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[RP] Prendre les choses en main et finir dans le jus.

Charlemagne_vf
[Nuit humide. Attentat liquide.]

La nuit est tombée sur le Languedoc et sur Mende. Le Soleil a chu, mais la Lune, levée à son zénith, peine à défaire ce que s'employa à faire son triste jumeau diurne. Dans sa chambre, Charlemagne de Castelmaure a chaud.
Il n'a jamais aimé la lourdeur du Sud. La chaleur, il l'aime émanant d'une riche et douce peau de bête, en hiver. Il sue : son front est une mer glacée, et sur son dos coule une rivière qui ne se jette dans un océan postérieur qu'au sortir du Delta de la Chute de Rein.
Depuis deux heures qui en paraissent quatre, le Prince se tourne et se retourne. A ses pieds, une couverture a été rejetée violemment, dans un élan de colère, soixante minutes plus tôt. Il est allongé sur un lit ouvragé dans un bois massif dont le dossier de tête, finement gravé d'un chef de Lion, entre autres fioritures, se termine en un baldaquin sans rideaux. Mais est-ce là le seul intérêt de l'Infant à cette heure de la nuit que la menuiserie ? Tristement, oui. La chaleur n'aidant pas au sommeil, il cogite à tout et à rien, son attention se portant sur les plus petits et insignifiants détails de sa vie.
Entre deux réflexions, il compte les moutons sans succès. Il se lève, va à la fenêtre, observe l'astre nocturne, quelques étoiles, qu'il dédaigne. Même la froideur du sol l'agresse. Rien ne va. Nuit pourrie.

Il s'affale à nouveau, il va et vire. Son bras pend le long du lit jusqu'au sol, son visage affiche une colère noire contre le cosmos qui lui refuse le repos le plus sommaire.
Il s'étend, sur le dos, écartelé. L'air peine à lui parvenir.
A la sueur se mêlent sans doute quelques moustiques. Il se gratte. Aucun insecte, mais il se gratte quand même. Le mollet d'abord, puis le torse.
Il ferme les yeux, les ouvre à nouveau, soupire, et re-soupire. Épuisé de tant de sport, retourné sur le ventre, il ne bouge plus, haletant.


Dors ! dors ! dors !

Mais les pensées vagues et sans cohérence s'invitent.

Un. *souffle* Deux. *souffle* Trois. *souffle*

Et le texte de son prochain écrit à la Hérauderie Impériale vient interférer, puis se fait couper la chique par les formes infâmes d'une Yolanda de Josselinière et le visage symétrique et imberbe de son frère.
Que viennent-ils foutre là ? Aucune idée. C'est comme les rêves qui profitent d'un moment de somnolence pour plonger l'Altesse dans un délire total qui finit par le réveiller, encore. Le réveiller pour mieux recommencer le manège incessant.

Et ça gratte, ça gratte encore. Charlemagne rampe sur ses draps. Et zut ! Après les suées, après les démangeaisons, après un épisode de soif et un autre de faim, après l'inquiétude quant à son avenir, l'Infant doit subir une manifestation impromptue et inattendue de son anatomie.
Il devient homme.
Il ne pourrait nier qu'un fin duvet à commencer à orner ses lèvres. Certes on ne le distingue qu'à peine, mais au toucher, il est perceptible.
Il ne peut non plus nier que ses jambes commencent à brunir.
Il ne peut nier que, parfois, alors qu'on lui donne son bain, sa virilité se présente à lui.

Mais tout cela, il ne l'a pas étudié. Doux paradoxe de l'Enfant érudit par la force des choses, éduqué comme le Prince qu'il est par force précepteurs, mais dont l'orphelinat a oublié tout apprentissage des choses de la vie.
Et là, lesdites choses insistent, elles marquent leur territoire, et cette rigidité nocturne n'entend pas baisser les armes. C'est la première fois : les autres, anecdotiques, étaient succinctes, et le Prince n'en a pas même le souvenir.
Aidé par un mouvement incessant, par des retournements, par des frottements ostensibles contre le lit, le Sceptre Royal se voit flatté, et si malmené que Charlemagne commence à y trouver un plaisir certain. Un plaisir qu'il ne ressent jamais. Un plaisir qui est celui des sens et non de l'esprit.
Dans sa frénésie, le bien pensif Aiglon oublie de s'arrêter et d'étudier le phénomène, à tel point qu'après s'être amignonné, chemise à moitié relevée, et le tout sans même le vouloir, il se trouve ramené à la dure réalité par un jet tout aussi chaud que la nuit sous ses linges, réveillé par son propre cri de jouissance.

