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[RP/IG] Les Lys contre la lie

Ingeburge
[Nuit du 4 au 5 décembre 1460 – bataille d'Essoyes / Armée « La Compagnie d'Artus »]


      « Je ne vous ai rien fait croire. Je suis là, je suis là pour vous. De quel droit, osez-vous le mettre en doute ? »
      Actarius à Ingeburge, le 24 septembre 1460 à Montpellier.



Faisait-il nuit? Faisait-il jour? Elle n'en avait pas la moindre idée, son regard était troublé par un voile dont elle ne parvenait à définir ni la qualité, ni l'origine. Ce qui était certain, c'est qu'elle observait une coulée de sang sur le gant enveloppant sa main droite. D'où venait donc le liquide écarlate? De cela aussi elle ignorait tout. Et sa vue amoindrie n'était pas le seul sens perturbé, il lui semblait que son ouïe avait également souffert, elle ne percevait qu'une sorte de plainte continue mais pas davantage. Pas d'odorat non plus, si ce n'est l'odeur du sang – une fois de plus – qui s'échappait de ses narines, comme à chaque fois qu'elle était en proie à une trop vive émotion. Du sang encore dans sa bouche, elle en goûtait la saveur métallique. Sinon, pour le reste, le froid mordait sa peau et la faisait frissonner. Son bras retomba lourdement sur le côté et il y eut comme un tintement métallique quand le gantelet toucha le sol dur. Le gantelet. Le souvenir de l'avoir passé sous une tente ainsi que d'autres pièces d'armure lui revint brutalement à l'esprit. Si elle ignorait bien des choses encore, elle se remémorait maintenant quelques bribes. La tente, la préparation, avant la mise en branle de l'armée. Elle avait regardé l'étendard de Dourdan frappé des trois lys pour lesquels elle avait rallié Troyes puis elle s'était harnachée avec fébrilité, n'en revenant pas d'être là et de s'apprêter à en découdre.

Ainsi donc, elle s'était battue. Etaient-ils fiers d'elle ceux qui lui avaient appris comment faire? Elle songeait à Kreuz, son mentor et elle songeait à son époux trépassé dont elle portait toujours l'alliance; le bijou d'ailleurs ornait toujours sa main gauche, même au combat. Et étaient-ils fiers d'elle ses ancêtres vikings? La jugeraient-ils digne du Valhöll? Elle s'agita, évoquer ne serait-ce qu'en réflexion le paradis des guerriers valeureux équivalait à considérer la mort. Et puis, combattre contre la lie n'avait rien du Ragnarök et le champ de bataille d'Essoyes n'était pas Vígríd. Oui, elle s'était battue. Etonnamment. Enfin. Durant des années, ses vœux de prêtrise l'avaient empêchée de remplir son devoir d'auxilium et même en tant que Connétable de Rome, Cardinal en charge des Saintes Armées, Chancelier Militaire de l'Ordre d'Isenduil, elle n'avait eu le droit de se battre. Cela avait continué, en Bourgogne où elle ne pouvait que conseiller et siéger à l'Etat-Major. Elle n'avait fait que défendre, sur les remparts dijonnais, dans l'enceinte de Tonnerre et elle n'avait pu que tenir les murs de Dijon des mois durant. Et débarrassée de ses vœux, toujours rien car elle était héraut et porter le premier coup lui était interdit. Certes, Vonafred l'avait autorisée à combattre mais l'occasion ne s'était jamais présentée. Jusqu'à aujourd'hui. Ou hier. Enfin, là. Eusaias lui avait aussi donné la permission.

Et elle était tombée. Son corps allongé sur le dos en témoignait, la douleur aussi. Si ses sens étaient comme anesthésiés, le reste lui restait perceptible, et avec acuité. Il y avait ce froid, déjà. Puis son bras gauche qui lui semblait peser plus que son poids augmenté de celui de la ferraille. Ça, elle s'en souvenait d'un coup, c'est quand elle avait chu. Réception hasardeuse et elle le voyait maintenant, un membre qui présentait un angle bizarre. Il y avait aussi quelque chose au niveau du flanc. Coup d'épée, sans nul doute. Au moins deux. Des femmes les lui avaient portés pour ce qu'elle croyait comprendre. Mais cela comptait-il? Femmes, hommes, c'était l'ennemi, c'était ce qu'il fallait abattre et elle avait failli. L'une et l'autre l'avaient achevée et elle était tombée, se luxant le coude puisqu'il n'avait pas été suffisant de se faire transpercer. La sensation était étrange et inédite. Tabassée, elle l'avait déjà été mais là, c'était sans commune mesure car le fer avait forcé ses chairs. C'était étrange d'ailleurs quand une épée rencontrait une partie libérée des protections, il y avait comme une résistance avant de brutalement rencontrer la tendreté. Là, il n'y avait plus qu'à enfoncer et elle l'avait fait, elle avait appuyé, rageuse, pensant stupidement sur le moment que cela lui changeait du mannequin de quintaine.

Vrai, et elle gigota encore. Si elle était tombée, elle en avait eu un. Un, un homme. Enfin... Elle n'était pas sûre. Encore une fois, cela n'avait pas d'importance mais elle en avait eu un. Combien de temps cela lui avait-il pris pour déflorer un palmarès vierge jusque lors? Elle ne savait plus. Il y avait eu la rencontre, c'était après qu'ils eurent quitté Troyes. Les étendards flottaient, les chevaux hennissaient et tous avançaient vers un but commun : débarrasser les terres royales des intrus et au passage, les mettre à mal, en faire tomber le maximum et montrer que tout acte a ses conséquences. Elle-même avait avancé, tâchant d'être vaillante, troublée néanmoins par la présence du comte du Tournel. En secret, elle avait espéré que c'était pour elle qu'il s'était engagé dans l'armée. Oh elle savait bien qu'il aimait la guerre, il le lui avait dit et il n'était jamais le dernier à aller en découdre. Il l'aimait tant que cela les avait déjà séparés. Et oui, il était sujet du royaume et mieux, il en était un des Pairs. Mais ce n'était pas son ban qui était mobilisé, alors, n'était-ce pas un peu pour elle? Mue par cette espérance qu'elle avait tue, elle avait tâché de se concentrer. Et elle en avait eu un. Peu importait le poids des pièces d'armure, peu importait le poids de l'épée et peu importait au final qu'elle fût si peu expérimentée dans l'offensive, il était là, tout près, il avait déjà promis qu'il ne s'éloignerait jamais, ça devait donc valoir pour un combat et puis, enfin, elle se battrait elle-même pour honorer son serment. Aussi, quand l'autre lui avait fait face, elle n'avait pas faibli, elle avait empoigné plus sûrement son arme et elle s'était jetée dans le duel. La technique n'était pas fameuse et elle avait été effarée par le choc, le fracas, les cris. Mais elle avait tenu bon. Etait-ce la surprise d'en avoir défait un pour sa première escarmouche? Etait-ce l'euphorie qui s'en était suivie? Peut-être, car si elle en avait mis à terre un, deux autres lui étaient tombés sur le râble.

La plainte qui emplissait ses oreilles se fit plus intense et alors qu'elle revivait les coups d'épée qui l'avaient conduite au sol, ayant l'impression de sentir une nouvelle fois les lames déchirer son flanc, elle comprit que c'était en fait son râle qu'elle entendait. Elle avait mal, atrocement mal et cela allait au-delà de la douleur physique. Elle avait tant perdu. Un affrontement donc, même deux. Sa position debout. Du sang ensuite. La performance de ses sens. Et elle l'avait perdu, lui. Actarius n'était pas à côté d'elle, elle le savait. Quand il entrait dans une pièce, sans même qu'elle eût besoin de lever les yeux ou d'entendre sa voix soleilleuse, elle savait qu'il était là. Tout son être le lui criait, il y avait comme une attraction, ses entrailles papillonnaient, ses pupilles se dilataient, son cœur perdait le rythme. C'était inexplicable, mais elle savait. Et là, rien de tel. Elle l'aurait perçu malgré les blessures s'il avait été tout proche car rien ne pourrait jamais terrasser ce lien qu'il y avait entre deux, rien ne pourrait annihiler ces curieuses et déroutantes réactions corporelles. Et c'était tout cela qui prédominait, la certitude qu'il l'avait abandonnée, encore, qu'il l'avait délaissée malgré les serments. Bien sûr elle se doutait bien qu'il devrait se protéger lui avant de songer aux autres. Mais, n'était-elle pas sa priorité? C'était ce qu'il avait affirmé, elle n'inventait rien. Il avait menti. Encore. S'il s'était soucié de quelqu'un d'autre durant les combats, ce n'était pas d'elle. Dire qu'il n'aurait dû que s'occuper d'elle.... Dire qu'il n'y aurait dû avoir qu'eux deux.... La guerre était venue s'intercaler entre eux, oui, mais ils sauraient dû guerroyer ensemble. Et elle gémit davantage car la promesse avait été brisée avant qu'ils ne s'engageassent sous la bannière royale. Elle avait tâché de l'ignorer, elle avait repoussé l'idée avec force mais maintenant qu'elle en était réduite à rassembler ses souvenirs et que son corps lui faisait défaut, elle ne pouvait que voir se matérialiser la réalité, dans toute sa crudité.

