Chimera
- Halte !
Allez soulager vos vessies, vous en aurez plus loccasion avant Reoz !
Les lèvres sétirent au son des aboiements de Youen, zélé capitaine de la garde choletaise, expert traducteur adaptant à sa soldaterie les termes des rousses demandes de répit.
Nulle vessie à désemplir pour elle, mais un sac de mots trop longtemps contenus, privés de linterlocuteur en face. Un exutoire, donc. Vite. Vélin sans fin pour la danaïde qui, dans son désir de dire pour être, pourrait bien le faire sans que jamais le flot des mots ne se tarisse.
- Ifig, de lencre, du vélin.
Poplait, dit le sourire fin alors quelle sextrait de la voiture frappée des armes de Cholet. Elle sait bien quil la jugera bête de nattendre pas de pouvoir profiter dun confort dune table et de la tiedeur dune flamme, mais il sait aussi que limpatience brulante suffira à ce quelle nattrape pas froid.
Avec son genou pour seul bureau, une langue de cuir épais comme sous main, elle étale le vélin.
Sans tarder, comme lamant pressé de se jeter dans des bras aimés, et faute desdits bras, elle invoque le nom.
Bulle.
Pissez soldats, la Comtesse nentend ni ne voit.
Citation:
Au vassal de l'altérité,
Demat, Bonjour,
Salutations.
Au creux de lère des missions, je noublie pas la mienne et prends donc la plume avec diligence au sortir de cette dernière.
La frontière est passée. Tout juste. Me voilà chez moi comme en territoire étranger.
Elle lest, passée, en solitaire malgré lescorte.
Combien de régates se livrent, pensez-vous, quand tout un équipage fait physiquement le même voyage ? Bienheureux esprits qui avalent sans mal mille et unes lieues physiques et mentales.
En amatrice de cycles, comme tout bon druide, jaime assez lidée quaprès vous avoir quitté cest vers vous que je me dirige. Nous ferons halte à Rieux, avant de rejoindre Rennes et votre poussière qui est déjà tellement vous que peut-être je chercherai, une fois amassée, à la sculpter selon vos traits.
Mes mots sont éplorés. Malheur. Horreur.
Jaime néanmoins lidée. Quen dites-vous ? Puisse-t-elle sêtre fait sédiment, depuis le temps, pour me faciliter la tâche. De suite je nenvisage pas à cela, tant ce séjour à Rennes menthousiasme. Quelquun qui avait mes traits et ma voix a pourtant dit, traitres propos, à ma compagnie que nous rejoindrions Vannes par la suite, si Guérande ny débarque pas.
Le remords. Mord-t-il donc à ce point que certains le fuient comme la pire des pestes ? En Bretagne, il semble, mon cher, que lon puisse saisir deux villes, faire lune franche et laisser dans lautre une baronne alitée, sexiler un temps et revenir en réclamant un duché. Je maudis ces jours lamnésie de ma patrie, tout en aspirant si souvent à lapaisement des heurts passés. Je naccorderai pas un pardon qui jamais na été demandé, Judas, cela vous semble-t-il trop peu magnanime ?
A chaque souffle disions-nous. Voilà, donc mes mots, mais le mien est étriqué de savoir quà un angevin peut-être vous arrachez le dernier dune main, tout en me lisant de lautre.
Tant pis, je me fais égoïste, et prierai pour linfortunée victime avec gratitude, si par son sacrifice elle vous laisse en vie.
Jinterromps là mes mots, afin quils ne vous distraient pas trop longuement. Je ne me pardonnerais pas quun trait assassin vienne se glisser au milieu des miens.
A galon,
Aedem Mensura.
Faict en la campagne nantaise pendant que les hommes font, d'ar Sadorn 1 a viz Kerzu 1460
Cire ecarlate, comme elle le serait en bafouant une valeur, et sappose le sceau par lui glissé à son pouce. Evidence, disent les anglois quand ils parlent de preuve. Ils ne croient pas si bien dire tant elle simpose.
