Jehanne_elissa
On prend sa tête dans les mains et on res-pi-re.
On a trois lettres.
Une traîne depuis des semaines, on ne veut pas la voir. Il y est question, de loin et en louchant, d'un olivier sur un grand nuage. Et nuageux, l'esprit de la Goupile l'était, à l'égard de cette lettre.
Une est arrivée la veille, et ça sent les petites bêtes toutes douces. Tombée presque du ciel, inattendue, surprenante, et plus encore, Jehanne l'avait lue et relue en caressant le nouveau compagnon qu'elle avait depuis quelques mois.
La dernière avait suivi de près la seconde. Elle était dans un sale état, et par endroits, l'encre avait bavé. Elle sentait le sel et la poussière, elle sentait l'antan, elle sentait l'autrefois.
Puisqu'il fallait bien commencer quelque part, la Volpilhat saisit la seconde, celle qui était à tous points de vue plaisante, et ne rappelait aucun souvenir ambigu. Pour le plaisir, Jehanne la relut :
On a trois lettres.
Une traîne depuis des semaines, on ne veut pas la voir. Il y est question, de loin et en louchant, d'un olivier sur un grand nuage. Et nuageux, l'esprit de la Goupile l'était, à l'égard de cette lettre.
Une est arrivée la veille, et ça sent les petites bêtes toutes douces. Tombée presque du ciel, inattendue, surprenante, et plus encore, Jehanne l'avait lue et relue en caressant le nouveau compagnon qu'elle avait depuis quelques mois.
La dernière avait suivi de près la seconde. Elle était dans un sale état, et par endroits, l'encre avait bavé. Elle sentait le sel et la poussière, elle sentait l'antan, elle sentait l'autrefois.
Puisqu'il fallait bien commencer quelque part, la Volpilhat saisit la seconde, celle qui était à tous points de vue plaisante, et ne rappelait aucun souvenir ambigu. Pour le plaisir, Jehanne la relut :
Citation:
A la très noble Vicomtesse de Cauvisson,
A la juste Baronne de Malpertuis.
Bien le bonjour !
Je ne sais guère si vous vous souvenez de moi, je suis Cassian dArlezac de blanc Combaz. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises il y a quelques années en compagnie de ma mère adoptive Aleanore Jagellon Alterac, puis de mon père Eusaias de Blanc Combaz.
Si je vous écris aujourdhui, ce nest pas uniquement pour vous souhaiter un bon retour en Bourgogne, même si je fus ravi dentendre dire que vous reveniez vous installer ici. Jespère dailleurs que la Bourgogne vous est agréable. Les bourguignons sont parfois un peu rustres mais ce sont de braves gens. Sachez en tout cas que si vous avez besoin de quelque chose, je serai votre dévoué serviteur. Ma mère vous aimait beaucoup et je lui dois bien ça, dautant que je me fais un point dhonneur à aider toutes personnes valeureuses. Et valeureuse vous lêtes Vicomtesse, jen suis certain et jespère avoir le plaisir de vous revoir bientôt.
Cependant, si je viens à vous écrire, cest pour une toute autre chose. Il sagit dun sujet sérieux qui me tient à cur. Depuis votre passage en Bourgogne je me suis intéressé à ces petits animaux que vous aimiez tant étant jeune : les lapins. Javoue quau début votre attachement à ces très chers rongeurs, fut pour moi une source de moqueries à votre égard. Jétais alors bien jeune et bien sot, mais grâce à vous mon cur sest ouvert et jai aussitôt grandi. Ce fut comme une révélation. A force de les observer pour essayer de comprendre ce qui pouvait tant vous plaire chez eux jai appris à mon tour à les aimer.
Depuis je milite avec ardeur pour la sauvegarde des lapins en Bourgogne. Cela doit vous paraître bien sot que je conserve ainsi cette lubie enfantine. Chez vous elle doit être passée depuis longtemps. Jai tout de même réussi à rallier quelques bonnes âmes à ma cause et il est temps maintenant de taper du poing sur la table. Cest pourquoi, par respect et nostalgie pour la fillette que vous étiez, je vous demanderai de bien vouloir porter un regard attentif à la pétition ci-jointe. Je ne vous obligerai pas à la signer, mais si jamais vous vouliez y associer votre nom je vous en serai fort reconnaissant.
