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[RP]L'âme a ses brumes, ses soleils et ses chaleurs d'orages

Mai


    Les jours s’écoulaient avec quiétude sur les terres de Cesson. Au rythme tranquille du courant de la Vilaine les barques des marchands montaient et descendaient le Fleuve breton à coup de rame cadencé. Sur les rives, la hauteur des cultures annonçait déjà une belle année. Les festivités en l’honneur du dieu Lug semblait avoir porté leurs fruits. Les greniers n’allaient pas tarder à déborder, ils rempliraient les panse tous l’hiver et allègeraient les cœurs tous l’été, offrant ainsi aux gens du cessonais quelques mois de quiétude. Pourtant une ombre planait sur ce tableau idyllique, symbolisé par les bannières noires qui drapaient les couleurs du château… Le deuil avait été levé depuis un moment sur le domaine et pourtant Cucé n’avait toujours pas été déshabillé de son macabre apparat. Marie portait toujours la mort, celle d’Elfyn et d’Arzhel. Celle de son fils adoré qui n’allait pas tarder à survenir. Alésius était souffrant depuis bien trop longtemps pour en réchapper désormais. Et tout le trésor Marquisal n’avait suffi à le sauver de la venue prochaine de l’Ankou… Et Marie portait surtout sa propre mort, celle que malgré elle, elle attendait, même si elle ne se l’avouait pas.

    La cloche de la petite chapelle de Cucé sonnait midi quand Gauvin osa enfin passer les portes de l’étouffante chambre de la Marquise. Situé dans le donjon du château, juste au-dessus de la grande salle, la pièce était chauffée par une cheminée gigantesque malgré l’ardent soleil d’Aout. Devant trônaient un immense fauteuil et un baquet avec le nécessaire de toilettes. A l’autre bout de la vaste chambre était soigneusement rangé la multitude de robe que la Coquette avait accumulée au fil des ans. Le trésor de Cesson comme elle l’aimait à l’appeler, prenait désormais la poussière dans cette pièce ou la lumière du jour avait été bannie. Et au centre de ce décor de musée, le grand lit dont les tentures restaient closes abritait une jeune femme sans force. Voilà, des jours, des semaines, peut-être des mois que la blonde ne sortait plus de cette couche devenue refuge. Son corps jadis si rond et agréable avait fondu lamentablement à mesure que sa force l’avait abandonné. Sa dernière visite au château ducal, pourtant à deux pas de chez elle, l’avait tant épuisé qu’elle avait dû dormir un jour entier pour s’en remettre. Le prix de l’illusion sans doute… Sa peau qui avait toujours été pale, s’était vue privé de sa fraicheur d’antan au profit d’une pâleur macabre dès plus terrifiante. Marie n’était plus que l’ombre d’elle-même, et c’est encore bien généreux !

    Le bruit du baldaquin qu’on entrouvre, et le poids pourtant maigre du plateau qu’on pose sur les couvertures suffirent à faire fuir Morphée. Les paupières dévoilèrent alors lentement deux iris fatigué qui se posèrent sur la surface d’étain. Dans divers coupe, de la soupe, quelques fruits coupés très fin, de la viande en sauce auquel elle ne toucherait pas, ou si peu, et une tasse d’eau chaude ou la fraxinelle avait été délayée. Rituelle quotidien depuis peu, conseillé par une duchesse qui avait toujours veillé de loin à la santé fragile de la Platine. Le déjeuner de madame est servi et le pauvre Gauvin ne peut s’empêcher de poser un regard empli de pitié et de crainte sur celle qui par le passé lui causait tant de soucis et qui désormais se laissait éteindre dans ce château sans âme.


    Vous devez reprendre des forces, Petite !
    Il y a de la visite en bas que vous ne voudriez pas apeurée. Votre sœur !


    Le langage de ce cher Gauvin avait au fil des ans perdu ses détours pour une franchise que beaucoup n’aurait pas toléré mais que la blonde appréciait grandement maintenant. Péniblement, la jeune femme se redressa, - son corps bien qu’amaigrie lui semblait peser une tonne… - et questionna du regard le vieux valet qu’un jour, Elfyn avait décidé de lui imposer afin qu’il veille sur elle et qui n’avait jamais failli à sa mission pourtant ardue.

    Je compte bien la faire monter ici dans quelques minutes que cela vous plaise ou non, ma chère ! Alors reprenez des forces…

    La menace fit sourire intérieurement la Platine qui n’avait toujours pas la force ou le courage de parler. La tête de Marie s’inclina doucement pour lui faire signe qu’elle avait compris et qu’elle obéirait. A son rythme tout du moins… Et comme pour prouver à son vieux bougre que c’était vrai, un doigt se glissa dans l’anse de la tasse de Fraxinelle pour la porter à ses lèvres ce qui sembla satisfaire l’intendant chevrotant qui la laissa a son repas et disparu, sans doute pour mettre à exécution ce terrible plan qu’était la venue de la douce Attila Kermorial.


Titre: André Esparcieux
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Images originale : Michael Tarasov - Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche !
Else

    En bas, une porte s’ouvrit à la volée.

    Et tant que vous y êtes, ramenez du vin sucré pour la petite ! Allons, du nerf. Est-il possible d’être aussi empoté ?

    Douce, douce Attila Kermorial. Dans la grande salle où le brave Gauvin l’avait priée d’attendre, la jumelle de la châtelaine faisait des pieds et des mains pour dissiper la morbide torpeur qui semblait gangréner tout Cucé. Elle exigeait que l’on ouvrît les fenêtres à meneaux pour faire entrer un peu d’air, que l’on dépoussiérât ce « satané plancher qui devrait reluire, par Aristote ! », que l’on changeât les chandelles toutes fondues… Bref, que l’on rendit la vie à cette demeure résignée au tombeau. Les gens de Marie se réjouissaient secrètement de cette vigueur, même tyrannique, chez une femme qui partageait les traits de leur maîtresse.

    Tandis qu’Elisabeth s’affairait, elle accordait parfois un regard à sa nièce grimpée sur une banquette de pierre, silencieuse. La compassion alors lui serrait la poitrine. Ma nièce, ma nièce, que ne t’ai-je amenée plus tôt ? Ou mieux ! Laissée auprès de la petite Duchesse qui t’aime tant… Mais non. Elle n’avait su résister aux prières de cette petite gueule d’ange. Et maintenant… L’apparition de Gauvin l’interrompit dans ses réflexions.


    Allez-y… Il faut que vous sachiez qu’elle…
    Est au plus mal, trancha-t-elle. Je sais. J’ai lu votre lettre.

