Luc, le Troubadour, incarné par Adess
Engagé par un certain "Adess", il se trouvait là, au milieu de cet étrange village. Pourquoi étrange ? Pourquoi étrange ?! Parce qu'il y avait ici une fête mais personne pour festoyer !
Le village était silencieux et selon les dires des quelques personnes qu'il avait croisées sur la route, ce bourg était réputé pour son calme. Mais là... Là, c'était trop !
Cela ne le dérangeait pas d'être payé à chanter dans un minable petit village mais il lui fallait un public ! Sinon, pour qui allait-il se produire ? Les chèvres et les bufs ? Il soupira longuement puis se racla la gorge :
Voici un poème pour vous, honnêtes gens.
"Honnêtes gens" ? Pfeuh, pauvres gens oui. Bande de pécores ! Lui qui avait bourlingué dans toute la France, chantant pour des Comtes et des Baronnes, il se retrouvait dans un trou paumé à déclamer de la poésie médiocre pour des idiots.
Et de toute manière, il n'y avait personne... A qui parlait-il ? Seulement, s'il ne parlait pas, il ne serait pas payé...
A l'aube d'une ère nouvelle, alors que le Fou fût nommer Archiduc,
Que sous toutes les tonnelles, l'on buvait tout plein de truc,
C'est à Craon la belle, lorsque le calme devint caduc,
Que la feste exceptionnelle, accueillit le grand Luc.
Il marqua une petite pause. Cela lui faisait mal de prononcer autant de mensonges. Une ère nouvelle ? Craon la belle ? Feste exceptionnelle ?
Un ramassis dâneries, oui !
De tout l'Anjou il était le meilleur, pour sûr nul n'était son égal !
De beaucoup il fût le professeur, et sa musique était un pur régal,
Il avait aussi de nombreux admirateurs, c'est pourquoi son égo était si... colossal,
En ce jour, il est votre serviteur, dévoué et loyal.
Petite courbette. Il en avait déjà marre...
Festoyez, belles Dames et grands Messires,
N'ayez crainte, laissez vos panses s'alourdir,
Et laissez ce bon Luc vous divertir.
Il se tût et s'en alla chercher un verre de vinasse.