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[RP] Mais où est ma plume ?

Yolanda_isabel
Citation:

    A vous, Della d'Amahir, Duchesse de Chartres, Vicomtesse de Montpipeau, Baronne de Seignelay, Dame de Bréméan & de Railly
    De moi, Yolanda Isabel de Josselinière, Duchesse de Château-Gontier.

    Ab imo pectore, bonjour,


    Puis-je vous appeler "Mon amie" en dépit de notre différence d'âge, car il me semble que comme une soeur ou une amie, vous avez toujours été présente. Mon amie, disais-je donc, je ne sais par où commencer pour les nouvelles, tout d'abord, j'ai appris que vous aviez enfin mis au monde votre puîné et que vous vous portiez bien tous les deux. Ainsi me voilà rassurée concernant votre santé, l'hiver aidant, on aurait pu craindre pour vous, mais ce n'est plus le cas et j'espère que l'enfant que vous avez offert à votre mari vivra vieux comme son aîné du reste. On m'a dit que vous étiez en Empire et qu'ils étaient restés quant à eux à Seignelay, c'est Davia qui m'a dit cela et puisque vous la tenez en haute estime, assez du moins pour lui confier des secrets dont elle ne saurait parler, je ne peux que la croire. Que faîtes-vous en Empire Della ? Que n'êtes-vous chez vous pour qu'on puisse vous y renvoyer votre mari..

    Car oui, votre époux m'inquiète, il pleure votre absence et va même jusqu'à s'imaginer des choses horribles vous concernant, il peste contre cette guerre qui vous sépare et vous laisse loin de lui, à la merci de la concupiscence, il prétend que vous profitez de cette distance entre vous pour vous adonner à quelques rencontres amoureuses sous prétexte qu'il n'y a que cela qui pourrait justifier votre absence et votre manque de tendresse à son égard. Rassurez le Della, dîtes lui qu'il n'en est rien, qu'il n'y a que vers lui que va votre amour et qu'il vous manque. Pensez à cet homme qui se bat pour vos chères convictions, pour offrir à vos enfants une terre en paix. D'autant que les choses vont aller de mal en pis, en dépit d'une guerre relativement calme et sans trop de heurs - sauf pour moi, j'ai eu le malheur de me trouver au mauvais endroit et au mauvais moment, ce qui fait que j'ai tout le loisir de vous écrire, étant alitée depuis plus d'une semaine - voilà qu'une épidémie s'est déclarée dans le campement royalistes d'après les rumeurs.

    Si vous le voulez bien Della, et par amitié pour moi, rassurez votre mari, au moins pour avoir la certitude qu'il aura eu votre pardon et votre tendresse une dernière fois si la mort devait l'emporter sur votre amour.

    Gardez-vous bien.

    Signé et scellé de ma main à Angers, en Anjou.

    Moi.


_________________

Vous êtes beaux, je vous aime. Tous.
Della
Citation:
    A une amie, Yolanda Isabel de Josselinière, Duchesse de Château-Gontier, Fille d'un ami et homme extraordinaire.
    De Della d'Amahir-Euphor, blablabla.

    Yolanda,

    Le bonjour vous va.

    Il me souvient ce jour merveilleux de votre baptême, tout en rose.
    Etait-ce hier ? Ou plutôt avant-hier ?
    Je ne me souviens plus très bien, j'ai la mémoire qui flanche(*).

    Oui, nous sommes amies, je le crois, je l'espère et je m'en réjouis car je n'ai de vous que de bons et plaisants souvenirs. Je ne pense pas me tromper en disant que vous êtes digne de confiance et cela également est gage d'une réelle amitié. Pour preuve, votre lettre qui m'est parvenue et dans laquelle je sens votre inquiétude et votre bienveillance tant à mon égard qu'à l'égard de mon époux.
    Ainsi je suis à présent fort inquiète de votre santé ! Vous êtes donc blessée ? Est-ce grave ? Vous dites devoir garder le lit, serez-vous bientôt rétablie ? Etes-vous bien soignée au moins ? Avez-vous besoin de quelques médecines ou de vivres ? Dites-le moi, je trouverais bien un moyen pour vous les faire parvenir, mon amie. Je prierai pour votre guérison.

    Mes fils sont en Orléans, à Montpipeau, aux bons soins de mon cher cousin Séverin qui en prend soin avec attention et tendresse. Lui-même étant marié à Davia Corsu, engagée aux côtés de Kéridil, bataillant pour la même folie, celle d'un mauvais roi.
    Oui, je le dis, mauvais roi. Dieu sait combien j'ai espéré que cet homme soit roi à la place de Vonafred. A ce moment, Eusaias était un homme droit et franc, intransigeant, un meneur d'hommes qui aurait permis à la France de grandir et de rayonner. Hélas, les turpitudes de Vonafred, ses trois petits tours et puis s'en vont, son laxisme ont préparé un terrain glissant dans lequel celui que j'appelais mon Ami s'est enlisé. Lui qui jurait ne jamais se laisser influencer par des amitiés providentielles est tombé dans le premier piège venu, celui tendu par celle que j'appelais ma Mère, Angélyque de la Mirandole.
    Oui, Yolanda, ce règne d'Eusaias aura fait d'autres dégâts que les coups des épées. Des amitiés et la confiance qui va avec ont été mises à mal et de pauvres naïfs comme moi auront enfin pu découvrir le vrai visage de certaines personnes qu'ils pensaient sincères et justes.
    Non, je ne soutiens pas Eusaias, non, je ne soutiens pas cet anti-roi qui prétend ne pas mettre nos âmes en danger, qui dit tendre une main mais de l'autre, n'hésite pas à faire couler le sang de son premier pays, la Bourgogne.

    Mais cela nous éloigne du sujet de votre lettre. Encore que...
    Pourquoi suis-je à Strasbourg ?
    Après que Angélyque et Maud le boudin m'aient démises de mes fonctions de Chambellan, en usant de mensonge et d'hypocrisie, je n'ai plus eu envie de rester là, chez moi, en Bourgogne. Lasse que j'étais des vilénies et des coups bas, déçue aussi par ce que je découvrais petit à petit, les trahisons de personnes que j'aimais.
    Aujourd'hui, je pense que l'on peut appeler cela une fuite en avant, pour sauver ma vie.
    Je profitai du voyage de mon suzerain, le Prince Charlemagne, en Lorraine pour me joindre à son entourage. Or, il se fait que les évènements me firent partir plus tôt que prévu, devançant le Prince de quelques jours, normalement. Mais c'était sans compter sur le caractère changeant de Charlemagne qui au dernier moment, décida de se rendre en Anjou. Pour moi, j'étais déjà arrivée à destination en Lorraine lorsque j'appris ce revirement. Et tant mieux ! Car en Anjou, jamais je ne serais allée.
    Strasbourg est une ville magnifique, mon amie, il faudrait qu'un jour, vous y veniez.
    La cathédrale est somptueuse et s'y promener est en soi une prière entière.
    L'Empereur vient d'y être sacré. Si vous aviez vu avec quelle foi il ceignit la Couronne, ce fut un moment émouvant, j'en versai quelques larmes tant ce fut beau et rempli de sainteté.