C'était cela qui la dominait alors que son bras s'engourdissait et que le sang s'échappait de son nez, de ses flancs, de sa bouche. Les blessures n'avaient pas d'importance car à quoi bon être vivante si c'était pour être seule? Si elle ne méritait pas le Valhöll, elle savait que Lui viendrait la chercher pour qu'elle soit jugée. C'était le moment. Alors, un pauvre sourire étirant son visage alabastrin tuméfié, elle L'accueillit de tout son être ravagé, elle revint à Lui qu'elle avait quitté et dont elle s'était détournée pour avoir accepté les hommages d'un Phœnix qui, s'il était tombé, n'avait besoin de personne et n'aurait pas besoin de qui que ce soit pour renaître de ses cendres. Il n'y eut plus de froid, plus de souffrance mais alors qu'elle avançait vers Lui, elle percevait toujours en son cœur qui avait cessé de battre l'écho corrupteur de la trahison.


EDIT = relecture, ouille

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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.
Citation:
05/12/1460 04:05 : Votre bouclier a été détruit.
05/12/1460 04:05 : Votre arme a été détruite.
05/12/1460 04:05 : Kalhan vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
05/12/1460 04:05 : Deathofligth vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
05/12/1460 04:05 : Vous avez frappé Thibaullt. Ce coup l'a probablement tué.
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Beeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuuuh
Ernst.
[A occasion exceptionnelle, habits de même.]

En rejoignant le champ de bataille, Ernst finissait de fermer son pourpoint de cuir porte-bonheur. Il fallait bien cela. Le petit page lui avait remis son écu avant de rejoindre le camp en courant. Perché sur son destrier, le regard du germain se perdit à l'horizon. A l'appel du cor, il s'élança à bride abattue. Un dernier coup d'oeil vers la Princesse, qu'il s'était promis de protéger au péril de sa vie, et Ernst brandit alors son épée. Un vrai cri de guerre fut proclamé en se lançant dans la bataille.


- Au combat, nul faux-semblant.

Les sourcils froncés, Ernst se concentrait sur sa tâche. L'entrechoc des épées et le fracas qui l'accompagnait firent détourner le regard du germain de son objectif. La Princesse ! Grand Dieu, qu'en était-il de la Princesse? Un coup d'oeil sur sa droite confirma au blond que tout allait bien pour elle. C'est alors qu'une ombre apparut dans son champ de vision. Epée en l'air, Ernst eut tout juste le temps d'esquiver une lame qui semblait vouloir le décapiter. La pointe de l'arme vint entailler, légèrement, sa pommette droite.

Le poids du corps porté sur la gauche, l'étrier ne résista pas. L'étrivière céda dans un bruit sec. Les yeux écarquillés, Ernst vit la terre sous un autre angle. C'est dans un son de voix chevaleresque que le germain bascula.


- OuaaaAAAAaaaaOOOooooaaaAAAArgh !!!

La chute fut brutale, au point de briser le bouclier teuton. Les quatres fers en l'air, notre brave héro se tordait de douleur sur les éclats de son écu. Un filet de sang le long de la joue, les côtes meurties et des bleus à l'âme, Ernst pouvait regagner la tente médicale afin de s'y faire raccommoder l'honneur. Il serait indisponible une journée, le temps de retrouver ce qu'il lui restait de dignité et de retourner au combat.

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Même armée, même combat

Citation:
05/12/1460 04:05 : Votre bouclier a été détruit.
05/12/1460 04:05 : Aniline vous a porté un coup d'épée. Vous avez été légèrement blessé.
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Herode
[Nuit du 4 au 5 décembre 1460 – bataille d'Essoyes / Armée « La Compagnie d'Artus »]

J'ai aimé farouchement mes semblables cette journée là, bien au-delà du sacrifice
(R. Char)

Ils avaient marché vers le sud. Langres. Une bien belle armée. Etienne humait l'air frais du matin qui s'imprégnait des mille odeurs de la vie en mouvement. Il y a là le cuir sec des harnais ou des hauberts nombreux, le toucher clair et froid des lames, haches, couteaux, épées, et des armures. Une compagnie de piquiers formait la tête de la colonne, ils seraient les premiers placés surle champ de bataille, et derrière eux venaient les archers. Etienne marche avec ceux-là. En queue du défilé martial, juste devant les chariots de ravitaillement qui cahotent sur les chemins boueux, gonflés à ras gueule de toiles, pains, viandes sèches, eaux et vins de fortune pour alimenter les camps, les lourds attelages tirant avec peine les couleuvrines de bronze dur tracent leurs plaies gluantes sur le chemin qui vomit neige et boue.

Derrière viennent encore quelques escortes civiles : des infirmiers, quelques clercs d'Aristote, un rebouteux, cinq putains que l'on a recrutées Troyes pour suivre l'armée de loin et la rejoindre le soir venu. Devant, ou presque, la lance royale où flottent côte à côte les lys de France et le noir corbeau du Bouillon.

Bien au dessus de ce fleuve entêté en marche dans la poussière blanche des flocons qui tournoient, de ce fleuve qui coule dans le lit d'ocre et de branches mortes que fait la terre d'ici aux premiers jours de décembre, bien au dessus coule le fleuve aveugle des nuages. Ils sont pressés. Ils se serrent comme cavaliers qui chargent et ils dévalent du sud vers le septentrion. Avec eux vient la pluie, quand il fait assez chaud, ou bien le froid grésil et la neige alourdie.



Décembre en nos cieux. Décembre en nos bras que tire la fatigue comme le jour tire à sa fin. Décembre en mon âme qui tout le jour a tourné autour de plus chauds souvenirs. Elle contre moi endormie, ses cheveux blonds parfument la nuit d'automne. Elle devant moi souriant à sa fille qui découvre gisant au sol le miracle échoué d'un papillon aux ailes malaxées de cinabre attentif et charbon fumant, le dernier Vulcain de l'année qui n'a pas eu le temps de trouver son refuge dans le lierre d'où ses frères, d'ici quatre pleins mois de frimas, ressuciteront.

Décembre quand elle me tourne le dos.

Mois de guerre et d'acier. Je reviens dix ans en arrière. Je pensais ne jamais revenir là. On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve, disait le sage Héraclite. Pourtant, c'est dans la même boue que je me débats. Dix ans, et j'en suis encore là. On appelle cela le destin et j'en entends Un qui rit fort, là haut, de nos rêves inutiles et naïfs.

Et après tout, pourquoi ne rirait-Il pas ? Les choses sont ce qu'elles sont. Malheur à celui qui l'oublie et qui baisse la garde.

L'armée de Thoros est installée face à nous, adossée à une colline basse, flanquée d'un bosquet à sa droite, d'une rivière peu profonde à sa gauche. Une bonne position. Les hommes à la solde des Angevins jouent à fronts renversés : derrière eux la Bourgogne où sont les plus fervents soutiens du Roy et son fief de Bouillon ; la Bourgogne où sont les fantômes de ma lignée, toute la partie de mon histoire qui n'est pas celle de ma personne mais celle de mon sang : mes parents, mes aïeux. Mes amours. Derrière nous la route qui par l'ouest ramène à Orléans que les fieffés gredins ont assiégée en vain, puis à Tours aux blanches murailles, puis à Angers d'où cette engeance racaille a essaimé comme un vol de frelons.