Tendant le pli avec la voix qui presque supplie:
- Fais le trouver
Et envoie quelquun dexpérimenté, sa route sera compliquée.
Quelle ironie, que ce soit létranger qui sans même dégôuter ait redonné lenvie à Chimera de rentrer chez elle. Ce nest pas par défaut, non. Cest même parfait.
Parce quil ne faut pas laisser de place au doute, liane infâme qui aurait tôt fait de ruiner les parois.
Plop.
Il est temps de repartir et d'aller botter les fesses à un duc qui n'a rien d'autre à faire que de torturer les membres du choletais convoi!
Objection, votre honneur! Il n'a guère fui, mais a été l'otage des papillons de Sa Grandeur! C'est cause d'intérêt national, ça, non? Qui oserait douter du patriotisme de celui qui a tout le trajet durant veillé sur la sécurité de la noble bretonne aux joues roses?_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Chimera
[Vannes Etre ou ne pas être
chez soi.]
Marypole et Hrolf à Rennes, Alain aussi, Mab toujours à ses côtés. La rousse rumine, sur demain.
- Ma dame !!! Un pli !!!
Aussitôt dit, aussitôt arraché, presque, des mains de la blonde Nolwenn qui malgré laffront caractériel ne se départit pas de son sourire ravi. La comtesse sort enfin de létat cataleptique dans lequel elle se réfugie souvent ces jours derniers.
Elle se jette sur sa couche, le lieu des amants où toute donzelle éperdue vient confier le tourment de labsence, ravivant par quelques larmes éperdue mais point perdues les couleurs de la toile des souvenirs.
Soupir ravi.
Etranger. Oasis de bien être au sein dune patrie qui chaque jour la déçoit un peu plus, au sein dune ville en laquelle elle ne se reconnaît plus. Elle entend que pour être il faut façonner et soutenir. Elle sy emploiera donc, tout en redoutant demain. Enterrer le carpe diem, comme elle avait dit au futur mort qui finalement vivrait. Oui, elle le souhaitait, et pourtant il était si facile.
La porte grince alors que Nolwenn s'éclipse, sachant bien que lorsque la rousse lit, ces plis là plus que d'autres, rien n'existe.
Citation:
A vous,
Suzeraine de célérités,
Je vous salue ma mie.
Me voilà discret passant sur le fil de frontières plus nombreuses hélas. Etranger encore, un peu, souvent, c'est un état que j'honore serein, pourtant cette fois j'accuse un isolement plus abrupt que le votre. Ne me fait escorte que le froid, et la neige que je devine couver ma tête, rare auréole méritée, peut-être. Parfois je regrette la solitude que j'ai embrassée sur un coup de tête pour gagner l'Anjou... Mes gants ne seront jamais meilleure suite que mes gens, quoi qu'ils tendent à me dispenser un peu de chaleur et à m'adoucir faits et gestes. Je ne leur trouverai que l'avantage de garder leurs secrets et messages, leurs messages secrets, silencieux éternels de ce qu'ils savent et ne trahiront jamais. Si votre vaisseau a mille âmes, le mien désespère presque de n'avoir pour compagnie qu'un égaré îlot, regagnant mes pénates. Croyez que j'envie ces passagers qui n'effleurent sans doute même pas les récifs qui jonchent votre passage. Figure de proue discrète aux envies sempiternelles.
Les eaux Angevines m'ont laissé un étrange gout de sel... C'est une source à laquelle je reviendrai boire sans doute, à genoux, non loin de ceux , baignant paisibles, de l'ornement qui voyage seul au devant de tous. Elle me parlera peut-être des Guérandes, mystères à mon esgourde profane, quoi que doucement avertie... Faute de pouvoir prononcer sans écorcher, je me suis pris à écouter. Beaucoup. Elève attentif déjà, amateur persuadé de ces sonorités qui appellent. Faites vous sculptrice , je me ferai observateur fanatique de ces images nombrilistes qui reflèterons vos propres traits.
