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[RP] La petite masure (maison aux écureuils)

Catterine


Oui, Catterine... Vous devez vous réveiller. Il faut prendre votre traitement.

Le deuxième bras sorti des couvertures, elle se frotta les yeux de ses paumes comme pour chasser les derniers reliquats de lourd sommeil.
Elle avait toujours chaud bien que la fièvre soit tout de même descendue d'un cran et de par ce fait, n'avait pas vraiment réalisé sa "tenue de ver à soie", nue dans son cocon sans parler de son manque de gêne naturel quant à ces choses-là
et surtout de la gêne qu'elle pourrait causer au timide brun.

Hummm… Elle grimaça un peu… Mon traitement… encore ? Toussotant comme pour lui prouver (à elle-même) qu'elle en avait encore besoin.
Pendant qu'il allait chercher quelque chose sur la table, elle se redressa un peu sur ses oreillers pour tenter une meilleure respiration tandis qu'il lui parlait d'infusion et de décoction.

Est-ce vraiment nécessaire encore…? j'ai déjà l'estomac tout retourné.

_________________
Adess
Hummm… Mon traitement… encore ?

Toujours rouge de gêne, le brun tournait le dos à la brune. Il essayait, tant bien que mal, de se souvenir de ce qu'avait dit la vieille... Il énonça à voix basse :

Ce sachet pour la décoction et celui-ci pour l'infusion... Ou l'inverse, peut-être...


Est-ce vraiment nécessaire encore…? j'ai déjà l'estomac tout retourné.


Puis, reportant son attention sur la brune, sans toutefois tourner le regard vers elle, il ajouta :

Oui, c'est nécessaire ! Vous pensez pouvoir guérir grâce à un bain ?

Petit soupir.

Guérir, cela prend du temps... Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.


Il prit le sceau d'eau, qui n'était plus rempli qu'à moitié, et en versa une quantité suffisante dans le chaudron. Il porta le tout à ébullition puis plongea ce qui lui semblait être de l'écorce dans la marmite bouillonnante. Il attendit quelques instants, quelques minutes, puis il se servit de la louche pour mettre un peu de la préparation dans une tasse.
Soudain, il prit conscience qu'il devait apporter la tasse à la brune...


Vous...

Il s'arrêta tout net. Il avait failli demander à la brune de se lever pour venir chercher sa décoction ! Quel idiot ! Si elle était aussi dénudée en bas qu'en haut... Et puis elle était
souffrante !
Consterné par sa bêtise et affolé par la nudité de la brune, il rougit encore davantage. Ses oreilles devinrent écarlates, ses joues, brûlantes, le démangèrent furieusement et sa bouche devint sèche.
Néanmoins, il réussit à articuler quelques mots :


Vous... devez... prendre... traitement.


Il se retourna vers elle, les yeux rivés sur le sol et s'avança précautionneusement vers son lit. Puis, une fois devant Catterine, il lui tendit la tasse, tout en évitant de la regarder. Et tout en reprenant un peu d'aplomb, pour ne pas paraitre trop "émotif", il lui demanda :


On pourrait y mettre du miel... Beaucoup de miel... Cela vous irait ?



Il se détourna d'elle et balaya l'intérieur de la masure du regard, cherchant un pot qui pourrait contenir du miel.


Et puis, il faut boire doucement. Petit à petit. Au goût, cela dure plus longtemps mais votre ventre sera moins contrarié.
Catterine


Oui, c'est nécessaire ! Vous pensez pouvoir guérir grâce à un bain ?
Guérir, cela prend du temps... Ce n'est pas à vous que je vais l'apprendre.


Elle fit une moue à cette réponse pourtant des plus évidentes. Il avait raison.
Ses longs cheveux en partie portés devant elle, cachait, heureusement pour le timide brun, une partie de son anatomie la plus encline à déranger Adess.
Elle soupira néanmoins à l'idée puis hocha la tête de façon positive à sa leçon de morale…
La tête encore prise en étau, elle le regardait d'un air vague préparer les nouvelles médications.


