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[RP] Allo le Berry ? Ici le Limousin !

Mahelya.
RP ouvert maintenant, puisque Mahelya et Nizam vont s'inviter en Berry. Votre perso peut donc les croiser. Le tout est de rester cohérent.
Edit : du 4 décembre


[Rétablissons le Contact ! ]

[Limoges]

C'était enfin officiel, l'annonce avait été faite la veille au Pavillon des émissaires Limousin et Marchois. L’Étincelle était nommée ambassadrice pour cette contré : Le Berry. Un cadeau empoisonné, y voyait là certain. Pas la Flammèche. Au contraire elle était honorée par le choix de la Chancelière. Bien que consciente que les relations entre sa contré et celle où elle devait la représenter, n'étaient pas des plus courtoises, elle décida donc d'y mettre les formes et demander un laisser-passer pour sa prochaine visite en terres Berrichonnes. La Frêle s'assit donc à son écritoire, plume de cygne noir en main. La pointe ciselée immédiatement grava dans le vélin son emprunte noir corbeau. A qui était destinée la missive ? Au Duc bien évidement !

Citation:

    A Vous Zelgius de la Rose Noire Champlecy, Duc du Berry.
    De Moi Marie-Amélya d'Elichar-Kierkegaard, Ambassadrice du Limousin et de la Marche pour le Berry.

    Votre Grâce, bien le Bonjour.

    Voilà la deuxième fois cette année que je vous écris directement. Vous en avez de la Chance… Ou pas. Ce sera à vous de me le dire. Si je prends la plume ce jour, c'est encore une fois pour vous demander si je pouvais fouler le sol de votre Duché en toute sécurité ? Je serais accompagnée de mon Garde Nizam. (*) Suis-je encore la Bienvenue ? Si oui, je serai ravie de partager un verre avec vous. Même si notre entrevue était pour le moins étrange, sachez que je l'ai appréciée.

    Pourquoi cette deuxième visite dans votre Contré me demanderez-vous ? Et bien, tout simplement parce qu'hier matin, je fus nommée, ambassadrice du Limousin et de la Marche pour le Berry. Je connais l'histoire qui lie nos deux provinces, mais par ma nomination, cela montre la volonté du Limousin et de la Marche de se rapprocher de leur voisin Berrichon. Aussi dois-je me rendre en personne à la Chancellerie c'est le choix que j'ai fais, pour vous faire preuve de ma bonne volonté. Et aussi parce que j'ai très envie et de goutter les Poires de Sancerre et de Saint Aignan dont tout le royaume vente la finesse.

    J'espère vous croiser à l'occasion de cette visite. Et souhaite sincèrement que vous me laissiez entrer dans votre Duché. Je prendrais ma lettre de marque sur moi. Comprenait que ce document étant très précieux et n'en disposant que d'une seule, il ne me quitte jamais, aussi est-ce pour cela que je ne l'ai pas joint à la présente.

    Au plaisir de vous lire,
    Cordialement,
    Marie-Amélya.


(*) Un déplacement ig étant impossible, les posts seront fait sous PS pour Nizam et Mahe.

_________________
Mahelya.
[Face à un silence radio, le mieux encore reste de débarquer !]

[De Limoges au Berry, il n'y a un qu'un pas, la suite c'est plus compliqué ... ]


- Nizam ! C'est décidé ! nous partons demain aux premières lueurs de l'aube pour la Capitale Berrichonne !

Le ton était sans appel et n'invitait pas à la discussion. C'était la première fois qu'elle s'adressait ainsi à son tout "Nouveau Garde". La Flammèche d'ordinaire calme et réfléchie, avait depuis quelques jours les nerfs à vif. Il faut dire qu'elle attendait impatiemment une réponse du Duc Berrichon quand à sa prochaine visite en Berry, à Bourges plus particulièrement, mais cette réponse tardait à venir. Peut-être même avait-elle été perdue en route, en ce cas, il était inutile d'attendre quelque chose qui ne viendrait pas. En temps normal ça ne l'aurait pas affecté outre mesure. Non ! La goutte qui faisait vraiment déborder le vase, étaient les rumeurs du Pavillons des Émissaires, où certains gardes et même collègues ambassadeur sous-endentaient que si la Rousseur était ambassadrice, c'était uniquement parce qu'elle était la fille adoptive de la Chancelière. Il est vrai que ce lien aidait, nul besoin de le nier, cependant ce n'était pas non plus pour rien si l’Étincelle avait été nommée pour le Berry. Doit-on vraiment rappeler le passé commun de ces deux provinces ? Sœurs ennemies. Sans doute, les relations les plus délicates à établir, d'autant plus que l’ambassadeur berrichon, lorsqu'il s'était présenté quelques mois plus tôt en Limousin et Marche, avait été éconduit et sa Mère n'aurait pas pris le risque de nommer un incompétent pour cette région même s'il s'agissait de sa fille. Bref c'était donc une Frêle rousse passablement agacée qui tournait en rond, comme un fauve dans une cage, subissant malgré elle moqueries et doutes sur ses réelles capacités.

