Gabrielle_montbray
« Pourquoi une maternité ne serait-elle pas mal venue ? Pourquoi la naissance d'une mère par la venue de l'enfant ne serait-elle pas ratée elle aussi ? »
- Marguerite Duras -
Elle avait parlé. Dit un peu. Pas la vérité, ça elle ne le pouvait pas. Elle avait failli bien sûr, mais elle sétait retenue. Elle savait quil ne comprendrait pas, elle savait quil lui en voudrait, pour longtemps, pour toujours peut-être. Alors elle avait tu la réalité. Elle avait dit le sang, la douleur, la peur, le manque. Elle avait tut la petite fiole à la potion au goût amer. Elle avait passé sous silence son geste, sa volonté. De ça elle ne pouvait pas parler. De cette nuit maudite dont le funeste secret ne devait jamais lui parvenir.
Mais elle avait parlé et il avait écouté. Silencieux comme toujours, mais attentif comme rarement.
Cet enfant à venir semait le trouble en elle, il semait le trouble entre eux.
Gabrielle avait laissé Enzo en taverne, elle avait eu besoin de prendre lair, de tenter doublier, de calmer ses angoisses. Plongée dans un baquet deau chaude dans sa chambre sombre et déserte, elle réfléchissait.
Une question toute simple, anodine, innocente, avait fait remonter les souvenirs enfouis de cette nuit là, la culpabilité de son geste, la culpabilité de son crime. Elle avait revu sa main ensanglantée. Elle avait ressenti de nouveau la douleur foudroyante.
Gabrielle avait tué son enfant. Le sien à elle et le sien à lui. Un enfant dont elle ne voulait pas. Au printemps, les choses étaient si différentes. Au printemps, Enzo lui était encore interdit. Au printemps, ils nétaient pas un couple amoureux mais un couple incestueux.
Le secret. Celui quelle navouerait plus, à personne. Certains savaient. Actarius, Cebyss, Morphée, Mordric, Audoin, Isleen peut-être bien Gabrielle nétait plus très sûre. Car elle niait. Elle avait nié devant léglise. Elle nierait encore, devant nimporte qui, du plus humble au plus grand, fusse-t-il le Roy ou le Pape. En niant, elle reniait son père, elle reniait son frère, elle reniait un peu sa mère aussi en lui enlevant une partie de son histoire. Elle ne prononçait plus jamais le nom de son père et restait vague sur sa filiation. Cétait douloureux, difficile, injuste. Mais moins que de renoncer à Enzo. Le comprenait-il seulement ?
Lenfant bougeait, sagitait, frappait, tempêtait. Il semblait toujours à Gabrielle quil lui en voulait et manifestait sa colère. Une colère quelle ressentait de lintérieur. Une colère qui la terrifiait. Il lui semblait que ce bébé était maudit, et quil porterait la marque de sa double infamie, une mère incestueuse et criminelle. Elle était certaine quelle portait un monstre en son sein, une de ces créatures difformes et à peine humaines qui ne semblaient venir au monde que pour marquer au fer rouge leurs parents.
Gabrielle nétait pas certaine que cet enfant soit celui quelle avait essayé de tuer. Le crime avait-il réussi ? Elle ne le savait pas. Sil avait survécu, cétait tout autant un soulagement quune angoisse de plus. Se souviendrait-il du geste de sa mère ? En garderait-il des traces ? Et si ça nétait pas le même, si un autre petit être avait fait sa place ? Alors la culpabilité étreignait Gabrielle dont le crime aura été bien inutile puisquenfant il y aurait tout de même.
Gabrielle regardait ce ventre détesté, une difformité selon la brune, un renflement discret qui lui rappelait quelle serait mère bientôt, que sa volonté ny pouvait rien. Le Très Haut, la nature avaient décidé pour elle. Lenfant sera là, bientôt, quel que soit le moment, ça serait toujours trop tôt. Gabrielle pensait à la question posée en taverne, « cest pour quand ? ». Et la réponse était tombée, couperet froid et sec. Elle nen avait pas la moindre idée. Pas encore né et déjà mal aimé, ignoré, nié même à ses débuts. Gabrielle en était sincèrement désolée. Elle aurait voulu aimer lêtre qui sétait installé au creux de son corps, elle aurait aimé être rassuré par chaque coup quil lui donnait, elle aurait aimé se rêver avec un enfant à tête dange sendormant tranquillement dans ses bras, elle aurait finalement désespérement aimé le vouloir et lattendre.