Mais pourquoi leur en voudrais-je, au juste ? La guerre, les trahisons, les loyautés croisées, les allégeances brisées, tout cela est tellement millénaire. C'est le coeur de la vie. Certains ont parlé de la voie de la Grâce pour l'opposer à celle de la Nature. Je n'ai jamais connu celle de la Grâce. C'est une foutaise de rhéteurs, je crois. Alors, pourquoi au juste leur en voudrais-je, à ces mercenaires loués par l'Anjou renégat ?

Pour rien. Au contraire, aujourd'hui, devant eux, j'oublie la bête grise et froide qui me ronge les entrailles depuis que j'ai quitté Nevers. J'oublie la haine, le regret, l'amertume, la jalousie, la rancoeur. Je me souviens du plus lumineux de mon dernier voyage avec Elle. Cela me réchauffe et me rend de la force tandis que la neige fait devant nous, entre nous et l'armée ennemie qui s'apprête à charger, un léger tissu blanc et gris qui adoucit la terre gelée où tant d'entre nous vont saigner.

Et je bande mon arc. Sur le flanc droit de notre armée, près de la rivière, j'attends la charge des routiers à la solde des Angevins. Nous allons les clouer au sol de nos traits. Je vois flotter sur ma gauche, à la limite de mon champ de vision, le double étendard de France et du Blanc Combaz. Le reste de ma lance se trouve là-bas mais j'ai été détaché du groupe en raison de mes talents d'archer. Jusoor, princesse de France aux si belles oreilles se trouve avec eux, soutenue par son fidèle garde du corps, un homme que je connais fort peu mais qui, du peu que j'en ai vu, inspire plutôt confiance. Il est taiseux.

Je les ai donc laissés là pour rejoindre le groupe chargé de harceler le flanc ennemi. Du reste, je n'ai pas l'équipement qui me permettrait de soutenir le choc des chevaliers armés et armurés au centre du dispositif. Je les rejoindrai plus tard si la mêlée s'engage et si mon groupe se disperse.

Comme toujours au moment de la bataille, jadis, je n'ai pas peur. La peur, c'est avant, ou après. Pendant, je ne connais que la chanson du sang. Car j'ai encore encore encore encore envie de vivre malgré tout.

C'est l'heure. Le cor sonne. Le ciel est tout à fait bouché. Je pose ma plume, il est temps. A bientôt, ou adieu.


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Etienne LaHire, dit Herode
Letiti
Plus ca rate et plus ca a de chance que ca marche J. Rouxel

Si les guerriers allaient à pied ou sur un cheval, affronter l'ennemi une épée ou une hache à la main, ce n'était certainement pas le cas pour le Maje Titi. En revanche la boule au ventre, la peur elle était tout à fait présente et probablement bien plus développée que chez la plupart.

Sacré bordel à cul d'charogne!

Il avait de nombreuses raisons d'aller à l'encontre de tous ses sens. L'une d'elles et non des moindres était qu'ils se dirigeaient droit vers l'armée de Thoros, brigand - pas vraiment angevin de l'opinion de Titi - mais qui était bien marqué du sceau de la vengeance angevine. Apparemment certains n'avaient pas encore digéré son départ discret de Saumur.

Pfff fallait bien manger en route...
Ils savent pas ce que ca coute une femme et deux mômes...


Titi allait donc quant à lui en charrette. Une grande bache recouvrait son matériel à l'arrière. Il avançait avec la crème de la crème, le groupe de commandement, aux côtés du Roy. Un rictus satisfait barra un instant sa trogne. Il allait effectivement pouvoir se vanter d'être Maje royal. Tout le monde le croirait forcément même si rien d'officiel n'avait été proclamé. Et puis le Roy était forcément la personne la mieux protégée, donc par effet de bord il devrait être bien loin du gros des combats et donc en relative sécurité.
titi était donc passablement rasséréné. Cela ne dura pas.


[Le champ de bataille]


Foutredieu!


Blême, le Maje sortait aussi rapidement que possible son jeteur de flamme. On avait beau dire, quand l'ennemi se retrouvait en face de vous c'était plus la même histoire. Fini les fanfaronnade, il fallait se défendre!

Le jeteur de flamme fut donc rapidement mis en place. Titi vérifia qu'il était toujours conforme à ses plans:



Le Maje l'avait légèrement retravaillé pour qu'il soit mieux étanche et avec une plus grande aisance pour diriger les flammes.
Il était temps, des ennemis fondaient sur eux.. sur le commandement!


Quel manque de savoir vivre...

Il ordonna au mioche:
Tire le levier progressivement!

Le gamin sous ses ordres agrippa la poignée et tira vers le bas. Le liquide inflammable contenu dans le tonneau devait être projeté par la buse et s'enflammer au contact de la torche positionnée devant le jet par Titi. Des flammes de quelques mètres allaient donc brûler tous ceux tentant de se rapprocher. Le concept avait parfaitement marché à l'époque, près de Tours. Titi en avait déjà un sourire mauvais aux lèvres.

T'as failli m'avoir alors que j'étais seul... me voila avec une armée Thoros!

Sacrebleu!


Un ridicule jet sorti avant de s’arrêter aussi sec. Titi se retourna avec peur et colère vers le gamin. Le levier ne bougeait plus.
Le Maje lâcha rapidement la torche et la buse pour aller constater les problèmes. Son inutile épée battait toujours ses flancs.


Cornegidouille.. le piston semble coincé...
Bouge toi!
Faut purger et va m'chercher les outils


Le gamin s'activa sous les ordres secs du petit bonhomme. Celui-ci passa de longs moments dans le tonneau à réparer. Oubliant la bataille sous la concentration, il finit par sortir la tête et réaliser ce qu'il se passait en entendant un capitaine:

Aider le Roy!
Vite!
Protégez le!


Hein?

Ca a drôlement bien raté!
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Aimbaud
[Les épées, quand elles dansent..]

JOSSELINIÈRE TE FOUT MISÈRE ! Aymon, après moi !


Au coeur de la mêlée, les cris et les chocs d'armes rendaient sourd l'ordre du marquis de Nemours. Son écuyer courait dans la tranchée qu'il avait tracée dans un violent galop. Le plastron du destrier était déjà maculé de boue et de gouttes rouges, l'animal poussait les boucliers en piétinant de façon incontrôlable, soufflant toute son eau. Les brides serrées à faire ruer sa bête, Aimbaud poussa un cri qui n'était pas celui de sa famille, ou alors très mal articulé, en s'arquant pour éviter une lance qui lui visait le torse. Le pieu fut rompu d'un coup brusque de l'épée et, profitant de l'élan de son bras, le Josselinière jeta son tranchant dans le dos du traître qui tentait de faire volte-face. Il l'envoya mettre son nez dans la terre.

MON ROI !

Reprit-il en entendant l'appel qu'un des siens lançait. Haletant dans les barreaux de son heaume, il chercha autour de lui, et tenta de manoeuvrer sa monture entre les combattants. A dix pas, la bannière à la fleur de lys basculait entre les hommes, abandonnée par un banneret trop occupé à se servir de sa lame. La peur versait aux tempes du jeune marquis de lourds battements et des ruisseaux âcres qui filaient à sa nuque, dans ses étaux de fer. Il respirait fort, à chaque homme qu'il reconnaissait, et qui n'était pas Eusaias. Car il devait le couvrir, un peu, son roi !

Il ne le trouva que tard, et en difficulté avec un fantassin. N'écoutant que sa précipitation, il talonna sa monture. Mais un des éperons ne toucha pas sa cible, car un traître ayant saisit son pied, travaillait déjà pour le flanquer à terre. Emporté par le poids de son armure, il bascula de sa selle. Oh ça, il savait chuter... C'était son plus bel atout, pour les joutes... Il choisit le flanc pour se jeter au sol, et eut juste assez de temps pour placer son arme en garde.


Vil salopard ! Vas-tu... DÉGAGER ! MON ROI !

Il évita l'attaque mais ne pu se relever, la chance seule aura valut qu'il dévie le coup de son ennemi pour lui planter son estoc dans la jambe. La blessure était légère, mais assez surprenante pour laisser l'assaillant hors de nuire (mais non pas hors de lui briser les tympans à coup de geignements).