    Elle pressa brièvement la main du vieil intendant. D’autre signe de sa reconnaissance jamais ne donnerait. Puis elle marcha droit vers sa nièce, et sa voix se fit sensiblement plus douce – encore qu’il ne faille pas s’attendre à un miracle avec Godliza.

    Reste ici. Soaz va t’amener à boire, et à manger. Tu seras sage, n’est-ce pas ?



    Un moment plus tard, les portes de la terrible chambre. L’atmosphère lourde la prit à la gorge. Il faisait chaud dehors ; mais ici, c’était l’enfer, noir et fiévreux. Le foyer crépitant distillait une lueur macabre sur les boiseries des murs. A droite, l’armée de robes délaissées, comme autant de cadavres pendus en rang. Et là, au beau milieu de la pièce, boîte à malices, coffre de Pandore, le grand baldaquin. Elsa frémit, et se précipita sur les tentures.

    Pitoyable spectacle, en vérité, que celui qu’elle découvrit. Ses doigts se crispèrent dans les replis du velours fermement agrippé. Sa précieuse sœur, sa blonde, sa douce, sa merveilleuse sœur portait la mort sur son front. Un regard sur le plateau d’étain, portant les mets à peine touchés par Marie, lui serra le cœur encore davantage tant le message était clair : elle meurt, ma double, elle se résigne à mourir.
    Avec précautions, Elsa se hissa sur la couche aux côtés de ce cadavre de sœur. Toujours elle l’avait vue fragile, délicate… mais jamais au point de craindre la briser d’une étreinte. Les yeux brillants de larmes contenues, elle déposa un baiser sur le front hâve de sa jumelle.


    Marie, ma Marie…

    Quoi dire d’autre ?
Alix_ann, incarné par Mai


    Alix ne croyait plus en Dieu. Elle en était quasiment certaine maintenant que tout ça ce n'était qu'un amas de foutaise, on s'était bien foutue d'elle en pensait-elle. Assisse là elle y songe, et à cet instant précis sa foi se perd, elle s'en va très loin. On avait cru la berner, lui faire croire qu'à force de fervente prières énoncées avec politesse elle pourrait demander des services à cet entité supérieur dont elle ne cernait pas bien la nature. On avait voulu se jouer d'elle? Elle qui allait pourtant tout les jours à la petite Chapelle de Château-Gontier même si elle avait le plus gros des rhumes. La petite Fadette y était allée chaque jour, elle avait énoncé ces prières de plus en plus longue, de plus en plus demandeuse qu'on lui rende son frère jumeau, qu'on rende sa mère heureuse et aussi oui que son père trouve du temps à lui consacrer. La pauvre fée n'y croyait plus trop, basta Aristote Christos et le Doué, pour ce qu'elle avait retenue du livre des vertus, cette liasse de pages qui laisse à penser qu'il y a un peu de justice, qu'il suffit d'un peu de foi et qu'à coups de prières on vous donnera ce que vous voulez. Alix pensait dur comme fer qu'elle méritait toutes ces choses et l'avait fait savoir à Dieu à plusieurs reprises. Pourtant Alesius pourrissait dans son couvent, Papa jouait au général et Maman... Maman était là, juste quelque part dans le coin si proche qu'elle pouvait sentir sa présence, celle de la marquise des lieux.
    Finalement il n'aura suffit que d'un voyage à dos de canasson pour lui ôter sa foi.

    Elle se tordait les pouces, littéralement. L'exercice n'était pas si simple qu'il en avait l'air d'ailleurs. Parfois elle levait un regarde circonspect sur sa Tante Elisabeth... Elisabeth qui toujours aussi tonique redonnait du nerf à ce château tout noir. Dans sa tête se remuait les souvenirs, celui où on lui avait raconté leur première arrivée à Cucé alors laissé aux bons soins de mère nature (qui avait fait n'importe quoi), elle ne se souvenait pas aussi mais elle avait fait ses premiers pas à quelques mètres de là où elle se trouvait aidé par son jumeau qui galopait depuis presque sa naissance alors qu'elle avait déjà trois ans, mais elle se souvenait surtout des disputes entre ses parents qui ne s'entendaient plus franchement, de Alesius qui venait la réconforter et finalement de ce départ pour la france dans les bagages de sa mère. Ce jour-là il y avait eut son père qui était resté à Cucé alors que le coché s'ébranlait déjà jusqu'à l'Anjou.
    Alix n'avait pas eut beaucoup de chances jusqu'à maintenant. Et là voilà de retour une ou deux années plus tard. Il n'y avait plus taddig qui avait fait ses bagages mais bel et bien sa mère. Mamm qui avait demandé à ce qu'on ferme toutes les fenêtres, à ce que ce si fier amas de pierre, jadis plutôt en forme pourtant ne ressemble plus à rien. Elle plissait ses yeux dans la pénombre qui commençait à se dégager du fait des petites mains de la maison, elle regardait sa tante. La Fadette n'avait plus foi, elle ne voulait plus. Et cette attitude de sa part la révulsait. Après tant d'efforts pour quémander à Tatatilla un décor lugubre avait fini par avoir raison d'elle. Tout ce chemin pour rien, pour ne plus avoir le courage, pour avoir trop peur de l'image qu'elle aurait alors de sa mère.

    Toujours muette à contempler cet espace qui avait été le sien, sisi. Celui où elle avait passé ses premières années, des premières années dont elle n'avait pas trop à se plaindre dans l'ensemble, et puis ça commençait à se corser et le Doué l'avait abandonné. C'était peut-être sa non connaissance du crédo qui avait précipité sa chute, c'était peut-être de sa faute tout ça. Cette simple pensée lui fit froid dans le dos. C'est ce moment que choisit sa tante pour s'adresser à elle :


    -« Reste ici. Soaz va t’amener à boire, et à manger. Tu seras sage, n’est-ce pas ? »

    Elle s'en voulu énormément. Quelle était donc cette idée folle qui lui était passée par la tête durant la visite de Elisabeth à Chateau-Gontier? D'où résultait donc sa bêtise? Cette sottise qui à peine dessinée dans son esprit s'était imposée à elle et n'en avait pas démordu. Si bien qu'elle était désormais ici. Assise. Et pas prête de se décidé à bouger voir sa mère. Ce n'était pas courageux et elle aurait bien demandé un peu de courage avec le rétablissement de toute sa famille, mais voilà ça aussi ça avait surement du être une demande foireuse qui n'avait pas atteint son but. La petite fée aux cheveux blonds comme sa mère, aux yeux bleus comme elle aussi, et finalement comme Elisabeth restait assisse et réduite à boire, à manger, et à rester sage. Elle restait dans l'ensemble assez dubitative de l'attitude qu'on lui avait indiquer de tenir, elle la tenait beaucoup trop. Pourquoi lui préciser d’être sage? Avait-elle la tête à faire des bêtises? Elle n'était pas à l'image d'une fée? On lui avait mentit pour ça aussi hein?