Stupeur. Tremblements. L'extase fut courte, très courte, et la tenue de Charlemagne est souillée. Ses yeux vont et viennent. Qui l'a mouillé ? Il ne saurait dire. Pas de pipi au lit, il le sait. Il n'a pas uriné dans ses linges depuis des siècles. Alors quoi ?


Gardes ! A moi ! Madame d'Auxerre ! Aelith-Anna !

Toute la mesnie mérite d'être conviée à l'évènement. Le Prince se sent offensé par une force qui lui est supérieure - l'impudente ! - et entend bien la réduire à néant. Il se touche le ventre : ça colle. C'est répugnant. Il renifle : c'est étrange.
Et les premiers qui auront fait irruption dans la chambre de voir le Fils de France, la main tendue, auréolée d'un liquide blanchâtre.


On m'a craché dessus.

A eux de prendre la mesure de l'outrage.
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Jehan.fervac
    La nuit était trop chaude. Trop lourde.
    Le simple contact du drap était insupportable. Une chaleur étouffante, une chaleur d'été, orageuse & malgré cela chargée d'eau.
    Jehan dormait sur une banquette dans la petite pièce adjacente, la plus part du temps il ne dormait que d'un oeil, mais là, il ne dormait simplement pas du tout.
    Pensant a autre chose, a Marie qui ne devait pas dormir non plus dans le quartier des domestiques. Peut être pourrait-il aller la rejoindre, après tout, il ne se passait jamais rien... & qui s'apercevrait qu'il n'était plus là...
    Ha Marie et ses lippes pleines...

    _Hmmm, Aller.

    Un grondement s'échappa des lèvres ourlées du Chien. Un mouvement d'épaule, et le voilà qui se lève. Les deux pieds contre la fraicheur délicate & bienvenue qui se dégage du sol en pierre. Il tendit le bras, ses doigts rencontrant le tissu fin de ses braies, ils se refermèrent dessus sans attendre et l'emprisonnant les ramenèrent vers lui.
    Le Garde sauta dans ses braies sans attendre. Il s'étira un peu a la façon d'un chien qui vient de finir sa sieste & qui s'ébroue pour se réveiller.

    Et alors qu'il attrapait sa chemise, un cri retentit.


    _Gardes ! A moi ! ...

    Il ne prit pas le temps d'écouter la suite, il n'en avait pas besoin, il se précipita vers sa lame, ne perdant pas plus de temps, il se jeta contre la porte, épée au clair, encore ébouriffé, sans chemise et les yeux fous.

    _Que se passe-t-il !? tonna-t-il quand il se rendit compte qu'il n'y avait strictement personne. Pas d'agresseur, pas de voleur, pas d'assassin, alors bon dieu pourquoi le minet venait-il d'hurler a la mort ?


    _On m'a craché dessus.

    Un sourcil s'arqua, mais même dans la pénombre Jehan sut identifier ce qui maculer la main tendue de la juvénile Altesse Royale.

    Le grand brun baissa sa lame, et regardant le garçon & son air outré, il se trouva prit au dépourvut, sa bouche s'ouvrit & se referma avant qu'un sourire léger éclaire doucement son visage, puis le sourire prit de l'ampleur jusqu'à ce qu'un rire s'échappe du torse large du garde. Un rire tonitruant, grave & sonore. Les larmes lui montèrent aux yeux, la crise de rire lui coupait le souffle.
    Il ne se rendait pas compte que cela pouvait être blessant pour son petit maitre, mais c'était si... incroyable que Jehan ne put contrôler son hilarité.
    Elle était si grande qu'il dû prendre appui contre le mur, main a plat, tête basse, mais riant, riant... !

    Quand enfin le Sombre Garde put reprendre une respiration normale & lui permettant a peu près de parler correctement, il lâcha:

    _Personne ne vous a cracher dessus mon Prince. A part vous, il n'y a personne.

    Il ne put continuer, il serra les dents & se retient de rire a nouveau, il ne pouvait pas garder son sérieux, il n'y arrivait pas... Comment garder son sérieux face cette situation!?

_________________
Aelith
Ne pas dormir, c'est un truc qu'Aelith connaît bien.

Attablée à son secrétaire, relisant la même missive pour la 16ème fois (au moins) à la lumière d'une bougie, elle imagine le pire. Stephan a en effet daigné lui donner de ses nouvelles, et ce genre d'évènement n'augure rien de bon. Si la lettre ne donne pas la moindre information valable - honnêtement, savoir qu'il fait un temps magnifique en Bourgogne et que Lothaire a des rhumatismes, ça ne casse pas trois pattes à un canard -, elle existe bel et bien. Un ramassis de mot, un agglomérat de lettres, et l'impression pour la Flamboyante qu'il faut lire entre les lignes.

