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[RP] Votre premier entretien d'embauche

Nizam
    Alors elle aussi, on l'a éduquée à coup de longs paragraphes aristotéliciens. Effectivement cela lui plaisait vu tous ces livres, Nizam ne s'était pas davantage attardé sur le reste avant de passer au bureau, il aurait dû expliquer que la lecture ne fut pas son passe temps favori ces dernières années, alors la légende écrite par Béroul, il ne la connait que de nom et de ce que veulent bien en dire les troubadours. Il avait perdu le temps et l'intérêt de rêver à travers des lignes d'encres, jamais cette pile de papiers reliés ne tirerait un homme de la misère ou du danger, du moins c'était son avis. Un jour sera t-il érudit... Mais pas encore, l'aventure qu'il recherchait ne se trouvait pas entre deux pages. Quant aux manuels de brodeuses, des tisserands, ils lui étaient autant familiers que l'air aux poissons, il n'allait certainement pas entamer une discussion sur un sujet si lointain, si ce n'était pour demander à Mahelya une échoppe où il pourrait se vêtir. Se trainant avec ses tissus, fut-il vénal Nizam avait dépensé ses écus pour chemise et bottes qu'il arborait aujourd'hui, les paires de braies alternaient de la plus au moins usée, la dernière en date, d'un bordeaux foncé, était pliée et enfouie dans sa besace. Il songeait par ailleurs se doter de vêtements mieux adaptés à son nouveau rôle armé auprès de la Rouquine, et qui lui seront toujours utiles au terme de leur contrat, le marché de la capitale satisfera sans doute ses attentes.
    Revenons au bureau, avant que les joues de l'Etincelle entrent en concurrence avec la couleur de ses mèches et que sa robe ne devienne plus lisse qu'elle ne l'est déjà. Le lieu donnait légère impression de désordre, le Balafré se doutait que Mahelya devait souvent s'y trouver, c'est là qu'elle écrivait ? La découverte gêna la jeune fille, heureusement qu'elle n'était pas venue rendre visite au blond à Guéret, la propriété dont il avait hérité lui aurait changé son opinion sur l'échelle du foutoir de surface. Qu'il avait hâte de voir l'endroit qui lui était destiné ici, il fera peut-être plus attention en ayant la rousse pour voisine.

    Un brin surpris par l'enthousiasme de la Frêle lorsqu'il évoqua le déguisement, son sourire se fit plus hésitant quand elle l'invita à la suivre. Ne lui laissant pas le temps de réagir, elle le fit entrer, lui donnant même siège pour s'asseoir.
    Mahelya... Dis-moi que tu n'as pas habitude de recevoir des inconnus dans ta chambre ? C'était pour ainsi dire la première fois que Nizam se retrouvait dans une telle pièce, chambre de fille, noble, dont il était futur employé... Et vous voulez qu'aucun sous-entendu ne traversent son esprit ?


    - Hm, je pensais... vous attendre dans le..

    Bureau. Trop tard. Il observa un instant les meubles devant lui, les braises rougeoyantes, le lit à baldaquin - ce genre de lit où il posera rarement son dos - alors qu'elle partait se réfugier derrière un paravent. Le blond y posa son regard, réprimant un air amusé en y voyant les peintures, il se détourna pour enfin prendre place au fauteuil qu'elle lui avait désigné. Il sourit en voyant un autre Livre des Vertus sur une table proche de lui, cette maison en était vraiment envahie. Et si elle lui en proposait un ? Ou l'interrogeait sur ses convictions religieuses ? Erf, il ne préférait pas l'imaginer.

    Il était silencieux, devait-il parler ? Elle se changeait et il était à peine à quelques mètres, qu'est-ce que l'on dit dans ses moments-là ? Votre robe n'est point trop serrée, songez à limiter votre gourmandise ? Non, non, et la Frêle portait bien ce nom. Besoin d'aide ? Encore moins. Heureusement la voix de Mahelya vint troubler le calme, elle lui donnait les réponses à ses précédentes interrogations. Nizam écouta les paroles, il avait désormais son âge - qu'il n'aurait pas vu si jeune - et un morceau de son passé visiblement mouvementé. Ce mensonge, cette "vraie" famille, cela avait un rapport avec la brève généalogie qu'il avait aperçue avec les tapisseries du couloir ? Les informations ne faisaient qu'attiser sa curiosité, avec cela l'histoire du fiancé... Elle plaisantait ? Le Balafré connaissait peu le monde noble, mais savait que les mariages arrangés n'étonnaient personne; Mahelya aussi jeune et jolie qu'une fille en fleur, à la dot et l'argent n'étant plus à mettre en doute, devait représenter un bon parti pour tout nobliot. Pourquoi donc le fiancé avait renoncé ? Le mariage était une épreuve, mais il devait y avoir plus désagréable compagnie que celle de la rouquine.
    Il voulut faire une remarque, mais s'abstint, le ton avait perdu de son enjouement. Ainsi derrière les sourires de l'Etincelle se cachaient des souvenirs plus sombres, à chacun hélas son lot d'ennuis. Lui posera t-elle des questions à son tour ? Exposer en toute franchise son chemin jusqu'ici ne sera sûrement pas à son avantage.
    Il laissa de côté cette idée, et se redressa dès qu'il l'entendit.

    - Oui, vous pouvez. J'vais vous dire si j'arrive à vous reconnaître et si vous n'faites pas trop gringalet, c'pas gagné.
Miel.
[Et pendant ce temps là, en bas ... ]

La mini-squatteuse professionnelle sifflotait un air joyeux. Elle revenait du marché, où elle avait entourloupé avec brio un marchand, avait réussi à esquiver un voleur, et fait un croche-patte à un cul terreux vicieux. Le tout, sans faire tomber le panier rempli de provisions commandé par Bertille.

Oh que non. Précieux panier qu'elle ne quittait pas des yeux. Pour deux raisons.

La première? Subir le courroux de la cuisinière était une sacrée plaie pour les oreilles, et même Miel, qui savait s'entourer des personnes les plus incongrues sans sourciller un seul instant, même elle blanchissait à l'idée de voir Bertille brandir son rouleau à pâtisserie en roulant des yeux.
Il est des femmes douces, bienveillantes, et paradoxalement, terriblement angoissantes, sans même hausser le ton ou émettre un reproche. Bertille était de cette trempe.

La seconde raison? Tout simplement car les oeufs et la farine sont les ingrédients de base pour faire ...


DES BRIOCHES !!

Et VLAM.

La porte d'entrée venait de claquer, une tornade version Chataigne venait de débarquer dans la cuisine. Miel déposa lourdement le panier sur la table, souriant laaaaargement à Bertille & Harchi. Sourire qu'ils rendirent à peine, une lueur étrange vacillant dans leurs regards.


Bin quoi?
C'est parce que j'ai ouvert la porte avec mon pied? Mais mes bras étaient occupés, et j'pouvais pas attendre, c'était trop lourd, j'aurai tout fait tombé.


Mine faussement piteuse devant les deux domestiques, elle tente de se faire pardonner. Tant qu'elle n'aura pas sa propre maisonnette, Miel dépend de Mahelya, ce qui limite considérablement son quota de bêtises possibles par jour : il ne faudrait point qu'un des deux adultes ne se fâche et ne la renvoie. Ça serait ballot.

Chsuis désolée.

La demoiselle n'était pas bien grande et ne s’intéressait pas aux histoires d'adultes, mais elle sentait une tension dans l'air. Ou plutôt ... une inquiétude croissante. Bertille ne s'était toujours pas dirigée vers les provisions, et Harchi n'avait toujours pas fermé la porte d'entrée.
Sa voix fluette brisa le silence.

Koikyaaaaaa? Ca va? Vous avez vu un fantôme, pour être aussi pales?
Y a un souci?
Un problème?
Mahe est malade?


Déclic.
Qui provoqua une avalanche d'hypothèses plus foireuse les unes que les autres.