Du reste... Je me ferai silencieux sur des à-propos qui m'échappent, sans douter de la justesse de vos condamnations. Je suis bien mal placé pour juger les agissements d'autrui, voyez. La vie se joue de nous, lorsque je quitte l'Anjou aux mamelles de laquelle j'ai bu jusqu'à plus soif l'illustre vin pour la pourfendre avec mes frères. Le sort est sarcasme lorsque j'ai trainé ses tripots, l'exaltant gout du jeu au ventre, et que je lui disputerai une ultime partie souhaitant triompher de sa dernière carte. Je ne parlerai pas même de mes arcanes de vie, c'est un sujet que vous me connaissez désormais. J'ai vendu mon bien Andégave sans remords, hier j'étais ami, aujourd'hui compte ma réflexion, demain je serai amant... De l'Anjou. Je lui dois bien quelque chose, à cette scandaleuse culottée, une mort aussi présomptueuse que grande pour m'avoir fait don d'une poignée de nuits auprès de vous. On achève un grand ennemi aussi fort qu'il nous a séduit. Car s'il est bien un fait avéré, c'est que toute part d'amour comporte sa part de haine, sans doute n'y êtes-vous pas étrangère...
Dieu vous garde,
Diable nous garde.
Burgundiae Fidelis,
Faict en la campagne Limousine un jour du mois de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,
Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur de Courceriers et de Miramont,
Petit seigneur d'une Grandeur aux chimères.
La réponse se fait attendre.
Elle attend, oui. Plusieurs heures. Pas trop tout de même. Ce sont des années pour le cur énamouré.
La comtesse est là, grignotant quelques biscuits qu'une Nolwenn prévenante lui ayant déposé là sous la main. A vrai dire ils se sont déposés tout seuls quand Chim en était à sa 50ème -et des brouettes- relecture.Et le vélin tout prêt à recevoir réponse s'est déroulé tout seul, lui aussi.
Higitus figitus zomba kazom!
Comme tout est prêt, inutile de se, le, nous faire patienter davantage...
Citation:
A Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur des frontières,
Ne me nommez pas comme vous le faites, malheureux. Si sur la hâte javais le moindre pouvoir, je ne vous l'écrirai pas. Je ne peux si facilement vous invoquer, contrainte à ne faire que rêver de la douce ubiquité, et suis réduite à lactivité dont je vous ai parlé, que vous avez-vous-même évoquée. Sommes nous donc jumeaux pour quen mon désir de façonner les particules à vôtre image, ce soit la mienne que vous voyiez ? De grâce, ne faites pas de moi la Narcisse de la poudre du passé, à moins que celle-là soit la neige qui me guette ?
Mon ami, discrétion vous sied aussi bien quun gant miteux et élimé à vostre main, mais puissiez vous vous faire spectre aux pattes humbles si vous échappez ainsi à la lame avide de lAnkou.
Solitude et compagnie, Judas. Spectre, vous en explorez les dimensions. Permettez-moi sur le sujet une courte réflexion. Celui qui ne sait être seul craint de lêtre réellement même au milieu dune foule. On lembrasse parfois pour finalement la quitter dans lailleurs. Lorsquon en connaît les arcanes, finalement, il est aisé dêtre en compagnie de ce qui est absent, tout en jugeant lêtre là diaphane et lointain.
Au sein dune tempête, on peine à distinguer la proue de la poupe, les compas sont embrouillés et quand la capitaine est muet, léquipage ignore dans quelle direction il rame, voguant ainsi vers Salut ou Perte. Deux ports, Salut des uns étant Perte des autres, chacun voguant ardemment vers le sien.
La galère se brisera-t-elle en son centre si nul capitaine au tambour sonnant ne met dordre dans cette mêlée ?
