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[RP] Retour vers le futur

Chimera
- Halte !
Allez soulager vos vessies, vous en aurez plus l’occasion avant Reoz !


Les lèvres s’étirent au son des aboiements de Youen, zélé capitaine de la garde choletaise, expert traducteur adaptant à sa soldaterie les termes des rousses demandes de répit.
Nulle vessie à désemplir pour elle, mais un sac de mots trop longtemps contenus, privés de l’interlocuteur en face. Un exutoire, donc. Vite. Vélin sans fin pour la danaïde qui, dans son désir de dire pour être, pourrait bien le faire sans que jamais le flot des mots ne se tarisse.


- Ifig, de l’encre, du vélin.


Poplait, dit le sourire fin alors qu’elle s’extrait de la voiture frappée des armes de Cholet. Elle sait bien qu’il la jugera bête de n’attendre pas de pouvoir profiter d’un confort d’une table et de la tiedeur d’une flamme, mais il sait aussi que l’impatience brulante suffira à ce qu’elle n’attrape pas froid.
Avec son genou pour seul bureau, une langue de cuir épais comme sous main, elle étale le vélin.
Sans tarder, comme l’amant pressé de se jeter dans des bras aimés, et faute desdits bras, elle invoque le nom.
Bulle.
Pissez soldats, la Comtesse n’entend ni ne voit.


Citation:
Au vassal de l'altérité,
    Demat, Bonjour,
    Salutations.

    Au creux de l’ère des missions, je n’oublie pas la mienne et prends donc la plume avec diligence au sortir de cette dernière.
    La frontière est passée. Tout juste. Me voilà chez moi comme en territoire étranger.
    Elle l’est, passée, en solitaire malgré l’escorte.
    Combien de régates se livrent, pensez-vous, quand tout un équipage fait physiquement le même voyage ? Bienheureux esprits qui avalent sans mal mille et unes lieues physiques et mentales.

    En amatrice de cycles, comme tout bon druide, j’aime assez l’idée qu’après vous avoir quitté c’est vers vous que je me dirige. Nous ferons halte à Rieux, avant de rejoindre Rennes et votre poussière qui est déjà tellement vous que peut-être je chercherai, une fois amassée, à la sculpter selon vos traits.
    Mes mots sont éplorés. Malheur. Horreur.
    J’aime néanmoins l’idée. Qu’en dites-vous ? Puisse-t-elle s’être fait sédiment, depuis le temps, pour me faciliter la tâche. De suite je n’envisage pas à cela, tant ce séjour à Rennes m’enthousiasme. Quelqu’un qui avait mes traits et ma voix a pourtant dit, traitres propos, à ma compagnie que nous rejoindrions Vannes par la suite, si Guérande n’y débarque pas.
    Le remords. Mord-t-il donc à ce point que certains le fuient comme la pire des pestes ? En Bretagne, il semble, mon cher, que l’on puisse saisir deux villes, faire l’une franche et laisser dans l’autre une baronne alitée, s’exiler un temps et revenir en réclamant un duché. Je maudis ces jours l’amnésie de ma patrie, tout en aspirant si souvent à l’apaisement des heurts passés. Je n’accorderai pas un pardon qui jamais n’a été demandé, Judas, cela vous semble-t-il trop peu magnanime ?

    A chaque souffle disions-nous. Voilà, donc mes mots, mais le mien est étriqué de savoir qu’à un angevin peut-être vous arrachez le dernier d’une main, tout en me lisant de l’autre.
    Tant pis, je me fais égoïste, et prierai pour l’infortunée victime avec gratitude, si par son sacrifice elle vous laisse en vie.

    J’interromps là mes mots, afin qu’ils ne vous distraient pas trop longuement. Je ne me pardonnerais pas qu’un trait assassin vienne se glisser au milieu des miens.

    A galon,

Aedem Mensura.
Faict en la campagne nantaise pendant que les hommes font, d'ar Sadorn 1 a viz Kerzu 1460



Cire ecarlate, comme elle le serait en bafouant une valeur, et s’appose le sceau par lui glissé à son pouce. Evidence, disent les anglois quand ils parlent de preuve. Ils ne croient pas si bien dire tant elle s’impose.
Tendant le pli avec la voix qui presque supplie:


- Fais le trouver…
Et envoie quelqu’un d’expérimenté, sa route sera compliquée.


Quelle ironie, que ce soit l’étranger qui sans même dégôuter ait redonné l’envie à Chimera de rentrer chez elle. Ce n’est pas par défaut, non. C’est même parfait.
Parce qu’il ne faut pas laisser de place au doute, liane infâme qui aurait tôt fait de ruiner les parois.

Plop.

Il est temps de repartir et d'aller botter les fesses à un duc qui n'a rien d'autre à faire que de torturer les membres du choletais convoi!
Objection, votre honneur! Il n'a guère fui, mais a été l'otage des papillons de Sa Grandeur! C'est cause d'intérêt national, ça, non? Qui oserait douter du patriotisme de celui qui a tout le trajet durant veillé sur la sécurité de la noble bretonne aux joues roses?

_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Marypole
Mary voyage à côté du carrosse de la Comtesse depuis...
Voyage, voyage !!
Elle est armée jusqu'au dent et fait partie de l'escorte qui s'est arrêtée sur ordre du bourru lieutenant au bord de ce chemin.

Soulager les vessies .
Elle sourit.

Pas de ventre lourd pour la petite brune ... elle ne boit jamais pendant ces longs voyages. C'est un principe qu'elle a appris quand elle guerroyait dans l'armée Myosotis.
Ne boire qu'en arrivant pour ne point perdre de temps !!

Pensive, elle regarde Chimera.

Écrire tout de suite, écrire avec ardeur, écrire dans l’inconfort.
Écrire...
Depuis quand n'a-t-elle point écrit, elle ?
Sa main saurait-t-elle encore tenir la plume ?

Elle regarde celle de la Comtesse qui vole sur le vélin...

Pensive, elle voit les joues de Chimera s'empourprer malgré le froid.
Pensive, elle remarque que malgré l'air vif qui pince les narines de tous, la Comtesse de Cholet semble insensible.