Mahe a eu un accident de cheval? Elle est tombée de son lit -encore-? Elle s'est coupée le petit doigt en épluchant une pomme?
OH MON DIEU !!
Elle s'est déchirée le genou en sautant sur son lit !!
Elle a choppé un sale rhume? Ou pire, une grippe?
Mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu, faites qu'elle soit encore en vie!

RHaaaa mais répondeeeeezzzzz ...


Eh oui. La Tornade is back dans la maison.
Moi j'dis : pauvres domestiques. Mahelya, ma fille, tu es folle d'avoir ramené une puce sur-excitée 23h59/24h, chez moi. Mais ça ... A tes risques et périls!

_________________
Môme d'une dizaine d'années.
Protégée de Mahelya. Chieuse en vue, faites gaffe!
Ban' à viendre plus tard.

(Vouaip! Jsuis d'retour! mwouhaha)
La_cuisiniere
[La cuisinière ici = Bertille]

[Dans la cuisine]

ET VLAMMM
Claquait la porte en chêne pour annoncer le retour de Miel, le tout jeune fille que la Petite Maîtresse c'était mise en tête d'héberger. * J'rai pensé qu'elle aurait mis plus d'temps au marché. * Pensa la pauvre cuisinière qui tentait tant bien que mal de réconforter Harchi. Le vieil Homme était devenu livide lorsqu'il avait entendu les marches de l'escalier craquer, signe que sa Filia - comme il l'appelait - était montée à l’Étage avec son visiteur. Et à l'Etage il y avait les chambres, la Généreuse Bertille savait très bien quelle genre de pensées tourmentaient l'esprit usé du vieux soldat. Pâle comme un linge, il avait aussi adopté le silence. Norf de norf - Bertille était d'origine Berrichonne - Quelle mouche a donc piqué ce vieux grognon. C'était plutôt une bonne chose si la petite Rousse trouvait un fiancé, c'est qu'elle avait été tellement malheureuse au départ Du-blond-dont-on-ne-doit-plus-pronocer-le-nom-sous-ce-toit. Les mains potelées de la cuisinière étaient posées sur les larges épaules du Valet. C'est cet instant précis que choisit la mini tornade Châtaigne pour faire son apparition et poser une myriade de questions toutes plus farfelues que les autres. *Mahe a fait une chute de cheval ? Mahe s'est piquée avec une aiguille ? Mahe est malade ? Mahe est morte ? Mahe et le Boulanger ?* Heureusement qu'elle n'arriva pas quelques instants encore plus tard, allez savoir ce qu'elle aurait pu voir : peut-être un baiser … Enfin ceci ne nous regarde pas.

Toujours préoccupée par l'homme grisonnant, il est vrai que Bertille adressa à peine un sourire timide à la Petite Protégée. Non pas qu'elle ne l'aimait pas... Au contraire ! Bien qu'elle la réprimait souvent, la petite avait amené de la vie au 16 rue de la Justice et était arrivée pile au bon moment : La rupture des fiançailles par le Fiancé qui avait complètement disparu depuis. Et pour cela la petite Angevine/Berrichonne/Limousine et Marchoise avait une place à part dans le cœur de Bertille. Ajoutez à cela qu'elle était vraiment attachante, malgré les innombrables bêtises qu'elle faisait par jour. La petite puce avait une bouille d'ange et il était très difficile pour la cuisinière de garder son sérieux et sa colère quand elle la réprimendait.
Les yeux sombres de la Femme scrutaient toujours le faciès d'Harchi. Soudain, ce dernier, se leva, déposa une bise sur la joue de Miel et sortit sous prétexte d'aller couper du bois, claquant la porte derrière lui. Un instant le silence tomba et Miel n'avait toujours pas obtenu les réponses à sa farandole de questions. Hin hin ... Faire bonne figure et ne pas penser au vent magistral que venait de lui mettre son amant supposé. Le regard se pose alors sur la petiote qui ne dit plus mot. Mince le panier, c'est vrai que c'est lourd ça ! La Généreuse, se précipita sur la jeune fille, lui prenant les provisions des mains.


- Ah Miel M'rci pour l'courses! Bon allez ! On s'calme ! hein tite puce ! Calm'-toi, Mahe va bien, n'fais pas 'tention à Harchi, t'sais bien qu'il est grognon en c'moment ! Rentres, et Viens t'poser d'vant la ch'minée Il d'vait faire bien froid d'hors ! J't'ai fais d'la brioche ! T'dois avoir faim non ? et j'ai préparé du Caramiel comme t'dis et il doit rester dans l'placart un peu d'confiture d'framboise. Comme j'sais jamais c'que tu préfère et qu'tu changes tout l'temps d'avis, j'fais les deux.

Les phrases avaient été prononcées avec un sourire bienveillant et La Bertille s’affaira ensuite à ranger les provisions, jetant de temps à autres des œillades à Miel.

- Installes-toi ! Mange ! Bois t'verre de lait et j'te raconte après, pourquoi qu'il est grognon l'papy. Et toi tu m'racont'ras l'marché. Il était là l'Boucher ? Ernest ?! t'sais c'lui avec l'belles Moustaches !

Hannnnnn trahison criera le Lecteur, qui pensait vraiment que quelque chose se tramait entre le Valet et la Cuisinière. Ce à quoi je répondrais, "Il faut bien brouiller les pistes, sinon c'est trop facile."
Bref…
Après avoir tout correctement organisé, Bertille jeta un œil au ragout de mouton qui mijotait tranquillement sur le feu. Puis après s'être assurée que cela ne brulait pas, elle prit les quelques pommes de terres et s'installa devant la fillette, pour les éplucher. Harchi était momentanément sortit des pensées de la Généreuse, c'est donc un sourire chaleureux qu'elle adressa à Miel.


- Alors t'régales ?
Mahelya
[Toujours à l’Étage. Bien loin des soucis qui agitent le Rez-de-chaussée.]


Il avait dit oui, et se préparait sans doute déjà à lancer quelques remarques sarcastiques si le déguisement ne lui convenait pas. Bien loin d'avoir peur et de faire sa timide, un fin sourire étira les lèvres de la Garçonne. Au moins Nizam était-il constant dans l'art de la taquiner. Et puis avouons-le se chamailler avec le Blond était une activité à laquelle ne dirait jamais non, l'Etincelle. C'était bien trop amusant et divertissant pour s'en priver. Ah ça oui !
Passant la tête sur le côté du paravent, ne dévoilant que son minois et non sa vesture, elle adressa un sourire chaleureux au Balafré, l'excitation teintait à nouveau ses iris. La Flammèche avait retrouvé sa bonne humeur, et la joie de vivre qui la caractérisait et que tous connaissaient à Limoges. De cette vision, le nouveau garde pouvait penser que rien n'avait changé, En effet ses longues mèches rousses cascadaient encore librement. Mais qu'avait-elle donc fait derrière ce paravent ? On se le demande. Mystère la suite serait dévoilée plus tard, après tout il ne voyait pour le moment que quelques tâches de rousseurs sur un visage familier. Dissimulant toujours le reste de son corps, elle lança tout joyeuse.


- Bon alors, Vous êtes prêt hein ?! Ne vous moquez pas ! Enfin je veux dire pas trop. Vous interdire de vous gausser serait mission impossible. N'est-ce pas ? Vrai que vous avez la langue bien pendue et parfois acerbe. Un humour caustique qui m'amuse grandement.
Bref,
Les compliments seront pour plus tard.
Préparez-vous, je sors bientôt.


