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[RP] L'amour, c'est le cri de l'aurore.

Finn
Bien que ses doigts commençaient à s'engourdir sur son ouvrage, le Gaélique ne souffrait pas outre mesure du froid mordant qui menaçait de dévorer les chairs de Rosie la Rousse.

- « Mais non, ce n'est qu'une perception erronée de votre esprit. Tenez-vous tranquille je vous prie. », argumenta l'artiste en plein travail.

Il s'attaqua à sa silhouette non sans régal, avec la précision de l'orfèvre. Marri de ne pouvoir retranscrire sur bois l'éclat de sa peau de lait ou même la rouille automnale de sa toison, Finn s'appliqua davantage à rester fidèle à la finesse de ses traits. Et quelle grâce. Stoïque, elle se pliait à sa fantaisie comme personne. Bien sûr, il ne doutait pas de flatter un ego fort bien épanoui mais il se laissait agréablement surprendre par les derniers changements dans les mœurs de sa filleule. S'il ne lui avait jamais reconnu une seule vertu, mis à part peut-être celle de rassasier son bonhomme, il lui donnait à présent volontiers celle de respecter un engagement.

A elle la droiture, une rigueur qu'il espérait voir perdurer car elle l'avait charmé. Son hypocrisie allait jusqu'à nier les autres caractères par lesquels la mystérieuse Parisienne s'était distinguée, certainement moins reluisants. Elle n'était point docile mais savait s'en donner l'air, pas plus qu'elle n'était pieuse comme lui, mais de cela aussi elle ne se vantait pas. Et c'était peut-être du côté de cette ambiguïté perpétuelle qu'il fallait chercher l'origine de ses tourments, à lui.

- « Si je n'ai pas le talent d'en faire un chef-d'œuvre, vous l'avez assurément en tant que modèle. », philosopha l'Irlandais en échangeant avec Rose une œillade complice.

Le silence embarrassé caractéristique n'eut pas le temps de se glisser entre eux qu'il reprit aussitôt d'un ton badin en envisageant du regard son ouvrage inachevé.


- « Rose, que diriez-vous de m'épouser ? »

Coup d'œil interrogatif à l'intéressée, dont il ne pouvait s'empêcher de redouter la réponse.
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Rosalinde
Ordre de ne pas bouger pour le modèle, donc. Crénom, il avait plutôt intérêt à lui offrir un bon bol de lait fumant et un repas chaud dès que cette séance de pose toucherait à sa fin. Elle imaginait déjà. Un poulet rôti. Elle adorait le poulet rôti, surtout quand elle pouvait le déguster avec les doigts. Et des chouquettes pour le dessert. Définitivement, elle était convertie à la chouquette. La pensée de ce bon gueuleton qu'elle se promettait lui remit un peu de baume au cœur, et ce fut avec une patience renouvelée qu'elle continua d'attendre que l'artiste termine de lui tirer le portrait.

Mais toute patience a des limites. Celle de Rose... Encore plus. D'autant que le froid lui compressait la vessie. Cependant, en bon petit soldat, elle ne rompit les rangs qu'une seule fois, pour éternuer. Avant de reprendre place et sa pose. Cinq heures plus tard - au moins ! - voilà qu'il la complimente. Maigre consolation. Elle se sentait attraper mal au dos, à rester droite comme un piquet. Cependant un sourire s'imposait, elle l'en gratifia chaleureusement.

Elle s'attendait à ce qu'il retombe dans un mutisme concentré. Ce ne fut pas le cas. Et c'est sur le ton de la conversation qu'il lui lança un désinvolte "que diriez-vous de m'épouser ?". Rosalinde en resta comme deux ronds de flan. Soufflée. Et après quelques secondes qui lui permirent de reprendre ses esprits et de s'assurer qu'elle avait bien compris le sens de la question, tout ce qui put s'échapper de sa bouche fut un languissant :


- Et bien...