    Le silence s'installa bientôt et c'est du lait qu'on lui apporte. Elle ne remerciera pas le dénommé Soaz, même pas un sourire. Alix pensait revenir et retrouver le château de conte de fée de son enfance, de son conte, retrouver sa mère plus dodue et avec des joues bien roses qui respiraient la bonne santé et le moral. Au lieu de ça elle avait trop les jetons pour bouger son derrière de là. Elle respire vite, elle n'est pas tranquille. Dieu s'est quand même bien foutue d'elle.


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Takanomi
Longtemps, Takanomi avait sillonné ce pays qui paraissait si vaste en réalité, beaucoup plus étendu qu'il n'apparaissait sur les cartes qu'il avait l'occasion de consulter si souvent. C'est d'ailleurs lorsque ses yeux se baladèrent cette nuit là sur cet amas de noms aussi bretons les uns que les autres que l'un d'entre eux refit surgir ce qui en lui était resté en retrait dans sa mémoire. "Cucé"... Ce nom mentionné de cette manière-là, à cet instant précis et selon ces traits d'encre lui revint dans son entièreté, en tout ce qu'il évoquait comme idées imprécises mais bien présentes, intuitivement omniprésentes dans son esprit qui, jusque-là, jusqu'à l'annonce qui lui avait été faite, d'un ton froid, cette soirée là, par Mattahari, qui à présent se prélassait auprès de Morphée à ses côtés.

Longtemps, il avait voulu se rapprocher de ce qui semblait à chaque fois se dérober à sa vue, à sa main devenue unique et à sa pensée. Se rapprocher de ce pays qui lui semblait à la fois infiniment proche mais également vastement lointain, était devenu bien plus qu'une simple éventualité incertaine, une résolution définitive contre laquelle il n'était pas possible de lutter, comme si son être entier, guidé par une force encore inconnue mais palpable à bien des égards, prenait une direction qu'il se donnait par lui-même, au mépris de ce que son esprit lui commandait. Il n'y avait là rien de raisonnable mais tout était machinal et spontané. En réalité, Takanomi avait ce désir ardent de se redécouvrir, à une époque où le doute s'insinuait en lui, pour récupérer ce qui était à la source de son existence et ce qui n'était à présent qu'un vestige psychique maternel d'enfance, un nom qui évoquait un visage effacé par le temps, encadré de boucles blondes et d'une robe à la couleur qu'il lui était impossible de définir.

Spontanément, il étudia le lieu où il se trouvait, évalua la distance qui le séparait de ce qui était devenu un but inévitable et se mit en branle dans la nuit. A cet instant précis, on avait peine à imaginer ce qui avait réellement de l'importance à ses yeux. Il se contentait d'avancer irrémédiablement, même si la pluie lui fouettait le visage, maltraitant son fidèle compagnon de chapeau et sa monture parce qu'il ne pouvait rien faire d'autre. Des mots sur un vélin n'allaient pas changer grand chose, d'autant plus qu'il ne savait quoi dire, ce qui l'obligerait à user d'une éloquence vide de tout contenu, de cohérence et de sens. S'il restait là où il était, la pensée d'Alix allait lui torturer l'esprit et les entrailles, maltraiter sa fierté et massacrer toute envie de regarder des êtres de sa chair en face un jour en plus d'immortaliser une absurdité de cette rencontre qui lui laisserait définitivement un goût amer, sur les lèvres et dans la gorge.

Cette contrainte qui lui enfonçait le dos et lui tiraillait les épaules était une sorte de jeu étrange du sort qui lui faisait croire que tout ne devait se dérouler que de cette manière uniquement. Seule l'éventualité de la mort bousculait les choses et révélait les instincts humains élémentaires. C'était une baguette illuminée à la lumière de laquelle, finalement, tout homme agissait et faisait agir les autres qui lui étaient liés d'une manière ou d'une autre de façon nécessaire. Et elle avait ce don qui contrecarrait son essence, de les réunir et de les faire converger parfois.

Sur la route, le Kermorial s'était accordé un repos léger avant de reprendre son chemin et de chevaucher à bride abattue en direction de la masse sombre qui se profilait désormais et qui se détachait à peine du reste de la nature environnante malgré qu'elle semblait en être faite, à la manière d'un glaçon qui flotte dans un verre à la surface de l'eau mais qui ne semble pas vraiment s'en dissocier. Et finalement, cette forteresse se confondait aussi avec la situation actuelle et certainement avec l'ambiance qui régnait à l'intérieur et qu'il tentait de deviner.

Pénétrant sur l'étendue de terre battue précédant l'entrée du château, il aperçut une silhouette.


Annoncez Takanomi de Kermorial! Et comme il craignait que ce ne fut pas assez clair, il ajouta:

Cousin de la maîtresse des lieux.

Maintenant, il s'agissait d'attendre un ordre qui allait venir d'en haut...
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Mattahari
Ombre du blond, une ombre dans sa vie, elle l'a suivi depuis l'Artois pour veiller sur lui, pour profiter de sa présence, pour assouvir cette dépendance qu'elle a envers lui.
Ombre furtive elle l'a accompagné dans ses errances, et s'il fut ces derniers instants très inquiet à propos de ses cousines Bretonnes elle n'avait nul choix que de l'aider.

Pendant sa recherche, on lui dépeindra une jeune femme dénommée Marie à la réputation sulfureuse, mourante, on l'a dit tantôt en Anjou, tantôt à Saint Brieuc, le blond manchot défendant son honneur avec véhémence en taverne auprès de ses détracteurs, et devant cette noblesse de coeur, elle aimait s'assurer qu'il allait bien, qu'il parviendra à les trouver enfin.

Les jours passent, et elle le croisera en ce jour ci, sans qu'il ne la voie, demeurant à distance quand il s'engouffrera dans l'enceinte des lieux.
Une fois à l'intérieur elle se renseignera auprès des badauds jusqu'à apprendre qu'il avait trouvé le logement de sa cousine, dont la fille fut croisée en Anjou.

Sautant de selle, pied à terre, la jeune femme s'assit à au pied d'un arbre, genoux serrés entres ses bras, guettant assidûment sa sortie, ne sachant pas qu'il en reviendra bredouille de cette visite tant rêvée, tant attendue par l'Artésien, ou s'il renouera enfin avec sa famille Bretonne .
Mai


    [Dans la boite de Pandore… à l’étage.]

