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[RP] Du Danemark à la France : retrouvailles entre cousins.

Birgit_
[Le 1er Octobre 1460]

Tante Sigrùn m'avait gentiment accueilli à la mort de Papa et Maman. Je n'avais pas d'autre famille et il n'était pas convenable pour moi de rester seule au domaine où j'avais grandi. Pas convenable du tout même, et de toute façon, j'aurais eu bien trop peur.
Alors j'avais été vivre chez elle. Je passais mon temps assise devant une fenêtre, silencieuse et désoeuvrée, pleurant silencieusement. J'avais perdu mes parents, et je ne savais pas comment je pouvais continuer à vivre sans eux. Même mes chers livres ne m'intéressaient plus. De soupirs en pleurs, je mangeais à peine.
Alors ma Tante avait eu une idée. Bonne ? Mauvaise ? Je n'aurais su le dire sur le coup. Mais j'avais accepter. Parce qu'après tout, avais-je le choix ? Je devais à présent obéissance à ma Tante. Je devais partir en France, rejoindre mon cousin Osfrid. Dieu, cela faisait un moment que je ne l'avais vu ! Je l'avais toujours bien aimé, mais j'avais tendance à aimer tout le monde... Et en définitive, j'étais plutôt heureuse de cette décision. J'allais voyager ! Voir ce que j'avais contemplé seulement en peinture. C'était la chance de ma vie ! Alors de nouveau, j'avais fait mes paquets - ou plutôt on avait fait mes paquets - et je m'étais mise en route. Direction le Sud de la France. Il paraissait que mon cousin y était.

[Le 18 Novembre 1460]

J'avais passé mon anniversaire toute seule. Juste en compagnie du cocher et de la domestique, qui tous deux ignoraient que le cinq Novembre m'avait vu naître, seize années plus tôt. Mais cela ne m'importait pas tant que ça. Des anniversaires, j'en aurai tant d'autres...
Ce jour-là, j'étais assise en solitaire dans une chambre d'auberge relativement convenable. Une roue du coche s'était brisée à hauteur de Castres et nous étions condamnés à passer ici les prochains jours en l'attente d'une personne apte à le coche réparer - ces choses-là me dépassaient.
Devant moi, il y avait la tasse de tisane que j'avais commandé, et un livre de paysages danois. Cela ne faisait pas bien longtemps que j'en étais partie, mais déjà, cela me manquait. Ma main emprisonna la petite croix d'or suspendue au bout d'une chaine que je portais en collier. Le pendentif de ma si chère mère... Du livre, j'extrayais une miniature représentant mes parents et moi-même. Comme nous étions heureux à cette époque ! Comme ils me manquaient !
Prise d'une brusque inspiration, je sortis de mon nécessaire à écriture posée sur ma table, un parchemin, une plume et de l'encre, et rédigeai un court message, destiné à mon cousin.

Citation:
A Osfrid Eirik Rasmussen de Courcy

Très cher cousin,

Tante Sigrùn t'a sûrement prévenu de mon arrivée en France. Du moins je l'espère puisque j'y viens pour te rejoindre.
Il s'avère que je suis bloquée à Castres, dans le comté de Toulouse. Apparement, les roues de calèche n'aiment ni les grosses pierres ni les trous.
J'espère te voir très vite.

Avec toute mon affection,

Ta cousine,






Puis bien vite, je dépêchai le garçon de l'auberge : contre monnaie sonnante et trébuchante, il me promettait d'être à Montpellier avant la nuit. Je n'avais aucune idée des distances entre ces deux villes, aussi je devais lui faire aveuglément confiance.
Le moment d'agitation étant achevé, je lissai dans un premier temps le devant de ma robe vert d'eau, puis me replongeais dans la contemplation de la miniature des miens. Une larme silencieuse roula sur ma joue, tandis que je m'abimais dans mes souvenirs...
_________________
Osfrid
    - Ah non ! non et non ! Mais de quel droit elle se permet ça ?

    Et voilà, la journée ne faisait que commencer et déjà, la tension venait bouffer le moral d’Osfrid. Il faisait les cents pas devant la fenêtre de sa chambre à l’auberge municipale de Montpellier tenant dans sa main deux courriers. L’un avait été reçu quelques jours plus tôt, le mettant déjà dans un état proche du colérique et le second l’avait achevé.

    Dans un premier temps, il avait cru que sa mère lui jouait un tour, qu’elle tentait de lui prouver que la famille avait besoin de lui malgré son éloignement et que Birgit n’était qu’un prétexte pour le lui rappeler mais non, le courrier de sa cousine avait confirmé l’improbable situation.


    - Mais pour qui me prenez-vous Mère, une dame de compagnie pour jeune fille en fleur ? maugréait encore le danois tout en se passant une main dans sa chevelure aux reflets dorés.

