Que faisais-tu là ? Tu réfléchissais, sûrement. Ah, quel beau mot, Violinah ! Réfléchir. Mais à quoi pouvais-tu bien réfléchir ? Arrivais-tu seulement à ordonner tes pensées ? Evidemment que non. Tu ny arrivais pas, et tu enrageais de ne pas y parvenir. Tu déambulais, nerveusement, sans trop voir où tes pas te menaient. Ton esprit relisait les mots les mots envoyés par Sellig. Tu avais alors souri, amèrement. « Ne laisse pas dautres gentils hommes tomber dans tes filets »
Tu souris à nouveau, Violinah, mais cette fois ton sourire se fit cynique. Quest-ce quun homme déchu peut être violent ! Un instant, tu crus comprendre pourquoi Guillaume semportait comme ça, parfois. Guillaume
Un soupir séchappa de tes lèvres. Tes yeux quittèrent tes pieds et sélevèrent jusque la lune. Elle est toujours là, Violinah. Elle sait tout de toi.
Ce soir, tu as enlevé tes bottes. Tes pieds nus foulaient la route sablonneuse, se recouvrant au fur et à mesure de poussière
Mais tu ten fichais. Au contraire, tu revivais les instants glorieux des Enfants du Vent
Toujours dans le passé, Violinah. Pour preuve, par deux fois tu as appelé ton cousin Guillaume
Mais ils se ressemblaient tellement que cen était presque comme sil revivait. Tu poussas à nouveau un soupir. Non, décidément, réfléchir ne te menait à rien. Si ce nétait te perdre encore plus.
Tu étais tellement absorbée, occupée à regarder la lune et rêver, que ton pied buta sur une pierre et que tu tétalas de tout ton long. Au moins, désormais tu étais sûre dune chose : la terre nétait pas ton mets favori. Tu laissas senvoler quelques secondes avant de te relever péniblement. Tu étais crasseuse. Tu te regardais de haut en bas, immobile ; et soudain, comme une bulle, ton rire éclata. Dabord franc, sincère, il devint nerveux et incontrôlable. Ton rire te fit peur, Violinah. Tu ne voulais pas savoir ce quil impliquait. Ce quil soulevait. Un mot, un nom te revinrent à lesprit. Honteuse, tu plaquas tes mains sur tes lèvres. Tu restas là, haletante, puis, avec crainte, tu retiras tes mains, lentement.
Tu te remis en route. Tu commenças à grommeler. Tu réfléchissais, mais tu trouvais que cela te mélangeait les pinceaux plus quautre chose.
Tes yeux fixèrent à nouveau tes pieds, balayant le sol. Tes pieds finirent par rencontrer des racines, et tu relevas les yeux. Effectivement, il faisait tout noir. (Et le premier qui me dit de la fermer, il se prend une baffe. Cest moi qui raconte.) Tu marchas un peu, tes pieds faisaient craquer le bois mort, ton esprit se vidait peu à peu. Bref, le bonheur. Enfin, le tableau aurait été parfait si un mouvement capté du coin de lil nétait pas venu lentacher.
Tu regardas attentivement. Et tu regrettas aussitôt de lavoir fait. Parce que voir ton cousin, dans son plus simple appareil, nétait pas forcément la chose que tu souhaitais le plus au monde. Tu rougis et détournas les yeux.
Il semblait chercher quelque chose, aussi ta tête ordonna à tes pieds de faire demi-tour. De le laisser tranquille. Sil était nu, cest quil y avait une raison et tu navais certainement pas à ten mêler. Aussi tu quittas rapidement le bois. Tes pieds parcoururent le chemin dans lautre sens, et tu entras à nouveau dans la ville.
Et tu tombas sur
« Lyveana ! »
Tu tapprochas delle.
« Prête à rpartir ? Tention, parcquaprès Rohan, cest Brest, et à Brest, ya des falaises ! Cest lbout du monde ! »
Ton sourire se fit malicieux.
« Prête pour lsuicide collectif ? »