Astana
Ce RP fait écho aux combats ayant eu lieu en Orléans dans la nuit du 26 au 27 Novembre 1460. RP initialement commencé en gargote Angevine, déplacé ici pour plus de liberté.
[Bouge de l'Amer Alcool, nuit du 26 au 27 Novembre]
Les tripes ne mentent jamais. Pour preuve : la flopée de courriers gisant sur le comptoir de l'Amer Alcool, vestiges de quelques échanges incongrus. Les nouvelles sont mauvaises ; et les hypothèses révélées pires encore. Alors, la Danoise prévient d'une main malhabile, et prescrit la prudence, voire le retour au bercail. Elle fait passer le mot à qui de droit, mais sans doute la missive ne trouvera-t-elle jamais le destinataire. Sergueï, ou sa frangine. Les Russes ont gagné son respect ; chose trop rare pour être ignorée ou négligée. Ce n'est pas votre cause, barrez-vous. N'allez pas crever inutilement. Ne passez pas par la Touraine, ils vous attendent au tournant. Restez en vie surtout.
Ravaler son égo pour laisser entrer l'Inquiétude. Juste une fois.
La sénestre se crispe sur la coupe de vin à moitié vide. Les nerfs sont ouverts à vif. Et ça, le vin n'y changera rien. D'un geste rageur, l'Astana lance le récipient contre la porte. Elle entame les cents pas, tourne en rond, guettant l'apparition d'un quelconque soleil à l'horizon. L'aube seule amènera son lot de réponses. Or, la patience ne figure pas dans la maigre liste des qualités de la mercenaire. La nuit sera Blanche, et immensément longue.
Les tripes ne mentent jamais... L'aube se lèvera Rouge Sang.
[Portes de Saumur au petit jour, 27 Novembre]
Rude perchée sur sa monture, passablement agitée. L'animal quant à lui commence à manifester des signes d'impatience... aussi. Les soupirs excédés se succèdent, et se ressemblent tous. Les chasses grisâtres scrutent l'horizon à l'affût du moindre signe. Mais il n'y a personne. Pas âme qui vive ou qui crève dans les environs. Une heure passe, puis bientôt deux, sans qu'il ne se passe rien non plus. Les pensées s'emmêlent et se brouillent. L'esprit décousu va même jusqu'à s'échapper quelques instants pour repenser à la veille... au Judas et à leur dernier échange au goût si âpre qu'il lui est resté en travers de la gorge. Grincement de dents, et retour au présent. L'ultime soupir fait figure de renoncement. La nuit n'a peut-être pas été si mouvementée que ça, tout compte fait. Peut-être pas...
Suffit.
Les sourcils froncés, et d'un coup de talon, Astana engage la bestiole à faire demi-tour. Bernée. Trahie par son propre instinct, semble-t-il. Tu redeviens faiblarde, Sa Blondeur... Ou pas. L'oreille se dresse soudainement : des cris. L'on crie depuis les remparts que quelque chose arrive. Elle tourne la tête pour regarder par dessus son épaule, stoppant net toute avancée. Natasha. Juste elle ? Le palpitant fait un bond, cogne un grand coup, fait mal. Sensation désagréable. Elle fonce sans plus attendre en direction de la Russe, et à mesure qu'elle s'en rapproche, d'autres silhouettes se dessinent. Corps sans vie, corps sans armes. Le chaos arrive à point nommé. Masse d'éclopés mi-morts, mi-vivants. L'odeur du sang. Et celle d'un égo commun rabaissé. Ça pue la défaite, oui.
Non. Les tripes ne mentent jamais.
Quand Natasha chute de sa monture pour s'échouer à même le sol, Astana met pied à terre et joue des coudes pour se frayer un chemin jusqu'à l'inconsciente. Les mains surélèvent sa tête, où le carmin s'est mêlé au blond, ruisselant jusque dans sa nuque. Et puis... les billes se posent sur une plaie béante. De la poitrine jusqu'au flanc. Salement amochée que tu es, Natasha... Grimace douloureuse d'une danoise qui empathie, d'un coup. Urgence. La cape retirée fait office de pansement provisoire, et vient s'accoler à l'entaille encore fraîche. Maintenir la pression d'une main, vérifier qu'elle respire de l'autre. Vivante. Mais pour combien de temps ?
Et la question existentielle :
Natasha... Tu m'entends ?
Une étoile est née. *
Claque sèchement assenée à la nordique. Restes-là.
Putain.
Crèves pas. C'est VRAIMENT pas le moment. Tu m'entends ?!
... ne me force pas à annoncer à ton frangin que t'as claqué dans mes bras.
D'ailleurs Sergueï, où es-tu ?
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