    Se stoppant enfin devant la fenêtre il appuya sa main sur le montant de la vitre pour y poser son menton en réfléchissant. Il se souvenait encore de la petite fille de sa tante, toute charmante avec son sourire mais d’une timidité à faire peur… Elle était si jeune à l’époque. Depuis lui il avait vécu sa vie d’homme et ne s’était guère soucié du devenir de l’enfant qu’elle était. Sauf que leur famille était vouée à une malédiction sans fin qui s’était abattue aussi sur les parents de la brunette, la laissant orpheline. Il lui fallait quand même faire réponse à cette gamine qui allait venir encombrer sa vie. Bien qu’il était du genre solitaire, sa famille passait avant tout et ce fut avec résignation qu’il s’installa à la petite table pour laisser la plume voler sur le vélin.

    Citation:
    A toi Birgit Rasmussen Sorensen,

    Ma cousine du Nord,

    Voilà bien longtemps que je n’avais point eu de tes nouvelles. J’ai appris pour tes parents et tu m’en vois chagriné. Cette année aura été des plus malheureuses pour les nôtres, à croire que le ciel a une dent contre nous. Sache toutefois que même si je n’ai pu être présent près de toi afin de te soutenir, mes pensées t’ont accompagné et t’accompagnent toujours.

    Et à ce propos, Mère m’a effectivement fait savoir qu’elle t’avait prise avec elle au domaine. Je pensais que tu y serais restée en sa compagnie mais il faut croire qu’elle a besoin de cette solitude qui nous caractérise tant. Ma foi, je n’ai rien à redire quant à ta venue en ce Royaume et je ferais le nécessaire afin d’être près de toi rapidement. Et puisque tu sembles en mauvaise posture, tâche de rester en place. C’est moi qui te trouverais. Notre grand-père ne serait pas des plus heureux que je te laisse vagabonder sur les routes, seule.

    Je pense être à Castres dans quelques jours, profites-en pour faire connaissance avec les irréductibles villageois… Enfin si mes souvenirs sont exacts, c’est un village des plus paumés où il n’y a pas foule alors arme-toi de patience jusqu’à ma venue. Après, je pense que….


    Osfrid soupira à la perspective d’avenir qui s’offrait à lui et qu’il allait offrir à Birgit. Parce que maintenant, il ne pouvait plus la lâcher en pleine nature sans craindre le courroux maternel mais il n’était pas vraiment expert en jeune donzelle de cet âge. Sans compter les loups qui risquaient de lui tourner autour. Rien qu’à cette pensée, Osfrid frémit légèrement en marmonnant. Tout compte fait, elle serait plus en sécurité avec lui qu’avec le premier venu qui essaierait de la marier pour lui faire une tripotée de marmots, l’abandonnant à son triste sort dès qu’une paire de cuisse serait passée à portée de mains. Plongeant sa plume rageusement dans son encrier, il reprit.

    Citation:
    … tu me suivras comme l’entend Mère. Nous devrions bouger rapidement. Puisque tu es là pour voir du paysage, autant en profiter.

    Je te demande encore quelques jours de patience Birgit afin de mettre mes affaires en ordre ici. Après ça… vaille que vaille !




    Il oublia volontairement le de Courcy dont elle l’avait affublée en tête de courrier en apposant sa signature. Il n’avait pas envie de s’exprimer par lettre interposée sur son choix de nom surtout à une donzelle dont il ne se souvenait qu’avec des nattes et haute comme trois pommes. La lettre fut séchée rapidement, il l’enroula et trouva un coursier afin de la faire rapidement transmettre. Il ne voulait pas que la gamine s’affole de ne pas avoir de réponse. Sait-on jamais avec ces petites choses-là, perdues au milieu de nulle part, ça pouvait provoquer des catastrophes !

    _________________









Birgit_
    En fait de catastrophes...

Je reçus la réponse de mon cousin alors que je tordais mes cheveux pour les arranger en chignon. J'avais une moitié de ruban dans une main, une mèche brune dans l'autre, et je fus si bien prise de court que je lâchai les deux.
La petite serveuse de l'auberge se retira dès que j'entrai en possession de la missive, et j'attendis d'être seule pour décacheter la lettre. Aussitôt je me levai et m'approchai de la fenêtre, laissant mes cheveux, si près d'être arrangés un instant plus tôt, danser librement sur mes épaules. Je lus avidement les lignes d'Osfrid. M'armer de patience, me recommandait-il. Oh, je devrais savoir faire. On m'avait appris à attendre sagement.
Souriante, je me promis de répondre dans la journée, et je me réinstallai devant le petit miroir pour finir ma toilette.