Sauf qu'à cette heure tardive, même les lignes, elle n'est pas vraiment sûre de les lire encore correctement.

Epuisée, angoissée, et légèrement assoifée, Augy finit par abandonner le secrétaire pour s'affaler dans son lit, se servant au passage un verre d'eau fraîche. Rectification: un verre d'eau-autrefois-fraîche-mais-toute-tiède-maintenant-vu-comment-il-fait-chaud-à-mort. Grommelant légèrement dans son absence de barbe, la rouquine hésite entre ordonner sévèrement qu'on lui apporter de l'eau fraîche, et succomber de déshydratation en pleine nuit. Ce sont ses yeux qui décident pour elle, puisqu'ils choisissent de se fermer - tant pis, ce sera la mort, et puis c'est tout.


Gardes ! A moi ! Madame d'Auxerre ! Aelith-Anna !

Réveil brutal - enfin, elle n'était pas vraiment endormie. Qui pouvait bien crier comme ça? Déjà, Rhéa était à la porte, aboyant comme une perdue, sentant l'imminence du danger - ou trouvant l'occasion trop belle pour jouer un peu. Dans un instant de courage, la Flamboyante (décemment vêtue, rassurez-vous) se rue hors de sa chambre tandis que son cerveau calcule: bon, déjà, ça ne peut pas être la Prinzessin, elle ne s'appellerait pas elle-même au secours. Ca ne peut pas être elle-même non plus, puisqu'elle est là, et qu'elle va bien - à part cette histoire de lettre, bref. Ca ne peut pas être les gardes: ils n'appellent pas à l'aide, ils se défendent, c'est leur job. Par élimination, vu le timbe de voix et le débit sonore, ça ne peut être que...

―Votre Altesse! Tout va bien?

Oui, elle a fini par arriver, entre-temps. Elle jette un oeil au garde, seul homme armé dans la pièce - le seul capable d'être efficace, donc. Stupidement, Aelith est venue les mains vides. Enfin, il y a Rhéa, mais c'est un lévrier, par un lion nourri au yaourt depuis deux semaines et qui pourrait se révéler efficace contre une armée de kidnappeurs.

―On vous a craché dessus. Et donc vous criez.

Détaillant la scène, la Flamboyante fronce un sourcil. Le jeune homme est paniqué - et trempé -, le garde est en plein fou-rire, et... Qu'est-ce qu'elle vient faire là, au juste? Qu'est-ce qu'elle vient faire ici alors que, visiblement, c'est une affaire d'hommes (plus ou moins), qui est en train de se jouer? Augy hésite un instant. Et note au passage la tenue savamment étudiée du Petit Prince.

―Vous plaisantez, n'est-ce pas?, finit-elle par demander, saisissant tout à coup l'ampleur de la situation.

Que dis-je: du drame.

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Charlemagne_vf
Ce fut d'abord Fervac. Mais le Garde fit bien mal son oeuvre. Charlemagne bouillait de colère. Après l'outrage venait l'humiliation.
Déjà, il paraissait en tenue enfantine. Une simple chemise, aussi simple que celle du premier gueux venu. C'était assez se donner en spectacle sans que l'on en rie.
L'indélicatesse impromptue du Chien piqua le Prince dans son orgueil.
Affichant une moue et ses yeux virant du marine au noir, l'Aiglon allait étendre ses ailes et ordonner à l'Ours de se flageller quand l'équine Dame d'Augy entra à son tour, calmant tout net le jeune Héritier.


Non, tout ne va pas bien. On m'a craché dessus, et ma garde se moque. Il est stupide. Il croit que si c'était vrai, il y aurait quelqu'un. Il n'a jamais vu un assassin se dissimuler. Incapable !

L'horreur, l'Enfer sur terre. Jamais le Fils de France n'avait subi d'affront, pas même lors de sa fuite du Louvre. On le craignait, on le respectait, on l'admirait, mais on ne riait pas de lui. Il aurait préféré le mépris jaloux à la moquerie.
Mais la rousse semblait ne pas prendre la mesure du drame. Elle restait là, circonspecte, bécasse bien élevée qu'il n'aurait pas fallu tirer du lit.
Charlemagne resta pantois à son tour. On se fichait de lui. On l'aurait laissé crever comme un chien !
Ingrats !
Traîtres !
Félons !
Le jour ils vous adulent, la nuit ils vous transpercent, les salauds.
Pire. On l'accuse de plaisanter. Lui ? Mythomane ? L'idée saugrenue. Lui plaisantin ? Un grotesque contresens.
Fatigué, l'Infant impassible, maîtrisé, mesuré, qui jamais ne lève le cil pour marquer la moindre perplexité, perd contrôle. Faut pas pousser. Oh !
Il glisse jusqu'à la vassale Auxerroise et d'un geste impérial, il macule sa robe de ce qu'il prend pour un foutu glaviot, en plus collant.


