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[RP]-[Seignelay] Tu t'appelleras Béatrice, ma fille.

Adelaide


Je vous remercie Madame. Elle incline la tête comme pour la remercier. Cela faisait bien longtemps qu’elle n’avait plus vu ses enfants et ses petits-enfants, mais comme le veut la tradition dans la famille, ils se retrouvent tous ensemble pour fêter la Noël chaque année. Les valeurs familiales sont bien ancrées chez eux.

Les paroles de la Duchesse lui font penser à son annonce. Une sage-femme vertueuse qu’elle cherche. Adelaïde ne doute donc pas un seul instant des vertus de sa chère patronne qui visiblement l’accepte malgré sa réticence du départ. Elle apprend aussi que la Duchesse est bavarde et franche, sachant ce qu’elle veut. C’est un bon point que la matrone note.

A l’invitation de la Duchesse Della, Adelaïde retire son mantel et son chapeau à plumes révélant un chignon retenue par une résille. Elle porte à présent une houppelande sobre d’un ton violet. Elle tendit le tout à demoiselle Isandre, son bagage en plus, mais préfère garder sa canne.

Loger, nourrie et blanchie jusqu’à la naissance de la fille propose la Duchesse. En résumé, elle allait vivre une vie de château pendant son séjour à Seignelay. Cela lui changera beaucoup de sa modeste demeure. Elle parle également de gages. Cela aussi, lui importait, car ses écus rondement gagné lui permettront de terminer ses vieux jours. Adelaïde esquisse un sourire et reprend de sa voix tremblante.


Très bien Madame, cela me convient parfaitement. Et venant d’une dame vertueuse tel que vous, j'ai toute confiance en vos paroles. Je resterai aussi longtemps qu’il vous plaira. Tout au long de mon séjour, rien ne m’importera plus que votre santé et celle de l’enfant à naître, et bien sur votre bien-être à tous les deux. J’aurais également besoin de certaines choses pour le grand jour Madame. Puis-je donner une liste à votre demoiselle de compagnie ? Mais nous verrons cela en tant voulu même si cela est d’une importance capitale pour que l’accouchement se passe dans les meilleures conditions.

Petite pause, petit silence alors que la Duchesse reprend par une sorte d’interrogatoire avec moulte questions que la grand-mère tente de mémoriser pour y répondre en toute sincérité. Elle n’avait rien à cacher.

Oh j’habite Dijon Madame, mais je suis originaire de Franche-Comté, native de Dole. Et je puis vous assurer Madame, que je n’ai jamais foulé le sol de quelconque tribunal. J’ai toujours mené une vie honnête m’inspirant des saintes écritures du Livres des Vertus. Education que j’ai souhaité transmettre à mes enfants et mes petits-enfants. Et bien évidemment, je suis baptisée et pratiquante. Je me rends tous les dimanches à la messe.

Elle ne dira pas qu’elle a eu du fil à retordre avec ses enfants, moins vertueux qu’elle au point parfois d’en attraper des cheveux gris, mais cela elle le gardait bien pour elle, puisque tel n’est point les questions de la Duchesse.

A peine eu-t-elle terminer le questionnaire que Della lui propose du vin.

Oui, bien sûr j’aime le vin Madame. Mon mari était viticulteur.

A la demande de la Duchesse, la demoiselle de compagnie s’exécute à sortir trois hanaps et y verse le liquide pourpre aviné d’une carafe en cristal bien fragile.

Le vin de Beaumont vous dites ? Je pense en avoir déjà goûté à une occasion. A mon souvenir, il est excellent, surement meilleur que le vin de table que faisait mon tendre époux.

Isandre lui tendit la coupe bien remplie et la sage-femme lança à la Duchesse, le regard maternel.


A votre fille ! Puisse-t-elle nous rejoindre sans entrave.

Elle trempa ses lèvres dans le breuvage et bu une petit gorgée laissant ses papilles se délecter de l’arôme du cépage de Beaumont.