Un éclat de rire cristallin se fit entendre dans la chambre silencieuse, raisonnant dans toute la pièce. Pour sur sa bonne humeur était revenue et le Blondinet n'y était peut-être pas étranger. C'est qu'elle aimait qu'il la traite normalement, comme une personne normale. Au moins pas de rond de jambe avec lui. Bref…
Aussi subitement que les tâches de rousseurs étaient apparues de derrière le paravent, elles disparurent. L’Incandescente était fin prête enfin changée en garçon, les prunelles vertes s'observèrent une dernière fois dans le petit miroir que dissimulait le paravent, avant la grande révélation. Encore un petit ajustement. A peine quelques secondes. Et Voilà …
Tout d'abord les yeux clairs de Nizam, purent remarquer une botte en cuir de couleur noir dépasser du panneau tapissé. La matière tannée semblait un peu délavé, usée ayant déjà de nombreuses fois servies, C'est que la Jeune tisserande s'était appliquée à retirer toute la noblesse du produit. Y'a pas de jeune et frêle noble roux à Limoges. Un cordon de laine permettait de les nouer sur le mollet. LA Frêle s'avança un peu dévoilant plus encore sa tenue. A Présent, l'on pouvait voir une jambe vêtue de braies de la même couleur que les bottes sur le genou, une pièce de tissu plus foncée indiquer l'endroit même d'un rapiéçage. La jeune Fille fit un pas de plus découvrant cette fois, le haut de son corps paré d'une chemise, sans doute blanche à l'origine mais qui maintenant faisait grise mine. La chemise était ample, pourtant aucune courbe ne venait à perturber sa coupe droite. La Rousseur était consciencieusement bandée. Une vraie torture lorsque la chose était faite à outrance, comme c'était le cas présentement. Elle aurait le temps d'ajuster le geste ou de trouver une parade à ce corset étriqué, après tout bien doser, cela faciliterait certainement quelques mouvement à l'épée ou au bâton. Enfin, et c'est je crois l'instant le plus important de la transformation, Mahelya dévoila son minois. Plus aucune boucle Rousse, si ce n'est quelques cheveux courts qui dépassaient de la casquette de gavroche qu'elle portait sur la tête. Un couvre chef ample qui permettait de dissimuler sa longue tignasse sans pour autant avoir à les couper. De plus, elle était pourvue du visière, ce qui permettait, lorsqu'elle baissait les yeux de dissimuler le vert si particulier de ses yeux.

Doucement elle leva ses sinoples sur le Balafré face à Elle.


- Alors ? Verdict ? Pensez-vous que je puisse faire illusion ? Vous savez, je pensais me mettre un peu de poudre de charbon pour dissimuler encore plus mes traits. Qu'en pensez-vous ?


Elle se racla alors la gorge avant de poursuivre en s'avançant vers son Invité. Malheureusement pour la Jeune fille, si le vêtement faisait illusion, il n'en était rien de sa démarche. Ses hanche se balançaient bien trop. Peut-être que le nouveau garde devra lui apprendre à marcher comme un garçon.

- Allez ! Dites-moi et soyez sincère !
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Nizam
    Il imaginait le déguisement, des tissus basiques sûrement sombres pour ne pas attirer l'attention, peut-être récupérés ça et là, une coupe qui ne devrait plus du tout mettre en valeur les formes féminines... Mais pour les cheveux ? Les fines boucles de Mahelya trahiraient sûrement son identité. Curieux de voir enfin le résultat, il vit une tête de rousselotte dépasser du paravent. Elle avait beau se montrer toute guillerette, elle n'en paraissait pas moins femme, Nizam ne vit aucun maquillage, aucune différence. De plus en plus intrigué par ce qui se déroulait devant lui, il eut un sourire moqueur aux remarques le concernant. Heureusement l’Étincelle semblait apprécier le caractère du Balafré, ce n'était pas forcément le cas de tout le monde, peut-être devra t-elle lui demander à l'avenir de mesurer son humour, comme avec Harchi par exemple... Quoique souvent plus on imposait des limites au blond, plus il trouvait du plaisir à les braver, il hésitera seulement davantage si emploi et salaire sont concernés. Il faisait peu attention à ses paroles en présence de la jeune fille, l'épreuve aux joutes avait dû briser toute retenue dont il aurait pu faire preuve en apprenant titre et fortune de la rouquine. Bien que n'étant pas le premier à se courber devant du sang noble, il savait rapidement avec quel blasonné il pouvait laisser libre cours à ses sarcasmes sans crainte de représailles. Il avait appris par les années qu'il valait mieux s'acoquiner avec ces gens plutôt que d'en faire des ennemis.

    Il n'avait pas quitté le fauteuil, le dos droit et le visage tourné vers l'endroit où le futur garçon fera son apparition. Froncement de sourcils, il crut entendre du bruit venant du rez-de-chaussée, une porte qui claque ? Peut-être... Qu'importe, son attention revint au paravent aussitôt qu'il aperçut sur le côté une première botte de cuir usé, bon début ! La deuxième suivit, puis dévoila des braies noires équivalentes à celles qu'aurait tout badaud dehors, rapiécées avec les moyens du bord, cela lui rappelait sa première approche avec la couture lorsqu'il avait déchiré dans ses escapades, alors adolescent, sa plus fine chemise. Parlant du haut... Voici bientôt celui de Mahelya, gris et droit, il n'épousait aucune courbe, poitrine et taille disparues. Nizam ignorait qu'un bandage entretenait l'illusion, pensant qu'à l'âge de la rousse il était inutile de dissimuler ce qui était à peine naissant et mis en valeur par un corset. Le tout apparut enfin, et réussit à étonner l'homme, il fixa un instant l'inconnu qui ne l'était pas tant, les longues boucles étaient enfouies sous une large casquette, lui cachant même une partie du visage. Sans bien faire attention, il l'aurait croisée dans la rue sans se retourner, ni la reconnaître. Ce fut seulement lorsque la voix aiguë de la jeune fille troubla le tableau qu'il reprit un sourire... puis un rire dès qu'elle s'approcha de lui. Si les traces d'un physique féminin avaient été presque entièrement gommée, la posture, elle, restait bien présente. Ses traits fins lui donnaient l'allure androgyne, mais si l'on s'attardait sur le visage on pouvait se permettre un doute, garçon ou garçonne...


    - Bwarf. Ma foi, vous faites un bien mignon damelot !

    Évitant de pouffer davantage, il se pencha en avant et détailla les habits pour chercher une possible erreur. Tout pouvait passer pour masculin, malgré sa mince carrure, elle faisait celui dont la puberté n'avait pas encore atteint.

    - De la poudre de charbon ne serait pas en trop, ne serait-ce que pour cacher votre teint noble - pour ne pas dire d'pucelle - par contre il y a quelque chose qui va falloir absolument changer...
    Votre attitude. Il y a toute une éducation à r'faire, si j'ose dire.


    Le sourire s'élargit, alors qu'il se leva pour venir à côté d'elle. Se plaçant de sorte à ce qu'elle lui soit de profil, il l'observa et descendit son regard sur ses mains. L'idée de donner des précisions pour le rôle au masculin l'amusait.

    - On n'sait jamais, évitez d'jà de lisser vos braies comme une robe... Ensuite, pourquoi donc rouler des hanches d'cette manière ? 'Devenez un homme, bon sang, un peu d'virilité dans ce monde de jupons. Marchez, pour voir.
Mahelya
Elle le savait ! Elle aurait du parier ! Car une fois de plus elle avait gagné, son intuition était la bonne. Le Balafré en face d'elle essayait de réprimer un fou-rire. Anxieuse elle le toisa, l'observa, le scruta avec beaucoup d'attention. C'était peut-être maintenant que se jouait l'avenir de leur relation employeur / employé. Si le déguisement ne convenait pas, Nizam pourrait décider sur un coup de tête de mettre fin à leur accord clandestin, jugeant que cela pourrait devenir dangereux. Rappelons que l’Étincelle n'employait pas vraiment un nouveau Garde, mais surtout un Maître d'armes Officieux. Sa Mère, Harchi, Bertille, tous avaient refusé qu'elle apprenne à se défendre au bâton, à la dague, à la hache ou à l'épée. La seule qui aurait potentiellement accepté était sa cousine Sindanarie, mais elle était trop loin. Aussi depuis des mois, la Flammèche cherchait quelqu'un capable de l'initier aux arts du combat et son dévolu était tombé sur Nizam après un courrier au sujet d'un verre promis lors des joutes. Comme quoi le hasard faisaient bien les choses, N'est-ce pas ?
Bref... Revenons à la situation présente.
L'air de rien l'Incandescente appréhendait la réaction du blondinet. Discrètement les dents vinrent à mordre sa lèvre inférieure. Le verdict du Blond avait l'apparence d'une épée de Damoclès au dessus de sa tête. * Allez ! Dis-moi ! Crédible ou pas. *
Dans son fort intérieur, entravé par les bandes, le palpitant de la Roussotte s'accélérait doucement. D'autant plus que le chenapan se gaussait toujours. Était-elle si ridicule que cela ?