Il ne fallu que quelques heures pour que le nécessaire de voyage soit prêt et l'itinéraire tracé : Limoges - Bourganeuf - Guéret - Châteauroux puis enfin Bourges, avec une escale à chaque ville afin de permettre aux montures de se reposer, ainsi qu'à la Flammèche de poursuivre son entrainement. Aussi étrange et incongru que cela puisse paraître pour une jeune fille de sang noble, l’Étincelle voyagerai léger, à dos de cheval, simplement emmitouflée dans des tissus chauds, quelques braies et chemises propres amples dans un baluchon, seule une robe serait de la partie pour le jour où elle se présenterait à l'Ambassade Berrichonne. Le reste du temps, elle se la jouerait à la Garçonne, poitrine naissante bandée pour plus de confort en chemise, braies ample pour être à l'aise et à cheval et à pied, seules ses longues boucles rousses, qu'elle ne dissimulerait pas, interrompant leur cascade dans le creux de ses reins, trahiraient sa véritable féminité.

La nuit avant le départ, lui fut agitée, elle avait décidé de partir mais ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi Zelgius ne lui avait-il pas répondu ? Était-elle persona non grata(*) en Berry ? Peut-être se retrouverait-elle en danger et y plongeait-elle la tête la première entrainant Nizam dans son sillage. Et s'ils se faisaient piétiner par une armée ? Ou pire encore attaqué par une horde de Brigands comme il en sévissait beaucoup en France. Et s'ils étaient tués ? Tant de question qui se bousculaient dans l'Esprit de la jeune fille, rappelons pourtant qu'il y avait à peine quelques mois, elle avait fait le voyage seule et sans escorte. Mahelya ne s'endormit que quelques instants à peine le levé du jour. Fatiguée, les yeux cernés, elle se leva tout de même, hors de question pour elle de repousser ce voyage si important à ses yeux. Après un petit-déjeuner copieux et surtout silencieux, après une dernière vérification des affaires et provisions pour les trajet, après avoir tâter de sa main droite le revers de sa cape, là où la lettre de marques était dissimulée, elle enfourcha Ezildur, son magnifique pur sang Alezan, direction l'aventure.

Deux jours ! Le voyage pour quitter le Limousin et la Marche leur prit deux jours ! La Rousseur à Bourganeuf comme à Guéret, choisissait la meilleure auberge pour se reposer et desseller les bêtes, offrant chaque soir au Balafré qui l'accompagnait, les généreux plats du jour. A bourganeuf, un délicieux civet de lapin aux épices accompagné d'un flan siennois en dessert (**). A Guéret se fut un succulent cormary avec en douceur un chausson aux pommes (***). L'air de rien, l'Etincelle cherchait à bien remplir leurs pense avant de franchir le Berry. Elle n'avait pas vraiment eu l'autorisation de s'y rendre et ne savait pas à l'avance comment se passerait leur arrivée dans ce Duché. * Manges Nizam ! Manges parce qu'il va falloir qu'on parle sérieusement. *
Discrètement, dans la taverne de la dernière ville Limousine et Marchoise, Mahelya acheta de quoi tenir un jour de plus sans avoir à s'arrêter. Viande séchée, pain frais et aux céréales, et deux grandes bouteilles de lait. Ainsi pourraient-ils faire au moins un repas en Berry. Demain, il lui faudrait cependant qu'elle le prévienne, même si certainement le Blond se doutait du caractère spécial de cette mission d'escorte.