Vous...

Moi… ?
Apparemment soit il avait aussitôt oublié ce qu'il voulait dire soit… elle ne savait pas. Puis il reprit en balbutiant…


Vous... devez... prendre... traitement.

Même si elle n'était pas en très grande forme, elle voyait bien que quelque chose n'allait pas pour qu'il se mette à balbutier de la sorte mais elle était incapable d'en comprendre la raison.
Peut-être qu'il tombait malade lui aussi ? Elle commençait déjà à se faire un scénario où tout le monde le serait et fit une moue.
Puis Adess revint, la tête tournée vers le sol en lui tendant une tasse.
Elle le remercia d'un hochement de tête et prit la tasse qu'il lui tendait mais elle voyait bien que ça n'allait pas. Il fuyait curieusement son regard, apparemment penaud.
Elle but, la nuque un peu raide, quelques gorgées prudentes encore très chaudes de ce qu'il venait de lui donner.
Le goût était amer et elle grimaça, puis il proposa du miel… beaucoup de miel… Se frottant un peu les temps, elle pointa vaguement un doigt vers le seul et simple buffet de la cuisine…

Oui j'en ai un gros pot là-bas…

Puis sentant un besoin naturel suite au nombre impressionnant de liquide qu'on lui avait fait ingurgiter depuis le début, elle poussa les draps d'une main molle tandis qu'il partait du côté cuisine, faisant tomber ses jambes lasses du lit, encore en suspens dans le vide avant de se hisser un peu pour finalement se relever.
Nue comme une… anguille, ses cheveux aile de corbeau la couvraient en partie mais elle frissonna tout de même d'un courant d'air qui vint la chatouiller. de ce fait, elle se saisit d'un drap pour le passer autour d'elle et dire tout en se dirigeant vers la porte à pas peu surs…

Je reviens… j'ai besoin de… je… j'ai vraiment bu trop de tisanes…

Et ouvrant la porte elle sortit vers les latrines, son drap trainant à moitié derrière elle…

_________________
Adess
Oui j'en ai un gros pot là-bas…

Cherchant des yeux l'endroit que la brune venait de lui indiquer, Adess s'éloigna au maximum d'elle et du trouble qu'elle générait en lui. Le pauvre brun, qui n'avait jamais côtoyé la nudité d'aussi près était sur les nerfs. Il tenta d'occuper son esprit comme il le pût. D'abord en pensant à Guénaella, ce qui fut une belle erreur puisqu'elle aussi le mettait dans tous ses états puis en pensant au miel. Aussi, il récita tout bas :

Le miel, ça vient des abeilles. Les abeilles, ça pique. Mais le miel apaise la douleur. Le miel c'est doux et mou... comme le sable ! Le sable c'est doux, mou et chaud aussi. On y trouve des coqu...

Continuant à focaliser son esprit sur des choses quelconques, il se rapprocha du buffet et l'ouvrit. Et effectivement, il y avait un énorme pot duquel s'échappait une odeur alléchante. Il s'accroupit, le saisit doucement et, soudain, il perçut des bruits de pas et le bruissement d'un tissu effleurant le sol. Plus par réflexe que par curiosité, il tourna le regard vers Catterine.
Elle était debout et... nue ! Même si elle avait eu la décence de s'entourer d'un drap, elle était nue !

Adess manqua de lâcher la jarre de miel. Il ne pouvait rougir davantage, toutefois, il sentit son crâne prêt à exploser. Le sang battait à ses tempes, son cœur s'affolait et il crut, un instant, qu'il allait défaillir.
Il détourna son regard, fixa le pot de miel et tenta de se calmer. Il respira profondément.