Délicieux Madame ! Par contre … si je puis me permettre, il ne faut point en abuser, cela est mauvais pour l’enfant à naître. Les praticiens vous diront qu’une coupe de vin suffit largement à une future mère.

C’était le premier conseil de la matrone auquel elle comptait bien surveiller, pour le bien de l’enfant.
Clarinha
J'avais montré mon ouvrage, c'était pour l'enfant à venir - que ce fût une fille, à coup sûr, je n'y croyais pas, ce ne serait jamais qu'une chance sur deux - , et j'avais ponctué d'une ou deux explications maladroites, du fait de la langue, non de mon incertitude.
Ce que je cousais, je le savais fort bien : langes brodés aux armoiries familiales, chaperon pour l'hiver... Dans ses premiers mois, l'enfant est constamment emmailloté. Il lui faut donc beaucoup de langes, et peu de vêtements. Puis on lui ferait porter des chemises, à l'issue de sa première année, et pour cela, il me faudrait surtout reprendre celles de Clément, recoudre quelques ourlets fatigués, quelques boutonnières s'effilochant.

Je cousais en silence, discrète, et l'on frappa, et Isandre alla à l'huis, en revint avec quelqu'un, et l'on parla, et l'on sortit... Trois hanaps. Rien pour moi, donc.

Cela me résolut, plus que jamais, à me faire discrète. Je remuais le moins possible sur mon siège, dans un coin ombragé de la pièce, et quoiqu'essayant d'écouter, cela parlait trop et trop vite pour moi.

À un certain moment, je pris les forces pour couper mon fil, après avoir fait le noeud. L'outil me glissa des doigts, et me coupa la paume.


-« Ai ! Ssss... »

Je sifflais entre mes dents, tant de douleur, que pour ne pas crier. Discrétion oblige.
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Adelaide


Adélaïde apprécie beaucoup le vin de Beaumont, y prenant quelques petites gorgées, et soudain elle entendit un bruit au fond de la chambre. Elle n’avait pas rêvé tout de même. Bon, certes sa vue était précaire, pour ça qu’elle porte toujours ses binocles sur le nez, mais son ouïe est encore bonne lui avait dit son médecin à la capitale.

Elle concentra sa vue pour remarquer à l’abri de la lueur de l’âtre une silhouette féminine assise sur un tabouret. Elle avait été si discrète qu’elle ne l’avait pas vu à son arrivée. Et ce petit cri étouffé suivit du fracas d’un objet au sol la révéla. La matrone surprise, dit avec une pointe d’inquiétude
Mais il y a une demoiselle là dans le fond ? Mademoiselle va-t-elle bien ?

Elle s’approche pour mieux distinguer la silhouette et en observer les détails. Adélaïde vit distinctement la demoiselle se tenant le poignet avec l’autre main. Une nette coupure est bien visible sur sa paume. Adélaïde rejoint la couturière et baisse la tête prenant sa main dans la sienne pour examiner la blessure. Non de Christos ! C’est une belle écorchure que vous avez là Mademoiselle.

Elle se redresse et tourne la tête vers sa patronne, tout en repositionnant ses binocles. Elle lui demande Avez- vous du miel Madame ?

Le miel est un excellent cicatrisant pensa-t-elle, mais si elle n’en a point, elle trouverait bien autre chose pour soigner cette pauvre jeune femme. Les remèdes de grand-mère, ça la connait ...
Clarinha
Ça, pour attirer l'attention, c'était réussi... Mes yeux battus n'osaient regarder la matrone, un peu que je ne savais trop si je devais la regarder comme une égale ou avec soumission, un peu que la contemplation de ma blessure était tout à fait appropriée, en la circonstance. La pulpe de ma paume, là où s'enfle la base du pouce, était entaillée, proprement, nettement, comme l'on aurait entaillé d'un couteau bien affûté un gigot d'agneau encore chaud. De même que le gigot d'agneau, que l'on mange rosé et qui jute quand on le coupe, ma main répandait par cette incision, sans se presser, un sang fluide et chaud.
Réflexe inutile, je tenais mon poignet. Comme si ma main allait par là se décrocher de mon bras, ou comme si, garrottant ici la douleur, elle ne se propagerait pas jusqu'à mon esprit.
Bien sûr qu'elle se propageait à mon esprit.
Bien sûr qu'il était inutile de compresser ici. Mais savais-je, moi, qu'il fallait, au choix, comprimer la blessure ou trouver la veine entre le muscle et l'os du bras, entre le coude et l'épaule, et presser en tournant, pour ralentir l'épanchement ? La médecine n'était pas mon ressort. Alors je tenais mon poignet, serrais des dents, demeurais coite de douleur et d'embarras.