Là. C'est une plaisanterie peut-être ? Oui je crie. Ça ne vous gêne pas vous de vous faire cracher dessus ? Moi si.
MADAME D'AUXERRE !


Pourquoi appeler la Froide ? Après tout, c'est prendre le risque d'avoir un spectateur de plus. Mais Ingeburge von Ahlefeldt le comprend, elle est de son monde. Jamais elle ne tolérerait qu'on la touche. Alors qu'on la gratifie d'un mollard visqueux ! Elle les punira, ces impudents qui rient ou qui s'offusquent.
Il faut les tuer de toute façon. Ils l'ont vu en chemise. D'ailleurs, c'est promptement que l'Altesse Royale se couvre les épaules d'une fourrure, cachant son corps à la vue de tous.
La pudeur est bien soudaine. Après tout, ne sont-ce pas des gouvernantes qui le baignent encore chaque jour ?


Et pourquoi tu ris, toi ? Stupide chien !

Mais il voyait bien qu'il y avait derrière cela une vérité toute autre. C'est un complot. Ils lui ont tous craché dessus à l'unisson. Les monstres ! Et ils refusent de l'admettre.

Je suis Prince de France. Vous me le paierez !

Ou me l'expliquerez. Mais décidez-vous.
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Aelith
Tout allait bien. Tout allait parfaitement bien.

Elle n'était pas dans la chambre d'un enfant, accompagnée d'un garde hilare, d'un énorme chien et d'un assassin invisible. Elle n'avait pas quitté sa chambre en courant, Rhéa ne reniflait pas la main de l'Aiglon et elle-même ne fronçait pas les sourcils avec dégoût. Le gamin ne venait pas d'essuyer sa main "pleine de" sur sa robe. Elle n'avait pas envie de l'étriper, elle n'avait pas envie de hurler, elle n'était pas désespérée face à la fierté mal placée du garçon.

Elle jeta un oeil au garde. Il riait toujours.
Rien n'allait bien.


―Vous devriez lui expliquer, lâcha-t-elle, évitant de mettre les mains à sa robe. C'est une histoire d'hommes, non?

Elle détestait cette odeur. Beurk. Et le Petit Prince la regardait, sans comprendre, aussi vexé qu'un enfant à qui on aurait volé son jouet. Elle allait finir par le détester, lui aussi. Mais après tout... Il ne savait pas.

Alors, par quoi commencer?

Soudainement, sa voix se fit douce. Plus douce que jamais. Elle souriait. Il fallait commencer par calmer l'Aiglon furieux.


―Votre Altesse, vous ne dormiez pas avant qu'on vous... crache dessus, n'est-ce pas?

Quel début pourri.
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Jehan.fervac
    Le fou rire se calma petit a petit, mais il fallait le dire, la situation restait cocasse.
    Le Chien rengaina, il tâcha d'avoir l'air un peu plus ombrageux, bref, il voulait retrouver un peu de sérieux avant de finir la tête au bout d'une pique. Et alors qu'il se passait une main dans les cheveux histoire de se coiffer un minimum - sans succès...- il entendit la réaction de la nouvelle venue & grimaça pour elle.
    *Non, je suis pas vraiment sur qu'il soit vraiment d'humeur a plaisanter...*

    Et effectivement, il n'était pas d'humeur.
    Incapable. C'est nouveau.
    Un soupire s'échappe des lèvres de l'Ombre, & pour la forme il se pique d'aller regarder derrière chaque rideau qui orne la pièce, derrière chaque coffre, pas âme qui vive.


    _ Y'a pas un rat... Grognement. J'l'ai dis, ça ne peut venir que de vous.

    Mais non, non & non, il continuait a gesticuler, a maculer la robe de la jeune femme. Eurk. Nouvelle grimace.
    Espérons qu'elle ai du sang froid.


    _ Je ris parce que ce n'est pas un crachat.

    Un sourit moqueur ornait toujours les lippes du Garde, il n'arrivait décidément pas a rester sérieux.
    Froncement de sourcil, Jehan regarde la rouquine & son chien.
    Hein quoi... Lui expliquer... !?

    Explique a cet aigle qui s'agite furieusement que ce qu'il a fait n'a rien d'une offense & qu'il est le seul responsable de sa prétendue souillure...
    Objectif n°1 : ne plus rire.
    Objectif n°2 : essayer de ne pas le vexer histoire de ne pas finir pendu par les orteils.
    Objectif n°3 : ne pas rire de nouveau.