    Que dire de mon époux ?
    Il pleure.
    Pleure-t-il assez pour effacer ces années d'attente et de patience que je lui offris sans retour ?
    Ô comme je l'aimais, Yolanda !
    Oui, il était mon Prince Charmant, il était tellement beau, fier et vaillant ! Je n'avais de cesse de l'admirer et de me réjouir d'être son épouse. Il servait la Couronne avec tant d'ambition et de ferveur, jamais un pas de côté, toujours juste et droit auprès de notre chère Béatrice et même servant Nébisa avec le même talent !
    Puis, le temps passa et il fut Duc. Je laissai ma Bourgogne et mes affaires pour être là, près de lui, à le soutenir, à le conseiller, à le veiller. Oh, les débuts de son règne furent merveilleux, je vivais dans son ombre, j'apprenais à connaître Orléans et je m'y sentais presque chez moi. Mais cela ne dura pas. Bien vite, je fis tapisserie et même, je repris la broderie, comptant les jours loin de chez moi comme l'on compte les jours sans pain.
    A la fin de son règne, il me promit de me rejoindre en Bourgogne, que je pouvais déjà y aller, qu'il viendrait et à son tour, serait là pour moi qui désirais réinvestir la politique. Et je le crus parce que j'avais confiance. Mais je n'aurais pas du. Il vint, oui, il vint mais jamais je ne fus aussi seule. A la première occasion, il s'en alla, avec notre fils Clément, me laissant là grosse de ses oeuvres, sans se retourner. Rares furent ses lettres. Il revint, j'accouchai alors. Il repartit, on l'attendait sur une liste, en Orléans. Sans un mot, sans un au revoir, il s'en alla.
    Et puis, arriva Eusaias et sa folie et les évènements déjà évoqués.

    Vous me demandez de lui pardonner.
    Que voulez-vous que je lui pardonne, mon amie ?
    D'être l'homme qu'il est, faible à présent et enclin à l'acédie ?
    Ce n'est pas à moi de le faire, mais au Très Haut.
    Vous me demander de l'assurer de ma tendresse ?
    Oui, ça je peux le faire parce que de la tendresse pour lui, j'en ai encore et sans doute, en aurais-je jusqu'au dernier jour de ma vie.
    Vous me demandez de le rassurer en lui jurant que je n'ai point d'autres amours.
    Ca, je ne puis.
    D'autres amours, j'en ai, mon amie, qui priment aujourd'hui.
    Voulez-vous les connaître ?
    Mes enfants, Dieu, cette bonne humeur que je retrouve jour après jour, ici, à Strasbourg, cette joie de vivre que je pensais à jamais éteinte, cette envie de demain que je n'éprouvais plus, ce sont là mes nouvelles amours.
    Mais est-ce que j'aime encore mon époux, le père de mes enfants ?
    Oui. Je l'aime comme une épouse doit aimer son époux pour être une bonne épouse. Mais il n'est plus le premier, le seul amour.

    Je lui écrirai, rassurez-vous, même si son aide de camp me disait récemment qu'il ne lisait pas mes courriers. Je vais lui écrire et lui dire que je ne lui en veux de rien et que mes pensées et mes prières lui sont acquises. Je ne mentirai pas pourtant en l'assurant d'un amour intact. Je l'assurerais de mon retour un jour futur sans autre précision car je n'en pourrais donner.
    Et si vous le croisez avant que ma lettre ne lui parvienne, dites-lui...ce que vous voudrez pourvu que cela l'apaise.


    Que le Seigneur vous protège.




(*)Jeanne Moreau, J'AI LA MÉMOIRE QUI FLANCHE
_________________
Della
Citation:
    A Elisabeth Stilton de Vaisneau, Dame de Lusigny.
    De Della d'Amahir-Euphor, blablabla.


    Chère amie,


    Le bonjour vous va.


    Permettez-moi de prendre de vos nouvelles.
    J'ai eu vent de votre départ prochain pour l'Orléans, j'espère que vous aurez un agréable voyage jusque là.

    Voici que je viens vers vous afin de vous demander un service.
    Il s'agit d'un poney que je souhaite offrir à Clément.
    Je sais que vous avez beaucoup de connaissances en matières d'équidés et je ne doute pas un instant que vos conseils seront bons et que vous pourriez également dénicher pour mon fils, la parfaite monture qui convient à un enfant de six ans.
    Puis-je compter sur vous ?
    Puis-je abuser en vous demandant de faire mener l'animal à Montpipeau où mon cher fils demeure actuellement ?
    Le coût de cette affaire importe peu, tant le prix de l'animal que celui de vos services. Dépensez largement pourvu que Clément soit comblé et heureux.

    Je vous remercie, chère Elisabeth, pour l'attention que vous porterez à ma demande, ainsi que pour la joie de mon fils lorsqu'il recevra son cadeau.

    Que le Très Haut vous bénisse, mon amie.

    Amitiés.




_________________
Della
Citation:
    Strasbourg, janvier 1460.

    Mon époux.

    Bonjour.


    Alors, dites-moi tout.
    Vous avez été blessé, parait-il.
    C'est une lettre de votre aide de camp, un dénommé Laflèchette, qui me l'a appris.
    Il disait que vous étiez inconscient et que vous ne lisiez pas mes lettres.
    Ceci explique la raison pour laquelle j'ai cessé de vous écrire pendant un moment.
    En ces temps de chaos, les vélins et l'encre sont à économiser et je ne vous parle même pas des pigeons que certains sont amenés à tuer pour les manger !

    Si je sacrifie aujourd'hui ces précieux objets, c'est pour vous faire part de plusieurs choses en sus de prendre de vos nouvelles, évidemment.

    Nous avons été les malheureuses victimes de saletés de brigands, Isandre, Clarinha et moi alors que nous nous baladions tranquillement dans les alentours de Strasbourg.
    Ils étaient trois et ils ont exigé de nous que nous leur cédions tous les biens que nous avions sur nous, nos bourses, nos bijoux et même cette dague que je tenais depuis des années d'un voyage en Normandie ! Tout, je vous dis ! Tous mes bijoux, la bague que vous m'aviez offerte en demandant ma main, mon alliance aussi, le collier que je portais, heureusement, un petit collier de moindre valeur. Tout sauf le bracelet de Watelse puisque ces sombres idiots n'ont pas l'habitude de voir une femme porter un bracelet ! Ha ! C'est ma vengeance immédiate !
    J'enrage ! Je les tuerais si j'en avais le pouvoir et les moyens !
    Voyez, moi aussi, je suis blessée. Pas seulement physiquement (oui, l'un d'eux s'est permis de me gifler !), mais aussi moralement, je suis dépouillée...Mais je compte sur vous pour me faire parvenir rapidement de quoi surmonter cette épreuve. Utilisez n'importe quel moyen, un espion du roi peut-être, pour m'envoyer une bourse de survie. Pensez aussi que je dois m'assurer que mes suivantes aient de quoi faire.

    Un autre sujet me préoccupe.
    Cette guerre que l'anti-roi a allumée en Royaume.
    J'ai peur pour mes enfants.
    Je sais qu'Orléans restera fidèle à Eusaias et ce, malgré que l'Eglise ait très justement prononcé l'anathème pour ce qui le concerne. Mais après ? Qu'adviendra-t-il de vous, de moi, de nos enfants ? Eusaias vous décorera peut-être si vous ne vous rebellez pas trop. Il ne sera pas un second Vonafred qui vous tirera juste un peu l'oreille si vous désobéissez. Et demain ? Lorsque cet anti-roi aura été vaincu et que les fidèles de Rome reprendront ce qui appartient au Très Haut, le Domaine Royal ? Que vont devenir nos enfants au milieu de tout cela ? Ne pensez-vous pas qu'ils seraient plus en sécurité auprès de moi, à Strasbourg, loin de tous ces tumultes ? J'aimerais que vous y pensiez et que vous envisagiez de les envoyer en Empire, pour les mettre sous la protection de l'Empereur, près de leur mère. Réfléchissez-y, je vous le demande.

    Autre chose.
    J'ai demandé à Elisabeth Stilton de Vaisneau qu'elle fasse venir un petit cheval, pour Clément, à Montpipeau. Je lui avais promis que lorsqu'il serait assez grand, je lui en offrirais un. Je pense le moment venu.
    Payez Elisabeth pour moi, je vous prie, puisque en l'état, je ne puis.