Je pris juste le temps de hocher la tête, par l'affirmative, quand on me demanda si j'allais bien. Oui, oui, je vais bien.

Bien sûr... mas NÃO, boquiaberto, pois não estou bem!

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Della
Les réponses données par Adélaïde finirent de convaincre Della.
Elle lui accordait sa confiance. Elle ferait bien entendu quelques petites recherches sur elle quand même, discrètement, juste histoire d'être assurée qu'elle pouvait mettre sa vie et celle de sa fille entre les mains de la matrone.

Elle allait demander à Isandre d'accompagner Adélaïde à sa chambre lorsque Clarinha se blessa.

Rapide malgré son âge, Adélaïde se rendit auprès de la jeune femme et avant même que la Duchesse n'ait pu dire un mot, voilà qu'elle demandait du miel.

Della vit cela d'un très bon oeil.
La vieille femme était non seulement rapide à réagir mais l'on sentait dans ses paroles et ses gestes que l'on avait affaire à quelqu'un d'aguerri.

Oui, bien entendu, il y a du miel à la cuisine et même...Della se mordit la lèvre inférieure et si vous regardez bien, vous verrez que ses joues ont rosi...la voilà qui ouvre une armoire et en sort un pot de miel, bien entamé, et le tend à Adélaïde.


Il est si bon, ce miel...Donne-t-elle comme excuse car on l'aura compris, si le pot était bien à l'abri dans son armoire, c'est qu'elle s'en régalait...en secret, à grands coups de cuillers.

Je suis certaine qu'il sera excellent en remède !

Puis, pour tenter de faire diversion, Della s'empara du drap déposé près de l'aiguière, le trempa dans l'eau et l'apporta à Adélaïde. Là, on aurait oublié sa gourmandise.

Ma pauvre Clarinha. Souffrez-vous beaucoup ?

Et de tendre le cou pour voir la blessure par dessus l'épaule d'Adélaïde car voici maintenant un autre sujet délicat...est-ce que Clarinha va pouvoir continuer à coudre ?
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Clarinha
-« Eu... Não sei. »

Souffrir, qu'est-ce ? J'avais été le souffre-douleur, j'avais été le nègre de la rombière Cassagnes-Bégonhès. J'avais été un morceau de chair et de luxure sur lequel des hommes répandaient leur stupre. On m'avait emplie par tous les trous, et quand on y consent et s'en grise, ça glisse tout seul. Mais parfois... Rien n'est plus douloureux. Mais c'est votre métier, vous n'en avez pas d'autre, vous êtes dans un pays étranger, alors vous la fermez, alors vous souffrez, et apprenez à oublier la douleur.
Et là, d'autres semblaient avoir mal pour moi. Mon sang ? Qu'importe, je l'avais déjà vu. Ce n'était pas si différent de ce sang qui s'épanche chaque mois, inlassablement, entre mes jambes. Comme j'aimerais que, durant quelques mois, huit, neuf, cela cesse, et quel bon augure cela serait ! Mais ce sang coulait toujours, et ma blessure coulait aussi.
Votre corps tremble, votre corps sait qu'il souffre. Votre esprit le nie. D'ailleurs, je venais de le nier, quand j'avais hoché la tête à la matrone, quand j'avais signifié que j'allais bien. Et cette réponse, pourtant évidente, je l'avais soustraite aussi à ma maîtresse, qui se préoccupait de ma souffrance. Mon laconisme pourtant disait trop comment mon corps serrait des dents pour moins ressentir.

