[Dans un obscur et anonyme recoin du campement de l'armée la Fureur]
Les sentiers de la guerre
(On m'aurait menti?)
Il aurait voulu soustitrer son texte "récits de combats". Mais pour cela il aurait fallu combattre.
- A moins que j'écrive combat en deux mots?
Bon. Guatezuma avait décidé de mettre par écrit ses expériences militaires. Le premier fait, vécu il y a plus de dix ans, était trop flou dans son esprit ( et pas assez glorieux ) il le gardait pour plus tard, quand il aurait matière à comparaison.
Le second tenait en quelques lignes.
PREMIERE CAMPAGNE
Marché un peu plus d'une semaine. Avons pris une capitale vide. Le palais était gardé par un pécari qui ronflait.
Sommes rentrés chez nous. Avons eu droit à un festin pour nous honorer/remercier.
Par la suite, le Vison l'avait recontacté. Tu veux du combat? C'est l'occasion.
Ah, ça! Il était heureux GUatezuma, que le Grand Vargas lui écrive en personne pour rejoindre sa troupe.
Faut dire qu'il l'avait connu, enfant encore, puis adolescent, à Axotla. Il avait écouté les récits de bataille, en taverne, avec tant de détails qu'il pensait savoir ce que c'était que le bruit d'un crâne metz fracassé par une massue.
Vargas en avait tant massacré que Guatezuma fut longtemps persuadé que le Metzitlan avait été rayé des cartes, et plaignait les ignorants qui croyaient à son existence.
Tout s'enchainait, c'est pour cela qu'on se battait surtout entre Tlaxcaltèques, il n'y avait plus d'ennemis.
DEUXIEME CAMPAGNE / PREMIERE BATAILLE
Il semblerait que le Metzitlan existe toujours.
On m'aurait menti? Des guerriers me l'ont affirmé. Comment font-ils pour être riches, ces Metz, après tout ce qu'on leur a pillés? J'ai apris cela au moment de la première bataille, alors que nous prenions exactement le chemin opposé. Nos ennemis sont des lâches, ai-je entendu, qui attaquent à sept contre un. En même temps, si nous on n'attaque pas... ma massue était pourtant si bien affutée...
La guerre, ce ne serait que marcher, marcher, marcher?
Pourtant, Guate avait aussi entendu les récits de Mayca - dans son groupe un jeune guerrier lui ressemblait, ce devait être son arrière ou arrière-arrière petit-fils. De léliga - paix à son âme! - morte si connement, et loin d'un champ de bataille. De Tata Kay, qui assurait qu'elle réussissait à faire la guerre sans donner un seul coup de massue. Elle avait dû prendre plein de capitales...
Une qui ne lui aurait pas menti?
La guerre ça devait bien vouloir dire se battre, fracasser, démembrer, éventrer, éviscérer?
Forcément, à un moment ou à un autre?
Temps d'hésitation, nouveaux mots qui se forment, destinés à être lus plus tôt.
Une premièrelettre était destinée à Ikati, la fille de Léliga, restée à Axotla
Ma soeurette chérie
Je te confie mes premiers écrits de la guerre. Prends en soin, s'il te plaît, on ne sait pas ce qui pourrait m'arriver.
Je suis dans l'armée la Fureur.
La guerre c'est dangereux, j'ai failli glisser sur des excréments de lama il y a deux jours. J'ai entendu des bruits de combat, les nôtres qui se faisaient massacrer par l'ennemi. Ne me demande pas pourquoi on n'a pas été les aider, il y a des secrets stratégiques que je ne peux pas révéler, même à la cheftaine de la police. La stratégie de ta mère, pour simpliste qu'elle était ( on fonce dans le tas, on tape, on réfléchit après, en comptant morts et blesés )est bien dépassée aujourd'hui.
Je vois régulièrement Mayca. Il se porte bien - enfin comment on peut se porter à son très grand âge.
Prends soin de notre police et surtout de toi.
Bises fraternelles
Une autre lettre était destinée au généralisime de l'Orient, que le jeune guerrier n'osait déranger pour de pareilles vétilles.
Grand Général
Les critiques fusent, jusque dans nos camps, où la stratégie mise en place n'est pas toujours bien comprise, mais sache que je suis prêt à me battre, et que je garde toute ma confiance en nos admirables stratèges. Avec l'arrière-petit fils de Mayca, on a payé des tournées en taverne pour remonter le moral des troupes. Cela semble avoir marché, après ils n'arrêtaient pas de beugler: "On peut gagner, on peut gagner!"
J'ai hâte d'en découdre et d'affronter l'ennemi.
Salue le noble vieillard nymphettomane de ma part.
Guatezuma
PS: Je ne comprends pas encore tout de l'humour guerrier. Pourquoi les soldats éclataient-ils de rire quand après avoir crié "On peut gagner, on peut gagner " ils ajoutaient " sur un malentendu"?
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Vingt-trois ans et six lunes pleines. Parti en courant de la hutte paternelle. Doit à son père un don certain pour l'esquive. Futur découvreur de monde.
Ex tlatoani et calpullec.