    Je suis ravie d'apprendre qu'enfin mon cousin sera anobli. Cela est parfaitement mérité au vu de son dévouement infaillible à nos affaires. Je vous remercie de ce geste.
    Cela me fait penser qu'il nous faudra revoir nos testaments puisque nous avons maintenant deux enfants. il nous faudra pourvoir aussi Dorante, en tant que puîné, la voie de l'Eglise me semble une bonne voie pour lui. Qu'en pensez-vous ?

    Il parait que je dois vous assurer de ma tendresse, c'est notre chère Yolanda qui me demande cela, suite à des confessions que vous lui auriez faites.
    Je vous assure donc que j'ai pour vous, énormément de tendresse et que mes pensées et mes prières vous accompagnent chaque jour.
    L'éloignement a toujours fait partie de notre couple, je ne comprends pas pourquoi subitement vous dites en souffrir. Nous nous sommes toujours bien accommodés de ces conditions jusqu'à maintenant, il n'y a pas de raison pour cela change.
    Sans doute est-ce cette guerre qui vous préoccupe et qui vous fait perdre pied.
    Je vous en conjure, repoussez l'acédie qui vous menace et priez, priez beaucoup.

    Je terminerais en vous remerciant pour ce sieur Wolback que vous m'avez envoyé. Il est absolument parfait dans ce rôle de garde du corps. Dommage qu'il ne fut pas avec nous, lors de cette promenade. Je suis certaine qu'il aurait rossé les malandrins !

    Puissiez-vous lire cette lettre pour que le temps que j'y passai ne soit pas vain.

    Que le Très Haut vous bénisse.

    Della.



_________________
Keridil
Citation:
    La Flêche, en Anjou.


Della,

Je vous dirai tout.
J'ai été blessé, mais pas tant par les piques et les lances des angevins que par vos manières qui ne sont pas d'une épouse. Quelle épouse choisirait son chemin seule, sans se soucier de l'existence d'un époux ?
Mais oui, j'étais blessé, et resté au camp un soir ou deux, sonné. J'ai lu l'unique lettre qui m'est parvenue, après. La Fléchette a été bien bon de vous avertir de mon état, mais comme je doute de votre inquiétude, je n'estimais pas bon de vous en informer. Ainsi, je n'ai en réponse à ma souffrance que votre froideur entendue, et la réclamation de gages. Celle-ci, vous ne l'aviez encore jamais faite.
J'ai fait mander des lombards. Vous en trouverez un à Karlsruhe, qui tient des créances, assez pour vous permettre de vivre six mois selon votre rang, vous et vos suivantes. Il y aura de quoi investir en encre, vélin et plume, aussi.

Ainsi, vous avez été brigandée ? Où était donc Son Altesse ? Je croyais que vous le deviez accompagner, et vous voici sur les routes d'Alsace, de Lorraine, que sais-je encore ? Vous menez votre train trop aisément. Cela commence à me courroucer. Vous trouverez glissée dans ce pli mon alliance. Une femme doit montrer qu'elle est épousée, et comme je gage que ni Clarinha, ni Isandre ne feraient office de chaperons raisonnables, c'est encore ma meilleure arme contre la concupiscence d'impériaux libidineux. D'ailleurs, ils démontrent aujourd'hui tous fort bien qu'ils aiment à observer leur voisin et son épouse, assez pour en envahir le bonheur.
Ainsi, tel est votre camp ? La protection de l'Empereur contre le Roi ? Mais Eusaias est notre ami. Que ne m'avez-vous pas mis dans l'embarras pour lui, lorsqu'il assiégeait Orléans ? Le défendre vous valut une tour. Que ne vous y ai-je laissée croupir !
Je vous hais pour votre tendresse qui n'a rien de l'amour.

Connaissez-vous la devise de l'Orléanais ? Il vaincra, fidèle à son Roi. Alors nous vaincrons.
Mais je crains, Della, que vous ne sachiez pas tout. Vous êtes trop prompte à condamner Eusaias, et à donner tout crédit à l'Eglise. Celui qui faillit être votre suzerain a peut-être bien des torts, et je les admets sans peine : il n'est pas un Saint. Mais cet Eusaias mène campagne brillamment contre l'Anjou, et il vainc. Nous avons tenu le siège d'Angers, et nos armées sont dans ses murs. J'ai bataillé à Angers, pris et annexé la Flêche, nous avons aussi franchisé Saumur, et Craon est entre les mains du Maine. C'est une victoire qu'aucun de nos rois n'avait espérée jusqu'à lui. C'est un homme qui fait la gloire de son peuple et de son domaine, en un mois plus que ne l'ont fait des Vonafred, des Nebisa, et même, je l'ose, des Béatrice.

Que dites-vous d'une Rome qui refuse le Sacre à Eusaias alors qu'elle a sacré votre Empereur, pourtant sous interdit ? Que dites-vous de prêter allégeance à un Namaycush ? L'Eglise a de belles idées. Salmo Salar ? Roi de France ? Nous en avons soupé ! Ce Namaycush, dont l'interdit n'est levé de concert à celui de l'Empereur que pour servir les intérêts de trois cardinaux frustrés de n'avoir vues les promesses faites par Vonafred tenues. Il avait promis force sièges de Pairs, il n'a rien donné. Eusaias doit-il payer les hontes de ce fou furieux que l'on fit Roi ? Non.
Que Rome punisse les coupables, et qu'elle cesse de se chercher des bouc-émissaires.
Et donc, pourquoi craignez-vous pour nos enfants ? C'est bien que votre Eglise marchera sur les innocents, car elle pourfendra le peuple et les fidèles. Je ne puis cautionner la gangrène qu'elle est à mes yeux, cette Rome corrompue et infecte. Et vous la suivez ? C'est que vous déraisonnez. Réfléchissez donc un instant, et voyez qu'il vaudrait mieux un anti-pape qu'un anti-roi. Voyez que la manoeuvre de la Curie n'est que l'ingérence, et placer un candidat déçu sur le trône sous un prétexte dynaste qui ne tient pas une seconde. Voyez qu'ils bafouent les Lois Fondamentales de la France.
Alors, serez-vous impériale, quand Fenthick le Mou marchera sur nous ? Serez-vous Romaine quand les Armées Saintes feront pleurer vos enfants ?
Non. Ils n'iront pas à Strasbourg. Ils n'y poseront pas un pied, car si l'Eglise est juste, alors des enfants ne craindront rien. Mais vous savez comme moi qu'elle ne l'est pas.

Puis, excommunieront-ils un Royaume entier ? Une Eglise vit par ses fidèles. Elle ferait bien de ne pas trop vite s'en défaire. Sans eux, sans leur confiance, elle n'a plus droit de cité. Si elle le perd, alors elle ne sera rien. Et pensez-vous qu'après Eusaias, l'on se risquera à punir le Domaine Royal entier, le Lyonnais, le Bourbonnais, et tous les fidèles à Eusaias ? Non. Celui qui s'y risquerait ne serait pas l'Anti-Roi du pape, mais celui de ses vassaux. Il ne serait donc plus rien.

J'ai fait à nouveau allégeance à mon Roi. Vous êtes mon épouse, et sa vassale. Je ne vous demande pas de vous battre. Je vous demande d'adopter un silence pieux. Prenez un temps le voile, portez le deuil de vos amis morts par les coups de prélats. Préparez le mien - je le souhaite encore, ce trépas.
Mais s'il faut que je vienne vous chercher, s'il faut que j'envoie des armées à vos trousses pour vous enclore dans Montpipeau ou demander au Roi une cellule à la Tour de Nesle, alors croyez que je ferai de vous un casus belli suffisant pour déchausser votre Empereur de pacotille, assez lâches pour ne pas reconnaître Eusaias, trop craintif pour lui déclarer la guerre.
Parfois, je regrette de n'avoir pas occis tous ces impériaux le jour du mariage d'Aranelle. Il eut suffi d'un peu de folie, et nous serions débarrassés de ces engeances urinaires, et au moins, ce jour n'aurait pas été vain.