    Le brun prend une respiration, il écoute l'esquisse d'explication de la noble demoiselle, & sourit en coin.


    _ Bien sur qu'il dormait pas...

    Les mains se glissent dans les poches, primo, aborder le sujet de façon imagée... ( chose pas tout a fait aisée quand on a la culture d'un bulot.) Secundo, ne pas tomber dans le ridicule.

    _ C'est rien... Enfin non c'est pas rien... *joyeux début* Vous devenez un homme. C'est... euh... Enfin vous avez forcément fait quelque chose, ça marche que sur le principe action – réaction...

    Bourbier... Total bourbier.
    Et en plus, Fervac, te rends tu compte que tu es entrain de retourner l'accusation contre ton Prince... ?

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Charlemagne_vf
_ Bien sur qu'il dormait pas...

Et l'on se piquait de répondre pour lui. Qu'en savait-il, le Chien, que son Maître ne dormait pas ?
Il ne pouvait y avoir qu'une seule réponse, c'était lui le vil cracheur, ce qui expliquait sans doute pourquoi il s'acharnait à convaincre le Prince qu'il n'y avait d'autre responsable à sa situation humiliante que lui-même.
Tout devenait clair comme de l'eau de roche. Le corps sacré de l'Aiglon avait été souillé par la vilenie d'un serviteur récalcitrant. Il tâterait du fouet, et le Fils de France se ferait même un plaisir d'asséner les coups contre le dos puissant de l'animal.
Quant à Aelith-Anna, elle semblait complice.
Que devait-on expliquer à l'Infant ? Tous deux semblaient savoir des choses qu'il ignorait : le jeune Duc était froissé, blessé dans son orgueil, et hagard. Il ne comprenait plus le jeu qui se jouait sous ses iris bleues marine.


Non. Je ne dormais pas. Et alors ? Ne se fait-on cracher dessus que lorsqu'on dort ? C'est stupide.
Et toi, Rat, tu paieras pour avoir mis en doute la parole de ton Maître ! C'est un crachat ! Quoi d'autre ?


S'en vint alors l'explication bancale et fort peu éclairante de la chose. Que pouvait être cette liquidité blanchâtre, et surtout, d'où venait-elle ?
Il fallait admettre que le mollard avait une concentration en lait - quel autre substance peut colorer les choses en blanc ? - bien trop grande pour être honnête.
Oui, Charlemagne avait fait quelque chose, mais est-ce un crime que de se tordre de chaleur ? Et ce n'était pas la première fois qu'il se frottait avec passion à son lit. Jamais il n'y avait eu la moindre réaction.
Étourdi par la colère, le Castelmaure oublie le sentiment de plénitude, il oublie jusqu'à l'oubli. Il ne sait plus comment il en est arrivé là. Il avait chaud, et ce fut tout.

Il cracha aux pieds du Fervac.


Action. Réaction. Je crache, vous avez un crachat sur le sol. Et après ?
Me faire cracher dessus fait de moi un homme ?


S'il n'avait pas été en pleine crise, le Prince aurait ri et demandé qu'on le submerge de salive, ainsi deviendrait-il en un rien de temps fort, beau et robuste. Un mâle.
D'ailleurs, l'Infant était déjà devenu un homme. Enlevé trop tôt à sa mère et remis tout aussi tôt entre les bras d'hommes et de femmes devant faire son éducation. Doté d'une précocité qu'il mettait sur le dos de la pureté de son sang, le Nivernais n'avait pas eu le temps d'être un enfant.
Sa panique, pourtant, était toute puérile. Un vestige. Un pas dans l'adolescence, un truc hybride qui n'existe pas dans un monde où l'on devient homme aux alentours de treize ans.
Toutefois, si psychologiquement, le Fils de France se prend pour un Homme, son corps n'a pas intégré l'idée. Il a pris son temps, lui. Et le voilà qui se manifeste à rebours, entraînant avec lui l'esprit étriqué.
Maintenant, allez expliquer à un Homme qu'il n'en est pas encore un, mais qu'il le devient, et surtout, comment il le devient.
Et ça, c'est le sacerdoce de ceux qui ont le malheur de se trouver là le jour venu, et c'est sans doute pire que d'expliquer à une fille la venue de ses menstrues, parce qu'une fille n'a rien à provoquer : elle n'est pas fautive. C'est juste ainsi.
Un homme, en revanche...

_________________
Aelith
Elle allait finir par s'énerver.

La Flamboyante était d'une nature calme. Posée. Bienveillante... Bon d'accord, peut-être pas bienveillante. Mais elle n'était pas nerveuse, ni colérique, et elle possédait un sang-froid qui, s'il n'était pas aussi aiguisé que celui de sa suzeraine, valait tout de même le détour. En l'occurrence pourtant, elle perdait tout: sang-froid, calme et bienveillance. Surtout la bienveillance.

