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[RP] Qui suis-je ? Je peux être qui je veux. *

Enjoy
CAITRIONA ! RAPPLIQUE TOUT DE SUITE !


Aurait-elle entendu hurler sa cousine si belle Sybelle, si elle avait été dans le coin. Seulement voilà, elle n'est plus... Oui, morte. Écrasée par une charrette de lait. Hahin. Non, ji plaisante, elle est partie en quête d'un médicastre. On lui colle toujours les tâches ingrates à croire que c'est la bizut de la famille. Que cela soit chez les Macdouggal comme les Corleone. Peu importe. Encore choquée par la vision de sa soeur ne se souvenant plus de rien, sa vision se trouble en passant la porte de l'auberge. Une fois dehors, elle regrettera sans doute le fait d'avoir raté la bagarre. Le blond qui cherche des noises, c'est peu commun. La Syuzanna qui casse le nez à un passant aussi. Quoique cela lui rappelle au combien elles sont du même clan. Hélas, il n'en sera rien. Longeant le porche de l'auberge, son seul compagnon dans les rues désertes, est le ruissellement de l'eau dans les conduits où les passages en terre. Pour parcourir la boue ainsi formée, il faut marcher sur des planches allant d'échoppes en échoppes. Toujours avec la consigne donnée, retrouver un z'homme ou une femme compétent(e) pour savoir si la rousse pouvait être sauvée et recouvrir la mémoire.

La furette eut bien du mal à se repérer dans les ruelles étroites. Néanmoins ses pas la guidèrent vers le premier établissement où elle se rendit lors de son arrivée en ville. Le plancher était crasseux et en poussant la porte des effluves d'alcool et de vomis flirtèrent avec ses narines perturbées. Elle balaie alors la pièce du regard. Les soiffards se tiennent là près du comptoir, un couple se lèche la glotte sans gêne et un encapuchonné tient le mur tout au fond. Encore un qui croit que cela fait trop claaaassseee de jouer les mystérieux alors qu'en réalité sa vie est fade, sans saveur. Manque plus qu'un ou deux géants et nous sommes à Saumur...

Elle s'approche du tenancier qui la regarde étrangement. Ne la prenant pas au sérieux du fait de sa coloration bleu sur son visage et les moindres bouts de peau découverts. Elle hausse un sourcil et fronce le museau marquant son mécontentement mais elle ne se battra pas avec lui. Elle reste encore bien trop perturbée. Après quelques brefs échanges, elle quitte la salle la mine déconfite. Ne sachant où peut bien se trouver le médecin au nez cassé. Une seule chose ressort, s'il n'est pas à son cabinet, il est au bordel. Finalement, on y revient. Elle qui a tant l'habitude de se faire traiter de catin à tout va, elle songe qu'au fond, elle devrait postuler et faire passer une nuit d'enfer ou pas à la cible. Mais chez elle, quand il s'agit de l'antre du Sans Nom, il y a souvent des pleurs et du sang. Surtout pour l'autre. A part, s'il mesure 2 m 20 sur 2 m 20. Bien sûr. Et encore, tout est relatif dans la vie.

Furetant. La première chose à faire et de se nettoyer la frimousse. Elle fait alors glisser ses mimines sur le bois humide. Les gouttes récoltées sont immédiatement passées sur son visage azuré. Dès lors, elle peut demander aux passants des renseignements sans avoir peur du ridicule. Les deux, trois badauds qu'elle croise, ont quelques difficultés à s'exprimer et tenir une conversation normale. Ce qui est quelque chose des plus banals pour elle, puisqu'au fond, la mustélide ne traîne qu'avec ce genre de types. On s'habitue. Quand on croise un "tutu rose" avec une fleur sur le coeur qui n'a que pour sujet de discussion la boisson et les femmes. Et dès lors qu'il s'aventure sur des sentiers changeants, son sens de l'orientation défaillit. On en connait tous des comme ça.