Elisabeth sera payée, Séverin anobli. Que Zeckiel vous protège. Je tiens à vous tout de même encore. Assez pour que vous allumiez en moi suffisamment de rage pour m'éveiller encore au désir de conquête. Et vous serez conquise Della. Si ma peine et ma souffrance ne vous adoucissent pas le coeur, moi, je me ferai roc, et je viendrai vous ravir, car je ne suis pas dupe. Vous êtes l'otage consentante de Strasbourg.
Priez. Priez Dieu, et songez qu'il vaut mieux s'adresser à lui qu'à ses saints. Ses saints, demain, nous en aurons fait du mous de raisin.

Keridil.

_________________
Della
Ha ! Ha ! Il la cherchait !? Et bien, il la trouverait !

Elle avait d'abord voulu déchirer la lettre, brûler les morceaux. Elle ne l'aurait jamais reçue et zouplà, se frotter les mains et continuer !

Elle avait passé l'alliance à son doigt mais celle-ci avait glissé aussitôt par terre et avait roulé dessous le lourd coffre rempli de vêtements. Bah, on la récupérerait quand on repartirait.

Elle relut la lettre une fois encore.
Elle avait en elle, cette folle envie de répondre mot pour mot à celui qu'elle devait encore appeler époux.
Lui, il venait en quelques phrases de balayer les derniers scrupules qu'elle aurait encore pu avoir. Mais les avait-elle seulement encore ?
Cette lettre aux relents d'Anjou, cette province qu'elle haïssait tant - et l'on voit ici encore qu'elle avait raison de la haïr - venait d'assombrir le ciel merveilleusement bleu de sa petite vie strasbourgeoise.

Alors, elle griffonna plus qu'elle n'écrivit...et plus elle griffonnait et plus elle se livrait...et plus la vérité s'imposait...


Citation:
    Strasbourg, jour ensoleillé.

    Kéridil,


    Enfin une lettre de vous !
    Cela faisait longtemps.
    Merci.

    J'ai fait dépêcher un messager auprès de vos lombards.
    Merci.

    Votre alliance est bien trop grande pour mon doigt. Tant pis. Je vais la conserver dans une malle. Vous en voici délivré.
    Merci de votre attention.

    Messire Wolback est un garde efficace.
    Merci.

    Mon suzerain, le Prince Charlemagne, a eu un caprice et il s'est rendu en Anjou, lui aussi, sans doute y avait-il quelques affaires à régler car je doute qu'il s'amuse à prendre l'épée, il risquerait de se blesser. Ce qui explique qu'il soit là et moi ici.

    Je goûte très mal que vous doutiez de mes gens et de moi par la même occasion. Je sais me tenir et ce n'est pas d'aujourd'hui. Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous.

    Eusaias était mon ami. Angélyque était ma mère.
    Mais cela c'était avant.
    Avant que l'un comme l'autre, ils ne préfèrent trahir l'amitié et le respect que je leur portais.
    Angélyque, après avoir été couverte de son manteau de pair par Eusaias, fut celle qui donna l'impulsion à Maud pour me chasser de la Basilique. Mensonge et hypocrisie furent leurs façons de faire pour dégager celle qui disait un peu trop fort ce que d'autres pensaient tout bas. Voulez-vous sourire ? Alors, je vous dirais qu'aujourd'hui, Angélyque demande que l'on m'assassine !
    Eusaias, juste pour ne pas déplaire à Angélyque, refusa de recevoir l'allégeance d'Alexandre Olund, duc élu par les Bourguignons, soutenant ainsi les mensonges et mauvaises actions d'Angélyque et de ses marionnettes. Pire, il mit sur le siège de duc, Aryahna qui aidée d'Angélyque, prit d'assaut le château de Dijon, jetant dehors les élus de la Bourgogne. Et ne vous fiez pas à leurs annonces car il y eut bel et bien des blessés, dont un clerc.
    J'ai ouvert les yeux et me suis rendue compte combien je n'avais été qu'un jouet pour eux, un moyen de s'assurer du pouvoir, d'asseoir leur renommée. Vous êtes le même jouet entre leurs mains. Vous verrez qu'Angélyque deviendra dauphine à la place du dauphin un jour ou l'autre. A une sorcière rien n'est impossible, n'est-ce pas ?
    Aujourd'hui, je me réjouis de recevoir des messages annonçant que des provinces renient l'anti-roi. Pensez donc, même le Berry tourne le dos à la clique d'Angélyque ! J'en ris en vous l'écrivant.
    Mais je pleure en évoquant le sort des Bourguignons sacrifiés sur l'autel des égos démesurés de ces gens-là.

    Alors oui, je préfère rester à Strasbourg plutôt que de venir me battre contre ceux en qui j'avais confiance et que je respectais parce que je les aimais. Oui, contre eux. Si je me battais, ce serait contre eux, contre vous aussi et contre votre père et tous ceux qui sont assez lâches que pour ne pas reconnaître que le sans nom mène le Royaume !
    Oui, j'aime mieux l'ombre de la cathédrale de Strasbourg plutôt que le face à face avec des gens qui me font horreur aujourd'hui.

    Haïssez-moi autant que vous voudrez, Kéridil. Cela m'importe peu. Vous avez raison, ma tendresse n'a plus rien à voir avec de l'amour. Je ne vous aime plus, je n'aime pas celui que vous êtes devenu. Je vous ai perdu, il y a longtemps, après votre si beau règne sur l'Orléans. Vous étiez fatigué. Je vous ai laissé du temps pour vous reposer. Mais vous ne vous êtes jamais réveillé.
    Aujourd'hui, c'est à moi d'être lasse. Je n'ai plus la force de tenter de vous réveiller, de vous plaire encore. Je ne prendrai pas le voile parce que je recommence à vivre, à retrouver la vie belle, à rire aussi. Depuis quand n'avez-vous pas ri, dites-moi ? Je ne vous jette pas la pierre, j'étais dans le même état que vous. Mais je ne le suis plus et je rends grâce au ciel pour cela. Surtout, ne venez pas me chercher. Restez là où vous êtes, vous y êtes si bien, loin de moi. Rappelez-vous, vous disiez vous-même ne plus souhaiter ma présence à vos côtés ! Alors, laissez-moi vivre ici. Si cela peut vous rassurer, je n'ai absolument aucune envie de me mêler d'affaires politiques et mes quelques conversations avec l'Empereur ne parlent jamais de ce genre de choses, je peux vous le jurer. Je ne suis pas otage, je suis simplement en...repos, je laisse reposer mon corps et mon âme, ne venez pas me déranger, je vous le demande du fond du coeur, laissez-moi vivre cette douceur, accordez-moi cela. C'est je crois, la première fois que je vous adresse une vraie demande, je n'ai jamais abusé de vous ni de votre bonté, alors, laissez-moi vivre encore un peu.
    D'où vous vient cette subite jalousie, dites-moi ? Est-ce l'âge qui vous prend qui vous donne conscience que vous avez bien trop souvent délaissé votre épouse et vous fait connaître l'âpreté de la jalousie ? Ainsi donc pendant des années vous m'avez laissée derrière vous sans même sourciller, vous rendant auprès de votre vassale que vous couviez de ce regard si protecteur et aujourd'hui, alors que vous vous sentez décliner, vous vous mettez à me soupçonner de ne je ne sais quelle abomination ? Allons allons, un peu de sérieux, mon époux ! Et surtout, taisez-vous, ne parlez de cela à personne, de peur que l'on vous prenne pour fou !