[Deux jours et demi après Limoges : Berry nous voilà ! Même pas peur.]

La nuit fut courte pour l’Étincelle, qui avait mal dormie, se sentant coupable de ne pas avoir dit toute la vérité à Nizam. Et aus premières lueurs du Jour, la route reprit comme elle avait débutée, à savoir une petite flamme qui vacille, fatiguée et les yeux cernés. Ils leur restaient à peine quelques lieux à parcourir dans leur Comté, et bientôt ils seraient en Terre étrangère. Inutile de pousser les purs-sang au galop, le trot suffirait amplement, ce n'était pas nécessaire de se jeter tête la première dans la gueule d'un éventuel loup. La Forêt était dense, bien que complètement dépourvue de ses couleurs mordorée, l'automne était passée et l’hiver approchait à grand pas, le fond de l'air était glacial. Resserrant la fourrure de sa cape sur elle, la Flammèche ralentit encore le pas. Le Berry était tout proche à présent, cela se sentait dans l'air, la végétation, le vent, le paysage. Bien que presque similaire tout semblait tellement différent. Le trot devint plus lent. Pas de précipitation, elle irait en Berry quoiqu'il arrive mais Mahelya avait une chose à faire avant. Tirant les brides, elle stoppa Ezildur qui henni pour marquer son désaccord, puis le haut de son corps se tourna doucement en direction de Nizam. L'espace d'un instant, les sinoples se baissèrent en direction du sol et bientôt les dents blanches vinrent à mordre la lèvre inférieure. * Assieds-toi ! J'ai quelque chose à te dire ! Je ne voudrais pas que tu t'énerves ! C'est déjà bien assez compliqué comme ça ! *

- Nizam. Vous savez que je suis ambassadrice du Limousin et de la Marche pour le Berry ?! J'ai d'ailleurs en ma possession, une lettre de marque qui atteste de ce fait. Cependant, je n'ai pas vraiment obtenu d'autorisation pour pénétrer les Terres de Berry et je ne suis pas sur que ma lettre de marque soit une garantie de sécurité pour nous.


*Vois-tu où je veux en venir beau blond ?* Doucement le regard se releva et se posa sur le garde. Les prunelles de la jeune fille s'étaient parées de la Culpabilité, de la honte et d'une demande de pardon et une pointe de "moi j'aimerai bien que tu restes, parce que j'aime bien ta compagnie." A nouveau les dents vinrent à mordre les lèvres inférieure charnue. * Non vraiment, j'ai pas envie que tu partes. Je serai vraiment trop triste sinon. *

Je comprendrai, que vous ne désiriez pas me suivre en ses conditions. Aussi êtes-vous libre de partir à présent. Le Berry se trouve à quelques foulées maintenant. Sachez que je m'y rendrai quelle que soit votre décision. Vous avez ce luxe que je ne possède pas, d'avoir le choix, et je ne vous en tiendrais pas rigueur d'ailleurs.

La voix avait été douce et comme pour accentué le fait que le Balafré avait réellement le choix, elle lui adressa un sourire sincère. Et l’Étincelle d'attendre vaillamment, le cœur serré, le verdict du Blond.

______________________
(*) Latin = Personne n'étant pas la bienvenue.
(**) flan aux amendes à la cannelle et à la ricotta.
(***) Longe de porc en sauce.

_________________
Zelgius
Un courrier du Limousin ? Évidemment qu'il voulait répondre. Mais il ne le ferait pas, si la gazoute était venue une fois jusqu'à lui alors elle reviendrait. La question qui restait en suspend était "Quand ?". Il prit donc un parchemin et, n'ayant guère envie de gaspiller plus d'encre qu'il n'en fallait écrivit une lettre destinée aux gardes de la frontière avec le Limousin, bah oui, faut bien trouver une raison au retard de réponse !



Aux soldats patrouillant la frontière Berricho-Limousine,
De nous, Zelgius de la Rose Noire Champlecy, votre Duc.

Dans quelques jours, peut-être semaines, deux représentants diplomatique du Limousin vont arriver. Je veux que l'un d'entre vous les escorte alors jusqu'au château.

Leur nom sont Marie-Amélya d'Elichar-Kierkegaard, leur ambassadrice. Une gazoute rousse récemment arrivée à l'âge de femme. Et son garde du corps un certain Nizam, je ne le connais pas...