Au seuil du lupanar. Elle ne toque pas, elle entre. Après tout, il s'agit d'une maison de passe. Une fois à l'intérieur, les donzelles à moitié dévêtues lancent des regards lubriques allant jusqu'à violer son intimité avec des prunelles qui veulent dire : "Je vais te dévorer". Du moins c'est le cas pour les plus jeunes d'entre elles. Celles qui ont quelques lieues sous la semelle l'observent avec moult interrogations. Et conviennent de faire quérir la maquerelle. Cette dernière toute habillée de rouge ne déroge pas à la règle des clichés que l'on peut se faire de cette profession. Sa tenue, sa posture et sa coiffure dénotent un sens aigu du vulgaire. Comme si le raffinement avait été ôté de sa substance jusqu'aux moindres parcelles en cet endroit. A l'instar des autres gens, elle pose la question simple sur la localisation de sa future victime. Et visiblement, sa quête s'achève enfin. Le zigue se trouve à l'étage en pleine auscultation sur une des brebis du troupeau. Et malgré les protestations de la cheffe du bordel, la furette fonce vers les escaliers. Les escaladant quatre à quatre et ouvre alors toutes les portes possibles et inimaginables. Voyant d'ailleurs des choses assez inimaginables dans la plupart. Penchant la tête de temps à autre en se disant : "Hum, c'est possible ce genre de position ?!" Continuant, encore et encore jusqu'à le retrouver enfin. Dans une posture délicate. Nous passerons sur les détails. En tenue d'Adam, il écarquille grandement les yeux, apeuré.


Toi !

Elle vire la greluche qui lui faisait quelques gâteries. Affiche alors une grimace de dégoût, chope les frusques de l'in naturalibus et les lui jette sans ménagement. Mais ce denier proteste énergiquement alors la furette lui lance un regard des plus noir. Et une pensée traverse son esprit comme un éclair déchire la nuit. "A-t-il besoin de ses deux mains pour s'occuper de Syu ?!" Hum, on verra bien. Alors qu'il reste assis, elle projette son genoux sur le torse du médicastre avec rapidité, lui bloquant le bras avec le sien. Et de sa main libre attrape un sabot pour frapper brutalement sur les doigts du contrevenant. Recommençant jusqu'à les entendre craquer pour de bon. Bien évidemment, il se débat comme un beau diable entre deux hurlements de douleur. Il la repousse violemment.

Si tu tiens à ta main droite, qui est sans doute ta compagne la plus fidèle. Tu viens avec moi !

...

Une fois prise sous son emprise et son aile, ils quittent ce lieu de débauche. Direction l'auberge des sirènes. Elle le traîne plus qu'elle l'accompagne, lui bottant les fesses de temps en temps lorsqu'il n'avance pas assez vite. Une fois sur le palier de la porte, elle lui explique la situation. Et surtout, il a intérêt de la soigner, sinon sa main cassée sera le cadet de ses soucis. Enjoy ouvre doucement la lourde et attire son prisonnier vers l'attroupement de Macdouggal & co. S'en déchargeant comme d'un sac trop lourd.


V'là, ton médicastre !
_________________
Sybelle
Manu pose des questions et les deux autres me regardent avec des airs de merlans frits. Magnifique. Après avoir prit une grande inspiration, j’explique tout à mon cousin. L’empressement de Syu’ à partir, la tempête, la branche, la panique et finalement, le diagnostique du médecin et l’étrange réveille de notre parente. A peine ai-je fini mes explications qu’Enjoy - il va bien falloir que je m’habitue à ce pseudonyme - rapplique avec le médecin. La main de celui-ci est étrangement violacée et gonflée et, tandis qu’il observe tour à tour les membres de la famille, son visage se teinte de peur. Il semblerait que mon aînée et moi nous ressemblions plus que je ne veux bien le croire, pour qu’il craigne autant d’être en notre présence à tous. M’enfin, peut-être pas assez encore, vu qu’il reste là, les bras ballants.