    J'ai la pire crainte pour nos enfants, je crains que vous ne décidiez de mourir.
    Vous me menacez depuis longtemps de vous laisser envahir par la mort. Vous m'avez dit déjà que si vous veniez à être blessé mortellement, vous refuseriez de revenir si le Très Haut vous renvoyait. Encore cette fois, vous dites souhaiter mourir.
    Est-ce là l'exemple qu'un père doit donner à ses enfants que celui-là rongé par l'envie de la mort ?
    Il est heureux que Séverin soit auprès d'eux. Je préfèrerais qu'ils soient avec moi, afin d'avoir autour d'eux, une mère souriante et heureuse plutôt qu'un père grincheux et rempli de haine. Je vous le demande encore, laissez-les me rejoindre.

    Je prie, ne vous en faites pas pour cela.
    Moi, je n'ai jamais cessé de prier, contrairement à vous.
    Je n'ai jamais repoussé le Très Haut et je ne le ferai jamais car c'est à lui qu'appartient mon âme. Dois-je vous rappeler que c'est vous qui fûtes la prime raison qui me poussa à me tourner aussi profondément vers la foi ? Lorsque je vous attendais en Bourgogne ou en Orléans, entre la broderie et les cours de chants, il y avait le temps pour la prière et l'étude des textes sacrés dans lesquels je trouvai de quoi nourrir ma solitude. Pensez-vous donc que je fus diaconesse de Blois pour le faire-valoir ? Non pas ! Je le fus parce que c'est ainsi que je pus trouver une lueur d'espoir et la force de continuer à espérer ! Vous m'avez poussée à devenir la fidèle aristotélicienne convaincue que je suis aujourd'hui et vous viendriez me reprocher de prendre le parti de cette Eglise qui m'ouvrit les bras lorsque vous me ne me voyiez même plus ? Est-ce vous qui avez été témoin de mes larmes et ma lente descente vers l'ennui ? Non. Ce fut l'Eglise. Est-ce vous qui m'avez tendu la main lorsque je manquais d'envie de vivre ? Non. Ce fut l'Eglise. Alors aujourd'hui, c'est vers elle que je me tourne et c'est à elle que je jure fidélité plutôt qu'à un roi de pacotille manipulé par une sorcière et ses camarades !
    Jurez tout ce que vous voudrez à l'anti-roi mais surtout évitez de prononcer mon nom lorsque vous le faites parce que moi, je ne leur jurerai plus rien.
    Et de grâce, le jour où il vous jettera comme il jette tous ceux qui ne lui sont plus utiles, ne venez surtout pas pleurer près de moi.

    Voilà, mon époux, ma réponse à votre lettre.
    Puisse-t-elle vous aider à comprendre pourquoi je suis à Strasbourg et pourquoi je ne quitterai pas cette ville.

    Que le Très Haut veille sur vous.

    Della.



_________________
Keridil
Citation:
Della d'Amahir-Euphor !

Votre écriture est infâme, et j'ai peiné à la lire. Je m'y suis abîmé les yeux, et pas que. Je m'abîme à vous lire, il sera grand temps que nous nous abîmions à parler !
Je me fiche de votre mère - et d'ailleurs, vous l'avez voulue, celle là ! Vous n'aviez pas l'excuse de ne pas avoir de famille en vous faisant adopter. Vous avez renié votre nom pour celui de Mirandole. Assumez cela, je n'ai pas à le faire pour vous, et je n'ai pas à souffrir la rancoeur que vous ne devez qu'à vos propres regrets, aux remords de vos choix irresponsables. Moi, je regrette que vous ne l'ayez pas abhorrée plus tôt, votre Bourgogne, peut-être aurions-nous eu une chance sans que vous ne partiez sans cesse, que je doive vous rejoindre, que je parte, et ainsi de suite.

Ne voyez-vous pas que ce combat n'est pas celui de Maud, d'Angélyque, de vous ? Ce combat est celui d'Eusaias contre l'Eglise, un combat injuste, un combat sans équilibre. Ne prenez pas la parole de votre mère pour celle du Roi, comme il ne faut pas prendre celle d'un curé qui serait l'inquisiteur frénétique de quelques Nouvelles chevaleresques pour la parole du Pape.
Mais si vous tenez sottement à faire de cette histoire la nôtre, alors Amen. Nous ne serons pas d'accord, cette fois.
Je ne suis le jouet de personne. Il faudrait encore que je me laisse approcher, pour cela. Della, j'agis seul, et j'ai fait mon choix sans qu'il me soit dicté, et sans doute avec plus de distance que vous, vous qui ne le faites que par plaisir d'opposition. Car c'est de cela qu'il s'agit, non ? Vous vous vengez ! Vous vous vengez de moi, de votre mère. Vous honnissez notre
désamour, un désamour que vous forcez. Je vous montrerai combien je vous déteste, Della. Je vous le montrerai fort. Infiniment.

Ainsi, nous étions dos à dos, toutes ces années ? Quelle nouvelle ! Pourtant, nous étions ensemble dans notre gloire ; nous étions ensemble au Louvre et sur le Trône d'Orléans. Jamais je ne vous ai laissée derrière, et toujours j'ai partagé mon pouvoir. Toujours, entendez-vous ?! Vous l'avez dédaigné, préférant le luxe futile. Soit, je vous l'offrais !
Mais aujourd'hui que je n'ai plus rien à partager, aujourd'hui que je ne suis qu'un sujet, Duc lymphatique à vos yeux, vieillard bancal à pas trente ans, vous me rejetez. Est-ce cela, Della ? Vous aimiez la fougue de la victoire. Comment pouvez-vous me reprocher mes occupations et mes devoirs ducaux, somme toute humbles, quand vous me vouliez Roi ? Et si je l'étais, quoi ? Vous seriez heureuse de ne me jamais voir, et vous seriez Reine. Non, je ne vous offrirai pas cette couronne. Je vous ai offert davantage, et vous le jetez dans une malle. Soit. Faites.
Je n'ai jamais eu la moindre tendresse coupable pour ma vassale. Elle était frêle, et elle avait besoin de moi, elle : j'y répondais.
Vous, qu'étiez-vous ? Dure comme la pierre. De quoi vous aurais-je protégé ? Vous avez toujours joué l'homme, le roc sans émotions. Votre réserve, je la vomis aujourd'hui : sans elle, peut-être aurais-je su qu'en dessous de vos robes, il y avait une femme souffrante, une femme, simplement. Vous êtes un monstre de froideur. C'est vous qui avez changé, ou alors, j'étais aveuglé par quelques charmes.

Bien sur que vous priiez le Très Haut. Bien sur. Mais ne me reprochez pas de n'avoir pas été présent. Et si j'étais absent, c'est que jamais je ne vis l'ombre d'un besoin de moi. Vous saviez pourtant qu'au premier mot, je quittais tout, j'accourais pour vous. Osez prétendre le contraire. Osez, seulement.
Non, Della. J'ai été la douceur même avec vous. J'ai été l'époux que vous vouliez : jeune, à la fougue ambitieuse, j'ai été celui qui vous a décroché les étoiles, et qui à la moindre de vos aigreurs venait vous porter des douceurs. Ce que j'ai fait, et que vous me reprochez sans honte, c'est parce que j'avais la certitude que vous le vouliez. Vous étiez la vassale de Béatrice, vous avez le sang noble, vous étiez promise à des barons, à des princes, et moi je ne vous apportais rien. Je les ai dépassés, et pourquoi ? Pour vous voir vous réfugier dans cet Empire traître et trop grand. Je ne vous fais plus confiance, Della.

