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[RP] Quand la menace Fantôme, la Famille Contre attaque*

Deedee
Il y avait eu des moments d’abattement, d’abandon, de terrible moment où elle n’avait eu qu’une envie fermer les yeux et en finir, mais il y avait eu aussi de moments de joie, de sérénité et d’apaisement, des moments qu’elle retrouvait et auquel elle reprenait gout. Tout le monde le lui avait dit : « Tu verras, le voyage te fera du bien ! » et ils n’avaient pas eu tord. Un voyage incognito (ou presque), un voyage sans encombre bien que pas assez rapide à son gout. Mais un voyage tout de même pour retrouver un trésor cher à son cœur, un trésor qu’elle avait préféré garder loin d’elle, pour ne pas qu’on lui dérobe…
Sa famille…

La famille… Combien de fois ne lui avait-on pas reproché de ne pas s’en soucier, de la faire passer en second plan, de l’abandonner ? Et d’un côté, ce n’était là que pure vérité. Mais comment faire quand elle-même avait grandi loin de cette famille, quand elle découvrait des membres de cette famille au fur et à mesure. Il y avait eu son frère, sa cousine, son cousin, et apparemment elle aurait un autre frère quelque part dans ce royaume, une sœur aussi. Sans parler des oncles et tante qu’elle ne connaissait même pas. Et puis ses enfants, sa chair, son sang. Elle aurait tué pour eux, elle s’était sacrifiée pour eux, sans doute même un peu trop, sans doute même allant jusqu'à sacrifier l’essentiel, mais…
C’était sa famille, leur famille !
Et aujourd’hui elle sentait sur cette famille, un danger… un grand danger.

Assise dans le coin d’une auberge, attendant le moment où elle devrait reprendre la route, Adeline, le regard grave et soucieux, lisait et relisait un bout de vélin froissé et tâché qu’elle tenait entre ses mains. Reçut quelques jours à peine plus tôt, alors qu’elle venait à peine de passer la frontière Normande, la jeune femme n’avait en premier lieu, pas voulu en tenir compte, ne pas se laisser gagner par la panique et l’angoisse, mais plus les jours passaient, plus elle devait se rendre à l’évidence que si cette lettre s’avérait réel alors sa famille courrait un grand danger… Toute sa famille.

Il était sans doute temps de les prévenir, tous, du plus petit au plus grand. Sait-on jamais que l’expéditeur de cette missive désire passer à l’action ? Elle n’y croyait guère la de Courcy, elle avait dû affronter bien pire qu’une simple lettre de menace, mais cette fois elle n’était pas seule. Erwan devait les rejoindre très bientôt, qui sait ce qui pourrait se passer sur la route ? Et puis Osfrid…

Hum… Osfrid…. Devait-elle réellement s’inquiétait pour ce cousin qui voulait renier sa famille ? Adeline se mordit la lèvre, posant son regard sur la fenêtre et l’extérieur en songeant à leur dernière entrevue et leur dernier échange de courrier. Guère encourageant pour renouer contact… Mais là… Là ! Et si quelqu’un s’en prenait à lui ? Et si…
Non non non, même si l’idée de se débarrasser de son cousin lui avait traversé l’esprit plus d’une fois, elle ne pouvait imaginer, ni même songer à l’idée qu’on puisse lui faire du mal à cause d’elle. Oh non ! Ohhh que non !

Elle devait le prévenir lui aussi !
Les prévenir !
Tous !

Mais déjà… Un regard vers le tavernier qui l’observait en coin depuis qu’elle s’était installée et la jeune femme lui demanda :

-Apportez-moi de quoi écrire je vous prie ? Et vite ! Et un verre par la même occasion ! Dépêchez vous par Aristote, c’est urgent !

De mauvais poils la Normande ? Pas du tout ! Juste impatiente ! À tel point que… sitôt le nécessaire fourni, la jeune femme s’empressa de tremper sa plume dans l’encre et laissa sa glisser sa main sur le parchemin.

Citation:


Montmirail, le 22e jour de novembre 1460

Ma petite Briana,

Me voilà à t’écrire dans le coin d’une taverne de Montmirail. Oui, tu as bien lu, Montmirail. Demain, aux premières lueurs de l’aube, nous aurons passés les portes du Mans. Demain, si Aristote nous le permet nous seront enfin arrivé.
Je te l’avais promis mon ange, et même si j’aurais souhaité que cela aille plus vite, je serais là demain, pour toi.

J’ai tellement hâte de te revoir, tellement hâte !
Prend bien soin de toi mon enfant, et sois prudente.

Ta maman,
Adeline


Elle regarda sa lettre un instant en grimaçant. Ce n’était pas vraiment là ce qu’elle souhaitait lui écrire, mais au final… Elle ne pouvait pas alarmer une enfant de 8 ans de la sorte surtout pour une chose… dont elle n’était même pas sûr.
Demain, elle serait à ses cotés, demain, elle pourrait juger de la situation, et sans doute lui en parler, avant de prendre les dispositions qu’il fallait et surtout….
Prévenir le reste de la famille.
Kathryn, Mel, Osfrid, Erwan aussi, il était grand, bien assez grand pour comprendre tout cela.
Demain…

Mais pour l’heure, elle devait faire partir cette missive au plus vite et retrouver ses compagnons de routes.


*Libre adaption de la guerre des étoiles, of course !


[Bonjour, Bonjour,
Merci de baliser votre topic comme cela est stipulé dans les règles d'or du coin des aRPenteurs.
Bon jeu, Bon RP,
Modo Mahelya]

_________________
Briana.
[ Beaumont sur Sarthe - Demain sera un autre jour ]

Les habitudes... Si certaines se perdaient, d'autres allaient s'intensifiant avec le temps. Et il en était une à laquelle Briana n'aurait su déroger, celle d'aller rejoindre son Paul aux écuries du domaine.
Chaque début du jour commençait de la même façon, tel un petit rituel auquel elle prenait plaisir à s'adonner. Copieux petit déjeuner était englouti. Sa toilette faite, elle donnait de son temps à quelques activités telle que l'écriture ou bien encore la broderie, et ce avant de se parer d'une grosse mante au col habillé d'une épaisse fourrure et de s'élancer dans la cour, malgré le temps maussade et les basses températures que leur offrait l'hiver qui ne tarderait plus à s'installer.
Rien qui ne l'arrête, et encore moins depuis qu'elle avait eu loisir de goûter à la froideur des terres de ces ancêtres. Ce froid là n'était rien comparé à celui du Danemark. Bien plus doux, il n'était pas là de lui faire mal comme on lui mordrait la peau. Non ! Ce froid là, allait la caressant, plutôt qu'en la piquant.

Très vite, parcourant les chemins qu'elle aurait pu emprunter les yeux fermés, apparurent les bâtiments équestres. Déjà, s'en approchant un peu plus à chaque pas, l'odeur du foin commençant à se gorger d'une légère humidité se faisait sentir et du bruit qui s'en échappait, tandis qu'un des battant de la lourde porte était resté ouvert, lui laissait entendre que quelqu'un s'y trouvait.
Pourvu que se soit Paul qui y soit. Elle avait quelque chose d'important à lui annoncer.
Une chose qu'elle avait attendu fort longtemps, jusqu'à ce que vélin lui soit porté au court de la matinée et que l'écrit lui annonce qu'enfin, sa mère, serait là dès le lendemain.

Et ses pas poussés jusque dans l'écurie, prenant pause d'une main contre la porte, les azurs s'assurèrent qu'il s'agissait bien de lui. Reconnaissant la silhouette du jeune garçon, ses cheveux blonds, son visage s'égaya d'un large sourire avant que sa voix ne soit là de retentir et de l'interpeler sans crier pour ne pas effrayer Kayal dont il était en train de s'occuper.



" Paul ! J'ai quelque chose d'important à te dire..."


Kayal, son frison. Celui dont il lui avait fait cadeau un jour où il l'avait invité à aller se promener en sa compagnie. Vers eux, Briana s'était doucement avancée, une main venant flatter l'encolure de l'animal alors que ses yeux s'ancraient au regard de Paul qui venait de se relever pour lui faire face.
Un mouvement de Kayal lui fit détourner le regard, celui-ci cherchant à la pousser de la tête. Geste qui la fit passer de l'autre côté, Briana allant trouver place à la gauche de Paul, sa main enserrant alors son bras pour être certaine que Kayal ne cherche pas une nouvelle fois à la déstabiliser.



" C'est Maman... Elle sera bientôt là. Et quand je dis bientôt, c'est pour dire demain... "


Une main plongée dans sa poche et vélin en avait été délogé, à demi froissé.
Les mots avaient été relus rapidement avant que missive ne vienne retrouver le fond de sa poche. Demain serait bientôt là et il ne serait pas difficile pour elle de prendre soin de sa petite personne, d'autant plus qu'elle ne courait aucun danger et qu'à Beaumont, elle était trop bien entourée pour qu'il puisse lui arriver quoi que se soit.
Et sur l'instant, alors que l'étreinte de ses doigts se resserrait sur la main de Paul qu'elle avait alors trouvée, elle ne craignait qu'une seule chose ne manquant pas d'en faire part à ce dernier.



" Tu crois qu'elle s'en vient au Mans pour venir me chercher ? Et me ramener en Normandie ? Parce que j'veux pas rentrer... J'veux pas ne plus te voir, ni toi, ni Karyaan, ni tous les autres... "


Contente elle était de revoir sa mère certes...
Mais sa venue annoncée, qu'est ce qui l'attendait ?

_________________
      Parce que ma vie à moi est faites de rêves, j'ai décidé de faire de tous mes rêves une réalité.
      " Ne rêves pas ta vie, mais vis tes rêves "... avec une pensée pour Lui
Deedee
[Le mans, fin du voyage, début d’un autre ?]

Étrange voyage, étrange sentiment, le petit groupe incognito venait de parcourir les dernières lieues les séparant de leur destination et Adeline ne savait plus que penser. Partager entre la liesse d’être enfin arrivé et de pouvoir voir et revoir sa petite fille, et l’angoisse de ce voyage et cette menace pouvant se manifester n’ importe où, n’importe quand et tout lui enlever.
Elle n’avait pas vraiment peur non, il y a longtemps qu’elle ne l’avouait plus et que cette peur qui l’habitait, restait cloîtré au fin fond de son cœur sans jamais se montrer, mais elle ne saurait dire cette sensation étrange d’une épée suspendue au-dessus de sa tête et pouvant s’abaisser à tout moment. C’était là, invisible, suspendu et surtout pesant, énormément pesant… Mais peut-être était-ce simplement elle qui était fatiguée de tout cela ?