Bah alors. Bougez-vous ! Lui dis-je en indiquant Syu’ d’un geste vague de la main.

Aussitôt, il va vers elle pour l’interroger : des mots de têtes ? Des douleurs ? Se souvient-elle de l’accident ? Quels sont ses derniers souvenirs ? Et ainsi de suite. Se désintéressant d’eux, j’invite mon autre cousine à s’asseoir tandis que l’homme que Manu a un peu secoué plus tôt revient avec un plateau chargé de verres qu’il nous distribue. Vidant le mien d’un trait, je m’affale dans ma chaise, attendant que le médecin en finisse avec Syu’. Dehors, la pluie continue de tomber et je me perd dans la contemplation des gouttes qui s’écrasent contre le carreau de la fenêtre, ne me souciant guère des regards hostiles qui se portent sur notre assemblée. Enfin, le médecin se tourne vers nous, le visage marqué par un mélange d’anxiété et de douleur assez détonnant.

Eh bien… Heu… Mademoiselleestamésiqueetjedoutequelleretrouvelamémoire, annonce-t-il à toute vitesse.
Pardon ?
Votre… Votre cousine… Elle est amnésique… Et… Heu… Je crois… Enfin je ne crois pas… Je doute qu’elle retrouve la mémoire.

Choquée, je le regarde avec de grands yeux. Ne pas retrouver la mémoire ? Syu’ ne peut pas avoir tout oublié ! C’est impossible ! Peu à peu, la colère remplace la surprise en moi et frustrée, je me lève d’un bond et je tire vigoureusement sur l’oreille du médecin qui, tétanisé, ne se débat pas, avant de lui donner un coup de pied dans le ventre. Tandis qu’il se recroqueville sur lui-même en gémissant, je me penche vers lui de tel sorte que je peux sentir la pestilence de son haleine. Charmante perception.

Vous. Vous. Trompez. Dis-je, martelant chaque mot pour qu’ils s’impriment bien dans sa petite tête d’imbécile.

Ceci fait je me redresse et me tourne vers les miens, ne prêtant pas attention à l'homme qui part aussi discrètement que ça lui est possible. C'est à dire avec la grâce d'un sanglier. A la colère, la peur et les doutes c’est substitué quelque chose d’encore plus fort : ma détermination. Et avec elle, trois mots me reviennent. Trois mots dans une langue que j’ai chassé de mon existence, allant jusqu’à refuser de la parler parce qu’elle évoque trop de souvenirs douloureux. Sauf qu’aujourd’hui est un jour particulier. Aujourd’hui, j’ai besoin de ramener mes souvenirs à la surface pour pouvoir raconter à Syuzanna. Prenant mon courage à deux mains, je plante mes yeux dans ceux de ma cousine. Le vert rencontre le brun… Une promesse est faite : je serais là pour elle.

On va lui donner tord. Vous connaissez notre devise : Buaidh no bas*… Eh bien plus que jamais, nous allons l’appliquer.



*Victoire ou mort

_________________
Syuzanna.
« It's a black out blur
[...]
Think we kissed but I forgot
Last Friday night »
*


Bigre, voilà que le cousin Maonaigh débarquait en beuglant comme un sanglier poursuivit par une bande de chasseurs en colère. Ce qui lui confirma bien qu'elle n'était pas en France et que Sybelle était soit complètement folle, soit... complètement folle. Ou alors elle avait mangé un troubadour au petit-déjeuner, et la rousse nota dans un coin de son esprit de prévenir sa cousine que le canibalisme n'était plus à la mode depuis qu'un esprit éclairé avait découvert que la chair du sanglier était comestible.
Mais outre que cela. Quel intérêt, je vous prie, y avait-il à lui dire des choses aussi absurdes que « Nous sommes en France, à la Rochelle » ? La Rochelle... Quel nom stupide. C'était bien du françoys ça, tiens !