L'après-midi s'étirait sans fin, et je n'en pouvais plus de tourner en rond dans ma chambre. J'étais descendue, quêtant la moindre activité.
La roue était arrivée, appris-je bientôt, et aussitôt je me passionnais littéralement pour cette nouvelle. La roue était là ! Je pouvais peut-être aider ? Je me précipitai au-dehors, oubliant complètement de me couvrir d'une cape. Et en effet, le cocher s'entretenait avec un homme. Sans doute le fabriquant de roues. Je m'avançai, les yeux pétillants d'intérêt pour quelque chose qui, un mois plus tôt, m'aurait ennuyé à mourir. Mais après tant de temps passé à Castres, tout avait de quoi exciter ma curiosité.
La roue fut payée, et une fois que le cocher eut assuré au livreur qu'il saurait se débrouiller, ayant fait à l'entendre, ça toute sa vie, je restai seule avec lui. Il eut un bon sourire à mon adresse, et aussitôt, je proposai mon aide. Il accepta, si je pouvais seulement tenir la roue à la verticale en faisant attention, la route était quelque peu en pente.
Je lui assurai que cela ne me posait pas le moindre soucis, et m'emparai aussitôt de ladite roue, tandis que le cocher... A vrai dire je ne savais pas trop ce qu'il fabriquait, mais il avait l'air fort occupé.
Impressionnée par le trésor que je tenais entre les mains, je passai une main sur le bois, appréciant le travail bien fait.
Je poussai soudain un petit cri de douleur, tout en ôtant une main du cadre de la roue. Une écharde ! Quel manque de chance. Aussitôt, j'appuyai « mon bien » contre ma jambe et examinai ma blessure. Un geste vif et l'épine de bois fut ôtée.
Mon talon reposant sur un caillou, je bougeai la cheville. Ma jambe me parut étrangement plus légère. J'en fus grandement étonnée : un simple caillou pouvait-il ankyloser un membre ?
Je compris mon erreur une seconde trop tard. Le cocher poussa un hurlement, et je sursautai de dix bons centimètres. Je fis volte-face...

- Oups...

La roue allait toute seule, le pauvre homme courant après comme si sa vie en dépendait. Ce qui était peut-être le cas, pour ce que j'en savais. Pour ma part, j'avais le teint aussi écarlate qu'un couché de soleil. Je rentrai sans demander mon reste, maudissant ma maladresse et me promettant de ne plus jamais aider qui que ce soit.
Agitée, je tournais en rond, ne sachant quoi faire, me tordant les doigts. Ayant la brusque impression qu'il savait, je m'empressai de répondre à mon cousin.

Citation:
A Osfrid Rasmussen,

Ne t'en fais pas. Tout va bien.

Ta cousine affectionnée,




Puis, toujours aussi nerveuse et honteuse, je dévalai les marches à la recherche du garçon qui avait déjà apporté ma première lettre. Lui ayant confié la seconde, je déambulais dans la salle, avant d'entendre quelques soupirs du côté des cuisines. Poussant la porte, je passai la tête à l'intérieur. La tavernière avait l'air débordé, jonglant avec les chaudrons et les ingrédients de la soupe du soir.

- Excusez-moi, fis-je. Je peux peut-être vous aider ?
_________________
Osfrid
    Il était enfin rentré de sa « mission » qui n’en fut pas une. On l’avait envoyé chercher une jeune femme qui n’était jamais venue au rendez-vous, qui n’avait jamais répondu à son courrier et décision fut prise de ne pas attendre plus longtemps en accord avec celle-là même qui l’avait envoyé sur les routes. On lui reprendra à vouloir rendre service. Maugréant contre la fatalité, contre le tout et le rien, contre ce mal qui rongeait sa famille, Osfrid préparait sa besace. Il ne laisserait rien à Montpellier ou peut être un peu de son esprit à une irlandaise qui avait su voir entre les lignes pour mieux le découvrir mais son intention n’était pas de revenir dans cette ville. Peu importe ce qu’il se passerait dans sa vie, il avait d’autres chats à fouetter ailleurs. Et l’un portait le nom de Birgit.

    Soupirant, Osfrid s’interrompit dans ses allées et venues autour du lit pour prendre entre ses doigts une fleur séchée de Ribe posée sur sa table de chevet, la même que sa mère avait offerte à Briana. Du plat du pouce, il en caressa les fines pétales qui tenaient on ne savait pas quel miracle avant de s’affaler sur son lit, s’allongeant sur le dos, un bras replié sur son front, pensif. Ribe était si loin et lui manquait chaque jour. Cette absence lui pesait de plus en plus et il se raccrochait à ses derniers souvenirs… le froid, les rires, Briana, sa mère… Ça serait si simple de tout laisser ici et d’y retourner mais le risque était trop grand. Il s’était promis de laisser ses soucis sur ces terres françoyses qui ne l’avaient pas accueilli comme il l’aurait souhaité, il s’était juré d’y revenir pour prendre le relais en tant que chef de famille ce qu’il était désormais après son grand-père qui lui cédait ce titre sans sourcilier mais avant, avant il devait tirer un trait sur ces mois passés dans cet enfer qu’il s’était imposé. Mais pour cela, il devait, avant, rembourser cette dette qui était telle une épée de Damoclès perchée au-dessus de sa tête. Et avec l’arrivée de Birgit dans ses pattes, cela commençait sérieusement à se compliquer.