Enfin le verdict du Balafré raisonna dans le silence de la chambre. La Frêle ne savait pas bien ce qu'était un "Damelot", aussi se contenta-t-elle d’acquiescer. De toute façon ça n'avait pas l'air si mauvais que cela. Puis elle écouta la suite avec attention. Le Blond estimait lui aussi que la poudre de charbon était une bonne solution pour dissimuler ses traits et son teint de noble et de ... Hein ?! Quoi ?! Il avait dit quoi là ?! Instantanément, les sinoples de la Rousseur s'écarquillèrent. Ce n'était qu'un murmure et pourtant la Flammèche l'avait clairement entendu. Oui la phrase s'était littéralement imprimée dans son oreille. Naméo ! Pucelle ... Pucelle ... Il en savait quoi lui d'abord ?... Les joues rougissantes parce qu'en vrai il avait vu juste, mais comme toutes femmes elle n'aimait pas que l'on expose publiquement ses ignorances, elle s'exprima.


- Pucelle ... Pucelle ... Hum ... ça reste à prouver oui ... hum ... Bon d'accord ... c'est vrai .... mais euh ... ce ne sont pas des choses qui ...


"... Qui se disent" La fin de la phrase fut simplement mimée par les lèvres purpurines de la Rouquine, parce qu'elle se tut immédiatement écoutant les conseils supplémentaires du Balafré. Et de nouveau les pupilles se dilatèrent et les yeux s'ouvrirent en grands. Elle allait de surprises en surprises avec le Blond.

- Quoi ? une éducation à refaire ? M'enfin, voulez pas non plus que je me mette des poils de lapin au menton et sous les bras ? Que je sente la sueur ? Et que je pisse debout ? Ça va être un brin compliqué cette affaire là ! Et puis d'abord je ne lisse pas mes braies ! M'enfin ! Avec tout le mal que je me suis donnée pour les réaliser. Donner l'apparence usée à un cuir neuf c'est compliqué vous savez ?

Information : HelloooOOOOoooo je suis Tisserande ! Enfin le Balafré s'en était peut-être douté avec tous les livres sur les tissus, la coutures, les fils et le point de croix, il aurait été étrange, qu'il n'eut pas compris plus tôt. La Petite Flamme s'était un peu emportée dans sa réaction mais quand Nizam avait parlé d'éducation elle avait tout de suite pensé au coup des latrines. A vrai dire ça ne l'aurait même pas vraiment étonnée que le blond lui joue un tel tour. Pourtant, là dessus, La Rouquine était catégorique : * c'était niet, nada, never (*) Même pas en rêve le Blondinet ! Jamais Ô grand jamais je ne ferai pipi debout ! *
Ce n'était plus rouge qu'étaient les joue de Mahelya, mais bien cramoisies, parce qu'en vérité, elle avait tellement envie d'apprendre les armes que si le Blondinet lui imposait cette condition, elle serait bien capable d'accepter, imaginant déjà les scène embarrassantes d'un tel comportement dans les latrines publiques.
Pourtant une nouvelle remarque la fit taire. Et à nouveau elle observa Nizam qui s'était placé à ses cotés. Sourcils légèrement froncés, signe qu'elle réfléchissait.
Quoi ses hanches ?! Elle avaient quoi ses hanches !


- Quoi mes hanches ? Elles sont parfaitement droites mes hanches elle ne roulent .... .... pas.

Éclair de lucidité - ou pas - dans l'Esprit de la Rousseur.

- Je suis mal formée c'est ça ? C'est pas normal de pas avoir les hanches droites ! Mais cela ne se peut !

Et là c'est la panique et la précipitation en hypothèses et vérifications en tout genre. Doit-on préciser que lorsque la Rousse "roulait des hanches" pour reprendre le terme du narrateur d'au-dessus, elle le faisait naturellement sans même y penser, croyant au contraire marcher complétement normalement et que du coup elle ne comprenait absolument pas la remarque du Blond sur son anatomie ?
Aussitôt la jeune Garçonne posa ses mains blanches sur sa taille afin de vérifier.


- Je ne sens rien, pour moi c'est parfaitement droit ! Attendez ! je sais ce qu'on va faire ! Je vais me mettre devant vous, et vous allez me dire ce que vous sentez ! D'accord ?

Et tout en expliquant son plan au Balafré, elle planta son dos face à lui, se saisit de ses mains qu'elle posa fermement sur sa fine taille, là ou les bandages de sa gorge s'arrêtaient et commença à marcher doucement. * Mahelya... ça c'est comme le fait d'inviter un homme inconnu dans ta chambre alors que tu te changes, ça ne se fait pas... Non on ne pose pas délibérément les mains d'un homme sur sa taille. D'autant plus lorsque l'on connait à peine cet homme. *

- Alors Nizam ?! Dites moi ? Je suis mal formée ? Vous sentez quoi ? Ça va poser des problèmes pour l'entrainement ?

C'est que c'était très sérieux pour la Flammèche.
Nizam Bonjour, vous voilà, garde, Maître d'armes et conseiller en anatomie.


______________________
(*) Rien, rien, Jamais.
_________________
Nizam
    A mesure qu'elle réagissait à ses paroles, il retenait de moins en moins bien le rire passant ses lèvres. Les deux pommettes rougissantes lorsqu'il évoqua à voix basse de la virginité de la jeune fille lui décrochèrent un autre air railleur, Nizam n'en parlera plus, promis. Ou pas. Cela n'avait pas été difficile à deviner, "l'innocence" de Mahelya sautait aux yeux par sa façon de se comporter, inviter le Balafré dans sa chambre... Et puis quoi encore ? Elle voulut deviner ce qu'il avait en tête pour son éducation garçonne, seul un rictus, à défaut d'un second fou rire, fendit le visage du blond. Elle lui donnait bien des idées, à tester un jour ou pour s'en servir de menace lors de leurs futurs entraînements car le poil de lapin et l'art masculin de pisser debout, il lui ressortira le moment venu.
    Il ne sous estimait pas le travail que s'était donné la jeune fille, elle avait dû préparer depuis longtemps son déguisement. L'homme se doutait qu'elle avait une affinité avec le travail de tisserand - quoique des bases en couture et tissus, n'est-ce pas commun à toutes les femmes ?... - mais quatorze ans et déjà sa propre échoppe ? Elle l'étonnerait sans cesse.


    - Bwahaha, l'poil d'lapin ne sera pas très utile, l'reste on verra si vous d'vez l'apprendre !