Le miel... baume doré, saurait-il me guérir ? Ou faudrait-il, oui... Que j'abandonne mes ciseaux un temps... longtemps ?

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Adelaide


Adelaïde tourna la tête un instant vers la Duchesse qui lui répond sur un ton bienveillant et sorti un pot de miel bien entamé. La parturiente rosit et se mordit les lèvres comme un enfant prit en faute. La sage-femme trouvait cette facette de sa patronne bien attendrissante.

Oh Madame, s’il vous sied de manger de miel, ne vous en privez point. J’ai toujours donné une cuillère de miel à mes enfants le matin à l’approche de l’hiver afin de les protéger de tout refroidissement.

Elle tourna la tête tout en regardant la blessure dont le sang coulait le long de sa paume se creusant un ruisseau pour terminer en chute et coloré le sol comme la goute des pinceaux des peintres parsemant allègrement le planché.

Por Diu ! Vous ne vous êtes point ratée vous !

Dame Della lui tend un drap humide. Adelaïde l’attrape et tamponne doucement plaie et nettoie le liquide rouge le long de sa paume. La blessure est nette jusqu’au pouce. Elle compresse ensuite la plaie gardant la main de la couturière entre les siennes.

Adélaïde regarde la couturière d’un air compatissant tout en lui disant
Je crains Mademoiselle que vous ne puissiez plus coudre pendant une à deux semaines. Mais peut-être pourriez-vous tenter le tricot après tout ? Il n’y a rien de plus pénible pour une suivante de se sentir inutile pour servir sa patronne. Elle en savait quelque chose la grand-mère. Elle remarque aussi le regard fuyant de la demoiselle. Mon bel enfant ! Vous pouvez me regardez, je ne vais point vous manger !

Elle lui sourit chaleureusement, baissant ses yeux sur la plaie tout en retirant doucement le drap. La blessure semble ne plus saigner abondamment. Elle s’assure que la plaie soit suffisamment nettoyée grâce à l’eau imbibée par le drap propre. Aussitôt, la matrone prit le pot de miel, en étale sur la coupure et en prend suffisamment pour barbouiller le miel sur la plaie afin qu’elle soit entièrement recouverte.

Elle rehausse ses binocles sur son nez et cherche du regard ce qui pourrait faire office de protection. Et parmi les fournitures de la couturière traine quelques bandes de lins. La sage-femme s’abaisse et attrape une bande. Elle se redresse difficilement s’aidant de sa canne.
Por Diu ! Que la terre est basse ! Adelaïde enroule ensuite la bande autour de la main de la couturière et termine par un joli nœud.

Voilà Mademoiselle. Il vous faudra remettre du miel et changer la bande trois à quatre fois par jour pour que votre blessure ce cicatrise bien.
Della
Ô Adélaïde, combien tu seras chantée, mon amie, pour tes paroles...
Manger du miel est bon !
Tant mieux !

Mais là, le pot n'est pas pour y tremper le doigt, pas maintenant.
Maintenant, c'est pour soigner Clarinha.
Clarinha qui affirme ne pas souffrir mais dont le visage montre bien le contraire.

Adélaïde soigne et panse la plaie, avec une douceur maternelle, ce qui rassure plus encore Della sur son choix concernant la sage-femme. Elle prendra bien soin d'elle aussi et de Béatrice quand elle verra le jour.