Quand une nation entière sacrifie les évidences sur lautel dune paix surfaite, où les dites évidences sen vont dans lAutre-Monde -là où Justice a encore son noble nom, retrouver les alliances angevines, elle embrasse des projets dont elle a maintes fois été victime. De cela je me désole, sans visiblement en avoir le droit. Paix des ménages oblige.
Sus à la mémoire, le présent parle!
Les eaux dont vous parlez. Elles sont amères et salées, tristement. Aigries. Croupies, aussi sûrement. Le rouge men monte aux joues. Chaque mois pourtant, à la lune pleine, et vous le savez, elles sont renouvelées, mais lorsque le roc est profondément marqué, mon aimé, combien dannées sont nécessaires à ce que la balafre sévanouisse ? Doute et culpabilité maccompagnent, le roc nest-il pas assez friable ? Ou leau baume lustrant trop inefficace ?
Quand le ciseau a mordu lalbâtre aussi cruellement que le fer rouge dévore la chair, avec obstination
Non
Vivement ces histoires vous seront contées, car cest ainsi que scelaig narre.
Puisse votre impatience, et vôtre soif, vous poussez à les quérir vite, dusse-t-il pour cela vous conduire à marcher sur lAnjou. Quoique, ce sont de mornes épopées, dont vous aimeriez peut-être vous passer. Mais si vous vous entêtez, peut-être alors les pluies hivernales auront-elles fait leur office, et amendé la plaie, quand lartiste lui német pas le moindre regret pour son travail disgracieux. Chacun juge lart avec ses yeux, il faut l'admettre, non?
Quoiquil en soit, je ne peux quespérer, me faisant votre vice-versa, que la haine comporte sa part damour
Je me fais Sylvestre aujourd'hui, si vous le voulez bien, valet témoin sans oser dire malin de la scène qui en nos royaumes se joue. Je suis ainsi alliée à tous sans être à personne, dans un élément qui me convient. Car oui, doux nom, ils jouent, déplaçant leurs armées comme des pions, au gré de leur envie. Jimplore le sort pour quau cours de cette partie, tout joueur que vous êtes, vous soyez avec soin déposé sur une case-havre où nul roi, nulle reine, et nul fou ne vous menaceront. Non
Soyez tour, Judas, que de ce donjon je puisse me faire lotage et la vigie.
Vous remarquerez peut être aussi que c'est de Vannes que je vous écrit. Port aujourd'hui honni quand j'aspirais tant à le retrouver ami. A Rennes j'irai, lorsqu'aux nécessiteux angevins j'aurai porté pain et vin, en priant pour que leurs forces renouvelées ne soient pas vers vous dirigées. Peut-être me maudirez-vous, mais en tant que Gardienne de Cholet, je ne peux fermer les yeux comme le fait la grande majorité des bretons.
Puissent mes mots vous apporter quelque chaleur. Autorisez-vous à les mettre au feu, sils peuvent ainsi servir, jen tirerai grand bonheur. Et laissez-moi vous souffler que Diable en son royaume est plus chaleureux, si vous êtes homme de sens premiers, corps plus quesprit.
Votre Intarissable et Traitresse amie,
Aedem Mensura.
E Gwened, d'ar Merc'her 5 a viz Kerzu 1460
_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Judas, incarné par Chimera
Le messager fidèle s'en était revenu, portant avec lui le tribut de l'indicible, quelques écrits interdits. Le temps filait entre les échanges, paraissant s'étirer à l'infini. Sensation frustrée à l'impatient, Judas s'était surpris de sceller ses lettres, mesure inhabituelle dès lors qu'elles pouvaient lui attirer foudres et soupçons de mauvais yeux. Il ne signait pas de cire pour l'Anaon, peureux des conséquences que pourraient engendrer l'hybride découverte de leurs écarts. Mais ... Mais. S'encombrer d'un cachet d'officiel pour une noblesse rangée au dessus de la sienne était sans doute l'une des raisons de son exception. Soucieux de ne pas outrager la Bretagne et son or.