Que dire ?
Sa demande la prenait totalement au dépourvu. Voulait-il vraiment l'épouser, alors que ces mots, il les avait prononcé sans même la regarder ? Ne se sentait-il pas obligé de le faire ? Parce qu'elle lui avait dit qu'elle l'aimait ? Ou n'était-ce que de la gêne à exprimer ce qu'il ressentait ?
Une chose était certaine, ce n'était sans doute ni pour son argent, ni pour sa vertu qu'il lui avait fait cette proposition. Rose était Rose, un panier percé, et il connaissait son passé, ou du moins une partie.
Et elle ? Que savait-elle du passé de l'Irlandais ? Rien ou presque. Quelques jours auparavant elle avait appris qu'il avait deux sœurs. Le bâtard... Elle ignorait l'identité de sa mère. Préférait sans doute ne pas la connaitre, d'ailleurs.
Dire oui, c'était le saut vers l'inconnu. Se résoudre à une vie vertueuse, liée à jamais à un seul homme. Et pourtant, elle avait espéré cette demande. Mais la manière l'avait décontenancée. Dans le fond, ce n'était peut-être pas plus mal ainsi, cela devait vouloir dire qu'il ne fallait pas qu'elle en espère trop. Ou simplement qu'il n'était pas démonstratif.

Rha, les demandes en mariage, c'est naze ! Et les longues secondes s'égrainent, et elle prend son visage dans ses mains, comme pour se dérober au regard de Finn. Elle s'en veut de se questionner autant. "Ma fille, vas-tu cesser de te poser des questions ?! Tu l'aimes, il t'a demandé de lui faire confiance. Et à présent il propose de t'épouser. Fonce Alphonse !".
Alors elle redresse la tête, écarte les mains de son visage. Cherche son regard, et une fois qu'elle l'a trouvé, déclare :


- Je dirais oui.

Et maintenant ?
Elle avait envie de courir au ralenti, face au Soleil couchant, pieds nus dans le sable avec les doux embruns de l'océan caressant son visage - notons bien qu'elle n'avait jamais vu la mer - de se jeter dans ses bras, de l'embrasser, et qu'ils fassent l'amour comme des bêtes sous le regard bienveillant des goélands.
Mais finalement elle resta assise là, à se demander ce qu'elle devait faire, les joues en feu.

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Plop.
Finn
[Et maintenant? Maintenant on complote.]


L'Irlanddais laisse se figer un maigre sourire sous sa barbe en tâchant de se reconcentrer sur sa gravure.

- Il reste un souci, cependant.

Rose fronce les sourcils illico, sortant de sa parenthèse béatitude.

- Un soucis ?

Finn acquiesce.

- Un souci.
- Lequel ?
- Votre ex-maîtresse.
- Qu'est-ce qu'Isaure vient faire là-dedans ?
- Qu'est-ce qu'Isaure vient faire? Pourrir la vie de ses congénères, comme d'habitude.
- Mais crachez le morceau bordel de cul !


Rose s'impatiente, en perd sa pose. Finn, lui, enfonce son couteau plus profondément dans sa plaquette de bois, contrarié, avant de relever le museau.

- Ca vient, ne bougez pas! Elle me fait chanter.
- Comment ça ?!


Stupéfaite, Rose ne reprend pas la pose pour autant.

- Surement pas comme un merle. Plutôt à la manière d'une vipère vicelarde. Ou d'un haut membre de la pègre parisienne.
- Qu'a-t-elle demandé ? Et pourquoi ? Je suis prête à aller lui casser la gueule vous savez.


Sérieuse, il la considère un instant, avant d'écarter la possibilité qu'elle puisse l'être, la brave petite.

- Je suis allé la voir ce matin, à l'aube. Pour lui demander votre main, vous comprenez?

Rire nerveux de Rose.

- Lui demander ma main ? Mais pourquoi ?
- Comment ça « pourquoi »? On est pas chez les pégus, il nous faut respecter l'ordre des choses. Et puis je ne vous connais aucun parent.
- Et bien parce que je n'en ai pas. A part Anne. Ceci dit, ça aurait été une mauvaise idée d'aller demander à Anne. Elle vous aurait sans doute tué, elle vous déteste.
- Remarquez, Miramont aussi me déteste.
- Le jour où on verra Madame jouer du surin... Enfin. Demander à Isaure. Quelle idée !


La rousse secoue la tête.

- Judas n'est pas là, c'est la dernière autorité en date qui ait eu votre garde. Ca me paraissait être une bonne idée au départ.
- Que veut-elle ?


L'artiste laisse mollement tomber sa main créatrice le long de son flanc.

- Eh bien... D'une part, elle exige votre retour à Petit Bolchen.
- Mon retour ? Mais... Elle me déteste !
- Elle doit aimer ça alors!
- Je vous l'accorde... Et d'autre part ?


Il peine à trouver ses mots et déglutit.

- Elle m'a demandé de...
- De ?


Rose lui arracherait les mots de la bouche si elle le pouvait.

- De...

Elle trépigne.