    Il plaisantait ? Peut-être, mais la réaction de la rousse le faisait encore rire, il n'allait pas se priver pour la taquiner un peu.
    Revenons donc aux hanches de l'Etincelle, le balafré était venu près d'elle et avait relevé cette spécificité féminine que de mettre en avant presque naturellement les atouts donnés par mère Nature. Apparemment, ils ne se comprenaient pas, Nizam allait débuter son explication sur la démarche virile, non sans exagération et second degré pour troubler encore plus l'adolescente, quitte à l'embêter un instant et lui faire croire n'importe quoi... Mais la lueur que reflétait les sinoples donna mauvaise impression au conseiller anatomique improvisé. Il avait peut-être exagéré, la voilà qui s'inquiétait simplement pour sa démarche, il aurait à nouveau ri s'il n'y avait pas eu les deux mains empoignant les siennes sans attendre de réponse, et les posant sur la taille du faux garçon.
    Mal formée ? Gné ? Il tentait de prendre un peu de distance avec la situation actuelle. Oui Niz, tu as bien tes mains sur les hanches de ta patronne - ayant des années de moins que toi - dans sa chambre, séparé uniquement d'elle par les centimètres que laissait la marche lente. Ne te fais aucune idée. N'y pense même pas.
    Cependant, lorsqu'un homme tient une femme ainsi, soit il va recevoir une claque dans les secondes qui suivent, soit... Soit nous disions qu'il ne devait pas y songer. Déconcerté un court instant, il leva les yeux au plafond en entendant les questions posées avec une inquiétude qui n'avait pas lieu d'être. Nizam joua le jeu. Il suivit les premiers pas, ses deux mains ensserraient la taille adolescente et appuyaient fermement dans la direction opposée dès que les hanches déviaient de trop.


    - Ahem, euh... Oula oui, ça va poser un énorme problème... Et vous m'croyez en plus ! Puis c'est pas l'fait d'être bien formée, ça doit être normal pour une femme, 'fin j'suppose. Doué pour rassurer blondinet.
    Bon, là vous sentez ? Droite, gauche, vos hanches ne doivent pas bouger à c'point. Que cela reste droit, un peu comme votre dos, inutile de trop le courber d'ailleurs, bras le long du corps.

    Il ne savait pas si ces conseils serviraient à quelque chose, ce sera lorsqu'ils se retrouveront dans la rue ou au lieu de leur entraînement qu'il lui sera plus facile de donner des exemples concrets à la rousse.

    - Vous n'avez qu'à marcher devant un miroir, observer les autres dans la rue, et vous verrez. Tant que j'y pense, quand vous êtes déguisée dehors, n'allez pas sautiller, marcher sur la pointe des pieds ou vérifier vos ongles et prendre une pose avec vos mains sur la taille, que sais-je, évitez l'enfantin et le féminin.

    Il était dans la caricature mais après cet épisode d'anatomie, il préférait anticiper. Terminant les pas avec elle, il retira ses mains et recula légèrement. Il ne laissait pas paraître de gêne, mais se jura de ne plus se laisser surprendre par un contact aussi direct. Nizam se mit face à elle, rencontrant son regard. Ne me dis pas que tu as encore besoin d'une démonstration, rouquine...
Mahelya
La marche se fit lente et apparemment le Balafré avait raison, les hanches de la Rouquine chaloupaient un peu lorsqu'elle marchait. Déduction facile à obtenir quand ont sentait la pression des mains masculines sur la taille de la Jeune fille, pour faire balancier. Si Nizam était gêné par la soudaine proximité de sa patronne, il n'en était rien pour la Flammèche. Comprenez bien qu'elle avait eu une sacré peur en pensant qu'elle était mal formée, et qu'il avait fallu qu'elle vérifie la chose immédiatement, déjà qu'elle était trop maigre inutile de rajouter à son physique une tare en plus. Pour Sûr, sinon elle rentrerait dans les ordres.
Bref...
La Petite Flamme s'appliquait pour faire de son mieux et éviter que son bassin n'ondule de trop. Un pied devant l'autre, pas à pas, peu à peu, la démarche se faisait plus stricte.
Ce que Nizam n'avait pas loisirs à constater, puisqu'il était dans son dos, c'était le froncement des sourcil de feu et le bout de la langue de la Rousseur pincée entre ses lèvres purpurines. Signe de grande concentration. Les leçons avaient l'air de rien commencer, et n'avait-elle pas promis au Blond qu'elle serait une élève appliquée ?

Tout aussi concentrée qu'elle fut, L’Étincelle écouta cependant les paroles du Balafré avec beaucoup d'attention." que les hanches restent droites ! " Il était marrant lui, c'était sans doute facile à dire mais ça n'avait rien d'aisé à réaliser... Et puis d'abord, pourquoi les hanches des femmes se balançaient hum ? C'est quand même bizarre n'est-il pas ? Bientôt la marche s'arrêta, et les mains ferment se retirèrent de sa taille. Doucement La Rouquine se retourna afin de faire face à son nouveau maître de maintient, abandonnant pour se faire sa grimace de concentration. Les sinoples scrutaient le Balafré avec attention. Ce moquait-il d'elle encore ? La petite Flamme avait bien compris que Nizam était taquin. Légitimement elle se demandait donc si ce n'était pas là un nouveau tour du Blondinet. * Dis donc ! j'suis sûr que tu te balance toi aussi ! Et puis c'est pas mon genre de sautiller et de mettre les mains sur ma taille. * Alors même que la pensée se formulait dans son esprit, immédiatement, ce qu'elle avait pensé ne pas faire, se fit naturellement. C'est donc main sur les hanches qu'elle s'exprima :


- Dites c'est pas mon genre de jouer à la fille ! *Menteuse*

Réalisant soudain sa posture, le rouge, comme à l'accoutumée vint à pigmenter les joues de la Frêle. Action. Réaction. Et voilà qu'elle se tenait droite comme un "i".


- Je suis sûr que vous aussi, vous vous balancez ! et vous vous en rendez même pas compte.

Action. Réaction. Les mains fines de la jeune fille, se posèrent instantanément sur la taille du Balafré. Pas très fort, pas très serrées, juste comme une plume qui venait de se poser. Elle avait tout de même peur de lui faire mal. Elle, la Brindille.

- Marchez pour voir si je constate une différence !

Qu'avait dit le Narrateur du dessus déjà ? Ah oui : "Il ne laissait pas paraître de gêne, mais se jura de ne plus se laisser surprendre par un contact aussi direct."
Moui...
Et bien avec la Rouquine et son sens des relations sociales, c'était pas gagné. Bon courage Nizam. L’Étincelle était incapable de savoir ce qu'il convenait de faire ou pas... Mais ça, voilà déjà depuis le début de cet entretien que tous l'auront remarqué.

_________________
Nizam
    Si on lui avait dit à son arrivée dans cette capitale que son après-midi aurait été consacré à des cours de posture et de marche masculines, lui plus proche du gueux que du spécialiste du comportement, il aurait ri, accepté l'idée avec son habituelle ironie, et passé son chemin. Maintenant, il était confronté à une situation réelle, il ne pouvait ni s'en plaindre ni l'arrêter puisque voulant son contrat signé à la fin de cette journée. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour être garde chez la rouquine, je vous le demande. Le fait que Mahelya ne semblait pas le moins du monde troublée par la soudaine proximité - qu'elle avait elle-même provoquée, alors que pour une fois le blond ne faisait pas preuve de son charme légendaire - l'aida à cerner le caractère de l’Étincelle. Soit elle avait été élevée enfermée quelque part - monastère ? Fort possible - soit elle ne s'était jamais intéressée aux règles sociales de base, celles-ci lui paraissant totalement inconnues. La conduite de Mahelya avait un instant troublé le grand Balafré, disons que jamais, ô grand jamais une jeune fille de bonne famille , même grimée en garçon, ne l'avait approché ainsi, d'habitude c'était lui qui destabilisait, pas l'inverse.

    Sa dernière remarque dut vexer la rousse, mais la réaction de celle-ci, prouvant bien qu'il n'avait pas tant exagéré sa critique, le fit sourire d'un air sûr de lui. "J'te l'avais dit !". Cependant, la moquerie fut de courte durée, Nizam pensa cet épisode de déhanchement clos mais il fut vite contredit par la nouvelle idée qui avait germé dans la tête de l'adolescente, allez savoir comment et si elle ne faisait pas exprès pour ce coup là... Lui se balancer ?


    - Hein ?!

