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[RP]Tro Breizh du renouveau.

Guigoux
Rohan, dernier jour:

J'ai vu Pelotine, Eliotte, Celiano, Anasriana, Airina, Idana, Niark, Pat.

Pat, elle va pas fort Pat. Doo doute, et Pat aussi. C'est mauvais le doute dans un couple. Et si je me tourne sur moi même je me dis qu'en Bretagne c'est la saison des merdes amoureuses. Boarf, c'est peut-être partout pareil. Remarquez, Anastriana a souligné le fait qu'on c'était les Feux de l'Amour. Alors... Je sais pas ce que c'est, mais ce doit être bien chiant.

Pelotine a été bizarre. Elle s'est mise à sauter partout dans la taverne pour que le bébé vienne vite. Pi après elle m'a demandé de l'aider à le faire sortir. Sont zinzins les femmes enceintes quand elles boivent une bouteille de Calva.

Moi? Je suis un peu au milieu, à tenter d'expliquer la "petite mort" à une tout en évitant l'affreux jojo qui lui sert de père, à apprendre à se réceptionner dans l'eau. Non, mais on a pas idée de se baigner en cette saison?
Enfin... Je console Pelotine aussi, et Pat aussi. Je crois que je devrais ouvrir un bureau où les gens me parleraient de leur vie, et où j'essaierai de leur dire que c'est pas une peine perdue, que la vie est belle. Et bien sûr, avec une facture au bout.

Je suis méchant là... Mais je les adore mes amis. J'ai pas vu Ladra aujourd'hui tient... Et je sais pas où est passé Eldon.

J'ai préparé la charrette aujourd'hui, j'y ai mis des cannes, des vers de terre, et plein de torches pour faire venir les poissons. Demain, on part à St Brieuc. Je suis content que cela se fasse! Juste ma fille et moi. Et son namoureux aussi.Un moment en famille, voilà longtemps que je n'en avais plus fait. Et vu mon temps libre, je pensepouvoir en faire encore à Rennes.

Demain, j'écrirais à mes cousines. c'est moche la procrastination. Je n'ai le temps de rien... Comment ça je suis contradictoire?

J'ai reçu une nouvelle lettre de Savoie. Je n'ai pas su y lire la jalousie qui en sortait, à la première lecture, ni à la deuxième, ni à la troisième. Je vieillis. J'y ai répondu. J'ai écrit une lettre aussi. J'ai commencé en tout cas. Pour quelqu'un que je ne connais pas, mais à qui je pense souvent. Cela m'intrigue. Enfin bref....

Rohan est tantôt agréable, tantôt invivable. Je déteste les gens aveuglés par l'amour ou quand il y a la moindre attirance pour quelqu'un. Ils deviennent abrutis par ceux qu'ils pensent voir. Bouuuuuuuh les bornés!
Mais bon, c'est Anastriana, elle a toujours les idées très fixées. On est souvent pas d'accord sur la politique. Mais elle reste une bonne amie de taverne. On peut dessiner dessus quand elle "pense". Elle pense en ronflant et en bavant. C'est drôle.

Mes amitiés avec les uns me valent des accroches avec les autres, je n'aime pas ça du tout. mais je me répète je crois.

Je vais bien dormir cette nuit moi tiens.

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Guigoux
St Brieuc à nouveau, Hier et aujourd'hui:

La route depuis Rohan n'a pas été désagréable, il a même fait plutôt bon. Eliotte et Titgillian ont dormi tout le trajet comme de gros bébés dans la charrette. En tout cas, il y en a un qui ronfle mais je sais pas lequel. Les deux peut-être? Toujours est-il que nous ne nous sommes pas mouillés! La pluie est tombée quand nous sommes arrivés chez les Brioches.
Je me suis reposé une grande partie de la journée, à l'abri du vent et des embruns. De toutes façons, les tavernes sont aussi vides que celles de Rodez. C'est calme. Peut-être trop. Même Brest est plus vivante, c'est dire... Enfin, nous sommes venus pêcher. Du coup, le soir après le repas, nous sommes allés à la pêche. Même si je ne doute pas qu'Eliotte et Tit y aient déjà passé la journée.