Della, tous vos caprices, je les ai apaisés. Tous vos désirs, j'ai voulu les combler. Je m'y suis tué, je crois. Aujourd'hui, c'est à mon tour de vouloir, c'est à mon tour d'exiger. Non. Votre demande est vaine, archi-vaine. Je ne vous laisserai pas en paix, car je veux une paix moi aussi, et pour elle, j'ai besoin de vous.
Revenez de gré. Sinon, moi, je vous promets que la cathédrale de Strasbourg n'aura plus d'ombre à vous faire.
Revenez de gré, sinon, ce sera de force.
Nous nous sommes liés devant Dieu. Jetez, perdez, faites-vous voler toutes les alliances du monde, vous êtes mienne, et vous avez juré de l'être dans toutes les circonstances du monde. N'est-ce rien pour vous ? Qu'importe, c'est tout pour moi.
Je ne mènerai pas mes enfants à vous. Je ne les livrerai pas à l'Empire qui a pris mon épouse. Mais vous, je vous en tirerai, et je vous rendrai à eux, où est votre place !

Voilà, mon épouse, comment j'aurais du vous prendre il y a longtemps.
Voilà, mon épouse, l'époux que vous méritiez, pour ce que vous en avez fait.

Adieu.

K.

_________________
Severin_de_volvent
Citation:
Della, ma chère cousine,

J’espère que ces mots te trouveront bien portante.
A Montpipeau tout va. Nous évitons de nous rendre en Orléans et j'ai interdit aux domestiques en charge des enfants de sortir du château. Une vilaine épidémie sévit apportée par l'armée ennemie qui a tenté en vain de faire tomber la ville.

Je comprends tes inquiétudes quant à l'avenir, je les partage.
Tu es bien plus avertie que moi des affaires du royaume mais j’entrevois déjà de grands troubles.

Je ne sais encore quelle voie choisirons Kéridil et Davia, mais jusqu’à ce que cela ne fasse plus de doute nous devons avoir la force qu’il leur manque.

J’entends ton impatience face à la conduite de Kéridil, mais autant que lui et Davia nous devons rester forts. Libère ton cœur de la colère et de l’amertume, puise dans la force de tes prières assez de compassion pour pardonner à Kéridil son égarement. Les épreuves de la vie changent le cœur des hommes, mais je sais que Kéridil garde encore au fond de lui l’amour et l’admiration qu’il t’a toujours témoignés. Il retrouvera la raison, et toi l’époux que tu connaissais.

J’ai longtemps recherché la paix Della, celle du cœur et de l’esprit que j’entrevois seulement à présent que ma vie se trouve changée.
J’ai moi-même traversé des épreuves qui m’ont emmenées à douter du sens même de l’existence, et un instant Della, j’ai perdu la foi, un court instant car aussitôt ton frère Eldwin s’empressât de me sauver.

Cette main qui me fut tendue dans la tourmente, je m’emploie à la tendre à mon tour, à Kéridil, à Davia, à toi, ma sœur.

L’égoïsme n’est pas un péché. Nous aspirons tous a contempler le bonheur, mais bien souvent nous nous heurtons à des illusions encore plus par temps troubles.
Sois prudente et reste fidèle à ton cœur et à tes principes. Tu es sans doute la personne la plus droite et la plus avisée que je connaisse et je ne doute pas que tu sauras prendre soin de toi et de ton âme.

Je prie pour toi, pour Kéridil, pour Davia, pour le Royaume.
Qu’Aristote te garde.

Severin.

_________________
Della
Citation:
    Séverin,
    Mon Cousin.


    Bonjour.


    Tu as bien fait de prendre de telles dispositions pour les enfants.
    Ne les laisse pas quitter Montpipeau, veux-tu ? Ni maintenant ni plus tard. J'ai tellement peur de ces fous aveugles qui suivent l'anti-roi ! J'aimerais tant que vous soyez tous ici, près de moi, les enfants et toi ! J'ai demandé à Kéridil de laisser venir les enfants mais il refuse. Il a été odieux dans ses deux dernières lettres, jusqu'à m'accuser d'être ici pour me faire courtiser et enfin, il avoue qu'il ne m'aime plus, même, qu'il me déteste. Je l'ai supplié de me laisser tranquille, de me laisser me reposer et de ne pas penser à ce que vit la Bourgogne aujourd'hui mais il menace de venir me chercher manu militari si je ne rentre pas ! Mais je ne partirai pas d'ici.
    Sais-tu que Angélyque de la Mirandole a fait posé des affiches avec des listes de noms de gens qu'elle veut faire tuer et sais-tu que mon nom est dessus ? Vois, Séverin, vois comme ces gens, amis de l'anathème, se comportent avec leurs proches ! Aurais-tu imaginé, toi, que Angélyque et Eusaias demandent un jour ma mort ? Te souviens-tu comme je parlais d'eux, comme je les aimais, comme je me suis démenée tant pour elle que pour lui quand leur situation était délicate et que Vonafred voulait qu'ils soient pendus ? Hé bien...aujourd’hui, je me rends compte comme j'ai été dupe et naïve. Comme je regrette, Séverin, comme je m'en veux.

    Non, je ne rentrerai pas en France. Ni aujourd'hui ni demain, peut-être jamais.
    La paix, Séverin, je la cherche aussi et je commençais à la retrouver ici, doucement, partageant mon temps entre les promenades et la prière et voilà que Kéridil voudrait que je balaye tout ça pour replonger dans les tourments. Alors, je dis non.
    Il menace, mais il ne viendra pas, j'en suis certaine. Et s'il venait, il faudrait qu'il me tue pour me ramener parce que je ne me laisserais pas faire et je saurais bien où me cacher pour qu'il ne me trouve pas !

    Je ne doute plus à présent, je sais qu'il est devenu fou.
    S'il revient à Montpiepau, je te demande de bien veiller sur mes enfants afin qu'il ne s'en approche pas trop, qu'il ne les contamine pas de sa folie.

    Pardonne-moi de libérer mon coeur auprès de toi et de t'infliger ce triste constat mais j'ai tellement confiance en toi, tu me manques, Séverin, Eldwin me manque, je me sens tellement seule parfois. Heureusement, je puis compter sur Isandre et Clarinha pour me tenir compagnie et puis, j'ai aussi quelques amis qui me font sourire...

    Clément est grand maintenant, assez grand pour recevoir le cadeau que je lui ai promis : un cheval.
    Ce sera un poney évidemment mais évite d'utiliser ce mot lorsqu'il l'aura, préfère monture ou même cheval.
    L'animal devrait arriver bientôt à Montpipeau, c'est Dame Elisabeth Stilton de Vaisneau qui le fera venir. Tu dois la connaître, elle est un peu Bourguignonne, elle aussi, par sa mère.
    Ne dis rien à Clément avant que le cheval ne soit arrivé, s'il te plait.
    Et quand le jour arrivera, dis-lui que sa mère a tenu sa promesse et qu'elle l'aime très fort.
    Je joins une petite lettre, pour lui, tu la lui liras pour moi.

    Pardonne-moi pour cette lettre bien pessimiste.

    Que le Très Haut te bénisse.

    Fraternellement,

    Della.





Citation:

    Mon Clément chéri,
    Mon Fils adoré.


    Comment vas-tu, mon trésor ?
    Séverin me dit que tu es bien sage, je te félicite.
    As-tu encore défendu le château contre les méchants ?
    Je suis certaine que tu gagnes à chaque fois.

    Tu me manques beaucoup, sais-tu.
    Je regrette de ne pas t'avoir emmené avec moi mais il fait tellement froid, sur les routes que j'avais peur que tu ne tombes malade.
    Peut-être au printemps, lorsqu'il fera meilleur, viendras-tu me rejoindre.
    Tu dois me promettre de bien écouter Séverin et de lui obéir, il veille sur toi à ma place parce qu'il t'aime autant que je t'aime.
    N'oublie pas de faire tes prières.

    Je t'embrasse bien fort, mon Clément.

