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[RP] Les vassaux de Dieu.

Charlemagne_vf
    Palais Ducal de Nevers, le Vingt-et-un Septembre, Année 1460.


Le Duc du Nivernais s'est éveillé, bougon. Cette nuit là, il a été gardé par l'Ours plutôt que par le Loup : la nuit fut courte, le sommeil agité.
A l'aube, le Prince avait parcouru sa chambre d'un mur à l'autre, agacé. La Dame de Railly déclinait l'invitation. La Dame de Decize n'avait pas fait porter réponse : Charlemagne la pensait encore en Anjou.
L'importance de ces deux femmes paraissait commune aux yeux de l'Aiglon, mais pas ce jour : elles devaient lui rendre allégeance, et se voir confirmer en leurs titres. De leur présence pouvait advenir leur disgrâce, ou leur honneur. Le sort des suivantes de Béatrice était entre les mains glacées du Fils de France. Prendre l'absence pour un affront ? Tolérer et comprendre ? Qui pouvait savoir quel complot s'ourdissait encore dans cet esprit sociopathe ?
L'Infant, tout prévisible fut-il, guidé par sa morgue et son orgueil, n'était pas dénué d'une humanité toute relative, et qu'il essayait avec un succès particulier de dissimuler.
Le soleil laissait passer ses rayons au travers des vitraux de la chambre. Le Prince abandonna son âme damnée à des draps qu'il devrait quitter sans délai, et se retira dans une pièce attenante, où déjà, discrets et ignorants du jeu de leur maître, quelques laquais en livrée remplissaient un bain de cuivre, dans lequel le corps d'albâtre se laissa glisser avec soulagement. La chaleur de l'eau lui fit rougir la peau, la vapeur lui fit suer le front, purifiant son âme pécheresse mieux que ne l'aurait fait un Cardinal.

Plus tard, vêtu de noir, le Castelmaure avait été inspecter les Couronnes et autres attributs qui seraient les symboles de ce jour. Deux diadèmes étaient de trop : on les présenterait quand même.
Bourgogne arriverait bientôt, et Charlemagne l'attendait, presque trépignant, souhaitant, in petto, que le Gisors Breuil fut le premier à entrer, sans trop s'expliquer le pourquoi d'une impatience qui lui était rare : ce n'était pas un caprice, c'était une envie simple. Une envie qui risquait d'être déçue, puisque le Baron de Falaise ne brille pas par sa ponctualité.
Un frugal repas fut ingurgité : petits pâtés et miches de pain, en tête à tête avec un foyer brûlant. L'équinoxe avait eu lieu la veille, abandonnant l'été et le temps de la moisson jusqu'à une année suivante. A Chablis, l'on commençait les vendanges.
Jehan Fervac et Anthoyne de la Louveterie furent informés de leur ouvrage du jour. Ils seraient présent : pas de sorties en ville, pas d'oisiveté. Ils observeraient leur Maître à l'oeuvre, à défaut de le protéger d'un danger inexistant. Les ennoblis du jour ne représentaient aucun danger : un Évêque ne provoquerait pas un Prince ; Alexandre Olund avait gagné la confiance princière.

Las à l'idée d'attendre, et ayant déclaré sa journée vacante pour une cérémonie qui ne durerait qu'une heure au plus, le Prince remonta se cloîtrer en ses appartements, flanqué de ses mâles, comme il aurait pu l'être de deux dogues allemands.
Il s'affala sur une cathèdre, et ferma les yeux, rattrapant une nuit qui, si elle avait été plaisante, l'avait exténué pour la journée.
De toutes façon, nul n'entrerait au Palais sans qu'il en fut prévenu incontinent.

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Arutha
Le Baron de Falaise ne brillait pas par sa ponctualité ? Il était heureux, en ce jour, que le Prince de France le pensât, certes fort, sans doute trop, et non qu'il le dit, sans quoi le dit-Baron de Falaise n'eût pas hésité à se moquer, un bref instant, du Prince qu'il venait de tromper et de berner. Car si le Baron de Falaise n'était pas toujours ponctuel, il n'était pas toujours en retard, et en ce jour de vingt-et-un septembre, il serait à l'heure ; il serait même le premier, du moins fallait-il l'espérait. Il serait à l'heure, oui, pour son ami, pour le personnage qu'il incarnait, et pour la personne qu'il estimait. Et ce jour, plus que la vue d'un ami, verrait deux nouveaux anoblis rejoindre les rangs déjà bien fournis des vassaux de la Maison Castelmaure-Frayner, dont le Charlemagne détenait une bonne part des terres disponibles. A nouveau, le Baron de Falaise se remémorait cet hommage, non pas officiel, mais bien fictif et officieux, qu'il avait renouvelé avec son vassal, Julien Giffard, alors qu'il n'était encore qu'un mineur sous la tutelle d'un frère dont le sort lui était inconnu ; non pas mort, mais bien absent. Absent, oui. Les sentiments qui l'avaient alors habité resurgissaient, entre émotion et honneur, entre la joie d'un vassal que ses parents connurent, et l'orgueil d'avoir un Pair, un Marquis, et un ancien Connétable de France, comme possesseur d'une partie des terres de Falaise.

