[RP] Le bal! Le bal! Le bal!

Ce soir c’est le grand soir.

La salle des fêtes allait être inaugurée. Elle s’était fait, pour cette grande occasion, une beauté digne de ce nom. Contre vents et marées d'ailleurs. Après avoir combattu vaillamment les invasions de frelons, d’araignées et de poussière. Certains ont péri d’autres ont survécu pour conter l’histoire. Apprendre aux générations futures que la vie était dure. C’était grave. C’était tragique. C’est la nuit que les souvenirs viennent nous hanter. Ils planent au-dessus de nous à chaque instant, à chaque seconde…Mais la nuit nous ne pouvons plus lutter pour les faire taire. Tragédie ! Rage ! Désespoir ! Bière...Euh…Bref je disais…
Nettoyée de fond en comble. Parfumée d’une odeur douce et fleurie mélangée à celle du banquet et du vin.
Alliance agréable.
Les couleurs de l’Anjou sont bien sûr à l’honneur.
Des fleurs rouges et jaunes soigneusement accrochées sur de longs rideaux bleus. Le blason de l’Anjou reproduit aux quatre coins de la salle. Oh mais quelle bonne idée !
Les tables maladivement symétriques. Sinon ça porte malheur.
Une vaste piste de danse qui pourrait accueillir deux éléphants et leurs enfants. Ils pourraient même y danser. Qu’est-ce que ce serait drôle. Si seulement on pouvait faire venir des éléphants.
Les musiciens, un peu à l’écart, accordaient pour l’instant leurs instruments.
Déjà sur place depuis de longues heures, Cune cherchait le moindre détail qui clochait. Ding dong ça cloche. Haha…
Elle avait quand même prit le temps d’enfiler une jolie robe adorablement prêtée. Elle s’était même coiffée. C’est fou !
Bref…Là ! Un détail ! Une partie du décor partait en cacahuète et les tables n’étaient plus symétriques ! Ah malheur !

- Un peu plus à gauche…Ce n’est pas symétrique. J’aime pas ça. Les roses ! Elles se cassent la figurent ! Là ! Elles. Georges à l’aide !

Georges c’est son mari imaginaire. George est doux. Georges est frais. Mais Georges n’est vraiment pas pratique.
C’était bon. C’était prêt. C’était doux. C’est neuf.

- Apprêtez-vous Craonnais Craonnaises. Pressez-vous. Le bal va commencer. Entrez Mesdames et Messieurs. Entrez les enfants et les vieux. Entrez, entrez au bal masqué ! Ou non.

Oui parce qu’à la base le bal n’était pas masqué. Mais en fait si ! Alors que finalement non. Donc on ne savait plus et on avait conclu : "Chacun fait fait fait, c'qu'il lui plait plait plait!".
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Trois jours qu'elle est à Craon.
Trois jours qu'elle ne sait toujours pas pourquoi.
Trois jours qu'elle attend que le Fou pointe le bout de son nez.

Et voilà qu'on on lui demande maintenant de rentrer à Saumur pour faire du pain.
Et puis quoi encore ?
Elle est à Craon elle y reste !

Et à Craon lorsque l'on s'ennuie il y a plein de choses à faire, ce jour : un bal
C'est décidé l'ancienne Archiduchesse ira.
Seule...

Le bal... masqué, mais pas déguisé... ils sont étranges les Craonnais... ont-ils pensé à inviter Alessandro ?
Problème de taille... en partant elle pensait aller à Craon pour quelque chose de plus " musclé " autant dire que les jolies robes à Saumur sont restées. Heureusement Alat' ne sera pas là... nul ne râlera sur une tenue qui ne sied à son rang.
Rapide tour chez un tisserand local, elle finit par trouver une robe, simple... pas de froufrou ce coup-ci... c'est pas plus mal. Et même un masque... vénitien.. Pas très à l'aise avec ce genre d'ornement... il ne sera porté que s'il est vraiment nécessaire.
Arrivée sur place loup à la main, elle reconnait le meunier, il attend... tiens lui aussi.
Et Tiss d'aller le saluer avant d'entrer dans la salle des fêtes.

Bonsoir Sieur Adess.
Sommes nous en avance ou attendez vous quelqu'un ?

Question stupide Tiss sait très bien qui il attend.
Sourire en coin.
Elle sait que désormais elle n'aura plus à secouer Guénaella pour qu'elle sorte.
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- Mais qu’est-ce que…Bon dieu !