Mais ça nétait pas le cas. Elle naimait pas, elle souffrait. Elle nattendait pas, elle subissait. Elle ne rêvait pas, elle cauchemardait.
Gabrielle sortit de son bain, devenu presque froid. Enzo nétait toujours pas rentré. Il lui en voulait de ça, elle en était certaine. Il lui en voulait dêtre incapable dêtre une mère décente pour son futur fils.
Il lui en voulait et elle le comprenait.
Elle aussi sen voulait.
- Marguerite Duras -
Elle avait parlé. Dit un peu. Pas la vérité, ça elle ne le pouvait pas. Elle avait failli bien sûr, mais elle sétait retenue. Elle savait quil ne comprendrait pas, elle savait quil lui en voudrait, pour longtemps, pour toujours peut-être. Alors elle avait tu la réalité. Elle avait dit le sang, la douleur, la peur, le manque. Elle avait tut la petite fiole à la potion au goût amer. Elle avait passé sous silence son geste, sa volonté. De ça elle ne pouvait pas parler. De cette nuit maudite dont le funeste secret ne devait jamais lui parvenir.
Mais elle avait parlé et il avait écouté. Silencieux comme toujours, mais attentif comme rarement.
Cet enfant à venir semait le trouble en elle, il semait le trouble entre eux.
Gabrielle avait laissé Enzo en taverne, elle avait eu besoin de prendre lair, de tenter doublier, de calmer ses angoisses. Plongée dans un baquet deau chaude dans sa chambre sombre et déserte, elle réfléchissait.
Une question toute simple, anodine, innocente, avait fait remonter les souvenirs enfouis de cette nuit là, la culpabilité de son geste, la culpabilité de son crime. Elle avait revu sa main ensanglantée. Elle avait ressenti de nouveau la douleur foudroyante.
Gabrielle avait tué son enfant. Le sien à elle et le sien à lui. Un enfant dont elle ne voulait pas. Au printemps, les choses étaient si différentes. Au printemps, Enzo lui était encore interdit. Au printemps, ils nétaient pas un couple amoureux mais un couple incestueux.
Le secret. Celui quelle navouerait plus, à personne. Certains savaient. Actarius, Cebyss, Morphée, Mordric, Audoin, Isleen peut-être bien Gabrielle nétait plus très sûre. Car elle niait. Elle avait nié devant léglise. Elle nierait encore, devant nimporte qui, du plus humble au plus grand, fusse-t-il le Roy ou le Pape. En niant, elle reniait son père, elle reniait son frère, elle reniait un peu sa mère aussi en lui enlevant une partie de son histoire. Elle ne prononçait plus jamais le nom de son père et restait vague sur sa filiation. Cétait douloureux, difficile, injuste. Mais moins que de renoncer à Enzo. Le comprenait-il seulement ?
Lenfant bougeait, sagitait, frappait, tempêtait. Il semblait toujours à Gabrielle quil lui en voulait et manifestait sa colère. Une colère quelle ressentait de lintérieur. Une colère qui la terrifiait. Il lui semblait que ce bébé était maudit, et quil porterait la marque de sa double infamie, une mère incestueuse et criminelle. Elle était certaine quelle portait un monstre en son sein, une de ces créatures difformes et à peine humaines qui ne semblaient venir au monde que pour marquer au fer rouge leurs parents.
Gabrielle nétait pas certaine que cet enfant soit celui quelle avait essayé de tuer. Le crime avait-il réussi ? Elle ne le savait pas. Sil avait survécu, cétait tout autant un soulagement quune angoisse de plus. Se souviendrait-il du geste de sa mère ? En garderait-il des traces ? Et si ça nétait pas le même, si un autre petit être avait fait sa place ? Alors la culpabilité étreignait Gabrielle dont le crime aura été bien inutile puisquenfant il y aurait tout de même.