Fin du voyage !
C’est tout de même avec le sourire que la jeune Normande passa les portes du Mans avant de s’installer pour quelques heures de repos dans une auberge de la cité. Le jour se levait à peine sur l’horizon annonçant là une belle journée, mais surtout une longue journée riche en émotion. Elle voulait prendre un peu de repos, effacer les stigmate de ce voyage, de l’inquiétude et cette fatigue qui marquait son visage pour apparaitre devant sa fille et ses amis le plus… rayonnante possible. Paraitre… toujours paraitre. Mais qu’importe, ce poids qu’elle portait elle ne voulait pas l’imposer à ses enfants. Pas eux, pas question, les erreurs qu’elle avait faites elle devait être seule à les assumer, mais…

Adeline secoua la tête en se débarrassant de son épaisse cape et de ses besaces. Elle devait arrêter de penser pour une fois, et se reposer ! Et se faisant la morale à elle-même, faignant un brin d’autorité, la jeune femme s’allongea sur son lit et ferma les yeux un instant.
Ne plus penser à rien et profité de l’instant…
Ne plus penser à rien, pas même à cette missive…
Ne plus penser à rien, ni même à ces visages qui défilaient devant ses yeux…
Ne plus penser à…


-Il faut que je lui écrive !! s’écria-t-elle en se relevant brusquement.

Que ce soit du lard ou du cochon, réel ou fictif, juste fait pour lui faire ou non, qu’importe elle devait agir. Agir et cesser de se morfondre, de s’apitoyer sur elle-même, de porter toute cette misère du monde, bref de jouer les éternelles victimes ! Combien de fois ne lui avait-on pas répété qu’elle n’était pas seule, et qu’elle ne serait pas seule dans la tempête ? Hum ? Alors à plus forte raison, autant ne pas trainer et prévenir l’homme de la famille…


Citation:


A vous Osfrid Eirik de Courcy


Elle s’arrêta un instant en grimaçant. Si elle commençait comme cela, à coup sûr que la missive ne serait sans doute même pas lue. User de diplomatie, elle savait faire tout de même !

Citation:


A vous Osfrid Eirik Rasmussen
Mon cousin,

Je sais que vous ne vouliez plus entendre parler de moi, mais de grâce Osfrid, lisez ces lignes jusqu’au bout, il en va de votre vie, de la mienne, mais surtout de celle de Briana et Erwan…

Osfrid, comment vous expliquez cela sans me confondre en discours inutile… Je viens de recevoir une missive, missive qui m’alarme un peu mais peut-être sans raison, missive qui me menace mais pas seulement.
Osfrid, nous sommes menacés de mort, c’est… C’est toute notre famille qui est menacée de mort, toute la famille de Courcy du plus petit, au plus grand et… malgré tout nos différents Osfrid, j’ai peur qu’il ne vous arrive quelque chose.

Je me trouve actuellement au Mans, auprès de Briana que je ne quitterais pas d’un pouce. Erwan est toujours au monastère à Dieppe et n’en sortira pas sans mon autorisation.
De grâce mon cousin… prenez garde à vous. Que vos dieux et le nôtre puisse être clément envers notre famille et lui accorder sa protection.

Je sais Osfrid que je n’ai pas été très correct avec vous, j’ai voulu rester protéger derrière ces remparts qui entouraient ma vie sans me soucier du reste, sans même voir ceux qui m’entouraient. Mais je sais aussi, que vous m’avez permis d’ouvrir les yeux sur l’essentiel…
J’espère qu’un jour, vous m’accorderez votre pardon, avant qu’il ne soit trop tard.

De grâce Osfrid… soyez prudent et… ne nous oubliez pas.

Votre Cousine, ou ce qu’il en reste,
Adeline.


Un long soupire de lassitude s’échappa de sa poitrine, et Adeline posa sa plume relisant une dernière fois sa missive. Elle ignorait si le destinataire prendrait la peine de lire ces lignes, mais… Elle aurait au moins essayé, elle aurait tenté.
L’encre sèche, elle plia la missive attendant de trouver un messager pour la porter, et se remit à écrire une seconde lettre. Sa cousine cette fois.


Citation:


A toi, Kathryn
Ma cousine,

Je t’écris ces quelques mots d’une auberge du Mans. Me voilà arrivé ce matin même et sans encombre. Enfin sans encombre… on va dire cela.

Oh ne va pas t’imaginer n’importe quoi tout de suite. Je vais parfaitement bien, Arthéos aussi, nous n’avons pas rencontré de brigand, ni d’armée, bref le calme plat et nous sommes arrivés à bon port. Le seul souci, et je t’écris en partie pour cela, vient d’une missive reçue en chemin.

Kathryn, je ne sais pas très bien si l’on doit prendre cela au sérieux, mais j’ai reçu des menaces, menaces contre moi-même, jusque là encore, je dirais ce que n’est rien et presque « normal », mais là ou je te demande de faire bien attention à toi ainsi qu’à Erwann, c’est que ces menaces pèsent aussi sur l’ensemble de la famille.
Mel est bien près de toi j’espère ?

Prenez garde à vous…

Ta cousine,
Adeline


La missive terminée, Adeline se massa la nuque un instant, tentant de faire disparaitre les tensions du voyage. La fatigue était là cette fois. Bien là. Mais plus question de se reposer. Le jour était bien levé maintenant, et l’heure approchait de retrouver sa petite princesse. Pliant soigneusement la missive, la jeune Normande se leva pour se rafraichir et se parer avant de sortir, trouver un messager, et faire partir ces missives et puis…
_________________
Osfrid
    [Quelque part entre ici et ailleurs -- EntreToulouse et Montpellier]


    - Je vais la tuerrrrrrrrrr


    Et tandis que le vélin venait s’échouer sur le sol, Osfrid bousculait rageusement une chaise qu’il envoya valdinguer au milieu de la pièce.

    - - A cause d’elle…. Par sa faute…. Il a fallu que ça arrive !

    La seule chose à laquelle Osfrid pensait pour l’heure était sa petite cousine, Briana. Si jamais malheur lui arrivait, si jamais on venait à s’en prendre à elle, il planterait lui-même sa miséricorde dans le cœur d’Adeline. Vivre avec sa mort sur sa conscience n’était rien à comparer du chagrin qu’il ressentirait si on venait à lui arracher Briana.

    Tournant comme un lion en cage, il lui fallait prendre rapidement une décision. Sa vie n’avait que peu d’importance, il le savait. Birgit dont il avait la charge retournerait auprès de sa mère au Danemark le cas échéant mais en attendant, il devait la protéger, elle, avant que le pire n’arrive.

    Prenant un de ses derniers vélins qui lui restait dans sa besace, s’attablant à la table, il sortit sa petite fiole d’encre. Ces derniers temps, il avait écrit beaucoup à l’Irlandaise et sa réserve commençait à s’amoindrir. Il lui faudrait faire le plein avant de prendre la route sinon il risquait d’en manquer et allez savoir ce qu’il pouvait se passer. Si on avait décidé de lui faire la peau, il pouvait tomber dans une embuscade au détour d’un chemin. Peut-être que finalement ça résoudrait ses problèmes de conscience et de souffrances… peut-être…

    Citation:
    A vous Adeline de Courcy, baronne de la Haye du puits,

    Et voilà nous y sommes. Avec toutes vos malversations et vos embrouilles vous avez réussi à nous foutre le bordel dans cette famille. Je ne vous remercie pas, ça serait m’abaisser à votre niveau.

    Entre les hommes que vous avez détournés du droit chemin et les jalousies que vous avez suscitées à force de prendre de haut tout le monde, on va nous traquer comme du gibier. Je dois dire que vous vous êtes surpassée cousine et j’aurais quelques instants devant moi je vous applaudirais parce qu’en l’espace de quelques années à la tête de la famille, vous avez réussi l’impossible. Nous faire détester de tout un royaume. Il ne manquerait plus que quelques ennemis étrangers pour couronner le tout.

    Alors vous allez bien m’écouter madame la baronne parce que je ne reviendrais pas là-dessus. Le temps pour moi d'aller chercher ma cousine Birgit qui vient d’arriver de nos terres du Nord et je prends le chemin pour venir où vous vous trouvez. D'ailleurs, je vous préviens de suite que vous avez intérêt à prendre de l'avance dans les jours à venir et faire en sorte que nous nous retrouvions sur le chemin le plus évident qui soit car, et ceci est une décision sans appel, vous me suivrez jusque dans le sud. Vous avez voulu jouer les grandes dames, vous avez voulu en mettre plein la vue à tout le monde, maintenant va falloir assumer et pour assumer, il va falloir pour une fois dans votre vie fermer votre grande bouche et accepter que cela soit moi qui donne les ordres.

    De toute manière, vous n’avez pas le choix de Courcy, non vous n’avez plus le choix. Si vous contestez ma décision, je prends Briana avec moi et vous laisse vous démerder au milieu du bourbier que vous avez créé. Montrez-moi un peu que vous savez réfléchir et peut être, je dis bien peut être, je vous accorderai mon pardon pour l’épée de Damoclès que vous suspendez au-dessus de nos têtes.

    Maintenant, il n’est plus temps de palabrer mais de se bouger.
    Je pense qu’à la nuit tombée je serais déjà en route et je vous ferais savoir le chemin que je prends au fur et à mesure des journées que je passerais. Sait-on jamais, si vos meurtriers espèrent me faire la peau avant la vôtre, ça arrangerait vos affaires…

    Je ne vous dis pas au plaisir de vous voir mais plutôt à très bientôt.

    .


    Cette fois-ci, Osfrid avait signé et apposé la marque de sa chevalière sur sa griffe. L’heure était à l’authenticité et n’importe qui pouvait se faire passer pour lui afin de faire tomber sa famille dans un piège. Il attacha le pli enroulé à la patte de Loki qu’il lança rapidement par la fenêtre. Briana connaissait le corbeau et il saurait la retrouver sans aucun souci. Maintenant, il lui restait à donner des instructions à Birgit afin qu’elle reste prudente. Il n’avait pas vraiment de soucis à se faire, sachant qu’ici, il était connu de quelques personnes et que le cas échéant, la jeune demoiselle pourrait demander de l’aide ou une assistance si elle avait des soupçons quant à sa sûreté.

_________________



Birgit_
        | Dans ce cimetière toulousin qu'on ose nommer village... |


Oh que cela ne me plaisait pas ! Oh que j'étais fâchée ! Même pire que fâchée, furieuse. Oui, c'était le bon mot. Quoique morte de peur aurait pu convenir, mais ce n'était pas le moment de faire du vocabulaire.
Il allait partir. Il me laissait toute seule dans cet horrible endroit. Il ne faisait rien de moins que m'abandonner !
Je tournais en rond dans ma chambre depuis un bon quart d'heure, sans parvenir à me calmer. Je poussais quelques « Oh ! » indignés de temps en temps, avec la régularité d'un écoulement de sablier. Parfois, un « Non mais vraiment » s'y substituait, mais c'était plus rare.
Je m'arrêtais soudain, les poings sur les hanches, le regard furibond.

- Je pourrais mourir ici toute seule ! Et si ce n'est pas assassinée, je risque bien de périr d'ennui !