    Inspirant profondément, fermant les yeux, il se laissa porter par ce désir d’entendre à nouveau les rires de chez lui, la voix tonitruante d’Harald, les recommandations de sa mère qui parfois le prenait encore pour un gamin… Qu’il était reposant de vivre ainsi mais le voile se déchira rapidement quand un coup à la porte fut portée. Se redressant tant bien que mal, Osfrid alla ouvrir afin de découvrir le porteur qui lui tendait un pli, se sauvant avec rapidité. Le danois en pris connaissance rapidement. Quelques mots griffonnés sur un vélin le faisaient déjà rager. Succinct avait été le terme qu’Osfrid avait grommelé lorsqu’il avait pris des écrits de sa cousine.


    - Ouais… ne t’en fais pas… justement c’est tout le contraire…

    L’adolescente était livrée à elle-même et franchement ça ne le rassurait pas. Alors rageusement il finit ses bagages, rassemblant le peu qu'il traînait avec lui, protégeant ses trésors telles que les lettres qu’il recevait de Briana et les souvenirs de chez lui puis il prit la direction des écuries. Une bourse fut déposée devant le taulier qui tenait l’auberge afin de régler sa note et enfin il serait libre de partir. Le voyage ne serait pas long et Castes lui ouvrirait les bras d’ici un jour ou deux.

    Osfrid installa ses besaces sur Grani, passa dire au revoir à l’Irlandaise pour qui il avait beaucoup d’affection, au moins ce voyage lui avait permis de s’attacher à quelqu’un de peu commun et ça, ça n’arrivait pas souvent et enfin, il se mit en route. Et cette fois, l’arme à porté de main afin de parer à toute éventualité. Son arrivée avait marqué son dos et son esprit de différentes manières mais marqués quand même et il ne souhaitait pas renouveler l’expérience. Et la nuit enchaîna avec le jour pour encore revenir… Le cycle ne laissait pas de répit aux hommes qui se reposaient quand ils le pouvaient. Mais à ce rythme-là, Osfrid arriva à Castres, l’air fatigué, les traits tirés mais heureux de pouvoir souffler. Entrant dans la première auberge qu’il eut devant le nez, poussant la porte de l’établissement, il ne put s’empêcher de marmonner.


    - A nous deux ma demoiselle cousine !

    Conquérant, le danois avançait déjà en direction du comptoir pour réserver une chambre et demander après sa cousine mais comment la décrire lui qui ne l'avait pas revu depuis bien des années. Le calvaire allait pouvoir continuer !

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Birgit_
Si au départ les jours m'avaient semblé longs à n'en plus finir, c'était bien différent aujourd'hui. L'incident de la roue avait été oublié, du moins par moi. Depuis que j'avais mis en pratique le mot aider, je m'amusais comme une folle. Oh, bien sûr, chez moi, j'aidais aussi. Mais pas comme ici. Mes parents avaient jugé qu'il était malvenu pour une jeune fille de bonne famille d'aider les domestiques. J'avais le droit de m'occuper des pauvres, de rendre visite aux malades, de distraire les orphelins, et de participer aux quêtes pour réparer le clocher de l'église, mais c'était tout. Là, en France, je pouvais le faire.

Et d'ailleurs, les gens étaient ravis que je leur prête main forte ! Ils soupiraient tous en levant les yeux au ciel, sans doute en un remerciement muet à notre cher Ari. Cela m'emplissait le coeur de joie. J'aidais. J'étais utile. Ô ! joie de sentir qu'on sert à quelque chose !
On me confiait de petits travaux, comme de repriser les torchons, de jouer de la harpe le soir pour les clients, d'allumer et d'éteindre les chandelles, de surveiller la soupe sur le feu... Tout cela, qui à moi ne me paraissait pas bien sorcier, mais qui semblait les enchanter. Je n'avais presque rien casser, de plus. J'avais juste laissé accidentellement brûler un drap en voulant le faire sécher plus vite, en le tendant devant la cheminée, mais rien d'autre. Sauf la fois où j'avais renversé un pot de chambre sur la tête d'une cliente, qui se tenait malencontreusement sous les fenêtres.
Mais c'était tout ! Rien d'irréparable, et on se faisait toujours une joie de m'expédier dans ma chambrée pour coudre en solitaire. J'étais fière, heureuse, et bigrement impatiente de raconter tout cela à mon cousin. Quand arriverait-il ?

J'étais justement dans ma chambre lorsque la fille des taverniers ouvrit ma porte. On demandait après moi, affirma-t-elle. Birgit, avait-on dit. Birgit Rasmussen Sørensen. Rien de plus, l'homme avait eu l'air évasif. Comment était cet homme ? Un blond approchant les trente ans. Osfrid ! La jeune fille sortit rapidement tandis que je me levai en bondissant. Je faillis partir sur-le-champ, mais heureusement, mon devoir me rattrapa à temps. Je vérifiai ma toilette : ma robe rose était parfaite. Mes cheveux ? Juste une boucle qui me retombait sur le front, rien de bien méchant et j'étais sûre qu'il me le pardonnerait. Je me saisis du drap que l'aubergiste m'avait demandé de réparer, et je courus hors de ma chambre.