- De quoi ?!
- De devenir son « bras armé ».. son domestique!


Rose le considère un instant, interdite.

- Son domestique ? Vous ?

Finn hoche la tête en se désignant, bien content qu'elle réalise la gravité de la chose.

- Eh oui, MOI.
- Et bien moi je vous le dis, nous n'avons pas besoin de son avis pour nous marier.


L'Irlandais change radicalement d'attitude.

- Vous rigolez? Il nous faut des témoins, des gens pour bénir cette union. Nous n'allons pas nous marier dans la marginalité!
- Vous préférez aller jouer les gardes à Petit Bolchen ?


Rose met ses poings sur les hanches tandis qu'il se décompose.

- Non, bien sûr... Mais j'ai pensé que vous.. vous auriez peut-être une solution.

Elle se lève et va se blottir contre lui. 1) parce qu'il est trop mimine avec cette tête là 2) parce qu'elle commence sérieusement à congeler et qu'un peu de chaleur humaine ne lui ferait pas de mal.

- Et bien... Je ne vois pas vraiment comment la faire changer d'avis. Si ça avait été Judas... Mais Isaure ! Oh mais...

La rouquine lui sourit, un brin machiavélique.

- J'ai peut-être une idée.

Finn l'accueille contre lui, tentant de lire dans cet odieux sourire, intrigué.

- Dites.
- Cela impliquerait que vous acceptiez, dans un premier temps, de participer à la mascarade.
- Dites toujours...
- Donc, vous logeriez à Petit Bolchen... Sous le même toit que votre fiancée à la jupe légère... Je serais ravie de me venger de Judas qui a osé coucher avec une femme dans MON lit. Je tacherai de lui faire comprendre du moins. Bien sûr, dès qu'il le saura, il s'empressera de demander à Madame de vous renvoyer. Ou de nous renvoyer. Mais nous aurons accompli notre part du marché, et nous pourrons nous marier.


Il fronce le sourcil.

- Ma fiancée à la jupe légère?
- Votre fiancée qui couche avec vous avant la noce, si vous préférez. Je trouvais ça plus poétique de parler de la légèreté de ma jupe.
- Psst ne parlez pas si fort! Je ne vois toujours pas en quoi c'est censé nous sortir de là. Pourquoi Judas me chasserait-il? Il me parlait d'amitié dans son dernier pli!


Finn la regarde naïvement.

- Il est jaloux.
- Il était certes vaguement amer et semblait envier mon « célibat rutilant » ou quelque chose comme ça. Mais tout de même. Que voulez-vous qu'il me jalouse?
- Et bien, moi.


L'Irlandais ouvre des yeux ronds comme des culs de bouteilles.

- Vous?
- Il considère chaque femme vivant sous son toit comme sa propriété.
- Même votre immonde cuisinière?


Rose opine.

- En même temps, vous êtes sur ses terres. Ce sera pareil pour les femmes des miennes.
- Sinon, on peut toujours plaquer un couteau sous la gorge d'Isaure pour la forcer à consentir.
- Ne dites pas de sottises, elle serait capable de se jeter sur le tranchant pour nous mettre dans l'embarras.
- Bon et bien si vous avez une meilleure idée... !


Elle grommelle.

-Vous dites qu'il est jaloux, eh bien écrivons-lui. Prévenons-le de ce qui va se jouer sous son toit.
- Bien. Rentrons, et écrivons cette lettre.
- Et votre portrait?
- Nous aurons bien l'occasion de le terminer plus tard !


Elle se lève, quittant son étreinte, mais lui tend la main. Lui s'exécute, sans broncher. Quelques pas faits ensemble, avant que Rose ne s'arrête, et ne se retourne vers lui.

- Êtes-vous si mécontent ?
- De ?
- Que j'aie accepté votre demande.


Taquine, la Rousse ajoute, avant de tendre sagement la joue :
- Vous ne m'avez même pas embrassée.
- C'est que j'étais aux prises avec votre portrait...


Tout aussi sage, l'Irlandais d'y déposer un chaste baiser.

- D'ailleurs, je compte bien faire votre nu au verso.

Éclats de rire venant de Rose.

- Nue ?


Elle réfléchit, avant de déclarer :
- C'est hors de question, on verra mon ventre !
- En art comme ailleurs on peut toujours s'arranger avec la réalité.


La Rousse sourit, et reprend sa marche, l'entraînant avec elle. Direction l'auberge.

- Je verrai alors. Si vous êtes gentil.
- Oh mais pour ça, soyez certaine que je le serai.