La porte s'ouvrit, cédant la place à sa prétendue soeur, et à un homme qui visiblement, aurait donné sa main gauche pour se trouver ailleurs. Mais visiblement, la main gauche, il l'avait déjà donné, ou tenté du moins, vu sa couleur violacée qui n'avait rien à envier à une grappe de raisins trop mûrs.
Et cet imbécile commença à lui poser des questions. Drôlement curieux le bonhomme. L'année ? Bah, il était stupide ou quoi ? 1458 bien sûr ! Plus précisément, Avril 1458. Ce qu'elle était en train de faire avant de se retrouver au beau milieu d'une taverne qu'elle n'avait jamais vu ? Escorter une gamine pour la marier à un homme de son Clan. Dernier souvenir ? Une douleur au crâne. Les questions s'enchainaient, et la patience de la rousse diminuait d'autant. Ce qui s'acheva inévitablement par un poing dans le nez du médicastre. Qu'il aille chercher son diplôme ailleurs, le bougre !

Mais le compte-rendu qu'il fit à Sybelle ne parut pas convenir à cette dernière. Le pauvre, songea l'Ecossaise. Ce n'était visiblement pas son jour. Ou sa nuit. Encore un qui réfléchirait à deux fois avant de se lever le lendemain.
Mais tout ceci n'éclairait pas Syuzanna NicDouggal. Non, tout ceci l'embrouillait. Et quand elle avait l'esprit brumeux, elle était encore moins aimable et souriante que de coutume. Et déjà qu'au naturel elle n'était pas commode, mais alors là...
Il y avait d'abord sa cousine Sybelle qui racontait n'importe quoi. Son cousin qui hurlait à tue-tête. Une gueuse qui se prenait pour sa soeur. Et un blondin qui ne pipait mot et qui provoquait des bagarres. Et elle, seule personne censée autour de cette table. Elle devait rêver, quelque chose comme ça. Et de nouveau, tout ceci la lassa brusquement.


- Bon, c'est quoi ça ? lâcha-t-elle. On peut m'expliquer ce qu'on fout là ? J'allais chercher Ana chez les MacKintosh, d'accord ? Et là je me retrouve je ne sais où avec une folle furieuse et un type qui a gobé sa langue entre deux gorgées de bières ! Donc... Vous m'expliquez ou... ?

Elle jeta une regard lourd de signification aux membres « officiels » de sa famille :

- Et là on a assez trainé. On n'est pas des escargots. Père va nous gueuler dessus, et en plus j'ai pas la gamine. Alors on retourne chez les MacKintosh ou on retourne chez nous et on explique que j'ai été retardé par ce fichu canasson ?

Elle quetta leur approbation, se levant à demi. Mentir ne lui posait aucun problème de conscience, ni de moral. Elle avait entourloupé assez souvent son père pour être certaine qu'il n'aurait aucun problème à croire à celui-là. Duncan lui en était témoin, à eux deux, ils avaient un certain nombre de « fausses vérités », ou de « mensonges par omission » à leur actif, et Sybelle le savait fort bien, puisque de nombreuses fois, elle-même avait été couverte par ces déformations de la réalité.
Puis sans trop savoir pourquoi, elle examina fort à propos sa cousine. Comment se faisait-il qu'en quelques heures, ses cheveux soient plus longs qu'auparavant ? Et qu'elle soit plus grande ? Plus... développée ? Il y avait un problème.


- Oh là, grogna-t-elle en se levant tout à fait. C'est quoi ça ? Sybelle ? Manu ? Quelqu'un m'explique ?



