Sancte

[Sous la tente Amahir]
L'arrivée impromptue d'une espèce de folle qu'on avait probablement relâché ce matin manqua de lui couper l'herbe sous le pied. Mais nous y reviendrons. Avant ce débarquement cavalier, une ambiance artificiellement courtoise avait été maintenue à chevauchons-tous-sur-notre-urbanité pour maintenir au-dessous de la ligne de flottaison les débordements primitifs issus de menus désaccords familiaux, qui augureraient de merveilleux dîners de Noël. Une politesse casuelle qui peinait évidemment à dissimuler sous ses formes circonstanciées le gouffre béant qui séparait leurs deux univers.
Il n'est de noblesse que d'âme, Baronne. Gardez-vous de l'orgueil qui vous conduirait à juger hâtivement de la mienne.
Il ne lâchait pas le Prince d'un pouce, la cape repliée sur la hanche, de façon à avoir plein accès à son cotel le moment venu. Prenez votre mantel, monsieur mon frère. Le temps est frais, et nous avons de la route. lâcha-t-il à l'enfant après avoir prudemment desserré ses doigts autour de sa bouche. Il avait parlé avec toute la chaleur qu'il pouvait placer sans porter préjudice à l'autorité qui émanait de ses mots. L'accompagnant dans ses gestes, la main sur l'épaule, il se dirigeait déjà vers la sortie sans perdre de vue la femme prégnante dont il se méfiait comme d'un serpent.
L'arrivée impromptue d'une espèce de folle qu'on avait probablement relâché ce matin manqua de lui couper l'herbe sous le pied. Mais nous y reviendrons. Avant ce débarquement cavalier, une ambiance artificiellement courtoise avait été maintenue à chevauchons-tous-sur-notre-urbanité pour maintenir au-dessous de la ligne de flottaison les débordements primitifs issus de menus désaccords familiaux, qui augureraient de merveilleux dîners de Noël. Une politesse casuelle qui peinait évidemment à dissimuler sous ses formes circonstanciées le gouffre béant qui séparait leurs deux univers.
Il n'est de noblesse que d'âme, Baronne. Gardez-vous de l'orgueil qui vous conduirait à juger hâtivement de la mienne.
Il ne lâchait pas le Prince d'un pouce, la cape repliée sur la hanche, de façon à avoir plein accès à son cotel le moment venu. Prenez votre mantel, monsieur mon frère. Le temps est frais, et nous avons de la route. lâcha-t-il à l'enfant après avoir prudemment desserré ses doigts autour de sa bouche. Il avait parlé avec toute la chaleur qu'il pouvait placer sans porter préjudice à l'autorité qui émanait de ses mots. L'accompagnant dans ses gestes, la main sur l'épaule, il se dirigeait déjà vers la sortie sans perdre de vue la femme prégnante dont il se méfiait comme d'un serpent.
Della a écrit:
A quoi vous servirait de l'emmener ?
Jusqu'à ses six ans, le Prince a reçu l'amour et l'affection propres à l'équilibre d'un enfant. Que ces charmantes dames en soient remerciées. Mais il existe une vie au-delà des bras maternels d'une femme. C'est avec cette vie là qu'il a désormais rendez-vous. L'heure est venue pour lui de recevoir l'instruction d'un homme.
C'est à ce moment précis qu'un froissement d'étoffe se fit entendre. Quelqu'un était entré, avait baragouiné quelques mots dont il n'avait eu le temps, sous l'effet de surprise, d'en apprécier la teneur. Il se prit un coup sur la tête. Il se crut mort. Il n'en était rien. Alors la gifle partit sur la face de la malheureuse. Comme un réflexe immanent. La paume gantée, avec une rage ferme et assassine, s'abattit sur la face de la drôlesse qui avait eu le malheur de lui flanquer la suée de sa vie. Le cur tambourinant dans ses côtes, il s'était férocement accroché à l'enfant. Son frère, certes. Mais avant tout l'unique caution de sa liberté -voir de sa survie- en ces lieux hostiles. Son regard croisa la crosse à terre qui lui était tombé sur le crâne. Un mépris souverain prit place sur les traits de son visage balafré, alors qu'il envisageait pour la première fois Della avec une agressivité malsaine, et pour la seconde fois une agression dans le dos de la part d'un clerc.
Faites-moi taire cette gourgandine.
Je ne veux ni tumulte, ni esclandre.
Songez seulement que ma mort ne vous donnera rien.
Quand celle du Prince vous prendra tout.
Agissez intelligemment et vous aurez votre droit de visite.
Contactez-moi ultérieurement pour les modalités.
Je n'ai qu'une parole.
Il jeta un dernier regard dédaigneux à l'extrême sur son agresseur, et ouvrit la tenture de son bras, sortant de la tente avec le Prince, qu'il tenaillait nerveusement par sa faible nuque.
N'ayez crainte monsieur mon frère. Dans un instant, tout sera terminé. Conservez le regard froid et le port altier que vous maîtrisez déjà fort bien.
Êtes-vous déjà monté à cheval ?
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