Della s'est approchée, plus encore, pour voir l'étendue des dégâts et réconforter de sa présence, sa chère Clarinha.
Mais l'idée qu'elle ne puisse plus coudre la fait grimacer. Il reste encore des choses à préparer pour l'enfant, la robe de baptême sera-t-elle prête à temps ? C'est qu'il ne faut pas traîner pour le baptême, si la petite âme venait à s'en aller trop tôt...Rien qu'à cette idée, Della frémit et un peu trop vivement sans doute, répond :


Mais non, nous allons la soigner si bien que dans deux ou trois jours, il n'y paraitra plus !
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Clarinha
Je laissai la matrone s'occuper de ma main, y mettre du miel, compresser, emmailloter ma main, emprisonner mon talent sous cette bande de charpie.
J'avais relevé les yeux sur elle, mais parler, ça... Ce n'était pas de la peur. Ni même de la douleur. Je finissais par ne pas savoir que penser de ma présence ici, de l'avenir, de la couture. Ne plus coudre ?
J'avais de l'argent, désormais. Assez pour une dot, c'est-à-dire, assez pour m'acheter un mari petit bourgeois.
Ne plus coudre... Serait-ce quitter le service de la Duchesse ? J'avais passé tant de temps loin d'elle qu'on pouvait croire que je ne tenais pas tant à cette position. Mais quitter le service de la Duchesse... Je la sentais comme un ange bienveillant berçant ma misérable vie.

Aux mots de la matrone, je hochai la tête. Changer le pansement, souvent.
Aux mots de la maîtresse, je pinçais les lèvres, d'embarras.


-« Então ça faut qu'eu repose. Eu vou na minha chambre. »

De ma main droite, j'empilai soigneusement le matériel, et gardai en main le pan de tissu souillé qui ne servirait plus. J'en ferais de la charpie pour envelopper ma main blessée. Mon regard chercha celui de la matrone, et je dis encore, avant de partir :

-« Merci, senhora. »

Au moment de passer la porte pour gagner mes quartiers de convalescence, je songeais à ma blessure... Fallait-il vraiment que je guérisse ?
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Adelaide


Quelques jours plus tard, la matrone fut à peine installée que sa patronne l’embarque dans différents voyages qu’elle devait effectuée par devoir disait-elle. Adélaïde lui avait dit que ce n’était vraiment pas conseillé si proche de la délivrance, mais sa patiente n’en fit qu’à sa tête. Alors elle la suivit pour prendre soin d’elle dans tous ses déplacements, lui préparer moult tisanes.

Mais ce soir-là, Adélaïde avait demandé à la Duchesse une réunion afin de préparer le jour de l’accouchement. La dame de compagnie Isandre et la suivante Clarinha était bien sûr conviée puisqu’elles l’aideraient le jour de la mise au monde de l’enfançon. Elles s’étaient toutes installées dans le salon devant un bon feu de bois qui crépitait dans la cheminée. Assise sur un canapé, elle explique donc les différentes étapes et ses besoins pour que la délivrance se passe avec le moins de douleur possible pour la parturiente.

La matrone dévisage la Duchesse donnant ses instructions.


Madame, ces derniers jours, je vous préparerai des tisanes de sauge et de feuilles de framboisier afin de vous aider lors de l’accouchement. Les feuilles de framboisiers ont un effet tonique sur votre bas-ventre, et la sauge facilitera le travail lors de l’expulsion …

Il va également me falloir quelques petites choses pour l'heureux jour.


Elle repositionne ses binocles et énumère tout ce dont elle aura besoin.

Citation:

  • Des feuilles de framboiser
  • De la sauge
  • Du poivre
  • Du jasmin
  • De la poudre de matrice de lièvre
  • Du vin
  • De l’huile de violette
  • De l’huile de laurier
  • Deux baquets d’eaux
  • Du miel
  • Du sel
  • Des roses
  • Des bandes de lin
  • De l’onguent à l’arnica
  • Du beurre
  • Une aiguille
  • Du fil de soie



Elle releva les yeux sur les trois femmes, examinant leur réaction et se fendit d’un sourire de réconfort à la Duchesse.

