Corthos de Péreilhe
(¯`._.[ Lisieux, journée du 27 novembre 1460 ]._.´¯)
les gens qui saiment ne se mentent pas
« Oublie ta peine et attend ton homme qui revient vers ta vie si le ciel le veut.
Cherche son rire, sa voix et ses mots dans le sillage que le temps dessine sur les eaux
Où seul il voyage pour revenir enfin, quand le ciel voudra
Te l'ha giurato e sai tornerà. L'uomo che amavi non mentiva mai »
Les pensées de cette journée sont légères, tant même que toutes les informations navrantes qui touchent le royaume ne matteignent pas.
Une mauvaise nouvelle qui se répète
La guerre se dessine aux portes de nos inquiétudes alors que le dernier conflit de même pas une année ne finit pas de se jouer des blessures encore ouvertes. Léconomie des pays rampe encore le bras tendu vers un second souffle quelle ne trouvera jamais. La seconde simmisce sans scrupule dans des mémoires encore trop fraiches où lodeur du sang demeure le parfum des chagrins.
Les lois Normandes déjà trop rigides allaient une nouvelle fois signer un pacte avec le diable puisque ce dernier samuse comme un enfant. Il y a depuis plusieurs années bien plus de victimes innocentes tombées sous les coups de larmée Normande que les ennemis eux même
. Brigands confondus.
Pour sûr, rester dans cette contrée diminue lespérance de vie de moitié, un peu comme jouer sur le bord dune falaise en pleine tempête
Et ces falaises, je dois men éloigner !
Je ne suis pas un aventurier audacieux et la vie est bien trop précieuse pour que je puisse la laisser aux mains dun pays qui nen connaît pas la plus simple valeur.
Et les voilà les fiers guerriers, majestueux et prestigieux, ces hommes et ces femmes qui sempressent de servir leur Duché au risque dune vie quils estiment à leur convenance.
Armés dune confiance presque aveugle et dun amour fidèle dont les racines au goût de pomme chantent au grand cur de ce que la terre leur inspire.
Gaillards au torse bombé par laveugle ignorance, ils savancent jusquaux frontières pour toiser lennemi invisible.
Il y en a qui, le poing levé, chantent des hymnes éloquentes pour faire valoir leur cran alors quen fait, ce nest quun voile que la peur réclame.
On reconnait les anciens soldats à leur calme. Ils ont déjà goûtés aux attentes interminables et savent que le premier ennemi est celui de lennuie. Il leur faudra calmer la fougue de ceux qui hurleront limpatience, le goût du fer dans chacun de leurs mots.
Puis, comme lannée passée, ils se retourneront vers le cur de leur pays pour constater que lennemi est déjà là !
Arrivées prévisibles mais inattendues de ces grands navires qui débarquent en masse sur des quais vides, il ne manquait à leur accueil que les banderoles de la malvenue.
A toutes ces tactiques qui déçoivent, le fier Normand maudira le sort de son pays et se maudira de ne pas pouvoir foncer, su à lennemi ! Parce que les ordres
. Les ordres lui demanderont de ne pas abandonner la frontière au doux baiser de « lautre » ennemi
. Celui qui est toujours invisible et qui ne viendra jamais par cette porte.
Il y aura sans doute encore ces officiers qui se retourneront contre leur propre Duché. Comme ceux qui ont été à lorigine des blessures morales infligés à mon renard cousin.
Que racontait-il dans ses lettres ?
Ah oui !
Il y avait un capitaine inapte au commandement qui avait deux compétences, lincompétence au commandement justement et la menace.
Alors quon renvoya le renard pour défendre la capitale, ce dernier était passé du côté de lennemi.
Il y avait cette capitaine, inapte dans la posture et qui prônait sa place par linsolence, préférant côtoyer lennemi dans les tavernes au lieu de rassurer les blessés.