Bref ! Une fois qu'ils seront devant vous dites leur que la poire est à Sancerre ce que la bug est à Saint-Aignan et qu'il vaut mieux ne pas attendre de poire Saint-Aignanaise. Et ensuite amenez les moi.

A Vaillant Coeur Riems Impossible

Zelgius de la Rose Noire Champlecy,
Duc de Berry.


Et ensuite... Il oublia la futur rencontre Limousine. Quelle ne serait donc pas sa surprise lorsqu'un jour prochain un garde viendrait lui annoncer leur arrivée !
_________________
Nizam.

___________________

    [Limoges, peu de minutes avant LA décision]

    Douce matinée malgré une fraicheur bientôt hivernale, Nizam avait rejoint sa "patronne", s'habituant peu à peu à son rôle de Garde rapproché, qui n'était pas si contraignant lorsque l'on connaissait la façon dont étaient traités les employés de la Rouquine. Il avait remarqué ces derniers jours l'impatience régnante quand il souhaitait discuter du voyage berrichon avec Mahelya, l'ambassadrice avait eu du vent pour toute réponse et cela l'avait apparemment contrariée. Logique. Tandis qu'il sortait de la brume du réveil, il entendit l'ordre et arqua un sourcil, malgré son évidente maturité, la Frêle l'étonnait toujours quand elle prenait soudainement son air adulte. Nébuleux après sa nuit de sommeil et les chopes qu'il avait dû boire en taverne, il ne critiqua pas le choix et prépara ses affaires pour leur aventure berrichonne, plusieurs jours de routes les attendaient, et le temps ne sera sûrement pas clément.
    Ah, et la journée pourtant avait si bien commencé...

    Le blond ne se montrait pas soucieux, ni inquiété, de partir seulement avec l’Étincelle, mais il avait aisément compris que Berry et Limousin avait un passé tourmenté. Il conservait ses appréhensions, depuis la signature du contrat à Limoges, et pour la première fois depuis longtemps il ne s'occupait pas en priorité de sa propre protection, il pouvait bien mettre de côté son égoïsme pour la solde d'écus hebdomadaire que lui versait la jeune fille. Pourtant, veiller à la sécurité de ce voyage sera plus divertissant qu'il ne l'imaginait.
    Le lendemain matin, il avait hâtivement avalé ce que leur avait préparé la cuisinière pour aller vérifier vivres et affaires qu'il prenait avec lui. Le Balafré était venu jusqu'à la capitale du comté avec seulement une dizaine d'écus en poche, en bon baroudeur qu'il était ce n'était pas trois ou quatre jours sur les chemins qui allaient l'effrayer. Il sella son fier pur sang à la robe noire, offert par Mahelya pour son arrivée - voyez qu'il y avait pire comme emploi -, dont il prenait régulièrement soin, l'animal qu'il avait choisi de nommer Tahir, pour multiples raisons que ne sauront pas encore les curieux, fut sanglé et harnaché, l'on plaça solidement à l'aide de lanières besace, bouclier et le fidèle makhila que souhaitait emporter le garde.
    Le froid s'infiltrait dans les moindres ouvertures, fut-il vagabond et par le sang un fils du Nord, Nizam ne sous-estimait pas le pouvoir du frimas. Il avait préféré une paire de braies au tissu épais, le bas des genoux couvert par ses bottes. Au torse il arborait sa dernière acquisition, par dessus plusieurs épaisseurs, dont une grise tunique de laine, une sombre brigandine aux lacets de cuir lui donnait davantage apparence d'homme d'armes, enfin on évitera de le prendre pour un cul terreux ! A sa ceinture ballottaient la discrète dague ottomane qu'il gardait constamment sur lui, et un messer dans son fourreau, que l'on vulgarise comme le fauchon allemand, déniché à bas prix chez un forgeron à défaut de pouvoir se permettre une épée. Il n'avait pas demandé d'aide pécuniaire à la rouquine, ayant utilisé ses premiers salaires sa bourse était bien vide désormais mais qu'importe, il investissait. Couvert par une cape brune et large, l'homme reprenant son allure de mercenaire avait à son tour enfourché sa monture et débuté le voyage avec Mahelya.