Ridicule était ce sentiment pointant bien tard dans sa vie. L'amour courtois aurait du s'opérer avant qu'il ne se laisse marier à une jeune dame, de vingt ans sa cadette. Pour autant il s'amusait de ce retard malheureux, adolescent d'un instant, d'un instant où ses yeux parcourraient les mots de la Dénéré-Malines. Pour l'avoir longtemps couvée de ses desseins silencieux, il n'escomptait pas reprendre comme avant leurs jeux de fallacieuses indifférences. Fallait-il ne pas oublier que d'adolescent Judas n'avait plus que le ressentiment...
Citation:
A Chimera de Dénéré-Malines,
Maitresse du subliminal,
Entête entêtée,
Bonjour douce amie.
Vous étiez peut-être Narcisse inaccessible il est vrai, et sans perdre cet aura lointain et si proche à la fois désormais je vous déclare Soucis, fleur légère de mon jardin secret, sans épines mais point sans défenses. En perdez-vous pour autant vostre complexité? Je crois que non, pour ma bonne fortune. D'icelle d'ailleurs prions que je sois accompagné, quoi qu'il me vient de troubles pensées lorsque je vous lis si près de la Mort. Gagez que si l'Ankou est à vostre image, je le laisserai me prendre, et sa lame sera le sillon interdit de vostre langue, comme ses griffes l'étau plaisant de vos bras. Je m'avance vers lui sans faire de bruit, je jouerai contre son sein au son des chants et cris de guerre. Parait-il que la vie est parfois le frisson d'un cauchemar dont la mort nous réveille. Qu'à cela ne tienne.
Je suis en territoire Berrichon, ma progression est lente mais sûre sur ces terres qui ne voient se mouvoir que de migrateurs soldats en pèlerinage vers le Domaine Royal. Je les regarde passer comme quelques oiseaux hagards, en bancs éclatés par leur sinistre destin. Je me sens l'un d'eux tout en gardant mes distances face à l'inéluctable qui nous attends. Chimera, si de solitude vous me savez presque vaincu, ne cherchez pas à deviner comment je lui survivrai. Ce que vous imaginerez sera sans doute aucun bien loin d'une réalité qui sera façonnée aux aléas des batailles... Les Misaudors aux étendards amis s'en viennent bientôt frotter leur carapaçons au mien. Si le Très Haut y consent, demain nous serons vingt puis cent marchant vers Orléans, des nouvelles me viennent pour m'apporter la venue prochaine de ces migrants connus. Je ne voguerai pas plus longtemps seul. Quant à voguer d'ailleurs...
Au fil de l'onde je me refuse à regarder le navire sombrer. Je n'y vois que ma perte, en égoïste, sus à tout cela et à tout le reste, le présent parle. Je me ferai au possible Mnémosyne plus que Scelaig, ayant à coeur et à corps de hâter la disparition inévitable de ces stigmates qui mutilent. Et moi plus que le temps déclare présomptueusement que ces plaies seront pansées, puissent-elles l'être dans la folie de nos égarements. Puisqu'au lit comme à la guerre... Nous sommes tous perdus. L'eau coulera encore ma mie, comme l'encre et comme le sang, ce rouge qui flouera mes yeux sur les terres écartelées de ma destination. J'aurai l'impression en tranchant une salve de vie que vos cheveux me caresseront le visage, là où ce ne sera qu'une giclée d'ichor. D'ichor ennemi. Et j'en manderai encore. Ardent désireux de prendre encore, et encore, et encore. Mes victoires seront vous, et vous serez ma victoire, souillée de fierté tant que de honte, pour ce droit que nous nous sommes octroyé sans jamais en éprouver de remord. Chimera! N'est de morne épopée que l'exploit où votre rouge ne flamboie.