    Pas le temps de protester, de négocier, les mains blanches vinrent se coller à sa taille. Mais oui, vas-y, fais comme si on s'connaissait d'puis des années. Le blond eut besoin de tout son sérieux pour ne pas donner impression d'être surpris, ou gêné, n'en déplaise à la narratrice du dessus. Il était loin d'être d'un naturel réservé, ou prude, ne rougissant pas comme une pivoine au moindre contact avec une femme, mais il ne savait pas exactement quelle attitude adoptée devant Mahelya. "C'est pas un mannequin qu't'achètes rouquine"
    Il retint difficilement un soupir, leva une deuxième fois ses yeux au plafond avant de les croiser à nouveau avec les sinoples. Il voulait cet emploi, alors pourquoi pas faire ce plaisir à la patronne.
    Etant l'un face à l'autre, il la regarda, dubitatif, puis d'un geste rapide saisit les mains fines, lui tourna le dos, et les remit au niveau de sa taille. Il fit quelques pas lentement, vidant son esprit pour ne pas avoir de mauvaises pensées, ses hanches n'ondulant pas, évidemment.


    - Alors là, vous voyez, non ? J'marche normalement, y'a rien qui part sur l'côté.

    "Et ne me dis pas que je vais devoir t'montrer la différence en roulant des hanches..."
    Quoique, au point il était, le ridicule n'allait pas le tuer, il l'avait bien fait une fois à moitié ivre pour avoir un verre en taverne - c'qui faut pas faire, j'vous jure - il pouvait bien recommencer devant Mahelya. Nizam réprima un sourire, mieux valait en rire, et fit d'autres pas en jetant son bassin sur les côtés, à mesure des pas.


    - Là ! Vous sentez qu'c'est pas pareil, bah ça, c'est ce que vous faites.

    Les cours de mise en pratique, y'a rien de mieux. Il s'arrêta et se retourna vers la garçonne, faisant signe pour qu'elle retire l'emprise de sa taille.

    - Et n'me demandez pas d'le refaire, c'est non, vous avez qu'à le travailler dans la rue, ou chez vous.
    Sinon... Hem, et c'contrat ?


    Changement de sujet !


[Edit: relecture]
Mahelya
L'Etincelle observa les manipulations du Blond pour la faire passer dans son dos. Léger froncement de sourcil flamme - signe de grande concentration - Et il avait bien raison, ainsi c'était plus pratique pour sentir les mouvements mais aussi et surtout pour qu'il ne lui marche pas sur les pieds en avançant. Elle le suivit donc de sa démarche légère se concentrant sur les mouvements - inexistants - du Bassin de Nizam. Et là, la Rouquine découvre la vie.

- Ah oui dites donc, vrai que ça bouge pas !

Puis alors le Balafré se mit à rouler des hanche. Le changement soudain déclencha le rire cristallin de la Rousseur. Effectivement, peu d'hommes marchaient ainsi dans les rues de Limoges, ou alors Mahelya ne fréquentait pas les bons quartiers pour en croiser. Toujours est-il qu'elle s'amusait beaucoup. Mais, c'était un vrai balancier, pour sur le Blondinet exagérait un peu le mouvement. Ses hanches ne bougeaient pas autant quand même si ? Hum faudrait qu'elle se renseigne. Tiens pourquoi en demandant à quelques hommes lorsqu'elle irait en taverne. La marche chaloupée continua quelques instants, rythmée par les gloussements de la Roussotte bien qu'elle tentait désespérément de retenir. Si elle avait su lire dans les pensées et apprendre que pour une chope il recommencerait, pour sur elle aurait utilisé l'information avec excès. Puis cela prit fin et même temps que mourut l'hilarité de la Frêle, et doucement l’Étincelle retira ses mains de la taille du Balafré. Si elle ne riait plus, un sourire franchement amusé flottait encore sur ses lèvres.

- Je suis certaine que vous avez exagéré le mouvement ! Je ne dandine pas autant du popotin ! Enfin toujours est-il que je m'entrainerai et essaierai de faire attention. J'imagine que si je fais ce que vous venez de réaliser ça risque d'être embarrassant pour votre image. Je n'ai jamais vu d'homme marcher ainsi, en effet.

L'idée de voir Nizam se promener en plein Limoges en compagnie d'un jeune garçon à la démarche chaloupée, produit un nouveau gloussement de la jeune fille. Doucement, elle secoua la tête pour chasser l'image de son esprit, faisant par la même occasion virevolter ses longues boucles flammes. Mais l'amusement laissa vite la place au sérieux, et cette fois c'est Le Balafré qui changeait de sujet. Pas gênée le moins du monde, Mahelya mit cela sur le compte que Nizam avait peut-être d'autres choses à faire de sa journée que de faire des aller-retours dans sa chambre pour lui expliquer les différentes démarches. Immédiatement elle opina du chef, retrouvant le sérieux qui la caractérisait en général - j'ai bien dit en général -.

- Oui oui, le contrat vous avez raison ! Laissez moi quelques instants pour me changer, sinon j'ai bien peur qu'on se demande pourquoi je suis ainsi vêtue.

Sans attendre d'accord la Flammèche passa derrière le paravent. Et le bruissement du tissus sur sa peau se fit de nouveau entendre. Son qui fut simplement couvert par la voix cristalline.

- Nizam, ne vous gênez pas hein ? Faites comme chez vous, j'en ai vraiment pas pour longtemps.

Et en effet, il ne lui fallut pas très longtemps pour retrouver sa toute fraiche féminité. Et c'est donc la même Mahelya qu'à son arrivée qui se présenta devant Nizam.

- Voilà je suis prête, passons dans le Bureau si vous le voulez bien. Oh euh attendez un petit moment. Juste le temps de m'attacher les cheveux.

Elle prit donc derrière le paravent un ruban émeraude afin de nouer sa tignasse en un chignon bien haut laissant quelques boucles tomber sur ses épaules. Après tout elle ne sortirait pas ce jour, elle pouvait donc les attacher, tous chez elle savaient qu'elle était à marier. Et sans plus de cérémonie, l’Étincelle quitta la chambre pour le bureau. Une fois dans le lieudit, elle s'installa sur son fauteuil, prit la plume noir devant elle. Les sinoples parcouraient le désordre environnant à la recherche d'un parchemin vierge. Se faisant elle posa là main sur les tâches d'encre, sauvant ainsi le bois mais pas sa peau blanche.

- Mordel de berde ! Oui, une petite Flamme de bonne famille ne jure pas.

Ouvrant un tiroir elle y trouva un linge propre afin d'essuyer sa mimine. Mouarf, l'encre non sèche partit, mais la tâche noire resta. Grrrrrr. Elle s'en occuperait plus tard. Enfin elle trouva un vélin vierge. Tout ça pour ça ... Pfff, La Flammèche était tout de même désappointée par le petit incident. Mais on le savez bien, elle était maladroite. Secouant la tête, elle se pencha néanmoins, trempant la plume ciselée dans l'encrier.


- Je vous écoute ! Nous allons faire travailler notre mémoire tous les deux.
_________________
Nizam
    Il se contenta d'un air amusé lorsque la rousse avoua enfin la différence, au moins l'avait-il fait rire avec son imitation du déhanché féminin. Certes, il avait exagéré le balancement, mais pouvait-il imiter quelque chose sans tomber dans la caricature ? Rappelons que ce mouvement n'était pas naturel chez le blond, contrairement à d'autres, même en ayant vidé plus de verres qu'il ne faut. Le ridicule avait du mal à le toucher, soit, mais il ne serait pas prêt à refaire telle démonstration devant plus de regards, il fut donc ravi d'entendre Mahelya accepter de s'entraîner elle-même. Sa remarque rendit Nizam perplexe, il n'avait pas pensé à son image, s'il se promenait avec ce damoiseau qui "dandine du popotin" il voyait déjà les rumeurs qui pouvaient circuler. Il avait entendu assez d'histoires, toutes aussi incongrues les unes que les autres, sur des hommes ou des femmes prenant habits du sexe opposé. Il ne préféra pas y songer, et calqua son sérieux sur celui que venait tout juste de retrouver la jeune fille. Heureusement que le garde était là pour rappeler ce qui était important. Après avoir signé, elle pourrait lui demander bon nombre de choses, si elle voulait des cours de maîtrise du bassin, au prix où elle le payait il s'inventera professeur.