La missive est rapidement scellée.


Tous en selle !!

Sourire à Hrolf qui l'aide à monter sur le destrier aux naseaux encore fumants.

Vers qui part ce pli si fiévreusement écrit ?
That is the question ... qui n'aura jamais de réponse.

_________________
Chimera
    [Vannes – Etre ou ne pas être … chez soi.]


Marypole et Hrolf à Rennes, Alain aussi, Mab toujours à ses côtés. La rousse rumine, sur demain.

- Ma dame !!! Un pli !!!

Aussitôt dit, aussitôt arraché, presque, des mains de la blonde Nolwenn qui malgré l’affront caractériel ne se départit pas de son sourire ravi. La comtesse sort enfin de l’état cataleptique dans lequel elle se réfugie souvent ces jours derniers.
Elle se jette sur sa couche, le lieu des amants où toute donzelle éperdue vient confier le tourment de l’absence, ravivant par quelques larmes éperdue mais point perdues les couleurs de la toile des souvenirs.

Soupir ravi.
Etranger. Oasis de bien être au sein d’une patrie qui chaque jour la déçoit un peu plus, au sein d’une ville en laquelle elle ne se reconnaît plus. Elle entend que pour être il faut façonner et soutenir. Elle s’y emploiera donc, tout en redoutant demain. Enterrer le carpe diem, comme elle avait dit au futur mort qui finalement vivrait. Oui, elle le souhaitait, et pourtant il était si facile.

La porte grince alors que Nolwenn s'éclipse, sachant bien que lorsque la rousse lit, ces plis là plus que d'autres, rien n'existe.


Citation:
    A vous,
    Suzeraine de célérités,


    Je vous salue ma mie.

    Me voilà discret passant sur le fil de frontières plus nombreuses hélas. Etranger encore, un peu, souvent, c'est un état que j'honore serein, pourtant cette fois j'accuse un isolement plus abrupt que le votre. Ne me fait escorte que le froid, et la neige que je devine couver ma tête, rare auréole méritée, peut-être. Parfois je regrette la solitude que j'ai embrassée sur un coup de tête pour gagner l'Anjou... Mes gants ne seront jamais meilleure suite que mes gens, quoi qu'ils tendent à me dispenser un peu de chaleur et à m'adoucir faits et gestes. Je ne leur trouverai que l'avantage de garder leurs secrets et messages, leurs messages secrets, silencieux éternels de ce qu'ils savent et ne trahiront jamais. Si votre vaisseau a mille âmes, le mien désespère presque de n'avoir pour compagnie qu'un égaré îlot, regagnant mes pénates. Croyez que j'envie ces passagers qui n'effleurent sans doute même pas les récifs qui jonchent votre passage. Figure de proue discrète aux envies sempiternelles.

    Les eaux Angevines m'ont laissé un étrange gout de sel... C'est une source à laquelle je reviendrai boire sans doute, à genoux, non loin de ceux , baignant paisibles, de l'ornement qui voyage seul au devant de tous. Elle me parlera peut-être des Guérandes, mystères à mon esgourde profane, quoi que doucement avertie... Faute de pouvoir prononcer sans écorcher, je me suis pris à écouter. Beaucoup. Elève attentif déjà, amateur persuadé de ces sonorités qui appellent. Faites vous sculptrice , je me ferai observateur fanatique de ces images nombrilistes qui reflèterons vos propres traits.

    Du reste... Je me ferai silencieux sur des à-propos qui m'échappent, sans douter de la justesse de vos condamnations. Je suis bien mal placé pour juger les agissements d'autrui, voyez. La vie se joue de nous, lorsque je quitte l'Anjou aux mamelles de laquelle j'ai bu jusqu'à plus soif l'illustre vin pour la pourfendre avec mes frères. Le sort est sarcasme lorsque j'ai trainé ses tripots, l'exaltant gout du jeu au ventre, et que je lui disputerai une ultime partie souhaitant triompher de sa dernière carte. Je ne parlerai pas même de mes arcanes de vie, c'est un sujet que vous me connaissez désormais. J'ai vendu mon bien Andégave sans remords, hier j'étais ami, aujourd'hui compte ma réflexion, demain je serai amant... De l'Anjou. Je lui dois bien quelque chose, à cette scandaleuse culottée, une mort aussi présomptueuse que grande pour m'avoir fait don d'une poignée de nuits auprès de vous. On achève un grand ennemi aussi fort qu'il nous a séduit. Car s'il est bien un fait avéré, c'est que toute part d'amour comporte sa part de haine, sans doute n'y êtes-vous pas étrangère...

    Dieu vous garde,
    Diable nous garde.

    Burgundiae Fidelis,
    Faict en la campagne Limousine un jour du mois de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,

    Judas Gabryel Von Frayner,
    Seigneur de Courceriers et de Miramont,
    Petit seigneur d'une Grandeur aux chimères.




La réponse se fait attendre.
Elle attend, oui. Plusieurs heures. Pas trop tout de même. Ce sont des années pour le cœur énamouré.
La comtesse est là, grignotant quelques biscuits qu'une Nolwenn prévenante lui ayant déposé là sous la main. A vrai dire ils se sont déposés tout seuls quand Chim en était à sa 50ème -et des brouettes- relecture.Et le vélin tout prêt à recevoir réponse s'est déroulé tout seul, lui aussi.
Higitus figitus zomba kazom!
Comme tout est prêt, inutile de se, le, nous faire patienter davantage...


Citation:
A Judas Gabryel Von Frayner,
Seigneur des frontières,


    Ne me nommez pas comme vous le faites, malheureux. Si sur la hâte j’avais le moindre pouvoir, je ne vous l'écrirai pas. Je ne peux si facilement vous invoquer, contrainte à ne faire que rêver de la douce ubiquité, et suis réduite à l’activité dont je vous ai parlé, que vous avez-vous-même évoquée. Sommes nous donc jumeaux pour qu’en mon désir de façonner les particules à vôtre image, ce soit la mienne que vous voyiez ? De grâce, ne faites pas de moi la Narcisse de la poudre du passé, à moins que celle-là soit la neige qui me guette ?