Je leur ai laissé le choix de l'emplacement, et je les ais rejoint sans la canne qui me suit partout depuis désormais quelques semaines. Je commence à me demander si la potion d'Anastriana est vraiment aussi inutile que je le pensais. Ceci dit, je n'ai pas raté une seule prise depuis que j'ai commencé à me soigner. Le genou me tire, mais la douleur s'estompe petit à petit...

J'ai envoyé un courrier à Violinah hier. J'espère qu'elle me répondra. Elle manque la bougresse... J'espère que Pelotine va bien et qu'elle s'est enlevée de la tête de forcer son bébé à sortir avant l'heure. Quoi que... C'était marrant de la voir sauter sur place "pour accélérer le travail". Je ne sais pas qui lui a mis cette idée en tête, mais il a été fort. Elle est si naïve... Mais c'est comme cela qu'on l'apprécie!

Sinon, St Broc' c'est vraiment très mort.

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Pelotine.
Journée de la frustration.

Il faut travailler, et aujourd'hui, j'ai croisé mon homme ( mais croisé vraiment croisé quoi !) justement pour aller travailler.
Les mines... les mines, elles ont miné mon moral oui ! la pioche sous le bras j'ai donc été dans l'obliiiiiigation de laisser mon pauvre mari en compagnie de la duchesse.

La duchesse qui a de drôles d'occupations d'ailleurs, hier j'entre en taverne et je la vois, là, suspendue aux lustres, c'est dans ces moments là que je ne regrette pas d'être venue à Rohan, jamais à Vannes je n'avais assisté à de tels spectacles !

Enfin sinon et bien... le temps passe, quelle surprise n'est ce pas ?

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Violinah
[Toujours à Brest.]

Tu aurais pu pleurer. Mais non, tu t'étais contentée de rire. De rire, encore et encore, et de tournoyer sur toi-même. Ta main ne te faisait plus mal, et tu pouvais la bouger. Comme avant. Ou presque. Les sensations n'étaient plus tout à fait les mêmes, mais tu pouvais encore danser, et c'était ça le plus important.
Danser... Sans cela tu n'étais rien.
Tu étais restée à Brest, en partie parce que tu ne savais pas que faire de tes pelotes de laine, et aussi parce que... Tu haussas les épaules. Pourquoi ? Tu ne te l'expliquais pas vraiment.
Tu avais reçu un courrier de Gui, auquel tu avais répondu. Tu n'étais passée que très rapidement sur toi. Tu n'aimais pas donner de tes nouvelles. C'était une perte de temps, et cela risquait de démotiver les autres à te lire. T'apitoyer sur ton sort... Non.
D'ailleurs, dans celui d'hier, il te le reprochait. Il ajoutait que Lyveana était rentrée, presque par ta faute. Non, en relisant, il paraissait bien que c'était ta faute. Un coup de fouet qui t'avait poussée à écrire, vite, très vite. Pour elle, tu t'expliquais un peu mieux. Pour Gui, tu taisais ce qui te faisait honte.
Mais, étonnamment, le pigeon ne voulait pas partir retrouver la brune. Tu eus beau le lancer, le relancer, lui chuchoter qu'il fallait qu'il parte au plus vite, rien à faire, il ne bougeait pas.
Tu soupiras, et tu rangeas la lettre. Tant pis, tu l'enverrais plus tard.
Il était tôt encore, ou tard, tu ne savais pas trop, mais il faisait nuit... Et tu n'avais pas sommeil.


« Vous m'manquez. »

Mais étais-tu seulement capable de leur dire, ça ?
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« Il arrive un moment où un personnage fait ou dit quelque chose que tu n’avais pas prévu.
A ce moment-là, il est vivant et tu le laisses faire. »
Graham Green, in Advice to Writers.
Pelotine.
Rohan, chez moi, chez nous.

Catastrophe.
Scandale.
Dispute.
Courriers qui vous fend le coeur.
Pigeon égorgé et dépecer.
Achat d'un nouveau pigeon, moins gros, moins beau.
Courrier d'excuses.
Tristesse.
Rire.
Sourire.
Plaisanterie.
Humour & Monologue.
Tristesse.
Sommeil.

