Annaell
La nature faisait son oeuvre tandis qu'Eulalie, paniquée, jurait à tous vents. C'eût presque pu faire rire Annaell si elle n'avait eu si mal, car elle n'avait point de peur mais seulement de la douleur. Le souffle accéléré, la jeune femme comprit qu'elle n'aurait guère d'aide pour cette fois, et que les mains tremblantes d'Eulalie risquaient de lui faire plus de mal que de bien.
Le bébé pointait déjà le bout de son nez... Annaell le sentait, l'encourageait de son mieux, poussant pour l'aider à sortir. Etrangement, elle sentit à plein nez une odeur de fougères écrasées, et cette distraction provisoire la déconcentra.
Une soudaine liberté. Un sentiment de relâchement.
Et un cri. Un petit cri de bébé.
Le monde lui parut soudain terriblement silencieux, terriblement recentré autour de son corps, et le vent apporta une nouvelle bouffée d'odeur de fougères, fraîche et rassurante, ferme et piquante, et Annaell se mit à pleurer et à rire, soulagée de ce cri, encore plaquée dos au sol par sa faiblesse, et totalement épuisée à présent...
Elle riait et pleurait en même temps, elle trouvait cela stupide mais ses nerfs ne lui laissaient pas le loisir d'être intelligente à ce moment-là. David et Eulalie avaient assisté malgré eux à la naissance, mais elle s'en fichait à présent.
Avec précaution, elle s'appuya sur ses coudes, demandant à David de lui soutenir les épaules...
Sur ses larges jupons étalés en corolle sous elle, sur le sol, un petit bébé s'agitait en criant, sans doute frigorifié par le vent glacial qui soufflait sur son corps humide et encore couvert de sang et de liquide. Les mains d'Annaell soulevèrent le petit être, non sans un tremblement, non sans de nouvelles larmes et un sourire idiot, et la petite Agathe fut blottie contre sa maman, réchauffée et mise à l'abri contre son sein, entourée de la chaude cape de la mère...
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Le bébé pointait déjà le bout de son nez... Annaell le sentait, l'encourageait de son mieux, poussant pour l'aider à sortir. Etrangement, elle sentit à plein nez une odeur de fougères écrasées, et cette distraction provisoire la déconcentra.
Une soudaine liberté. Un sentiment de relâchement.
Et un cri. Un petit cri de bébé.
Le monde lui parut soudain terriblement silencieux, terriblement recentré autour de son corps, et le vent apporta une nouvelle bouffée d'odeur de fougères, fraîche et rassurante, ferme et piquante, et Annaell se mit à pleurer et à rire, soulagée de ce cri, encore plaquée dos au sol par sa faiblesse, et totalement épuisée à présent...
Elle riait et pleurait en même temps, elle trouvait cela stupide mais ses nerfs ne lui laissaient pas le loisir d'être intelligente à ce moment-là. David et Eulalie avaient assisté malgré eux à la naissance, mais elle s'en fichait à présent.
Avec précaution, elle s'appuya sur ses coudes, demandant à David de lui soutenir les épaules...
Sur ses larges jupons étalés en corolle sous elle, sur le sol, un petit bébé s'agitait en criant, sans doute frigorifié par le vent glacial qui soufflait sur son corps humide et encore couvert de sang et de liquide. Les mains d'Annaell soulevèrent le petit être, non sans un tremblement, non sans de nouvelles larmes et un sourire idiot, et la petite Agathe fut blottie contre sa maman, réchauffée et mise à l'abri contre son sein, entourée de la chaude cape de la mère...
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