    Mon ami, discrétion vous sied aussi bien qu’un gant miteux et élimé à vostre main, mais puissiez vous vous faire spectre aux pattes humbles si vous échappez ainsi à la lame avide de l’Ankou.
    Solitude et compagnie, Judas. Spectre, vous en explorez les dimensions. Permettez-moi sur le sujet une courte réflexion. Celui qui ne sait être seul craint de l’être réellement même au milieu d’une foule. On l’embrasse parfois pour finalement la quitter dans l’ailleurs. Lorsqu’on en connaît les arcanes, finalement, il est aisé d’être en compagnie de ce qui est absent, tout en jugeant l’être là diaphane et lointain.

    Au sein d’une tempête, on peine à distinguer la proue de la poupe, les compas sont embrouillés et quand la capitaine est muet, l’équipage ignore dans quelle direction il rame, voguant ainsi vers Salut ou Perte. Deux ports, Salut des uns étant Perte des autres, chacun voguant ardemment vers le sien.
    La galère se brisera-t-elle en son centre si nul capitaine au tambour sonnant ne met d’ordre dans cette mêlée ?
    Quand une nation entière sacrifie les évidences sur l’autel d’une paix surfaite, où les dites évidences s’en vont dans l’Autre-Monde -là où Justice a encore son noble nom, retrouver les alliances angevines, elle embrasse des projets dont elle a maintes fois été victime. De cela je me désole, sans visiblement en avoir le droit. Paix des ménages oblige.
    Sus à la mémoire, le présent parle!

    Les eaux dont vous parlez. Elles sont amères et salées, tristement. Aigries. Croupies, aussi sûrement. Le rouge m’en monte aux joues. Chaque mois pourtant, à la lune pleine, et vous le savez, elles sont renouvelées, mais lorsque le roc est profondément marqué, mon aimé, combien d’années sont nécessaires à ce que la balafre s’évanouisse ? Doute et culpabilité m’accompagnent, le roc n’est-il pas assez friable ? Ou l’eau baume lustrant trop inefficace ?
    Quand le ciseau a mordu l’albâtre aussi cruellement que le fer rouge dévore la chair, avec obstination… Non… Vivement ces histoires vous seront contées, car c’est ainsi que scelaig narre.
    Puisse votre impatience, et vôtre soif, vous poussez à les quérir vite, dusse-t-il pour cela vous conduire à marcher sur l’Anjou. Quoique, ce sont de mornes épopées, dont vous aimeriez peut-être vous passer. Mais si vous vous entêtez, peut-être alors les pluies hivernales auront-elles fait leur office, et amendé la plaie, quand l’artiste lui n’émet pas le moindre regret pour son travail disgracieux. Chacun juge l’art avec ses yeux, il faut l'admettre, non?
    Quoiqu’il en soit, je ne peux qu’espérer, me faisant votre vice-versa, que la haine comporte sa part d’amour…

    Je me fais Sylvestre aujourd'hui, si vous le voulez bien, valet témoin sans oser dire malin de la scène qui en nos royaumes se joue. Je suis ainsi alliée à tous sans être à personne, dans un élément qui me convient. Car oui, doux nom, ils jouent, déplaçant leurs armées comme des pions, au gré de leur envie. J’implore le sort pour qu’au cours de cette partie, tout joueur que vous êtes, vous soyez avec soin déposé sur une case-havre où nul roi, nulle reine, et nul fou ne vous menaceront. Non… Soyez tour, Judas, que de ce donjon je puisse me faire l’otage et la vigie.
    Vous remarquerez peut être aussi que c'est de Vannes que je vous écrit. Port aujourd'hui honni quand j'aspirais tant à le retrouver ami. A Rennes j'irai, lorsqu'aux nécessiteux angevins j'aurai porté pain et vin, en priant pour que leurs forces renouvelées ne soient pas vers vous dirigées. Peut-être me maudirez-vous, mais en tant que Gardienne de Cholet, je ne peux fermer les yeux comme le fait la grande majorité des bretons.

    Puissent mes mots vous apporter quelque chaleur. Autorisez-vous à les mettre au feu, s’ils peuvent ainsi servir, j’en tirerai grand bonheur. Et laissez-moi vous souffler que Diable en son royaume est plus chaleureux, si vous êtes homme de sens premiers, corps plus qu’esprit.

    Votre Intarissable et Traitresse amie,

Aedem Mensura.
E Gwened, d'ar Merc'her 5 a viz Kerzu 1460


_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Judas, incarné par Chimera
Le messager fidèle s'en était revenu, portant avec lui le tribut de l'indicible, quelques écrits interdits. Le temps filait entre les échanges, paraissant s'étirer à l'infini. Sensation frustrée à l'impatient, Judas s'était surpris de sceller ses lettres, mesure inhabituelle dès lors qu'elles pouvaient lui attirer foudres et soupçons de mauvais yeux. Il ne signait pas de cire pour l'Anaon, peureux des conséquences que pourraient engendrer l'hybride découverte de leurs écarts. Mais ... Mais. S'encombrer d'un cachet d'officiel pour une noblesse rangée au dessus de la sienne était sans doute l'une des raisons de son exception. Soucieux de ne pas outrager la Bretagne et son or.

Ridicule était ce sentiment pointant bien tard dans sa vie. L'amour courtois aurait du s'opérer avant qu'il ne se laisse marier à une jeune dame, de vingt ans sa cadette. Pour autant il s'amusait de ce retard malheureux, adolescent d'un instant, d'un instant où ses yeux parcourraient les mots de la Dénéré-Malines. Pour l'avoir longtemps couvée de ses desseins silencieux, il n'escomptait pas reprendre comme avant leurs jeux de fallacieuses indifférences. Fallait-il ne pas oublier que d'adolescent Judas n'avait plus que le ressentiment...


Citation:
    A Chimera de Dénéré-Malines,
    Maitresse du subliminal,
    Entête entêtée,


    Bonjour douce amie.


