Afficher le menu
Information and comments (4)

Info:
Unfortunately no additional information has been added for this RP.

[RP] "Car ceci est mon sang..."

Gnia
[...]
Or, c'était maladroit. Vous qui cherchez à plaire,
Jugez ce que devint l'ogre devant la mère
Furieuse qu'il eût soupé de son dauphin.
Que l'exemple vous serve ; aimez, mais soyez fin ;
Adorez votre belle, et soyez plein d'astuce ;
N'allez pas lui manger, comme cet ogre russe,
Son enfant, ou marcher sur la patte à son chien.

    Victor Hugo. Bon conseil aux amants



[Novembre 1460 - Paris - Hostel Rochefort - A la faveur de la nuit, une confession.]


Le regard las parcourut une dernière fois les quelques mots griffonnés par un souvenir qui achevait de s'estomper à mesure que se traçaient d'autres destinées comme autant de lignes au cours que l'on ne peut faire dévier.
Dernier soupir qu'elle lui consent lorsque le pli est à nouveau serré dans le fond escamotable d'un coffret.

L'avenir est devant, le passé derrière.
Puisse-t-elle passer la nuit sans laisser personne derrière ni ne jamais en sortir, les pieds devant en prime.


Sur le pas de la porte, elle l'observa longtemps en silence, le profil taillé à la serpe de son époux penché sur ses courriers, la plume dansante projetant des ombres mouvantes et sans fin à la lumière vacillante des calels.
Le regard fatigué mais inquiet s'était adouci un instant d'une lueur tendre et elle était alors entrée dans la pièce qui servait de bureau au Balbuzard en campagne. Une main fraiche et légère s'était posée sur la nuque studieuse et lorsque enfin, le point final à une énième missive posé, il releva son regard sur elle, elle demanda


Je dois vous entretenir de quelque chose... D'importance... Pour vous... Et surtout pour moi...

Un étau enserra sa poitrine, si fort qu'elle fut sur le point de battre en retraite. Mais elle n'était point femme à renoncer, quelque soit le prix à payer, fut-il le dernier qu'il faille débourser.
Les paupières se fermèrent un instant puis dévoilèrent enfin un regard grave pourtant dénué de toute la dureté qui l'habitait de coutume.


A mon retour de voyage en Flandres, il y a longtemps maintenant, je ne sais si vous vous souvenez...

Fi des détours, droit à la cible, Saint Just, tu sais pourtant d'habitude bien y faire.

Je vous ai caché que j'étais grosse, aidée par un ventre qui s'est obstiné à ne pas s'arrondir jusqu'aux derniers instants, je ne sais pas quelle diablerie.
Je vous l'ai caché, car vous n'en étiez point la cause.
Tout comme je vous en ai caché le fruit, évidemment.
Mon voyage en Anjou avait en fait pour but de le recueillir, enfin.
Et c'est parce que je ne veux plus le cacher, ni jamais plus cacher aucun de mes enfants, que j'ai tenu à vous parler de l'existence de mon dernier fils.


Et la si fière Saint Just de s'agenouiller devant son époux, regard qui le quitte et se rive au sol.

Je vous prie humblement de bien vouloir un jour me pardonner mon péché...
Ou plutôt je vous implore de pardonner le péché de sa mère à un innocent, et de souffrir sa présence sous votre toit.


Les épaules s'affaissent, la sentence ne saurait tarder à être prononcée, sans guère d'espoir que la souffrance s'arrête avec la mort.


Pour lui et le devenir de mon sang, je vous supplie de bien vouloir réfléchir à l'éventualité de le reconnaitre comme vôtre.
J'implore grâce pour lui, Mon Seigneur, et que votre courroux, s'il doit s'abattre, le fasse sur celle qui a fauté et non la conséquence de ses fautes...


Vous me vouliez vôtre, de corps et d'esprit, Blanc Combaz ?
Me voici enfin à votre merci.

_________________
Eusaias
« […] Devant les trahisons et les têtes courbées,
Je croiserai les bras, indigné, mais serein.
Sombre fidélité pour les choses tombées,
Sois ma force et ma joie et mon pilier d’airain ! […] »

Victor Hugo, Ultima verba



[Novembre 1460 - Paris - Hostel Rochefort - A la vie, à la mort.]