La cotte d'armes de velours armé azur, frappe sur le devant, sur l'arrière et sur le haut de chaque demi-manche de trois fleurs de lys d'or, était arborée telle une fierté. Sur les demi-manches toujours, d'autres broderies au fil d'or : « Bourgogne ».
Bourgogne, oui ; plus que le Baron de Falaise, c'était l'Hérauderie de France, la Royauté, et la personnalité même de sa mère et de sa sœur qu'il portait ce jour. Bourgogne. « Bourgogne » furent les paroles prononcées par le Gisors-Breuil, alors même qu'il approchait des terres de l'Infant, des terres bien gardées dans lesquelles il ne pourrait pénétrer qu'après y avoir été, protocolairement, invité. Le cheval pénétrait dans les rues de Nevers tandis que le héraut ne faisait que suivre la direction des tours qui surplombaient la ville : le Palais Ducal de Nevers. Les portes du dit-Palais étaient gardées, et une phrase suffirait, à l'intention des gardes encore invisibles.

« Prévenez Charly. »


Qu'il en soit ainsi.

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Alexandre908
[Des heures plus tôt, Joinville]


Parcourant de long en large la mince demeure de son épouse le Joinvillois attendait. Les femmes avaient cette fâcheuse tendance à se faire attendre.
Il avait été décidé qu'ils se rejoindraient chez elle. Tout d'abord le temps passa rapidement alors qu'il prenait soin à la vêtir de sa robe avec langueur, s'imaginant en train de la délier à nouveau, cela viendrait, il patienterait, trépignant en silence. Puis vint la coiffure. Il n'y connaissait rien, aussi s'était-il rendu dans la pièce principale, attendant en faisant les cent pas.
Dehors les attendaient un Coche envoyé de Nevers pour l'occasion. Il l'avait vu arriver, lui avait fait comprendre de patienter avant de rentrer attendre. Sa Reyne, comme il la nommait, ne le savait pas, tout comme elle ne saurait sans doute jamais qu'il l'avait demander à son futur Suzerain. Cependant cela lui paraissait plus pratique pour voyager, ainsi la robe ne serait point froissée. Et il leur faudrait s'habituer à cela, elle autant que lui.
Puis vint le tour de sa compagne de se présenter. Un sourire fin naquis sur son visage.


Cette robe te sied à Merveille ma Reyne. Mh... Quelqu'un est arrivé pendant que tu te préparais.

Sa Main se tendant vers la sienne, il vint la guider jusqu'à l'extérieur. Se tournant vers elle alors qu'elle découvrirait le Coche.

Il semblerait que Son Altesse nous ai envoyé de quoi voyager. Après-vous.

Et, l'invitant à monter alors que la porte était tenue ouverte par le cocher, il lui adressa un sourire avant de monter à sa suite, s'installant en face d'elle. Le coche prit la route, Nevers serait atteint quelques heures après. Eux, discuteraient de l'événement qui viendrait changer leur statut, des paysages aperçus, de la fin de la journée.. Qui sait.


[Plus Tard, Nevers.]


Certes, les coches avaient un problème... Le manque d'amortisseur. Hélas cela était au profit de la possibilité de voyager à plusieurs sans avoir à se concentrer sur le trajet.
Profitant d'un creux parmi leurs discussions, le fainéant s'était penché à la fenêtre, observant les terres défilant proches d'eux alors que déjà se profilait les fortifications Nivernaises.


Ma Reyne, prépares toi, nous allons arriver.

Lui adressant un léger sourire il se prit à inspirer longuement avant d'expirer cet air, se calmant légèrement. Il avait beau s'être fait à l'idée, il lui fallait bien avouer que cela lui semblait encore illusoire.
Lentement la lumière s’immisça dans le véhicule alors que le cocher leur ouvrait la porte. Passant le premier, le Joinvillois tendit ensuite sa main à sa Femme, prenant délicatement la sienne avant de s'approcher des gardes et de Bourgogne.


Bourgogne, mes salutations...

Comment-allez vous en cette fraiche journée ?


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Lana_
Une balade au lac fut la bienvenue. Elle était quelque peu stressée à l'idée de se présenter devant le Prince mais elle le lui cachait. Elle savait que cette journée était des plus importante, tant pour lui, que pour eux deux. Elle avait senti que son époux était attacher à ce jeune homme et il fallait avouer que...qu'il l'intriguait.
Aussi, une fois rentré chez elle, dans la petite chaumière d'un bout de rue joinvilloise, elle se fit la plus belle possible. Elle n'avait pas encore la possibilité de se faire faire une somptueuse robe et c'est en recherchant dans ses malles qu'elle trouva celle qu'elle semblait la plus appropriée.

Son tendre l'aidant, souhaitant par moment qu'il la lui retire plus vite qu'elle ne la passait, elle passa ensuite devant sa coiffeuse afin de terminer la préparation. Cheveux relevés en chignon, elle y glissa une fleur, un camélia rose, dont la signification comptait beaucoup pour elle.

Une fois prête, elle sortit de la chambre pour se présenter à son tendre époux. Un sourire lui étant adressé, elle ne vit pas de suite le Cocher qui était présent. S'empourprant légèrement sous le compliment, elle le regarda ensuite, interrogative :


Quelqu'un est arrivé...? Mais qui donc ? Tu sais bien que nous n'avons pas le temps pour une visite impromptue aujourd'hui...

A peine eut elle terminée qu'elle vit le carrosse et le cocher :

Est ce...Sont ils là...pour nous ?

