Birgit_
[Le 1er Octobre 1460]
Tante Sigrùn m'avait gentiment accueilli à la mort de Papa et Maman. Je n'avais pas d'autre famille et il n'était pas convenable pour moi de rester seule au domaine où j'avais grandi. Pas convenable du tout même, et de toute façon, j'aurais eu bien trop peur.
Alors j'avais été vivre chez elle. Je passais mon temps assise devant une fenêtre, silencieuse et désoeuvrée, pleurant silencieusement. J'avais perdu mes parents, et je ne savais pas comment je pouvais continuer à vivre sans eux. Même mes chers livres ne m'intéressaient plus. De soupirs en pleurs, je mangeais à peine.
Alors ma Tante avait eu une idée. Bonne ? Mauvaise ? Je n'aurais su le dire sur le coup. Mais j'avais accepter. Parce qu'après tout, avais-je le choix ? Je devais à présent obéissance à ma Tante. Je devais partir en France, rejoindre mon cousin Osfrid. Dieu, cela faisait un moment que je ne l'avais vu ! Je l'avais toujours bien aimé, mais j'avais tendance à aimer tout le monde... Et en définitive, j'étais plutôt heureuse de cette décision. J'allais voyager ! Voir ce que j'avais contemplé seulement en peinture. C'était la chance de ma vie ! Alors de nouveau, j'avais fait mes paquets - ou plutôt on avait fait mes paquets - et je m'étais mise en route. Direction le Sud de la France. Il paraissait que mon cousin y était.
[Le 18 Novembre 1460]
J'avais passé mon anniversaire toute seule. Juste en compagnie du cocher et de la domestique, qui tous deux ignoraient que le cinq Novembre m'avait vu naître, seize années plus tôt. Mais cela ne m'importait pas tant que ça. Des anniversaires, j'en aurai tant d'autres...
Ce jour-là, j'étais assise en solitaire dans une chambre d'auberge relativement convenable. Une roue du coche s'était brisée à hauteur de Castres et nous étions condamnés à passer ici les prochains jours en l'attente d'une personne apte à le coche réparer - ces choses-là me dépassaient.
Devant moi, il y avait la tasse de tisane que j'avais commandé, et un livre de paysages danois. Cela ne faisait pas bien longtemps que j'en étais partie, mais déjà, cela me manquait. Ma main emprisonna la petite croix d'or suspendue au bout d'une chaine que je portais en collier. Le pendentif de ma si chère mère... Du livre, j'extrayais une miniature représentant mes parents et moi-même. Comme nous étions heureux à cette époque ! Comme ils me manquaient !
Prise d'une brusque inspiration, je sortis de mon nécessaire à écriture posée sur ma table, un parchemin, une plume et de l'encre, et rédigeai un court message, destiné à mon cousin.
Tante Sigrùn m'avait gentiment accueilli à la mort de Papa et Maman. Je n'avais pas d'autre famille et il n'était pas convenable pour moi de rester seule au domaine où j'avais grandi. Pas convenable du tout même, et de toute façon, j'aurais eu bien trop peur.
Alors j'avais été vivre chez elle. Je passais mon temps assise devant une fenêtre, silencieuse et désoeuvrée, pleurant silencieusement. J'avais perdu mes parents, et je ne savais pas comment je pouvais continuer à vivre sans eux. Même mes chers livres ne m'intéressaient plus. De soupirs en pleurs, je mangeais à peine.
Alors ma Tante avait eu une idée. Bonne ? Mauvaise ? Je n'aurais su le dire sur le coup. Mais j'avais accepter. Parce qu'après tout, avais-je le choix ? Je devais à présent obéissance à ma Tante. Je devais partir en France, rejoindre mon cousin Osfrid. Dieu, cela faisait un moment que je ne l'avais vu ! Je l'avais toujours bien aimé, mais j'avais tendance à aimer tout le monde... Et en définitive, j'étais plutôt heureuse de cette décision. J'allais voyager ! Voir ce que j'avais contemplé seulement en peinture. C'était la chance de ma vie ! Alors de nouveau, j'avais fait mes paquets - ou plutôt on avait fait mes paquets - et je m'étais mise en route. Direction le Sud de la France. Il paraissait que mon cousin y était.
[Le 18 Novembre 1460]
J'avais passé mon anniversaire toute seule. Juste en compagnie du cocher et de la domestique, qui tous deux ignoraient que le cinq Novembre m'avait vu naître, seize années plus tôt. Mais cela ne m'importait pas tant que ça. Des anniversaires, j'en aurai tant d'autres...
Ce jour-là, j'étais assise en solitaire dans une chambre d'auberge relativement convenable. Une roue du coche s'était brisée à hauteur de Castres et nous étions condamnés à passer ici les prochains jours en l'attente d'une personne apte à le coche réparer - ces choses-là me dépassaient.
Devant moi, il y avait la tasse de tisane que j'avais commandé, et un livre de paysages danois. Cela ne faisait pas bien longtemps que j'en étais partie, mais déjà, cela me manquait. Ma main emprisonna la petite croix d'or suspendue au bout d'une chaine que je portais en collier. Le pendentif de ma si chère mère... Du livre, j'extrayais une miniature représentant mes parents et moi-même. Comme nous étions heureux à cette époque ! Comme ils me manquaient !
Prise d'une brusque inspiration, je sortis de mon nécessaire à écriture posée sur ma table, un parchemin, une plume et de l'encre, et rédigeai un court message, destiné à mon cousin.
Citation:
A Osfrid Eirik Rasmussen de Courcy
Très cher cousin,
Tante Sigrùn t'a sûrement prévenu de mon arrivée en France. Du moins je l'espère puisque j'y viens pour te rejoindre.
Il s'avère que je suis bloquée à Castres, dans le comté de Toulouse. Apparement, les roues de calèche n'aiment ni les grosses pierres ni les trous.
J'espère te voir très vite.
Avec toute mon affection,
Ta cousine,
Très cher cousin,
Tante Sigrùn t'a sûrement prévenu de mon arrivée en France. Du moins je l'espère puisque j'y viens pour te rejoindre.
Il s'avère que je suis bloquée à Castres, dans le comté de Toulouse. Apparement, les roues de calèche n'aiment ni les grosses pierres ni les trous.
J'espère te voir très vite.
Avec toute mon affection,
Ta cousine,
Puis bien vite, je dépêchai le garçon de l'auberge : contre monnaie sonnante et trébuchante, il me promettait d'être à Montpellier avant la nuit. Je n'avais aucune idée des distances entre ces deux villes, aussi je devais lui faire aveuglément confiance.
Le moment d'agitation étant achevé, je lissai dans un premier temps le devant de ma robe vert d'eau, puis me replongeais dans la contemplation de la miniature des miens. Une larme silencieuse roula sur ma joue, tandis que je m'abimais dans mes souvenirs...
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