Ah ça, j'étais décidée à être aussi agaçante que mon âge le voulait. J'avais seize ans, je me devais d'être une peste. Question d'honneur.
Et de nouveau je repris ma marche forcée, bien décidée semblait-il, à graver à jamais dans le bois l'empreinte de mes pas. Il fallait qu'il se rende compte qu'on ne laissait pas de côté comme ça une jeune fille fraichement débarquée du Danemark ! Que c'était dangereux, irresponsable, presque un meurtre, voire pire, un manque d'assistance à personne en danger !

- Emmène-moi, lançai-je, changeant de stratégie. Emmène-moi, je me ferai minuscule. Tu m'entendras à peine et je serai si discrète que...

Je m'arrêtai. Non, même lui devait se rendre compte que je ne pouvais pas être discrète, même en mensonge. Il ne croirait jamais ça.

- Je veux dire que je serai aussi discrète que possible et...

Je m'interrompis de nouveau. Aussi discrète que possible ? Ouais, c'est ça...

- Bon, d'accord. Je serai aussi discrète qu'il m'est possible de l'être.

Traduction ? Je mettrai le bazar partout où je poserai le pied, je risquerai rien qu'en regardant un objet de le faire tomber, et il sera fort probable que la moitié du royaume te demande de rembourser les choses cassées.
Pour faire passer cette triste constatation, je lui adressais mon plus large et étincellant sourire.

- S'il te plait, mon si cher cousin Osfrid adoré, emmène-moi avec toi !

Et pour faire bonne mesure - Papa n'y avait jamais résisté, pourquoi serait-ce différent avec Osfrid ? - je me pendis à son cou en lui bisant les deux joues. S'il était capable de me répondre « non » après ça...
_________________
Artheos



    Dieppe. Adieu.

    Ce départ rapide de Normandie avait un goût de déjà vu. Le jeune Arthéos avait l'impression que jamais plus il ne reviendrait ici. Ou du moins, que ce serait dans longtemps, ou que ce ne serait jamais plus comme avant. Il avait déjà eu ce pressentiment. Quand il avait quitté la Champagne. Quand il s'était rendu à Bayeux, avec sa duchesse. Quand il ne l'avait plus revue du jour au lendemain. Destinée cruelle ! Pourquoi te fais-tu tant ressentir ? Ne pourrais-tu point te terrer de silence et ne jamais refaire surface ! Ah ! Dieu ! Les hommes sont illusions. Leurs rêves ne sont qu'irréel. Et nous tournons, avec le temps, l'eau des rivières, les nuages du ciel, les feuilles des arbres, la vie des saisons... L'automne ! La saison des tristes amours et de la mélancolie. Comment ne pas se souvenir ? De ceux qui sont partis, de ceux qu'on a aimés, de ceux qui ont comptés. A Dieppe, Arthéos avait repéré un parterre isolé, caché et tranquilles de fleurs bleues. C'étaient des pensées. De cette coïncidence, on ne pouvait mieux espérer. Il en cueillit dix, tout rond. Sans savoir réellement à qui il penserait. Le bouquet en mains, le jeune homme s'était dirigé vers le port de la ville. Assis sur le quai de bois, les jambes pendantes dans le vide, frissonnant aux frimas du temps, aux vents glaciaux et au temps gris, Arthéos fixait l'horizon. Puis vint le temps des souvenirs. Il jeta une fleur sur la surface de l'eau, murmura quelque chose, lança une autre pensée, et chuchotant chaque fois. Voici ce qu'il avait dit, après qu'il eut mis les dix souvenirs dans la mer :

    - A vous, Ana.lise... à vous, Ely... à vous, Sigebert... à vous Michel, à vous Melchior, à vous Minidou, à vous que j'oublie... à vous, Heures Perdues, à vous Nature, à vous, Cieux...

    Une larme perla sur sa joue. Il l'essuya d'un coup de manche maladroit. Il regarda les pensées dériver lentement. Puis il quitta la port, les yeux rouges, le coeur chaud, le corps froid, tremblotant de tristesse, et de froid.

    Sur la route.

    Ah ! la fine équipe ! Il fallait voir Adeline déguisée en paysanne ! Arthéos souriait en permanence. Ce n'était pas le type même du paysan provincial, mais il ne pouvait pas s'en empêcher ! Cette idée de non identité lui avait beaucoup plu. Les voici maris et femmes, pour le pire, et le pire. Cela lui faisait même oublier la lettre de menace ! Des menaces... comment pouvait-on oser ? Massacrer toute une famille... Quand il y repensait, le valet pouvait défaillir. Les paysages, Adeline et la charrette lui détournaient le mauvais esprit. Car, oui ! Ils étaient à charrette ! Tous les deux à l'avant, fouette cocher ! Peu habile dans l'art de manier les montures à distance, Arthéos laissait faire sa dame. Mais sur la route du Mans, ils s'étaient bien perdus. Après beaucoup d'efforts pour arrêter la voiture de luxe, ils purent interroger un homme du coin. L'accent du Centre commençait à résonner. Le bon domestique de dire :

    - Hola ! L'ami ! M' fâmme et moi, 'n est un pô perdu lô cômme qui diroit. Où s'trouve l'chemeïn du Maïn ? 'n aimeroit pis vend'e noz marchandiz ! Qu'est'ce t'en dis pis ?

    Quand l'homme montra une direction sans répondre quoi que ce soit, ce fut une victoire pour Arthéos ! Persuadé de son meilleur patois, il reprit la route, souriant à sa bonn' fâmme d'Adeleïne !

    Le Mans. Plus que 24 heures.

    Arthéos avait pu vendre ses marchandises. Il était inquiet pour Adeline qui fréquentait les tavernes sans lui - non pas qu'il y était un bon allié, mais il connaissait l'arme fatale dans les batailles de taverne : la fuite ! Ou la castagne parfois. Cela défoulait de frapper sur de l'ivrogne. Cela lui rappelait d'ailleurs la fois où il s'était retrouvé n... Mais ceci est une autre histoire. Si vous voulez l'entendre, il suffit de prendre contact avec le pauvre valets aux mille et unes mésaventures.

    En attendant, il avait pu se payer une chambre d'auberge. Il y était encore. Allongé sur son lit, les bras passant derrière la tête, le genou droit fléchi, la jambe gauche passant par-dessus. Les yeux rivés vers le plafond. Il pensait. Il avait un peu froid. Ses chausses étaient vieilles et ne supporteraient sans doute pas l'hiver. Tant pis. Sa chemise non plus. Rien... peut-être même pas lui ? Cette soudaine pensée le perturba. Il scruta l'épée qu'il avait prise pour le voyage, laissée sur la chaise, accrochée à sa ceinture. Il répugnait à s'en servir. Il ne savait pas s'en servir. Mais s'il devait se défendre, ou défendre la famille de Courcy, il le ferait. S'il fallait se sacrifier, se jeter entre un poignard et sa cible, il le ferait. Alors peut-être, éclairé par les anges qui descendront le chercher, auréolé d'une lumière d'innocence, glorifié par l'amour courtois et expirant dans un dernier souffle de majesté disparue depuis des siècles, il rendrait à Dieu ce petit souffle, cette toute petite âme, mais ce grand coeur lézardé par tant de blessures et de tristesse.


_________________
Kathryn.brehnian

A la chute des feuilles succédaient en cette fin de novembre une danse effrénées des pigeons. Tourbillonnant comme les feuilles, mais ne tombant normalement pas aussi systématiquement à terre, le héraut avait ces derniers jours nommé un valet dont l'unique tâche était de lui apporter les messages véhiculés par les volatiles.
Parfois, il revenait aussi au valet de déchiffrer la correspondance et d'en faire la lecture, ce fut le cas quand une énième lettre arriva.



A toi, Kathryn
Ma cousine,
Je t’écris ces quelques mots d’une auberge du Mans. Me voilà arrivé...


Prise de conscience soudaine, et d'un geste elle réclama la lettre.
Cela suffira, je vais finir moi même.

Valet congédié, et sourcils qui se froncent au fur et à mesure des lignes.
Délaissant pour un moment le parchemin le temps de répondre à des courriers plus anodins, de se donner le temps de réfléchir également, puis les lèvres encore pincée, elle s'attela à la réponse.





Ma chère cousine

Je ne sais si je dois rire ou pleurer à la lecture de ta lettre. Un peu des deux sans doute, mais ma principale envie en lisant ces lignes fut de te secouer très énergiquement. Sait-on jamais cela suffirait peut-être à te faire retrouver tes esprits et admettre qu'une menace, d'où qu'elle émane et spécialement te visant, n'est en rien normal.

Ceci étant dit, les menaces sont néanmoins monnaies courantes ces jours-ci, et ne concernent pas hélas, ou heureusement c'est selon, que notre famille. Je vais sans doute aller donner un peu d'aide aux troupes normandes, s'ils ont de la place pour moi. A force d'envoyer des courriers à la noblesse pour cette remobilisation, rester derrière mon bureau à lister les réponses de tous m'horripile au plus haut point. Il sera enfin temps d'apprendre à manier une arme autre qu'un pinceau.
Je vais sans doute être mobilisée à Dieppe...maintenant que n'y est plus, ironique n'est-ce pas ? Et s'il m'arrive quelque chose, ce qui n'est pas dans mes projets, loin de là, je serais l'unique responsable, et non pas toi, compris ? Ne pense pas que je ne prenne pas les menaces dont tu nous informes au sérieux, simplement d'autres me préoccupent davantage. Et malgré ton incroyable capacité à assumer la responsabilité d'évènements qui ne sont pas de ton fait, tu ne pourras quand même pas prétendre que le conflit actuel est de ta faute.
Quant à Mel, il est pour l'instant à mes côtés, du moins autant que le permette nos fonctions respectives. Il te passe d'ailleurs le bonjour et se joint à moi pour te demander d'être prudente ...


Enfin, pas littéralement à ses côtés, elle se trouve à Caen et lui doit surement travailler au château de Rouen, mais elle prend juste un peu d'avance sur ce qu'il dira ce soir quand elle lui parlera de la lettre.
pour de vrai, et si cela t'es pénible, fais le au moins pour Briana.





Embrasse-la pour moi.
Prend soin de toi et bien entendu donne moi très vite des nouvelles.
Kate


Finalement cette lettre avait été facile à écrire, comparée à celle qui suivrait. Ecrire à Osfrid, et surtout découvrir ses réponses, des expériences mémorables dont la jeune femme se serait bien passée mais qui dans le contexte semblaient nécessaires.
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Briana.
    [ Parce qu'aujourd'hui n'est plus hier... Quelques jours plus tard - Au retour d'une Mère ]



    { Beaumont - Son cloître }


Le domaine offrait pour qui voulait s'y promener bien des endroits, mais celui devenu privilégié à Briana restait cette petite enceinte, toute petite cour, entourée d'allées couvertes qui permettaient de toujours se tenir à l'abri. Et si ce n'était du froid, il en était au moins de la pluie ou des grands bains de soleil selon ce que leur offrait, tour à tour, les saisons.