Un hochement de tête de son époux lui fit comprendre qu'ils étaient bien là pour eux. Montant à bord, serrant sa main dans la sienne, elle s'installa confortablement face à lui. Son regard ne quitta pas le siens durant le voyage, grimaçant parfois sous les cahots de la route parsemée de nid de poule. Elle se dit même que le confort d'une selle de cheval valait bien mieux qu'une banquette de carrosse mais ça, elle se garderait bien de le lui dire.

Un large sourire se dessinait pourtant sur ses lèvres alors qu'il la prévint de se préparer. Indication fut donnée qu'ils arrivaient aux abords de Nevers. Légère grimace cachée et réprimée alors qu'elle se concentra sur les terres qui seraient bientôt offertes à son époux, non loin de cette ville qu'elle haïssait au plus profond d'elle même. Jamais dans ses rêves les plus fous elle n'aurait un jour pensé devenir maîtresse de tels lieux. Et les projets fusaient dans sa tête à chaque lieue parcourue. Elle lui en avait d'ailleurs touché quelques mots des jours auparavant.

Le carrosse stoppa, elle se leva lissant sa robe et réajustant sa coiffure, replaçant quelques mèches de cheveux rebelles qui s'étaient promenées lors des cahots de la route. Souhaitant faire bonne impression et faire honneur à son époux, elle prit une grande inspiration tout en posant sa main dans la sienne et quitta le véhicule. Descendant les quelques marches, elle laissa sa main dans celle de son époux tout en faisant la plus gracieuse des révérences qu'elle n'ai jamais faite :




Baron, bien le Bon Jour...ravie de vous voir en si belle journée.

Restant ainsi dans sa révérence, elle patienta l'autorisation de se relever.
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Charlemagne_vf
Votre Altesse. Bourgogne.

Les yeux marines furent rouverts, vifs. L'Infant se leva, tenu ferme dans ses bottes. Il allait accueillir le Baron de Falaise avec une chaleur qui ne lui était pas commune. Arutha était donc le premier arrivé, pour ravir le Prince d'un flot d'amitié qu'il méprisait, mais dont il peinait à se passer.
La présence du blond était un frein à la solitude bornée dans laquelle l'Altesse aimait se complaire. La froideur et la finesse de son coeur lui interdisaient toute effusion sentimentale, et ses sens ne s'échauffaient qu'en de rares occasions, pour laisser couler dans ses veines un peu d'enfance et de candeur. Arutha incarnait les deux : comment aurait-il pu ne pas susciter, chez l'Aiglon, une accalmie passagère ?
L'émotion était encore faible, inconséquente. Charlemagne ne la sentait pas, et ne s'en troublait pas comme pouvaient le troubler les mains de Jehan Fervac sur son visage, en quelques occasions intimes. Il avait une hâte quelconque, ce n'était qu'une impatience sans importance et dont la naïveté princière ne faisait pas de cas. Pas encore.
Pourtant, le Castelmaure aurait pu s'inquiéter de l'intérêt qu'il portait au bel et blond s'il avait étudier ce qui suivit.


La voiture que votre Altesse a envoyée à Joinville est entrée dans la Cour, également.

Le corps diaphane se raidit. Nulle stupeur, mais le myocarde s'était de nouveau enveloppé dans une fine pellicule glacée. Arutha n'était pas arrivé assez tôt pour être accueilli seul : c'était un drame intérieur. L'Infant perdit toute impatience de l'enlacer franchement. Il se laissa de nouveau tomber sur la cathèdre sombre, posant un index sur sa tempe droite. Effleurant une de ses longues mèches noires, il la disciplina d'un geste, et lança au laquais qui faisait office d'huissier un regard las.
Un soupir vint ponctuer l'oeillade.


Menez les où il faut.

A défaut de se déplacer en particulier pour Falaise, le Duc du Nivernais vexé par nul autre que son propre ego, auquel il ne comprenait d'ailleurs rien, offrit à tous le même traitement.
Alors, Alexandre, sa femme et Arutha seraient menés dans le Salon Jehanne de Cassagnes. Une pièce rectangulaire aux murs plaqués de tentures vertes, sur lesquelles dansaient, semaient, récoltaient quelques allégories féminines. Les rideaux de sinople, pour peu qu'ils furent tirés, laissaient apparaître au loin la Cathédrale.
Un buste sculpté entre deux vitraux représentait la Castelmémère : arrière grand-mère de Charlemagne, morte en plein coït, entre les bras d'un fringant anglais. Elle avait soixante ans, il en avait vingt. En face, l'on avait empaillé Fifine, son perroquet bavard et désagréable.

Les fauteuils recouverts de velours accueilleraient les hôtes, une haute chaise de bois verrait trôner le Prince, qui n'avait pas voulu user de sa salle du Trône, froide et trop large.
Plus tard, il les rejoindrait.


Faites moi savoir quand vous aurez mené l'Evêque de Nevers. Je viendrai, lors.

Pas avant.
Les yeux se refermèrent, et le poing diaphane se ferma sur l'accoudoir.

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Fitz
Toujours point remis de la surprise provoquée par la réussite de ses marchandages - ne parlons pas de chantage -, mais pourtant déjà rendu, intensément droit et tendu, devant le Palais ducal, l'évêque se triturait les doigts.. Cette scène n'étant pas monnaie courante chez le prélat, il était important de la mentionner. Tout comme l'épistaxis dont il souffrit plus tôt dans la matinée, à l'unique pensée de cet .. anoblissement.