Vos prières sont belles et plaisantes à mon coeur, pourtant je n'y entend que de mauvaises peurs. Je préfère encore mourir de suette que d'expirer sans bataille, l'on me porte déjà souvent absent aux causes où l'on m'attend, il serait indécent de me soustraire aux malices de la guerre. Pour une fois, j'irai consolider les oeuvres de mon Roy. Moi qui l'ai tant espéré. Bourgogne brillera souvent de ces haut faits souverains, j'aurai au moins l'heur d'édifier de ma pierre contre leurs pierres ces ouvrages succincts.
Je vous imagine alimenter le monstre que je m'en vais tuer, sans mentir c'est bien là une idée qui me fait sourire. Puisque je vous dit que je ne peux occire sans vous savoir derrière tous mes combats. Vous serez-là. Rien que pour cela, comme puis-je vous maudire? Femme de bonté et d'abnégation, vous dirigez vers vous toute ma déraison... De cette chaleur qui m'émeut à cette gentillesse qui parfois me répugne, je le confesse. Me laissant à croire que d'autres pourraient en profiter, s'y frotter sans la mériter, en immense feu de joie. Amour ou haine, qu'importe, pour vous garder je préfère faire feu de tout bois. Je marcherais sur leurs royaumes s'il me font un pont vigoureux menant au vostre et chez vous je me ferai diable en sa demeure, bientôt.
Vostre visiteur lointain.
Ad Burgundiae Fidelis,
Faict en la campagne Berrichonne un jour du mois de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,
Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur de Courceriers et de Miramont,
Petit seigneur d'une Chimère aux grands heurts.
Plus que trois jours avant de toucher au but. D'ici là, les prochaines nouvelles lui parviendraient peut-être avec plus de difficultés. L'homme appréhendait de retrouver sa femme et en son sein ce fils, seule part légitime de sa vie si... Illégitime. Ces pensées s'estompèrent au départ de la missive, il fallait marcher. Marcher tant qu'il le pouvait encore.
Judas, incarné par Chimera
Cholet épousa l'Anjou au fil de mots parcourus par des yeux sombres et attentifs. Prunelles noires érectiles, écorchées du plaisir de cette union décriée encore secrète. La senestre serrant de cinq doigts fins les couleurs de la Dénéré-Malines s'ouvrit comme un fleur qui peine à exposer son coeur, exaltée. Précautionneusement elle s'arma de patience pour nouer l'apparat à la garde d'une épée longue, s'arrimant à l'étoffe autant qu'à sa symbolique. Porter les couleurs de sa Dame pour guerroyer... Chimera avait le point final audacieux, se doutant certainement que le seigneur déserteur de ses terres depuis plusieurs mois, bon gré malgré, ne s'était pas vu offrir un tel soutient de son épouse. Mais là où l'épouse faute, celle qui demeure en son ombre vainc. Le présent-lien intimidait presque l'amant, mari volage soulagé de savoir qu'en toute ombre guettait sa part de bienveillance. Lorsque par trois fois il se fut rassuré que l'Or et le Rouge ne pouvaient s'échapper, qu'en seyant col le tissus ceignait solidement son arme, Judas eu un soupir léger. Et l'Anjou épousa Cholet.
Citation:
A vous, malgré tout sourire qui,
Sachant ne jamais trop en dire,
Laisse ma compréhension
Toute à sa suggestion.
Bonsoir.
C'est bien le soir qui prend ses aises lorsque je vous répond, soulagé au demeurant, à la lueur de quelques veilleuses. Voilà longtemps que j'attendais de vos nouvelles, si pressant et pressé que de quelques lignes jouvencelles je me serai même contenté. Mais voilà, nous parlons de vous, et même vos missives savent se faire désirer. Elles me viennent lentement, pleine de tout, de vous, sont chargées de tous vos mots et parfums, d'arcanes plus intimes que je pense je m'invente, à force de votre manque. Vous me parlez d'Anjou, de ce qu'il en est chez vous. Du pain et de l'eau qui manque tant à leur peau. Quoi vous dire, j'ai gagné les rangs royaux, retrouvé pairs et autres pour les desseins que vous nous savez. L'affaire est bien banale lorsque je n'ai qu'une vraie chose à vous offrir, mon désir, chaque jour attisé, diable je n'ai que ça à vous écrire, je vous vois déjà en rire... La guerre peut bien passer, Chimera vous me manquez.