Progressant à couvert d'une des allées, la Môme évoluait, sautillant d'une jambe sur l'autre, slalomant entre les énormes colonnes qui se dressaient solidement en vue de soutenir un toit composé de plusieurs voutes. Et ses mains allaient caressant la pierre... Main droite, main gauche... Main droite... Et pas qui claquent sur le pavé et qui résonnent contre les murs.

Ce jour, le temps n’est pas au beau fixe. Point de soleil, juste de la grisaille venue couvrir le ciel, ce dernier semblant prêt à déverser toute sa peine sur leur monde. Mais elle s’en contrefout la Môme, elle profite, chantonnant un air familier, de sortir un peu après s’être adonnée à ses activités journalières nécessaire à l’éduquer.
L’enfermement n’est pas chose qu’elle apprécie. L’enfant à besoin d’air pour respirer, d’espace pour bouger…
De solitude pour penser…

Seulement, cette dernière, il semblerait qu’elle ne soit plus digne de pouvoir en jouir. Plus depuis le retour de sa Mère en tout cas. Et cette fois encore, il n’est pas le seul bruit de ses pas qu’elle puisse entendre. Suffit qu’elle se retourne pour découvrir qu’une fois encore on la suit. De loin, mais bel et bien. Deux pour elle seule. Y avait-il tant à craindre d’une si jeune fille ? De quoi avait-on peur pour qu’on en soit là ? Que lui prenne l’envie de fuir Beaumont ? Bien qu’elle y ait songé à maintes reprises, elle n’en avait livrée l’envie à personne. Pourquoi diable alors ? Que risquait-on à la laisser seule à déambuler dans une cour fermée ? Qu’elle ne tombe et ne s’écorche mains et genoux ? C’était bien le pire qui puisse lui arriver.

Continuant de tourner autour d’une des colonnes, son regard rivé sur les deux hommes qui ne la quittait pas des yeux, Briana s’arrêta soudainement, et de bouger et de chanter, ne faisant plus que les regarder. Puis choix fut fais de s’élancer vers eux. Si question n’avait pas été posée à sa Mère faute de la voir aussi souvent qu’elle le voudrait, elle allait aller mander l’information à ses deux « chaperons ».
Aussi passa-t-elle devant eux et tandis qu’ils s’apprêtaient à la faire demi-tour pour la suivre, elle se retourna subitement sur eux, le regard inquisiteur.



" Qu’est-ce que vous faites ? Pourquoi est-ce que vous me suivez à longueur de journée, quoi que je fasse et où que j’aille ? "


Une main avait trouvé place sur sa hanche, geste machinal effectué dans l’attendre d’obtenir réponse à ses questions, ce qui ne manqua pas d’arriver.


" Nous ne faisons que répondre à un ordre qu’on nous a donné mademoiselle "


Voilà qu’elle se doutait bien qu’on ne veillait pas sur elle, comme au grain sans qu’ils y aient été invité, voir même onéreusement payé. Elle était peut-être bien jeune encore la Mini de Courcy, mais bien loin d’être prise pour quelqu’un d'ignorante.


" Pourquoi maintenant ? Pourquoi pas avant ? Avant j’pouvais faire c’que j’voulais sans qu’on soit derrière moi ! Qui vous à demandé de me suivre ? Est-ce ma Mère qui me fait surveiller comme ça ? "


" Nous sommes navrés Mademoiselle, mais on nous a demandé de garder le silence. Comprenez donc que nous ne vous dirons rien "


" Sachez que je n’ai plus besoin de nourrice et qu’au pire des cas, j’aurai préféré voir Carenza plutôt que vous. Elle au moins ne me cachait rien ! "


Regard dédaigneux de la part d’une blondie furibonde qui ne supportait que peu de ne pas obtenir réponse à ses questionnements avant de fuir à toutes jambes, avec pour seule envie d’échapper à cette présence qu’on lui imposait.
Ses bottes foulant l’herbe, l’air lui fouettant le visage de toute l’humidité dont il était chargé, la Môme s’arrêta brusquement, stoppant sa course folle. Au dessus d’elle, un bruit lui fit relever la tête, ses yeux portés sur le ciel pour voir une masse sombre s’approcher, un peu plus vite, à chaque seconde, à chaque battement d’aile produit par celui-ci.
Et ce cri, celui de l’oiseau noir : Oiseau de malheur, ou de bonne augure ? Elle aurait réponse à sa question lorsque celui-ci aurait livré le message dont il était porteur.
Immobilisée, son attention figée sur l’oiseau, elle sourit. Parmi cent, elle le reconnaîtrait… Loki. Oui ! C’était bien lui. Ce grand corbeau à la robe noire possèdant des reflets iridescents bleutés et violets, au bec si fort et légèrement courbé. Et si ce n’était lui ? Quel autre oiseau du genre aurait su venir la trouver.

Approchant une main avec assurance, elle détacha avec soin le message qu’il avait d’accrocher à la patte posant regard sur cette écriture qui lui était si familière. Aussitôt elle chercha à trouver son nom sur le vélin, mais rien. Il était une missive pour sa Mère. Il la savait donc auprès d’elle ? Voilà qui lui laissait entendre que peut-être cette dernière entretenait de nouveau correspondance avec leur cousin.
Peut-être étaient-ils sur la voix de la réconciliation ? Elle aurait aimé que se soit le cas.
Sa respiration encore haletante d’avoir été stopper en pleine course et surprise de recevoir de ces nouvelles qui ne lui était pas adressées, elle regarda un instant le pli avec en son sein l’incroyable envie d’en découvrir le contenu, loin des yeux de sa véritable destinataire.



" Mad’moiselle voudra bien nous remettre ce pli, s’il vous plaît ! "


Mais alors que les doigts d’une main frêle s’apprêtait à vouloir jouer de curiosité, la voix des deux gardes qui s’approchaient lui rappelèrent alors son envie de fuir loin d’eux.


" Jamais ! Il est pour ma Mère et j’irai le lui porter moi-même et sur le champs ! Je sais où la trouver. "


Déjà Briana avait prit la sauvette direction les appartements qu’occupait sa mère.
Nombreux étaient les dédales qu’elle eut à emprunter pour la rejoindre, mais connaissant les lieux comme sa poche, elle eut vite à les parcourir, son poing s’abattant d’un unique coup contre la porte derrière laquelle devait logiquement se tenir sa mère. Un coup auquel elle n’attendit pas de recevoir réponse, pénétrant dans la chambre de cette dernière, bras levé, lettre en main et de s’écrier :



" Maman ! Maman ! Du courrier… Pour vous ! Elles sont des nouvelles d’Osfrid ! Ouvrez-vite je vous prie ! J’ai hâte de savoir ce qu’il vous écris… "
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      Parce que ma vie à moi est faites de rêves, j'ai décidé de faire de tous mes rêves une réalité.
      " Ne rêves pas ta vie, mais vis tes rêves "... avec une pensée pour Lui
Deedee
[Le Mans... L'attente, l'angoisse, l'angoisse, l'attente...]

Fatiguée, il n’y avait pas d’autre mot pour désigner ce que la Normande ressentait à ce moment-là. Fatiguée tout simplement. Fatiguée de paraitre, de faire semblant, fatiguée de se battre, fatiguée d’entendre tout ce qui se passait autour d’elle, simplement fatiguée de tout ce poids pesant sur ses épaules.
Elle avait pensé qu’en s’éloignant de la Normandie, en retrouvant sa fille et en restant ici quelque instant alors elle se sentirait mieux, alors elle pourrait se reposer, alors, elle pourrait se laisser aller mais… rien de tout cela. Absolument rien. Car même si elle affichait sur son visage ce sourire qu’elle savait si bien montrer, rien ne pouvait effacer le poids, ce poids, cette crainte qui pesait sur son cœur et ses épaules.
La famille avait été prévenue, mais que faire à présent. Elle avait en toute discrétion mander ses hommes de surveiller les moindres faits et gestes de sa fille, donner des ordres également pour ceux restant en Normandie de surveiller les alentour du monastère où séjournait Erwan, elle passait elle-même chaque nuit sa dague à la main au cas où, et voilà que maintenant la guerre grondait dans ce comté qu’elle pensait calme et paisible… Que faire à présent ?

C’était étrange cette sensation de se sentir seule, complètement seule malgré tout ce monde grouillant autour d’elle. Étrange de se sentir démuni et faible, elle qui s’était toujours montré jusque là forte et maitresse de n’importe quelle situation. Elle qui avait clamé haut et fort qu’elle n’avait pas besoin de sa famille pour affronter les tempêtes de sa vie. Elle aurait donné n’importe quoi… vraiment n’importe quoi aujourd’hui pour s’appuyer sur les bras forts de son cousin, se laisser envelopper par l’étreinte rassurante de sa cousine, oui... N’importe quoi juste pour poser quelque instant ce fardeau qu’elle avait bien du mal à porter.
Elle était simplement…. Exténuer.

Assise à la table de travail trônant dans cette chambre où elle résidait, Adeline lisait et relisait les quelques mots reçut de sa cousine quelques heures plus tôt. En temps normal, elle aurait surement pesté, hurlé, grogné même, reprit sa plume dans la seconde même pour lui dire sa façon de penser, mais là… Non là, pour quoi faire… Elle avait raison dans un sens, et elle ne pouvait pas l’empêcher d’aller défendre ce duché qu’elle avait aimé au point de le détester aujourd’hui. Mais tout de même… Elle lui demandait d’être prudente et plutôt que d’aller faire ce qu’il faut pour se mettre à l’abri elle prenait carrément les armes. Et à tous les coups son filleul la laisserait faire, bien entendu ! tsss… décidément ! Quelle famille !!! Et dire qu’on la traitait de « têtu »…
Souriant dans le vide, Adeline attrapa sa plume prête à répondre à cette cousine imprudente quand un coup résonna à sa porte suivi immédiatement de l’intrusion d’une petite tête blonde.

Craignant le pire, la jeune femme se leva avant de pousser un léger soupire de soulagement lorsqu’elle comprit les raisons des cris de sa fille.


-Oh ? Une lettre de notre cousin ? Voyons voir ce qu’il nous dit alors.

La Normande afficha un léger sourire, ne sachant pas si elle devait se réjouir complètement d’avoir reçu une réponse de sa part ou si elle devait au contraire, trembler et ne pas lire cette lettre. Mais le choix était tout fait devant l’excitation et la joie de sa fille quant à savoir ce que leur réservait leur cousin.
Prenant alors une profonde inspiration, Adeline décacheta le pli et commença sa lecture.