Cucu les regarde. L’Archiduchesse, Adess et Catterinesse. Ils sont là dehors et greloter comme les grelots du bouffon qui danse pour l’instant tout seul sur la piste.
N’avaient–ils pas compris que le bal se déroulait à l’intérieur ? Ou alors ils allaient boycotter la fête ! Oh les petits galopins. Ah non ils rentrent.

- Notre Archigrâce !

Le verre se leva. Oui elle n’avait pas perdu de temps, elle avait déjà bien entamé les réserves de vin. Alcoolique ? ALCOOLIQUE ? Possible.
Elle mit un certain temps à reconnaitre celle qui lui parlait. Après l'avoir dévisagée...Démasquée!

- Catterine enfin ! Mais vous m’avez bien aidé ! Vous avez même sauvé la vie d’Adess.

Un sourire moqueur vint, presque inconsciemment se coller aux lèvres de la brune : Adess avait pleuré. Honteuse d’être si méchante elle prit une gorgée de vin pour cacher le rictus.

- D’ailleurs que fait-il ? Il attend sa belle ?

C’est seulement à cet instant qu’elle réalisa. Un oubli.

- Mon masque ! Quelle poire !

Vite vite. Elle le cola sur son visage et manqua de se crever un œil. Voilà !
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Avec timidité et beaucoup de discrétion, une jeune fille entre dans la salle. Elle est vêtue aux couleurs de l'automne, sobre fille d'un lord et d'une lady, demoiselle étrangère qui tente de faire bonne figure malgré l'angoisse que lui procurent sa récente arrivée en France et ses mésaventures à Laval. La moindre main portée sur elle sans préavis la fera détaler comme un lapin... Mais c'est un prince qui l'a invitée. Elle ne peut pas dire non. Et puis, cela fait longtemps qu'elle n'a pas dansé... Souvenirs de soirées d'hiver passées à rire devant le feu quand son père, deux fois plus grand qu'elle à l'époque, la faisait valser dans la grande salle avant de la confier aux bons soins du ménestrel à qui l'on avait octroyé le rôle du maître à danser... Ailein sourit à cette évocation, et fait quelques pas dans la salle. Il y a déjà quelques personnes...

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Derrière son lourd masque de terre, la respiration était malaisée, la vue entravée, et l'ouïe ne valait guère mieux.
Riche idée vraiment!
Alors que les autres se satisfaisaient d'élégants loups ou masques de cuir de la naissante comedia dell'arte, il avait choisi l'antique, le tragique masque grec qui pesait facilement ses 15 livres et mettait une distance certaine entre le monde et lui.
Cette réflexion l'amusa plutôt. Après tout, il était cohérent avec lui même, ombre au bal des ombres.
Des silhouettes s'agitaient à la périphérie de son champ de vision. Celui ci était aussi rempli d'Angles morts que le champ de bataille d'Hastings, et il ne sût dire avec certitude à qui il s'adressait. Du moins la douce fragrance qui flottait lui enseignait que la personne était du beau sexe.

- Bonsoir Ombre, me ferez vous l'honneur de me confier votre bras, et un court moment de votre destinée, que j'allongerai dans le lit de la mienne le temps d'une danse? un refus ferait de ce moment une tragédie telle qu'Euripide n'en conçut pas de plus déchirante!

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Le plan machiavélique se mettait en place. Machiavélique de Machiavele. Le grand oncle de Cune. Oncle Machiavele, née en 1409, mort en 1452. Connu et reconnu pour avoir mis au point un plan très astucieux pour conquérir le monde. Ce plan n’a jamais été mis en pratique faute de temps et d’argent mais il est resté dans la famille…
Donc le plan MACHIAVELIQUE se mettait en place.

Les deux victimes commençaient à danser quand un mur ambulant fit son entrée. Il se planta devant la brune pour l’inviter à danser. Enfin c’était pas clair. Déjà, comme il ne se trouvait pas tout à fait face à elle, elle ne savait pas si elle était la destinatrice de l’invitation. L’invitation justement...Il était question de lit. Ah le lit de sa main ! Ensuite…Ah non c’est la destinée qu’il fallait allonger dans le lit. Oh ! Le temps d’une danse ? Ca devrait le faire. En guise d’approbation la petite main de la brune fut posée sur la main tendue.


Entrainée sur le Dancefloor elle se questionna finalement. Mais qui était cette pierre mouvante ? La fofolle ne reconnaissait pas les grognements de l’homme ou de la bête qui se cachait derrière le caillou.
Cu² fit alors une tentative. Elle approcha un œil du petit trou par lequel il était censé voir. Elle espionna comme dans le trou d’une serrure. Scrutant une pupille colorée connue. C’était sombre là dedans.