Au moment de la délivrance, il faudra également défaire tous les nœuds dans le logis comme le veut la tradition pour éviter tout malheur à l’enfant à naître. Pour l’accouchement, il sera souhaitable que votre demoiselle Isandre se positionne derrière Sa Grâce afin qu’elle puisse s’adosser contre elle et l’aider dans son travail. Quant à Clarinha, elle me secondera pour nettoyer la petite demoiselle.

Elle savait que cela faisait plaisir à la future mère de l’entendre dire qu’elle aurait une fille. La Duchesse en était tellement convaincue qu’Adélaïde ne voulait pas la contrarié pour si peu. Après tout, elles verraient ensemble le jour de la délivrance si son vœu est exaucé … ou pas.

Avez-vous des questions mesdames ou ça va aller ?
Clarinha
J'avais déjà, par le passé, aidé à enfanter. Il y en a forcément une qui oublie son cycle, ou a trop besoin d'argent, à la lanterne rouge, et faillit. C'était toujours une faute : cela fait un peu plus d'argent sur le coup, mais rester tranquille une semaine, c'est la garantie de pouvoir travailler les neuf mois à venir. Certaines n'avaient pas cette jugeote, croyaient qu'elles pouvaient conter fleurette à la limite... et échouaient.

Alors le groupe de femmes l'assiste, l'épaule. Ce n'est pas facile à chaque fois. J'avais vu des fils mourir, j'avais vu des mères y rester. Ici, les conditions matérielles seraient bonnes, et la matrone mettait toutes les chances de notre côté, avec son expérience et notre bonne organisation.
Je songeai à ma salle de travail : défaire tous les noeuds d'un atelier de couturière... C'était demander au roi Triton de ramasser tous les coquillages de son palais. Je hochai la tête à la matrone. Je m'y prendrais à l'avance, tous les noeuds qui n'étaient pas indispensables, je les dénouerais dès ce soir. Ceux de mon métier à galons, surtout... Inombrables ! Et je ne pourrais ranger les fils de laine par couleur, et les maintenir ensemble en nouant la poignée de fils. À cette pensée, je pinçai les lèvres. Peut-être... Peut-être en ramassant des branches de bois vert, et en les fendant dans la longueur, je pourrais y coincer les fils, une branche par tas de fils... Le bois vert, est-ce que cela tache le fils ?
Bonne question.

À la matrone, je répondis :


-« Com a minha main... Não est oum proublem para lavar a pequena Beatrich ? »

Une main qui sentait bon le miel, une main qui ressemblait à une moufle... ça aussi, pour défaire les noeuds, ce serait sympa.
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Adelaide


La matrone n’était pas vraiment linguiste, bien qu’elle ait quelques notions de latin, langue un peu désuète à cette époque hélas. Adélaïde aimait pourtant se rendre à la messe préférant les offices en latin plutôt qu’en françoys. Elle trouvait cela plus solennel. Par contre, la langue de la couturière, elle se rapproche plus de l’espagnol.

Mon enfant ! Il faudra vraiment vous mettre au françoys un jour. Vous pourriez mieux vous faire comprendre.

La sage-femme ne manquait pas de franchise. Et peu importe si ça plait ou pas. Elle n’avait jamais eu de problème car elle savait y mettre les formes. Ce qu’elle comprit par les paroles de la discrète demoiselle, c’est qu’elle ne pouvait point laver avec sa blessure à la main. Elle baisse les yeux sur elles justement.

Oui, bon ! Vous pourrez toujours m’aider à emmailloter la petite demoiselle ?

Pas d’autres questions ne furent posées, du moins pour le moment. La parturiente avait déjà enfanté. Elle devait bien connaitre la procédure. Et cela lui serait rappeler en temps voulu de toute manière.
Isandre.watelse
Silencieuse, elle écoutait la longue liste en se demandant si toutes ces épices étaient destinées à cuisiner un pot au feu de nouveau-né.
La liste de choses à prévoir ressemblait plus au début d'une recette de cuisine qu'à une liste médicale. Curieusement, cela l'amusa.

Cependant, elle nota l'appréhension de Clarinha quant aux services que pouvait rendre sa main blessée. Peut être que....