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Rosalinde
En chambre, porte passée et une rousse qui s'affaire à fouiller dans ses malles pour trouver plume, encre et vélin. L'Irlandais, quant à lui, secoue la tête d'un air réprobateur en scrutant sa nouvelle fiancée.

- C'est toujours autant le bordel là-dedans?
- Ces malles sont trop petites !


Et, pour appuyer son propos, lui balance une chainse à la gueule. Il la reçoit avec flegme et déplie l'étoffe.

- Ce n'est pas comme si vous aviez la taille teutonne, en plus.
- Encore heureux !
- Bon, ça vient cet écritoire?


C'est qu'il s'impatiente, en tapant du pied nerveusement. Rose, de son côté, finit par sortir une paire de chausses, qu'elle regarde avec un sourire.

- Regardez comme elles sont adorables ! Je les avais totalement oubliées celles-là ! Hum, bref, ce n'est pas le propos.

Finn lève les yeux au plafond, tandis qu'elle les balance aussi, un peu plus loin dans la pièce, avant de finalement sortir son nécessaire à écriture.

- Et voilà !
- Allez-y, en reconnaissant votre plume il sera davantage disposé à faire la guerre à sa femme.
- Très bien.


La Rousse se pose face à la petite table, donc. Le brun s'approche et se penche par-dessus l'épaule de Rose.

- Comment vous l'appelez dans vos plis?

Elle écrit en même temps : Sémur, le 10 novembre 1460.


- Mmmmh... Généralement je ne l'appelle pas. Je lui écris des mots plutôt que des lettres.
- Ne soyez pas aussi flemmarde cette fois, il nous le faut de notre côté.
- Monsieur, alors ? Ou Messire von Frayner ? Mon p'tit Judas chéri ?


L'Irlandais de lui adresser un coup d'oeil manquant cruellement d'humour. Elle sourit en coin.

- Pourquoi pas un cordial Monseigneur?
- Il déteste. Ça fait ecclésiastique. Je faisais exprès de l'appeler comme ça pour l'ennuyer. Plutôt... Au Seigneur de Courceriers, et plus bas, Monsieur.
- Ça me parait correct.


Elle l'écrit, donc. Lui approuve d'un hochement de tête.

- Bon, ensuite...
- Pensez-vous qu'un paragraphe d'insultes sur sa saloperie d'épouse serait de trop?
- Sans doute, et pourtant... Voilà qui serait plaisant à écrire.


Finn sourit, carnassier.

- Je ne le connais pas aussi bien que vous, après tout. Vous devriez savoir ce qui pourrait le décider à empêcher cette triste comédie de se jouer.
- Déjà, écrivons-nous en nos deux noms, ou seulement moi, au mien ?
- Rentabilisons le parchemin, écrivez les deux.


Il a toujours l'esprit pratique. Qui a dit radin?!


- Parfait. Dans ce cas... Pourquoi pas "Je prends la plume ce jour pour exprimer, en mon nom et en celui de votre cher ami Finn d'Pommières notre indignation face au comportement de votre épouse" ? Cela me parait une bonne mise en jambe.
- Ah oui, c'est bien ça.
- Parfait !
- Peut-être devrait-on l'informer de nos épousailles?
- Peut-être, oui.


Rose se chatouille le museau avec la plume, en quête d'inspiration.

- Vous n'avez qu'à ajouter "mon fiancé" derrière mon nom, économisons l'encre.
- Oui, bonne idée.


Elle rajoute un "et mon fiancé" donc, entre les lignes.

- Pour la suite, faites simple, sans drame inutile comme vous avez coutume.
- Mmmh...
- Simple, mais ferme. Grave, sans être pathétique.
- Étant donné que Madame était la dernière personne en date à avoir eu autorité sur moi, et ne me connaissant pas de famille, c'est tout naturellement qu'il s'est dirigé vers elle afin de lui demander ma main. Pour remettre les choses dans leur contexte.


Il opine, suivant d'un œil critique la progression de sa plume.

- Bigre j'ai un talent inné pour écrire des lettres !
- Je vous confierai mon courrier à l'avenir.
- Très bonne idée !

La belle tourne la tête vers lui.

- Vous n'en avez pas marre de rester debout ?
- Comment voulez-vous que j'ai l'air de superviser si je m'assois ?
- Comme vous voulez !
- Maintenant, insistez bien sur l'offense qui m'est faite. Sur l'odieux chantage de Miramont.
- Oui. Bon.