En espérant ne pas vous avoir trop ennuyer,
Veuillez recevoir Madame mes plus humbles salutations.
Cassian dArlezac de Blanc Combaz,
Gentil Seigneur de Corcelles.
A la juste Baronne de Malpertuis.
Bien le bonjour !
Je ne sais guère si vous vous souvenez de moi, je suis Cassian dArlezac de blanc Combaz. Nous nous sommes rencontrés à plusieurs reprises il y a quelques années en compagnie de ma mère adoptive Aleanore Jagellon Alterac, puis de mon père Eusaias de Blanc Combaz.
Si je vous écris aujourdhui, ce nest pas uniquement pour vous souhaiter un bon retour en Bourgogne, même si je fus ravi dentendre dire que vous reveniez vous installer ici. Jespère dailleurs que la Bourgogne vous est agréable. Les bourguignons sont parfois un peu rustres mais ce sont de braves gens. Sachez en tout cas que si vous avez besoin de quelque chose, je serai votre dévoué serviteur. Ma mère vous aimait beaucoup et je lui dois bien ça, dautant que je me fais un point dhonneur à aider toutes personnes valeureuses. Et valeureuse vous lêtes Vicomtesse, jen suis certain et jespère avoir le plaisir de vous revoir bientôt.
Cependant, si je viens à vous écrire, cest pour une toute autre chose. Il sagit dun sujet sérieux qui me tient à cur. Depuis votre passage en Bourgogne je me suis intéressé à ces petits animaux que vous aimiez tant étant jeune : les lapins. Javoue quau début votre attachement à ces très chers rongeurs, fut pour moi une source de moqueries à votre égard. Jétais alors bien jeune et bien sot, mais grâce à vous mon cur sest ouvert et jai aussitôt grandi. Ce fut comme une révélation. A force de les observer pour essayer de comprendre ce qui pouvait tant vous plaire chez eux jai appris à mon tour à les aimer.
Depuis je milite avec ardeur pour la sauvegarde des lapins en Bourgogne. Cela doit vous paraître bien sot que je conserve ainsi cette lubie enfantine. Chez vous elle doit être passée depuis longtemps. Jai tout de même réussi à rallier quelques bonnes âmes à ma cause et il est temps maintenant de taper du poing sur la table. Cest pourquoi, par respect et nostalgie pour la fillette que vous étiez, je vous demanderai de bien vouloir porter un regard attentif à la pétition ci-jointe. Je ne vous obligerai pas à la signer, mais si jamais vous vouliez y associer votre nom je vous en serai fort reconnaissant.
En espérant ne pas vous avoir trop ennuyer,
Veuillez recevoir Madame mes plus humbles salutations.
Cassian dArlezac de Blanc Combaz,
Gentil Seigneur de Corcelles.
Ses doigts lissaient pensivement le document qui l'accompagnait :
Citation:
De nous, membres et partisans de la LDGDDPRAGO,
A sa grâce la Duchesse de Bourgogne, à ses valeureux conseillers.
Par cette missive nous vous saluons, par cette missive nous militons, par cette missive nous exigeons :
Que lon mette fin à linterminable massacre qui sévit en Bourgogne depuis la nuit des temps.
Que les lapins puissent enfin vivre en parfaite harmonie avec lhomme.
Quil soit interdit de huer, bastonner, chasser, braconner, tuer, boudifier, dépecer, étriper, éborgner, manger, ou encore de se vêtir de lapin en Bourgogne.
Que cela soit amendé et signé de votre main, avec laccord de votre conseil.
Que les contrevenants soient condamnés à une lourde peine de votre choix.
Pour la Ligne Des Grands Défenseurs Des Petits Rongeurs Aux Grandes Oreilles.
