Ingeburge
[Lice, pour un jour]
C'était le guignon, il n'y avait pas d'autre terme. Vraiment, le guignon. Tout ça pour ça. Dire qu'elle avait engagé l'homme à grands frais pour jouer les crieurs-chroniqueurs-animateurs et voilà qu'il la lâchait pour une raison des plus stupides : un extinction de voix. Le Gentois avait été bourré d'herbes médicinales, de miel, de citron, d'eau-de-vie mais rien n'y avait fait. Pour une Ingeburge sujette aux superstitions et donc sujette aux signes, ce ne pouvait donc être que le guignon. C'est donc quelque peu préoccupée qu'elle parut sur la lice. mais elle fut rapidement distraite de ses pensées inquiètes par la perspective des deux duels qui s'annonçaient en cette dernière marnée de festivités.
Puisque c'était à elle qu'il revenait d'ouvrir les hostilités, elle le fit et toujours avec sobriété :
Noble assistance, le bonjour! Place aux jouteurs!
Et les buicines résonnèrent.
Citation:
Pour ce premier duel, une opposition entre un jouteur expérimenté, Aimelin de Millelieues, seigneur d'Etampes-sur-Marne, qui combat en l'honneur de sa suzeraine Sa Seigneurie Dotch d'Appérault de Cassel pair de France, duchesse de Saint-Florentin, comtesse d'Armentières, vicomtesse de Cassel, baronne de Château-Thierry et un jouteur totalement novice, Khristof, seigneur de Rocquecelier.
Première passe... pour un échauffement. En effet, si les duellistes ne se font pas prier pour s'élancer, leur volonté ne semble pas avoir dépassé le stade du départ. Ils abaissent leurs lances, se croisent... pour rien. Ni l'un ni l'autre ne touchent, c'est un retour au rang avec une lance intacte pour chacun.
Seconde passe... Demi-tour effectué, réglages également; le départ est à nouveau donné. Une chance de briller a d'ores et déjà été gaspillée, il s'agit maintenant de faire preuve de réussite. Les duettistes éperonnent et à vitesse de croisière, rabattent leur lance. Pour le Champenois, il en va de même que lors du première passage : son rochet n'accroche que l'air. Côté auvergnat en revanche, il en va tout à fait autrement. En effet, Khristof touche et voit sa lance se rompre et le choc est suffisamment puissant pour faire vaciller puis tomber le seigneur d'Etampes-sur-Marne au sol. Ce dernier se relève fort heureusement indemne.
Par chute de son adversaire, le seigneur de Rocquecelier est déclaré vainqueur!
Citation:
Second et donc dernier duel des demi-finales et nouvelle confrontation entre un jouteur plus que confirmé Argael Devirieux, pair de France, marquis de Senlis, comte de Menin, vicomte de Monestier-de-Briançon, baron de la Tour-du-Pin, seigneur de Grave, de Saint-Giraud & de Vinderhoute et un jouteur beaucoup moins aguerri Ceraphin d'Azayes, seigneur de Bourdeilles.
Première passe... Pas de tour d'échauffement pour cette deuxième de la matinée! A peine les drapeaux abaissés que les deux hommes s'élancent tambour battant. C'est que c'est une place en finale qui se joue et que c'est maintenant qu'il s'agit de briller. Les jouteurs l'ont bien compris et abaissent bras et arme avec conviction. Ils se croisent... touchent tous les deux... rompent tous les deux! L'égalité est parfaite mais c'est la chute pour le marquis de Senlis qui est déstabilisé et donc vide les étriers. Le Pair de France se relève sans une égratignure.
Par chute de son adversaire, le seigneur de Bourdeilles est déclaré vainqueur!