    Vous étiez peut-être Narcisse inaccessible il est vrai, et sans perdre cet aura lointain et si proche à la fois désormais je vous déclare Soucis, fleur légère de mon jardin secret, sans épines mais point sans défenses. En perdez-vous pour autant vostre complexité? Je crois que non, pour ma bonne fortune. D'icelle d'ailleurs prions que je sois accompagné, quoi qu'il me vient de troubles pensées lorsque je vous lis si près de la Mort. Gagez que si l'Ankou est à vostre image, je le laisserai me prendre, et sa lame sera le sillon interdit de vostre langue, comme ses griffes l'étau plaisant de vos bras. Je m'avance vers lui sans faire de bruit, je jouerai contre son sein au son des chants et cris de guerre. Parait-il que la vie est parfois le frisson d'un cauchemar dont la mort nous réveille. Qu'à cela ne tienne.

    Je suis en territoire Berrichon, ma progression est lente mais sûre sur ces terres qui ne voient se mouvoir que de migrateurs soldats en pèlerinage vers le Domaine Royal. Je les regarde passer comme quelques oiseaux hagards, en bancs éclatés par leur sinistre destin. Je me sens l'un d'eux tout en gardant mes distances face à l'inéluctable qui nous attends. Chimera, si de solitude vous me savez presque vaincu, ne cherchez pas à deviner comment je lui survivrai. Ce que vous imaginerez sera sans doute aucun bien loin d'une réalité qui sera façonnée aux aléas des batailles... Les Misaudors aux étendards amis s'en viennent bientôt frotter leur carapaçons au mien. Si le Très Haut y consent, demain nous serons vingt puis cent marchant vers Orléans, des nouvelles me viennent pour m'apporter la venue prochaine de ces migrants connus. Je ne voguerai pas plus longtemps seul. Quant à voguer d'ailleurs...

    Au fil de l'onde je me refuse à regarder le navire sombrer. Je n'y vois que ma perte, en égoïste, sus à tout cela et à tout le reste, le présent parle. Je me ferai au possible Mnémosyne plus que Scelaig, ayant à coeur et à corps de hâter la disparition inévitable de ces stigmates qui mutilent. Et moi plus que le temps déclare présomptueusement que ces plaies seront pansées, puissent-elles l'être dans la folie de nos égarements. Puisqu'au lit comme à la guerre... Nous sommes tous perdus. L'eau coulera encore ma mie, comme l'encre et comme le sang, ce rouge qui flouera mes yeux sur les terres écartelées de ma destination. J'aurai l'impression en tranchant une salve de vie que vos cheveux me caresseront le visage, là où ce ne sera qu'une giclée d'ichor. D'ichor ennemi. Et j'en manderai encore. Ardent désireux de prendre encore, et encore, et encore. Mes victoires seront vous, et vous serez ma victoire, souillée de fierté tant que de honte, pour ce droit que nous nous sommes octroyé sans jamais en éprouver de remord. Chimera! N'est de morne épopée que l'exploit où votre rouge ne flamboie.

    Vos prières sont belles et plaisantes à mon coeur, pourtant je n'y entend que de mauvaises peurs. Je préfère encore mourir de suette que d'expirer sans bataille, l'on me porte déjà souvent absent aux causes où l'on m'attend, il serait indécent de me soustraire aux malices de la guerre. Pour une fois, j'irai consolider les oeuvres de mon Roy. Moi qui l'ai tant espéré. Bourgogne brillera souvent de ces haut faits souverains, j'aurai au moins l'heur d'édifier de ma pierre contre leurs pierres ces ouvrages succincts.

    Je vous imagine alimenter le monstre que je m'en vais tuer, sans mentir c'est bien là une idée qui me fait sourire. Puisque je vous dit que je ne peux occire sans vous savoir derrière tous mes combats. Vous serez-là. Rien que pour cela, comme puis-je vous maudire? Femme de bonté et d'abnégation, vous dirigez vers vous toute ma déraison... De cette chaleur qui m'émeut à cette gentillesse qui parfois me répugne, je le confesse. Me laissant à croire que d'autres pourraient en profiter, s'y frotter sans la mériter, en immense feu de joie. Amour ou haine, qu'importe, pour vous garder je préfère faire feu de tout bois. Je marcherais sur leurs royaumes s'il me font un pont vigoureux menant au vostre et chez vous je me ferai diable en sa demeure, bientôt.


    Vostre visiteur lointain.


    Ad Burgundiae Fidelis,
    Faict en la campagne Berrichonne un jour du mois de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,

    Judas Gabryel Von Frayner,
    Seigneur de Courceriers et de Miramont,
    Petit seigneur d'une Chimère aux grands heurts.



Plus que trois jours avant de toucher au but. D'ici là, les prochaines nouvelles lui parviendraient peut-être avec plus de difficultés. L'homme appréhendait de retrouver sa femme et en son sein ce fils, seule part légitime de sa vie si... Illégitime. Ces pensées s'estompèrent au départ de la missive, il fallait marcher. Marcher tant qu'il le pouvait encore.
Chimera
    [Cholet
    Une voix claire, l'autre étouffée par un oreiller]

Lemerco venait de sortir.
"Trainée" "Marie" et "Aalys".
Les doux comparatifs résonnaient encore à ses oreilles, la forçant à son tour à sortir d'un silence dans lequel elle s'était résolument tenue.
Enfin résolument...
Le désir s'exprime t-il envers un objet, ou, goinfre stupide envers lui-même, tel le serpent n'ayant de goût que pour sa propre queue?


- Il est mort.
- Mais non.
- Si, sans quoi il aurait écrit.
- Il n'a pas reçu mot de vous.
- Tais toi, les messagers ont la chair tendre.
- Chimera! Vous ne le pensez pas!
Le minois pâle émerge de l’alcôve de plumes. Nolwenn se faisait rarement moralisatrice. C'est pour ça que ça marchait....
- Et pourquoi pas?
...Enfin presque. La comtesse est d'humeur frondeuse. Les mots sont butés, mais écourtés, ceux de la jeune blonde avaient quand même atteint leur cible.
- Il est mort Il doit l'être, pour moi en tout cas.
L'insolente suivante lui tend pour toute réponse du vélin et une plume, la poussant sans guère de ménagement vers le secrétaire
- Ca a assez duré, vous allez tourner chèvre.
La rousse se rebiffe à la mention du symbole mutin.
- Ah non, pas chèvre, c'est trop patatesque.
- Folle alors.
Grimace. Piqure de rappel des engagements qui tardent à être tenus.
- Trop angevin.
- Vous allez perdre la tête!
- Si seulement...
- Tsss...