Boum.

Ce devait arriver le front de la brune vint se cogner contre le masque d’une tonne. Voilà, la curiosité la tuera. Enfin…Là, l’accident était passé inaperçu. La bosse n’apparaitra pas tout de suite ? Le rempart animé ne bougea pas. Manquerait plus qu’il tombe et écrase les pieds de la brune. Des chausses toute neuves !


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Dieu qu'elle maudissait Cune à cet instant, Dieu qu'elle maudissait Craon de ne compter que si peu d'habitants, etc... En l'espace de quelques secondes elle venait de maudire bien plus qu'en 17 printemps. Elle marmonna : "Des cours de danse ? Un seul Adess..."

La jeune femme soupira avant de plonger son regard dans celui du meunier qui faisait battre son cœur, Adess la tenait fermement, il lui avait lui promis de la retenir si jamais elle glissait. Les premiers pas avaient été les plus durs, elle avait même marché sur les pauvres petons de son cavalier.

Puis elle se prit au jeu, elle commençait à aimer ça, un sourire se dessina même sur ses lèvres, juste pour lui. Si tant est qu'il y ait eu des regards sur eux alors Guéna ne les vit pas, à cet instant il n'y avait plus qu'Adess et elle.

Plus besoin de se remémorer les pas dans sa tête, ils venaient naturellement. Finalement elle avait bien fait de pas s'enfuir en courant. Son angoisse passée elle pouvait s'adresser à son partenaire.

_Vous m'aviez caché que vous étiez si bon danseur Monsieur.

La dure réalité de la vie reprit le pas sur le rêve de Cendrillon... Cunégonde ! Le regard de Guéna restait scotché sur son amie, mais que faisait-elle donc seule au milieu de la piste. Plus les jours passaient, plus la brune était étrange et la blonde inquiète.

_Pensez-vous qu'elle ait trop bu ?

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Merci Cucu

L’hilarité intérieure se fait ressentir à l’extérieur dans un léger tremblement.
L’archiduchesse ! Il a cru que c’était l’Archiduchesse. Il a craqué !
L’archiduchesse ! Elle était où d’ailleurs ?
L’archiduchesse ! Il est fou !
L’archiduchesse ! Qui n’a pas rêvé de se retrouver dans les chaussettes de L’archiduchesse ? Sèches, archi sèches en plus.
Peut être que le mur lui offrira des fleurs. Il la couvrira d’or, d’amour et de pommes.
Mais pour cela il aurait fallu qu’ils gardent leurs masques. Et ça, vu la masse de granit mouvante et le masque qui accentuait le louchage de la cinglée, c’était inconcevable.
Vivre de masques et de mensonges, c’est toujours mieux que vivre d’amour et d’eau fraiche non ? Non. Bon...
Vous voulez savoir ce qu’il se passe dans la tête de Cune quand elle réfléchit ? Voilà...

La curiosité : Vire ce stupide masque ! Menace-le.
La raison : …
La folie : Qu’on lui coupe la tête !
L’espièglerie : Tires lui la barbichette !
La curiosité : Il en a une ? Hein hein ? Il en a une ? Une barbichette ? Il en a une ?
La peur : Il va nous tuer. Nous tuer et nous manger. Non ! Nous manger et nous tuer. Nous découper.
La faim : Demain on fait quoi pour le diner ?
La soif : Je ne sais pas mais il faut racheter du vin.
La raison : Je pens…
La folie : Ta gueule.
… Ça peut durer des heures

Finalement, elle se contenta de glousser bêtement.

- Vos pieds sont bien sur le sol. J’ai vérifié pour vous.

Elle ne vérifia qu’après avoir dit cela. Oui, le sol est collé aux pieds.
Et puis après ? Non il fallait lui avouer.

- Par contre ne vous méprenez pas. L’Archiduchesse est bien plus grande. Elle était bien là mais je ne la vois plus.

Elle ne vérifia qu’après avoir dit cela. Pas vue.

- Et pourrais-je savoir la provenance de ce masque tout à fait…Original ? Tout droit d’une tragédie grecque ? Qui a tué qui pour que vous l’obteniez ?
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Alors qu'ils étaient en train de se mouvoir dans un élégant et somptueux ballet, la jeune femme fixa quelque chose du regard.

_Pensez-vous qu'elle ait trop bu ?