Ladra... Ladra... Ladra...

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Eliotte
Saint broc samedi 13 octobre 1460



Mon dieu, que les grands sont compliqués et ennuyeux. Ils passent la vie à se plaindre de leur petit bobo, de leur histoire de coeur. Je t'aime, je t'aime moins et je t'aime plus.

Pourquoi n'écoutent ils pas leur enfant, ils ont beau être petits mais pour eux la vie est simple, la joie fait partie de leur univers et ils ne s'enferment pas dans des pensées idiotes.

Quand je vois mon papa, un papa que j'aime plus que tout mais qui n'est pas doué du tout pour choisir sa compagne, il ne comprend pas pourquoi je ne veux pas de ses compagnes mais parce que c'est compliqué, je ne veux plus m'attacher à quelqu'un qui ne sera plus là dans 8 jours ou 8 mois.

Un jour, mes vrais parents m'ont abandonné car j'avais les cheveux rouges. Plus jamais, je m'étais promis, je serais de nouveau abandonné car cela fait mal au petit coeur et cela fait pleurer parfois quand la nuit est froide et sombre.

Et puis, on fait des rencontres merveilleuses comme mon papa, il m'a adoré comme tonton, puis il m'a aimé comme papa et il a même voulu que cela soit officiel. Et maintenant, j'ai peur d'avoir à nouveau froid si un jour mon papa m'abandonne.

allez fini les pensées comme les grands tout bêtes....

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Guigoux
Saint Broc.

Qu'est-ce qu'on crève d'ennui ici... Bon, on va mettre de côté la journée d'hier, y avait un peu de monde. Mais sinon, je ne croise que Za. Elle est gentille Za. Mais bon, je crois que son pater lui manque. Enfin...

J'ai trouvé une petite crique aujourd'hui. Toute petite. Mais je ne ferais pas la fine bouche. Et je pense que j'irais demain. C'est à une demi heure en cheval, vers l'Est. J'ai demandé à Eliotte si elle voulait venir. Elle a accepté. J'espère qu'il n'y aura pas trop de vent. Je n'aime pas ça.

Demain, ce sera l'avant dernier jour à St Broc. J'espère qu'un jour un maire potable pourra refaire vivre cette ville.

Je suis content de profiter des enfants. J'espère que Pelote et Ladra se sont bien installé.

J'ai reçu une lettre, bien des choses sont bouleversées. C'est le pire moi d'Octobre que j'ai connu.

Bref...

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Violinah
Lyveana t'avait écrit. Tu avais sauté de joie en reconnaissant l'écriture. Du côté de Gui, silence le plus total. Peut-être avait-il compris que tu cachais plus que tu ne disais ? Que tu ne t'expliquais qu'à demi-mots ? Bah. Peu importait.
Tu étais assise sur la falaise, les pieds dans le vide -tu aimais narguer cette eau qui avait failli te noyer- et tu répondais à Lyveana.
La Rochelle...
Oui, peut-être que tu irais. Pas dans l'immédiat, non. Il te fallait d'abord partir de là. Tu eus un sourire en imaginant te rendre là-bas à la nage depuis ici. Tu n'aurais pas la force.
Tu regardas devant toi, tu retiras des mèches de devant tes yeux verts. Le vent était là. Il jouait avec toi, mais aujourd'hui, étrangement, il se faisait douceur et calme comme pour te permettre d'écrire correctement.
Une fois que tu eus fini, tu enroulas le vélin. Sitôt rentrée, tu lui enverrais. On ne fait pas attendre les nouvelles.
Ta senestre s'amusa à chatouiller ta dextre que tu regardas, attristée. Elle ne serait plus jamais comme avant. Mais au moins, tu pouvais encore écrire.
Ta seule crainte était par rapport à la danse. Comment pourrais-tu te rendre compte que le feu te dévorerait, désormais ?
Tu eus un sourire en repensant à ce que tu avais dit à Gui, un soir, à Rohan, après que vous vous soyiez disputés. « Promis, j't'embêt'rai pas. » C'était gagné. Tu ne l'embêtais pas, ou du moins, plus.
Tu te relevas en t'appuyant sur ta senestre. De plus en plus, utiliser ta dextre pour une chose ou l'autre te répugnait. Et pourtant, elle était ta main la plus forte. Tu soupiras en songeant qu'il te faudrait réapprendre à utiliser au plus ta senestre.
Tu quittas le lieu à regret, mais tu n'avais plus rien à y faire... Pour le moment. Tu eus une brève pensée pour Vehuel que tu irais saluer, puis tu regagnas la route pour rejoindre Brest.