Oui, il était temps pour lui d'oser nommer l'événement. Enfin.

Longtemps, il avait côtoyé des nobliaux sans y prêter davantage d'attention. Désormais, il acceptait de se compter parmi eux. Enorme saut. Et seul l'avenir lui dira s'il s'agissait là d'un bond ou d'une chute pour sa réputation jusqu'alors sans taches.. Il avouait sans détour n'être pas encore au point avec tous les codes entourant cette catégorie de gens. Il était d'ailleurs dans l'ignorance complète de la suite des choses.. Il avait bien entendu déjà ouï dire que serment devait être prononcé, mais point en quoi il consistait. Son futur suzerain était bien au fait de sa condition de prélat ; le serment ne devrait donc certainement pas le contraindre à abjurer quoi que ce soit..

Le palpitant frappant à vive allure, l'évêque s'avança plus avant, en direction des gardes. Présentation faite, il est introduit dans une pièce de dimension respectable, rejoignant ainsi le jeune blond et son cher Commissaire au commerce, assisté d'une dame inconnue au bataillon. Il était donc attendu. Et le Prince avait attendu sa présence ; l'Altesse avait préféré sa venue, afin de faire son apparition, plutôt qu'une autre.. Avait-il à s'en enorgueillir ? Peut-être un peu, peut-être mal à propos, mais sans doute fièrement.

Saluant les quelques personnes réunies, il attendit ensuite. Ses doigts se tenaient désormais tranquilles, ne désirant montrer aucun signe de possible faiblesse à d'autres. Nul autre que lui ne devait soupçonner son anxiété et ses doutes.

Un homme d'Eglise se devait de se montrer fort et certain. Calme et serein.

Mais avait-il vraiment fait le bon choix en acceptant ces terres ?

Sueurs froides..

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Absent jusqu'au 27 juillet compris !
Charlemagne_vf
Comme l'on avait annoncé à leur arrivée le Héraut et le Commissaire au Commerce, l'on annonça l’Évêque. Un triumvirat particulier s'était réuni dans le salon dédié à la rombière : un homme d'église, un homme d'argent, un homme du Roi. A la mesure de l'orgueil princier, il fallait une cohorte d'êtres que l'Aiglon jugeait exceptionnels.
Certes, Alexandre et Fitz s'étaient tous deux vus proposer l'anoblissement en retour d'un service, ou d'une quelconque manœuvre plus ou moins douteuse et honnête. Il s'était en réalité agit, pour l'Altesse, de trouver un prétexte à faire de ces hommes ses vassaux. Ainsi n'avait-il pas eu à avouer la moindre envie de les avoir pour obligé, il n'avait pas eu à afficher une admiration quelconque, ou une reconnaissance, à défaut d'admirer qui que ce fut. Chacune des propositions avait été désinvolte, prenant des airs irréfléchis, laissant entendre qu'un Infant de France pouvait se payer le luxe de prendre le premier quidam pour vassal.
Néanmoins, il ne serait pas dit que Charlemagne de Castelmaure élevait le sang bâtard de la roture à la noblesse sans qu'elle fut méritée. Le Prince n'offre pas de couronnes à la légère, il ourdit et fait passer la chose pour telle : en réalité, il s'entoure de qualités, de statuts, de potentiels puissants. Un réseau d'influence, une toile finement tissée et utile.

L'Aiglon était arrivé dans le Salon, où il avait attendu que chacun s'incline avant de se poser devant sa cathèdre. Il avait brûlé de saluer Arutha d'une accolade, et de sentir à nouveau ce parfum de sa blondeur : frustré de ne l'avoir pas en tête à tête, il s'était retenu, restant placide et froid. Nul ne soupçonnerait qu'un trouble quelconque s'était mêlé dans cet esprit étriqué. Lui-même peinait à en avoir conscience. Les caprices du corps, à défaut d'être ceux du coeur, sont aisément destructibles.
L'oeil guiséen se posa, tour à tour, sur les présents. Olund était venu avec son épouse. Le prélat n'avait pour époux que le Très Haut.
Une vitrine massive avait été ouverte, l'on y voyait briller deux couronnes serties de rubis.
Un pupitre avait été disposé pour Bourgogne.


Bonjour.

Le salut, à la base de toute communication, pour peu qu'elle fut la première de la journée, n'avait rien de particulièrement accueillant. Il était entendu, formel au possible. Un concentré de mondanité réfléchie en un terme d'une banalité cuisante.

Soyez les bienvenus.
Arutha, la Dame de Railly m'a fait connaître son indisponibilité : elle est en Orléans. Celle de Decize est peut-être encore en Anjou. Je pense que tu ne verras pas de mal à ce que leur cas soit remis à plus tard ; je ne les souhaite pas punir. Pas si tôt.
Monseigneur. Alexandre. Lana. Vous serez aujourd'hui porté à la Noblesse. J'espère que vous serez dignes d'êtres les vassaux du Duc du Nivernais.


Dur. Mais l'Infant ne doutait pas du sens nobiliaire qui germait en ses Hommes. Il avait accordé sa confiance avec Imphy et Giry. C'était, à défaut d'être très rare pour un être influençable, un honneur certain.

Bourgogne. Peut-être faudra-t-il exposer aux futurs ennoblis la marche à suivre. A moins qu'ils aient lu le Codex rédigé par feue ma Mère, je crains qu'ils ne la connaissent.