Le jeune meunier ne savait pas de qui elle parlait et il s'en moquait royalement. Il grimaça de dépit, heureusement qu'elle ne pouvait pas voir ses mimiques ! Toutefois, il prit la peine de répondre, entre deux pas.

Je ne sais pas... Maintenant, taisez-vous.

Le ton qu'il avait employé s'était voulu doux et autoritaire à la fois. Il ancra son regard dans le sien et la dévora du regard. La passion qu'il éprouvait pour elle devenait plus physique. Qu'elle était belle ! Il avait envie de l'embrasser, de la serrer contre son corps...
Il raffermit son emprise sur la taille de la jeune femme et réduisit quelque peu la distance qui les séparait l'un de l'autre.

Il se sentait euphorique, ivre de bonheur.

" Maintenant taisez- vous... "

Il resserra l'étreinte et elle se tut, son regard dans le sien elle oublia Cune, les gens, le bal et même la musique. Elle était presque dans ses bras et c'est tout ce qui comptait pour l'instant. Elle était proche de lui, certains diraient peut-être qu'ils étaient trop proche mais elle s'en moquait, elle aurait voulu l'être bien plus encore...

Elle posa son regard sur ses lèvres qu'elle voulait gouter, oserait-elle ? Son cœur battait la chamade, son corps frissonnait à chaque nouvelle emprise sur sa taille. Elle ne tint plus.

Au diable les regards, au sans nom les ragots, elle se rapprocha encore de lui, jusqu’à poser sa bouche contre la sienne. La blonde habituellement discrète en public se laissa aller, elle l'aimait son meunier. L’œil averti le comprendrait, quant aux autres ils délieraient leurs langues, qu'importe. Elle venait d'oser.

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Merci Cucu

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-Dun, c'est bien moi jeune demoiselle. Votre sagacité est à la hauteur de votre curiosité.
Inutile de continuer la mascarade, et Dun adorait faire tomber les masques. Enfin il pouvait respirer librement, ses sens retrouvaient leur acuité normale et il pouvait tout à loisir gouter la juvénile beauté de sa cavalière. Il posa son lourd masque tragique et l'oublia dans un coin où il finirait probablement en pot de fleur ou crachoir stylé.

Galopez à brides avalées et prenez de la peine...

C'est ainsy qu'il avait rallié l'Anjou depuis la Champagne enfourchant sa monture de mille sous, un puissant destrier entrainé à porter cavalier en armure. Par deux fois, il en avait foulé le sol en des temps immémoriaux puis plus proches lorsque celle qu'il considérait comme sa propre fille s'était trouvée vuidée et navrée* sur ses propres terres. L'heure n'était plus certes à la remembrance de leur rencontre à Loches en Touraine mais à la délivrance de quelques informations sur une progéniture femelle laissée aux bons soins d'une nourrice moratoise pour qu'il ne rejaillisse affront et vitupère sur la Blanche. La femme forte est bien plus précieuse que tous les joyaux venus des extrémités du monde...

La nuit était déjà fort avancée lorsque le cavalier aperçut au loin quelques lueurs vacillantes. Éperonnant sa monture et l'invectivant pour une allure plus rapide, il s'élança au galop sur les sentiers qui traversaient le grand verger. Au fur et à mesure de sa course il voyait se dessiner une bastisse devant ses yeux. Les portes de la ville de Craon lui semblaient dorénavant à porter de main. Pourvu qu'il ne broste le brau** car avec inquiétude il avait observé la levée de plusieurs armées en terres angevines. La menace irlandaise semblait pourtant estre le point de convergence de tout autre regard. Plongé dans les méandres de ses pensées, le chevalier ralentit la cadence de sa monture qui se mit à trotter paisiblement pour reprendre son souffle.

Mais brusquement le cheval hennit et se cabra. Émergeant de sa torpeur, l'homme de bel asge se coucha sur sa monture donnant du mou aux resnes, s'accrochant à son cou pour ne point estre désarçonné. Continuer à tirer dessus renforcerait inexorablement l'action du cheval dans sa cabrade. Au moment où ses antérieurs touchèrent le sol, il lui donna ordre clair pour aller de l’avant, à la voix. Dès le mouvement amorcé, il ne put que prendre appui sur ses postérieurs. Le cavalier avait ainsy repris le dessus puis après quelques foulées, il immobilisa son équidé en flattant son encolure plissée. Qu'est ce qui avait pu l'effrayer ainsy ? Il enjamba la croupe de l'animal et sauta à terre pour se retrouver nez à nez avec jovente silhouette à la chevelure de lapis niger, houppelande et dentelle de motifs normans. Il s'inclina avec déférence, l'inquiétude perçant dans sa voix grave lorsqu'il s'exprima.