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« Il arrive un moment où un personnage fait ou dit quelque chose que tu n’avais pas prévu.
A ce moment-là, il est vivant et tu le laisses faire. »
Graham Green, in Advice to Writers.
Pelotine.
Rohan, le 14 Octobre 1460

Hier j'étais malheureuse, je ne voulais pas le montrer mais Haelig et Ladra l'ont bien remarqué, il était difficile de toute façon pour moi de faire semblant, je suis transparente. Rha, je n'aime pas écrire cela, je pense immédiatement à Izéa qui avait dit cela de ma personne, et depuis, c'est comme si c'était elle qui avait instauré chez moi cette simplicité à me comprendre.
J'ai passé une longue nuit non pas de sommeil, mais de réflexion, je me suis remise en question, j'ai beaucoup pensé- ça ne change pas cela par contre - et j'en ai déduis qu'il fallait à tout prix que je respire.

Rohan est agréable, douce ville au coeur chaleureux et aux tavernes bruyantes, mais voilà, ces dernières semaines j'ai pris goût aux voyages, et je reste sur un sentiment d'inachevé concernant notre voyage, à Ladra et moi, de prévu pour le Poitou, la Bourgogne et surtout en Savoie.
Il est passé rapidement ce matin, je voulais lui faire part de ces envies de voyages en amoureux, mais il m'a parlé d'Elicas, et je n'ai pas voulu lui couper la parole.
Il doit repasser dans la journée, j'espère pouvoir profiter de ces moments là pour le lui dire.

Aujourd'hui je me sens étrange, j'ai fort mal au ventre et finalement j'ai peur que la méthode d'Haelig pour faire "avancer le travail" ne fonctionne que trop bien, j'ai tenté de ne rien laisser paraître devant mon époux, mais je crois, qu'une fois de plus, on lit en moi comme dans un livre ouvert et que c'est écrit en gras oui !
Je vais m'efforcer de rester calme et détendue, Gui n'est pas là et si l'enfant devait arriver, il ne pourrait donc pas rassurer Ladra comme prévu.

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Eliotte
Saint broc , le 14 octobre 1460


aujourd'hui on est dimanche ah zut j'ai oublié la messe du matin. Ah là là il va falloir que j'évite tatie zabou un moment sinon je vais me faire disputer.

Avec namour nous avons décidé de faire un concours de pêche. Pour la première fois, nous sommes dans deux coins différents et hop on pêche. Le gagnant sera celui qui aura pêché le plus gros poisson et comme je suis avec mon papa , je ne dois pas le pêcher , namour a été très stricte dessus. Papa ne compte pas comme poisson. Hum dommage j'étais sûr de gagner moi.

Et donc le perdant devra faire un lapin aux pruneaux. C'est une merveilleuse recette que namour et moi on adore.

Demain soir, nous reprenons la route pour rentrer à la maison. là je ferais une surprise à mon cousin mais chuttttttttttttttttttttttttttttt.

Papa a dit qu'on y restait quelques jours, cela tombe bien il parait que rohan manque de seau, namour pourra travailler dans son ptit atelier comme ça et moi je ferais de la farine pour ma tatie celia.

Après départ pour rennes là on va ramasser pleins de bons fruits pour faire une tonne de tarte. bin voui il faut qu'on soit en forme pour cet hiver et pas être malade.
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Guigoux
Saint roc, der des der.

J'ai craqué. J'ai sauté. J'ai survécu. J'en ai plein le derrière.