Evidemment, avoir lu le code régissant le statut et le rang auquel il serait élevé était un gage notoire de leur intérêt à la chose noble.

Nous commencerons par préséance, si Monseigneur l’Évêque le veut bien.
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Arutha
« Ah ! Mon ami ! » fut la réponse qui accueillit le Commissaire au Commerce. « Ma dame. » Sans avoir plus le temps de discutailler temps, humeur, ou bien duché, ils furent conduits par des hommes nivernais, dans le Salon du Palais Ducal. Le maître des lieux, Charlemagne de Castlemaure-Frayner, Duc du Nivernais, entre autres titres, se trouvait déjà là. Cette fois-là, ni sourire, ni accolade, juste une phrase, en réponse à la salutation ducale et princière.

« Mon Ami, Altesse.
Il ne s'agit pas, je crois, de tergiverser aussi, de par ma qualité de Bourgogne, irai-je au plus vite afin que tout un chacun en ces lieux puissent ne pas s'ennuyer. »


L'ennui, une chose fort difficile à vivre.
Une lecture, non pas passionnante, mais nécessaire.

« Les nobles titulaires de tels fiefs sont dénommés « noblesse issue de mérite » et font partie de l’arrière-ban de la Province où ils disposent de ces terres. La règle dite « le vassal de mon vassal » est d’application. Néanmoins, le suzerain de ces terres et des seigneurs y vivant est tenu de répondre des actes de ses vassaux auprès de son propre suzerain.
Les vassaux doivent le serment de vassalité et sont soumis aux règles et lois nobiliaires existant dans la Province relatives à l’arrière-ban de la Province même s’ils n’y sont pas résidents. Ils sont de même soumis aux règles nobiliaires propres au fief suzerain s’il en existe. »


Toussotement.

« Vous deviendrez, suite à vos anoblissements respectifs, des nobles issus du mérite ; vous devrez ainsi prendre connaissance des droits et devoirs qui en découlent. »


Nouveau toussotement...

« Puisque Son Altesse en a décidé ainsi, que Monseigneur l'Evêque s'avance afin de prêter fidélité, conseil, et... bras, ou plutôt conseil, armé à la personne de Son Altesse Charlemagne de Castelmaure-Frayner. »

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Charlemagne_vf
Debout devant son siège, le jeune Duc avait opiné à trois reprises, ponctuant ainsi les paroles de son compère. Qu'ajouter à ce qui n'était que le rappel de règles ancestrales ? Rien. Il suffisait d'acquiescer à l'évidence pour na la pas faire mentir.
Falaise toussa deux fois. L'oeil guiséen fut détourné deux fois du point qu'il fixait, à l'opposé de la pièce, vide. Les lèvres rosies du Prince furent pincées, son front plissé.
Le raclement de gorge n'avait en soi rien de notable, et moins encore pour qui parlait, toutefois, le laconique Aiglon estima qu'il n'y avait rien de naturel dans la toux du Héraut. Aussi, tant mué par l'intérêt qu'il portait à Arutha que par son confort, l'Infant leva l'avant bras, l'index relevé, le regard tourné vers un laquais en livrée.


Que l'on apporte du miel et du lait chaud au Baron de Falaise.

Charlemagne se rappelait trop bien les crachats ensanglantés d'Aelith-Anna de Chambertin, Dame d'Augy, dans une chambre de Montpellier. C'était laid, sale : le sang accompagné de glaires n'a rien d'un sang arraché à l'humain par la lame. C'est coagulé, et alarmiste, l'Infant imagine déjà Bourgogne se tordre de douleur sur le sol du salon. Une vision qui le désolerait, évidemment.

Enfin, il fit un pas, puis deux, en direction de l'Evêque de Nevers, main tendues. Des mains non gantées, et quoi que le Fils de France n'aie pas tant de dégoût à l'idée de découvrir ses doigts que feue sa Mère, il présente rarement sa peau au tout venant, pudique, et craintif à l'idée d'être touché. Mais telle est la tradition : il se fera violence, ou tâchera de trouver un moindre plaisir au geste. L'oeil froid, il prononce distinctement les paroles consacrées, mode Toulousaine héritée de Charles de Castelmaure.


Fitz, Evêque de Nevers. Voulez-vous être tout à fait mon homme ?

Si oui : Fitz poserait ses mains dans les siennes, et prononcerait son serment.
Si non : Aïe.

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Fitz
"Digne d'être le vassal du Duc du Nivernais".

Fitz était-il digne d'être vassal ?

Dans sa tête, le prélat s'imagine déjà la question qui aurait dû être formulée à la place..
"Le Prince était-il digne d'être le suzerain de l'Evêque de Nevers ?" Car oui, il considérait comme un honneur pour un noble d'avoir pour vassal un homme de Dieu, choisi parmi ses plus hauts, mais plus humbles - et donc non pourprés -, représentants.
La préséance demandée par l'Altesse le réconfortait dans sa position : il passerait d'abord. On l'avait attendu, et on le désirait toujours..

L'évêque avait écouté attentivement les dires de
Bourgogne. Opinant de temps à autre d'un discret mouvement de tête, il marquait ainsi son consentement à ces choses, qui, au final, ne lui étaient pas tant inconnues.. Sans doute avait-il trop côtoyé de nobles. Ou de hérauts.
Tout cela, il le savait. Et l'acceptait.