Le malheur voulut que l'escalier fut ciré. Et qu'un pan du drap trainât par terre. Et que je marche dessus. Je fis un plongeon en avant, dévalant les marches la tête la première. J'eus toutefois la présence d'esprit d'amortir la chute en tendant les mains. Mais je parcourus tout de même l'intégralité des marches en roulade.
Mon supplice prit fin, et je me retrouvai assise par-terre, sonnée, enroulée dans le drap, devant une salle silencieuse. Je tâtai mes membres un par un. Une chance, je n'avais aucun dommage, pas même à la tête, hormis une bosse au-dessus du front.

- Outch ! fis-je en passant une main sur le renflement douloureux. Voilà qui a gâté ma coiffure, soupirai-je en remettant en place mon ruban.

Je me redressai tant bien que mal, m'appuyant au mur. Quelques secondes me furent nécessaire pour stabiliser et ma vue, et mes jambes tremblantes. La fille de la maison se précipita vers moi, me demander un bon millier de fois si j'allais bien, et me libérant du drap-camisole de force qui me parait encore à la manière d'une toge.
Mais je n'avais cure de mon bien-être. Je Le cherchais des yeux. Et je finis enfin par Le trouver, devant le comptoir. Je le reconnus aussitôt. D'abord parce que même si cela faisait une éternité que je ne l'avais vu, ses traits étaient restés gravés dans ma mémoire ; et ensuite parce que Tante Sigrùn avait un tableau de lui.

- Cousin Osfrid ! Cousin Osfrid ! Ici ! C'est moi ! Birgit !

J'agitai un bras en l'air, souriant largement dans une belle exibition de dents. Je courus vers lui, renversant une chaise au passage. Et oubliant tous les enseignements de ma mère sur la bienséance, la tenue en public et les convenances, je me jetai à son cou, enroulant les bras autour de lui.

- Oh ! Cousin Osfrid ! Je suis si heureuse de te revoir !

Le choc y était peut-être pour quelque chose dans cette grande démonstration de sentiments. Ou alors, ma mère n'avait pas réussi à chasser toute exubérance de mon jeune caractère. Quoi qu'il en soit, on ne pouvait trouver personne plus heureuse en cette taverne que moi !
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Osfrid
    Tintamarre, fracas, chaos... Le vacarme avait fait tourner le visage d’Osfrid en direction de l’escalier là-bas dans le fond. Instinctivement, le nordique avait posé sa main sur son épée, dès fois qu’il lui aurait été nécessaire de se battre mais le temps de voir ce qu’il se tramait qu’il aperçut une chose, un corps en toutevraisemblance, qui dévalait les escaliers.

    - Nom de dieu… qu’est-ce que c’est qu’ça ?

    Le visage vint scruter celui du tavernier qui, déjà, levait les yeux au ciel. Osfrid arqua un sourcil, se demandant ce qu’il se passait dans cet établissement, la langue déjà levée pour questionner le bonhomme lorsqu’une voix féminine vint fracasser ses oreilles. Sa tête se rentra dans ses épaules, les poils qui recouvraient son échine se dressèrent et le danois ouvrit des yeux comme des soucoupes.

    - For Helvede ! * …. J’aurais dû m’en douter que ça ne se passerait pas aussi simplement que je l’aurais espéré…

    Comme au ralenti, Osfrid prit le temps de se retourner pour recevoir sa cousine dans ses bras, déjà accroché à son cou. Lui qui n’était guère démonstratif en prenait pour son grade. Les épaules contractés, les mains qui n’osaient pas encore la toucher, il se demanda quoi faire et chercha un élan de solidarité masculine dans le regard du tavernier qui se débina très vite, détournant et la tête et le corps, faisant mine de s’occuper ailleurs. Lâchant enfin un soupir de fatalité, le danois s’obligea à refermer les bras sur Birgit qui semblait plus qu’heureuse de le revoir. Il finit par la serrer un peu plus fort, lui montrant son affection. Après tout, elle était de sa famille, sa cousine germaine et il ne pouvait faire abstraction de leur lien qui les unissait. Mais rapidement il tenta de décrocher la jeune donzelle de son cou pour la tenir à bout de bras.

    - Comme tu as changé…

    Oui alors là, Osfrid ne se foulait pas la ratte et balançait la première chose qui lui venait à l’esprit. Bien sûr qu’elle avait changé. Elle était passée du stade gamine à adolescente et il ne l’avait pas revue depuis tant d’années. Prenant une profonde inspiration histoire de se convaincre du bienfondé de sa mission, il posa une main sur sa joue.


    - Ça va, tu ne t’es pas fait mal ? Tu devrais peut être t’asseoir un peu, histoire de reprendre tes esprits… La chute a été… rude...

    C’était le moins qu’on puisse dire. Alors d’un geste presque fraternel, il caressa enfin la joue de sa cousine, tirant aussitôt une chaise de l’autre main pour la mettre à ses côtés. Puis il l’observa avec une certaine tendresse, se rappelant quelques souvenirs fugaces de leurs vies d'avant. Petit bout qui était devenue presque une femme, son cœur se serra légèrement d’avoir passé tant d’années à l’ignorer mais sa vie n’était pas faite pour être auprès des siens à cette époque. Il faisait mordre la poussière aux ennemies de sa famille sur les champs de bataille ou passait son temps à en découvre avec des bandes de petits malfrats qui usaient de leur supériorité en forces pour attaquer des maisons ou villages isolés dans le nord, tout ceci sous la houlette de leur grand-père. Et puis était venue le temps où il avait fondé son propre foyer et Birgit était devenue un autre de ses souvenirs auquel il pensait de temps à autre, pour une réunion de famille ou pour simplement une fête quelconque.

