Ilug
Le vieil homme fronce les broussailles en voyant la gamine venir se camper devant lui, poing sur les hanches.
Huuum ! Qui donc m'envoies ici ? Et qui d'autre que ma petite-fille m'aurait parlé de toi gamine ? Je passe mon temps près de la roulotte, sur la plage ou dans les bois et je ne vais jamais en ville. Faut-il que tu aies quelque chose de spécial pour que la Pallikare m'ait touché quelques mots sur toi. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais il semblerait que ça l'ait marqué.
Et j'ai un problème. Car nous étions partis de la ville et au beau milieu de la campagne, elle a exigé que je reviennes ici attendre sa grand-mère. Or vois tu, la Matriarche, si elle doit bien débarquer à quelque part, ce n'est pas dans le coin.
Et je connais Charlyelle. Et son mutisme depuis ne me laisse présager rien de bon. D'autant plus que quelques personnes autres que moi la cherchent et semblent l'avoir localisée.
Donc. Si tu sais quelque chose, tu serais gentille de me le dire.
Tu sais que chez nous en Ecosse, la "Callieach" n'est pas une sorcière, mais la fée du givre. Elle nous annonce l'hiver et le grand froid. Nous la nommons aussi Beur. Car pour nous, elle est la Mère de toute chose, la grand-mère des clans. La grande dame bleue des Highlands. On dit qu'elle a emporté les montagnes de glace. Car elle est la mère nourricière et protectrice, la géante des montagnes qui a protégé les premières tribus d'Ecosse, et en a pris soins dans les montagnes sacrées.
Quant à te mentir, je n'en vois pas l'intérêt. Tu n'aimerais pas, petite, qu'il arrive quelque chose de mal à Charlyelle ?
Et j'en dis que tu n'es pas idiote et que tu vas donc réfléchir et me répondre.
A son tour, le vieux druide, croise paisiblement les bras. Mais la lueur fugace d'inquiétude qui traverse les prunelles délavées, est bien réelle.