Je reviens… j'ai besoin de… je… j'ai vraiment bu trop de tisanes…

Et elle sortit. Adess se releva tant bien que mal. La pièce tournoyait d'une drôle de manière. Il s'appuya momentanément sur le buffet, le temps de retrouver ses esprits.
Une fois le vertige passé, sentant une certaine vigueur dans la région de son bas-ventre, il grimaça. D'une, il n'aimait pas le vil instinct masculin qui consistait à désirer tout ce qui était désirable, et même parfois ce qui ne l'était pas, que ce soit consciemment ou par simple processus mécanique. Et de deux, si elle revenait et qu'elle apercevait... "ça"... Il mourrait de honte !
Il se retourna vers la table, y déposa le pot de miel et s'assit sur une chaise. Puis, il se prit la tête entre les mains et récita à nouveau :


Le miel, ça vient des abeilles. Les abeilles, ça pique. Mais le miel apaise la douleur. Le miel c'est doux et mou... comme le sable ! Le sable c'est doux, mou et chaud aussi. On y trouve des coquillages, des petites pierres rondes. Et le sable, on le trouve près de la mer. La Belle mer du Sud ou la Grande mer de l'Ouest. La première est belle et douce, la deuxième est dangeu...

Et il continua ainsi, attendant le retour de la souffrante.
Catterine


Son envie pressante enfin assouvie, elle retourna vers la masure, poussant la porte de celle-ci en toussant encore en tenant son drap de son autre main.
Elle trouva Adess comme en… "communion" avec lui-même, la tête prise dans les mains assis à la table…
Refermant la porte derrière elle, elle s'inquiéta du coup de sa santé… peut-être était-il souffrant aussi à force de la veiller.

Adess ? Que vous arrive-t-il ? Vous allez bien ?

Elle voulut s'approcher pour aller le voir mais une quinte de toux la reprit et elle préféra se retourner dans le sens opposé plutôt que d'ajouter à la contamination.

_________________
Adess
La porte se referma mais, concentré à l'extrême, il n'en prit pas conscience. Il récitait toujours, à voix basse, pour lui-même, une liste de Lapalissade.

L'eau de la mer est salée. Et puis, l'eau ça mouille. La mer est donc salée et humide. Comme... Comme de la soupe... Et la soupe, c'est bon !



Adess ? Que vous arrive-t-il ? Vous allez bien ?


Adess sursauta brusquement. Il se leva et se mit immédiatement à préparer l'infusion pour la brune. Il mit de l'eau dans le chaudron et fit mine de remuer.

Je vais bien, je suis simplement un peu fatigué. L'infusion sera bientôt prête... Et je ne veux rien entendre !
Catterine


Apparemment le brun était plongé dans des pensées tourmentées et elle ne voulut pas insister surtout en le voyant sursauter.
Il avait pourtant l'air préoccupé mais les idées encore embrumées de la petite brune l'empêchèrent de réfléchi d'avantage à la question.
Elle sentait de nouveau une vague de chaleur la parcourir, la fièvre faisant encore malgré tout son effet par pics.
Voyant le baquet encore plein, elle s'en approcha, et l'envie de s'y plonger la traversa mais comme il lui avait parlé d'une énième tisane à prendre, elle soupira en regardant encore l'eau qui devait être plus refroidie qu'avant.


Je vais bien, je suis simplement un peu fatigué. L'infusion sera bientôt prête... Et je ne veux rien entendre !

Et puis, le faible effort qu'elle venait de faire pour se rendre aux latrines avait achevé son enthousiasme, se laissant simplement et lourdement retomber sur son matelas de laine, le drap toujours vaguement enroulé autour d'elle.
La tête lui tournait et comme Adess ne semblait pas enclin à accepter une éventuelle discussion sur les tisanes, elle soupira et se recoucha avec plaisir et à regret à la fois. La position allongée ne lui convenait que de moins en moins mais elle était bien obligée d'admettre apprécier le confort de sa couche et de la chaleur des couvertures et des peaux suite à une nouvelle baisse de fièvre.
Elle se retrouva de nouveau presque somnolente mais à moitié assise contre de gros oreillers, elle essayait de garder un peu conscience.
D'ailleurs, c'est en n'entendant plus que le silence pnctué du bruit des ustensiles de cuisines pour la préparation que le brun faisait qu'elle réalisa qu'elle ne lui avait pas encore vraiment parlé jusque-là.