Une vague quinte de toux s'annonçait: sa gorge la brûlait, elle commençait à éprouver quelques difficultés à respirer. Et elle ne supportait pas d'afficher sa faiblesse face au Petit Prince, si fier, si imbu de sa personne, si prompt à poser sur les autres ce regard dédaigneux qu'il maîtrisait à la perfection. Si elle l'appréciait pour les réflexions profondes dont il était capable malgré son jeune âge, elle commençait à trouver que son sens de la déduction était... comment dire... limite.

Jetant un regard reconnaissant au garde qui faisait honnêtement de son mieux, elle lâcha, légèrement excédée:


―Laissez-nous terminer!

On appelle ça la politesse, gamin.

―On ne vous a pas craché dessus. Ca ne ressemble même pas à un crachat... Cela vient de vous - mais ça ne veut pas dire que vous êtes fautif, et que c'est mal. Vous ne dormiez pas: vous étiez en train de... vous frotter contre votre lit. De vous retourner. De vous agiter. La chaleur, sans doute.

C'était la seule explication possible. S'il avait réellement pris les choses en main, il aurait su pourquoi il finissait dans le jus. Bref soupir, et pas un mot l'Aiglon: la rouquine n'a pas terminé.

―Figurez-vous qu'une certaine partie de votre anatomie réagit de cette manière quand on la... malmène. A sa façon, elle crache. Une partie en rapport avec le fait d'être un homme... Une partie qu'une femme n'a pas, vous voyez? Bref: vous deviez sûrement passer un moment agréable avant de croire qu'on vous crachait dessus. En vérité, c'est la façon qu'utilise le corps d'un homme pour exprimer son contentement. Action- réaction.

Elle n'avait presque pas respiré, mais n'avait pas rougi. Elle avait tout déballé, d'une traite, sans ciller, les yeux fixés dans ceux du garçon. Et désormais, la vérité nue lui brûlait les poumons: se retournant vivement, elle laissa éclater la quinte qui attendait son heure, collant ses mains à sa bouche pour éviter le bain de sang. Elle n'avait aucun mouchoir sur elle, et elle savait d'ores et déjà que ses mains seraient constellées de gouttes écarlates.

Résolument retournée - et par là-même, consciente qu'elle tournait le dos au Petit Prince, fatale erreur -, elle attendit sa sentance.

Et qu'on ne lui demande pas comment elle savait tout cela...

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Ingeburge
L'on dormait donc fort mal dans la haute maison sise dans un cul-de-sac que louait la duchesse d'Auxerre pour son séjour mendois et ce n'était pas par manque de confort. Il y avait un prince qui était en pleine phase de découverte, le garde de celui-ci qui avait déjà fait la découverte en question et se proposait de la mettre en pratique et une rouquine qui abîmait ses yeux sur une lettre reçue quelque temps plus tôt. Du côté de toute la valetaille mêlée de la duchesse d'Auxerre et du duc du Nivernais, qu'elle logeât dans la bâtisse même ou dans celle plus petite des communs située dans le jardin, il en allait de même, la chaleur diurne n'était pas encore retombée, l'air se faisait trop rare et l'on n'espérait plus d'orage salvateur à mesure que la nuit filait. Les cinq gardes lombards de la maîtresse provisoire des lieux ne sommeillaient pas davantage mais ce n'était pas la touffeur qui expliquait leur éveil mais leur service : s'il prenait l'envie au trésor qu'ils protégeaient de sortir dans les rues pour aller faire on ne savait trop quoi on ne sait trop où, ils devraient pouvoir tout de suite l'encadrer dès qu'elle apparaîtrait, éthérée.

Alors, personne n'avait donc succombé à l'appel de Morphée en cette ardente nuitée? Que nenni, Ingeburge, elle, dormait du sommeil du juste et n'était nullement incommodée par la lourdeur de l'atmosphère. Toutes les croisées avaient été ouvertes, de l'herbe fraîche répandue sur le parquet et les courtines de son lit hermétiquement closes. Ainsi, tête rejetée sur le côté, cheveux épandus de part et d'autre de son visage alabastrin, lèvres incarnadines mi-closes, main droite tenant sans le serrer un chapelet de buis, la Prinzessin voguait tranquillement au gré de ses songes. La chaleur ne la faisait nullement souffrir, elle avait simplement dû se résoudre à laisser sa courtepointe de côté pour se dissimuler sous un simple drap, en plus de sa chemise immaculée. Le sommeil était bien l'un des phénomènes incontrôlables sur lequel elle pouvait compter, malgré tout le trouble, malgré toute l'anxiété du monde, elle avait toujours bien dormi et n'avait jamais eu à souffrir d'insomnie. D'aucuns auraient pu prétendre que lors que l'on est aussi froide qu'un fjord et que l'on a le sang qui charrie des morceaux de banquise, l'on n'a aucun mal à supporter un temps trop lourd. Mais Ingeburge qui ne se considérait pas comme froide eût eu toutes les peines du monde à croire que l'on pût songer que ses veines et ses artères étaient comparables au Gudenå pris dans les glaces; de toute façon, elle dormait.