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Haelig
Rohan, le 14 octobre 1460

Dans pile un mois, c'était l'anniversaire de la brune. Du coup, elle s'était dit que ce dimanche allait être un peu différent des autres. Un peu comme tous les 14 de l'année. FAUX. Aujourd'hui, rien ne tournait rond. C'était à faire froid dans le dos, tellement c'était étrange.

Déjà ce matin, elle était allée à la messe. Elle aurait du se douter que quelque chose n'allait pas. Elle n'était pas franchement bigote mais elle avait ressenti le besoin de parler. Monologue à sens unique, certes mais ça soulageait un peu son esprit brumeux.

Mais le pire, ce fut l'après-midi. Celui de toutes les horreurs, tous les vices. Elle avait assisté à un roulage de pelles sans précédent entre deux femmes - consentantes, lubriques, voyeuses. Du coup, son estomac s'était accroché pour ne pas rendre son déjeuner. Après, et là en compagnie de Pelotine, c'était une nouvelle folle qui les avait embrassées à pleine bouche. Là, les entrailles n'avaient pas tenu le choc, c'en était trop. En plus, il a fallu passer à la désinfection buccale au Calva - et puis il valait mieux vu l'état des dents ou plutôt des chicots de la cinglée.

Et, enfin le clou du spectacle, c'était un certain Scorpon. Il lui avait donné rendez-vous dans un mois mais à première vue, il acceptait bien de lui faire un môme. Parce que depuis l'échec d'avec Gui, oui Haelig voulait faire un bébé toute seule. En plus, elle n'était pas exigeante. Elle ne lui demandait ni caution alimentaire, ni garde alternée. C'était la seule solution de toute façon. Pelotine lui avait bien dit que regarder intensément un homme dans les yeux pouvait marcher, elle ne la croyait pas franchement. Elle était vierge mais pas tout à fait sotte. De toute façon, elle lui poserait un lapin au Scorpon. Elle était trop utopiste et rêveuse pour ça.

Tout ça pour dire qu'aujourd'hui, c'était complètement marteau. A se demander ce qui avait un sens.

A voir... La nuit porte conseil.

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Pelotine.
Rohan.

Je me sens si seule ce soir,
tu es là pourtant, dans mon lit, dans ma nuit.
Je ferais mieux de me coucher contre ton corps
au lieu de rester là, à penser encore et encore.
Mais tu sais pour moi,
il y a des choses simples qui ne le sont pas...
Et c'est toujours quand tu dors
que j'ai envie de te parler.
C'est toujours quand tu dors
que moi je dors pas.*