Puis je m'enquérir de votre état damoiselle ?

L’haleine âpre, vineuse et sucrée des cognassiers avait fait place à la senteur suave des dernières bignones. Le geste de protection que la jeune femme avait eu alors qu'il s'approchait d'elle n'était point passé inaperçu aux yeux de l'homme qui l'envisageait lueur interrogative flottant dans ses prunelles sombres. Au fond du bois telle la biche craintive pourchassée par le chasseur, elle semblait aux abois. Esseulée, vulnérable, le moindre de ses mouvements pourrait s'avérer alors dolor ignoble et maussade et grand serait le risque de la voir s'ensauver la tête brûlante, le ventre à terre. Adoncques dans la pénombre restait-il, son souffle retenu fixant les lèvres de la jouvencelle par lesquelles un filet de respiration chuintait, quand le silence fut enfin rompu. Une voix transmet émotion et sentiments, icelle était teintée de surprise.

L'homme qui se trouvait céans était de belle taille près de six pieds de haut, mince, les cheveux grisonnants sous le visage encapuchonné, le nez aquilin et le menton volontaire. Il était vêtu de braies en cuir sombre, botté, et ceinturé. Négligemment jetée sur ses solides épaules, une cape de laine avec doublure en satin bordée d'une garniture originale et dévoilant une tunique noble de lin avec finition de brocard argenté. Froncement imperceptible des bruns sourcils sous le regard bienveillant, il se sait dans l'ombre peu rassurante pour la belle effarouchée et ne veut en jouer plus avant. D'un quart de tour, il se penche lentement à la parfin de prendre possession de la lanterne, de sa sénestre - l'homme est gaucher – avant de se redresser et de l'agiter sous son visage en rejetant sa capuche vers l'arrière. Pour n'avoir point entendu les sabots de son cheval martelés la pierraille, le sol trembler sous ses pieds, l'esprit de la damoiselle devait être fort préoccupé.

Vous m'en voyez vexé...

Si je n'arrive point à attirer l'attention d'une si jolie personne comment pourrais je mettre à vaudéroute toutes les mouches lancées à mes trousses ?

Bien campé sur ses éperons, un soupçon de malice rétrécissant le coin de ses yeux, sa bouche pétillait.

Les règles de la bienséance se rappelant à mon bon souvenir, souffrez que je me présente...

Blondel de Noyon, chanteur, poète et artiste.

Emportée par la foule, qui nous traine nous entraine…
Légère entre les mains fortes du Mystagogue démasqué.
La danse, c’était son truc. En même temps une folle qui n’aime pas danser c’est…Fou.
Malgré la passion et l’envie, il y a un moment où le corps ne suit plus.
IL était temps de mettre fin à cette danse qui avait paru durer une éternité. Enfin presque…Très longtemps quoi.

Elle remercia son cavalier. Une simple révérence qui en disait long. « C’était très agréable, merci beaucoup, vous dansez très bien, comment vont les affaires,…». Il l’avait compris, il le savait. Il l’avait sûrement lu dans les entrailles des poulets.

S’éloignant un peu de la piste, elle se dirigea vers…La boisson. Étonnant.

Malheur. Tristesse. Déception. Horripilation. Fin du monde. Il ne restait plus de vin. Soupçonnant l’insoupçonnable Archiduchesse elle lui lança un regard soupçonneux.

Plan B. A l’autre bout de la salle, une réserve secrète. Traverser la piste ou la contourner ? L’appel du vin l’oblige à choisir le plus risqué.

Zig zag. Double esquive. Les couples dansent dans tous les sens. On se croirait dans un manège infernal. Hop. Esquive. Des « pardon » et des « oups » sont jetés ici et là. Ah trop mimi ! Gugu et Adess dansent toujours. Les yeux dans les yeux. Comment ils font pour pas foncer dans les gens eux ? Han mais le cours de danse avait porté ses pommes. Ah trop drôle ! L’ArchiM danse. Cucu ne peut empêcher sa mine de paraitre choquée. Même si au fond elle savait bien qu’il avait une âme de fou. Bref…Elle était là. Juste derrière le rideau. Une belle bouteille. La plus belle car presque inaccessible.

- Je t’aime.

Déclaration émouvante suivie de l’ouverture de la bien aimée. L’alcoolique s’assoit et se sert. Prenant soin de recacher la bouteille après chaque utilisation. Enfin le repos.
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