« A vous Adeline de Courcy, baronne de la Haye du puits,

Et voilà nous y sommes. Avec toutes vos mal… »


Sa voix se tut un instant avant même d’arriver à la fin de la première phrase. Elle regarda Briana et lui adressa un petit sourire avant de poursuivre, mais cette fois ci silencieusement.
Difficile de rester de marbre au fur et à mesure que s’ensuivait la lecture, elle se sentait pâlir de plus en plus, elle sentait le regard insistant de la mini de Courcy sur elle, son cœur battre, plus que de raison et c’est au prix d’un effort surhumain qu’elle parvint à finir sa lecture non sans parvenir à cacher les tremblements de sa main.
Les mots étaient cinglants, dur sans doute, même un peu trop, injuste aussi… Mais a quoi bon se défendre et batailler de nouveau, la normande n’en avait pas la force, ni même celle de contester d’ailleurs. Pour une fois, oui, pour une fois elle n’avait qu’une envie, obéir sans discuter.

Refermant soigneusement le pli, Adeline ferma les yeux un instant avant de les rouvrir et poser ses prunelles sur sa fille, accompagnée d’un tendre sourire.


-Briana… Nous partons. Osfrid nous demande de le rejoindre au plus vite.

Que dire de plus ? Rien. Elle se refusait à inquiéter davantage l’enfant qu’elle voyait encore en Briana. Ces histoires de menaces, de mort, ces mots si cinglant du Rasmussen ne devait pas avoir leur part dans la vie de sa fille. Pas maintenant, pas tout de suite, pas encore… Elle avait tort surement, mais elle voulait croire qu’elle pouvait encore un peu protéger l’innocence de cette enfant… Encore un peu.

-Je vais lui répondre de ce pas, mais peut être devrais-tu lui écrire également, je pense que tes nouvelles le rassureraient aussi qu’en dis tu ?

Et sans attendre la réponse de sa fille, Adeline lui tendit plume et parchemins, tandis qu’elle-même commençait à griffonner quelques mots.

Citation:


Mon cousin,

Je ne contesterais pas votre demande, ni vos paroles. Peut être cela vous surprendra mais qu’importe. Ce qui m’importe actuellement c’est mettre Briana à l’abri…

Nous prenons la route dans moins de deux jours. Le temps pour nous de rassembler ce qu’il faut et partir le plus discrètement possible. Nous voyagerons de nuit, autant que possible, et je vous avertirais de notre avancée au fur et à mesure.

Soyez prudent vous aussi, je vous pris… Je ne tiens pas à ce qu’il vous arrive quelque chose, non… Pas avant de vous avoir revu, et de vous avoir parlé…

A bientôt Osfrid… A bientôt...

Adeline.


Juste quelques mots, elle n’avait pas le courage d’en dire plus pour le moment. Il était temps de préparer les malles, avertir tout le monde et se préparer.

-Briana ? Tu as terminé ? Je vais aller prévenir Artheos et nous pourrons envoyer ce courrier.
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Briana.
    [ Le Mans - Domaine de Beaumont - Aile Est - Appartements Comtaux ]

" Allez ! Maman ! Dépêchez-vous ! Je veux savoir ce qu'il vous raconte !"


Elle était là, le palpitant lui cognant la poitrine, ses poumons se gorgeant à pleine vitesse d'un air dont elle avait manqué. C'était là le résultat d'une course folle au travers les dédales du château comtal, pressée qu'elle avait été de connaître les mots cachés d'un pli qu'elle s'était retenu d'ouvrir elle-même.
Les coudes plantés sur le bureau derrière lequel se trouvait sa mère, elle attendait, ses yeux rivés sur cette dernière, impatiente de la voir faire ce qu'elle n'avait osé. Dur alors, pour la Môme de ne pas pousser sa mère à faire plus vite, son corps se dandinant sur la chaise sur laquelle ses genoux s'étaient lourdement enfoncés.
Pas un des gestes de la Maternelle ne manquait d'être épiés, ses azurs allant des doigts ouvrant missive aux lèvres qui commencèrent enfin à s'entrouvrir prenant l'inspiration qui donnerait suite à la lecture.


Aux premiers mots que les esgourdes purent accueillir, la Mini de Courcy se laissa aller à un sourire, envieuse d'en connaître la suite, mais voilà que rien ne suivi, si ce n'est un silence trop pesant à son goût.
Ses mires grandement écarquillées se durcirent alors, lorsque la ligne de ses sourcils vint à se froncer. Pourquoi ne poursuivait-elle pas ? Y avait-il quelque chose à cacher ? Un souci particulier ?
Que se passait-il pour que sa mère juge bon se taire préférant faire lecture pour elle même du corps de cette lettre ?
Aussi la question fusa sans complexe de l'interrompre.



"Maman ? Pourquoi ne dites-vous plus rien ? Qu'est ce qu'il y a ? "


Elle sentait bien là l'envie qu'on avait de lui cacher les choses. Mais pourquoi ?


" C'est Osfrid ? Il lui est arrivé quelque chose ? Il vous fait annonce d'une chose que vous voulez me cacher ? "


Agacée Briana... face au silence de sa mère. Elle se voyait, là, devant elle, avec l'envie de lui arracher la missive des mains, mais les gestes n'étaient pas là de suivre ses pensées. Pas assez désinvolte encore, à moins qu'elle soit plus maligne que ça.
Elle n'avait pas manqué voir le pli être soigneusement replié, pour être abandonné sur le bureau, non loin de sa portée, tandis que sa mère lui confiait qu'elles auraient à aller rejoindre leur cousin. Ainsi donc, ils quitteraient Beaumont... Le Maine. Instant tant redouté même si le plaisir était là, intérieur, de retrouver enfin celui qui lui avait manqué depuis cette pénible séparation.
Une pensée pour Paul et pour sa Marraine s'était alors invité en son esprit. Comment leur dire que demain sûrement, elle ne serait plus là ?

Son attention relevée sur sa mère, l'esprit encore confus de l'annonce qui venait de lui être faite, elle posa machinalement ses doigts sur le parchemin qu'on lui tendait, enserrant d'une main la plume avec laquelle elle rédigerait. Mais certainement pas à l'adresse de son cousin comme le lui avait laisser entendre sa mère. Sans rien lui dire, la regardant s'attabler, elle répéta la même gestuelle que celle-ci, trempant la pointe de sa plume dans l'encre, s'appliquant à coucher quelques mots à l'attention de Paul.
Elle devait le prévenir, lui qui avait du s'absenter pour la journée et elle espérait que ce mot saurait le trouver afin qu'il puisse rejoindre au plus vite le Domaine et qu'elle puisse profiter encore un peu de lui avant de devoir partir.

Quelques minutes s'écoulèrent où elle eut tout le temps de relire ses quelques lignes tracées, non sans oublier de porter de temps à autres regard sur sa mère qui n'avait pas perdu de temps à une missive trop longue.
De la voir se lever, Briana s'activa à replier son courrier, s'assurant avant tout que l'encre ait bien eu le temps de sécher et quittant sa place, elle tendait déjà son pli.



" J'ai fini oui. Mais mes mots sont pour mon ami Paul. Que j'écrive à Osfrid serait inutile Maman. C'est chose que j'ai déjà faite ce matin. Deux missives qui lui parviendraient en si peu de temps, aurait tout à l'inquiéter, plutôt qu'à le rassurer. Et d'ailleurs pourquoi devrai-je le rassurer ? Est-il si inquiet ? Est ce pour cela que vous n'avez rien voulu me dire de la suite de sa lettre ? Allez-vous me dire ce qu'il se passe à la fin ou devrai-je faire avec tous vos secrets ? "


Sa dernière phrase s'était achevée alors qu'elle avait suivi sa mère de près, déambulant déjà dans les couloirs de l'aile du château, à la recherche d'Artheos. Quelques secondes, elle avait attendu que sa mère daigne lui répondre, mais visiblement trop pressée, perturbée sans doute, elle n'avait rien fait d'autre que de continuer à avancer.
Voilà alors que la jeune de Courcy, plutôt que d'insister, s'était tût à son tour, mais pour l'unique raison qu'une pensée venait de lui traverser l'esprit. La lettre. pas celle qu'elle avait remise à sa mère pour Paul. Pas celle que sa mère devrait envoyée à leur Cousin. Non ! Celle que ce dernier leur avait fait parvenir. Elle se souvenait subitement qu'elle était restée posée sur le bureau, là où sa mère l'avait abandonnée après lecture qu'elle avait jalousée.



" Maman ! "



Aussitôt, Briana stoppa sa progression, invitant sa mère à poursuivre tandis qu'elle devait faire demi-tour, justifiant ceci par une excuse qu'elle s'empressa de lui donner et qui n'éveillerait sans doute aucun soupçon.


" Je vous laisse ici ! Continuez ! J'ai oublié quelque chose... Ne vous mettez pas en retard pour moi ! J'aurai vite fait de venir vous rejoindre..."


Un sourire à sa mère et voilà qu'elle tournait déjà les talons, débutant une autre de ses courses effrénée, et ce jusqu'à ce qu'une nouvelle fois elle arrive non loin des bureaux qui jouxtaient les appartements réservés aux invités. Le dos droit, sa respiration retenue, essayant de la calmer, Briana avait ralenti le pas. Une fois encore, ils étaient là, à peine plus loin d'elle, les deux gardes qu'elle avait fuit un peu plus tôt. Croisant ces derniers, elle leur adressa son sourire le plus courtois, avec l'espoir qu'ils ne se retournent pas pour l'interpeller, ni même regarder jusqu'où elle compterait aller.
L'idée lui vint alors de continuer son chemin jusqu'au bout du corridor, tournant sur sa gauche, s'arrêtant là, dans l'attente d'entendre le bruits de leur pas s'éloigner. Passant la tête légèrement de côté, elle s'assura qu'ils n'étaient plus là, lui donnant libre choix de revenir sur ses pas. Ce qu'elle fit sans tarder, des fois qu'ils auraient pris la décision de revenir vers elle et main sur la poignée du bureau resté ouvert, s'empressa d'y pénétrer, courant jusque vers la table de travail, bras tendu, ses yeux ayant déjà repéré la fameuse lettre qui lui était resté secrète et qui ne tarda pas de lui dévoiler son contenu.

Elle l'avait reconnu, son écriture, devenue si familière. Mais ses mots... Ils n'avaient rien à voir avec ceux qu'il couchait pour elle dans leurs correspondances. Ces mots sonnaient durs, réprobateurs, porteur de toute la colère d'un homme.
Elle savait son cousin... Les relations tendue avec sa mère qui ne laissaient jamais place à accalmie. Mais n'avait jusque là, jamais vraiment su pourquoi, si ce n'était peut-être qu'il lui reprochait de n'être jamais assez présente pour son frère et elle, pour sa famille toute entière.
Mais cette histoire d'homme détournés du droit chemin ? Sa mère était-elle alliée du Sans-Nom ? Ces jalousies ? Qu'es ce qu'ils leur en coûterait. A trop vouloir en savoir, à trop vouloir comprendre, la Môme commençait à prendre peur. Les mots n'étaient plus lus qu'entre les lignes, l'esprit sélectionnant seulement les plus évocateurs : " traquer comme du gibier", "nous faire détester de tout un Royaume", "ennemis étrangers"...