REF: OooOOh...Mano Solo;
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Violinah
« Je suis à Rohan. » Quatre mots que tu avais griffonnés sur le coin d’une table, et envoyés aussitôt. « Je suis à Rohan. » Tu y étais, oui, Violinah. Étais-tu heureuse ? Oui. Sûrement que tu l’étais.
« Je suis à Rohan. » Pas de nouvelles de l’un, ni de l’autre. « Je suis à Rohan. » Tu regrettais presque de lui avoir écrit, mais il était trop tard, le mot était envoyé. « Je suis à Rohan. » Il t’en avait coûté de quitter Brest, toute seule. Tu étais partie comme une voleuse. « Je suis à Rohan. » Tu n’avais pas aimé voyager seule. « Je suis à Rohan. » Tu n’avais rien dit à personne.
Tu soupiras. Oui, tu étais à Rohan.
Voyager seule… Tu allais être amenée à le refaire. « Je suis à Rohan. » Tu ne resterais pas. Tu repartirais. Un jour, peut-être. « Je suis à Rohan. » Tu avais poussé doucement les murs autour de toi et tout s’était écroulé. « Je suis à Rohan. » Tu avais ri, chanté, puis pleuré de ta liberté. « Je suis à Rohan. » Mot écrit avec ta dextre. « Je suis à Rohan. » Mais cela ne changerait rien, où que tu sois, plus jamais ce ne serait comme avant Brest. « Je suis à Rohan. » Tu étais de nouveau la petite fille d’alors. « Je suis à Rohan. » Chut. Va-t’en. Pars loin. Disparais. « Je suis à Rohan. » Va retrouver Lyveana, qui ne t’avait pas répondu non plus. « Je suis à Rohan. » Et Haëlig ? Le seul lien qui existait entre elle et toi, c’était donc Gui ? « Je suis à Rohan. » Et puis après, hein ? « Je suis à Rohan. » Voyager seule, tu ne voulais plus. Tu le referais. Tu te forcerais à regarder la vérité en face. « Je suis à Rohan. » La première nuit, tu avais hurlé. Fort. De ne pas sentir leurs présences réconfortantes. « Je suis à Rohan. » De ne pas te sentir en sécurité. De ne pas pouvoir danser avec eux. « Je suis à Rohan. » De ne pas savoir allumer un feu, c’était toujours Guillaume ou Jacques ou Henri qui s’en chargeait. « Je suis à Rohan. » Tu t’étais roulée en boule sur toi-même et tu n’avais plus bougé, ta poitrine se soulevant seulement au gré de ta respiration haletante. « Je suis à Rohan. » Tu avais fini par te relever quand tu avais compris que tu serais seule, que cette route tu la ferais seule. « Je suis à Rohan. » Tu avais marché, lentement, en traînant des pieds, et en pleurant. « Je suis à Rohan. » La deuxième nuit, tu avais hurlé aussi, tout aussi fort. Mais cette fois, tu t’étais simplement laissée tomber sur les genoux. « Je suis à Rohan. » Puis tu t’étais relevée. Les pleurs avaient continué. Tu accomplissais ton deuil, étape après étape. C’était sûrement ça. « Je suis à Rohan. » Il était heureux que tu n’eusses rencontré personne, on t’aurait faite exorciser, sûrement. « Je suis à Rohan. » Le troisième jour, la faim se fit ressentir. Tu eus un sourire bravache. Tu hurlas ton ode à la lune invisible qui t’écouta. Tu te trompas dans ton orientation, tu n’y voyais guère, tu retournas à Saint Pol. « Je suis à Rohan. » Le quatrième soir, tu pleuras. Tu hurlas. Tu dansas le long du chemin pour oublier que tes forces te quittaient. « Je suis à Rohan. » Tu n’avais toujours rien acheté à manger. « Je suis à Rohan. » Le cinquième soir, tu crias seulement. Ta voix aussi se séparait lentement de toi. Tu ne parlais plus, tu hurlais seulement. Personne en vue. Tant mieux. « Je suis à Rohan. » Le sixième soir, tu pleuras seulement. Tu n’avais plus la force de rien d’autre, et tes pieds se mettaient l’un à la suite de l’autre mécaniquement. « Je suis à Rohan. » Le septième soir, tu évitas un groupe de gens en te cachant dans un buisson. Tu regardas attentivement, espérant reconnaître au moins une voix. Mais non. Tu ne connaissais plus personne. Les ténèbres se refermèrent sur eux. Tu repris ta route. « Je suis à Rohan. » Tu ignoras délibérément ton ventre qui se tordait de douleur et te réclamait à manger. « Je suis à Rohan. » Et enfin, tu y arrivas. Tu te laissas tomber de fatigue devant la porte, tu t’endormis. « Je suis à Rohan. » Quand tu te réveillas, tu étais sur une couche de paille inconnue. Tu remercias chaudement l’homme qui t’avait recueillie. « Je suis à Rohan. » Ils n’y étaient pas. Ils auraient dû. Ils n’y seraient jamais. Plus jamais. « Je suis à Rohan. » Tu ne mangerais pas. Tu avais décidé que tu ne mangerais pas. Cela faisait une semaine maintenant, mais tu t’en fichais. Tu n’ignorais pas que tu tomberais sûrement, morte de faim, mais peu t’importait. « Je suis à Rohan. » Même la colère de Gui, c’est dire.

« Je suis à Rohan. » Bon retour chez toi.

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« Il arrive un moment où un personnage fait ou dit quelque chose que tu n’avais pas prévu.
A ce moment-là, il est vivant et tu le laisses faire. »
Graham Green, in Advice to Writers.
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