    Les paupières c’étaient refermées le temps que l’eau chaude aromatisé à la fraxinelle passe de sa gorge à son estomac. Le gout n’était ni bon, ni mauvais, juste étrange, inhabituel et le nez de la jeune femme se plissa un peu, juste le temps d’avaler cette potion qui lui offrait depuis quelques jours un maigre soulagement. En bas, Marie pouvait entendre sa sœur qui chassait la mort et le calme ambiant à coup de balai. A travers le maigre plancher la voix de l’être aimé perçait, vaguement étouffé par l’épaisseur des tapis qui recouvrait le sol. Elle semblait parler à quelqu’un, sans doute Gauvin, fidèle intendant et garde malade… L’idée que sa fille soit là, ne lui avait même pas traversé l’esprit. Marie avait démissionné de son rôle de mère en même temps que tous les restes pour se laisser sombrer. Et dans le crane de la Banshee, le pardon d’elle-même était exclu. Comment cela pouvait-il être possible qu’on l’excuse de cette fuite totale ? Surtout sa fille. Marie qui c’était promis de ne pas refaire les erreurs du passé avait fini par faire bien pire avant de tout abandonner. La jeune Marquise en était là de ses réflexions, quand une personne pénétra dans sa chambre. Le pas était bien moins trainant que celui du vieux cerbère et Marie esquissa un vague sourire. Lison est là.

    Marie, ma Marie… Le corps jumeaux se glisse au côté du sien dans l’obscurité. Comme en de bien nombreuses occasions auparavant, sauf que cette fois, c’est Elise qui a la plus de forme. De la chaire et des rondeurs, là ou Marie n’est plus qu’os et angles. Le contraste saisit la cadette alors qu’un baiser est déposé sur son front. Elle se savait souffrante et mal en point, mais ses mains qui courent doucement sur le corps de sa sœur lui apprennent alors combien elle est en danger. Le choc est brutal, cinglant comme une gifle et pourtant la noble ne remue pas.

    Lise, je suis si… Heureuse. Fatiguée. Déprimée. Désolée. Souffrante. Ses premiers mots de la journée. Un exploit quasiment pour la jeune femme dont les bras maigres entourent cette taille offerte, la tête se niche au creux de l’épaule. Qu’il est si bon de te revoir, sais-tu? Le sais-tu ? Avec prudence, comme pour ne pas brusquée sa nuque fragile, Marie relevé le visage vers celui – parfaitement identique – de sa sœur aînée. A qui tu parlais en bas ? Gauvin ? Alors qu’elle disait cela la porte d’entrée de la grande demeure grinça douloureusement, faisant se froncer les fins sourcils de la maîtresse des lieux.



    [Pendant ce temps là… en bas.]

    Le fameux Gauvin dont parlait Marie était penché sur le puits de la haute cour, suant sang et eaux pour remonter ce maudit seau d’eau de l’antre sombre. Avec le temps, dans une logique implacable, la vieillesse avait gagné le pauvre que ses articulations faisaient souffrir de plus en plus. C’est alors qui pestait contre le puits trop profond que le grincement de la herse couvera un «mortecouille» d’exaspération. De la visite ? Ces derniers temps, la chose était devenue rare. «Avec les deux Kermorial déjà présente dans les murs cela faisait beaucoup pour une seule journée» pensa l’intendant sans âge. Gauvin, imaginait déjà le coup de fatigue qu’engendrerait tout ce remue-ménage sur la Marquise de Cesson, et réfléchissait dès lors à la préparation des plates préférées de sa jeune maitresse pour qu’elle puisse manger un peu. Des fruits, du sucrée, de la viande blanche. Depuis le temps qu’il travaillait pour elle, l’homme connaissait la Platine sur le bout des doigts…

    Dans l’ombre de la grande porte, se détachaient deux silhouettes de cavaliers dont l’une démonta rapidement pour se poser sous un chêne sans un mot, alors que la première échangeait avec l’un des cerbères. Ce dernier accourut quelques instants après auprès de l’intendant pour lui transmettre l’objet de la venue du cavalier. Un Kermorial… Un de plus. Les bruits avaient sans doute courut sur l’état de santé de la maitresse des lieux faisant ainsi rappliqué les proches au grand galop. Bien qu’imprévu, ce n’était pas plus mal. Si il y avait bien une chose qui pouvait sauver la jeune Marie, c’était de retrouvé ses proches. Les vrais. Sa famille. Et non les maintes hommes qui un à un s’était présenté pour bénéfice de ses largesses. L’intendant eut un rictus amer en repensant à quelqu’un d’entre eux, avant de balayer tout cela de son esprit d’un revers de main, et d’avancer à l’encontre du nouvel arrivant.


    Messire Takanomi de Kermorial, soyez le bienvenu au Château de Cucé. Par habitude le vieux posa sa main sur le naseau de la monture, et remonta lentement jusqu’à venir lui gratter légèrement le front. Je suis Gauvin, l’intendant du Marquisat. Un palefrenier va s’occuper d’emmener votre monture aux écuries pour en prendre soin. Un regard se posa sur la deuxième personne assise à l’ombre - une jeune femme – mais poursuivit sans un mot. Je vais vous conduire au salon, votre nièce y patiente déjà. Le vieux supposait que tout ceci était déjà organisé, qu’il savait tout de l’état de Marie, et qu’il n’était donc pas nécessaire de s’étendre sur le sujet. Votre compagnon de voyage reste dans la cour ? Peu lui importait ce qu’il adviendrait de l’inconnue mais la politesse lui intimait de poser la question. C’est, cependant, sans attendre vraiment de réponse, que le guide tendit le bras en direction de la demeure et donc du salon. Je vous en prie.

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Images originale : Michael Tarasov - Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche !
Mattahari
Une ombre ça se dissout dans le vent ! démonstration :

Dès qu'un homme d'un certain âge et d'un âge certain eut à rejoindre le blond Kermorial, la discussion engagée laissera présager même de loin à la Cambraisienne qu'il sera accueilli, mais voilà qu'il la fixe et semble même parler d'elle, alors elle s'éclipse rapidement à quatre pattes, le corps épousant le tronc, mains plaquées contre le liège du chêne, happée par le diamètre imposant.

Plouf plus de brune au regard charbonneux, mais ne me demandez pas de sortir à la place un lapin.
Else
    [A l'étage, dans la boîte de Pandore…]

    Oh, cette voix. Oh, ce corps. Elsa fut toujours la plus sèche, la moins attrayante des deux ; mais aujourd’hui, c’est Marie décharnée qui n’a plus une courbe vaillante. Du bout des doigts, la blonde caresse ce visage jumeau, froissé par le bruit de la porte d’entrée. Retrace la courbe d’un sourcil. Étire le muscle contracté de la joue. Efface, tant bien que mal, le moindre signe qui pourrait paraître de contrariété.