N'y auraient-ils plus lieux pour eux où ils pourraient se sentir à l'abri ?
Et ce Sud qui vint soudainement se cogner à ses yeux ? Serait-il bon endroit pour les préserver ? "Pas le choix", avaient-il dit. Son sort semblait en être jeté. Se serait le Sud avec ou sans Elle, mais pas sans Lui, qui bien déterminé, escomptait bien venir la chercher pour l'y emmener.

Les mains agitées, elle avait replié vulgairement la missive pour s'en débarrasser, celle-ci chutant à même le sol sans qu'elle ne s'en aperçoive. Briana avait déjà tourné le dos au bureau pour en sortir, jusqu'à courir dans ses appartements. Faire ses bagages, c'est ce qu'elle devait faire et vite, avait-il dit. Des spasmes au coeur, sa respiration se faisait haletante, en même temps qu'elle bondissait sur ses affaires. Rapidement tout fut prêt à être transporté. Sa mère et Artheos rejoint. Tomrone ne tarderait plus et à son arrivée, chemin serait empreint.





    [ Quelques jours plus tard - Après le départ - Loches en Touraine ]


Combien ?
Quatre ? Cinq ? Plus, ou moins ?
Elle ne savait plus très bien depuis quand ils étaient partis, ni même depuis quand ils avaient du faire halte dans cette cité. Le temps lui semblait si long à supporter. Il n'y avait rien à y faire. Loches semblait être peuplé, mais d'âmes invisibles. Les gens ne sortaient pas ou peu et lorsque c'était le cas, s'était surement pour aller vaquer aux tâches quotidiennes qui leurs incombaient plus que pour aller se distraire. Suffisait à la de Courcy de voir leur mine tirée, nez pointé vers le bas, avançant sans prendre le temps de voir ce qui se passait autour d'eux.
Il fallait dire que comme eux, Briana avait appris à ne pas trop se mêler à la vie extérieure. Tout était devenu source de danger et la seule idée de devoir se trouver seule dans un endroit qu'elle ne connaissait pas, la rendait vulnérable.
D'ailleurs était-ce par la faute de la situation qu'elle souffrait aujourd'hui, considérablement affaibli par d'importants maux qui venaient lui torturer les entrailles ? La peur faisait mal parfois... Au même endroit.
A moins que se ne soit la fatigue dû au voyage en train de s'accumuler, faute de pouvoir profiter d'un bon sommeil réparateur, de ses angoisses nées qui l'empêchait alors de correctement s'alimenter ?
Oui ! Elle avait peur, la Môme, comme jamais. D'un tout...D'un rien, allant même jusqu'à croire qu'elle pourrait mourir d'un instant à l'autre.

Deuxième ? Troisième jours sur Loches ? Et voilà que la monotonie était rompu alors qu'au hasard d'une rue, elle vit Loki venir la trouver. L'oiseau elle le saiavit avait fort voyagé. Parti depuis peu, le voilà qu'il était déjà revenu vers eux. Serait-ce encore une lettre pour sa mère dont il serait porteur ? Elle obtint rapidement la réponse soulageant le Corbeau du poids de son message. Puis un sourire, soulagée que celui-ci lui soit adressé, à elle. Rien qu'à elle, apportant au coeur de l'enfant quelques minutes d'un appréciable apaisement. Loki gardé contre elle, elle se chargerait de le renvoyer à son propriétaire en même temps qu'une réponse dont elle le ferait porteur et sans attendre, l'auberge occupée fut rejointe, les marches de escalier montées de deux en deux, avant qu'elle ne s'engouffre dans cette chambre qu'elle louait en compagnie de sa Mère. Une Mère qui reposait encore sur la couche, elle aussi éreinté par le début d'un voyage de plusieurs jours.

Porte refermée, sa clef rendue à sa poche, elle posa Loki lui faisant signe de ne pas bouger. L'Oiseau pouvait se montrer docile, mais pouvait tout aussi bien retourner la pièce entière à coup de vigoureux battements d'ailes. Ce fut donc l'index collé sur ses lèvres et sourcils légèrement froncés qu'elle abandonna à son bec quelques maïs sec et autres fruits secs qu'il lui restait de la dernière visite qu'il leur avait faite.

" Voilà ! Sois gentil ! Pas de bruit, pour ne pas réveiller Maman qui dort. Moi je vais répondre à Osfrid et tu lui porteras mon pli comme ça..."

S'empressant de trouver place à table, à sa besace abandonnée, elle soutira son stylet ainsi qu'un parchemin.


Citation:



Osfrid,

A vos mots de m'apaiser et de me réjouir. Si vous saviez comme je vais compter ces jours qui nous séparent. J'ai l'impression qu'il fait une éternité que nous ne nous sommes vus. Le Danemark, Ribe... On dirait que cela remonte à tellement loin.
Sachez que j'y pense moi aussi, si souvent, pour garder ces instants indéfiniment gravés, par crainte que ma mémoire ne s'altère ou pire, ne se décide à les effacer.
Je me plait tant à les revivre en souvenir, encore et encore, juste parce qu'il me donne l'impression de vous retrouver un peu.

Quel plaisir alors de voir que ce que je rêve va enfin se produire. Vous revoir et ce même si vous êtes accompagné d'une de vos cousines. J'espère qu'elle sera aussi gentille que Thyra. Et peut-être m'aidera t-elle à me sentir bien, de par sa compagnie, dans cette partie du Royaume que je ne connais pas et qui je vous l'avoue ne m'inspire pas. Je l'ai trop haïs de vous avoir accueilli, me privant de vous. Je sais que vous n'avez visiblement pas eu d'autres choix que celui-là. Que tous ce que vous entreprenez, vous le faites non sans avoir une pensée pour moi. Mais j'aurai tellement voulu ne pas vous voir si loin.

Vous m'avez manqué, terriblement. Et vous me manquerez plus encore ces derniers jours, alors que je vous sais faisant route vers nous. C'est la toute mon impatience de vous retrouver. De pouvoir nous sentir en toute sécurité, vos yeux posés sur nous. De pouvoir vous raconter ces longs mois de vie sans vous.
Préparez bien vos esgourdes surtout ! Je crains qu'elle n'aient à supporter de m'entendre parler sans fin. *sourit*

J'aurai encore tant de choses à vous raconter au travers ce courrier, mais je m'en garde bien, juste parce que l'envie est là de pouvoir tout vous raconter de vive voix.
Bientôt Osfrid ! Bientôt ! Enfin...

Je vous laisse là, avec mes mots, car il semblerait que Loki soit pressé de vous retrouver lui aussi.

Mille baisers pour vous,

Votre petite Fleur de Ribe qui pense à vous.



Vélin scellé à sa façon, soigneusement glissé dans un étui rattaché à la patte du volatile, elle posa un baiser sur le crâne de ce dernier, son bec tenu fermement entre son pouce et son index avant de vite aller le relâcher par la fenêtre de leur chambrée et de le regarder s'éloigner...
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      Parce que ma vie à moi est faites de rêves, j'ai décidé de faire de tous mes rêves une réalité.
      " Ne rêves pas ta vie, mais vis tes rêves "... avec une pensée pour Lui
Deedee
[Loches, pas loin d’un nouveau départ]

Ahhh qu’il pouvait être doux et agréable de profiter quelque instant de la douceur d’un lit et la chaleur d’une chambre. Après ces quelques jours passés sur les routes, Adeline avait savouré sans discuter de quelque jour de repos dans cette auberge, en attendant l’arrivée de celui qui les accompagnerait sur les routes froides et dangereuses du Royaume. Elle avait eu du mal à le décider, sans doute la peur d’être de nouveau blessé, l’un comme l’autre, comme deux animaux blessé ils se méfiaient préférant se protéger comme ils pouvaient, mais voilà… elle lui avait toujours dit, à deux, on est plus fort, on reste plus fort et à cette heure elle attendait sa venu pour continuer la route ensemble, la route du renouveau.
La route… enfin pour l’heure, disons plutôt un peu de repos bien mérité dans cette chambre, au chaud !

Enfin... Au chaud ? C’était vite dit, quand un léger courant d’air froid lui chatouilla le visage la faisant frissonner. Adeline ouvrit instinctivement les yeux et découvrit sa fille, à la fenêtre, contemplant l’extérieur… Un léger sourire se dessina sur son visage et la jeune femme observa quelque instant cette enfant qui n’en était bientôt plus une. Était-ce le voyage ? Mais il lui semblait que Briana grandissait de jour en jour. Les petites jambes qui gambadaient autrefois pour tenter de suivre son frère à travers le château familial s’était étirée, la silhouette enfantine s’élançait également, et même la robe qu’elle portait lui semblait soudainement… trop petite. Briana était arrivée à cet âge plus tout à fait une enfant, mais pas encore une femme et Adeline ne put s’empêcher de grimacer légèrement avant de se relever sur sa couche.


-Briana ? Tu es déjà levée ? Tu n’es pas trop fatiguée ?

La Normande afficha un petit sourire, enviant soudainement la fraicheur de sa fille. Puis se levant, elle se passa un peu d’eau fraiche sur le visage espérant que cette eau purificatrice puisse effacer les stigmates de la fatigue.

- Dis-moi Briana ? Que dirais-tu d’aller faire un tour dans la ville, histoire de te trouver une nouvelle robe pour l’hiver ? Et puis nous pourrions songer à trouver un cadeau… pour Osfrid. Qu’en dis-tu ?

Quoi de plus normal entre mère et fille de faire quelque achat ensemble ? Juste l’espace d’un instant, de quelque heure, d’une journée, se sentir « normal » comme si rien n’avait jamais existé. Profiter de l’instant, se remplir les yeux, la tête de tous ces moments tant attendu entre une mère et sa fille et qu’elle avait si souvent, trop souvent, négligés. Vivre.. Simplement, comme une famille des plus normal…Normal oui… mais avec toujours un œil aux aguets, la main jamais bien loin du pommeau de l’épée.

Ainsi s’évada Loches, après quelque achat, un nouveau compagnon de route et un nouveau départ sur les routes froides et humides de la campagne Francaise.



[Une ville, deux villes, trois villes, ainsi défile les lieues et les routes]

Châteauroux, Guéret, Bourganeuf, les villes défilent toute semblable les unes aux autres. Les chevaux martèlent le sol de leur sabot, les roues du chariot tournent et tourne se jouant des bosses et cailloux et les voyageurs, silencieux, avalent la poussière bravant le froid de cet hiver qui tombe sur la campagne Limousine.

Cela aurait sans doute pu faire le début d’une très belle complainte d’un troubadour, si cela n’avait pas été le quotidien du petit groupe voyageant sur les chemins. La fatigue était là, l’agacement aussi, les paysages se ressemblaient trop pour couper l’ennui et la fatigue qui grandissait aux fils des heures et des jours.