Le blond poursuivit alors par les sentencieuses phrases qui le lieraient à cette Altesse.. Ce Prince, hautain, dédaigneux, introverti, et par dessus tout, jeune. Avait-il bien fait d'accepter Imphy ? Et avait-il bien fait d'accepter
cet homme en suzerain ?

Oui. Je serai votre homme.

Léger picotement dans le ventre.
Le cœur se sent allégé tandis que les entrailles se serrent..

Les paroles énoncées ne peuvent être de lui. Jamais il n'aurait pu prononcer autre serment que celui énoncé à son ordination. Jamais. Il ne pouvait donc qu'être malade. Oui, voilà donc pourquoi il ressentait ce malaise sous sa soutane. Ce devait être cela.

Le prélat ferme les yeux. Et serre. Et se reprend.
Était-il couard au point d'associer l'acceptation de son anoblissement à une quelconque maladie ?


Je prête donc déférence - et non fidélité, car mon obéissance n'a de maître que le Très-Haut -, conseil et plus particulièrement, s'il est nécessaire, conseil armé à mon suzerain, Son Altesse Charlemagne Henri Lévan de Castelmaure-Frayner.

Le voilà qui acceptait donc son triste sort.
Noble, enchâssé à ses terres, et désormais limité par un volet supplémentaire de droits et devoirs.

Les choses étaient dites.

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Absent jusqu'au 27 juillet compris !
Charlemagne_vf
Un rictus se posa sur les lèvres pâles, les yeux guiséens de l'Infant brillaient de fierté. Charlemagne de Castelmaure se laissait bercer dans l'idée qu'il avait gagné une victoire. L'Evêque de Nevers devenait son homme.
In petto, il imaginait déjà son resplendissant Palais redevenir le coeur battant de la ville, et l'Empire du Nivernais retrouver un centre qui n'était pas tant l'ancestral château des Castelmaure, mais toute une cité.
Le bras glacial du Prince étendait son ombre de Bourbon-Lancy à Corbigny, de Nevers à Châtillon, couvrant une partie du Val de Loire, des plateaux, forêts et étangs de la Puisaye, tirant une richesse des collines calcaires du Nivernais, et des contreforts du Morvan. Cette terre qui constituait encore une rente considérable à l'Aiglon se dotait, en prime, du regard divin.
Considérant la manière dont Charlemagne et Fitz s'étaient achetés, l'Héritier estimait que les scrupules de son vassal seraient tôt réduits pour les honneur et la gloire du Suzerain.
Se créant un réseau, le placide enfant mettait à son actif un bras notable de l'église aristotélicienne. Souriant au nouveau Seigneur, il entrevoyait déjà pour lui une position privilégiée : un favori particulier. Une ombre supplémentaire, mais dans un Royaume supérieur à celui des hommes. Une oreille potentielle à la Curie Romaine. Telle était l'étape à franchir : anoblir un Évêque pour en faire un Cardinal.

Les mains blanches recueillirent celles du prélat.


Fitz, moi, Charlemagne Henri Lévan, des Maisons de Castelmaure et von Frayner, Prince de France, Duc du Nivernais, entre autres, reçois et accepte ce jour votre allégeance. Je vous promets en retour de vos serments particuliers à votre statut protection, justice et subsistance.

Monseigneur, ma Mère avait coutume de dire que les fiefs du Nivernais étaient pour les personnes les plus proches, ou des plus hauts rangs. La Marquise de Nemours est vassale du Nivernais, et je vous veux de mes proches. Recevez, ce jour, la vaste Seigneurie d'Imphy, tirant richesse de ses forges et de ses maraîchages, et qui fut naguère offerte à feue ma tante, Apolline de Castelmaure-Caurel.


Scellant le pacte vassalique, Charlemagne dut se résoudre à inspirer profondément. Le contact des mains lui était une épreuve. Celui des lèvres était un défi. Les Ducs de Lorraine et de Bourgogne lui avaient offert l'accolade, épargnant la souillure aux lèvres princières qui oubliaient leurs principes dans d'occasions moins nobles. Anoblissant Sancte, Cecilia et Audric, il avait du s'essayer à l'exercice. Ce n'était rien, pourtant, il peinait encore à s'offrir avec aisance. Pourtant, ce n'était rien. Un geste vieux comme le monde et qui n'avait d'autre signification que cérémoniales.
Alors, l'Infant se fit violence, et approchant son visage albâtre de celui du prélat, il déposa sur sa bouche un baiser. Sa peau se ponctua : il avait frissonné.
Ne laissant aucun s'emparer d'un esprit qu'il savait contrôler, le Suzerain lâcha les mains de l'Evêque. Un valet lui portait une couronne, qu'il déposa sur le chef de Fitz.

Sertie de rubis, cette couronne sera partout le gage de votre noblesse. Ainsi que vos armes, que vous porterez d'azur au pal d'or côtoyé de huit billettes du même et chargé d'une rose de gueules boutonnée d'or et pointée de sinople.

Un second paquet fut remis à l'Altesse, puis à l’Évêque.

Puisse cet encensoir, forgé à Imphy et serti de violettes vous rappeler toujours le lien qui vous uni à moi et au Très Haut.

Enfin, le Prince pouvait se taire.
Opinant à l'attention du Seigneur d'Imphy, il tourna ses yeux durs vers Arutha, qui pourrait acter.
Enfin, le regard marine fonça sur l'autre homme du jour.


Alexandre Olund. Voulez vous être tout à fait mon homme ?