Doucettement, Ingeburge remua dans son – excellent – sommeil. Il lui semblait qu'on l'appelait mais elle n'en était pas sûre et surtout, elle n'arrivait pas à comprendre si c'était en son rêve que l'on l'interpelait ou si c'était au-dehors. Du reste, elle n'avait pas envie de savoir et si c'était si important, soit l'on irait à sa rencontre dans sa chimère, soit l'on ferait de même dans sa chambre. Elle était donc prête à replonger au plus profond de son coma quand des aboiements éclatèrent. Elle grommela, les yeux clos :

— Maudit chien.
Car c'était bien trop réel et précis pour que ce fût en rêve. Ce jappement-là en outre lui était familier, c'était celui de Rhéa, ce lévrier qu'elle avait déjà du mal à reconnaître comme faisant partie des canidés. Elle le trouvait moche, maigre, souffreteux et ne comprenait pas ce que l'on pouvait en faire sinon s'en moquer. Elle préférait de loin ses propres chiens, de beaux et vigoureux dogues allemands offerts par son défunt époux pour la chasse. La bête était pourtant tolérée, Aelith-Anna semblant en être presque autant entichée que ses chevaux.

Néanmoins, si ce fut bien réel et de nature à la tirer de sa léthargie, ce ne fut pas suffisant pour l'éveiller, l'assoupissement la tenait encore. Après tout, qu'un chien aboyât, c'était courant, c'était même sa façon de s'exprimer et il n'y avait pas lieu de se mettre martel en tête. Sous peu, elle succomberait à nouveau et saurait peut-être qu'elle était la nature de l'appel qu'elle avait cru percevoir. Celui-ci, soudainement, fut réitéré. Pour le coup, la duchesse se redressa tout à fait, intriguée. Si l'exclamation lui était parvenue très étouffée, cette fois, c'était tout de même plus tangible, ses sens à demi-éveillés le lui indiquaient. D'une main légère, elle écarta sa longue chevelure tandis qu'elle réfléchissait sur la conduite à tenir. Que se passait-il donc en dehors de sa bulle? La question la préoccupa le temps qu'elle mit pour remarquer – une seconde – que les Lombards n'avaient pas fait irruption dans la pièce. Rien de grave donc, en tous les cas pour elle. Débarrassée de son interrogation, elle s'écroula sur sa couche, le sourire aux lèvres.

_________________
[Indispo pas prévue, rattrapage en cours.]
Charlemagne_vf
Le Prince arborait désormais un air suspicieux. Il regardait tour à tour ses précepteurs improvisés en éducation sexuelle, et ne comprenait pas un traître mot de ce qu'ils pouvaient bien vouloir dire.
Qu'Aelith-Anna hausse le ton lui déplut, forcément. L'on n'use pas de l'impératif avec un Prince. Mais le Prince étant un môme, encore pour quelques temps, malgré le changement flagrant qui se produisait en lui et sur lui, se laissa calmer par l'autorité qui n'avait rien de maternel.
Peu habitué à être rappelé à l'ordre, il ne lui en fallut pas moins pour qu'il cesse toutes jérémiades et grands gestes offusqués.
Il était coi.
L'élève entendait la leçon.

D'accord : ça ne ressemblait pas à un crachat.
D'accord : il n'était pas fautif.
D'accord : il se frottait contre son lit. Il dut l'admettre, sans pour autant le dire. Qu'elle le sut le surprit toutefois, alors Charlemagne acquiesça sans conviction, avec un regain d'intérêt pour ses paroles, qui, peut-être, était sensées.
Une partie de son anatomie réagissait donc. Laquelle ? Fallait-il être explicite ou faire un dessin ? A dire vrai, l'Aiglon eut apprécié les deux, pour le simple vice d'embarrasser une Dame d'Augy qui cachait trop bien une gêne pourtant perceptible. Elle précisa. Il se tut, donc, ne demandant rien, à son grand regret.
Toutefois, la fin de l'histoire ne manqua pas de tirer à l'Altesse un sourcil interrogateur.
Expression de contentement, disait-elle.
Si l'Infant n'était que rarement satisfait des choses et du monde, s'il se gardait bien d'être content de quoi que ce fut, il savait pourtant que parfois, il était réjoui ; et de fait, sa réjouissance ne l'avait encore jamais poussé à la jouissance. Action-réaction ?
Il manquait quelque chose à cela. Alors, question.


