Saorii
C'est le froid qui la réveille. Elle ouvre un il difficilement. Un brun entre dans son champ de vision, puis un feu qui se meurt, et au loin, la mer qui vient lécher le rivage. Et là, ça se bouscule dans sa tête, des mots dont l'essence lui échappe et qui se mettent à vivre tout seuls.
Un roman bourré de tics, au mental bien senti, sillonnait la plage de ses pas amoureux.
Elle considère cette première phrase matinale avec sa conscience émergente, tandis qu'elle s'étire comme une chatte repue. Ça se remet dans l'ordre doucement, ça prend forme petit à petit, c'est rose, consistance guimauve, c'est consternant. C'est romantique, sentimental, passionné. Une plage, et des amoureux.
Un sourire ironique s'accroche à ses lèvres, qui s'éteint quand elle se tourne vers son compagnon endormi. Cliché éculé, peut-être bien, mais qu'il est beau ainsi, la tête planquée dans son coude, avec des vagues de mèches folles qui se font la malle, les paupières closes sur deux mirettes couleur de flotte qui prennent un repos bien mérité, vu qu'en activité elles passent leur temps à contrarier l'apesanteur, mettant en péril l'équilibre de la gente féminine. C'est donc investie d'une mission vengeresse qu'elle vient poser ses lèvres dans cette débauche de mèches brunes. Puis après les lèvres, c'est tout le reste qui se pose, vient épouser la chaleur de ce corps qui sort du sommeil, se fondre en lui. A défaut de feu, on se réchauffera autrement. Elle le bouscule, s'amuse à le violenter un peu, déjà fiévreuse. Lèvres mordillées, mains fébriles qui se lient, cherchent, doigts qui s'entremêlent, guident, trouvent... Manque qui se crée dans le creux de son ventre et qu'il vient délicieusement effleurer de ses...
Soudain, c'est comme un intrus qui surgit entre les soupirs des deux bruns et le gémissement du ressac. C'est régulier, c'est familier, ça sonne comme une porte de taverne qui s'ouvre tard dans la nuit. Des bruits de pas dans le sable. Elle lève la tête, et plisse les yeux pour distinguer la silhouette qui s'approche. Elle vient vers la dune qui les abrite, à n'en pas douter. Vers eux, même, plus précisément. Ça n'sent pas la guimauve, cette fois, mais plutôt les ennuis. Quelques ajustements d'étoffe que la décence exige, et la brune se compose un visage de circonstance. Le genre chien de garde, pas aimable et prêt à mordre. Mais c'est l'ahurissement qui vient s'y incruster rapidement quand est brandi sous son nez un parchemin incongru en ces lieux idylliques. Un scel bien conventionnel, pas du style de ce que lui envoient ses quelques amis disséminés dans le royaume. Le brun a le sien aussi, pas de jaloux. Elle interroge le messager de ses yeux fauves, les siens lui renvoient mépris et envie de partir au plus vite, ce qu'il fait illico, après avoir embrassé leur couche impromptue d'un regard de dédain. Comme dirait quelqu'un qu'elle connaît, la sentence est sans appel.
Y'a plus qu'à ouvrir. Et lire, les yeux écarquillés par la stupéfaction. Et se fendre la poire.
Un roman bourré de tics, au mental bien senti, sillonnait la plage de ses pas amoureux.
Elle considère cette première phrase matinale avec sa conscience émergente, tandis qu'elle s'étire comme une chatte repue. Ça se remet dans l'ordre doucement, ça prend forme petit à petit, c'est rose, consistance guimauve, c'est consternant. C'est romantique, sentimental, passionné. Une plage, et des amoureux.
Un sourire ironique s'accroche à ses lèvres, qui s'éteint quand elle se tourne vers son compagnon endormi. Cliché éculé, peut-être bien, mais qu'il est beau ainsi, la tête planquée dans son coude, avec des vagues de mèches folles qui se font la malle, les paupières closes sur deux mirettes couleur de flotte qui prennent un repos bien mérité, vu qu'en activité elles passent leur temps à contrarier l'apesanteur, mettant en péril l'équilibre de la gente féminine. C'est donc investie d'une mission vengeresse qu'elle vient poser ses lèvres dans cette débauche de mèches brunes. Puis après les lèvres, c'est tout le reste qui se pose, vient épouser la chaleur de ce corps qui sort du sommeil, se fondre en lui. A défaut de feu, on se réchauffera autrement. Elle le bouscule, s'amuse à le violenter un peu, déjà fiévreuse. Lèvres mordillées, mains fébriles qui se lient, cherchent, doigts qui s'entremêlent, guident, trouvent... Manque qui se crée dans le creux de son ventre et qu'il vient délicieusement effleurer de ses...
Soudain, c'est comme un intrus qui surgit entre les soupirs des deux bruns et le gémissement du ressac. C'est régulier, c'est familier, ça sonne comme une porte de taverne qui s'ouvre tard dans la nuit. Des bruits de pas dans le sable. Elle lève la tête, et plisse les yeux pour distinguer la silhouette qui s'approche. Elle vient vers la dune qui les abrite, à n'en pas douter. Vers eux, même, plus précisément. Ça n'sent pas la guimauve, cette fois, mais plutôt les ennuis. Quelques ajustements d'étoffe que la décence exige, et la brune se compose un visage de circonstance. Le genre chien de garde, pas aimable et prêt à mordre. Mais c'est l'ahurissement qui vient s'y incruster rapidement quand est brandi sous son nez un parchemin incongru en ces lieux idylliques. Un scel bien conventionnel, pas du style de ce que lui envoient ses quelques amis disséminés dans le royaume. Le brun a le sien aussi, pas de jaloux. Elle interroge le messager de ses yeux fauves, les siens lui renvoient mépris et envie de partir au plus vite, ce qu'il fait illico, après avoir embrassé leur couche impromptue d'un regard de dédain. Comme dirait quelqu'un qu'elle connaît, la sentence est sans appel.
Y'a plus qu'à ouvrir. Et lire, les yeux écarquillés par la stupéfaction. Et se fendre la poire.
Citation:
En ce jour du 08 mai 1457, nous Bentich procureur du Languedoc mettons en accusation Saorii pour trahison, en effet suite à la loi partial, cette personne se trouve sur le territoire du Languedoc sans autorisation.
Au moins, ils manquent pas d'humour. La loi partiale... Voilà qui s'annonce de but en blanc et sans détours. Et trahison, rien que ça. Pour quel odieux crime ? Brigandage, esclavagisme, meurtre, espionnage ? Que nenni. Apparemment, ils ont trahi le Languedoc en choisissant d'y traîner leurs basques. - "Je te l'avais dit chéri, la mer comme voyage de noces, c'est surfait." Sourire complice et moqueur. Ils se regardent comme les deux hors-la-loi qu'ils sont désormais. Des mois sur les routes, des dizaines de duchés traversés, un tour du Royaume complet, et même plus. Et premier procès sur une plage. Pourvu qu'ils les mettent dans la même cellule, ils vont leur repeupler le Duché en moins de deux, de vrais petits languedociens du crû.
C'est dit, la justice des hommes n'est plus impartiale. C'est avoué, consenti, écrit noir sur blanc sur deux parchemins jetés dans le sable.
Deux étrangers s'enlacent au pied d'une dune, et bientôt, les cris des traitres viennent se mêler à ceux de l'eau et des mouettes. Tiens d'ailleurs, elles ont leur laisser-passer en bonne et due forme, elles ?
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SAO.