Enjoy
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[Petite fille...qui pleure.]
Il résonne seulement dans la froidure de la nuit des sanglots. Cette symphonie mélancolique provient de dessous un pont. Recroquevillé sur lui-même, un corps. Un embryon adulte d'une jeune femme en détresse. Subissant les déboires de la vie, seule. Elle savait se battre, survivre. Mais était nulle avec les gens. Ne sachant pas comment se comporter avec les uns et les autres. Elle passait très vite pour la râleuse de service. Et ce titre était amplement justifié, seulement voilà, elle était triste et lasse. Surtout quand sa cousine, qu'elle aimait, même si elle la connaissait peu, lui brisait le coeur. Pour la furette, les liens de sang étaient plus forts que les amitiés. Puisque ces dernières viennent et s'en vont au gré du vent. Comme une feuille, elle est verte un beau matin puis s'étiole, se fane et craquelle. Par finir par ternir, jaunir et disparaître dans une poussière qui tourbillonne quand le vent souffle bien trop fort. Alors que le sang perdure qu'on le veuille ou non. La belle mustélide ne respectait pas grand monde et rêvait en secret plus ou moins inavouable d'avoir son nom, gloire d'antan, affiché un peu partout et craint. Seule la gloire l'intéressait. Mais sans doute que ceci lui passerait. C'est un peu comme tout. Il faut le temps que jeunesse se fasse...
Elle tourne et se retourne sur sa paillasse. Les yeux embrumés de larmes qui caressent ses joues humides et finissent par choir au sol. Un frisson. Puis ses dents claquent, elle a froid, elle grelote. Mais c'est son lot quotidien. Et pour se réchauffer le coeur et l'esprit, elle s'imagine dans un beau château, festoyant à côté de son noble mari. Le visage tout sourire. Tout le monde est présent. Sa famille, ses connaissances, peut être même ceux qu'elle considère comme des amis. Trinquant dans une chope en or, incrustée de diamants, des chiens de chasses se chamaillant avec les enfants auprès du feu. Des rires, des chants, de la danse. Elle adore danser. Quand sa tête tourne jusqu'à lui donner des vertiges et s'écrouler, la bouche heureuse de vivre, d'être encore là. Elle sait aussi se contenter de choses simples. Pour l'heure, elle s'endort en pleurs songeant à sa soeur, à son clan, puis aussi à Laell.
Au petit matin, le réveil est difficile. S'étirant faisant craquer ses vertèbres, le sol est dur et peu confortable... Elle débute son entrainement dans un coin de verdure. Faisant des arcs-de-cercle avec ses bras, tantôt mains ouvertes, tantôt fermées. Ses jambes se faisant souples et ordonnées. Elle ferme les yeux, concentrée, n'écoutant que le bruit de sa respiration. De l'air qui torture les arbres dénudés, qui entre par son nez et gonfle ses poumons. Elle est bien, calme, sage. Elle pense à son Maître, Makto restait à Craon. A ses enseignements, à ce que lui a dit Kachina, un soir. Puis à sa place vis à vis de tout cela. Les heures passent et elle boucle son art dans un dernier geste. De ses petits pieds de furette, elle se rend au pigeonnier pour prendre les nouvelles. Ils ont tous répondus ou presque. Ceci la met en joie. La phase numéro un a débuté. Elle envoie à chacun le même message.
Citation:
Salut,
A ce soir à la Mare des Amarres. Nous devons discuter.
Enjoy Corleone,
A ce soir à la Mare des Amarres. Nous devons discuter.
Enjoy Corleone,
Le soir vient sans se faire prier. Elle est là, assise à une table sirotant une petite tisane, importée d'un autre bouge. Parce qu'il est de notoriété publique qu'il ne faut rien boire, ni manger dans la taverne de Cistude. Mais c'est le seul endroit, en principe, où on ne croisera pas un noble. Pompeux, pimpant, arrogant. Mais les valeurs se perdent et tout le monde se mélange. Enfin...
La salle est vide. Entièrement vide. Faut dire qu'elle y est pour quelque chose. Ayant insultée tout le patelin, maintenant les gens la fuient. Quelque part, ils ont bien raison. Mais ce n'est pas là le sujet. Entendant le bruit de pas et quelques paroles, voici Grayne et Bossuet qui font leurs entrées. Un sourire illumine le visage de la Furette. Elle les appréciait bien ces deux-là. Entre celle qui perd des doigts chaque matin et l'autre qui ne désire qu'une chose. Entremêler son corps avec le sien pour jouir de plaisir... La mustélide savait se positionner.
'jour !
Ils s'installèrent. Les deux discutèrent un chouilla. Puis la Corleone sortit de sa besace, une bouteille de chouchen qu'elle offrit à ses convives du moment. Il ne manquait plus que sa cousine. Qui pointa le bout de son nez quelques petites minutes plus tard. La "cheffe" comme elle l'appelle, hahin.