    Maman.



_________________
Clement.lexhor
Le jeune garçon du haut de ses presque 6 printemps était tout à son occupation favorite, c'est à dire de faire la guerre ou le juge, pour l'heure c'était le chevalier défendant son domaine contre la servante qui voulait ranger sa chambre, mais lui ne voulait pas s'était une intrusion dans son royaume imaginaire.

Soudain le précepteur arriva et stoppa les jeux pour lire une lettre à Clément, le garçonnet était tout heureux.

- Ze peux répond'e à moman ? Pilteplaiiiit.

Il apprenait encore à écrire, ce fut donc un secrétaire qui écrirait sous la dictée de jeune blondinet, mais il avait insisté pour écrire "maman".


Citation:

    M A M A N (manuscrit du fiston)

    Je suis bien content de recevoir une lettre de toi, je suis bien sage, si si, c'est vrai, je pète plus dans mes mains comme tu me l'as dit et d'ailleurs je cause plus au fils du boulanger, il pue.

    Dorante il a mit son doigt dans son nez ce matin, je lui ai dis que c'était pas bien et que si tu avais été là tu l'aurais grondé.
    Puis tu me manque aussi, même que Dorante a pleuré hier aussi car papa et toi n'êtes pas là, enfin je crois, il est si petit. Oui Papa aussi me manque, il pourra venir avec nous te voir dans ton pays tout froid ? Ici on a de la neige, mais on a pas le droit de sortir sinon Séverin fait les gros yeux, et moi j'aime pas les gros yeux, mais c'est nul quand même car j'aimerai bien jouer avec mon petit frère dans la neige. On est peut-être punis, mais on ne le sait pas.

    Je prie le matin et le soir, pour que toi et papa vous soyez ici avec nous.

    C L E M E N T (manuscrit du fiston)



Il signa aussi le vélin doucement avec application, mais PAF la plume a ripé et a fait un pâté d'encre à coté de son prénom, cela le fit rire.
La lettre fut remise à Séverin pour être expédiée.

En attendant le jeune héritier appela à l'aide Dorante pour reprendre la chambre qui était en train d'être rangée. Les frères faisaient ensemble la guerre pour reconquérir leur territoire. Bien que le cadet lui était à quatre patte, dure la vie de bébé.

_________________
Severin_de_volvent
Même si le style littéraire de la lettre de Clément laissait à désirer, Séverin la laissa telle, luttant contre l'envie irrépréhensible de la réécrire.
Il savait qu'au déla des mots aussi naturels qu'innocents, Della retrouverait ainsi un peu de son fils et c'était bien là l'essentiel.

Il adressa au petit garçon un sourire crispé et disparut à son pupitre rédiger la réponse à la lettre qu'il avait reçue le jour même.



Citation:
Della,

Tu trouveras jointe à la présente une lettre de Clément. Il l'a dictée lui même.
Je prend note de l'arrivée prochaine de son cadeau, nous pourrions organiser une petite fête s'il plaît à dame Elisabeth de se joindre à nous.

Je suis très inquiet autant pour toi que pour Kéridil. Qui aurait cru que vous puissiez un jour vous déchirer ainsi. S'il a perdu la raison, qu'en est il de toi Della face à tous les maux que tu me conte ?

Ce que tu me racontes sur notre Bourgogne m'attriste. Plus encore je suis accablé de lire que ceux que tu chérissais se retournent contre toi. Tu as changé bien de fois de nom Della mais sais tu aujourd'hui encore qui tu es ?

Hier tu appelais la Mirandole ta mère, le jour d'avant tu défendais celui qui aujourd'hui est anathème envers et contre ton époux alors fidèle à son roi. Les hommes ne changent pas Della, ils n'expriment que ce qui est enfoui au fond d'eux, le meilleur, comme le pire, au gré du temps et de la vie. Ne regrette rien ,tire en des leçons.

Tu as un grand coeur, qui a souvent guidé des actes, tu n'as pas l'âme calculatrice de ces assoiffés de pouvoir capable de trahison et de vilénies, mais prend garde qu'un jour ce ne soit toi que l'on accuse d'inconstance.

J'aurai préféré t'avoir ici à Montpipeau avec nous. Je n'approuve pas les méthodes de Kéridil, ni les menaces qu'il fait peser sur toi, mais tes enfants ont besoin de toi et je pense que si Kéridil te veut de retour c'est bien pour être certain que tu sois en sécurité, auprès de vos fils, dans un monde ou il aurait encore envers toi quelconque incidence.

Je prierai davantage et écrirai à Kéridil pour lui faire entendre raison.
En ces temps cruels qui pourrait blâmer un homme de manquer de discernement ?

Tu dis ne vouloir revenir jamais . Mais pourrais tu jamais ne revoir tes fils ? Après la Prudence, j'en appelle à la tempérance Della. Il n'est de pires décisions que celles prises dans la confusion des émotions.

Je ne te juge pas . Vous êtes avec Davia des femmes fortes, suffisamment pour décider de votre destinée, faire vos choix et quels que soient les tiens, je te reste, cousin, frère, ami.

Pour l'heure je m’inquiète de ta protection. Je pense que là ou tu es des dispositions seront prises, mais au cas contraire, un mot et je dépêche des hommes auprès de toi.

Ne nous laisse pas sans nouvelles et prie sans relâche.
Le ciel nous sera clément.

Severin.

_________________
Della
Citation:
Séverin,
Mon autre.

Bonjour.


Pourquoi tes lettres m'apaisent-elles autant alors que tu pointes toutes mes erreurs et tous mes errements sans rien m'épargner ?

Si les hommes ne changent pas, qu'en est-il des femmes, Séverin ?
Ai-je toujours été ainsi ? Changeante, mouvante, impossible à saisir ? Cette froideur que Kéridil me reproche et cette fermeté avec laquelle j'ai mené mes affaires pendant ces années, tout cela n'était-il que poudre aux yeux ? Ne suis-je donc que cette pauvre femme que je vois maintenant dans mes miroirs, hésitant entre les larmes et les rires, qui réalise qu'elle s'est trompée d'amitiés et d'amours, qui voudrait disparaitre sans jamais réapparaître ? Me suis-je donc trompée toutes ces années sur les gens que je croisais au gré de ma vie ? Dans ce cas, quelles mauvaises surprises vais-je encore découvrir ?

Kéridil me parlait de prendre le voile. Peut-être alors a-t-il raison et devrais-je me cloîtrer, ne plus jamais m'exposer au risque de la déconfiture si je la supporte si mal.

Mes enfants me manquent mais je ne veux pas revenir.
J'ai pleuré en lisant la lettre de Clément, mais je pleurerais encore plus si je revenais et je ne veux pas qu'il me voit pleurer.
Peut-être est-ce que le bonheur que je vis ici n'est qu'éphémère et peut-être vais-je encore m'apercevoir que tout ce en quoi j'espère n'est que brume et rêve perdu. Tant pis. J'en ai besoin, pour le moment, pour m'étourdir et oublier mes déceptions. Illusion ? Oui, peut-être. Je verrai.

Merci de t'occuper de mes enfants comme tu le fais.
Fais une fête pour lui, oui ! Elisabeth sera ravie de se joindre à vous, j'en suis convaincue.

Comment se porte ton fils ? Traverse-t-il l'hiver avec vigueur ?
As-tu des nouvelles de ton épouse ?

Je prie, Séverin, je prie beaucoup.

Fraternellement.

Della.


Citation:
Clément,
Mon trésor.

Comme tu écris bien !
Ta lettre m'a fait très plaisir, merci.

Je vois que tu fais de grands progrès et que tu veux devenir un grand chevalier aux bonnes manières. Je suis fière de toi.

