … de sa fille.

Elle termine sa phrase avec un petit doute car nul ne peut prédire si l’enfant à naître sera une fille ou un garçon, quoique … peut-être la duchesse ait un secret caché ?

Malgré tout, elle lui explique ensuite ses souhaits pour le jour de la naissance. La dame compagnie et suivante et elle-même serait présente pour aider à mettre au monde l’enfançon. Adélaïde acquiesce à la question dont la réponse était évidente. Il est en effet plus sécurisant d’avoir une sage-femme pour aider la parturiente à mettre son enfant au monde, car aucune femme n’est à l’abri d’éventuelle complication pendant la délivrance.

La question suivante de la duchesse retentit dans sa tête comme un lointain souvenir. La duchesse fut intéressée par ses propres enfants, sans doute pour se rassurer elle-même de son expérience de mère. La matrone opine, souriante et répond.


J’ai eu trois enfants Madame avec mon défunt mari. Deux filles et un garçon. Ils sont adultes à présent et ont eu eux même descendance.

Eh oui, elle était grand-mère mais vu son âge, personne n’aurait pu en douter. Adélaïde observe la duchesse raviver le feu, tandis que la pluie dégouline de son mantel sur le plancher. Elle la regarde à nouveau avec un soupire profond. Adélaïde fronce les sourcils et baisse les yeux tout en mirant l’eau sur le sol.

Oh ! Je vous prie de m’excuser Madame ! dit-elle embarrassée.
Della
Le Ciel bénisse vos enfants et leurs enfants, Adélaïde.

Oui, Adélaïde s'apercevrait bientôt aussi que Della était très pieuse, très priante, ce qui ne l'empêchait pas de pécher, cela va de soi. Mais elle se confessait toujours et ne manquait jamais de faire pénitence lorsque cela lui était ordonné. Bien sûr, elle arrangeait parfois un peu la pénitence aussi mais comme elle se confessait derechef, l'affaire était classée.

Cela n'est pas grave, Adélaïde, avec le temps qu'il fait !
Mais je vous en prie, débarrassez-vous.


D'un geste et d'un regard, Della fit comprendre à Isandre qu'il serait bien qu'elle prenne le vêtement mouillé. Cela n'était pas un ordre, juste une demande que Isandre devinerait aisément. Les deux femmes se connaissaient bien, maintenant, une certaine amitié s'était nouée entre elles. Elles s'appréciaient et se respectaient mutuellement.

Elle devrait naître dans quelques semaines.
D'ici là, vous logerez ici, au château. Une chambre a été préparée déjà, en prévision de la présence d'une sage-femme. Vous serez nourrie bien évidemment et vous recevrez des gages à hauteur de ce qu'il se fait généralement. Après la naissance, j'aimerais que vous restiez un peu, le temps de s'assurer que je ne risque plus rien et que l'enfant est en pleine santé, dans les mêmes conditions, bien sûr.


Della avait les moyens, les différents domaines et fiefs que possédaient les époux d'Amahir-Euphor assuraient des rentes plus que confortables. Adelaïde n'avait aucune raison de s'en faire pour ce qui concernait ses gages. Ils seraient enviables.

La mise de la sage-femme, ressemblant plus à une grand-mère, si elle avait inquiété Della dans les premiers moments, l'apaisait maintenant.
Elle se sentait en sécurité en sa présence et elle se disait qu'elle pourrait lui faire confiance.
Toutefois, la Duchesse ne laissait s'installer personne sous son toit sans un minimum de renseignements.


Où donc habitez-vous, Adélaïde ?
Etes-vous Bourguignonne ?
J'imagine que vous n'avez jamais été condamnée par un tribunal !
Et...êtes-vous baptisée ?

S'il vous arrivait de vous rendre à la Basilique Saint André, là où travaillait Della, vous entendriez ces mêmes questions posées aux postulants diplomates.
Etait-ce une déformation professionnelle...? Peut-être.

Aimez-vous le vin, Adélaïde ?
Nous produisons une petite merveille, à Beaumont.
Puis-je vous en faire déguster ?


Et elle prendrait comme prétexte qu'elle ne pouvait pas laisser son invitée boire seule pour boire avec elle...


Isandre, s'il vous plait, sortez donc trois hanaps.
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Isandre.watelse
La chambre était tiède et agréable, et Isandre somnolait à moitié quand elle réalisa brusquement que Dame Della comptait sur elle lors de la naissance. Cela lui fit un petit coup au coeur. Elle avait déjà assisté à ces évènements dits heureux. Heureux parfois oui, mais souvent longs et douloureux. Ceci étant, elle savait bien que son inquiétude l'aurait maintenue en prière pendant tout le temps du travail, alors autant qu'elle soit présente, cela allégerait son angoisse... ou pas.

En attendant, elle attrapa le manteau trempé et l'accrocha près de la cheminé pour qu'il sèche.
D'une oreille distraite, elle écoutait le petit interrogatoire que subissait Dame Adelaïde. Elle aussi avait eut ce genre de questions et se souvenait de l'évènement avec un sourire.

A la demande de Dame Della, elle attrapa 3 hanaps d'argent dans un coffre et versa du vin. L'occupante de la chambre souhaitait en disposer en permanence dans une carafe de cristal posée sur un guéridon.

Elle ne remplit son propre verre que d'un fond de vin et les autres plus généreusement. Elle n'appréciait l'alcool qu'en très petites quantités et se méfiait de ses effets sur l'esprit.

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