En son cabinet, son havre de paix, la plume, plus que l’épée, dans la main du bourguignon virevoltait. Un plein, un délié, un pli et il cachetait, provocant ainsi un avenir quasi tracé. La campagne royale battait son plein et le bourguignon épuisé, d’œil furtif aperçut son épouse sur son côté se glisser.

Une main douce et fraiche attira l’attention du rapace quand cette délicate intention se posa sur sa nuque bien trop courbée au-dessus du papier. Sur le côté du prochain courrier la plume fut pesée et toute l’attention du Balbuzard sur Agnès porté.

Son voyage en Flandre s’il s’en souvenait ? Pour sûr, elle l’avait un matin quitté, car par sa suzeraine un ban fut levé. Il avait tenté de protester, mais bien loin était la Salamandre quand le Balbuzard eu fini de cogiter. Mais Baste ! Pourquoi diable lui parlait-elle de cela, avait elle en réalité d’un fief hérité ?

Il n’avait pas fini d’imaginer, qu’elle balaya le tout d’une dizaine de mots blessants, voire meurtriers. « J'étais grosse… vous n'en étiez point la cause ». Les dents avaient grincé et dans son ventre ses entrailles emmêlés en même temps que de sur elle ses yeux se détournaient. Seuls quelques mots avaient de sa bouche trébuchés :


Je vous conseille de rester à genoux jusqu’à ce que je décide de ce que je vais faire de vous, si à la vie de votre progéniture et à la vôtre vous tenez. Cependant, moi je me refuse de vous trahir, alors ne croyez que parce que vous obéirez à cela que vous serez de toute évidence épargnée.

Il s’était retourné au-dessus d’un vélin, plume, encre et la France de demain. « A sa grâce Orandin… ». Il ne desserra pas un seul instant les dents jusqu’au point de fin. Le vélin une fois cacheté, sur elle se tourna à nouveau le nez aquilin.

Voilà donc la traitresse qui me confesse qui n’a pas su garder ses fesses. Que croit-elle mériter puisqu’elle me blesse ? Allez au diable mon Aliénor… Soyez maudite ma Marguerite… Tremblez car désormais votre seule vue m’irrite.

Mon Aliénor… Ma Marguerite… Pourquoi m’avez-vous de la sorte Trahi !

Il s’enfonça dans son siège, mine fermée regard d’acier. Que devait-il faire à celle qui l’aimait ? La briser, l’humilier ?


Donnez-moi une bonne raison de vous laisser en vie, vous et l’enfant.
_________________
Gnia
Non, elle n'était point sotte au point de penser qu'elle serait épargnée.
Vie sauve n'exclut pas vie de misère.
C'est en son âme et conscience qu'elle avait pris le parti de ne plus dissimuler, pour le salut de son âme et pour le devenir de sa progéniture.
Contrition n'exclut pas punition.

Alors elle était restée agenouillée, ignorée, le coeur battant à la chamade.
Si elle avait attendu hurlements, coups, emportements et autres élans passionnés, la rage froide du Balbuzard était une torture en soi.
Et le signe qu'il ne pardonnerait pas.

Marguerite et Aliénor...
Mieux valait le sort de la seconde à celui de la première.
Aussi à la dernière demande formulée, elle répondit, regard toujours baissé


Parce que si le Très Hauct continue de guider le peuple de France dans ses choix, d'ici peu, vous serez Roy, mon Epoux.
Et je ne vous ai jamais trahi ni déçu lorsqu'il s'agissait de nourrir vos ambitions, vos projets et vos rêves de politique, de grandeur et de pouvoir, car nous partageons les mêmes.


Le minois se releva prudemment vers le regard tranchant, ancrant ses azurs graves sur le faciès fermé.

Parce que si vous n'avez jamais eu mon coeur et mon âme, Eusaias, vous m'avez toujours pour alliée, indéfectible ne serait-ce que par le serment qui nous unit devant le Très Hauct, et c'est là ce pacte que j'ai conclu avec vous le jour où nous nous sommes mariés.
Et que j'honore chaque jour et encore aujourd'hui.
Et demain plus que jamais, si vous le permettez et le souhaitez encore.