    Cherchant une nouvelle goulée d'air, Osfrid devait se faire une raison. Il allait devoir s’occuper d’elle à partir de maintenant. Hélant alors le tavernier récalcitrant à lui offrir un peu de compassion, il commanda de quoi boire et se remettre de ses émotions.


    - Tavernier… donne-moi ce que tu as de plus fort et pour Birgit…

    Se tournant vers sa cousine, Osfrid l’interrogea du regard. Il ne connaissait rien à ses goûts et buvait-elle encore du lait avec du miel comme Inge le préparait à la maison ? Cette nouvelle vie n’allait pas être sans heurts, il la sentait bien venir cette histoire !




* bon sang (pour être poli)

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Birgit_
Il m'avait reconnu ! J'en sautillais sur place de joie impatiente. Il y avait des siècles - sans exagérer ou presque - qu'on ne s'était pas vu. J'avais changé ? Oui, sans aucun doute ! J'avais grandi ! Et je ne me cachais plus sous les meubles quand il y avait un inconnu devant moi. Pas que l'envie me soit totalement passée, mais j'étais désormais trop grande pour me glisser sous les tables.
Il me pria de m'assoir, et je m'exécutai, gigotant sur ma chaise, un large sourire sur les lèvres. Je me souvenais de presque tout ce qui avait trait à mon cousin. Il m'avait appris à jouer au bilboquet !
Je me rappelais aussi qu'étant toute petite fille, j'étais amoureuse de lui - comme toutes les fillettes qui se voyaient dotées d'un cousin plus vieux qu'elles - et que j'avais nommé mon sujet de bois représentant un prince, comme mon cousin. Je poussai un léger soupir discret à ces vestiges du passé. Dieu ! Qu'il s'en était passé des choses depuis lors !
Je sortis de ma rêverie lorsqu'il commanda à boire. J'étais partagée entre deux sentiments : le fait que je ne buvais rien de plus fort qu'un verre de vin coupé d'eau, et celui de vouloir montrer à Osfrid que j'avais grandi. Ce n'était pas que je voulais l'impressionner, mais bien lui montrer que moi aussi maintenant j'étais une « grande personne ».

- Euh... Je... Du... Je m'éclaircis la voix. Un verre de... D'hypocras ! Oui ! D'hypocras !

Je n'avais absolument aucune idée de ce que c'était, mais j'avais entendu la veille au soir un homme commander cette boisson au tavernier. Et le client m'ayant apostrophé pour me dire en postillonnant que « c't'ait pas eune boèsson d'fillette » j'en concluais donc que c'était ce qu'il me fallait. Et puis ça avait ce drôle de nom qui me faisait penser à une potion magique.
Comme il s'était inquiété de ma santé, je me devais de le rassurer.

- Oh, ne t'en fais pas, fis-je en indiquant les escaliers. J'ai l'habitude ! Maman me mettait un heaume, quand les marches venaient d'être cirées.

L'allusion à ma mère me fit monter les larmes aux yeux, et je sentis mes lèvres se tordre dangereusement. Non ! Je ne pouvais pas et commander une boisson d'homme, et me mettre à pleurer à tout va ! Osfrid ne pleurait pas lui, alors même que son père... sa femme... son enfant...
Je décidai de changer de sujet de conversation pour quelque chose de moins scabreux.

- Ton voyage s'est bien passé ? Tu as vu de belles choses ? Et où on va maintenant ?

Je levai les yeux vers lui. J'étais heureuse qu'il soit là. Je me sentais moins seule. Comme protégée. Mon cousin m'avait bien souvent défendu, il y avait des siècles - toujours les mêmes - lorsque je me faisais importunée par les autres enfants. Et aujourd'hui il recommencerait, protégeant ma vie, ma vertu, et mes livres - pas nécessairement dans cet ordre - des bandits de grands chemins. Je le voyais déjà les assommant tous d'un seul coup de poing et m'arracher aux griffes du chef des affreux qui tentait de me voler ma chaine en or.
Je devais bien reconnaître que j'avais la passion des grandes épopées et des aventures extraordinaires, bien qu'il ne me soit jamais rien arrivé de tel, ni de près ni de loin.

- Oh ! J'ai quelque chose pour toi ! me rappelai-je soudain. Attends !