Après s'être assurée que sa protégée est bel et bien attablée, la blonde s'éclipse, sûrement pour aller retrouver, vile traitresse, le capitaine de la garde choletaise qu'elle a la chance, elle, d'avoir sous la main.


Citation:
A vous,
Tendre désincarné,
Puisse l’hiver ne pas vous avoir trop décharné,
Tête quand corps ne peut être honoré,


    Demat

    A l’Est rien de nouveau.
    Et pourtant, devant Angers les hommes se pressent, affamant et cernant l’entêtée capitale pour lui faire entendre raison. Etes-vous de ceux-ci ? Les messagers sont-ils partie des victimes du siège ?
    Privée de vos nouvelles, je crains pour la vie du dernier messager que vous ou moi avons envoyé. Entrant ou sortant, le fil des mots à été rompu, tranché par quelques moires taquines.
    Et me voilà corneille fallacieuse. Un mensonge suffit, aussi je dois vous dire que loin de vous je me suis tenue, faux lointaine rouge de la honte d’être illégalement attachée dans l’espoir que bougon vous ayez désir de la fuir. Peut-être est-ce ce désir qui vous a rendu muet. Si tel est le cas, ne vous laissez pas ébranler. Vous me faciliterez la tâche en me forçant à retrouver le havre maudit des valeurs idiotes.
    Un mot, néanmoins. Puisque j’y suis.

    Soucis est Mélancolie, vous m’y confinez, moi qui lutte en bonne diablesse pour y échapper, mais j’embrasse l’image si par vous elle est conférée. J’ai voulu être saule, mais souple, il ploie, sans chercher à lutter contre l’obstination des chênes, ents entêtés qui pour le salut d’un nouveau statut ravagent et tonnent. A vous qui muez soucis en brise légère, réalité éphémère de notre royaume épistolaire, je confie cette souplesse quand ailleurs tout est et doit-être roc impitoyable et sans faille.
    Un sage a dit que sans les sens il n'y a point de mémoire, et que sans la mémoire il n'y a point d'esprit. Mémoire est aventure, mais les esprits si peu frondeurs qu’ils secouent les vérités du passé par pure commodité, quand ailleurs ils se font plus méticuleux qu’un maniaque aphothicaire. Le temps a ceci de charmant qu’il permet de faire que les choses soient seulement ce que l’on dit d’elles. Tordrai-je ainsi ce qui est et fut ? Sommes-nous seulement conscients des méandres que nous imposons aux courbes du temps ? L’horizon sur ce point n’est que brume opaque…

    Aux flots je reviens, car de flots nous parlions, et me voilà en mal de trouver un navire pour porter en Anjou le pain depuis si longtemps promis qu’il en est devenu rassis. Les stocks sont aujourd’hui renouvelés, mais toujours complexes à convoyer, tant les mailles enserrant les villes angevines sont affutées.
    De flots nous parlions, et voilà que vers les fonds, havres de mille possibles fantasmagoriques, des sirènes s’entêtent à m’appeler. “Come away, O Human child, to the waters and the wild, with a faery hand in hand, for the world is more full of weeping than you can understand”, disent-elles, et quelle violence je dois m’imposer pour ne pas laisser mon corps céder à l’impulsion que le chant génère! Que votre voix doit etre douce pour surpasser ces tendres chants… donnez la moi à lire, de grâce, que je puisse en lisant en raviver les échos.

    Chez les druides, le lien unit les amants. Malgré mes mots initiaux, je vous rappelle par le lien ci-joint à votre serment tout en vous implorant :
    Que par l’étoffe vous soyez mât, comme l’or pour vous l’est à mon doigt. Puisse cette conviction être la certitude qui les domine toutes, malgré l’immense faillibilité dont corps et coeurs ont par le passé faire preuve.

    La mer. J’affronte les créatures qui la peuplent et les remous que les vents lui imposent avec résolution, tant la terre m’est chaque jour plus étrangère, accaparée par une légitimité supérieure, vorace et qui s’autorise aujourd’hui à se montrer cupide. La valeur unique est devenue celle du prendre, même si pour arriver à cette triste fin il faut prendre à.
    Mais qui suis-je, au fond, pour déplorer cela. J’écris ce moment même à l’héritage d’un égoïste larcin.

    Puissent ces mots en l’air vous parvenir par une voie que nulle lame mesquine n’interrompra,

Aedem Mensura.
E Cholet, d'ar Gwener 28 a viz Kerzu 1460



Joint au pli, scellé dans la cire, un lien de tissus, large d'un pouce, tissé à la main un soir de retranchement, où l'or se mêle au rouge, rencontre interdite pour non-union proscrite, antagonisme fier de la famille de Dénéré, dans sa mesure qui parfois se fait plus moyenne qu'équilibre solide...
_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Judas, incarné par Chimera
Cholet épousa l'Anjou au fil de mots parcourus par des yeux sombres et attentifs. Prunelles noires érectiles, écorchées du plaisir de cette union décriée encore secrète. La senestre serrant de cinq doigts fins les couleurs de la Dénéré-Malines s'ouvrit comme un fleur qui peine à exposer son coeur, exaltée. Précautionneusement elle s'arma de patience pour nouer l'apparat à la garde d'une épée longue, s'arrimant à l'étoffe autant qu'à sa symbolique. Porter les couleurs de sa Dame pour guerroyer... Chimera avait le point final audacieux, se doutant certainement que le seigneur déserteur de ses terres depuis plusieurs mois, bon gré malgré, ne s'était pas vu offrir un tel soutient de son épouse. Mais là où l'épouse faute, celle qui demeure en son ombre vainc. Le présent-lien intimidait presque l'amant, mari volage soulagé de savoir qu'en toute ombre guettait sa part de bienveillance. Lorsque par trois fois il se fut rassuré que l'Or et le Rouge ne pouvaient s'échapper, qu'en seyant col le tissus ceignait solidement son arme, Judas eu un soupir léger. Et l'Anjou épousa Cholet.