Gabrielle regardait ce ventre détesté, une difformité selon la brune, un renflement discret qui lui rappelait quelle serait mère bientôt, que sa volonté ny pouvait rien. Le Très Haut, la nature avaient décidé pour elle. Lenfant sera là, bientôt, quel que soit le moment, ça serait toujours trop tôt. Gabrielle pensait à la question posée en taverne, « cest pour quand ? ». Et la réponse était tombée, couperet froid et sec. Elle nen avait pas la moindre idée. Pas encore né et déjà mal aimé, ignoré, nié même à ses débuts. Gabrielle en était sincèrement désolée. Elle aurait voulu aimer lêtre qui sétait installé au creux de son corps, elle aurait aimé être rassuré par chaque coup quil lui donnait, elle aurait aimé se rêver avec un enfant à tête dange sendormant tranquillement dans ses bras, elle aurait finalement désespérement aimé le vouloir et lattendre.
Mais ça nétait pas le cas. Elle naimait pas, elle souffrait. Elle nattendait pas, elle subissait. Elle ne rêvait pas, elle cauchemardait.
Gabrielle sortit de son bain, devenu presque froid. Enzo nétait toujours pas rentré. Il lui en voulait de ça, elle en était certaine. Il lui en voulait dêtre incapable dêtre une mère décente pour son futur fils.
Il lui en voulait et elle le comprenait.
Elle aussi sen voulait.
Citation:
A toi, le fils que je ne veux pas
De moi
Tu seras un garçon, cest une certitude. Une évidence. Une prière.
Je ne voulais pas de toi, mais tu le sais déjà, jai voulu te tuer, toi ou ton frère, je nen sais rien, je ne veux pas savoir. Jai voulu te tuer, et tu tes accroché. Toi ou ton frère, toi ou un autre, tu es presque le même de toute façon.
Je ne veux toujours pas de toi, tu le sais sûrement. Tu me terrifies, tu mangoisses, tu me dévores de lintérieur. Tu maffaiblis, tu me prives de ma liberté, tu attires bien trop lattention, tu entres dans la lumière en me poussant dans lombre, les autres pensent plus à toi quà moi, je ne suis plus que la précieuse matrice qui tabrite. Tu es ma prison Seras-tu mon bourreau ?
Tu nas pas de prénom, pas de conscience, tu nes rien encore.
Je ne te veux pas. Je ne taime pas.
Cest ton père que je veux et que jaime. Alors pour lui, je te subis. Je renonce à mes épées, je renonce à mes chevaux, je renonce à mes alcools.
Devenir ta mère cest renoncer à être moi, cest mourir un peu pour te permettre de vivre.
Te mettre au monde sera peut-être mourir vraiment pour que tu puisses vivre. Ton premier cri se poussera peut-être dans mon dernier souffle.
Tu nas pas de prénom, pas de conscience, tu nes rien encore.
Et pourtant Tu as tellement de pouvoir.
Ne me tues pas. Et je te promets dessayer de te faire une place.
Je ne signe pas, c'est inutile, tout finira au feu demain, plus tard, un jour...
De moi
Tu seras un garçon, cest une certitude. Une évidence. Une prière.
Je ne voulais pas de toi, mais tu le sais déjà, jai voulu te tuer, toi ou ton frère, je nen sais rien, je ne veux pas savoir. Jai voulu te tuer, et tu tes accroché. Toi ou ton frère, toi ou un autre, tu es presque le même de toute façon.
Je ne veux toujours pas de toi, tu le sais sûrement. Tu me terrifies, tu mangoisses, tu me dévores de lintérieur. Tu maffaiblis, tu me prives de ma liberté, tu attires bien trop lattention, tu entres dans la lumière en me poussant dans lombre, les autres pensent plus à toi quà moi, je ne suis plus que la précieuse matrice qui tabrite. Tu es ma prison Seras-tu mon bourreau ?
Tu nas pas de prénom, pas de conscience, tu nes rien encore.
Je ne te veux pas. Je ne taime pas.
Cest ton père que je veux et que jaime. Alors pour lui, je te subis. Je renonce à mes épées, je renonce à mes chevaux, je renonce à mes alcools.
Devenir ta mère cest renoncer à être moi, cest mourir un peu pour te permettre de vivre.
Te mettre au monde sera peut-être mourir vraiment pour que tu puisses vivre. Ton premier cri se poussera peut-être dans mon dernier souffle.
Tu nas pas de prénom, pas de conscience, tu nes rien encore.
Et pourtant Tu as tellement de pouvoir.
Ne me tues pas. Et je te promets dessayer de te faire une place.
Je ne signe pas, c'est inutile, tout finira au feu demain, plus tard, un jour...