Bien sûr, vous pourrez venir me voir mais les routes ne sont pas sûres, pour le moment, il y a beaucoup de soldats et des brigands aussi. Alors, il faut attendre un peu.

Je suis certaine que vous n'êtes pas punis, Dorante et toi, seulement Séverin ne veut pas que vous preniez froid et il a raison ! Il faut toujours bien obéir à Séverin, il est gentil et veille sur vous pour moi.

Prie, mon fils, n'oublie pas de prier, le Très Haut nous entend et Il veille sur nous parce que nous L'aimons et qu'Il nous aime.

Je te fais plein de bisous.

Maman.

_________________
Della
Citation:
    Strasbourg, janvier 1461, journée ensoleillée.

    Angélyque,

    Bonjour.


    J'ai la sensation que je vais regretter ce courrier mais comme je me sens de mieux en mieux, de plus en plus d'humeur guillerette, j'ai envie de vous l'écrire car rien ne pourrait éteindre ma joie de vivre, pas même l'évocation de votre personne.

    J'ai appris que vous mettiez ma tête à prix. Je ne sais si je dois prendre cela comme un compliment ou comme une insulte. Ce que je sais, c'est que cela me fait sourire doucement. Vous montrez donc votre vrai visage, celui d'une femme qui ne recule devant rien pour assouvir son ambition et sa soif de plus encore.
    Que n'ai-je vu cela plus tôt.
    Et pourtant, vous m'aviez déjà laissé entrevoir certains signes mais moi, trop naïve, je ne les voyais pas alors qu'ils étaient aussi gros que les montagnes de Savoie.
    Les exemples sont nombreux de gens que vous avez portés aux nues avant de les piétiner après leur avoir sucé tout ce qu'ils pouvaient vous donner. L'inverse est vrai aussi, un jour vous crachiez sur quelqu'un et le lendemain, il devenait votre ami au prorata de ce qu'il pouvait vous offrir en retour.
    J'ai pourtant le souvenir de vous lorsque vous portiez la Bourgogne, vous sembliez tellement sincère... Je vous aimais alors. Mais un jour, les masques tombent et les rides que l'on découvre sous les artéfacts sont bien vilaines. C'est votre jour, on dirait. Mais vous n'êtes pas seule sur la scène du grand théâtre de la vérité qui éclate, tous ceux qui sont restés vos gentils moutons ont droit à un rôle également. Combien de temps tiendront-ils ? A voler trop haut, on se brûle les ailes.

    J'ai aussi beaucoup ri quand j'ai appris que vous crachiez sur l'Empire et les Impériaux. Il m'est alors revenu le souvenir de la période où vous vous laissiez courtiser par Charles de Talleyrand. Vous pensiez même au mariage à cette époque. Il est vrai qu'il était duc de Savoie, ce qui vous aurait permis de vous targuer d'un titre impérial. Ce serait drôle, aujourd'hui si vous aviez épousé Charles, ne trouvez-vous pas ? Il me souvient comme vous parliez de lui avec admiration et combien aussi vous avez décrié l'épouse qu'il a choisie à votre place, jalouse que vous étiez.
    Figurez-vous que j'ai la joie de rencontrer Charles de temps à autre, au Palais de l'Empereur. Il est Grand Maistre de la Maison Impériale et lorsque je rends visite à Flavien - l'Empereur - qui est un ami de longue date (dont vous voulez aussi la tête, si je ne me trompe pas) et bien, nous discutons avec grand plaisir. L'autre jour, nous parlions de vous, je lui racontais que vous vouliez ma mort et cela ne l'a pas étonné. Il m'a confié que s'il n'était pas allé au bout de la cour qu'il vous faisait, c'est qu'il avait bien senti que vous étiez une grande intrigante et que vous ne l'aimiez que pour sa position. Il va bien, il est très heureux et se réjouit de me savoir à Strasbourg, loin de vous.

    Je ne parlerai pas du conflit en Royaume, je ne me sens guère concernée ici.
    Je préfère profiter du repos que cette ville me procure ainsi que des distractions que j'y trouve et qui me rendent l'humeur heureuse que j'avais perdue en Bourgogne à trop vous voir courtiser l'hérétique Falco, ne sachant que faire pour lui plaire, y compris lui céder la dignité de la Bourgogne.
    Avant de poser ma plume, je voudrais vous remercier. Oui, parce que sans vous et votre intervention au conseil ducal, concernant mon travail, je n'aurais pas pu avancer mon départ. Là, j'ai pris une dizaine de jours d'avance et ma foi, je dois dire que j'ai pu partir le coeur léger. Merci.

    Adieu.

    Della d'Amahir-Euphor.



_________________
Della
Della avait déjà pu remarquer qu'elle attirait le regard de certains hommes. Ce qui la flattait énormément, vous vous en doutez.

Or, voilà qu'un certain jour, elle reçut un poème d'un admirateur.
Cela lui fit venir le rouge aux joues et elle soupira longuement en le lisant.
C'est bien précieusement qu'elle rangea le vélin, se promettant de relire ces quelques vers lorsqu'elle se sentirait seule et abandonnée.




Citation:
    Je ne peux te voir ni te toucher
    Je ne peux te serrer ou t'embrasser Je ne peux que t'imaginer
    Dans les brumes de ma pensée.
    Quand les vagues de l'émotion me submergent
    De mon inconscient tu émerges

    Telle une sirène des profondeurs bleutées
    Tu viens me parler à mes côtés.
    Tu nages alors à travers mes pensées
    M'accompagnant partout où je vais. ...

    Tu as déposé dans mon coeur une perle sacrée
    Une étoile bleutée que représente notre amitié.( même si l'on ne se connais pas ^^)
    J'en suis maintenant le gardien
    Au plus profond de mon être
    Malheur à ceux qui voudraient qu'elle s'arrête

    Petite sirène de mes pensées
    J'espère un jour te rencontrer
    En attendant ce jour
    La perle de notre amitié Brillera dans mon coeur à jamais...

      Dardus de La Rosas


[Auteur anonyme]
_________________
Elisabeth_stilton
Citation:


A Strasbourg.
Pour Della d'Amahir Euphor.


Citation:
A Della d'Amahir Euphor,
D'Elisabeth Stilton de Vaisneau,

Le bonjour à vous aussi,


    Les nouvelles sont mauvaises. Oh notre famille ne va pas mal, bien que Gautier et moi avons été malade. Je lui avais bien dit de ne pas aller en terre sarrasine mais il n'en fait qu'à sa tête. Il a ramené une cochonnerie de là bas. Enfin tout le monde est sain et sauf. On ne peut pas en dire autant de la Bourgogne. Enfin je suppose que vous savez ce qu'il ce passe et que je n'ai point besoin de vous conter les mésaventures que connaissent nos compatriotes.

    Un poney ? Il est déjà si grand ? Enfin je dis cela alors que je montais déjà à trois ans.
    Vous pouvez compter sur moi. Mes chevaux sont déjà à côté de Chartres aussi il ne me sera pas difficile de les mener à Montpipeau.
    J'ai deux montures à présenter à Clément, de la même race que celui que Mère vous a vendu il y a de cela de nombreuses années maintenant.
    Se sont de bon camarade de jeux mais aussi très endurant et très doux. Ils ont été dressé par mes soins et son en fin d'apprentissage ce qui permettra de les adapter à Clément.
    Il pourra choisir la monture qu'il préfère alors. Il n'y aura pas meilleure monture que celle là pour lui, éventuellement aux Grandes Ecuries Royales et encore.

    Je rejoins votre fils le plus vite possible. J'imagine qu'il ne doit pas être heureux d'être séparé de ses parents aussi je vais essayer de combler son temps libre avec ces merveilleuses créatures.

    Que le Très Haut vous protège.

    Amitiés



_________________

© Auroreblack - Cherche ecuyer pour venir en joutes avec moi !!!
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