Citation:


    A
    vous, malgré tout sourire qui,
    Sachant ne jamais trop en dire,
    Laisse ma compréhension
    Toute à sa suggestion.

    Bonsoir.

    C'est bien le soir qui prend ses aises lorsque je vous répond, soulagé au demeurant, à la lueur de quelques veilleuses. Voilà longtemps que j'attendais de vos nouvelles, si pressant et pressé que de quelques lignes jouvencelles je me serai même contenté. Mais voilà, nous parlons de vous, et même vos missives savent se faire désirer. Elles me viennent lentement, pleine de tout, de vous, sont chargées de tous vos mots et parfums, d'arcanes plus intimes que je pense je m'invente, à force de votre manque. Vous me parlez d'Anjou, de ce qu'il en est chez vous. Du pain et de l'eau qui manque tant à leur peau. Quoi vous dire, j'ai gagné les rangs royaux, retrouvé pairs et autres pour les desseins que vous nous savez. L'affaire est bien banale lorsque je n'ai qu'une vraie chose à vous offrir, mon désir, chaque jour attisé, diable je n'ai que ça à vous écrire, je vous vois déjà en rire... La guerre peut bien passer, Chimera vous me manquez.

    Puisqu'il faut parlementer, vaille, me voilà sous tenture à n'en plus pouvoir de manger ce pain au quotidien qui fait défaut aux autres, écuelle d'hussard que je ne serai jamais. Aux portes de Saumur les groupes semblent s'observer, prêt à danser les stratèges que l'on se refuse à nous communiquer. La neige est là, me repoussant plus profondément dans l'épaisseur de la laine et de la martre, ici la chaleur est chère, puis ma barbe est en jachère. Je ne suis point beau à regarder. Les rumeurs gonflent des deux cotés, de pillages et autres abus les angevins accusent le Roy, pourtant... Je suis bien là, attestant qu'il n'en est rien. La propagande grignote les esprits si bien que demain j'en gage, même les frères ne sauront se reconnaitre, brebis galeuses déguisées en mouton de Panurge... La guerre a ceci de désarmant qu’elle permet de faire que les choses finissent par être ce que l’on dit d’elles.

    Ainsi de boniments ma mie je suis l'observateur expert. Si vous avez su tenir droite, du moins si vous avez jugé utile de me l'avouer, je ne peux qu'en déduire que des vents étrangers ont tenté de vous faire flancher. Qu'il est dur à mes yeux de lire tel aveu, quoi que dissimulé... Et je maudis sans subtilité chaque homme qui sur vous a pu regard poser. Et qui sont-ils pour croire mieux que moi vous mériter? Eux qui n'étaient pas là avant, qui n'ont pas su vous épouser? Qui sont les aveugles aux mots beaux et aux perfides manoeuvres... Qu'importe après tout, je saurai reconnaitre l'ennemi lorsque je le verrai. Incarné de tout mâle au faciès un peu trop éclairé de cet aura que vous avez particulier. N'est brume que votre destin, ma chère, je sais ce que je veux et y ploierai sans faute, lorsque je le pourrais. Si vous capitulez à vos craintes, à vos doutes par peur de creuser un sillon mainte fois retracé me voilà perdu, et avec moi l'in-impossible à jamais. Vous me faites mal, votre peur aiguillone plus qu'elle ne harponne des faiblesses auxquelles je n'ai envie de vous céder. Je suis l'impuissance incarnée, lecteur exténué retranché dans son camps sans pouvoir vous montrer les forces insoupçonnées d'un déterminé. Entendez-vous ma voix? Je prie que non, il n'est rien de charmant en ce qui tranche les éclats d'un timbre brisé.

    Je garde néanmoins votre présent, sans doute plus près de l'ennemi que de mon corps, n'y voyez là que pure commodité... Je ne vois pour mieux sceller serment que le sang dont très vite certainement il se fera baptême. Je regarderai droit devant tant que vous tiendrez l'effort de scruter en haut, et jamais cupidité ne saura vous éclabousser. Je préfère y déceler patience et légitimité, comme vous le disiez, car n'oubliez pas mon adorée Bretonne que votre fardeau est partagé. Et qu'il le sera encore quelques temps indéfinis, au gré de dieu...

    Vostre éprouvé soupirant.


    Ad Burgundiae Fidelis,
    Faict en la campagne Berrichonne le dernier jour de décembre de l'an de grâce 1460 et signé de ma main,

    Judas Gabryel Von Frayner,
    Seigneur de Courceriers et de Miramont,
    Petit seigneur d'une Rouge baguée d'Or.




Fallait-il lui épargner la fraîche venue d'Isaure à Saumur? Sans s'être posé la question, machinal, il le fit. Les toiles de sa tenture le verraient encore longtemps tourner en rond comme un animal en cage...
Chimera
    [Rage de cage dans campement de frontière]


Trois pas en avant, trois pas en arrière. La comtesse freine des quatre fers, centaure buté refusant la marche arrière, trop avide des champs s'étendant au devant, fussent-ils de bataille. Après avoir fait des pieds et des mains pour engager cette expédition, l'ours se fait poule sous pluie et, attiré en sens inverse par la tenue prochaine d'élections potentiellement avantageuses, n'envisage plus déjà que la marche arrière et saisit tous les prétextes possibles pour dresser d'insurmontables obstacles au devant d'eux, qu'a grand coups de ruades la rousse s'échine à démolir. Elle sait cependant qu'elle a des rennes, qu'elle est contrainte de composer avec Lemerco, et que les raisons qui l'appellent en Anjou n'aiguillonnent pas le maître de Dol comme ils la cravachent elle.
Ils avaient décidé la veille de ne pas lever le camp et d'attendre voir quelles nouvelles l'Est leur apporterait. Comme prévu, rien de nouveau.
La rousse s'impatiente, et la plume tourne nerveusement dans la main d'albâtre.