Bien. Si je vous ai fait venir. C'est pour que nous nous occupions d'un problème grave. Les deux Alix. J'ai cru comprendre que la mauvaise Grayne avait du mal avec les mioches qui se torchent dans la soie. J'ai le même problème. Et le Poète a un litige à régler avec la Yolanda. Laell, qu'en t'as toi. Tu ne les apprécies pas plus que cela les deux gamines...
Elle sert un peu d'alcool aux trois protagonistes. Se gardant sa tisane, préférant rester sobre pour l'instant.
Les deux Alix sont arrogantes, des chieuses, elles parlent mal. Surtout, elles l'ouvrent dans un lieu où elles sont les malvenues. Leurs parents sont nobles et j'ai une grande aversion envers les nobles. Surtout de ce genre là. En plus, j'ai reçu des menaces de la part de leur protectrice. La Yolanda que tu aimes tant Bossuet.
Elle sourit ironiquement et sort de sa besace, une lettre dont elle leur fait la lecture d'une voix douce voire suave de temps à autre en louchant sur le seul mâle du groupe. Histoire de préserver leur probable future idylle. Serait-il le premier des z'hommes à la mettre dans sa couche ? Hum ? On s'en fout ? Le courrier ? Ah voui !
Citation:
A vous, Enjoy Corleone,
De moi, Yolanda Isabel de Josselinière, Duchesse de Chateau-Gontier,
salut,
j'ai connu une femme portant ce nom, elle a tué une reine, ne vous en vantez pas trop, vous pourriez y perdre la tête, Alouette. Ah nan mais j'vous jure hein, des torches pareilles, on devrait les mettre sous verre ! Je veux bien passer sur vos tentatives de putsch, vos combines verreuses, votre usurpation de titre... En revanche, si vous ne la fermez pas tout de suite, mais, définitivement, je vous fais aplatir la gueule par mes gardes. Je sais qu'on rêve beaucoup à votre âge mais personnellement, la condition paysanne, j'me la taille en biseau, surtout pour les personnes dans votre genre.
Dites, vous savez qu'à solliciter trop souvent la patience des gens, on finit par agacer ? Ce qu'il y a de bien avec les opinions tranchées, c'est qu'ça relance le débat. En somme vous êtes une sorte de provocatrice, quoi, vous mériteriez que je vous foute à la lourde avec les chiens au calcif, parce qu'au bout d'un moment, il va falloir envisager la possibilité de me lâcher la collerette ! Ne vous la racontez pas trop concernant d'éventuelles tentatives de meutre sur mes demoiselles de compagnie, Anaon est enceinte mais pas impotente, et la dernière fois qu'on a chopé un brigand sur les terres de Chateau-Gontier, on l'a cramé, quand sa famille l'a récupéré, c'était plus facile à transporter, alors si vous n'êtes pas aussi tanche que votre conversation le laisse penser - bien que j'en doute - et si vous êtes plus à l'aise avec les situations concrètes, je peux vous proposer de finir sur un gibet pour avoir menacé des nobles. Vous n'avez la notion de rien mais je veux bien éclairer votre lanterne : Touchez à mes filles, et je vous fais crever plus rapidement qu'il ne me faut de temps pour avaler un macaron et rond, petit patapon.
Certainement pas cordialement, parce que j'ai pas que ça à foutre.
Moi.
Posant le parchemin, elle le fige sur la table en plantant sa dague. Paf !
Bon alors... Il faut savoir que les deux chieuses de Alix sont toujours accompagnées. Soit par leur chaperonne Anaon, soit par Yolanda. L'une, à l'air de savoir se défendre. Son visage balafré m'inspire cela. Si on survit à une blessure, cela veut dire qu'on a eu de la chance ou que l'autre qui nous a fait cela, est mort. Hinhin. Par contre, la noble est plus fragile, faible.
Nous avons plusieurs options.
Nous pouvons les guetter et les prendre par surprise dans une ruelle. Mais cela demande des journées de préparation pour connaître leurs déplacements habituels. Nous pouvons... Même si c'est risqué, prendre d'assaut le château où elles logent. Une entrée furtive, on se glisse dans leurs chambrées et on frappe !
Dit-elle en tapant du poing sur la table, son regard noisette se faisant noir. Elle soupire un court instant, les regarde.
Ou bien... Alors que je méditais en taverne. Histoire de les supporter. La Anaon a parlé d'un Colosse, qu'elle a fait passer pour un démon sanguinaire, un dragon auprès des petites. Montant cela comme une quête de conte et légende. Nous pourrions très bien les attirer dans un traquenard leur faisant croire que le gars qu'elles cherchent, passe son temps dans une bicoque au marché. Je ne sais pas comment procéder, mais on trouvera bien, si on s'y penche. On les amène là où on veut qu'elles aillent. Et là, on attaque !
Finalement, elle craque. S'enfile sa tisane d'une traite et se fait un instant chouchen, histoire d'étancher sa soif.
Que préférez-vous ? Avez-vous de meilleures idées ? J'ai une chtite préférence pour le château mais ça, c'est mon côté suicidaire...
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Enjoy Corleone MacDouggal