Les mains vides, plus moites qu'à la première allégeance, tendues à nouveau, attendaient ainsi qu'il réponde.
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Arutha
L'attention de Charlemagne à l'égard du héraut de Bourgogne fut accueillie avec une joie certaine, bien que pourtant peu affichée alors même qu'il était là dans l'exercice de ses fonctions, et qu'il ne serait ainsi jamais dit que le héraut du Duché de Bourgogne était fébrile. Le miel et le lait chaud furent dégustés, certaines rapidement,mais furent dégustés tout de même afin d'apaiser cette toux qui lui déchirait la gorge.

Fitz.
Ce nom qu'il respectait, cet Évêque dont il ne pouvait que reconnaître la foi et le mérite.
Fitz, qui désormais serait le vassal de Charlemagne de Castelmaure-Frayner.
Et il s'avança.

Le serment fut échangé, sobrement, pour le Prince de France ; ah ! En fait, non ; une couronne sertie de rubis fut, ainsi, déposée sur la tête de l’Évêque.

Un simple hochement de tête du jeune héraut ; c'était valide ; le suivant devrait s'avancer.

Alexandre.

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Alexandre908
Non ! Il ne dormait pas. Rester un peu en retrait avec son épouse il avait observé la prise de position du Hérault, avait écouté les explications, puis avait posé son regard sur le miel.
Joinville était loin, ils n'avaient pas pensées à manger en chemin et à présent son ventre le tiraillait. Non, ce n'était pas le trac !
Serrant doucement la main de sa Reyne il garda ensuite son regard posé sur le Prince et l'Evêsque, cherchant à savoir comment se déroulerait cette allégeance.

Il avait vécu trois allégeances. Celle de Cuche, où ce dernier fut Embrassé goulument par la Charolaise avant de se faire Gifler. Celle de Maud, ou elle reçu un baiser vassalique mais sans langue ni gifle. Et la sienne, où les femmes recevait un "Câlin" et les hommes une accolade.
Il s'attendait ici, à la froideur habituelle du Prince, à rien de plus qu'une accolade. Mal lui en prit alors que ses yeux s'écarquillèrent très légèrement lors du Baiser Vassalique. Point de Langue, c'était déjà cela.


Alexandre Olund. Voulez vous être tout à fait mon homme ?

Non mais... Non.. Mais... Les mots sont tendancieux, cela n'arrange point après le baiser, m'enfin nostre Joinvillois reste un peu éloigné de tout cela. Jamais il ne verrait l'enfant, qui considère l'amour comme une chose futile, comme ce qu'il était vraiment, un homme aimant les hommes.
Redressant la tête sa main relâcha celle de sa compagne, son regard se planta en celui de son Suzerain, par respect et pour lui montrer qu'aucun de ses mots ne serait un mensonge.


Vostre Altesse..

Le moment est solennel, évitons les blagues vaseuses.


Je le serai, vostre Altesse.

S'vraiment parce qu'il le faut.. "Estre son homme". D'arme, de confiance, bien entendu, de quoi d'austre ?

Lentement il s'avança, chapeau toujours sur le crâne -comme avec Niall-. Venant s'approcher de son Suzerain il posa genou au sol, une main venant ôter son chapeau, le posant sur ce même genou.


Nous, Alexandre Olund, Prêstons ce jour, Allégeance à celui que nous reconnaissons comme nostre Suzerain, Son Altesse Charlemagne Von Frayner-Castelmaure. Lui jurons Obsequium, Auxilium et Consilium.
Que le Très-Haut soit Témoin de ces vœux, sincères.


Un Câlin, rien de plus hein !

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Lana_
L'ambiance était tendues, presque froide. Elle vit son futur Suzerain arriver en silence. Le saluant d'une révérence parfaite, elle se releva ensuite et vint se placer aux côtés de son époux. Elle dévisageait l'Infant. Elle ne l'aimait pas. La réflexion faite sur le port de ses croix lui avait fort déplu et elle en avait fait part à son Roy. S'étant retenue de lui dire sa façon de penser, plus par égard envers Alex qu'envers le Prince, elle avait gardé en elle une certaine rancoeur. Il y avait aussi cette boule dans son estomac. Boule qui avait disparue depuis un moment et réapparue lorsque son époux lui avait parlé de l'octroi de ces terres et surtout le pourquoi et le comment.

Bref, il fallait faire avec. Elle avait suivi avec attention toute la cérémonie écoutant chaque parole, détaillant chaque geste. Une grimace fut faite lorsque le Prince vint apposer ses lèvres sur celle de l'Evêque et sa main serra un peu plus fort celle du Roy. Un regard fut mêler au sien, poussé, souhaitant qu'il ne ferait pas de même avec lui.

Lâchant sa main quand ce fut son tour, elle ferma les yeux puis tenta d'avaler cette sensation, ce mal être. Les rouvrant lentement, mains croisées sur ses genoux, elle regarda la scène, laissant ses iris fixes sur son époux. Elle ne lèverait pas les yeux vers le Prince, elle n'en avait pas l'envie. Puis seul son Roy lui importait à ce moment précis.
Une fois les allégeances dites, elle croisa les doigts discrètement espérant qu'une simple accolade serait faite. Elle fut des plus surprise par le baiser donné. Aux allégeances du Duc, une simple accolade fut donnée aux hommes, un câlin aux femmes. N'étant pas une habituée des us et coutumes, encore bien novice même, elle grimaça quelque peu une fois encore à l'idée d'un éventuel baiser.