Alors quon renvoya le renard pour calmer linstable qui se traitait de putain à gorge déployée, cette dernière continuait à danser sur les tables pendant que ses soldats agonisaient
Pour remercier le Renard davoir permis de remarquer deux traitres officiers, pour le remercier davoir offert à la Normandie plusieurs années de service et de volontariat pour toutes les actions de sauvegardes.. Après quil est donné TOUTES ses soldes pour larmée qui gémissait de ne plus rien avoir
On le congédia
.
Alors
Comment avoir confiance en un pays ou la véritable ambition nest pas la sauvegarde des terres mais celle de lavarice et de lorgueil. Comment faire avouer les mensonges dun Duc qui protège une traitresse et dun Protecteur qui en protège deux
Si le Normand est intelligent pour tout ceci, il lest dans la cécité absolue et ce nest que lorsquil se verra tomber quil réalisera
Que le capitaine de son armée chantera, dansera avec le Ponant et se verra récompensé dun noble titre comme cerise félonne.
Ma quête sachève au bon moment et la déception de navoir pas trouvé mon cousin est apaisé du fait quaucune nouvelle nest bonne
Ni mauvaise.
Se rassurer quil soit introuvable et donc, certainement en sécurité au fond dune tanière. Les rumeurs peuvent être des sources plus où moins fiables, mais si une seule dentre elle est juste, alors ce quon dit est vrai, mon cousin est bien vivant.
Je limagine bourru et enterré, échappant même à sa propre image pour sisoler intégralement. Ceux qui décident leur chemin se persuadent souvent quils ont raison et je sais, cest quil ne changera certainement jamais de caractère, demeurant léternel insociable de notre famille.
Il ne manque dune seule certitude dans mes recherches. De ne pas avoir pu rejoindre la ville de Dieppe pour recueillir dautres rumeurs. Faute aux routes difficiles que le brigandage malmène et surtout, à tous ces rapports de fauchage qui parviennent sans cesse dans les dialogues.
Je ne comprendrai jamais cet esprit
Comme celui de mon cousin dailleurs. A croire que dêtre Normand signifie être têtu alors que je croyais ce dicton destiné aux Bretons.
Vouloir à tout prix rester dans un Duché où larmée sans scrupule fauche sans préavis leur propre population
Il faut
Être né ici pour laccepter. Cette douleur gratuite nest pas pour moi et je suis bien content de mes origines plus dociles.
Dans les histoires, lorsque nous atteignions la fin dun chapitre, il arrive quon referme le livre un instant.
Ce moment est un soupir de transition vers le chapitre suivant. Quil est bon den apprécier le silence. Avant de tourner la page qui nous replongera dans le gouffre du détachement, on se lève pour satisfaire un besoin, ou bien on se dirige en cuisine pour voir sil ne reste pas un morceau de lard fumé
Une pomme... Quelque chose qui nous raccroche à la réalité.
Pendant cet interlude, il reste une partie de nous qui demeure encore dans lhistoire tout fraiche que notre esprit raconte à notre conscience.
Vous est-il arrivé de sourire sans raison ? Surprenant et amusant
Nest-ce pas ?
Ce sourire nest que le dialogue de votre mémoire et lorsquon se décide enfin à replonger dans le livre après sêtre bien installé, vous rappelez vous de nouveau le plaisir douvrir le chapitre suivant ?
Cette page qui se tourne et qui nous emmène dexcitation vers notre plaisir de lecture, cest la suite de ma route.
La frontière que je vais bientôt franchir sera un nouvel épisode à mon parcours « Corthésien »
Je suis impatient dy être
.
Le dernier jour, je vais loffrir à mes derniers pas dans la ville de Lisieux.
Cette compagnie agréable qui maccompagne, ce sont les gens que je rencontre et qui moffrent, encore, leur temps pour leurs sourires.
Je regrette ma pauvre mémoire de ne pas retenir les noms de ceux qui mont accompagné durant ce périple. Mais il y en a certains que je noublierai pas
La douce Anna et son sage ami Jeanbonhomme à Lisieux. La si appréciable Matouminou de Fécamp, la délicate Bella de Bayeux, la douce Floralise de Rouen et
La magnifique Anya que je retrouve ce soir à la première taverne dans laquelle je me rends.