    Gast. Si c’est un gêneur, je te promets qu’il se fera recevoir.

    En cet instant, il n’existe plus qu’elles au monde. Toute preuve du contraire est un attentat.

    Du reste, Lise ne descendra pas. L'intendant décati est un filtre bien suffisant. Rare privilège : l'aînée Kermorial lui fait confiance. N'a-t-il pas veillé sur sa petite sœur ? Non, elle ne bougera pas. Et puisqu'il est question de coup de poignard, elle se rappelle soudain celui qu'elle doit porter elle-même, à cause de sa maudite faiblesse, à cause de ce damné parquet qui n'étouffe aucun son.


    J'ai emmené Alix, avoue-t-elle. Puis elle ajoute bien vite, comme un vain baume sur la plaie qu'elle vient d'ouvrir : Je m’en charge, va. Je me charge de tout.

    Tout, c'est quoi ? Peu importe. Etre là. C'est son rôle. Et Dieu et Lisa (pourquoi pas sur le même plan ?) savent que la tâche sera éreintante ; car il faudra regarder Marie s'effacer, peu à peu, sans espoir de retour. Sortez les mouchoirs, les enfants : on vous promet du sang, de la peine, de la sueur et des larmes.* Pas forcément dans cet ordre. Surtout des larmes et de la peine, d'ailleurs : c'est plus propre.

    Et tandis qu’Élisabeth pose son front contre celui de sa jumelle, elle doute déjà de ses forces.


    *comme Mr. Churchill... à peu près
Takanomi
    "Il se trouve dans certaines villes de province, des maisons dont la vue inspire une mélancolie égale à celle que provoquent les cloîtres les plus sombres, les landes les plus ternes ou les ruines les plus tristes. (...)" *


[En bas, le salon.]

C'était la première fois depuis longtemps ou la première fois tout simplement que Takanomi avait l'impression d'être traité avec diligence et respect -feints ou non, d'ailleurs-, non pas pour quelque chose qu'il s'était evertué à mériter et à imposer par lui-même, mais pour l'unique raison de l'existence de liens de sang qu'il pouvait avoir avec celle qui était "marquise" et qui étaient, comme chacun pouvait le savoir uniquement dus à la nature des relations qu'avaient pu avoir les prédessesseurs ascendants naturels biologiques.
Descendant de la monture, il suivit l'homme qui se nommait Gauvain silencieusement en se retournant à l'évocation qu'il avait fait de Mattahari. La brune avait disparu comme elle savait le faire avec aisance, ayant probablement senti qu'elle ne pourrait lui être d'aucune aide sur ce coup-là.


D'autre part, il releva de façon claire que sa nièce, Alix, se trouvait déjà là. Tant mieux s'était-il dit, en s'approchant de plus en plus de la bâtisse aux aspects sombres malgré la clarté des pierres, il y avait au moins une personne à laquelle il pouvait se rallier d'une manière ou d'une autre sur ce terrain inconnu. Qu'il ait eu l'occasion de la rencontré une dizaine de jours auparavant était un pur coup du sort, totalement imprévu, la chance avait tourné et pour une fois, dans le bon sens.

Merci, Gauvin.

Et il entra dans ce qui ne semblait être qu'un bloc de pierre froides en été, probablement glacées en hiver, taillé de l'intérieur avec çà et là un brin de subtilité dans la régularité de quelques dalles et ornements mais donnant pour le reste une nette impression de grossièreté, de lourdeur. Il régnait là, sous ces toits, des effluves de mélancolie qui venaient écraser de leur poids imperceptible les étendues, les surfaces et les murs tapissés, comme un drap immense orné de sombres arabesques irrégulières. Et dans cet ensemble peu engageant, il distinguait le petite silhouette aux cheveux blonds de sa nièce, là, dans le salon et qui se précisait à mesure qu'il s'approchait.

Bonjour, toi ,dit-il, un léger sourire vague étirant ses lèvres, tout en s'asseyant à son côté.
Puis un silence s'installa, qu'il coupa.

Tu n'as pas l'air d'avoir pris Ar c'haz avec toi...
Avec qui es-tu venue, ma grande?


C'était maintenant, irrémédiablement et plus nécessairement que jamais, qu'il devait se manifester et remplir un rôle dont il ne connaissait ni l'étendue, ni la pleine importance, ni l'issue, ni les éventuelles conséquences. Tout devait être bâti à partir de cet instant là.



*Balzac, Eugénie Grandet.
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Alix_ann, incarné par Mai
    Il y avait ce bijou autour de son cou. On en parlait pas beaucoup pour la raison toute simple que ce bijou était très discret, c'était un accessoire assez purifiée cette bague qui tenait au bout d'une chaîne autour de son cou si bien qu'on la trouvait jolie sans y apporter beaucoup de sens. Ça symbolisait cette chute de la douce famille qui avait vécue en ce lieu, qui avait même filé un bon coton avant de prendre un chemin assez sordide. C'était une bague ornée d'une discrète améthyste qui jonchait sur la poitrine d'enfant de Alix Ann ici parce que son sang le veut, quelle triste vérité. Elle joue avec ce bijou avec nervosité. C'est une ambiance palpable qui planait dans ce petit château de pierre où la nature menaçait de reprendre ses droits si personnes ne faisait rien. Toute cette poussière...
    Il eut fallu qu'elle lève les yeux pour apercevoir un cousin. C'était avec la jumelle de sa mère, Elisabeth, le seul Kermorial dont elle avait connaissance (hormis son frère, bien sur) et il n'était pas des moindres. La fadette l'avait rencontré quelques semaines plus tôt en Anjou alors qu'elle traînait en taverne. C'était avant le retour de Yolanda... il fallait bien s'occuper et ce fut fructueux puisque qu'en plus d'avoir découvert un agréable cousin celui-ci lui avait confié un chaton. Gris avec des... tigrures? - elle ne savait pas dire ce mot - noir, pas un noir profond, un noir qui s'accordait bien au reste du pelage de l'animal.


    -« Takanomi ! Alix est joyeuse, vraiment Mont 'ra mat ganit? »

    Mais pas pour longtemps. Ca ne va pas, peu de choses vont dans ce monde qui se casse la gueule. Son frère va mourir, les Kermorial réunissent leurs derniers espoirs pour les placer dans la survie de la Madonne. Mais il y a ce nouveau visage à peine rencontré et déjà si familier. Elle l'avait dans le sang, et lui aussi, et ça suffisait à la rassurer. Ou autant que ça pouvait se faire. La très jeune Montfort avait voulu revoir sa mère, mais tout ça pour rien.