Le regard se fait plus hardi, sans pour autant défier.
Mais quoi que l'on fasse pour chasser le naturel, il revient au galop.
L'humilité, si elle est de mise et de circonstance, ne saurait perdurer dans l'argumentaire qui se doit.


Pour l'avenir qui s'annonce à vous, régner sur mon coeur et posséder mon âme n'a aucune valeur, Mon Epoux. Ce sont là fanfreluches tout aussi éphémères que décoratives qui ne servent qu'à parer votre fierté d'homme. Et c'est elle que j'ai blessé par l'aveu que je vous fait et qui altère votre jugement.
Ma fidélité sans faille dans la poursuite de vos entreprises, mon soutien qui ne fléchit pas face à l'adversité, la pugnacité que j'ai à vous défendre envers et contre tout et tous, c'est cela qui vous est nécessaire aujourd'hui et vous a été utile par le passé.
C'est la seule raison, la meilleure qui soit à mon sens, que je puis vous donner.


Une profonde inspiration et les mains qui se tendent, paumes vers le ciel, vers le bloc de granit qui la toise.

Vous tenez mon sort entre vos mains, Mon Seigneur.
Il vous appartient de juger ce jour si cette... trahison vaut rupture de notre alliance et du serment que j'ai fait.


Les paupières masquent un instant le regard résigné, la poitrine se soulève d'un profond soupir, Agnès oscille au bord du précipice.

La fin ou le recommencement.

_________________
Eusaias
Les ongles des longs doigts effilés, tels des serres d’aigle, tombaient en cascade et en rythme régulier sur le dessus de la table en chêne. La bouche était close, le regard fixe et perçant, planté dans les yeux de la Salamandre. La fureur montait calmement dans chaque partie de son corps et le Balbuzard du mettre tout son esprit à se contrôler.

Oui, se contrôler ! Car pendant que son épouse lui donnait des raisons de l’épargner, lui n’avait qu’une envie : la saisir dans ses mains puissantes et la démembrer à mains nues. Oui pendant qu’elle s’expliquait, il rêvait d’avoir le bec planté dans ses entrailles afin d’en sortir ses boyaux d’un coup de dent féroce.

Alors que la colère voulait l’entrainer vers l’avant pour fondre sur sa proie, la raison poussa ses épaules le plus possible contre son dossier afin de garder de la distance avec l’irréparable.

Tue-là sans hésiter car de l’enfant d’un autre elle a engendré ! Lui soufflait à l’oreille la conseillère colère.
Son sang ne lavera pas l’affront épargne-la ainsi que l’enfant ! La raison tempérait.

La main claqua sur la table dans un fracas de tous les diables, évacuant ainsi la fureur.


Agnès… Je vais être roi, c’est inévitable et je n’ai alors que deux choix. Soit je vous enterre soit je vous fais taire, mais je ne peux m’afficher avec un bâtard qui n’est pas le mien sur mes terres. Vous êtes mon épouse et fûtes ma meilleure alliée, jusqu’à cette trahison. Je ne sais que faire de vous. Vous emmurer pour être certain que vous ne ferez rien, je jetterai l’enfant aux chiens après avoir fait sauter à la hache, de votre amant tête et mains ?

Il marqua une courte pause.

Ou alors je vous répudie car vous portez la lèpre et dans la foulée je vous fais enfermer dans une léproserie avec votre enfant. Seuls les lépreux pourront vous approcher ainsi votre secret ne sera pas dévoilé. Ou enfin…

Je reconnais l’enfant, mais il n’héritera de rien. Alors devant tous vous serez mon épouse, ma reine, le plus solide de mes soutiens. Mais en privé vous serez mon exécutoire, vous plierez à toutes mes volontés, accepterez tous les affronts, toutes les sévices… Si un jour le secret est percé, à votre vie et celle du fouineur je mettrais fin.


Je n’ai guère d’autre choix. Je vous aimais, vous avez tout gâché.