    Nizam inclina brièvement la tête vers l'Etincelle lorsqu'elle rejoignit le paravent, puis dévia une seconde fois son regard. A croire que la rouquine n'avait pas de gêne en présence d'un homme, ou presque. Une nouvelle note dans son esprit, l'informer de ces règles sociales, s'il est son garde et qu'elle a des réactions de ce genre avec d'autres inconnus, il voudrait éviter les mauvaises ou coquaces situations.
    Le blond eut un rictus. "Faites comme chez vous". Je suis dans ta chambre Mahelya.

    Le regard d'azur se promena dans la pièce, évitant l'endroit où la garçonne était. Il détailla couleurs, meubles, tissus, des croquis de vêtements trainaient dans un coin. Cela se confirmait, si elle n'était pas tisserande elle avait dans tous les cas une grande affinité avec ce métier. Il se tourna vers le paravent dès que l'Etincelle eut terminé, retrouvant une certaine féminité dans sa robe, mais elle fit une nouvelle fois faux-bond au Balafré. Ce dernier remit en cause la coquetterie mais cessa ses critiques silencieuses lorsqu'il la vit cheveux relevés et attachés. Comprenez, cela change de la casquette de Gavroche. Il la suivit jusqu'au bureau, posant un instant ses yeux sur la nuque, seulement protégée par des mèches s'échappant du ruban vert.
    L'attention du Balafré se reporta sur le bureau, et le désordre avoisinant. Tant que Mahelya s'y retrouvait, c'était le principal. Il esquissa un sourire moqueur quand l'encre tâcha les doigts de la future patronne, si elle passait une bonne partie de son temps ici, à écrire ou lire, il aurait été surprenant de ne pas voir ses mains portant des traces noires ou bleutées. La laissant rattraper sa maladresse, il ne reprit la parole que lorsqu'elle s'adressa à lui. Debout et bras croisé, Nizam la fixa, sceptique; voyons s'il avait la mémoire des chiffres.


    - Vous incluez les entraînements et les forfaits, ou ce paiement s'fait sous l'manteau ?
    Pour le reste, mettez les formes tel un contrat d'embauche normal, avec les conditions que devront respecter employeur et employé.
    Me concernant, je m'engage d'obéir à vos ordres, vous servir fidèlement et loyalement sacrifiant si nécessaire ma vie pour votre protection, mettant ma lame à votre disposition. Mon rôle principal consistera à vous accompagner dans vos déplacements journaliers et d'assurer votre sécurité.
    Vous concernant, vous vous engagez à me verser une solde hebdomadaire de 80 écus, à subvenir à mes besoins en m'offrant nourriture et logis. Ajoutez à cela un jour de repos par semaine et ce que vous fournissez également pour le pur sang. Plus, en certaines circonstances, comme de l'escorte lors de voyages, la possibilité de primes allant jusqu'à... Combien vous disiez ? 500 ? Au moins.
    Si l'un de nous ne respecte pas ses engagements, le contrat sera rompu. Celui-ci peut d'ailleurs prendre fin à n'importe quel instant si vous ou moi le décidons ?


    A l'heure du contrat, ses plaisanteries disparaissent. Ton sérieux, il fut presque monocorde quand le blond évoqua ses obligations, il fallait désormais que cela convienne à la rousse, il serait dommage de se tâcher davantage ou de rater la rédaction.
Mahelya
Les sinoples accrochés au vélin, l’Étincelle écoutait avec attention tout ce que le Blond disait. Tout d'abord pour être sur qu'ils avaient bien en tête tous les deux, la même chose, puis aussi parce qu'elle vérifiait qu'il ne manque aucun détail. Un fin sourire étira les lèvres purpurines éclairant ainsi le minois aux tâches de rousseurs. Dans l'ensemble il n'avait rien omis. Mais La Flammèche n'était pas genre à duper les gens aussi avait-elle beaucoup de choses à rajouter au contrat. La plume noire de cygne vint à caresser la lippe charnue, tandis qu'elle tentait d'organiser ses idées. Dans ses instants de concentration, plus rien ne dérangeait son petit monde, aussi le Blond pouvait-il bien se mettre à chanter derrière elle qu'elle ne l'aurait pas remarqué. De façon inconsciente, la Roussotte inclinait la tête de gauche à droite, faisant virevolter sur son coup les quelques mèches lâches de son chignon haut. Puis le corps se mit de biais, et la main libre se posa sur le bois de l'écritoire.

- Alors ... Voyons voir ...

Et la pointe ciselée fut trempée dans l'encre noir, bientôt l'écriture fine et ronde de Mahelya, s'étalerait sur les reliefs irréguliers du parchemin.

Citation:

        Contrat d'Embauche


    Entre les sousignés,

    Employeur :
    Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, dite Mahelya

    Employé :
    Nizam,

    Article 1
    1 . 1
    Marie-Amélya engage ce jour Nizam, anciennement de Guéret, comme garde, pour la portéger lors de ses déplacements quotidiens.
    Pour se faire, elle lui attribuera un salaire de 80 écus par semaines, tout en lui fournissant gîte et couverts, ainsi que blanchisserie et bain.
    1 . 2
    En cas de déplacements ou évènements particuliers, une prime de risque supplémentaire pouvant aller de 100 à 500 écus sera attribuée audit Nizam,.

    Article 2
    2 . 1
    En sus, du confort matériel prévus pour Nizam, Marie-Amélya, déclare que le Pur Sang nommé, ... est devenue propriété légale de son seul et unique Maître Nizam, que ceci soit incontestable en cas de litige.
    2.2
    Cependant, Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, déclare ce jour qu'elle subviendra aux besoin de l'Equidé quels qu'ils soient, incluant soin médicaux si besoin est. Cette subvention de l'animal ne lui donnant aucun droit sur ledit animal.

    Article 3
    En retour, Nizam, s'engage à être au service de Maire-Amélya, six jours sur sept, le dimanche étant son jour de congé.
    Il s'engage à obéir à ses ordres directes, à la suivre lors de ses déplacement, si celle-ci lui en fait la demande expresse, si le déplacement inclus un dimanche celui-ci sera payé 25 écus pour compenser la gêne occasionnée.

    Article 4
    Ce contrat peut être rompu à tout instant par l'une ou l'autre des parties, sans motifs valable et sans réclamations. En cas de rupture du contrat, le Pur Sang reste propriété de Nizam et ce denier peut jouir encore pendant deux mois du toit proposé par Marie-Amélya.

    Rédigé le ....

    Signature de Marie-Amélya

    Signature de Nizam.


La plume fut posée, et la jeune fille se redressa, se passant la main sur la nuque afin de soulager le nœud qui se formait, voilà des heures qu'elle avait tenue cette position se jour. Après une rapide relecture, elle tendit le parchemin au Balafré, lui adressant un sourire ravie.

- Voilà, est-ce que cela vous convient ? N'ai-je rien oublié ?

_________________
Nizam
    Duper... Nizam avait observé de dos la jeune fille s'affairer à la rédaction, remarquant des tics légers. La plume noire disparaissait parfois, effleurant peut-être le menton ou les lèvres. Il esquissa un sourire, la concentration de la rouquine se manifestait encore, si ce n'était pas un froncement de sourcils, sa tête penchait vers un côté, ou l'autre. Le blond la laissa à l'écriture et reporta un court instant son attention à la pièce, l'on devinait l'odeur du vieux papier. Il se demanda par curiosité combien de vélins pouvait bien utiliser Mahelya au cours d'une même journée, vu ce qui traînait ici l’Étincelle devait rapidement vider son encrier. Lui écrivait peu, du moins le faisait seulement pour ses lettres, le temps passé au début de son adolescence au monastère put lui éviter de terminer analphabète, c'était là le seul avantage qu'il tirait de son séjour.
    Il se tourna à nouveau vers la future patronne lorsque celle-ci lui tendit le contrat enfin défini. Le Balafré s'en saisit et déchiffra avec peu de difficultés l'écriture désormais connue. Il avait l'impression que la nobliote prenait plus de responsabilités que lui, elle avait d'ailleurs ajouté des détails qu'ils n'avaient pas réellement abordés auparavant, sans que cela le gêne. Il pensait impossible de trouver meilleure embauche dans cette capitale pour ce qu'on lui demandait de faire.