Puisqu'il faut parlementer, vaille, me voilà sous tenture à n'en plus pouvoir de manger ce pain au quotidien qui fait défaut aux autres, écuelle d'hussard que je ne serai jamais. Aux portes de Saumur les groupes semblent s'observer, prêt à danser les stratèges que l'on se refuse à nous communiquer. La neige est là, me repoussant plus profondément dans l'épaisseur de la laine et de la martre, ici la chaleur est chère, puis ma barbe est en jachère. Je ne suis point beau à regarder. Les rumeurs gonflent des deux cotés, de pillages et autres abus les angevins accusent le Roy, pourtant... Je suis bien là, attestant qu'il n'en est rien. La propagande grignote les esprits si bien que demain j'en gage, même les frères ne sauront se reconnaitre, brebis galeuses déguisées en mouton de Panurge... La guerre a ceci de désarmant quelle permet de faire que les choses finissent par être ce que lon dit delles.
Ainsi de boniments ma mie je suis l'observateur expert. Si vous avez su tenir droite, du moins si vous avez jugé utile de me l'avouer, je ne peux qu'en déduire que des vents étrangers ont tenté de vous faire flancher. Qu'il est dur à mes yeux de lire tel aveu, quoi que dissimulé... Et je maudis sans subtilité chaque homme qui sur vous a pu regard poser. Et qui sont-ils pour croire mieux que moi vous mériter? Eux qui n'étaient pas là avant, qui n'ont pas su vous épouser? Qui sont les aveugles aux mots beaux et aux perfides manoeuvres... Qu'importe après tout, je saurai reconnaitre l'ennemi lorsque je le verrai. Incarné de tout mâle au faciès un peu trop éclairé de cet aura que vous avez particulier. N'est brume que votre destin, ma chère, je sais ce que je veux et y ploierai sans faute, lorsque je le pourrais. Si vous capitulez à vos craintes, à vos doutes par peur de creuser un sillon mainte fois retracé me voilà perdu, et avec moi l'in-impossible à jamais. Vous me faites mal, votre peur aiguillone plus qu'elle ne harponne des faiblesses auxquelles je n'ai envie de vous céder. Je suis l'impuissance incarnée, lecteur exténué retranché dans son camps sans pouvoir vous montrer les forces insoupçonnées d'un déterminé. Entendez-vous ma voix? Je prie que non, il n'est rien de charmant en ce qui tranche les éclats d'un timbre brisé.
Je garde néanmoins votre présent, sans doute plus près de l'ennemi que de mon corps, n'y voyez là que pure commodité... Je ne vois pour mieux sceller serment que le sang dont très vite certainement il se fera baptême. Je regarderai droit devant tant que vous tiendrez l'effort de scruter en haut, et jamais cupidité ne saura vous éclabousser. Je préfère y déceler patience et légitimité, comme vous le disiez, car n'oubliez pas mon adorée Bretonne que votre fardeau est partagé. Et qu'il le sera encore quelques temps indéfinis, au gré de dieu...
Vostre éprouvé soupirant.
Ad Burgundiae Fidelis,
Faict en la campagne Berrichonne le dernier jour de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,
Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur de Courceriers et de Miramont,
Petit seigneur d'une Rouge baguée d'Or.
Fallait-il lui épargner la fraîche venue d'Isaure à Saumur? Sans s'être posé la question, machinal, il le fit. Les toiles de sa tenture le verraient encore longtemps tourner en rond comme un animal en cage...
Judas, incarné par Chimera
- Malpeste! Attrape-le! Il a de la bidoche, j'te dis qu'il a de la bidoche! Il vient de sortir du camps là, avec le sac plein!