Adess ? Je sais que c'est un peu tard mais… merci de vous occuper de moi.
Vous êtes un véritable ami…


Elle soupira un peu en repensant à ses désillusions puis ajouta : Vous devriez aussi penser à vous reposer.

_________________
Adess
Le jeune brun tâchait encore de penser à autre chose qu'à la nudité de la brune. Il avait peur que "cela" se reproduise. Bien sûr, il avait déjà vécu ce genre situation, après tout, c'était un homme comme les autres... Néanmoins, il avait en aversion les mécanismes du corps, ce qu'il nommait les "instincts", car selon lui, ils avilissaient l'être humain.
Le plus doux et le plus gentil des hommes, devenait, par la faute de ces instincts, ni plus ni moins qu'une bête.

Ce qui le troublait toutefois c'est qu'il n'avait jamais ressenti cela pour Guénaella. Il pensait souvent à sa blonde ; il rêvait sans cesse de longues promenades avec elle, main dans la main, ou bien de tendres baisers partagés, mais, avec elle, il n'avait connu pareil émoi.
Il était perdu... Son corps semblait désirer la brune alors que son esprit, lui, était lié à la blonde par un amour vivace.

Il soupira brièvement avant de mettre une petite quantité d'herbes dans la tasse qu'il avait préalablement rincée. Puis, il y versa l'eau bouillonnante et, alors qu'il s'apprêtait à se retourner pour faire face à la brune, celle-ci lui dit :


Adess ? Je sais que c'est un peu tard mais… merci de vous occuper de moi.
Vous êtes un véritable ami…


Le dernier mot résonna dans son esprit. "Ami". Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas entendu ce mot. Cela provoquait en lui un mélange de peine et d'allégresse. La peine provoquée par de douloureux souvenirs et l'allégresse de compter pour quelqu'un. Bien sûr, il comptait pour Guénaella mais il avait aussi une amie désormais... Finalement, la vie lui souriait !
Il commençait à se reconstruire une petite vie. Un village serein, une blonde adorable et maintenant une amie. Certes ces deux-là ne s'entendaient pas et ne s'entendraient peut-être jamais, toutefois, il était content de les avoir toutes deux. Guéna et lui filait un tendre amour tandis que Catterine l'abreuvait de récits sur le Royaume. Son amour et sa curiosité étaient comblés.
Et puis, ce mot, "ami", levait toute ambiguïté quant à leur relation. Dans son extrême candeur, Adess n'envisageait pas que deux amis puissent éprouver ce genre de sensations l'un envers l'autre. Ce fut ainsi, pour lui, un profond soulagement. Il ne voyait plus Catterine comme une femme mais comme une amie. Ce simple mot changeait beaucoup de choses...

Il sourit largement et lui répondit :


Je vous en prie, Catterine.

Il se retourna, évitant tout de même de la regarder, et s'approcha du lit où elle était allongée. Il lui tendit la tasse et lorsque la brune s'en saisit, il s'en retourna à la table.

Vous devriez aussi penser à vous reposer.

Cette fois, il soupira longuement... il était exténué.