- On rentre à Rieux.
La fillette a peur de devoir rester entourée d'angevins, veut pouvoir voter, et sans lui, on ne pourra pas acheminer le pain jusqu’à ceux qui en ont besoin.


Youen hoche la tête, et quitte la tente de la comtesse, conscient au simple ton de la voix que l'ordre ne la réjouit pas. Doux euphémisme.


Citation:
A vous,
Pourfendeur menotté,
Dites-moi,
A partir de quand est-on trop conciliants ?


    Judas. Bénis soient ces soirs dont vous parlez qui sont autant de victoires sur le jour. Puissiez vous tous les vivre, et me narrer, fort d’un recul qui à beaucoup manque, les faits de chaque heure qui les constituent, ou de celles qui vous importent et vous contentent, quand d’autres vous pèsent sans doute. Saisissez l’exutoire cathartique ici proposé, vous savez qu’il me sera manne.

    Depuis vos mots, des excuses sans regrets, des fils de Cuchulainn qui sortent de terre et se mueront, peut-être, une garde fière et altière, bras armé d’une volonté se voulant juste et indépendante, soumise seulement à l’objectivité fugace de son jugement, et des combats de coqs civils, où les lois du sang, du sol et de la cour s’oublient et se mêlent, invoquées et piétinées dans cesse dans une danse désarticulée et grotesque. L’exemple en est un, qu’il soit modèle ou dissuasion, je crois.

    J’apprends aussi, récemment, que les mots auxquels je fais écho dans ce kan ha diskan discret se sont avérés, ô joie , héritiers d’aïeux retardés, égarés comme le sont sans doute nos mains déviantes et sont parvenus, pourquoi karantez les ailes sont-elles si cruelles, sous des miradors perfides. Ils les auraient maintenus otages de leurs machiavéliques intentions si flanc les lignes avaient présenté, je n’en doute pas, et je salue la sobriété de ce pli qui a conjuré ce péril. Par mon précédent courrier j’ai désamorcé les mots du vôtre, sans en avoir conscience, et me trouve aujourd’hui affligée seulement par l’amertume d’avoir provoqué le tourment les ayant enfantés.

    Vos soupirs sont plus doux que vous ne l’imaginez, Judas, et plus dévastateurs que la plus violente des ires. Ceux-là, et l’impuissance que vous maudissez, vous le croirez sans mal, sont une langue qui m’est bien plus familière que les glossolalies natales dans lesquelles je baigne, marasme aigri et menteur vecteur de traitres intentions.
    A vos mots rauques et pères d’émoi, donc, ceux-ci.

    L’imaginaire est père de mirages, et l’envie me vient de le cultiver, tel un horizon lointain et fantasmagorique, spectre aguicheur et doux à l’éloigné assoiffé. Imaginez, Judas, si là tout est plus brillant, car il est des réalités qui bien ternes apparaissent à l’œil qui dans ce royaume a longtemps baigné.
    Néanmoins, à la lecture de vos mots, je veux me faire iconoclaste et héraut d’une transparence que vous mettez en question. Est-il envisageable pour l’aveu d’être caché quand de par essence il est révélation ? Partiel, vous le jugez, car en roi votre imaginaire règne encore. Détrônez-le et soyez fier devant les yeux que vous maudissez, car ils ne sont et ne seront pas contentés.

    Je crains que des vents contraires ne me contraignent à envisager un dessein autre, et à me tourner vers un plus morne destin, mais contre cette fortune moralisatrice et obstinée, esquif frêle à vents et marées opposé, j’irai, même si je dois reculer pour mieux sauter. Ces sirènes là appellent à une sécurité lâche et intéressée, mais en les frontières qui sont miennes, je sais pour l’avoir éprouvée qu’elle n’est point.

    En nuées les corvidés s’amassent, déjà ils ont ripaillé, et se disent sûrement que d’Angers ils feront leur prochain festin. L’angevin est-il donc si délicieux et les égards du fou d’Eusaias si grands envers ces morbides et voraces volatiles qu’il s’acharnera jusqu’à ce que le dernier d’entre eux soit repu ? Que fait-il ? Ce n’est plus une guerre, ce n’est plus une fronde, c’est un massacre annoncé et la ruine de bien des hommes pour qu’orgueil bafoué soit par le sang lustré.
    Je les maudis. L’un pour sa furie égoïste qui n’a plus rien d’altier malgré ses mots dorés, l’autre. Je maudis chacune des armes aveugles qui sont les instruments de cette folie, qu’elles soient ou non par un serment liées. Sont-elles donc si heureuses de frapper pour contenter quelque suprême volonté qui les dirigent sans leur dire où ?
    Tout ça relève-t-il de la volonté divine comme vous le mentionniez? Je me fais hérétique en hurlant que ce n’est que foutaises.

    Il est bien des serments contraignants que l’on outrepasse. Pairs valent-ils mieux que paire ? Hermine cernée contre fortune étrangère.
    Mon comté, pour un seigneur.
    Nulle reddition pour Morrigan ce jour.
    Mon seigneur d’écarlate scintillant, portez vous bien, et avec soin, car cela sera vérifié.
    En ces temps sombres, puis-je être démiurge assez pour que l’aube se lève à l’Ouest… Elle est chaleur, le savez-vous encore ?

    A Galon,

Aedem Mensura.
Faict à l'Ouest...

C.


Le capitaine de la garde choletaise fait soudain irruption dans son antre de frustration, alors qu'elle vient, le coeur atrophié, de suivre de deux quintets jaloux le départ du messager ayant droit, lui, de foncer vers l'affrontement.

- Votre Grandeur ? Il semblerait que la voie soit libre.
Elle se lève subitement et sort dans le camp à la recherche du non-mort vindicatif.
- Lemerco !!!!
_________________
Comtesse de Cholet - Baronne de Bubry
Judas, incarné par Chimera
- Malpeste! Attrape-le! Il a de la bidoche, j'te dis qu'il a de la bidoche! Il vient de sortir du camps là, avec le sac plein!