* Last Friday Night - Katy Perry
{C'est un énorme trou noir
[...]
Je pense qu'on s'est embrassé mais j'ai oublié
Vendredi soir dernier}

_________________
Manu.
[I can't believe the news today
I can't close my eyes and make it go away*]



Une branche. Comment une simple branche pouvait-elle faire autant dégâts ? Et puis ce n’était pas n’importe qui, c’était Syu. La rousse écossaise, comment avait-elle pu tomber ? Il essayait de rester optimiste, se disant qu’elle n’était pas morte, juste blessée. Mais elle n’était plus la même, elle ne savait plus qui elle était. Son père était dans son délire toujours vivant, elle avait oublié Seurn, son arrivée à Sarlat. Qu’avait-elle oublié encore ? Tous ses amis ? Et Eilidh, bon Dieu, se souvenait-elle encore de sa fille ? Il ferma les yeux, déboussolé. Putain de tempête, putain de branche ! Et..et, putain de médicastre ! C’est pas possible de faire des diagnostiques aussi pourris, il est payé pour quoi ce gus ? Non mais quel crétin ! S’il ne s’était pas déjà carapaté aussi loin que possible de leur famille, sûr que le barbu lui aurait mis une autre abraquée. Mais, mais quel con ! Et il fout quoi le danois, il s’est perdu dans la contemplation du plancher ou bien ?
Il laisse Syu dans son délire jusqu’à ce que celle-ci demande des explications. Bien, déjà elle s’est rendue compte que tout n’était pas à sa place, que tout était différent. Le barbu coule un regard vers Sybelle, elle semble abattue, épuisée. Elle doit en avoir assez de répéter inlassablement les mêmes choses. Assez de devoir expliquer à Syu ainsi qu’à eux tous les dégâts qu’a faits la branche. C’est donc lui qui va s’y coller. Il s’approche de la rousse amnésique, ses yeux rivés aux siens. Comment dire ça ? Ma très chère cousine, tu t’es bouffée une branche, du coup tu te souviens plus de rien. Ton père est mort, nous sommes en France. Ah et le blond qui a perdu sa langue c’est ton mari. Oh, j’allais oublier, tu as une fille aussi ! Sinon, tu veux boire quelque chose ? Il se renfrogne, non, bien sûr qu’il ne va pas lui dire comme ça mais il a peur qu’elle s’évanouisse donc il reste prudent…

Tu ferais mieux de t’asseoir, je suis pas certain que ta tête apprécie de rencontrer le plancher.

Elle ne l’écoutera pas, c’est certain. C’est pourquoi, d’une pression autoritaire sur ses épaules, il l’assoit sur la chaise la plus proche. Il va certainement se faire enguirlander et se prendre une belle gifle par sa cousine qui a l’air d’être encore plus revêche qu’avant mais tant pis, c’est un risque qu’il accepte de prendre. Il prend une grande inspiration, entrelaçant ses doigts à ceux de sa cousine. Il sait que la découverte de sa perte de mémoire va l’anéantir. Elle risquait d’abord de repousser cet argument, de ne pas le croire. Puis la colère risquait de survenir et enfin les pleurs. Mais il faut qu’il lui dise, oui, il le faut.

Syu…ton père est mort il y a de ça…quelques temps.

Bonne entrée en matière non ? La pression de ses doigts se fait plus forte, il faut qu’il aille jusqu’au bout, il faut qu’elle tienne. Il doit poursuivre, tout lui dire. Il l’aime et la respecte trop pour lui cacher ne serait-ce qu’une seule chose. Il aimerait la ménager, omettre quelques « détails » qu’elle n’est pas prête à entendre mais s’il ne lui dit pas maintenant, il ne lui dira jamais. Ses yeux rivés aux siens, il poursuit d’une voix douce mais tout de même assez dure pour qu’elle ne prenne pas ses propos pour une vaste blague.

Nous sommes en 1460, en novembre. Tu…enfin, il y a eu une tempête dans laquelle toi et Sybelle avaient été surprises et à la suite d’un choc, tu as perdu la mémoire.

Il désigne Seurn d’un mouvement de tête, ça y est, on y arrive.

Tu vois le type là-bas ? C’est ton mari, tu l’aimais. Peut-être que tu l’aimes encore d’ailleurs, il faut juste que tu arrives à te souvenir. Et…

Il tourne la tête, cherchant le soutien de Sybelle. Elle ne l’aidera pas, c’est à lui de le faire, à lui de lui dire. Presque à regret, il regarde à nouveau Syu.