Me reposer, hein ? Promettez-moi que vous prendrez votre traitement avec sérieux et j'accepte d'aller me reposer.
Catterine


Se saisissant de la tasse qu'il lui avait apportée, elle la tint de ses deux mans, encore fébrile et tremblante.
Tandis qu'elle buvait encore de cette tisane, elle observait le brun qui semblait harassé malgré le sourire qu'il lui avait rendu plus tôt en réponse à sa "déclaration d'amitié".
Celle-ci était sincère et s'était rendu compte en la prononçant qu'elle n'avait jamais vraiment eu d'ami aussi attentionné. A part peut-être Arthus mais celui-ci menait sa vie et cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas vu d'ailleurs.
Où était-il ? Que devenait-il ? C'est seulement maintenant qu'elle prenait conscience de cette absence.
Il s'était passé tellement de choses depuis leurs dernières retrouvailles, ça avait été tellement vite… Et puis à l'époque elle était encore amnésique de son passé, ce qui n'était plus le cas maintenant.
Une fois rétablie, elle se promit de lui écrire pour quérir de ses nouvelles…
Ses pensées soudainement coupées par la voix du brun la ramenant à la réalité, elle sourit doucement à ses conditions posées.


Me reposer, hein ? Promettez-moi que vous prendrez votre traitement avec sérieux et j'accepte d'aller me reposer.

Elle opina simplement de la tête puis ajouta : Je vous le promets oui. Je ne vais pas risquer de réduire à néant ce que vous avez fait pour moi.
Il est tard je pense… vous pouvez vous reposer ici, si vous le souhaitez, il y a des peaux ici et une couverture
, désignant une sorte de deuxième couche faite de peaux entassées contre le mur à la tête du lit, près de la cheminée.
Dessus était disposée une couverture de laine brune proprement pliée.

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Adess
Je vous le promets oui. Je ne vais pas risquer de réduire à néant ce que vous avez fait pour moi.
Il est tard je pense… vous pouvez vous reposer ici, si vous le souhaitez, il y a des peaux ici et une couverture


Le brun candide lui sourit. Il ne voyait, dans la proposition de Catterine, qu'une invitation amicale. Toutefois, un peu gêné, il secoua lentement la tête.

Non, il vaut mieux que je rentre... Vous savez...

Il se gratta l'arrière du crâne, l'air embarrassé.

... J'ai du mal à m'endormir sans l'odeur de la farine.

C'était vrai. Il avait grandi dans le pain et la farine, c'était une odeur familière, rassurante. D'ailleurs, Guénaella sentait souvent la farine ou le bon pain... Il rougit légèrement en pensant à sa boulangère puis se ressaisit, afficha un timide sourire et ajouta :

Je repasserais plus tard, Catterine. Dormez bien et soignez-vous...


Le Craonnais tourna les talons, ouvrit la porte avec douceur et la referma derrière lui.
Catterine


Se reposant un peu plus dans le confort des ses gros oreillers, elle l'écoutait, apparemment embarrassé de sa proposition.
Cependant elle n'en fit pas cas et hocha simplement la tête compréhensive.

Entendu… à votre aise…
L'odeur de la farine ? Après tout chacun avait ses petites habitudes. Elle en haussa légèrement les épaules à cette idée puis le voyant rapidement repartir, termina le contenu de sa chope avant de s'enfoncer plus encore dans ses couvertures pour un sommeil réparateur…

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Catterine


Deux bonnes semaines étaient passées et la vie avait à peu près reprit son cours, si du moins l'on pouvait prétendre qu'il y avait une vie à vivre à Craon.
La brune s'était lentement mais surement remise de la pneumonie qui avait bel et bien failli l'emporter et elle avait repris ses activités plus ou moins habituelles.
Mais alors qu'après la visite d'un écureuil, plus curieux que les autres et surement plus affamé aussi, qui l'avait suivi jusqu'à la municipale récemment rebaptisée "la bonne poire craonnaise" (pour explication il faudrait en revoir toutes les raisons pour lesquelles un jeune homme se retrouve parachuté maire et une voyageuse à servir de seule et unique conseillère municipale) mais pour l'heure le petit rongeur avait ému les deux nouveaux amis.
La journée s'était passée et le petit écureuil gris avait disparu de nouveau comme il était apparut.
Cependant, une nuit, la brune entendit quelque chose gratter dans le bois et elle mit cela sur le compte du petit curieux rencontré plus tôt mais une éventualité dite le lendemain par le brun lui fit douter du visiteur… et quel doute ?! Peut-être un rat ?! Voir même toute une famille de rats ??!!
L'horreur suprême pour la brune qui n'avait pas beaucoup de peurs importantes mais celle-ci en faisait indéniablement partie.
Dans sa grande bonté et avec une bonne dose de taquinerie, Adess se proposa de venir vérifier les lieux, apparemment heureux de jouer aux chasseurs de rats.
Ainsi, ils arrivèrent le soir-même à la maisonnée…