Elle réfléchit.

- "Ce qui ne devait être qu'une formalité d'usage s'est transformé en un véritable festival de n'importe quoi par la faute de la gorgone qui vous sert de femme", ça vous convient ?


Finn jubile et applaudit.

- Ceci dit il ne vaudrait peut-être mieux pas insulter Isaure.
- Vous avez raison. Enlevez "femme".
- Pour mettre quoi à la place ?
- Gorgone, c'est déjà pas mal, non?


Rire de Rosalinde.


- Non, plutôt... Ce qui ne devait être qu'une formalité d'usage s'est transformé en une véritable bouffonnerie. Puis j'explique. Ou farce de mauvais goût, à la place de bouffonnerie ?
- Oui, changez. Miramont n'est pas si drôle.
- Va pour la farce alors. Madame a en effet cru bon d'exiger, en échange de son consentement, que je revienne travailler à Petit Bolchen. Entre parenthèses : Cela, passe encore, fermez la parenthèse, mais également que Finn entre à son service. Comme garde du corps. Oui ? Non ?
- Précisez bien qu'elle réclame une présence constante de ma part à ses côtés.


Elle le rajoute.

- Pensez que ça suffira?
- Il faudrait préciser notre réclamation.


L'Irlandais la coupe.

- Ah! J'ai oublié.

Elle tourne la tête vers lui, intriguée.

- Elle compte aussi financer la moitié des frais de notre mariage. Votre Judas, il ne serait pas un rien rapiat sur les bords?

Le voilà qui se fend d'un demi-sourire perfide. Et la Rose de sourire de concert.

- Parfait ! Ah, elle ne pouvait pas mieux dire.


Jubilant, rajoute un "en échange de quoi, elle offre de financer la moitié de notre mariage".

- On la remerciera plus tard. Lorsque contrite, elle devra bénir notre union.

Nouveau sourire de Rose.

- J'hésite à rajouter quelques lignes de mon cru. Enfin, d'abord : Bien entendu, nous espérons que vous saurez lui faire entendre raison, et qu'elle se résolve à fournir sa bénédiction sans contrepartie aucune. Nous tacherons pour notre part d'oublier sa généreuse offre.

Le talent manipulateur de Rose effraie un peu son fiancé.

- Oui.. C'est pas mal. Vous faites souvent ce genre de chose?..
- Cela m'est arrivé par le passé.


Il fronce le sourcil, intrigué.


- Je vais rajouter une chose.
- A quoi pensez-vous?
- Si Madame ne peut se résoudre à abandonner ses projets d'embauche, nous pouvons également envisager que vous donniez votre accord à sa place. Privilège de l'autorité maritale. Le consentement de Judas vous satisferait ?
- S'il m'épargne les caprices d'une Champenoise nauséeuse, je ne cracherai pas dessus. Avons-nous le choix?
- Le choix ? C'est vous qui ne voulez pas m'épouser sans leur consentement !


Plume reposée, et la Rousse d'entortiller ses doigts les uns les autres, question fatidique aux lèvres.

- Et... S'ils refusent tous les deux de changer d'avis ? Vous... Travailleriez à Petit Bolchen ?
- Je n'ai pas envisagé la défaite... Mais j'ai encore un argument dans ma manche.
- Ah oui ? Et... S'il fallait y songer, malgré tout ?


Il soupire, elle récupère sa plume, baisse la tête vers le parchemin. Quelques secondes de silence.

- Peut-être... Pour un temps réduit.
- Vous feriez ça ?
- Pas de gaîté de coeur, je vous assure.


La voilà qui pose la plume qu'elle vient à peine de reprendre, se lève, se jette à son cou et l'embrasse à pleine bouche. Il se laisse surprendre, y répond, de gaîté de cœur.

- Qu'est-ce qui vous prend?!
- Rien. Rien du tout.


Sourire jusqu'aux oreilles, elle se rassied. Lui réajuste le collet de son pourpoint, secoué.

- Ça vous plairait tant que ça?
- Non, bien sûr que non. Je pensais que vous auriez préféré ne pas m'épouser.
- Ne dites pas de sottises. Et puis je suis trop vieux pour laisser passer une belle plante assez névrosée pour accepter mes avances.


Rire, puis Rosa attrape sa main et la baise, tandis que de l'autre, elle ajoute une nouvelle ligne à la lettre : "et si toutefois vous persistez dans votre refus, je me ferai un plaisir de coucher avec lui dans votre lit. Vous rendre la monnaie de votre pièce me semble la moindre des choses." Finn, quant à lui, ne remarque pas la dernière ligne sous forme de menace et l'envisage avec bienveillance.