- Dame Adelaïde, je pense que nous pourrons trouver toutes les herbes chez l'apothicaire du village. J'y ferai un saut dès l'aurore que nous ne soyons pas prises au dépourvu.
Toutefois...


Elle hésita un peu. Sa place dans le dos de Dame Della serait sans doute la moins éprouvante, mais elle avait déjà assisté à des naissances et elle savait combien un enfançon pouvait se révéler glissant et difficile à tenir. Tant pis, elle verrai sans doute plus de choses qu'elle ne souhaitait, mais échanger les places semblait une bonne solution.

- Toutefois, et sans vouloir critiquer je me demande s'il n'est pas préférable que Clarinha et moi échangions nos places. Il faut des mains habiles pour manier un être si gracile et la plaie de Clarinha n'est pas encore bien fermée. Peut être serait il plus indiqué....

Elle ne termina pas sa phrase. Clarinha était bien plus habile qu'elle sur les travaux d'aiguille, même avec une seule main, mais manipuler un nourrisson lourd et que gigote était plus compliqué que piquer une pièce de tissu.
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Clarinha
Mes joues s'empourprèrent aux paroles de la matrone. Le français... Bien sûr que je m'y étais mise, et je le comprenais, lorsqu'on ne parlait pas trop vite ou avec trop d'argot, cette langue de la rue. Mais comprendre une langue est une chose, la parler en est une autre...
Je baissai les yeux et ne pus que répondre :


-« Eu fais o que eu peux... »

Le ton expéditif et un brin contrarié de la matrone quand elle souligna ce que me permettraient mes capacités limitées accabla davantage mon humeur. Isandre, pourtant, vint à la rescousse, en proposant que nous échangeassions nos places.
Je relevai et hochai la tête avec entrain :


-« Sim, eu pourrai ! »

Soutenir ma maîtresse... Tout un symbole que je n'étais pas encore sûre de mériter. L'enfant devait descendre, il fallait, dignement, "mettre bas". Cela impliquerait de soutenir le corps de la Duchesse, dût-elle être exténuée de fatigue, éreintée de douleur, au bord de l'abandon. Ce serait mon fardeau... si la matrone approuvait. Elle était notre capitaine dans cette tempête.
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Della
Della écoutait, elle se sentait bien, ce soir-là, détendue et heureuse auprès de celles qui devenaient ses amies ou l'étaient déjà.

Vos tisanes sont un régal, Adélaïde ! Je les boirai toutes sans sourciller, je vous en donne ma parole.

Parfois, il arrivait qu'une tisane soit un peu amère. Alors, discrètement, Della y ajoutait une bonne grosse cuiller du bon miel d'Ambroise. Adélaïde n'avait-elle pas dit que le miel était bon pour la santé ? Alors...

Elle rit alors lorsque Adélaïde fit comprendre à Clarinha qu'elle ne la comprenait pas, justement ! Il faut dire que Della était habituée maintenant et que les mots qu'elle ne comprenait pas, elle les devinait, le plus souvent.


Voyons, ma chère Clarinha, nous adorons toutes votre façon de parler, votre accent est un rayon de soleil à chaque fois que votre voix se fait entendre.
Della se pencha un peu vers Clarinha et posa sa main sur la sienne en continuant de parler, regardant Adélaïde...

Mais je trouve que votre idée est excellente, Adélaïde. Lorsque Béatrice sera née, vous apprendrez notre langue à Clarinha !

De nouveau, elle rit, mettant au défi la matrone de rester plus longtemps auprès d'elle, encore.

Isandre, je vous fais confiance, pour les achats. Vous connaissez les apothicaires et surtout, pensez à commander du miel à Ambroise, il me faudra des forces après la naissance !
Oh...et aussi, vous veillerez à ce que l'on mette un tonneau en perce, le jour de la naissance et que l'on distribue du pain à tous les paysans de Seignelay. Ce sera jour de liesse, tout le monde aura part à la fête.

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