Quelle fut ma surprise de la voir ici, accompagnée de son fidèle garde du corps.
Elle est élégante par la plus simple des tenues et il y a à sa hanche une longue et fine lame que la question offre à la curiosité.
Quelques lanières de cuir qui se rajoutent à son apparat et la certitude que tout ceci nest pas factice. Forcément, laspect de la douceur se mélange avec la crainte pour celui qui ose y faire face.
Nous passons ainsi quelques moments ensemble, quelques échanges pour quelques mots. Je suis curieux et ravi de discuter avec cette femme que mon cousin affectionne. De me mettre à la place du renard et jimagine ainsi quels ont pu être ses moments
Lespace dun instant.
Le soir arrive et je quitte à regret la blanche, une tristesse impénétrable et son sourire qui me réchauffe encore alors que je menfonce dans la nuit.
Il y a tout autour de la ville des hommes darmes qui se tiennent là, face à lobscurité. Il ne peut y avoir de tactique efficace quand on doit défendre une ville puisque la dite frontière nest quune ligne imaginaire dun ruisseau, quune route ou quune ligne de bois dessine sur une carte.
Sans doute est-il plus sage de camper les troupes aux abords du village plutôt que de les emmener sur la trace dun pointillé.
Après une demi-heure de route, la nuit est complète.
Il ny a que la lune qui guide mon avancée sur un chemin aussi blanc que sa robe. Lair est humide et le souffle de ma monture indique que la température est devenue celle de lhiver.
Au détour dun chemin, je dépasse une ligne darbre et me trouve au pied dune large clairière dont le relief simpose face à moi.
Tout en haut du mouvement de terrain, il me semble apercevoir une silhouette isolée, bien au centre de mon chemin. Est-ce un arbre qui se joue de moi ?
La nuit, quand la vision devient difficile, il arrive que les formes samusent avec nos sens. Combien de fois ai-je été surpris par la fenêtre dune chambre ou sur un sentier dans les bois
Un peu comme pour cet instant.
Je ne peux mempêcher de fixer lombre qui se tient bien droit devant moi et plus je men approche, plus le doute sinstalle.
A quelques mètres
Je marrête et
Mon cur semballe.
Au milieu de la nuit, au milieu de nulle part
. Une voix me glace !
Alors cousin ! Tu comptes dormir sur ton cheval ?
Le con ! Je cris presque.
Cest toi ? Cest toi bougre de con ? Idiot ! Tu mas fait une de ces frousses
Et son rire qui résonne
. Cest bien lui ! Twa Corby, là
Devant moi.
Jai cru comprendre que tu prenais la route cousin. me dit-il.
Je me suis dit que ça pouvait être drôle si je taccompagnais !
Je ne sais plus si je dois hurler de peur et de colère ou bien lui foncer dessus pour le serrer dans mes bras.
Le bougre renard se joue de moi comme il se joue des autres.
Et alors que je partais bredouille
Je continue ma route avec lui
Le chapitre suivant risque dêtre bien plus intéressant que prévue
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Me voilà ainsi, le renard quon oublie, chevauchant dans la nuit pour combattre lennui.
Mon cousin tout à côté qui mabreuve de questions et je ne lécoute que dune oreille. Lautre est derrière moi.
Je me retourne un moment, contemplant ainsi ce que fut mon pays.
Je laisse derrière moi ma tanière, mes amis
Et ceux qui savent que mon cur leur sera à jamais offert.
Je regarde cette lune. Je sais quelle maccompagne. Je lui souris comme pour les souvenirs et ce quelle représente
Et sa blanche lueur
A la verve accomplie, le constat comme les ailes de lombre attirées par le soir et tout au bord dun ruisseau, l'ombre de la demoiselle et les pas du renard.
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