Lentement mais surement il lui prend les mains.

Comprenez madame mon épouse que je vous laisse vivre tant que ce secret sera gardé… Je reconnaitrais l’enfant également comme étant miens, mais je m’assurerai qu’il n’ait rien de mon héritage. Vous… désormais vous êtes à moi, vous serez heureuse, vous souffrirez, vous pleurez, vous supplierez quand je le demanderai.

C’est ma décision, ma sentence.

_________________
Gnia
Au bruit assourdissant de la main s'abattant sur la table, soulevant un instant un nuage de colère dans l'atmosphère de plomb, un sursaut et un mouvement de recul, instinctif. Comme si les bras qui se lèvent devant son visage pouvaient être autre chose qu'un ridicule fétu de paille dans l'orage.

Mais en lieu et place d'une pluie de rage, tombent des mots.
Autant de couperets.

Et tandis qu'ils s'égrènent, l'étau sur la poitrine se desserre, petit à petit, car à mesure que les sentences les pires sont énoncées, elle sait qu'elles n'auront pas lieu.
Enfin les mains tendues sont saisies, Agnès réprime de tout son corps à la fois l'immense soulagement qui évacue la tension extrême et les paupières viennent masquer l'éclat triomphant du regard.
Elle a réussi.
Peu importe à présent ce qu'il en coûte.

Ses lèvres viennent se poser sur la poigne qui étreint ses mains, longtemps, comme pour sceller ce nouveau pacte dont les termes ne semblent guère à son avantage.
Et pourtant.

Les azurs sombres se relèvent enfin sur l'oiseau blessé


Je n'ai aucune raison ni avantage à dévoiler tel secret, mon Epoux.
Pas plus qu'à vous mécontenter d'avantage.


Elle aurait voulu ajouter quelque chose, mais les dents viennent violemment mordre sa lèvre inférieure. Le visage s'abaisse alors vers ses mains toujours étreintes dans les siennes et la bouche s'y pose à nouveau, résolue à n'en partir que lorsqu'on la forcera.

Je vous avais pourtant interdit de m'aimer, Blanc Combaz.
Car vous le regretteriez.

_________________
Eusaias
Il la regardait, comme s’il était mort de l’intérieur. Tué par ce poison venant du ventre de son épouse et qu’il ne connaissait pourtant pas encore. Il la regardait lui baiser les mains alors qu’elle venait de le meurtrir. Il ne lui en voulait pas pour les coucheries, mais pour avoir trahi leur lignée. Car au final seul le sang et les siens comptaient à ses yeux… Mais le vil enfant lui, n’était ni de son sang, ni choisi comme l’était Cassian, Jusoor ou encore Alycianne. Même les filles du premier mariage d’Agnès avaient une légitimité dans le cœur du bourguignon… mais pas cet enfant.

Il retira ses mains de celles de son épouse, comme s’il venait de se brûler.


Relevez-vous désormais et prenez congé, je ne veux plus vous voir pour ce soir. Je suis en deuil de notre lignée que vous avez perfidement souillée.

Puis se ravisant.

Non attendez ! Sachez que demain nous serons attendus à Saint Michel l’archange… Une église dans Paris car ils veulent revoir notre procès qui avait vu la levée de notre excommunication. Simple formalité qui j’espère ne deviendra pas plus compliquée.

Vous pouvez désormais disposer.

Il fronça les sourcils, car une question l’ennuyait depuis un moment….

Comment se nomme l’enfant ?
_________________
Gnia
Elle s'était relevée, conservant le regard baissé, à la fois pour ne pas risquer volte face de son époux et surtout pour ne pas croiser son regard qu'elle sait méprisant.
Congédiée, elle avait fait quelques pas lent vers la sortie, acquiescé au rendez vous du lendemain, puis avait repris sa route lorsqu'une dernière question la cloua sur place.
Un long silence précéda une réponse faite d'une voix ténue, proche du souffle.


Lonàn.
Lonàn Sylphaël...


Les épaules s'affaissèrent encore, s'il était possible, puis la Saint Just puisa dans ses réserves la force de quitter la pièce sans se retourner.

_________________
See the RP information
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)