C'est ça travailler pour la noblesse en temps de grande famine, de siège, de guerre, de désolation. Le moindre valet, messager, écuyer, clampin, traine savate touchant sa paye a plutôt intêret à planquer le fruit de son labeur et à avoir de bonnes jambes... S'il veut pouvoir les garder. Et celui-ci, quinze ans au bas mot et une trogne de ne pas y toucher a justement eu l'heur de le réaliser. Un fracas sourd, des bruits d'empoignade, des souffle de bestes et des jurons envoyés au quatre vents; bienvenue en Angers. Neuf armées qui se regardent en chien de faïence et un no man's land qui n'en est absolument pas un, hanté par les crèves la faim de la guerre, paysans aux terres dévastées et aux fermes pillées. Nombreux sont-ils, ces laissés pour compte, leurs intentions sont mauvaises mais pis encore... Leur vue est bonne. Malheureusement pour notre petit page.


- Haha puterelle d'noble cul béni! Montre voir là ce que t'ont refilé les soldats d'not'bon Roy...


Une quinte de toux et quelques coups échangés plus tard, la menotte fébrile ramasse à l'écrin de la neige maculée de rouge son salaire à venir... Tant pis pour la dent du vieux, l'avait qu'à pas tenter de bourriner en dessous la ceinture... Tombée dans le tumulte, les mots se sont fait buvards, pauvres mystères au sens ajouré et aux parcelles absentes, indéchiffrables. Le môme se presse, presque fier de son insoupçonnée ressource. La missive peut bien être illisible il s'en fiche, il n'est payé que pour la remettre à sa destinataire... Et la route est encore longue.



Citation:
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    ............ insi Chimera, passionnée altruiste pourrait se repaitre même d'une manne aussi délétère que celle de mes jo .............................................................................................................................................................................
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    .....................................................................................................................................................rrait-il donc que d'étrangers yeux aient pu s'approprier ce que ma main vous avait formellement réservé? Dites moi que ceux là se sont refermés tout comme ils se sont malheureusement ouverts, peu prudes, à mes mots. Il me vient des cra ......................................................................................................................................................................................
    .............................................................................................................................................................................tume est une compagne plus fidèle que ce que je ne l'imaginais, elle semble tirer malin profit des absences qui tourmentent et frayer, désinvolte, dans le nid de mes faits, pensées et gestes. Rierez-vous si jamais m ....................................... Et charognes seront toujours maudites pour tournoyer sur ce qui, en apparence, est délaissé. Tud ......................................................................................................................................................................
    .......... enté de vous ..................................................................................... e Roy demeure, et demeurera toujours en n .........................................................................
    ...................... uée de corbeaux, je serais le plus hargneux, qu'il fail ................................................................................................... -vous pas ce coté peu ostensible de ma personne, pourtant pour tout l'or ou l'amour de ce monde je ne renierai ce qui fait moi, Judas, amant de vous et ennemi d'autres, mes causes vous paraitrons souvent lointaines ou obscures si tant est que je les partagerais, nonobstant la rouille sous le lustre il est des armes que l'on apprécie pour leur capacités bien pl ..................................................................................................................................................................
    ............................................................................................................... Souffrante, allitée, et je ne peux nier craindre pour la vie de ..................................................................................................................................................................
    .......................................................................... rs aimez-moi plus que tout autre, madone impure dont je baiserai sans orgueil les pieds, je me complais à aimer jusque vos blasphèmes, ces intempéra .............................. bien rarement .....................................................
    .....................................................................................rments bien contraignants, certes ............................................. Armées ...................... Angers ........................................................
    ...........................................................................

    ......................................


    ........... Fidelis,
    Faict e ..............................................................................................................461 et signé de ma main,

    ........ Gabryel ....................
    .........eur de C....................................
    .........seigneur ....................................




A Angers le seigneur est arrivé, laissant une harassante Isaure à ses maux. C'est le Roy, ou le reste, n'est-il pas... Et pour une fois, Judas s'accommode bien de devoir faire des choix.
Chimera..
    [Là où pas...
    Lagardère!!]


Le petit hère gauche malgré lui n’a pas eu à aller bien loin. Il aurait pu, dû peut-être, aller en rempant pour avoir l’air contrit à la mesure de sa négligence. Il n’a pas conscience, alors qu’il lui remet, la mine par autrui défaite et trop peu soucieuse du cataclysme occasionné, que Chimera doit rassembler toute la diplomatie dont son monde résonne encore pour ne pas achever le travail, et combler par d’écarlates courbes les manquements convoyés. Elle lui tend une bourse d'écus trébuchants.

- Pour ta peine.

Et puisse ceux-là attirer même les chiens ! Si les hommes ont failli, que mille cerbères t’envoient dans l’enfer négligent auquel tu as échappé ! Ainsi tu saisiras l’étendue de l’autre.
Fébrile, elle parcourt la missive, liant les absences béantes par des coulées de larmes rageuses. Elles sont d’autant plus furieuses qu’elles sont consciente d’avoir frôlé… Les mots de Calyce effleurent encore son ouïe, lames jalouses, suppôts de celles qui peut-être rageaient de ne les avoir pas interceptés, mais pouvaient se targuer aujourd’hui de les avoir retenus assez pour assurer une torture plus sûre que toute blessure.
Il était ici.
Hier.
Elle hurlerait bien « A quand le hic et nunc ? » tout en ruinant pour de bon le labyrinthe de traits égarés. Français sans courage ! Attaquez ! Attaquez et ramenez ici vos troupes. Faudra-t-il que Cholet vous défie ?


Citation:
Aux ailes de l’ange annonciateur de peu,
Ajourées mais trop suffisantes pour l’envol,


Le jour s’est levé. Comme annoncé.
A-t-il causé malgré lui le départ du soir qu’il aspire pourtant tant à étreindre aux heures troubles et traitres des entre-deux paradisiaques ?
D’aveux tronqués, incapable de dissocier l’amer du doux, j’ai du faire mon repas, expérimentant la famine des heures pugnaces, et je meurs d’avoir survécu.
Où vis-tu?

Si faict, à Angers, des caractères avares, hérauts du pénible constat que les mots se tarissent quand les lieues sont peau de chagrin.



Destin mesquin ! Ris-tu des ironies que tu imposes. Maudit !

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