    -« Mat-tre. »

    Ça c'était au propos du chat, pour dire qu'il allait bien. Il devait couler d'heureux jours loin d'elle et près d'une Lune, Yolanda de Josselinière. Il devait s'amuser dans les jardins du domaine où elle vivait, lui. Sa mine déjà se grise et la si jolie et jeune fée semble plus triste. Ce n'était pas à cause du chat, elle n'y pensait déjà plus. Il fallait songé que sa famille vivait une grave épidémie de mort, une maladie qui avait déjà attaqué grand papa et qui agissait à une vitesse considérable. Il y avait une grande attention pour ne pas chialer si sottement et une autre pour ne pas passer sa colère on-ne-sait-où. Ça pouvait l'atteindre, puis pire ça pouvait lui casser son coeur encore petit comme ça. Sortez les mouchoirs, va en avoir besoin.


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Mai


    [Dedans...]

    Ma sœur, ma divine sœur, tu ne peux savoir à quel point je t’aime.
    Je n’ai pas été à la hauteur avec toi, excuse-moi, Lise. Vraiment, je m’en veux.
    Je t’aime, tu sais. Tu le sais hein… Je n’ai pas été là pour toi. Ca me ronge…


    Les gonds grinçant eurent l’étrange pouvoir d’imposer le silence dans le baldaquin de l’étage. Les deux sœurs scrutaient le moindre indice sur ce qui venait troubler leurs retrouvailles. Des murmures s’élèvent tant dis que la voix de sa complice menace. Elise maniait à la perfection l’art de la dissuasion et l’entendre ainsi maugrée contre cette venue inopinée avec quelques choses de bon. Tel un retour aux sources, Maï revit, pendant une seconde, son dragon de sœur s’en prendre à chaque homme de sa vie. Vossler tout d’abord, pendant son seul et unique match de soule. Mumia aussi, lors du repas des Franc-Comtois qu’ils s’étaient tous débrouillé pour fuir d’ailleurs. Cassius aussi, dans l’obtus salon de Buzay. Dieu merci, elle n’avait jamais rencontré Judas. Le face à face aurait sans doute été explosif… Un sourire illumina faiblement le visage de la Marquise juste avant que l’estoc fut porté.

    J'ai emmené Alix.

    Alix ? Les deux rétines d’azur s’arrondissent d’un coup sous le choc. Alix, sa fille, sa merveille. Le plus grand regret d’une mère ratée. Aucune poudre, ni aucun onguent n’aurait pu relever la cadette des sœur Kermorial aussi vite que la présence de sa fille au salon. La Marquise repousse doucement sa sœur et vire avec peine les couvertures qui la recouvrent. Alix est là… La jeune marquise se lève aussitôt. Trop vite. Trop tôt. La tête lui tourne et le vertige la terrasse. Marie retombe assise sur le bord de son lit, sans force.

    Aide moi… je dois me lever… je dois descendre…

    Le ton employé étouffe dans l’œuf toute possibilité de négociation, Marie est ainsi faite qu’elle n’aime pas être contrariée mais avec Lison la voix se fait cependant plus douce qu’avec ses gens. Une teinte de supplication se laisse même entendre en fin de phrase. Le corps de la Marquise cherche alors à s’élever de nouveau, avec moins de fougue et plus d’application cette fois. Pari réussit la voilà debout au bord du baldaquin dans sa chainse usée. Il faut qu’elle se débarbouille, qu’elle s’habille convenablement. Le lot d’étapes qu’elle s’infligeait avant de sortir lors qu’elle était mariée lui revient alors en tête et lui parut marathon. Ce midi-là, elle se savait déjà incapable d’être celle d’avant, mais sa fille méritait tout de même le supplice d’un bain, d’une tenue propre et peut être même d’une coiffure relativement élaboré. Elle lui devait bien ça. A Lison aussi d’ailleurs. C’est donc lentement, que la blonde aidé de sa double se refait une beauté. La tache l’épuise contrairement à d’habitude, mais l’eau froide sur son visage lui fait du bien et ses longs cheveux blonds qui ne la gêne plus, lui offre un second souffle quasiment. Et doucement la parole revient, Marie parle, raconte… D’une voix faible certes, mais c’est un progrès. Appuyée sur le bras d’Elise, la marquise se rend auprès des silhouettes pendues dans un coin. Ses robes… Ses précieuses robes… A l’écart, une rouge et blanche l’attends.

    Celle-ci, est pour l’anoblissement d’Ascelin… Je vais le prendre comme vassal. Il le mérite.

    Un timide sourire illumina le visage de la Platine. Le but de toute une vie réalisée à l’aube de sa mort. Cela pourrait avoir quelques choses de triste mais pas pour elle. C’était juste le signe qu’il était temps de partir. L’attention fut reportée sur l’armée de taffetas qui encombrait tout un pan du mur. Les robes meringues et autre vêtures impraticable furent mises de côté rapidement. Les couleurs foncés qui auraient accentuées son teint cadavérique furent tout autant écarté au profit d’une tenue simple d’un rose clair poudré qui serait plus facile à porter. Avec l’aide de son pilier de sœur, la blondine s’habille - tâche des plus éreintantes dont nous vous passerons les détails - puis sort sur le pallier au bras de sa sœur. L’épreuve a durée plusieurs dizaine de minutes et Marie a le souffle court lors qu’elle apparait haut bas de l’escalier dans l’encadrement de la grande porte du salon… Dans le grand salon de Cucé, Alix est là, accompagné d’un homme qu’elle n’identifie pas tout de suite... Takanomi, la présence du cousin l’étonne un peu, mais la rassure aussi. Sa fille n’était pas seule. Se tournant vers la mini fée blonde, la Marquise sourit, hésite puis fait quelques pas vers elle en lui ouvrant les bras, espérant qu’elle l’aime encore assez pour venir si blottir…


    [Dehors...Une dernière arrivée.]

    La mauvaise nouvelle était tombé, il y a peu au couvent des Ursulines, non loin de là, et l’homme était parti aussitôt pour annoncer le macabre évènement au château de Cucé. Sur la courte route qui le séparait de son triste office le vieux clerc avait récité nombreux discours, cherchant le mot juste, la parfaite expression, la phrase la moins douloureuse possible, sachant au fond de lui que de toute manière il devrait faire face à des torrents de larmes et de lamentation. Le jeune Alesius était parti rejoindre le Très Haut, et s’était à lui que revenait la tâche de l’annoncer à la jeune mère qui au fil des visites semblait prendre le même chemin que son fils.

