Johannes
A l’aube, mais pas encore. Et puis lentement, ça lui fait une boule dans la rate, ça s’est mis à saccader des côtes, en silence, avant de lui remonter jusqu’à la gorge, un gros rire, un gros de rire de fou, qu’il lâche tout d’un coup. Johannes est assis, le dos contre un mur, l’épaule près d’un soiffard de la ville, qui ronfle. Comme il a pas craché son nom, Johannes l’appelle l’affreux. Gravement sobre, même que son bruyant de rire le secoue comme un paumé. Mais il contient un peu Blondin, pour faire partager l’hilarité à l’affreux qu’écoute même pas, le temps d’articuler un peu :
“Non mais... mais c’pas l’pire... Non non, attends... Ffff, fff. Attends, on est à Saumur quoi ! En temps de guerre...”
Non mais il y arrivera pas, les côtes commencent déjà se marrer, ça lui rend la voix toute aigüe.
“On est à... à Saumur, avec des... des mercenaires PARTOUT !”. Il fait tourner le bras, non parce que c’est vraiment partout, tu vois. “Et des rouuuuusses !” Non mais là c’est l’pompom. “Qui m’emmerdeeeent !”
Blondin reprend un sérieux de deux secondes, pour confier l’inavouable : “J’aime pas les rousses”. Mais c’est tellement con de se l’entendre dire, qu’il se remet à se poiler comme un arlequin.
“J’aime pas les rousses ! Et... et attends l’affreux, nan c’pas l’pire, j’suis à Saumur... pour une BLONDE !” ça y est, il en pleure. C’en est trop. Non mais moi aussi j’suis blond ! Regarde, j’te tends une mèche dans le noir l’affreux ! Un blond avec une blonde ! Attends c’est pas le truc le plus fendard que t’aies jamais entendu ?! Un blond avec une blonde ?
“Et... et... ”
Reniflage. Des doigts se tendent sur les mains du blond,.
“Et j’ai pas tronché depuis, hi hi... Nan attends, j’trop mal au bide...”
“Et... et moi... le va-GABOND ! Le vagabond, non, écoute bien, moi, je suis à... Saumur ! Et tout à l’heure j’ai mis un poing dans la tronche à son ami à ma blonde ! PWA !” Même qu’il refait le geste, parce que c’est rigolo, l’histoire de la patate.
“PWA ! PWAHAhaha... Arrête j’vais m’pisser dessus, hu hu...”
Mais non, t’es pas lourd Johannes. Même l’affreux finit par craquer : “Qu’est-ce qu’tu t’plains ? Qu’est-ce tu fous là si ça t’emmerde ? T’as b’soin d’m’emmerder moi aussi ? Et les roux, tu les encadres ?” Il baisse son capuchon l’affreux, il est roux comme une orange. Tout net ça le calme au blond, parce qu’on peut rire de tout, mais quand même. Il essuie sous ses yeux Blondin, redevenu tout grave, et puis pose des petites tapes sur l'épaule de son affreux.
“Ah ouais. Non mais... ça va aller l’affreux. T’vas t’en sortir. J’sais pas comment, mais on trouvera une solution va...”
_________________
Humpty Dumpty sat on a wall.
Humpty Dumpty had a great fall.
All the king's horses and all the king's men
couldn't put Humpty together again.
L. Carroll
“Non mais... mais c’pas l’pire... Non non, attends... Ffff, fff. Attends, on est à Saumur quoi ! En temps de guerre...”
Non mais il y arrivera pas, les côtes commencent déjà se marrer, ça lui rend la voix toute aigüe.
“On est à... à Saumur, avec des... des mercenaires PARTOUT !”. Il fait tourner le bras, non parce que c’est vraiment partout, tu vois. “Et des rouuuuusses !” Non mais là c’est l’pompom. “Qui m’emmerdeeeent !”
Blondin reprend un sérieux de deux secondes, pour confier l’inavouable : “J’aime pas les rousses”. Mais c’est tellement con de se l’entendre dire, qu’il se remet à se poiler comme un arlequin.
“J’aime pas les rousses ! Et... et attends l’affreux, nan c’pas l’pire, j’suis à Saumur... pour une BLONDE !” ça y est, il en pleure. C’en est trop. Non mais moi aussi j’suis blond ! Regarde, j’te tends une mèche dans le noir l’affreux ! Un blond avec une blonde ! Attends c’est pas le truc le plus fendard que t’aies jamais entendu ?! Un blond avec une blonde ?
“Et... et... ”
Reniflage. Des doigts se tendent sur les mains du blond,.
“Et j’ai pas tronché depuis, hi hi... Nan attends, j’trop mal au bide...”
“Et... et moi... le va-GABOND ! Le vagabond, non, écoute bien, moi, je suis à... Saumur ! Et tout à l’heure j’ai mis un poing dans la tronche à son ami à ma blonde ! PWA !” Même qu’il refait le geste, parce que c’est rigolo, l’histoire de la patate.
“PWA ! PWAHAhaha... Arrête j’vais m’pisser dessus, hu hu...”
Mais non, t’es pas lourd Johannes. Même l’affreux finit par craquer : “Qu’est-ce qu’tu t’plains ? Qu’est-ce tu fous là si ça t’emmerde ? T’as b’soin d’m’emmerder moi aussi ? Et les roux, tu les encadres ?” Il baisse son capuchon l’affreux, il est roux comme une orange. Tout net ça le calme au blond, parce qu’on peut rire de tout, mais quand même. Il essuie sous ses yeux Blondin, redevenu tout grave, et puis pose des petites tapes sur l'épaule de son affreux.
“Ah ouais. Non mais... ça va aller l’affreux. T’vas t’en sortir. J’sais pas comment, mais on trouvera une solution va...”
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Humpty Dumpty sat on a wall.
Humpty Dumpty had a great fall.
All the king's horses and all the king's men
couldn't put Humpty together again.
L. Carroll