C'est ça travailler pour la noblesse en temps de grande famine, de siège, de guerre, de désolation. Le moindre valet, messager, écuyer, clampin, traine savate touchant sa paye a plutôt intêret à planquer le fruit de son labeur et à avoir de bonnes jambes... S'il veut pouvoir les garder. Et celui-ci, quinze ans au bas mot et une trogne de ne pas y toucher a justement eu l'heur de le réaliser. Un fracas sourd, des bruits d'empoignade, des souffle de bestes et des jurons envoyés au quatre vents; bienvenue en Angers. Neuf armées qui se regardent en chien de faïence et un no man's land qui n'en est absolument pas un, hanté par les crèves la faim de la guerre, paysans aux terres dévastées et aux fermes pillées. Nombreux sont-ils, ces laissés pour compte, leurs intentions sont mauvaises mais pis encore... Leur vue est bonne. Malheureusement pour notre petit page.
- Haha puterelle d'noble cul béni! Montre voir là ce que t'ont refilé les soldats d'not'bon Roy...
Une quinte de toux et quelques coups échangés plus tard, la menotte fébrile ramasse à l'écrin de la neige maculée de rouge son salaire à venir... Tant pis pour la dent du vieux, l'avait qu'à pas tenter de bourriner en dessous la ceinture... Tombée dans le tumulte, les mots se sont fait buvards, pauvres mystères au sens ajouré et aux parcelles absentes, indéchiffrables. Le môme se presse, presque fier de son insoupçonnée ressource. La missive peut bien être illisible il s'en fiche, il n'est payé que pour la remettre à sa destinataire... Et la route est encore longue.
Citation:
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............ insi Chimera, passionnée altruiste pourrait se repaitre même d'une manne aussi délétère que celle de mes jo .............................................................................................................................................................................
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.....................................................................................................................................................rrait-il donc que d'étrangers yeux aient pu s'approprier ce que ma main vous avait formellement réservé? Dites moi que ceux là se sont refermés tout comme ils se sont malheureusement ouverts, peu prudes, à mes mots. Il me vient des cra ......................................................................................................................................................................................
.............................................................................................................................................................................tume est une compagne plus fidèle que ce que je ne l'imaginais, elle semble tirer malin profit des absences qui tourmentent et frayer, désinvolte, dans le nid de mes faits, pensées et gestes. Rierez-vous si jamais m ....................................... Et charognes seront toujours maudites pour tournoyer sur ce qui, en apparence, est délaissé. Tud ......................................................................................................................................................................
.......... enté de vous ..................................................................................... e Roy demeure, et demeurera toujours en n .........................................................................
...................... uée de corbeaux, je serais le plus hargneux, qu'il fail ................................................................................................... -vous pas ce coté peu ostensible de ma personne, pourtant pour tout l'or ou l'amour de ce monde je ne renierai ce qui fait moi, Judas, amant de vous et ennemi d'autres, mes causes vous paraitrons souvent lointaines ou obscures si tant est que je les partagerais, nonobstant la rouille sous le lustre il est des armes que l'on apprécie pour leur capacités bien pl ..................................................................................................................................................................
............................................................................................................... Souffrante, allitée, et je ne peux nier craindre pour la vie de ..................................................................................................................................................................
.......................................................................... rs aimez-moi plus que tout autre, madone impure dont je baiserai sans orgueil les pieds, je me complais à aimer jusque vos blasphèmes, ces intempéra .............................. bien rarement .....................................................
.....................................................................................rments bien contraignants, certes ............................................. Armées ...................... Angers ........................................................
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........... Fidelis,
Faict e ..............................................................................................................461 et signé de ma main,
........ Gabryel ....................
.........eur de C....................................
.........seigneur ....................................
A Angers le seigneur est arrivé, laissant une harassante Isaure à ses maux. C'est le Roy, ou le reste, n'est-il pas... Et pour une fois, Judas s'accommode bien de devoir faire des choix.