    Il n'eut même pas a s'annoncer pour que la herse du château s'ouvre et l'intendant lui ouvre les portes de la haute cour. Tous ici connaissait son visage et devinait à sa simple vue le motif de sa visite. Les visage pâlir quelques peu, et le silence se fit pesant alors qu'il traversait l’esplanade pour pénétrer dans le donjon. La porte se referma doucement derrière lui, et dans l'entrée ou siégeait l'imposant escalier, le vieil homme posa son regard pâle sur une jeune femme blonde non loin de lui...

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Images originale : Michael Tarasov - Un perso mort sans RP, c'est comme une tombe sans fleurs. Moche !
Alix_ann
    La conversation avec Takanomi n'est pas encore très entamé, ses pieds battent le sol à un rythme régulier et donc le bruit devenait risible. L'entreprise était d'autant plus facile que son parent qui se tenait à ses cotés avait du être frappé d'une grande politesse, ce qui laissait le champ libre à Alix Ann pour casser les oreilles du petit monde présent dans cette pièce. Elle ne les aimait pas tout ce là qui se pavanait sous le toit de Cucé pour servir sa mère, elle ne les aimait pas et pour cause il était plus proche qu'elle de sa Madré dont elle ne connaissait rien. Et cette sensation que tout lui sautait des bras petit à petit et lui échappait, comme les pas de sa mère en haut qui prêtait place à de nombreuses questions aussi anodine les unes que les autres. Mais elle avait une envie monstre de savoir ce qui se tramait entre sa mère et sa tante à se moment, de voir cette mère, de pouvoir la sentir, la toucher, de savoir ce qu'en ce moment elle faisait, son moindre déplacement lui aurait allégé l'esprit. Pour la millième fois elle scrute cette pièce, mais cette fois-ci sa prière dorénavant païenne fut exaucée.

    Il y a pendant un bref instant un choc qui la tourmente, l’empêchant de se mouvoir tout de suite. C'est le choc de voir sa mère si mince alors qu'elle avait toujours pu profiter de l'image de sa mère en chair, sauf à Douetum la dernière fois ou elle l'avait vu où elle commençait déjà à faiblir. Cette peau, cette peau si blanche la prit de court. Un bref mouvement trahit toute sa surprise lorsqu'elle aperçu la silhouette anguleuse descendre avec l'aide se Elisabeth. Sa mère était bien là, mais quelque chose en elle s'était envolée et cette scène n'était pas un horrible cauchemar pour son pire malheur, elle était bien là d'os et d'un peu de chair le tout emballée dans une robe superbe comme toutes celles dont la marquise avait l'habitude de se parer. L'ombre du château eut l'avantage de ne pas trop dévoilé de ce corps entre deux eaux.

    Mais à cette bref absence succède l'image touchante d'une petite blonde d'à peut-près sept ans, quelque chose du genre, courant à toutes jambes vers sa mère... Impact dans trois deux... là! Ses bras vinrent se scotcher autour des jambes de la Platine, sa tête vient se coller contre le bas ventre de cette dernière et Alix ferme les yeux, elle éclate en sanglots. Il y a la joie de retrouver sa mère mais la plainte de l'enfant dont aucunes prières n'aura été exaucées. Regardes comment Maman va mal vieux tocard, mais elle s'est fait jolie pour moi, rien que pour moi. Et la minie Buze serre aussi fort que sa force de gosse le lui permet. Elle est là en ose avec un peu de chair, elle la sent, elle la touche. Maman ne sent pas comme d'habitude, et elle sent dans cette étreinte combien elle a mincit. Mais c'est sa mère.


    -« Mamm... Reniflement, Alix lève la tete tout en se mouchant avec sa manche, nan, c'est pas très classe Comment allez-vous, Mamm? »

    Elle ne va pas bien. Il lui vient à l'esprit qu'Alesius doit ressembler à ça lui aussi en ce moment, et elle ne sait pas encore, mais ça ne saurait tardé. La lourde porte se fait entendre et interrompt ces retrouvailles. Car chacune des rencontres entre Alix et la Marquise furent des retrouvailles, mais on n'était encore jamais venu les interrompre.

    Mamm. »
    ...
    -« Mamm! Reprit-elle de sa voix paniquée C'est qui lui?»

    Elle le sentait mal ce petit bonhomme qui venait de débarqué. Alix tire sur le pans de la robe de sa mère, pas grand chose seulement un ou deux petits à coups. On venait tout gâcher, elle le savait déjà ça. Allez Mamm, dis lui que c'est pas le moment, avec cette voix qui sait se faire entendre et que j'aime tant à entendre. Qu'il se casse.

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Takanomi
Mat-tre, trugarez

Ces mots furent prononcés par lui en réponse à ce qu'il avait intuitivement compris dans la question de sa nièce, pour lui dire qu'il allait bien. Ces quelques rudiments de langue celtique lui avaient finalement servi et il s'en contentait.
Le silence s'installa alors, ponctué par le choc des chausses d'Alix contre le sol froid du Château, ce qui lui donnait tout loisir de songer, le regard se perdant par moments courts dans l'azur oculaire glissant même parfois le long des boucles dorées qui encadraient le visage joufflu du petit être installé à ses côtés. Il lui disait tant de choses et avait tant de choses à lui dire, tout en ne parlant pas. Il se rappelait à lui-même que de toute manière, chaque chose qui sortirait de sa bouche serait de trop, dans le meilleur des cas, incongru dans d'autres. Si bien que pour le moment, il avait l'impression que seule sa présence suffisait auprès d'elle parce que malgré qu'il ne la connaissait pas, pas encore, du moins,, il était quand même son oncle. Ainsi donc, de longs instants s'écoulèrent et, au moment où il décida qu'il était temps de se mettre en quête de Marie, pour lui et même aussi pour Alix, il lut sur le visage de cette dernière qu'il se passait quelque chose derrière lui, dans l'escalier.