Cassian d'Arlezac de Blanc Combaz, Seigneur de Corcelles, porte parole de la LDGDDPRAGO ;
Eusaias de Blanc Combaz, Duc de Bouillon ;
Charlemagne de Castelmaure-Frayner, Prince de France, Duc du Nivernais ;
Aimbaud de Josselinière, Marquis de Nemours ;
Angélyque de la mirandole, Duchesse du Charolais ;
Jusoor de Blanc Combaz, Baronne d'Uchon ;
Lionel de Blanc Combaz, Vicomte de Digoine ;
Griotte de Blanc Combaz ;
Alycianne de Blanc Combaz ;
Gauthier de Vaisneau, Seigneur de Lusigny ;
Judas Von Frayner, Seigneur de Courcelier ;
Isaure Von Frayner, Dame de Courcelier ;
Enguerrand Falco Vaxilart de la Mirandole ;
Finn de Pommières ;
Gaspard de Nerra-Viverols ;
Rosalinde ;
Riccardo, valet de la duchesse du Charolais ;
Aymon ;
Alexander ;
Huguelin ;
Virginette ;
Baudouin ;
Fanchon ;
Fernand ;
Augustine ;
Firmin ;
Florentin ;
Bergamote ;
Berthe ;
Emma ;
Béranger ;
Rodolphe ;
Clémence de l'épine, femme du marquis de Nemours.
A sa grâce la Duchesse de Bourgogne, à ses valeureux conseillers.
Par cette missive nous vous saluons, par cette missive nous militons, par cette missive nous exigeons :
Que lon mette fin à linterminable massacre qui sévit en Bourgogne depuis la nuit des temps.
Que les lapins puissent enfin vivre en parfaite harmonie avec lhomme.
Quil soit interdit de huer, bastonner, chasser, braconner, tuer, boudifier, dépecer, étriper, éborgner, manger, ou encore de se vêtir de lapin en Bourgogne.
Que cela soit amendé et signé de votre main, avec laccord de votre conseil.
Que les contrevenants soient condamnés à une lourde peine de votre choix.
Pour la Ligne Des Grands Défenseurs Des Petits Rongeurs Aux Grandes Oreilles.
Cassian d'Arlezac de Blanc Combaz, Seigneur de Corcelles, porte parole de la LDGDDPRAGO ;
Eusaias de Blanc Combaz, Duc de Bouillon ;
Charlemagne de Castelmaure-Frayner, Prince de France, Duc du Nivernais ;
Aimbaud de Josselinière, Marquis de Nemours ;
Angélyque de la mirandole, Duchesse du Charolais ;
Jusoor de Blanc Combaz, Baronne d'Uchon ;
Lionel de Blanc Combaz, Vicomte de Digoine ;
Griotte de Blanc Combaz ;
Alycianne de Blanc Combaz ;
Gauthier de Vaisneau, Seigneur de Lusigny ;
Judas Von Frayner, Seigneur de Courcelier ;
Isaure Von Frayner, Dame de Courcelier ;
Enguerrand Falco Vaxilart de la Mirandole ;
Finn de Pommières ;
Gaspard de Nerra-Viverols ;
Rosalinde ;
Riccardo, valet de la duchesse du Charolais ;
Aymon ;
Alexander ;
Huguelin ;
Virginette ;
Baudouin ;
Fanchon ;
Fernand ;
Augustine ;
Firmin ;
Florentin ;
Bergamote ;
Berthe ;
Emma ;
Béranger ;
Rodolphe ;
Clémence de l'épine, femme du marquis de Nemours.
Elle tailla finalement sa plume et coucha sur un vélin gratté :
Citation:
Gentil Cassian de Blanc-Combaz,
Le bonjour vous va !