    - C'la m'va... Il va juste falloir gratter le parchemin sur une lettre, je veux bien vous portéger, mais protéger, c'est mieux non ? Et si possible, j'aimerais voir le pur-sang avant de lui donner son nom.

    Oui, il faisait dans le détail, déjà étonné de voir une adolescente rédiger cela comme un adulte. Il répondit légèrement à son sourire et lui rendit la feuille pour qu'elle vérifie.

    - Pour l'autre "affaire", vous ne m'aviez pas dit, vous vous sentez prête à faire un autre contrat ?

    En ce cas, garder ce dernier à l'abri des regards indiscrets, sinon un accord oral pouvait convenir tant que le maître d'armes improvisé touchait son argent.
Mahelya
- Oui, oui, bien entendu, pour le Pur Sang, je comprends, nous irons le voir juste après. Il ne nous restera plus qu'à inscrire le nom sur le papier.

Reprenant la feuille l’Étincelle eut le sourire qui s'élargit. Et les sinoples dans les azurs elle déchira le vélin ! Comme ça, juste rrrrrrrrrrrchhhhhh brisant le silence.
Sans ajouter un seul mot au "nouveau garde" qui devait être médusé ... ou pas, elle sortit un nouveau vélin vierge, une nouvelle plume noir et un petit flacon de liquide transparent. La Flammèche l'ouvrit doucement, libérant une odeur amère et fruité et le plaça à coté de celui contenant de l'encre noire. Chaque pot avait ainsi sa pointe. Et se penchant à nouveau, les quelques boucles rousses libres, glissant sur ses épaules, la plume à encre noir fut la première à gratter le parchemin. Le même contrat fut rédiger, mais beaucoup plus espacé. Une fois le point finale apposé, sans mot dire, sans regard, elle prit la plume non-utilisée et la trempa dans le liquide incolore. Là, La Flammèche prit une grande inspiration, il lui fallait beaucoup de concentration pour ne pas se tromper, une faute et tout serait à recommencer. Immédiatement, la Frêle se mit à rédiger de cette encre invisible. Fluide, la pointe dansait mais aucune trace n'apparaissait sur les reliefs irrégulier de la peau finement tannée.
Un point final imaginaire fut apposé. Alors la Rousseur, satisfaite, se tourna vers le Blondinet.


- L'encre sympathique connaissez vous ?

Et sans attendre de réponse, elle passa le parchemin au dessus de la flamme de la Bougie partiellement consumée. Ainsi pouvait-il lire.

Citation:

        Contrat d'Embauche
        Contrat d'apprentissage du maniement des armes


    Entre les sousignés,

    Employeur :
    Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, dite Mahelya
    Elève :
    Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, dite Mahelya


    Employé :
    Nizam,
    Maître
    Nizam


    Article 1
    1 . 1
    Marie-Amélya engage ce jour Nizam, anciennement de Guéret, comme garde, pour la protéger lors de ses déplacements quotidiens.
    Pour se faire, elle lui attribuera un salaire de 80 écus par semaines, tout en lui fournissant gîte et couverts, ainsi que blanchisserie et bain.
    1 . 2
    En cas de déplacements ou évènements particuliers, une prime de risque supplémentaire pouvant aller de 100 à 500 écus sera attribuée audit Nizam,.
    Article 1er
    Pour une somme forfaitaire de 500 écus les dix leçons, Nizam s'engage à apprendre le maniement des armes à Marie-Amélya.


    Article 2
    2 . 1
    En sus, du confort matériel prévus pour Nizam, Marie-Amélya, déclare que le Pur Sang nommé, ... est devenue propriété légale de son seul et unique Maître Nizam, que ceci soit incontestable en cas de litige.
    2.2
    Cependant, Marie-Amélya d'Elicahre-Kierkegaard, déclare ce jour qu'elle subviendra aux besoin de l’Équidé quels qu'ils soient, incluant soin médicaux si besoin est. Cette subvention de l'animal ne lui donnant aucun droit sur ledit animal.
    Article 2ème
    De son coté, Marie-Amélya s'engage à être une élève appliquée, fournissant tous les efforts pour apprendre le plus rapidement possible.


    Article 3
    En retour, Nizam, s'engage à être au service de Maire-Amélya, six jours sur sept, le dimanche étant son jour de congé.
    Il s'engage à obéir à ses ordres directes, à la suivre lors de ses déplacement, si celle-ci lui en fait la demande expresse, si le déplacement inclus un dimanche celui-ci sera payé 25 écus pour compenser la gêne occasionnée.
    Article 3ème
    Ces leçons devrons rester secrètes, si pour une raison ou une autre, elles étaient révélées, alors le contrat serait rompu immédiatement, sans remboursement, ni financement des leçons non reçues.


    Article 4
    Ce contrat peut être rompu à tout instant par l'une ou l'autre des parties, sans motifs valable et sans réclamations. En cas de rupture du contrat, le Pur Sang reste propriété de Nizam et ce denier peut jouir encore pendant deux mois du toit proposé par Marie-Amélya.
    Article 4ème
    Ce présent contrat secret est accepté en toute connaissance de cause par les deux parties.


    Rédigé le ....

    Signature de Marie-Amélya

    Signature de Nizam.


Le sourire de la Rouquine s'élargit d'avantage.

- C'est du jus de citron, si nous signons, nous seuls saurons qu'il y a un second contrat là-dessous.
_________________
Nizam
    Rrrrrrssschhhiiiaaa

    Susceptible ? Perfectionniste ? Mahelya avait eu devant elle un blond perplexe aux sourcils froncés. Le pauvre vélin innocent dans cette histoire d'encre se retrouva déchira en deux, sentence cruelle et notamment sans fondement apparent pour Nizam. Elle recommençait tout pour une simple faute ou avait une idée cachée derrière ses boucles rousses ? L'homme prit la seconde option et respecta le silence dans lequel semblait se concentrer la jeune fille. Faisant moins attention à sa tenue durant cette "pause", bras croisés, il s'adossa négligemment à l'entrée entre la chambre et le bureau pour observer l'Etincelle s'appliquer. Il ne trouva rien d'étrange jusqu'à ce qu'elle prenne une nouvelle encre transparente. Le futur garde commença alors à comprendre ce qu'elle souhaitait réellement faire avec ce parchemin. L'odeur citronnée aisément identifiable se promena dans la pièce, il avait rarement vu l'utilisation d'une telle méthode dans ses pérégrinations, et fut d'autant plus stupéfait que Mahelya en use pour leur accord. Astucieuse la rouquine.
    Un sourire à la commissure des lèvres, il se contenta d'hocher légèrement la tête à la question rhétorique avant de s'approcher pour lire les lignes sombres révélées par la flamme. Tout y était, elle n'avait pas dit 250 écus les dix leçons ? Va, tant que la modification ne nuisait pas à la bourse de l'homme d'armes, il ne fera aucune remarque, pour les 500 écus il avait intérêt à être patient et bon pédagogue, cela changera de son caractère habituel.


    - Plutôt malin, tant qu'on n'lit pas trop proche d'une bougie. Nos signatures et ce sera parfait.

    Il répondit une nouvelle fois au sourire de la Frêle, voulant terminer ce contrat. Il jeta un regard à l'encrier noir et la plume délaissée à côté, Nizam laissa la future patronne s'en saisir en première. Ce "détail" réglé, ils devront quitter l'étage, sûrement loin de se douter de ce qui avait débarqué en cuisine entre temps.
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