Aymon, voyant son maître à terre, eut l'idée bonne de l'aider à se relever, tandis que ce dernier peinait comme un boeuf à se tirer vers le haut. Il échangea un mot avec son écuyer avant de se précipiter vers Eusaias. À terre dans son sang, le souverain ne bougeait plus guère. Aimbaud souleva la tête royale dans son gantelet et se mit à l'appeler. L'assaut touchait à sa fin, tous se dispersaient.


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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.


Citation:
05/12/1460 04:05 : Vous avez frappé .line.. Ce coup l'a probablement tué.
05/12/1460 04:05 : Vous avez frappé Estefan. Vous l'avez légèrement blessé.
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Rosalinde
[Les pitoyables aventures de Rosalinde au champ de mars]

    "Les femmes à la guerre... Non mais franchement, j'aurai tout vu. Restez à faire des lapin au sirop et à laver le linge de votre promis plutôt que de vous prendre pour un homme." Judas von Frayner.


Les femmes à la guerre, oui. Toutes ou presque, du moins, car ils s'étaient joué de la grosse Isaure et étaient partis avant son réveil, la laissant sans doute verte de rage derrière son ventre plein. Du moins, c'était ce que Rosalinde s'imaginait de son ancienne maîtresse, et y songer étirait à chaque fois ses lèvres en un sourire satisfait, et un brin revanchard.

La Rousse avait eu ce qu'elle désirait. Après d'âpres négociations, et la menace d'un départ pour la Confédération Helvétique, Finn avait succombé, lui concédant du bout des lèvres le droit de l'accompagner en campagne. Oh, bien sûr, pas pour combattre, non, elle ne lui avait tiré que le droit d'accompagner Katina dans ses créations artistiques en peignant les enluminures des textes que la troubadour allait composer pour relater les hauts-faits de ces nobles guerriers combattant les hordes hydriques. D'un autre côté, cela valait sans doute mieux, car Rose n'avait elle-même nullement l'intention de combattre, et n'avait absolument aucune idée du déroulement d'une guerre. Jamais on ne lui avait enseigné à manier une arme, du moins pas une arme d'acier. Tuer ? Oui, mais pas ainsi. L'homme au bliaut bleu avait été une exception. L'épée était une arme d'homme, elle le concédait volontiers à l'Irlandais, et n'enviait aucunement ces femmes-chevalier qui perdaient leurs membres et se couvraient de cicatrices au champ d'honneur. Et pour quoi faire ? Défendre son roy, son duché, sa ville ? Un désintéressement feint, qui souvent ne masquait qu'une recherche de gloire et de reconnaissance.

C'était un but tout à fait différent qui avait Rosa à se faire peste d'accompagnatrice. Plus niais. L'Amour. La bille qu'elle s'était mise en tête était bien précise. Il faudrait qu'elle intègre le corps médical de l'armée, coûte que coûte, et égoïstement accaparer les derniers instants de vie de Finn au cas où il viendrait à être mortellement blessé. Veiller sur lui, le soigner, si jamais la plaie était plus superficielle. Folies auxquelles la poussaient son cœur qui aimait pour la première fois.

Depuis quelques jours, donc, ils écumaient les routes et les tavernes de France en compagnie des autres belligérants. Parmi eux, Aimbaud de Josselinière, aka le Marquis de Boulgour. Et si le coupe-au-bolé se montrait des plus avares quand une chieuse rousse venait lui réclamer une seigneurie vassalique contre un bisou sur la joue ou des pets de nonne, il y avait une chose pour laquelle il n'avait pas été pingre : Ses miasmes. Môssieur Aimbaud avait en effet chopé la crève en allant prendre un petit bain dans la Loire, et bien entendu l'avait obligeamment refilée à Rose, dont le système immunitaire devait être moins résistant aux assauts microbiens, et après une période d'incubation de rigueur, la belle s'était retrouvée alitée, crachant ses poumons à chaque quinte de toux et brûlante de fièvre.

C'est d'ailleurs dans son lit qu'elle se trouvait, grelotant sous une pile de couvertures et de fourrures, lorsque retentirent les roulements des tambours qui marquaient le début des combats, les cris de guerre, puis les premiers cris de souffrance. Engoncée dans les brumes d'un demi sommeil, elle les entendait, comprenant leur signification, mais ne réalisant pas franchement l'imminence du danger. Jusqu'à ce que... Un cri. Puis un autre. L'Irlandais, il l'appelait. Il avait besoin d'elle. Il souffrait. Une vue de l'esprit, fruit de son inconscient délirant de fièvre, mais elle y crut, dur comme fer. Il fallait qu'elle y aille. Une quinte de toux plus tard, elle se découvrait, et s'asseyait au bord du lit pour se chausser. Pied droit dans chausse gauche, et inversement. Mais qu'importe l'inconfort. Sa nuque, moite de sueur, et ses épaules sont négligemment recouvertes d'un châle noué sur sa poitrine, par dessus sa chemise de nuit, et la voilà en route.

Traversée d'un campement désert, si ce n'est quelques pages veillant à éloigner d'éventuels maraudeurs des stocks de nourriture. Des pas hasardeux la dirigent, de plus en plus proche des cris. Mais il manque une chose. Elle ne peut pas... Aller se jeter dans la mêlée. Pas comme ça. Alors elle avise un râteliers d'armes, la main enserrant la fusée d'une épée n'ayant manifestement aucun propriétaire. L'arme est soulevée... Et retombe aussitôt à ses pieds. Trop lourde pour ses deux bras affaiblis. Cette épée factice, de bois, utilisée pour l'entraînement, fera l'affaire. La marche reprend.

Enfin elle arrive, cherche Finn des yeux, mais ne le trouve pas. L'inconséquence par contre est là. Fi du danger. Quel danger ? Ces Hydres ne marchent même pas droit, à moins que ce soit elle qui tangue ? Qu'importe, l'arme de fortune est soulevée et abattue sur l'un des vils. Sans effet, ce dernier ne se détourne même pas du combat qu'il est en train de mener. C'est ce moment que choisit une irrésistible nouvelle quinte de toux pour faire son entrée en scène. Paupières qui se closent un court instant, avant de se rouvrir...

Bang. Douleur intense à la tête, puis le noir total.


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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.

Citation:
05/12/1460 04:05 : Boucle_d_or vous a porté un coup d'épée. Vous êtes mort au combat.
05/12/1460 04:05 : Vous avez frappé Amosus. Ce coup ne l'a pas blessé.
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Revenge is a dish best served nude ! - Dr Sheldon Cooper
Actarius
[Nuit du 4 au 5 décembre 1460 – bataille d'Essoyes / Armée « La Compagnie d'Artus »]

      « Aimer quelqu'un ne relève pas seulement de la puissance du sentiment mais d'une décision, d'un jugement, d'une promesse. »
      Erich Fromm


L'étendard au Phénix flottait fièrement non loin de celui de Dourdan. Il ne pouvait en être différemment. La guerre même ne suffirait pas à séparer une entité inaliénable. De son Languedoc, il était venu. Sa patrie si chère à son coeur, il avait quitté sans un regret pour se trouver près d'elle, donner corps à un avenir commun, s'affranchir une bonne fois pour toute des spectres qui avaient si longtemps terni leur relation et voir d'une même vision enthousiaste l'absolue nécessité de ne plus se quitter. Etabli à Villefargeau, il avait caressé nombre de projet, dont le plus important l'avait guidé jusqu'au Marquisat francilien, là où ils devaient s'offrir des souvenirs, se ménager un Eden à eux, rien qu'à eux, où il oserait lui demander enfin de partager sa vie autrement que dans le secret. Mais les fourbes Angevins s'y étaient opposés. La guerre avait surgi et avec elle la terrible excitation du Mendois à l'âme héroïque. Elle se devait d'y être par le poids du serment, il se devait d'être à ses côtés, de la protéger et ... parce qu'il ne savait résister à l'appel du combat. Il avait été forgé pour cela, son allure de colosse en témoignait, son regard décidé le hurlait. Il n'était aucune chose qu'il faisait mieux, il n'était nulle part où il se sentait aussi vivant que sur un champ de bataille où l'acier demeurait la seule vérité, il ne lui apparaissait pas concevable de mourir ailleurs que sur le front. L'étendard du Phénix flottait fièrement, il prit le vent. La charge était sonnée.