Chaque arrêt était synonyme de quelques heures de repos, au chaud, bien au chaud pour tenter de faire disparaitre ce froid de la nuit qui s’était engouffré sur chaque parcelle de leur corps malgré les couvertures et les mantels. Chaque arrêt devait permettre de retrouver un petit bout d’une vie normal, une chambre chaude, un repas chaud et de savourer la douceur d’un lit durant quelques heures pour effacer les traces de ce voyage éreintant.
Mais quoi qu’il puisse être fait, chaque arrêt marquait également la lassitude de chacun des voyageurs. Entre les « C’est quand qu’on arrive » de Briana, et les sautes d’humeur des uns et des autres, il devenait de plus en plus difficile de rester impassible. Même Artheos en devenait silencieux… trop silencieux.

Encore 4 jours…
3 jours…

Le temps défilait, les villes et village avec et plus ils se rapprochaient de leur point de rencontre, plus le cœur d’Adeline se mettait à battre plus vite. Bientôt elle le reverrait… Bientôt elle devrait affronter son regard inquisiteur, ces reproches, tout ce qu’elle ne voulait pas entendre. Bientôt…

2 jours encore… Bourganeuf un autre arrêt, une autre chambre d’une auberge et une missive. Le monastère où séjournait son fils depuis quelque mois. Ainsi il était prêt à sortir, maintenant qu’elle était loin, maintenant qu’elle ne pouvait plus être là pour le protéger. Ce n’était plus un enfant, à 12 ans, c’était là presqu’un homme, presqu’un adulte… il avait déjà connu l’armée, quelque combat et puis… Il n’était pas seul là-bas, son père était là aussi, et sa cousine aussi.


Citation:


Bourganeuf, en ce mois de décembre 1460,

A toi, mon fils,
Erwan,

Je viens d’apprendre par les frères que tu es prêt à sortir du monastère. J’espère que tu te sens bien mieux et surtout bien fort pour affronter ce qui va suivre ?
Carenza est resté sur Dieppe en t’attendant, elle sera là pour t’attendre à la sortie du monastère. J’aurais aimé y être moi-même et te retrouver ainsi, tu as surement du beaucoup grandir, je suis même certaine que tu n’es pas loin de me dépasser là. Mais j’espère constater cela par moi-même bien vite.

Carenza te le dira surement, mais j’ai dû me rendre dans le Maine pour rejoindre ta sœur et nous avons pris la route pour le Sud dès que la guerre a éclaté. Les choses seraient tellement complexes à t’expliquer, mais je veux que tu saches Erwan, qu’un danger rôde. J’espère que tu n’auras jamais à mettre en pratique ces quelques leçons d’arme que ton père a pu t’apprendre, mais je t’en pris mon ange, reste prudent. J’ai donné des ordres à Carenza pour que vous nous rejoigniez au plus vite, accompagner de Roderic et de quelque garde du château. Mais d’ici là, Erwan de Courcy ne commet pas d’imprudence !

Nous nous retrouverons bien vite, je te le promets !

Ta maman, qui pense à toi.
Adeline

PS : Toi qui a dû étudier le latin au monastère, rappelle toi maintenant cette devise : « Fide sed cui vide».


Missive scellée, et enroulée, une autre suivie juste après plus courte pour la gouvernante en question. Un dernier coup de scel, un messager serait vite trouvé en ville avec une bonne poignée d’écu elle pourrait acheter son silence et garantir l’acheminement de cette missive.
Et puis…. Direction Limoge…


[Limoge, la veille du jour J, surtout… ne pas y penser !]

1 jours… 1 jours restant avant de retrouver le cousin, l’homme de cette famille, celui que sa fille chérissait et adulait quand elle-même craignait plus que tout ces retrouvailles.
1 jours encore à tourner et retourner dans son esprit toutes ces phrases toutes prêtes qu’elle pourrait lui sortir pour s’excuser et expliquer cette situation.
1 jour encore… Encore où déjà ?

De repos ce jour il n’en fut point question, Briana ne tenait plus en place, trop exciter à l’idée de revoir son grand cousin. Même les chevaux semblait piaffer d’impatience, et pourtant… Pourtant Adeline affichait une toute autre envie.
Si elle avait trouvé, comme chaque matin, le panier garni des petits pains frais que Tom lui déposait, elle avait bien eu du mal à en avaler une bouchée. Trop préoccuper et occuper à ressasser cette rencontre, cette dernière lettre et imaginer le pire. Toujours le pire ! Alors dans ces conditions là… Comment trouver le sommeil et le repos.

Elle avait tenté pourtant, se tournant et se retournant sur son lit avant de finalement se lever et passer le reste de sa journée à s’occuper les mains dans l’espoir d’oublier sa future rencontre avec LUI.
Et puis… comme toutes les journées, comme tout ces jours qui passent depuis que la terre est terre et que l’astre solaire poursuit inlassablement sa course dans le ciel, le crépuscule s’étendait peu à peu sur la ville et sur la campagne sonnant ainsi, l’heure du départ, l’heure de prendre la route, cette fameuse route qui demain… les mènerait à Tulles.
Demain…

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Osfrid
    [Sur les Terres d'ici -- Entre Toulouse et Tulle]


    Non il n’avait pas succombé au regard implorant de sa cousine, non il n’avait pas été pris au piège de son ton suppliant dont la jeune demoiselle avait usé. Osfrid avait simplement fait contre mauvaise fortune bon cœur. Il n’avait pas le temps de ramener Birgit à Montpellier puis de rebrousser chemin pour prendre la route du Maine. Le temps pressait, la mort rôdait et les hommes de mains pouvaient être au rendez-vous sur chaque chemin. Et à chaque fois qu’il y pensait, à chaque fois il maudissait un peu plus la de Courcy qui les avait foutu dans ce pétrin.

    Il aurait été curieux de savoir ce qui les avait amenés à craindre pour leur vie, ce que la chère cousine avait bien pu foutre pour qu’on menace ainsi la famille. Et cette question revenait sans cesse dans l’esprit du danois alors que route faisant, il essayait de créer un lien avec la jeune Birgit mais n’étant pas très à son aise, ni même très causant car sur le qui-vive constamment, il espérait ne pas à avoir à se frotter à quelques brigands qui retarderaient son voyage, tous deux passaient de longs moments silencieux. Et puis l’adolescente à ses côtés n’étaient pas des plus démonstratives non plus. Elle restait souvent à l’écart afin, sans doute, de penser aux siens disparus depuis peu. Il était bien placé pour la comprendre même s’il aurait voulu la sortir de son isolement mais en voyage, aucune idée ne lui venait afin d’atténuer la douleur de la jeune fille.
    Lui apprendre le maniement des armes aurait pu être une bonne solution mais Birgit n’était pas de celles qui savaient ne serait-ce que tenir une épée… et même si elle le savait, Osfrid ne lui aurait, en aucun cas, donner une lame afin qu’elle joue au parfait petit chirurgien. Il avait encore en mémoire leur rencontre à l’auberge toulousaine où il avait dû donner quelques écus supplémentaires pour les dégâts occasionnés par sa cousine. Oh bien entendu, il n’avait rien dit à la jeune fille de peur de vexer son égo et puis, il commençait à bien l’aimer cette brunette. Elle lui rappelait son pays, sa famille, son enfance, tous ces instants qu’il chérissait plus que tout. Alors si ce voyage pouvait lui permettre de mieux la connaître, ce n’était peut-être pas si mal même s’il aurait préféré le faire en d’autres circonstances… Mais on ne contrôle pas tout dans la vie…

    Et les jours s’étaient enchaînés, les villages avaient poussé devant ses yeux et une chose était certaine, tout n’était que désertion. Pas un chat à l’horizon, pas une âme qui vive prenant le temps de venir en taverne à la rencontre des étrangers qu’ils étaient. Et le manque de ses terres, la douleur de cette famille qui n’était plus vraiment la sienne mais pour laquelle il sacrifiait tant, la peur au ventre que quelqu’un s’en prenne à sa petite fleur de Ribe, tout ceci rendait de mauvais poil le danois. La fin du voyage s’annonçait lugubre et Birgit se faisait toute petite depuis quelques jours. Alors Osfrid prenait son mal en patience jusqu’à arriver à Tulle. Il avait reçu une missive de Briana qui avait un peu apaisée la tempête qui se jouait en lui. Bien que l’écriture familière lui paraisse plus brève que d’ordinaire, il avait fait abstraction de ses dernières émotions concernant ce voyage pour imaginer dans quel état pouvait être l’enfant. Sa mère l’avait arraché à un doux foyer où il faisait bon vivre afin de la suivre dans le sud pour l’y rejoindre mais savait-elle au moins pourquoi ? Pourquoi elle venait dans ce sud qui lui paraitrait certainement hostile, pourquoi revenir auprès de celui que les de Courcy avait traité en paria depuis son arrivée sur les terres françaises, pourquoi maintenant leur vie dépendait de ce que lui ferait ?

    Commençant à connaitre sa cousine, il pouvait parier sur la réponse. Elle aurait été un beau « non » grandeur nature qui clignotait en plus. Adeline se cachait toujours derrière ses sacro-saintes explications à deux écus qui finalement finissaient toujours par lui exploser à la figure. Lui qui n’avait jamais omis de dire quoi que ce soit à la mini de Courcy se demandait comment il allait lui expliquer tout ça le cas échéant…

    Et Tulle avait ouvert ses portes sans même qu’il s’en rende compte. L’esprit qui était torturé n’en pouvait plus de cette attente, de ce besoin de la voir, de la savoir en sureté. La mini de Courcy était son étoile, celle qui l’empêchant de dormir comme à l’accoutumé et le corps faiblissait. Il ressentait le froid qui venait. Ce froid qu’il réclamait pourtant comme une évidence, à corps et à cri, et qui lui offrait un peu de son lointain « chez lui » n’avait pourtant pas l’effet escompté et le côté taciturne d’Osfrid s’offrit alors à la vue de tous.

    Il avait alors pris une chambre dans l’auberge municipale patientant comme il le pouvait. Et ainsi tapi dans l’ombre de l’éternelle attente, Osfrid aiguisait ses crocs, ceux-là même qui avaient déjà mordu à plusieurs reprises les chairs de sa cousine, la terrassant à plusieurs reprises, lui balançant ce que personne n’avait encore osé lui dire. Pas une raison n’était valable à ses yeux, pas une excuse ne saurait apaiser la tempête qui montait en lui. A trop vouloir jouer, Adeline avait perdu et il était celui qui lui enfoncerait cette vérité bien au fond de son crâne !
    .


_________________
Erwan.
[Dieppe Domaine Royal de Normandie]

Malade…

J’ai été malade.

Et pas encore très en forme. Il me semble avoir entendu discuter autour de moi. Beaucoup d’inquiétude pour ma santé. J’ai cru reconnaitre la voix de Carenza. Chuchotis. Inquiétude encore.

Chuchotis toujours. Manou aurait été menacée. Et toute notre famille. Briana… Mais j’en étais pas vraiment sûr.