Une question lui vint alors et lui brulait les lèvres mais ce n'est que dans sa tête qu'elle se la posa : Allait elle devoir elle aussi prêter allégeances...? Mais elle n'aurait pas l'impolitesse de les interrompre. Si elle devait le faire, elle le saurait bien assez vite...


Edit : fin de post réécrite suite au post déposé par JD Charlemagne au topic de concertation...avec toutes mes excuses...le mélangisme n'avait rien de volontaire.
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Charlemagne_vf
A genoux, Alexandre perdait en superbe, mais s'il était au monde une chose dont se délectait l'Aiglon, c'était sa supériorité sur les êtres, la puissance fantoche qu'il avait mise en place dans le microcosme spiritueux de sa cervelle. Si son enveloppe était un buste froid et sans émotion, à l'intérieur, c'était encore un enfant soumis aux pulsions les plus avilissantes. Parmi toutes : l'orgueil. Certes, il savait en faire un art et en imposer, ce n'était toutefois rien qu'une consistance donnée à une existence vide, en somme, et surtout impersonnelle : pouvait-il se vanter d'une identité propre, écrasé sous celle que lui imposait une question toute superficielle de statut ?
Charlemagne n'a toutefois pas conscience de cet état de sa personne. Il agit en automate doué de la pensée et du verbe.
Machinalement, il recueille les mains de son obligé, dont le serment fut en latin. L'éducation princière ne faisait pas l'impasse sur les langues anciennes : obsequium, auxilium et consilium avaient bien plus de significations pour l'initié que conseil, aide et fidélité. C'étaient là des concepts à nuances différentes, et comme le sang peut-être pur, la langue crue originelle dénote une solennité toute religieuse.
Originellement, le baiser vassalique fait de l'anobli un Homme de bouche, en ce qu'il reçoit la subsistance de son Seigneur. Evidemment, le Duc du Nivernais est rôdé à ces notions lointaines, alors pourquoi dérogerait-il à une règle tout à fait profane et sans signification ? L'acte du baiser ne l'embarrasse pas tant que le simple contact physique. Il est tout aussi désagréable de toucher les mains d'un homme que l'on n'a pas élu sien qu'effleurer ses lèvres. Mais tel est le jeu.


Alexandre, moi, Charlemagne Henri Lévan, des Maisons de Castelmaure et von Frayner, Prince de France, Duc du Nivernais, entre autres, reçois et accepte ce jour votre allégeance. Je vous promets en retour protection, justice et subsistance.

La Seigneurie de Giry que vous recevez ce jour a une histoire : elle était la possession ancestrale des Saunhac, branche cadette de la Maison Castelmaure. Plusieurs générations de Saunhac se sont succédées à la tête de ces terres, avant que la branche ne s'éteigne avec Aymeric de Saunhac. Mère aurait voulu que Giry revienne à son cousin, Salvaire d'Irissari. Je le tiens pour un sot : vous aurez Giry, et le défi de reconstruire un château à semi brûlé par un attentat qui eut pu me coûter la vie.
Les terres n'en sont pas moins fertiles et exploitables : vous en tirerez prospérité.

La vérité ne sort-elle pas de la bouche des enfants, et plus encore quand ils se targuent de sang princier. La réalité était toute autre. Alité un temps, une côte blessée, à Giry, l'Aiglon avait passé le temps dans les bras de son garde du coeur. Les pécores chargés de l'intendance de Giry avaient sans doute eu des soupçons : il avait suffit d'un incendie pour les faire taire. Par malheur, le sadique Fervac avait enclos les communs, et le Prince avait fui à mesure que la fumée s'était élevée. Une atrocité qu'il n'assumait pas tant qu'une certaine cruauté.

Enfin, scellant le pacte vassalique, le geste attendu et redouté de tous fut accompli. C'était pourtant si anodin. Se penchant, l'Altesse Royale alla quérir sur les lèvres du Commissaire au Commerce un baiser qui n'avait rien de tendancieux. Il resta de marbre, et ce fut bref.
Répétant les gestes accomplis devant Fitz, Charlemagne alla s'emparer de petits paquets.
Le couronne sertie de rubis fut déposée sur la chevelure du nouveau Seigneur.


Vous porterez de sable à la bande d'argent vos armes ; vous arborerez avec fierté cette couronne. Vous êtes vassal du Nivernais et d'un Prince de France.
Recevez aussi cette balance, qui vous aidera à enrichir mon patrimoine, et le vôtre.

La balance était d'or, gravée des armes de Giry, un saphir unique brillait en son milieu.
Il fallut ensuite prêter attention à la seule femme présente dans la pièce. L'Infant lui fit un signe discret.


Vous êtes désormais Dame de Giry. Vos actes feront honneur ou honte à votre époux, et par extension à moi. Soyez digne de votre nouvelle noblesse, car vous n'êtes pas moins ma vassale.

Elle n'avait aucun serment à proposer. Le mariage les avait unis en un seul corps. L'idée paraissait profondément stupide au jeune Prince, mais devant un Évêque, il se garda bien d'en exprimer la moindre pensée.
Un dernier regard fut accordé à Arutha.


Aru. Veux-tu bien nous présenter les patentes ?

Alors l'on porterait à chacun de quoi se sustenter. Petits pâtés, miel pour le bel et blond, vin de Chablis. Entre autres.
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