La vague s'abattit sur un roc coriace qui brisa son écume en une multitude d'embruns. Le Phénix et les Lys de Dourdan s'éloignèrent dans ce flot incontrôlable, face à cette résistance drue et la mêlée s'engagea. Si sa jeune protégée, placée sous bonne garde rapprochée, devait être à proximité, il ne la vit plus, elle, celle qui comptait le plus. Dans le chaos pourtant, le tissu recherché entre deux coups apparut. Il se déchaîna alors tentant de rallier sa proximité, se maudissant de s'être laissé emporté. Il bouscula, plus qu'il ne frappa, mais la férocité de la racaille adverse le ralentissait. Le chemin paraissait interminable... et il le fut. Il arriva trop tard et ce qu'il vit lui arracha un cri terrible. Oubliant tout le reste, abandonnant ses armes, il se précipita vers elle et tomba à genou dans un cliquetis déchirant. Son casque sauta pour mieux dévoiler son visage déformé par la douleur, inondé de sueur et de larme. Plus rien n'avait d'importance, pas même la vie sans elle.

Isolé de tout, il la recueillit, la redressa jusqu'à la prendre dans ses bras. Il lui murmura, la supplia de revenir à elle en un pathétique rituel, les yeux écarquillés face à cette terrible réalité, alors que le sang vénéré coulait sur sa cuirasse. Il suintait cruel, indifférent à la douleur qui lui enserrait les entrailles et qu'il aurait volontiers troqué contre une lame froide en plein coeur. Les combats faisaient rage autour d'eux, ils ne comptaient, son âme guerrière s'était éteinte, son âme entière s'éteignait cependant que l'espoir s'amenuisait. Et il appelait encore à lui d'une voix fébrile, la gorge asséchée par la cendre de cette ignominie. Vint le temps du néant, il se tenait encore prostré sur la dépouille. Puis, soudain, sa tête tomba en arrière, son regard se leva aux cieux et sa bouche s'ouvrit.

La mâchoire se contracta. Hurler sa souffrance, la sortir... mais rien ne sortit. Il resta là, le faciès torturé. L'instant se prolongea, éternel. Il avait affronté nombre de drame, aucun cependant ne l'avait pareillement transformé, aucun n'en avait fait qu'une enveloppe de chair impuissante, incontrôlable, soumise à la seule loi d'une douleur si vive qu'il ne parvenait pas à l'expulser. Il hurla encore et encore, cela se voyait aux vibrations de ses lèvres. Il hurla de plus en plus fort, cela se devinait aux tressaillements de son corps. Il hurla son amour sans nul autre écho que celui qui résonnait implacable dans son esprit. En vain, figé qu'il demeurait dans ce cri silencieux, alors qu'au loin de sa conscience des voix s'alarmaient du sort d'un Roy.


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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.

Citation:
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Eusaias

Au-dessus d’Essoyes flottent les Lys et les Corbeaux.


Il s’était fait équipé la veille, car la trajectoire de Thoros avait été devinée et l’Armée Royale devait aller la bousculer. Ils étaient moins nombreux que les écorcheurs à la solde des angevins, mais chaque homme ou femme qui accompagnait le balbuzard avait du courage comme deux ainsi que la férocité d’un lion.

C’était la première fois qu’il portait cette armure azur et fleur de lyssée. Une couronne était sertie à son heaume afin que les hommes puissent ne pas le rater et tout comme lui, le caparaçon de son cheval était d’azur et lyssée d’or.

La brume avait laissé place aux bannières blanches et angevines portées par la bande à Thoros.

Point le temps de pratiquer les ablutions avant la prière, il joignit donc les mains et pria à voix hautes.


Dieu tout puissant, père des hommes entend ma voix,
Je suis ton fidèle serviteur, ton lieutenant ton bras armé.
En ce jour je te prie ne m’abandonne pas, guide moi,
Que mon épée soit juste et mes ennemis ne puissent triompher.


Alors qu’il tira son épée du fourreau sa voix rocailleuse se fit encore plus forte :

Par Saint Denis ! Massacrez-les ce ne sont que des chiens !

Ce fut au cœur de la mêlée, que le bourguignon couronné, chevauchant Chréstien son destrier, se dirigea. De ci, de là, son épée s’écrasait sur les boucliers et armes de ses ennemis. L’envie de vaincre était grande, mais son attention pas assez, il ne vit pas l’épée le frapper sous son bouclier et réussir à le meurtrir au flanc.

Un voile noir passa sur ses yeux alors que les voix, les cris et les chocs se faisaient lointains.

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Lacoquelicot


      «Chaque homme ou femme avaient du courage comme deux et la férocité d’un lion.»
      Eusaias, post précèdent.


    Ou pas…

    Car dans le lot des grands guerriers, il y avait moi. Du haut de mes treize ans et de mon mètre quarante, j’étais une vraie terreur... C’était sans doute pour ça que mes dents claquaient si bruyamment depuis le qu’on m’avait tendu mon épée pour venir au combat. Aux regards suspicieux qui m’étaient lancé, je rétorquais que c’était le froid avant même qu’on me pose la question. Personne n’était dupe mais ça avait le mérite de sauver les apparences.

    Je m’étais engagé dans l’armée royale pour une simple et bonne raison, Actarius y était. Cela peut sembler futile mais il aurait sauté dans un puits, je l’aurais suivit tout pareil. Et sans poser de questions. Je lui devais la vie et j’aurais fait n’importe quoi pour qu’il soit fier de moi. Alors j’étais présent dans cette guerre ou tout m’étais inconnu. Je ne savais rien du maniement de l’épée et la vision la plus approchante d’un combat que j’ai pu voir jusqu’ici se résumait aux joutes du Tournel de cet été. Personne n’y était mort.

    Avant que l’armée ne marche sur ces traitres d’angevins, Aimbaud m’avait conseillé de retourner à mes travaux d’aiguilles, me précisant bien que la guerre n’était pas une affaire de jouvencelle. Debout, les pieds dans la boue aux cotés des quelques tournelois auquel mon protecteur m’avait confié, je comprenais mieux ses propos. J’avais peur, une trouille bleu, ou plutôt verte à croire mon teint, et le signal du départ n’arrangea rien. Tout autour de moi se mit en branle. Les hommes, les chevaux, les bannières et les armes… Tout sauf moi. Si au début, je couru sans peine, les hommes qui m’entouraient n’eurent pas grande difficulté à me distancer tandis qu’en première ligne les cris de douleurs fusaient déjà. Ainsi seule et sans repère, je me laissais submergé par la peur. Dans mes tempes, l’afflux sanguins tambourinait douloureusement. Mes jambes devinrent vite cotonneuses et eurent tôt fait de se dérober sous moi. Ma vision s’assombrit d’un coup et je sentie la boue s’immiscer dans mes cheveux.

    Je perdit connaissance avant même d’avoir combattu.


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Finn
[Ost du Corbeau, pour changer – Entre rancœurs et potins.]


Champagne moribonde, sa campagne la sauvait par son désert d'hommes que l'Irlandais ne portait en grande estime. Défendre et non plus attaquer, pour l'honneur et non la cupidité, voilà de quoi troubler plus d'un routier. Une seule constante : ce maudit Bourguignon avec un grand B. Quoi qu'il fasse, le Pommières ne pouvait s'en défaire et le servait bien malgré lui sans faillir. Indirectement toujours. Hier pour la présente Reyne, et aujourd'hui pour la fille, la baronne muée en princesse. Avec les Blanc Combaz, rien n'y fait. Peu importe les cris, les ruades ou les plaintes. Leurs serres l'emportent toujours sur votre chair.

La sienne habillait une vieille carcasse dont l'allure témoignait à elle seule d'une profonde sympathie pour les engagements périlleux, parfois mal rendue. Même si les stigmates d'une vie régulièrement jetée en pâture sur les fronts se devinaient allègrement à la vue du vieux briscard grisonnant, le harnois blanc de facture italienne les cachaient sous des plates encore épargnées par les torsions et les fêlures. Comme n'importe qui, le sire de Cazayous avait cheminé, mêlant les hénissements impatients de sa précieuse monture aux soupirs besogneux de la piétaille. Le petit coursier Napolitain gris pommelé récemment acquis s'exhibait souple et docile, il serait la monture de bataille. L'autre destrier, plus lourd, suivait derrière, flanqué de Gaetan qui se laissait guider plus qu'il ne menait l'animal par la bride à laquelle il se cramponnait.