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Adess
Adess était dans tous ses états... Il allait enfin se passer quelque chose à Craon la calme. Peut-être même y aurait-il une invasion de rats, qui sait ?
Il sourit à l'idée. Ce n'est pas qu'il aimait les rongeurs, toutefois, il se morfondait réellement et tout ce qui pouvait lui éviter de penser à la situation présente, le rendait plein d'entrain.

Il trottinait donc derrière la brune, tout en essayant de rester ainsi, enjoué et frivole. Ces petits moments hypocrites, il fallait qu'il les chérisse car tout ce qui venait après était d'une étouffante morosité. Sa vie n'était plus que paperasses et ennui, travail et ternes pensées. Ces moments, passés avec Catterine, lui faisait oublier son malheur. Devant elle, il essayait de ne point trop se dévoiler. Il savait qu'elle aussi pâtissait de la situation, qu'elle n'était demeurée à Craon que pour lui, pour l'assister dans la tâche qui lui fût confiée. Il savait qu'elle n'aspirait qu'à partir, pour l'Irlande, pour le Sud... n'importe où plutôt que de rester dans cette bourgade placide à l'excès, où elle avait vécu de mauvaises choses.
C'est pourquoi, même s'il leur arrivait de s’épancher, parfois, de se confier quelques secrètes pensées, le jeune homme tâchait tout de même de dérider la brune. Il était comme cela, il ne pouvait pas s'en empêcher. Il n'aimait pas faire ou voir souffrir des gens et, lorsqu'il le pouvait, il se laissait aller à les aider.

C'est ainsi que, quelques minutes auparavant, il s'était évertué à taquiner son amie, à lui faire peur avec des histoires de rate engrossée et d'armée de rongeur. Elle n'avait pas beaucoup rit, il s'en était rendu compte. Elle n'appréciait pas les rats ni même les souris. Néanmoins, il avait fait de son mieux, maladroitement certes, mais de son mieux quand même.


Alors qu'ils arrivaient en vue de la masure de la brune, Adess soupira furtivement, momentanément attristé par le départ prochain de sa nouvelle amie. Dans quelques jours, il serait seul... vraiment seul. Il ne savait pas comment il arriverait à gérer cela. Si la brune n'avait pas été là, avec ses remèdes et ses mots, il se serait laissé mourir de faim. Comment ferait-il sans elle ?
Soudain, son visage se fendit à nouveau d'un sourire guilleret. Il regarda la brune, tenta de faire craquer les jointures de ses doigts, en vain, mais pas démonté pour un sous, il déclara :


Bien, à nous deux, grosse rate !