Il n'eut pas le temps de se retourner que déjà la jeune fille s'était élancée vers ce qui avait l'air d'être deux silhouettes dont l'une soutenait la seconde. Rajustant son chapeau, il se leva pour se diriger vers elles puisqu'il avait eu le temps de comprendre de qui il s'agissait. A mesure qu'il s'approchait, son regard percuta la forme anguleuse qui était celle d'Elisabeth et qu'il avait déjà aperçue. Au moment où leurs regards se croisèrent, il esquissa un léger mouvement du chef. A ses côtés, sous l'étreinte d'Alix, c'était Marie dont il nota les bras fins et pâles refermés sur sa fille et les cheveux blonds. Ensuite, il étudia le visage qui s'était révélé à lui dans la lumière pourtant rare qui caressait les lieux et, ce qui le frappa, ce n'était pas tant sa maigreur -en effet il n'avait pas de souvenir précis de sa cousine- que sa pâleur mais cette impression vague de familiarité qu'il ne s'expliquait pas. Et, au delà de ce qui lui apparaissait, il tentait de deviner les traits réels de la jeune blonde par delà les séquelles de la maladie pour les reconstituer petit à petit. Mais il n'en eut pas le temps ni vraiment l'occasion car déjà il était arrivé à une distance à laquelle il lui fallait dire quelque chose et le spectacle vibrant, vivant et chaleureux qui se déroulait sous ses yeux et qui se détachait du décor et de l'ambiance retenait une grande partie de son attention. Bien qu'il resta apparemment de marbre, cette image de la mère étreignant son enfant s'était imprimée profondément en lui.

A l'instant où il prononça une demi-syllabe, quelqu'un d'autre venait d'arriver qui interrompit même les retrouvailles...

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Else
    Lorsque les jumelles pénétrèrent dans la pièce, les lèvres d'Elsa restèrent scellées, son corps tendu comme la corde d'un arc. A peine accorda-t-elle un signe au blond cousin : il était là bien sûr, mais au bord du regard, toléré seulement parce que sa présence apaisait Marie. La première dans son coeur. L'unique. Tous les autres attachements sont oubliés, extirpés de sa poitrine raidie à l'extrême et qui n'a plus d'espace à offrir qu'à elle seule.

    Le corps double s'arracha au sien pour ouvrir les bras à l'enfant, déchirant une plaie béante à son flanc. Là-haut, dans la pénombre figée de la chambre, la chair pouvait encore ignorer ce que la tête savait déjà : l'instant n'avait plus de commencement, plus de fin, et le corps baigné d'éternité se complaisait dans la tendresse sororale... Mais à la cruelle lumière du jour, il comprenait. La certitude se faisait physique, empreinte dans les muscles rendus au passage du temps.

    Pour se défendre, il n'y a guère plus que la raideur. Des bords de la blessure suinte déjà le poison ; et pour en ralentir l'effet, il faut ralentir soi-même. Elisabeth fut toujours avare de paroles ; elle devint avare de mouvements. Quand la fille se jeta dans les bras de la mère, elle ne cilla pas. Quand l'oiseau de mauvaise augure fit son entrée, elle ne broncha pas. Quand retentit la plainte enfantine, elle ne frémit pas. Lente et résolue, elle tourna vers le messager un regard bleu lourd, laissant le temps au message de s'imprimer dans les esprits.

    Un. Deux. Puis elle fit un pas vers lui, et d'une main l'invita à passer la porte menant aux cuisines.


    On va vous servir de quoi vous restaurer, prononça-t-elle d'une voix froide, avant de passer le flambeau. Gauvin ?

    Car tout était dit, n'est-ce pas ? L'aînée se retourna vers les autres occupants de la pièce. Un, deux, trois... Quatre Kermorial sont dans un bateau.
Mai


    3, 2, 1… Impact.

    Le corps d’Alix percute le sien. Pour Marie qui vacille légèrement, c’est presque violent. Mais les bras de sa fille qui l’entoure et sa tête qui se niche contre son ventre ont vite fait de faire naitre sur ses lèvres pâles un sourire heureux. Alix est là, tout contre elle et ça lui fait du bien. La Marquise aurait eu assez de force, elle aurait soulevé la petite fée blonde pour la prendre tout contre elle, pour sentir ses boucles blondes cascadé dans son cou. Mais elle ne le peut, alors la Platine se plie. La robe est attrapée et soulevé pour que les genoux s’ancrent dans les tapis épais du salon. Avec une extrême délicatesse, les bras entourent le corps de sa fille. Les mains ne peuvent s’empêcher de caresser son dos, ses épaules, sa nuque, sa tête, ses joues afin de persuader l’esprit que l’avenir des Kermorial est bien de retour en Bretagne. Un baiser est déposé sur son front et chacune de ses joues. Vaine tentative d’endiguer le flot de larmes qui perlent sur les joues de sa fille. Un mouchoir brodé d’une lune est glissé sans un mot dans la paume de sa fille avant de l’enlacer de nouveau. Dieu qu’il est bon de sentir la chair de sa chair tout contre soi.


    Mamm, Comment allez-vous, Mamm?

    Son français est parfait. Ce détail l’apaise vaguement.
    On ne lui aura pas arraché sa fille pour rien au moins.
    La blonde angevine a rempli son office…


    Ma Kalonig ! Ca va aller ne vous en faites pas… Je suis si heureuse de vous revoir, mon Alix.

    Durant un court instant, les yeux de la Marquise se posent sur la silhouette de son cousin qui est présent aussi. Alors qu’une heure avant, la jeune femme était au plus mal, les retrouvailles avec sa famille semble lui insuffler quelques onces d’énergie. Sa fille toujours contre elle, agenouillée à même le sol, Marie incline la tête en guise de salut à Takanomi pendant que dans son dos la grande porte s’ouvre.

    Mamm. Mamm! C'est qui lui?

    La voix d’Alix s’affole, arrachant à la mère un froncement de sourcil. Qui ose ainsi troubler sa fille et leur retrouvaille. La Platine tourna doucement la tête et blêmit aussitôt. L’homme sur le palier elle le connaissait bien. Si bien. Trop bien. Nombreuses furent les fois, ou au couvent des Ursulines, il s’était agenouillé sur le prie dieu voisin pour la soutenir dans son malheur. Nombreuses furent les fois où son bras l’avait soutenu lorsque ses jambes ne la portait plus. Nombreuses furent les fois, ou il fut à l’origine des mouchoirs tendus pour sécher ses larmes… L’homme était le «directeur» des Ursulines. Et dans son regard tous était limpide. Le message au fond des prunelles du clerc lui glaça le sang. Se tournant vers sa fille, Marie hoqueta quelques mots à sa fille. L'air lui manquait. Ma dousig, votre frère est… Mort. Mais le mot ne franchit pas le scelle de ses lèvres. A la place ce fut un regard embuée de larme qui se posa sur le visage inquiet de sa désormais unique héritière. Derrière elle, Marie entendit sa sœur se charger du clerc. L’Ankou l’a… Non, les mots ne voulaient pas sortir et qu’importe, sa fille avait déjà compris sans doute...

    Sous le choc, Marie se contente de fondre en larme à genoux sur le tapis du salon.

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