J’ai posé la question au frère médicastre mais il m’a dit que j’avais dû rêver à cause de la fièvre. C’est vrai qu’il m’a semblé voir et entendre beaucoup de trucs très bizarres. Et effrayants aussi. Des bestioles pleines de pattes qui grimpaient le long des murs, des fantômes qui flottaient au-dessus de mon lit… C’est vrai que mes souvenirs sont flous.

Les frères, c’est pas censé mentir (ceux en religion hein, pas les grands frères à leur petite sœur. Eux ça dépend des circonstances, faut s’adapter). Enfin je croyais. Une histoire aristotélicienne ou un truc comme ça. Tu parles.

Quand je me suis senti mieux, on m’a donné un courrier de Manou. Il y a vraiment une menace. Je me suis habillé en quatrième vitesse parce que je voulais partir tout de suite. Pas question de laisser Manou et ma sœur affronter ça toutes seules.

Mais je me suis fait attraper par le père supérieur qui m’a ramené dans ma cellule en disant que j’étais pas complètement guéri. Mais si je suis guéri. Je le sais quand même mieux que lui m’enfin. Même Manou elle l’a dit dans sa lettre. Si c’est pas une preuve ça. Elle s’y connait en maladie Manou.

Mais là je suis en prison. Pas pour rien qu’on appelle ça une cellule. Monastique d’accord mais cellule quand même. J’ai tourné en rond toute la journée, en espérant voir arriver Carenza pour la levée d’écrou. Mais elle est pas venue.

Je me suis couché super énervé. J’ai relu encore et encore la lettre de Manou. Bourganeuf… c’est où ça Bourganeuf ? Fallait que je trouve. J’avais l’impression d’entendre Carenza : "Voilà messire Erwan à quoi servent les leçons que vous devriez avoir apprises depuis le temps. Je suis sûre que votre sœur aurait su elle. " Allez savoir pourquoi mais j’en étais sûr aussi. Mais bon j’ai pas encore les idées très claires, ça explique tout. Et puis maintenant, je sais bien que je ne l’oublierais plus.

Entre vigiles et laudes (eh oui le temps que je passe au monastère commence sérieusement à déteindre sur moi) en pleine nuit quoi, si vous préférez, je me suis levé pour aller à la bibliothèque. Histoire de voir si je ne trouvais pas une carte quelque part. Parce que j’allais en avoir besoin. Eh ben j’vous l’dit, fouiller dans les affaires des moines avec une bougie, dans un endroit où tout peut prendre feu en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, c’est pas de la tarte. Mais au moins dans le scriptorium, il faisait chaud. Pas comme dans les cellules.

Et j’ai fini par en trouver une de carte. Je l’ai soigneusement enroulée et je l’ai mis dans ma besace.

Puisque Carenza venait pas, eh ben j’allais pas l’attendre. Il y avait urgence là.

Ensuite j’ai pris la direction d’une petite porte que je connaissais sur le côté du cloître et qui permettait de sortir discrètement. Le monastère était complètement silencieux, comme s’il était inhabité. Je n’entendais que ma respiration légèrement haletante et qui résonnait à mes oreilles.
Dès la porte franchie, je me suis enfoncé dans la nuit en direction du domaine familial. Il fallait que j’aille chercher mes affaires avant de prendre la route. Mon épée. De la nourriture. Et un cheval surtout. Je ne pouvais pas me lancer dans un périple pareil sans un cheval.

Là aussi tout n’était que silence. Après quelques instants d’hésitation, je décidais de laisser un petit mot à Carenza pour qu’elle prévienne Panou de mon départ. Pas pour qu’elle s’inquiète pas, parce qu’évidemment elle allait s’inquiéter. Mais vu qu’il parait qu’il y a la guerre, je voulais pas qu’elle m’accompagne. C’était trop dangereux. Et pis tout seul, j’étais sûr que je m’en sortirais mieux. Manou avait bien dit « Pas d’imprudence Erwan de Courcy ».

Alors j’allais être très très prudent et très très discret.

Une fois que tout fut prêt, besace bien pleine (et estomac aussi tant qu’à faire), bien emmitouflé dans plusieurs couches de vêtement et dans une pélerine à capuche bien chaude, je me dirigeais vers les écuries. Je me souvins d’une bataille de boules de neige épique, un certain hiver avec Manou et Briana. Pourvu qu’elles aillent bien.

Un rat traversa brusquement, rapide et silencieux, des écuries à la grange. Je sellais un cheval que je savais être calme et endurant. Un animal nocturne se mit à chuinter dans les combles me faisant sursauter. Mais le garçon d’écurie dormait toujours profondément.

Je sortis de l’écurie entrainant l’animal sellé par la bride.

Arrivé en haut de la colline je me retournais une dernière fois pour regarder le domaine endormi. Il fallait que je m’éloigne le plus possible cette nuit sinon Panou risquait bien de me rattraper. La nuit était claire et dégagé, fournie avec étoiles et croissant de lune pour éclairer mon chemin. Je fis volter ma monture et me dirigeait vers l’Alençon.
Deedee
[Tulles, quand l’heure de la rencontre à sonner]

Une nuit sur les routes, une de plus, rythmée par le seul pas des chevaux, le bruit des roues sur la poussière et la boue et le silence des voyageurs. Se faire discret pour ne pas éveiller de soupçons. Éviter de parler pour ne pas se faire remarquer. Et avancer, simplement avancer, tel était devenu le quotidien de leur longue nuit de voyages dans cette campagne française.
Il était loin le temps de la Normandie, loin aussi la douceur d’automne sous les pommiers, l’hiver s’était doucement installer et la neige n’allait pas tarder à tomber rendant le voyage encore plus difficile. Oh, non, elle ne regrettait pas sa Normandie la de Courcy, n’imaginait pas cela surtout, elle regrettait simplement la douceur d’une chambre, la chaleur d’un bon feu, et le moelleux d’un bon lit, rien de mal à cela quand on vient de passer tant de jours sur les routes et que l’on commence sérieusement a avoir les membres engourdis par le froid.
Marre, y’en avait simplement marre et Adeline ne put empêcher un large bâillement lorsque les premières lueurs de l’aube pointèrent leur nez au dessus des portes de la ville de Tulle.

Tulle ! Enfin ! Le point de rencontre, le rendez vous tant attendu, ou presque, le point de départ d’une autre vie et…. Le chariot s’arrêta devant une auberge, Adeline leva la tête essayant de sourire. Surtout paraitre heureuse, et ne pas songer à la rencontre qui aurait lieu dans quelque heure… Gasp !


-Laissons reposer les chevaux, nous repartirons des ce soir. En attendant… Je pense qu’une soupe chaude et une chambre chaude seront les bienvenus pour la journée.

Et adressant un regard maternel a sa fille, Adeline lui tendit la main pour la serrer contre elle et la réchauffé, avant de pénétrer dans l’auberge.


[Midi, l’heure de vérité ?]

Elle avait essayé de se reposer la de Courcy, d’oublier le moment fatidique où elle devrait se lever et aller trouver son cousin pour lui expliquer. Elle avait essayé de repousser cet instant, cherchant et recherchant le sommeil sous ses paupières closes. Mais rien, absolument rien n’y avait fait, elle n’avait fait que se tourner et se retourner jusqu'à ce qu’enfin, le clocher de la ville sonna le milieu de la journée.
Enfin ? C’était vite dit quand même…
Enfin ? Non, elle n’avait aucune envie de se lever…
Enfin ? Était-elle vraiment obligée d’aller le retrouver ?
Enfin ?

S’asseyant sur le rebord de son lit, Adeline ne put s’empêcher de soupirer en grimaçant. Non, elle n’avait aucune, mais alors aucune envie d’y aller. Pas maintenant… Pas tout de suite… pas…
Un léger regard sur sa fille endormie, la mère caressa doucement les cheveux de la fillette replaçant une mèche avant de lui déposer une bise sur le front comme elle le faisait lorsqu’elle était toute petite et dormait dans ses bras. Un temps… si loin… Et si proche à la fois…

Léger sourire au coin des lèvres, sans un bruit, Adeline se leva et se prépara, soigneusement, mais simplement. Pa question de s’afficher, ni d’afficher quoi que ce soit qui trahirait son rang, elle voulait juste…. Juste être Adeline, ne rien avoir a donner comme prétexte une énième dispute avec son cousin, surtout après tout ce temps.
Se regardant une dernière fois dans le petit miroir planté au dessus du baquet d’eau, la Normande redressa la tête, avant de quitter la pièce pour descendre dans la salle.
L’heure de vérité avait sonné…
Serait-il là ?

_________________
Erwan.
Le voyage promettait d’être long. D’autant que l’hiver était bien là. Et les jours plutôt courts.

Lors de notre dernier voyage, Carenza m’avait chargé de m’occuper des demandes de laissez passer auprès des prévôts des duchés et comtés que nous avions traversé.
« Vous êtes assez grand maintenant messire Erwan, pour vous en charger vous-même. » Et je n’avais pas oublié. Heureusement. Avec toutes les armées qui trainaient autour de l’Anjou.

J’avais traversé la Normandie puis l’Alençon sans problème. Le prévôt d’Alençon m’a chargé de présenter ses hommages à Manou.

Après je m’étais arrêté au Mans en espérant y voir Karyaan. Mais elle devait être trop occupée par son travail de comtesse. Par contre, j’ai rencontré une dame très gentille qui s’appelle Wendoline. Elle aussi , elle connaissait Manou. (Des fois j’ai l’impression que Manou, elle est plus connue que le roi lui-même. D’ailleurs moi, le roi, je le connais même pas.) Wendy m’a donné de la viande pour mon voyage et aussi un morceau de parchemin très mystérieux. Je vais le garder précieusement, on ne sait jamais. Je suis parti sans lui dire au revoir. Faut dire que je pars toujours même avant que le jour se lève pour aller le plus loin possible chaque jour. Mais j’ai un peu honte quand même.

Après je suis quand même entré en Anjou. Il y avait plein d’armées là aussi. Je me suis arrêté à Saumur pour dire bonjour à Lulu et Abraxes. Lulu était aussi inquiète que Wendy, de savoir que je voyageais tout seul. Je lui ai expliqué que j’étais pas très grand et que j’arrivais à passer inaperçu. Mais ça a pas eu l’air de la rassurer. Elle m’a dit que surtout il fallait que je me dépêche de quitter l’Anjou avant que la guerre commence. J’ai pas très bien compris pourquoi il devait y avoir la guerre mais apparemment leur chef qui s’appelle l’archifou (drôle de nom quand même) agit pas toujours de façon très censée (mais bon avec un nom pareil aussi, faut pas s’étonner).

J’ai continué mon voyage jusqu’à Bourganeuf. Sauf que à Bourganeuf, elles y étaient pas, Manou et ma soeur. J’ai cherché dans toutes les auberges. Mais il y avait un aubergiste qui m’a dit qu’elle étaient parties voir un cousin qu’avait un nom pas françois. C’est là que j’ai compris qu’elles allaient à Montpellier. Pfff. Moi qui croyais être arrivé. J’ai regardé ma carte. Tout ça encore !!! Et je suis reparti.
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