Pourquoi ? Et, j'ai déjà été content. Mon anatomie n'a pas craché pour autant.

De fait, elle avait tort : CQFD.
Mais elle se tourna, partie dans une quinte de toux. L'Infant avait noté cette faiblesse chez la Dame d'Augy, sans n'en rien dire. Ce n'était pas son affaire.
La sienne était beaucoup plus intéressante, du reste, à ses yeux.
Alors, il parla au dos de la rousse.


Alors. Pourquoi ?
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Aelith
Seule.

Elle était indéniablement seule, puisque le garde n'avait plus esquissé un mot. Rien. Niet. Nada, et autres locutions étrangères. La Flamboyante laissa donc la toux se calmer, espérant que cela dissuaderait le Petit Prince de poser d'autres questions. Mais non, il était toujours aussi curieux, demandeur, avide de savoir. Elle soupira, jetant un rapide regard à ses mains. Constellées de sang, bien sûr.


―J'aurais besoin d'un mouchoir.

Lancé à la cantonade, dans l'espoir qu'un domestique entendrait, ou serait appelé, ou qu'un mouchoir apparaîtrait par magie sur le coin d'une table, cela lui laissait une éternité pour répondre à la question. Ou pas. Soupirant à nouveau, elle posa ses grands yeux azurs sur l'Aiglon, soudainement fatiguée.

―Je ne sais pas, Votre Altesse. Vous n'avez jamais dû être content... de la sorte. Physiquement content, j'entends. D'ailleurs, j'ai sans doute mal choisi mon terme. Il s'agit plus de plaisir... De plaisir physique.

Et m****. Pourquoi cela devait tomber sur elle? Pourquoi n'avait-il pas reçu une quelconque éducation à ce propos? Que devait-elle dire - ou ne pas dire! - à la Prinzessin? Elle était un excellent professeur: elle enseignait à merveille l'art de monter à cheval, et elle possédait avec les animaux une patience d'ange. Elle expliquait, avec douceur, fermeté. Elle récompensait. Elle félicitait. Elle prenait le temps. Mais là, on ne lui avait rien laissé: ni le temps, ni le contexte, rien. Elle était au mauvais endroit au mauvais moment.

―Aucun précepteur ne vous a jamais parlé de ces choses du corps?
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Charlemagne_vf
Seul.
Et pourtant, l'équine faisait des efforts.
L'Infant restait désemparé devant ce qui s'apparentait à de l'araméen ancien, ou à l'explication d'un système mathématique Maya.
Perturbé, le Prince ne nota pas même le besoin d'un mouchoir. Pourtant, s'il en avait eu un, il n'aurait peut-être pas eu besoin de la jupe d'Aelith pour s'y essuyer une main souillée.
Quant au reste.

Être physiquement content ? Belle tentative, mais Charlemagne n'avait encore pas vu ses fesses sourire. Ses mains ne lui avaient pas exprimé un plaisir quelconque à être triturée sans cesse.
Plaisir physique. Mieux.
Plaisir des sens eut été idéal, mais dans son état de perplexité, le Fils de France n'a pas besoin de nuances, et à dire vrai, un dessin aurait été parfait.
La nuit va être longue. Prévoyant, il s'assied sur son lit, non sans un regard pour ce foutu Fervac. Muet.

L'oeil marine fonce ensuite sur la sanglante Dame d'Augy. Sanglante du nez, s'entend, ou des lèvres : on ne sait plus trop.


Pourquoi vous saignez comme ça ?

L'Altesse aime le rouge, mais là n'est pas la question. Il trouve finalement agaçant au possible l'idée d'être interrompu par des glaires et des mouchoirs.

A l'évidence, vous, c'est pas un plaisir physique qui sort de vous.

Et puis, égocentrique et se fichant, en fait, de la vie de son instructrice improvisée, le Castelmaure soupire, et daigne lui répondre.

Mes précepteurs m'ont enseigné maintes choses. Des arts et des cultures, des langues lointaines. Mais pas le plaisir physique.

En bref, il ne savait pas comment faire les bébés. C'était aussi simple que ça, et quand il n'est aucune mère à qui le demander, on fait sans : on reste ignorant et craintif de ses propres sécrétions.
Les yeux s'élevant jusqu'à la chevelure rousse sont presque compatissants.
Il va falloir expliquer à l'Aiglon que faire de son petit oiseau. Dure tâche s'il en est.


Je vous écoute. Tous les deux. Et clairement.
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