Je partis à toute allure, toutes jupes relevées, en direction des escaliers. J'entrai comme une bourrasque dans ma chambre, fouillait dans mes affaires, et en sortis un rouleau de parchemin.
J'avais fait cela chez Tante Sigrùn, d'après les peintures accrochées aux murs. Maman m'avait toujours incité à affiner mon talent pour la peinture, et depuis sa mort, je m'y employais encore davantage qu'auparavant.
Je redescendis en courant, loupant juste la dernière marche, mais opérant un habile redressement. Puis je réintégrai ma place, lui tendant le velin, le déroulant même pour lui. J'ignorai si cela lui ferait plaisir ou non, mais je m'étais dit que peut-être n'avait-il pas de miniature familiale comme j'en avais, moi, de mes parents. Sur le papier s'étalait donc le visage souriant de son épouse, de lui-même, et de leur enfant.
J'étais assez craintive vis-à-vis de sa réaction, mais il était trop tard pour faire demi-tour. Et Tante Sigrùn m'avait assuré que c'était très ressemblant. Comme pour ma peinture, la sienne les représentait en buste . J'avais jugé que les traits du visage lui seraient plus chers que la taille de leurs pieds, mais je devais reconnaître que c'était une appréciation uniquement féminine.

- Je... Je me suis permise. Pardon si j'ai mal fait. Mais j'ai pensé que peut-être... ça te ferait... plaisir...

Et sans trop savoir pourquoi, je me sentais toute prête à fondre en larmes. Et s'il se mettait en colère ? J'avais conscience que parfois, j'étais un peu maladroite...
_________________
Osfrid
    De l’hypocras ?
    Rien qu’à l’évocation du nom, Osfrid avait levé un sourcil. Elle avait quel âge la donzelle déjà ? Une quinzaine d’années et elle levait déjà le coude pour boire ce genre de boissons ? Un léger grognement retentit dans la gorge d’Osfrid mais il n’eut guère le temps de s’exprimer qu’elle repartait déjà la tornade.


    - Mais…. Birgitttt ! … lort*…

    Le juron avait été craché entre les dents d’Osfrid. Et sans desserrer la mâchoire, il avait vu la brune s’élancer. Elle était prompte à courir la gamine et il allait devoir l’attacher si elle continuait comme ça. Pas envie de la perdre de vue sous prétexte qu’elle avait besoin de bouger. Il venait à peine d’arriver, n’était pas des plus enjoué par l’idée de devoir jouer les chaperons et avait encore tant de choses à faire… A peine s’était-il redressé que le tavernier apportait ce qu’ils avaient commandé. Toute à sa mauvaise humeur, Osfrid lui lança un regard noir, zébré d’éclairs qui semblait dire « toi je te reviens espèce de vermine ». Le danois lui aurait bien fait tâter de sa clémence mais ils étaient à l’intérieur de l’auberge et sans doute que le bonhomme voudrait ameuter tout le voisinage ce qui pousserait le barbare à se mettre tout le monde à dos. Il avait déjà donné en Normandie et n’aspirait, pour le moment, à rester tranquille.

    Alors qu’il glissait quelques piécettes dans la main du voleur de tavernier en grognant, il vit rappliquer la cousine comme une valkyrie chevauchant son fier destrier au moment de donner la charge final du Ragnarok. Osfrid leva un sourcil puis ouvrit toutes grandes ses mirettes avant de voir atterrir la brunette près de lui. Se retenant de tout commentaire désobligeant devant tout le monde, il faudrait qu’il ait une petite conversation avec cette jeune fille rapidement. Mais, observant la salle tout autour de lui, il se rendit bien compte que les quelques clients qui étaient là et semblaient côtoyer la donzelle depuis quelques jours n’en pensaient pas moins.

    Secouant sa tête de gauche à droite, Osfrid revint à ce mystérieux cadeau qu’elle lui faisait. Intrigué par ses propos, il prit le parchemin afin de le dérouler soigneusement et là… il reçut un uppercut en plein cœur. Dur allait être la chute, dur allait être de ne pas perdre la face devant cette gamine qui ne pouvait savoir qu’il évitait soigneusement le sujet des siens. La douleur était encore trop fraiche malgré l’année qui venait de s’écouler et bien malgré lui, Osfrid se laissa choir sur une chaise. Ses yeux ne quittaient pas les visages. Pour un peu il aurait aimé les caresser du bout des doigts mais impossible, sa main ne lui obéissait point.
    Déglutissant avec difficulté, il chercha une goulée d’air. Et puis des mots… quelques mots à dire à Birgit qui le regardait et attendait. La jeune fille qu’elle était ne pouvait subir le désarroi du danois, la cousine qu’elle fut ne pouvait oublier la douleur qui l’avait presque terrassé à la mort de sa femme et de son fils. Pourtant, doucement, son esprit s’habituait à cette représentation de sa famille. Comme le manque qui renaissait de ses cendres pour venir étreindre son cœur déjà bien glacé. Levant ses azurs sur sa cousine, Osfrid marmonna quelques mots, la gorge serrée.


    - Tak… mange tak**…

    Comme à chaque fois qu’il était troublé, comme à chaque fois que le passé le rattrapait, Osfrid s’exprimait dans sa langue maternelle. Elle prenait le pas sur sa raison et il s’en rendit compte rapidement, chassant d’un geste de la main cette façon de s’exprimer. Ils étaient dans le royaume de France et il devait faire un effort pour parler dans cette langue qu’il connaissait pourtant par cœur.