Lorsque les cors sonnèrent, il s'empressa de gagner le corps des gens d'arme. Il eut tôt fait de débarrasser l'écuyer manchot du petit écu qu'il charriait et que l'Irlandais se passa autour du cou avant de se visser son armet sur la tête et d'en soulever la visière en bec de passereau. Le combat s'engageait au rythme de la fanfare de pieds et de sabots frappant la vallée, sous le regard critique de ceux qui attendaient leur heure. Le chevalier Humbert, l'ami, le frère, le compagnon d'aventures plus ou moins heureuses, était de ceux-là.


- « Regardez-moi ces corbillats véreux... Il y a six mois, ils nous auraient passé par le fer et leur Roy d'aujourd'hui avec. », rumina-t-il en guise d'introduction, scrutant leurs alliés de la Compagnie d'Artus.

L'œil las se détourna de l'escarmouche pour railler l'ex-frondeur à ses côtés
.

- « Tâchez de ne pas vous égarer en Orléans cette fois-ci, Humbert. Quoique la région vous sera peut-être moins hostile à présent que son échine penche dans le même sens que les nôtres. »

La lance de pin plantée dans l'herbe attendait sagement qu'on lui donne l'ordre d'en alpaguer quelques uns alors que le cavalier portait son attention sur la fine fleur de leurs compères. Claquement de langue réprobateur.

- « Mirez donc le p'tit Nemours comme il se débrouille et les dérouille. Un vrai teigneux. J'sens qu'il va nous casser les sabots avec ça jusqu'à ce que l'un de ces cochons d'Angevins ne mettent un terme définitif à nos martyrs. », se lamenta l'Irlandais au crin poivre et sel.

L'autre avait raison, il ne faisait pas bon conserver de vieux os à la guerre. Mieux valait tomber avant que l'esprit ne se ferme aux ambitions hardies de plus jeunes et moins prudents.


- « Et ces femmes.. y'en a PARTOUT ! Qu'est-ce que vous croyez qu'elles foutent là ? C'est plus une bataille mais un défilé de putains ! Tiens, visez-moi celle-ci en petite chainse, où qu'elle court avec son bran de bois ?! », conspuait-il d'un ton gouailleur, le temps pour lui d'identifier l'enfiévrée. « Mon Dieu, mais elle est folle ! », s'écria-t-il alors.

Et pour lui de rompre le rang en lançant le Napolitain au triple galop sans attendre. Comment Rose avait-elle pu désobéir et quitter son lit ? Dieu lui-même ne savait sans doute pas quelle folie l'avait poussée à se ruer sur l'ennemi. La cavalcade effrénée, ponctuée de quelques rixes périphériques, s'acheva à deux pas de la gisante, distance qu'il ne tarda pas à avaler d'un trait après avoir quitté ses étriers.


- « Pauvre démente, qu'espériez-vous !? », gronda-t-il en soulevant maladroitement le frêle corps de la rousse.

Du sang mouillait les boucles d'ordinaire moins poisseuses sur un front moite de fièvre et des paupières brûlantes. Aux portes d'une mêlée dense dont s'extirpaient souvent quelques soudards afin de régler leurs différends en paix, l'Irlandais tâchait de manœuvrer promptement pour la hisser sur le dos de son cheval, incapable de tirer l'épée pendant l'opération. Les auditeurs les plus proches pouvaient alors ouïr le bourdonnement de chaudes prières adressées à Celui auquel il remettait son destin présent, et celui de sa jeune fiancée.

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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.

Citation:
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Aaron_
[nuit du 4 au 5 décembre/armée "Aleae Furor VI" de Thoros]

Les battements de cœur qui s’accélèrent, la tension qui devient palpable … il aimait la guerre, les combats, nul besoin de le nier mais c’est d’un regard calme et assuré qu’il fixa la masse de l’armée royale qui venait à leur rencontre ... une occasion unique.

Des armures qui brillaient sous la lune, des écus parés de couleurs et qui seraient néanmoins sous peu couverts de boue et de sang. Pour sa part il aimait avoir la liberté de ses mouvements, la liberté étant un thème récurent de sa vie, quitte à s’exposer davantage aux blessures, de courage il n’avait jamais manqué.


L’étendard immaculé de l’Aleae Furor flottait dans le vent, libre et sauvage, portant les armes angevines.
Il sortit son épée du fourreau, acquise en Limousin cette arme ne lui avait jamais fait défaut et sa lame avait entaillé les chairs de nombreux royalistes pendant la guerre aux côtés des poitevins, cette nuit ce ne serait pas différent.


Une voix grave se fit entendre dans le camp ennemi qui le hérissa

Citation:
Par Saint Denis ! Massacrez-les ce ne sont que des chiens !


Le fracas des armes répondit à cette allégation, en quelques secondes ce fut le chaos, les cris, le sang, le frottement du métal.

Un coup d’œil pour ne pas perdre de vue Thoros et il lui semble voir Line tomber, puis au milieu de tout cela soudain face à lui, le Roi sur son destrier caparaçonné d’azur et d’or.
Une lueur déterminée dans les yeux, il saisit l’opportunité s’offrant à lui et d‘un geste ferme sa lame le frappa sous son bouclier.
Des cris fusaient du côté royaliste, il les entendait à peine. Davantage pour lui que pour quiconque il s’entendit dire

Les chiens t’obéissent … certaines âmes ne sont pas à vendre


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Citation:
05/12/1460 04:05 : Vous avez frappé Eusaias. Ce coup l'a probablement tué.
05/12/1460 04:05 : Vous avez engagé le combat contre l'armée "Compagnie d'Artus" dirigée par Amorri.
Ingeburge
[Nuit du 4 au 5 décembre 1460 – bataille d'Essoyes / Armée « La Compagnie d'Artus »]


      « Mes vœux ont été rompus, oui, mais je ne Lui en demeure pas moins liée. Rien n'a changé, si ce n'est une ligne dans un registre poussiéreux. J'irai toujours geler sur la Lune, si ce n'est encore plus sûrement, et je soutiendrai toujours que cette coupable et condamnable libération ne modifie pas mes devoirs et obligations envers Lui. »
      Ingeburge à Actarius, le 23 janvier 1460 à Paris.



Avec précaution, elle palpa son flanc. Puis, comme elle l'avait étudiée plus tôt, elle examina sa main et eut la surprise de la découvrir propre alors qu'il lui semblait l'avoir vue souillée de sang, de son sang. D'ailleurs, cette main était nue, le gant et le gantelet avaient disparu. Son bras aussi l'était et l'autre aussi. Celui-ci, le gauche, n'était plus tordu en une position écœurante, il s'étendait, suivant le placement correct des os. Toujours perplexe, elle porta alors ses doigts à son visage, prenant toujours soin de faire preuve de douceur. Quand elle effleura ses pommettes, caressa ses lèvres incarnadines, aucune parcelle de sa peau marmoréenne ne tressaillit de douleur. Alors, elle baissa la tête et se vit revêtue d'une simple chainse blanche. Instinctivement, elle referma ses bras autour d'elle comme pour masquer l'indécence de sa tenue, jetant des coups d'œil à droite puis à gauche, pour déterminer si l'on était en train de l'observer. Que diable faisait-elle aussi simplement – et indécemment – habillée à déambuler en ce lieu inconnu? Personne ne la dévisageait ou ne portait ses regards sur son corps qu'elle trouvait par trop découvert. Pourtant, elle n'était pas seule, il y avait d'autres femmes, il y avait aussi des hommes, des enfants, des vieux et tous semblaient converger vers le même point. D'ailleurs, elle aussi se dirigeait vers cet endroit, elle s'en rendait maintenant compte, son regard étonné glissant jusqu'au sol et captant ses mollets, ses chevilles, ses pieds, nus.