Tu as une fille. Eilidh.

Voilà, tout est dit. Reste plus qu’à attendre…


* Je ne peux pas croire les nouvelles, aujourd'hui
Je ne peux pas fermer mes yeux et l'oublier
U2 Sunday bloody Sunday
Syuzanna.
[ - La vérité.
- La vérité, c'est que Dark Vador est le père de Luke. ] *


Les propos de son cousin la figèrent aussi sûrement que si elle s'était muée en glace. La bouche formant un O parfait, elle les regardait, ses yeux noisette allant de l'un à l'autre, espérant que l'un d'eux se lèverait en riant, que Sybelle retirerait le déguisement qu'elle devait sans doute porter, et que toute cette histoire sordide s'achevât enfin.
Mais ils lui rendaient son regard avec sérieux. Personne ne se mit à rire, et Sybelle s'obstina à paraître plus vieille que dans son souvenir.
Qu'est-ce qui lui faisait le plus mal ? La mort de son père ? Le fait qu'elle ne s'en souvienne pas ? Apprendre qu'elle était mariée ? Qu'elle avait une fille ? Qu'elle était en 1460 ? Tout se mélangea en elle, et elle se sentit défaillir. Son teint déjà pâle le devint plus encore, et elle dût rester assise à sa place, portant sur ses épaules le poids de ces deux ans qui n'étaient que trou noir. Elle examina avec une attention accrue cet homme bond si silencieux.

De même que la présence d’une bestiole écailleuse dans le Loch Ness n’avait rien d’un mythe… Ou plutôt que les bruits qui couraient qu’il y aurait bel et bien une bestiole mangeuse d’assistant-curé irlandais dans ce même lac n’avait rien d’un mythe (car qui oserait mettre la parole d’un homme d’Eglise en doute ? Certainement pas Syuzanna.), le légendaire orgueil démesuré des MacDouggal était tout ce qu’il y a moins de légendaire. Et « l’égal des Dieux » aurait fort bien pu substituer l’actuelle devise de « victoire ou mort ».
Il ne lui avait pas fallu deux secondes pour savoir que jamais, ô grand jamais, elle n’aurait pu être réellement l’épouse de cet olibrius. Il avait deux tares. D’une part, il était blond – quel manque évident de goût ! Naître blond ! Mieux valait être chauve – et il n’était pas Ecossais. Et quelle était la chance pour qu’elle, Syuzanna NicDouggal, fille de William MacDouggal dit Fol Œil, puisse jamais se marier avec un Françoys, blond qui plus est ?
Elle eut une moue dédaigneuse, et jeta un nouveau coup d’œil à l’individu en question. Elle était bien décidée à lui trouver tous les défauts du monde. Bon, il fallait bien reconnaître qu’il était bel homme. Mais à part ça. N’avait-il pas l’air particulièrement stupide ? Si, décida-t-elle, bien que quelque chose – une petite voix fort détestable à vrai dire – lui souffla que ses yeux étaient particulièrement vifs et expressifs et qu’il semblait bien régner une forme d’intelligence sous cette arcade sourcilière. Mais n’avait-il pas une carrure de freluquet ? Sans aucun doute, affirma-t-elle à part elle, tandis que cette odieuse petite voix lui faisait suivre des yeux le contour musculeux de ses épaules et la prestance de son port. Dommage, songea-t-elle, que ladite petite voix ne puisse pas prendre corps et se tenir devant elle. Car assurément, elle se serait donné un plaisir très particulier à la démolir dans les règles de l’art.
Mais il fallait qu'elle lui dénichât des défauts ! Trouver d'autres choses contre lui était devenu capital. Elle l’étudia en silence, les lèvres pincées, à la recherche du détail qui confirmerait bel et bien ce qu’elle s’efforçait de penser. Rien ne lui vint et elle attribua bientôt ça à l’édifiant mal de crâne qui l’empêchait de réfléchir convenablement.