Il y a bien des choses dont je ne me souviens pas. Mais je me souviens de vous : je voyais souvent Aleanore, le Très Haut l'ait en sa bonne garde, et vous étiez souvent dans son sillage, mutin et, parfois, insupportable ! Je crois que nous l'étions tous, à cet âge. Oh, que cela nous ramène loin en arrière ! J'ai vécu bien des torpeurs et bien des dols, depuis. C'est pourquoi je suis revenue en Bourgogne, j'étais sous une étrange menace de lent empoisonnement, en Languedoc, sans jamais avoir su par qui. Je ne veux pas y penser ! Mais j'aime toujours les lapins. Vous êtes encore bien sot de croire que l'âge efface ce genre d'affection ! Ce sont les seuls êtres d'amour et de douceur constante, et qui ne se plaignent pas des voyages ou ne partent pas sans vous à l'aventure, vous laissant esseulé ! Des amis bien fidèles, et j'ai grande joie à vous savoir tombé sous leur charme. C'est d'ailleurs preuve que loin d'éteindre ce penchant, l'âge peut le faire naître. Oh, j'ai envie de vous appeler mon ami, après cela !
Je signerai votre pétition, bien entendu. Des gens si hauts et retenus que Son Altesse Charlemagne le signent, et moi, je n'oserais pas ? Oh, j'ai bien peur de vous l'envoyer, remarquez. Il y a tant de belles signatures dessus, que vous avez sans doute eu du mal à collecter. Si le document précieux s'égarait ? Venez le chercher chez moi. Enfin, je n'ai guère de chez moi, la ferme de Malpertuis tombe en ruines, et la terre ne rapporte pas assez pour la reconstruire. Je suis en train de faire valoir cela auprès de la Hérauderie et de la Couronne de Bourgogne, et pour l'heure, je loge chez la Comtesse de Gévaudan, à Nevers, Rue de Fontmorigny. Venez l'y chercher augmentée de ma signature, vous mériterez votre "gentil" épithète.
Avec mon bon souvenir et d'aimables vux,
Jehanne Elissa
Le bonjour vous va !
Il y a bien des choses dont je ne me souviens pas. Mais je me souviens de vous : je voyais souvent Aleanore, le Très Haut l'ait en sa bonne garde, et vous étiez souvent dans son sillage, mutin et, parfois, insupportable ! Je crois que nous l'étions tous, à cet âge. Oh, que cela nous ramène loin en arrière ! J'ai vécu bien des torpeurs et bien des dols, depuis. C'est pourquoi je suis revenue en Bourgogne, j'étais sous une étrange menace de lent empoisonnement, en Languedoc, sans jamais avoir su par qui. Je ne veux pas y penser ! Mais j'aime toujours les lapins. Vous êtes encore bien sot de croire que l'âge efface ce genre d'affection ! Ce sont les seuls êtres d'amour et de douceur constante, et qui ne se plaignent pas des voyages ou ne partent pas sans vous à l'aventure, vous laissant esseulé ! Des amis bien fidèles, et j'ai grande joie à vous savoir tombé sous leur charme. C'est d'ailleurs preuve que loin d'éteindre ce penchant, l'âge peut le faire naître. Oh, j'ai envie de vous appeler mon ami, après cela !
Je signerai votre pétition, bien entendu. Des gens si hauts et retenus que Son Altesse Charlemagne le signent, et moi, je n'oserais pas ? Oh, j'ai bien peur de vous l'envoyer, remarquez. Il y a tant de belles signatures dessus, que vous avez sans doute eu du mal à collecter. Si le document précieux s'égarait ? Venez le chercher chez moi. Enfin, je n'ai guère de chez moi, la ferme de Malpertuis tombe en ruines, et la terre ne rapporte pas assez pour la reconstruire. Je suis en train de faire valoir cela auprès de la Hérauderie et de la Couronne de Bourgogne, et pour l'heure, je loge chez la Comtesse de Gévaudan, à Nevers, Rue de Fontmorigny. Venez l'y chercher augmentée de ma signature, vous mériterez votre "gentil" épithète.
Avec mon bon souvenir et d'aimables vux,
Jehanne Elissa
Et d'envoyer un valet après l'Arlezac.
Lapin - check
Son oeil glissa alors vers les deux autres courriers...
Embruns...
Olives dionysiennes...
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