    - C’est un magnifique portrait Birgit… Tu as saisi Sibila et Ragnard avec tant de véracité… Je te remercie pour cette attention…

    Se redressant enfin, il vint poser ses lèvres sur son front, appuyant ce baiser en fermant les yeux. Il ne pouvait pas dire le contraire, l’adolescente était douée même si au final, l’image ainsi créée lui rappelait le bonheur oublié, il pouvait ainsi se raccrocher à ces fantômes qu’il avait tant aimé. Afin de tourner la page rapidement, il versa l’hypocras dans deux verres, en tendit un à Birgit alors qu’il trinquait rapidement et buvait d’un trait le sien.Puis il reprit plus sérieusement.

    - Et si tu me parlais de toi un peu... depuis tout ce temps....




*me*rde
** Merci.... merci beaucoup

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Birgit_
Je fus aussitôt rassurée. Il ne détestait pas, et ne semblait même pas m'en vouloir. Et même mieux, il me remerciait ! Je me trémoussais sur ma chaise de contentement. Etait-il comme moi ? Eprouvait-il lui aussi le besoin de contempler ce qu'il avait perdu, juste pour se convaincre que cela n'avait pas été qu'un rêve ? Que tout ceci avait bien eu lieu, qu'il ne s'éveillait pas d'un songe fabuleux ? Je fus heureuse de me trouver ce point commun avec mon cousin.

- Det er intet* ! répondis-je joyeusement en lui adressant un large sourire.

L'hypocras arriva plus vite que prévu. Je retins une grimace. Voyons, j'avais commandé ça pour lui montrer que je n'étais plus une enfant. Il fallait maintenant que je boive. Je me saisis d'un verre, le portait à mes lèvres et crachai aussitôt le tout, sous le coup de la surprise. Ah oui, cet homme n'avait pas menti, ce n'était pas une boisson de fillette ! Et tout en toussant à corps perdu, je devais bien m'avouer que j'étais plus proche de la fillette que de la femme accomplie.

J'essuyai mes lèvres d'un revers de manche, rosissante de honte. J'avais éclaboussé tout ce qui se trouvait dans un rayon de deux mètres, dont mon cousin. Je grimaçais de nouveau, extirpant d'une poche un mouchoir blanc. J'entrepris d'éponger un peu mes dégâts, mais mon bras renversa mon verre, ce qui bien sûr, ne contribua pas à rendre les lieux plus secs.

- Oh la la ! gémis-je. Je suis confuse, vraiment très confuse...

J'étais désormais aussi rouge qu'une pièce de viande crue chez le boucher. Mon mouchoir était détrempé, je n'avais plus rien pour essuyer, et j'étais très, très mal à l'aise.
Je pivotai vers le comptoir, levant une main, et demandant un chiffon pour achever le nettoyage. Torchon qui me fut apporté dans les plus brefs délais accompagné d'un soupir, et après avoir bien pris soin d'écarter la cruche et le verre d'Osfrid, j'entrepris de réparer mes maladresses. Ce qui fut fait promptement dans l'ensemble.
J'étalais le chiffon humide sur une chaise, en compagnie de mon mouchoir, et me tins prête à soutenir une conversation normale avec un membre normal de ma famille, dans une ambiance normallement détendue et enjouée.

- Te parler de moi ? Oh. Oui. Eh bien, comme tu le vois, j'ai reçu la meilleure éducation qui soit.

Je rosis, gênée. Oh, oui, on m'avait enseigné des choses. Mais la tenue en société n'avait jamais été mon domaine d'excellence.

- Euh... Je sais lire ! Et compter. Et aussi... jouer de la musique. Papa m'avait trouvé un tout nouvel instrument, mais je n'ai malheureusement pas pu l'apporter. Cela se nomme un clavecin. C'est très rare. Et Italien. Tu sais c'est comme un psaltérion mais auquel on a rajouté un clavier et... des pieds et euh...

Je me tus. La musique ne l'intéressait probablement pas, et il se fichait probablement du fait que Papa m'ait payé un clavecin pour mon quinzième anniversaire.

- Quoi d'autre ? Je ne sais pas ce qu'ils ont fait du manoir de mes parents. Et tu sais, je crois que Fyrig, le cheval que Papa montait quand il est... tombé... Je crois qu'il a été vendu. En tout cas je sais que Slik, mon poney, est chez Tante Sigrùn. Mais Tante Sigrùn a dit que j'étais trop grande maintenant pour le monter. Et elle aimait bien m'entendr jouer du clavecin, j'espère que ça ne lui manque pas trop ?

Je m'arrêtai de nouveau. Même moi je me rendais compte que mes propos étaient décousus. Mais la vérité c'était que je ne savais pas quoi dire, en fait. Qu'est-ce qui pourrait bien intéresser mon cousin ?
Je désignai soudainement la cruche d'alcool, rosissant de nouveau.

- Je crois que ça, c'est un peu fort, non ?



* Ce n'est rien.

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