Non, pas plus qu'elle ne comprenait pourquoi toute trace de ses blessures avait disparu, pourquoi elle n'était plus en armure, elle ne savait où elle se trouvait. Ce n'était plus le champ de bataille d'Essoyes, c'était un ailleurs et elle aurait été bien en peine de décrire quoi que ce fût. C'était indicible, inexprimable, inénarrable, ineffable, jamais elle ne pourrait trouver les mots pour nommer et expliquer ce qu'elle voyait. Inconnu était le seul qualificatif qui lui venait à l'esprit et pourtant, elle connaissait. Après avoir été attaquée à Lyon et laissée pour morte au bord du chemin, elle avait été envoyée ici. En décidant de revenir parmi les vivants, elle avait perdu la mémoire de cet événement, comme elle la perdrait à nouveau si elle réitérait son choix. Car si elle ne savait où elle se trouvait, ou plutôt, si le lieu lui paraissait étranger, à voir tout ce monde de tout âge, de tout genre et sans qu'il fût possible d'en déterminer le statut, irrésistiblement captés par le même point, elle comprit que l'heure du jugement était arrivée; l'étude des textes sacrés n'avait pas été vaine. Alors, elle essaya de tourner les talons, ou au moins de s'immobiliser avant de tenter de battre en retraite, mais elle était comme attirée par la destination qui était celle qu'elle semblait vouloir atteindre depuis qu'elle avait rouvert les yeux. Elle savait déjà qu'elle devait revenir, qu'elle devait ressusciter. Même si ses sensations étaient désormais tout autres et franchement agréables, elle percevait de la chaleur tout autour d'elle. Cela l'avait prise brusquement quand elle avait contemplé sa main gauche dénudée, elle qui pourtant demeurait toujours ornée a minima de son anneau nuptial. La vague l'avait prise et l'avait fait vaciller, c'était donc qu'elle pouvait arrêter sa marche vers Lui. Et puis... elle savait déjà ce qui lui serait reproché et alors, plongaant de cette ardeur qui environnait sa dépouille terrestre, elle Lui cria :

— Tu pourras ajouter l'orgueil au fardeau de mes fautes! Car je sais que je suis une pécheresse et que je n'ai pas besoin de T'entendre me le rappeler. Je choisis de redescendre car je dois me racheter et en temps utiles, Tu sauras te souvenir de ma présomption. Je choisis de redescendre!

Ses yeux clignèrent plusieurs fois alors qu'un long spasme secouait son corps qui lui semblait suspendu dans les airs. Même si elle sentait de nouveau le froid picoter sa peau, elle avait pourtant toujours chaud, la chaleur prenait sa source dans ses reins et se diffusait partout dans ses membres endoloris et dans ses tripes tordues par les soubresauts. La douleur aussi était revenue, son bras désormais comprimé la faisait souffrir davantage et son flanc ne cessait de la lancer. Elle remua un peu en essayant de reprendre son souffle mais le sang emplissait encore sa bouche. Elle toussa faiblement avant d'avaler une nouvelle goulée d'air. Il fallait qu'elle nettoie son visage et qu'elle rejette ce qui lui encombrait la langue. Mais elle se trouvait comme prisonnière, son dos ne touchant plus le sol, tout le haut de son corps pris dans un étau. Tournant légèrement la tête vers la droite, elle distingua une cuirasse. Elle était donc dans les bras de quelqu'un – mais ne s'en doutait-elle déjà pas? Elle tenta d'articuler un mot mais rien ne sortit. La panique commençait à la gagner et sa main pressée contre l'armure de celui qui la détenait essaya de remonter. Le sang maculant le gant fit glisser les doigts faibles sur le torse pris dans le fer d'Actarius. Il s'agissait de lui, évidemment. Cette paix bouleversante, ce tumulte apaisant dans ses entrailles, ce point de chaleur dans son bas-ventre ne pouvaient qu'être provoqués par lui. Pas besoin de lever davantage les yeux, pas besoin d'essayer de croiser son regard, elle savait. Qui d'autre de toute façon aurait osé la tenir ainsi?

— Pourquoi faut-il... toujours... que ce soit le... désespoir qui préside à vos étreintes?
Après avoir dégluti avec effort, elle avait réussi à souffler quelques mots et rien d'autre que ce persiflage ne lui était venu aux lèvres. Terrassée par les coups, affaiblie par ce sang perdu, son esprit n'en demeurait pas moins lucide et ses réparties, narquoises. Et cette question qu'elle lui adressait n'en était pas une, c'était une affirmation, un fait. Quand il l'avait vue revenir de son jeûne de pénitence. Quand elle l'avait repoussé à Béziers. Quand elle s'était éloignée à Montpellier. Et maintenant qu'il l'avait retrouvée. Elle toussa à nouveau et cette fois bien plus fort, parvenant à dégager ce qui lui obstruait la bouche. Grimaçante, elle porta la main à son visage et s'essuya les lèvres tâchant de ne pas s'érafler davantage au passage. Respirant mieux, elle releva le menton et regarda vers lui. Sans un mot, elle le détailla de ses prunelles agrandies par l'effort, elle lutta pour détailler sa face, afin d'en graver les moindres aspects dans sa mémoire. Sa peau mate humide de sueur, son regard fou, ses lèvres interdites, sa barbe sauvage, sa chevelure non moins insoumise, ses traits burinés, elle voulut tout voir maintenant que sa résolution était prise.

Chacune des pièces du tableau du visage du comte du Tournel avait été isolée, extraite, observée et déposée avec soin dans un recoin de son esprit. Maintenant, elle pouvait fermer ce cœur qui battait à nouveau et éructer avec froideur :

— Dieu du ciel, vous avez donc décidé de me perdre tout à fait. Voilà un nouveau coup que vous portez à ma réputation en me tenant ainsi dans vos bras, devant tout le monde.
Que tout le monde n'en ait rien à carrer ne comptait pas. Ce qui importait, c'était qu'elle n'avait pas oublié. Il l'avait laissée, abandonnée et désormais, elle était une poupée désarticulée à son entière merci. Farouche et combattant le bien-être que cet enlacement et cette proximité lui procuraient, elle poussait en avant toute cette haine qu'elle avait de lui et qu'elle aurait encore.
— Lâchez-moi, vous me faites mal.
Ce qui était vrai. Mais il était capable de ne pas la croire et de la serrer un peu plus. Beaucoup plus.
— Mon bras.
Sa voix fléchit, en partie car elle exagéra cet accès de faiblesse. Pour donner plus de crédit à cette plainte, elle détourna les yeux et regarda de son côté gauche, là où ce bras disloqué la faisait frissonner de douleur.

Et pour qu'il ne trouvât pas le moyen de la garder plus sûrement, elle réfléchit à la suite, à ce qu'elle pourrait dire afin qu'il la délaissât. Le fait est qu'elle avait besoin d'aide, elle ne savait pas si elle était capable de marcher et il était important qu'elle pût recevoir des soins. Si elle le lui demandait, il l'accompagnerait vers un physicien, il ne lui en laisserait de toute façon pas le choix. Mais après? Autour d'eux, il y avait des cris, des appels et des admonestations. Petit à petit, elle prenait conscience que d'autres certainement étaient tombés et elle songea à ceux qui étaient avec eux juste avant la rencontre fatale. Où se trouvait Ella? Et Luzerne? L'inquiétude l'envahit tout à coup, avec sincérité, alors qu'étrangement détachée, elle comprenait que là était en partie la solution. Ce ne serait pas suffisant mais...

— Pouvez-vous me conduire là où l'on me pansera? Et où sont Ella et Luzerne? Je les ai perdues elles aussi dans le mouvement. Cherchez-les si vous l'ignorez, il le faut.
Non, pas suffisant. Quand il les aurait traquées puis débusquées, il reviendrait à elle aussi sûrement qu'il faisait tout pour qu'elle succombât à ses avances. Il fallait autre chose. Elle l'observa à nouveau, contemplant ses traits éprouvés, ses joues salies, notant le contraste entre cette cuirasse aux reflets argentés et la peau brune. C'était la première fois qu'elle le voyait ainsi, en guerrier. Si elle connaissait certaines facettes de ce qu'il était, celle du combattant lui avait seulement été révélée aujourd'hui. Les duels, les escarmouches, les charges, les batailles; c'était une grande partie de lui et de la vie qu'il avait menée. Il aimait la guerre. Mais elle craignait qu'il demeurât malgré tout avec elle à l'arrière puisqu'il pouvait se montrer si insensé, attitude propre à saper la décision qu'elle avait prise quand juste avant de choir dans l'inconscience, elle avait compris qu'il lui mentait encore.