- Non, ce n’est pas mon mari, fit-elle enfin. Non, répéta-t-elle, comme si ce simple mot avait le pouvoir de changer le cours des choses. Et quand, dis-moi, l’aurais-je soi-disant épousé ? Je te signale que je suis partie ce matin du Clan pour aller chercher cette insipide gamine d’Ana. Alors à moins qu’il ne possède des pouvoirs relevant de l’occulte – auquel cas je me ferais un plaisir d’allumer le bûcher – et qu’il ait fait avancer le temps… Enfin quoi ! Je me marie dans quatre mois avec Duncan ! Tu as oublié ?

Accuser Manu d’avoir oublié. Pour une amnésique, n’était-ce pas le comble ?
Répéter ses derniers souvenirs encore et encore, comme un mantra, commençait à lui peser. Jamais sa cousine ni son cousin ne lui auraient joué pareil tour. Et d'ailleurs, n'avait-elle pas mal au crâne ? N'avait-elle pas une cicatrice qui semblait prouver qu'elle s'était effectivement pris une branche en pleine figure ?
Résister à ce qui semblait être la vérité quant à la date du jour était inutile, vain, et ne servait vraiment à rien. Alors soit, elle était en novembre 1460. Mais cela lui semblait si improbable ! Perdre la mémoire, c'était si peu syuesque ! Que cela arrive au dernier des crétins, pourquoi pas, mais à elle ! Pas à Elle ! Son père ne pouvait pas être mort ! Elle ne pouvait pas avoir épousé ce type ! Elle ne pouvait pas avoir de fille !

Elle se leva brusquement, faisant tomber sa chaise. Si ses yeux brillaient intensément, ce n'était pas provoqué par des larmes. Syuzanna NicDouggal ne pleurait jamais. C'était bon pour les filles, et elle n'était pas une fille, elle était Syuzanna.
Refuser la possible vérité était désormais sa seule défense. Son seul rempart. Croire à un rêve était la dernière option. Ce ne pouvait pas, de devait pas être vrai. Son père ne pouvait pas être mort. Elle ne pouvait pas être mariée à un autre que Duncan. Elle haïssait la France.


- Bon, écoutez... Non. Je ne peux pas y croire, d'accord ? Je ne sais pas ce que c'est, peut-être un simple cauchemar, mais je vais me réveiller, c'est certain. Et quand je vous raconterai ça, on pourra tous en rire franchement en se descendant un tonneau de scotch whisky. Mais là...

Elle se recula lentement vers la porte, sans les quitter du regard. Son dos rencontra bientôt le battant de bois, ses doigts tournèrent la poignée, et un vent frais lui balaya bientôt la nuque. Faisant volte-face, elle examina les alentours. Pas de montagnes. Pas de lacs étincellants comme des diamants. Pas de château solitaire. Rien qu'une route de terre battue, un bourg plein de maisonnées, des femmes brunes et blondes, des enfants qui couraient en tous sens, et le ciel, écrasant de bleu au-dessus de sa tête. Aux portes des échoppes, des enseignes de bois se balançaient, une odeur de pain chaud s'échappait d'un soupirail, des porteurs d'eau s'égosillaient à qui mieux mieux. Les frimas de l'Hiver s'insinuèrent sous ses vêtements, trop légers pour la saison. Et elle dut se rendre à l'évidence. C'était le mois de Novembre. Et si c'était Novembre, c'était peut-être aussi la Rochelle, comme l'avait dit Sybelle à son réveil. Et si c'était la Rochelle, c'était sans doute la France. Et si c'était la France...
Ne pouvant supporter une seule révélation de plus, Syu claqua la porte derrière elle, et se mit à courir de toutes ses forces, à la recherche du seul lieu qui pourrait l'aider désormais.
La forêt.


      Fin de l'épisode 1




* Dialogue entre Teresa Lisbon et Patrick Jane
(de la série « Mentalist »)

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