Luciedeclairvaux
[Retour à Bruges]
Lucie avait envoyé son unique pigeon à la prévôté, pour signaler qu'à sa connaissance, les ravisseurs n'étaient pas passés sur les chemins entre Bruges et Tournai. Puis elle avait vaguement attendu des ordres, un signe, des nouvelles. Rien. Trois jours avaient passé en vain. Trois jours à se cailler les miches, à crever la dalle et à se tanner le séant. Et le foutu pigeon n'était jamais revenu.
A force de sillonner les chemins à cheval, Lucie avait appris à connaître tous les recoins, les clairières, les ruisseaux, les fermes isolées. La campagne n'avait plus de secret pour elle. C'était toujours ça de pris ... Ca pourrait toujours servir pour le jour où elle voudrait se retirer du monde et se planquer avec son magot comme une vieille sorcière.
Le matin du dernier jour, les provisions étaient à sec. Elle redescendit donc vers Bruges. Au détour d'un chemin, les premiers toits de la capitale se dessinèrent dans le lointain. Où irait-elle en premier ... un bain chez elle ? un meurtre chez le prévôt ? Occupations peu réjouissantes. Une taverne ferait l'affaire. Laissons tomber l'affaire ...
Reprendre des forces, prendre des nouvelles de Doudou et, soulagée de le savoir en vie, partir à la rencontre de Lauda et de la troupe. Voilà qui serait gai et lui ferait oublier ces dernières journées.
Le jour déclinait vers un hiver prochain. Elle passa le seuil de la taverne de Joie, et apparut à la lueur des chandelles, les cheveux emmêlés par le vent et les nuits à la belle étoile, les yeux creusés, les vêtements poussiéreux et imprégnés de l'odeur de Levan, le corps frêle parcouru de frémissements.
Un peu plus tard, le ventre plein, elle s'était installée près de l'âtre et méditait sur la danse aléatoire des bulles dans sa bière en écoutant d'une oreille les commentaires des clients sur le nouveau procès en cours : les ravisseurs allaient écoper ...
Lucie avait envoyé son unique pigeon à la prévôté, pour signaler qu'à sa connaissance, les ravisseurs n'étaient pas passés sur les chemins entre Bruges et Tournai. Puis elle avait vaguement attendu des ordres, un signe, des nouvelles. Rien. Trois jours avaient passé en vain. Trois jours à se cailler les miches, à crever la dalle et à se tanner le séant. Et le foutu pigeon n'était jamais revenu.
A force de sillonner les chemins à cheval, Lucie avait appris à connaître tous les recoins, les clairières, les ruisseaux, les fermes isolées. La campagne n'avait plus de secret pour elle. C'était toujours ça de pris ... Ca pourrait toujours servir pour le jour où elle voudrait se retirer du monde et se planquer avec son magot comme une vieille sorcière.
Le matin du dernier jour, les provisions étaient à sec. Elle redescendit donc vers Bruges. Au détour d'un chemin, les premiers toits de la capitale se dessinèrent dans le lointain. Où irait-elle en premier ... un bain chez elle ? un meurtre chez le prévôt ? Occupations peu réjouissantes. Une taverne ferait l'affaire. Laissons tomber l'affaire ...
Reprendre des forces, prendre des nouvelles de Doudou et, soulagée de le savoir en vie, partir à la rencontre de Lauda et de la troupe. Voilà qui serait gai et lui ferait oublier ces dernières journées.
Le jour déclinait vers un hiver prochain. Elle passa le seuil de la taverne de Joie, et apparut à la lueur des chandelles, les cheveux emmêlés par le vent et les nuits à la belle étoile, les yeux creusés, les vêtements poussiéreux et imprégnés de l'odeur de Levan, le corps frêle parcouru de frémissements.
Un peu plus tard, le ventre plein, elle s'était installée près de l'âtre et méditait sur la danse aléatoire des bulles dans sa bière en écoutant d'une oreille les commentaires des clients sur le nouveau procès en cours : les ravisseurs allaient écoper ...