Et il s'engouffra dans la modeste demeure.
Catterine


La grosse clef sortie de sa poche retrouva rapidement son alter ego de serrure pour ouvrir la porte de la demeure.
La maison semblait somme toute normale mais les doutes qu'avait fait naître Adess plus tôt dans son esprit faisait qu'elle voyait à présent sa maison comme un immense nid de rats prêts à tout dévorer,
la maison du sol au plafond autant que les personnes présentes à l'intérieur.
Cette peur assez inconsciente, en y étant de nouveau confrontée, fit ressortir la cause même de l'existence de cette phobie.
Bien plus tôt, en Berry quand elle y vivait encore, plusieurs années auparavant. Au delà de la dernière guerre passée,
elle avait notamment entendu des on-dits de tortures peu ragoutantes faisant appel à des rats qui auraient été orchestrées lors de guerres précédentes.
Et cette pensée, emprunte d'horreur, de rats se faisant un chemin à travers le corps d'un homme ou lui mangeant le visage ne l'avait jamais quittée.
Bien sure le contexte était bien différent, surtout à Craon où il n'y avait même pas de villageois présents mais c'était ainsi, les rats équivalaient pour elle à la torture.
De ce fait, la présence d'Adess en cet instant était finalement plus que la bienvenue.
A peine eut-elle poussée la porte que le brun s'engouffra à l'intérieur, reparlant de rate engrossée qui la fit de nouveau frémir.
Elle n'osait même plus entrer, comme pétrifiée d'hésitation entre sa fierté et sa phobie. Elle s'avança donc d'un pas de plus,
cherchant le brun du regard dans l'obscurité qui baignait de plus en plus la maison, d'autant que le feu était éteint. Seules subsistaient quelques braises ronronnantes dans le poëlle côté cuisine.
Tordant un peu le cou comme pour voir ce qu'il faisait et si il n'était pas subitement attaqué par une furieuse armée de rat conquérents mais sans pour autant entrer d'avantage,
elle questionna d'une voix un peu anxieuse malgré elle : Adess… ? vous… vous voyez quelque chose ? il fait tout noir… Vous êtes là ?

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Adess
Le jeune homme avait pénétré dans la bicoque, sans même attendre que Catterine ne se soit décidée à entrer. Il s'était précipité à l'intérieur, mu par une indicible excitation. Une demeure plongée dans le noir, une Dame en détresse, une probable légion de rats affamés... Il n'en fallait pas plus pour mettre un peu d'animation dans la vie du meunier. A Craon, la vie était si morne, que la moindre feuille se détachant de son arbre, chutant paisiblement, indolemment, dérivant au gré du vent, était source d'exaltation.
Et puis, occasion lui était donnée de se rendre utile et ça, le brun en raffolait !


Hum, il fait fichtrement sombre..., marmonna-t-il

Et c'était le cas. L'obscurité de la nuit naissante, ainsi que l’exiguïté de la maison, rendait ardue toute progression et ce, même s'il connaissait les lieux. Enfin qu'importe, il ne craignait guère la sombre opacité qui régnait en la demeure. Il était couard pour bien des choses, il craignait les abeilles et leurs dards acérés ; il redoutait les mots, qu'il ne savait employer ; et il se méfiait des hommes et de leur propension à manipuler les gens, à assouvir, par quelques moyens que ce soit, leurs désirs impérieux. Mais, l'obscurité, cela, il ne le craignait point.
C'est donc prudent mais confiant qu'Adess cheminait, pas à pas, dans la masure de son amie.


Adess… ? vous… vous voyez quelque chose ? il fait tout noir… Vous êtes là ?


Un instant durant, il eût envie de faire une mauvaise blague à la brune. Il eût envie d'émettre un son, quelconque, mais suffisamment inquiétant pour troubler la brunette ; il eût envie de hurler "Grand Dieu, cette rate est énorme !"... Mais il n'en fit rien. Il avait déjà suffisamment charrié Catterine et, de surcroit, elle semblait réellement anxieuse.
Il se mut jusqu'au poêle encore habité par quelques braises rougeoyantes, les attisa et, à l'aide d'une fine mèche qu'il sortit de sa besace, alluma une lanterne qu'il avait dénichée au hasard de quelque tâtonnement.

Il regarda la brune, qui se tenait dans l'encadrement de la porte. Celle-ci n'avait osé franchir le seuil, sûrement de crainte de tomber nez-à-nez avec la rate engrossée. Il ne put s'empêcher de sourire, gentiment, puis de lui dire d'un ton rassurant :


Allons, Catterine... Entrez donc !
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