- Vous êtes redoutablement affolante, Rose. Je nous prédis un grand avenir.
- Et une nombreuse descendance ?


Malicieuse, elle sourit, puis rajoute un : "Dans l'attente d'une réponse, bien cordialement", et signe. L'Irlandais de darder une lueur lubrique dans les yeux de la rousse.


- Vous vous sentez d'attaque?

Elle lâche tout, se lève et l'attire vers elle, en le tirant par la ceinture.

- Toujours !
- En piste alors!

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Plop.
Rosalinde
[Quelques jours plus tard]

L'aube encore. Quelques rais de Soleil percent à travers les fentes du volet de bois qui obstrue la fenêtre. Allongée dans son lit, et ayant préalablement tiré toute la couverture à elle, Rose observait, à la faveur de cette faible lumière, l'Irlandais endormi. Impossible de retrouver le sommeil depuis qu'elle avait rêvé qu'elle avait un champignon à la place du nez, et que l'infâme Bocom voulait le couper pour en agrémenter son omelette. Les rêves stupides de la gatita, comme Zoé l'appelait autrefois.

Des pas dans le couloir, lourds, qu'elle reconnait comme étant ceux de l'aubergiste, brave homme rubicond qui semblait être vissé à son comptoir. Devant leur porte, il s'arrête, bruit du frottement du vélin contre le plancher. Et il repart. Dressant la tête, elle observe. Une lettre, glissée sous la porte. Tout doucement, elle s'extirpe des couvertures, et sur la pointe des pieds va se saisir de la missive, qu'elle lit à la lueur d'une chandelle rallumée.

Judas.


Citation:
Mafoy Finn, votre fiancé. Je suis fort aise de l'apprendre de la sorte... Vraiment. Faites bien ce que bon vous semble, ma Dame est encore bien trop bonne de vous proposer de financer votre mariage, partiellement ou pas... Puisque comme un étranger vous ne m'appelez au secours que pour m'aider sur quelque chose dont je ne suis pas au fait, comme une étrangère menez votre vie. Bien du bonheur.

J.


Malaise chez la rousse. Il consent, c'est évident. Les envoie paître en même temps, attendu. Pourtant quelque chose cloche. Cette distance qu'il place entre eux, il l'appelle "l'étrangère". Reniement ou sentiment d'abandon ? Elle pencherait sans doute pour la seconde solution. Le front pâle se ride un instant. Cela ne lui plait guère, et si elle le pouvait, dans un réflexe maternel, elle aurait voulu prendre Courceriers dans ses bras. Ce que des hormones en folie ne vous font pas faire... Et, sans doute avait-elle plus d'attachement qu'elle ne voulait bien y penser envers son ancien patron, et ancien amant.

Alors, plume en main, elle s'attelle à lui répondre.


Citation:
Êtes-vous surpris ? Vous saviez l'attachement que j'avais à l'égard de Finn. Je crois même que vous aviez écrit qu'il me rendait d'un ennui mortel. A présent les choses sont faites, et ce consentement que vous nous donnez était la dernière pièce du puzzle de nos fiançailles.
Mais ne soyez pas contrarié, car vous avez été la deuxième personne à apprendre cette nouvelle (après Madame) même si celle-ci était effectivement assortie de la demande de votre assentiment. Sans doute les choses ont-elles été dites un peu trop abruptement, mais ne m'en veuillez pas, mon but était avant tout de ne recevoir aucun refus, dussé-je me montrer dure et menaçante. Vous me connaissez, j'aime parvenir à mes fins.
Et, en gage de ma bonne foi, je vous le demande présentement : Soyez mon témoin, comme j'ai été le votre, en juillet.
Si je ne peux prétendre à votre amitié (Madame m'a clairement fait comprendre il y a quelques semaines que cela été proprement inconcevable) j'espère au moins que nous puissions établir une sorte de ... Mutuelle considération.

Rose.


En espérant que cela suffise à combler le fossé d'extranéité que Judas avait creusé entre eux. Soigneusement, elle plie la missive, qu'elle enverra pour l'Anjou plus tard dans la journée. En attendant, elle retourne se mettre au lit, prenant bien soin de coller ses pieds glacés contre les mollets de l'Irlandais. Qu'il la réchauffe, c'est son rôle !
_________________
Plop.
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