— Il y en a d'autres que vous devrez chercher, ceux qui sont responsables de ceci.
Son index la désigna. Exciter son désir de vengeance, le pousser dans les bras de sa martiale maîtresse seraient de nature à ce qu'il consentît à partir. Alors, elle cracha :
— Tuez-les.
Son visage adamantin se contracta et elle retomba dans un mutisme qu'elle était résolue à ne plus jamais briser en la présence du Phœnix.
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Beeeeeeeeeeeeuuuuuuuuuuuuuh
Saanne
A chacun son heure, il en faut bien en arrière garde...

Et l'Humbert était de ceux-là. Trônant sur son étalon alezan, présent de son Roy lors d'une plus sombre époque, héritage d'une épopée bien riche et marque parmi d'autre de ces gens qui avaient été fait alors chevaliers de Bouillon.
Vêture de maille et de plate à l'appui, surplombé d'un heaume dont plus d'un dans la Compagnie d'Artus vendaient les mérites, et enfin le mantel vert finissaient de qualifier le montagnard posté aux côtés de l'irlandais.

La bataille battait déjà son plein sans qu'ils ne soient vraiment conviés à la fête, et le ruminant personnage à sa droite livrait déjà la plus belle illustration de son humeur gaelique.
Il était pourtant vrai, que parmi ces visages alliés d'aujourd'hui figuraient nombre d'ennemi d'hier. La cause frondeuse si décriée autrefois avec trouvé justice par l'expression du peuple, et le Couillu qu'on osa traiter de félon, avait été fait Roy aux yeux de tous et non plus seulement à ceux de ses partisans...
Les terres qui furent convoitées était désormais à défendre, et il fallait bien plutôt rire de l'ironie du sort, puisque dans sa grande bonté Déos les avaient mis, le pommière et lui en première loge, pour assister à ce revirement de situation.

Un seul regret dans l'esprit du chevalier, c'est que beaucoup de la troupe frondeuse manquaient encore à l'appel pour partager ce moment, et peut-être l'angevin aura-t-il déjà été bouté lorsque ces derniers arriveront. Mais pas le temps pour se livrer à ses propres songes, puisque son ami l'interloquait de front :


- Je rend grâce à Déos mon cher Finn, que vous soyez là pour me secourir, s'il me prenait l'idée une fois encore de m'oublier dans une taverne orléanaise.

Mais déjà le Cazayous s'était lancé dans une nouvelle diatribe, conspuant par-ci, maugréant par là, ses jurons misogynes étant l'un des signes les plus probants de son excellent état de santé. Humbert n'écoutait donc que d'une oreille jusqu'à ce qu'un événement insolite n'attire son attention.

- Mais cette imprudente, n'est-ce point...

Nul temps d'achever sa phrase, l'autre s'était déjà élancé en hurlant au secours de sa promise avec presque autant d'inconscience. De tels allants chevaleresques venaient couronner la farce à laquelle s'adonnait l'irlandais, et faisaient naître l'idée chez le savoyard que cette bataille ne serait pas la leur... Exit les faits d'armes, Humbert abandonna sa lance et joua de l'éperon pour élancer son ardennais à la poursuite de son ami. Le moins qu'il pu faire était de servir d'escorte, se servant de la masse de son destrier pour écarter les manants de son passage, et de hêler son compagnon qui avait finalement atteint son but :

- Allons mon ami, vous prierez plus tard. Tâchons déjà de sortir de cette cohue !

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Armée "La Compagnie d'Artus" contre "Aleae Furor VI", en Champagne.

Citation:
05/12/1460 04:05 : Vous avez été attaqué par l'armée "Aleae Furor VI" dirigée par Thoros.

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Marko


Fier comme un paon dans sa livrée aux couleurs de Bouillon, Marko suivait le roi partout. Tancé par sa mère, il se montrait aussi discret que possible, et se fondait si bien dans le paysage que généralement, même Eusaias l'oubliait.

Ce jour-là ne fit pas exception, personne ne s'aperçut que le jeune garçon suivait l'armée. Il évita quand même soigneusement de s'approcher de la charrette de son beau-père pour ne pas se voir renvoyer direct à Troye.

Quand le combat s'engagea, le petit brun armé d'un bâton courut avec les piétons au milieu des chevaliers en braillant vaillamment. Il paraît qu'hurler peut effrayer l'ennemi... alors Marko hurla jusqu'à l'enrouement en essayant de ne pas perdre de vue la bannière du roi.

Mais un autre étendard apparut, ralentissant sa course sous l'effet de la surprise. Il connaissait bien ces couleurs, celles de l'Anjou où il vivait encore 6 mois auparavant. Indécis, Marko cessa de hurler pour demander en haletant à un inconnu qui le rattrapait.


Mais qu'est-ce qui s'passe? On devait se battre contre Thoros... il est pas angevin !!

L'inconnu lui jeta en le dépassant

D'où tu sors? Angevin, brigands, c'est kif-kif! Et cette fois, ils l'ont clairement affiché !


Sans lui prêter plus d'attention, l'homme continua sa course en hurlant. Bien que n'ayant rien compris à l'explication, Marko redoubla d'énergie et se remit aussi à hurler. Mais il avait perdu du temps et surtout, il avait perdu de vue l'étendard du roi ! Au milieu du vacarme des combats, le petit brun courait et sautait pour essayer de voir au-dessus des combattants.

Le roi ! Où est le roi??

En sautant, il manqua retomber sur une... fille? La découverte l'arrêta net. Une petite rouquine... pas très vivace... morte? Interdit, Marko prit conscience que des combattants tombaient ça et là, maculés de sang. La guerre, la vraie guerre qui tue...

Serrant les dents pour les empêcher de claquer, le garçon reprit sa quête et finit par découvrir son roi, tombé lui aussi, comme la jolie rouquine. Son coeur manqua un battement, son teint vira à une pâleur d'effroi. Il leva un regard perdu et aveugle sur ceux qui entouraient le roi, et sans attendre, fit demi-tour pour trouver son beau-père. En repassant près de la petite rousse toujours inconsciente, il lui jeta

Bougez pas, je r'viens!

Il le trouva rapidement et grimpa dans la charrette qu'il se mit à vider en balançant tout le fourbi par-dessus bord.


Vite Titi ! le roi est tombé ! Et ya plein d'blessés!
Letiti
Alors qu'il tentait de mettre un sens à la situation, ainsi que de savoir s'il était effectivement arrivé quelque chose au Roy, il vit passer une ombre qui se jeta dans son chariot.
Il pâlit lorsqu'il réussi enfin à additionner 2 et 2. Le mioche était là au coeur de la guerre. Il brailla par dessus le vacarme:


Bordel Marko!
Qu'est ce tu fous la?!
C'est la guerre!


Et le mauvais diable qui balançait toutes ses matières premières par dessus bord. Le Maje sauta en bas de son tonneau et courut en tous sens tentant de jeter quant à lui le fourbi dans la charrette.

Il resta néanmoins interdit, une planche dans la main quand il apprit la suite. Lachant un juron il se dirigea vers son jetteur de flamme qu'il fit basculer d'un coup d'épaule. Il tira son épée faite pour décimer les troupes adverses et donna un grand coup dans le bois.
D'un coup de pied il fit dévaler le tonneau dans la pente et jeta ensuite la torche sur le liquide poisseux qui s'écoulait du tonneau.


BOUM!!!

Le feu avait bien vite rattrapé le tonneau qui avait explosé au milieu des ennemis, brulant quelques royalistes au passage. On ne fait pas d'omelette sans casser des oeufs hein. Et il ne fallait pas que son engin tombe dans de mauvaises mains!

Il grogna vers Marko, l'oeil sombre face au môme. Il allait devoir racheter quantité de chose à la prochaine ville qu'ils rencontreraient.


Verntrebleu!
Ca suffit!
La charrette est vide!
T'voudrais quand même pas vider les tiroirs avec mes outils aussi non?!


Revenant à sa hauteur, il lui indique la place du conducteur:

Prend les rênes.
J'jetterai les blessés à l'arrière.
Direction le Roy.
Et au moins ca nous éloignera des combats...
J'aurai la vie doublement sauve...


Le Maje se disait logiquement qu'il risquait moins de se prendre une flèche ou un coup d'épée et Marko de même. Linon ne l’achèverait donc pas en rentrant.
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