    Les premiers jours ne furent pas difficiles, l’Étincelle avait eu le bon goût de lui offrir l'auberge et les meilleurs plats, Nizam ne s'en était évidemment pas privé. Alors qu'il la remerciait, la faim et la gourmandise ne firent pas attendre le civet à Bourganeuf ni le cormary à Guéret, sans parler des délicieux desserts... Cela éveilla légèrement la méfiance du Balafré, il connaissait - et critiquait - la générosité de la nobliote mais se demanda si après toutes ces dépenses, elle n'allait pas lui annoncer mauvaise nouvelle. Quoi, le voyage allait durer plus longtemps que prévu ? Elle avait oublié les laisser-passer ? Une guerre au Berry ? Non, non, elle l'aurait prévenu avant de partir... Demain, ils traverseront la frontière et la vigilance du Garde doublera.


    [Proche du Berry]

    Il avançait au trop aux côtés de Mahelya, seuls les bruits des sabots contre la terre résonnaient dans la triste forêt qu'ils traversaient silencieusement. Jetant des coups d'oeil aux alentours, Nizam posait parfois son regard sur la jeune femme visiblement anxieuse, il mit l'angoisse sur le fait de la visite diplomatique. Lorsqu'elle ralentit le pas, il eut un mauvais pressentiment. Tahir s'arrêta près d'Ezildur, les deux pur-sangs mâchonnaient le mors, attendant certainement la reprise du chemin.
    Il fixa la rousse, troublé par ce qu'elle avait de si important à lui dire. Elle n'avait pas payé l'aubergiste avant de partir ? Il ne restait plus de viande séchée ? Une envie pressante ?


    - J'sais qu'vous êtes ambassadrice, à ce propos j'dois vous dire Dame, ou Excellence ? Un truc com..

    Il se stoppa quand il entendit les derniers mots. Surprise dans ses azurs.

    - Hein ?! Attendez, 'voulez dire qu'on entre au Berry comme deux vagabonds, prêts à s'faire poutrer par la première armée du coin ? Bordel z'auriez pas pu me le dire plus tôt ?

    « Oui ma jolie, s'il y a bien un détail que l'on ne dit pas au dernier moment à son blondinet de garde, c'est ça ! Inutile de me regarder avec ces yeux-là... »
    Malgré son minois semblant lui demander de rester, elle indiquait clairement qu'il était libre de partir. Bien sûr, il était venu jusqu'ici pour cela...
    Jouant le renfrogné, Nizam donna sa réponse après de courtes minutes où il accusa encore du regard l'insouciance de Mahelya. Elle ne devait pas se souvenir de leur entretien, il avait dit obéir à ses ordres tant qu'elle le paierait, avait-elle saisi à ce moment-là tout ce qu'il avait sous-entendu ? Si elle y mettait le prix, lui ordonner d'agir plus ou moins honnêtement ne l'aurait pas gêné. Par le passé, le Balafré s'était sali les mains jusque dans le rouge - la preuve sur son visage, mais c'est une autre histoire - traverser une frontière en étant hors-la-loi n'était pas, et de loin, la pire chose qu'elle pouvait exiger de lui. Il lui aurait suffit de le dire, et de négocier le prix...


    - Grumpf... Vous pensez vraiment qu'j'vais vous laisser là maintenant ? J'vous amène en un morceau à ce Duc, ensuite on reverra mon salaire quand on s'ra rentré.

    Car il comptait bien s'en sortir. Outre l'argent, il n'avouera pas que l'abandonner sur les routes avait été rapidement exclu, un début d'attachement peut-être ? Il savait simplement qu'il aurait regretté son geste. Il esquissa un sourire, brisant la comédie de l'homme vexé, et, par un coup sec sur les flancs de l'étalon pour que celui-ci fasse quelques pas, devança la Frêle.

    - On ferait mieux de ne pas s'attarder ici, faites votre plus grand sourire si on croise un soldat, et souvenez-vous des entraînements si c't'un foutu brigand, ça servira peut-être de mise en pratique c'voyage. Sinon... Parlez-moi du Berry, il y a d'autres précisions que je dois savoir ?


    [Edit: Photes]
Mahelya.
A la réponse de Nizam, le soulagement que ressentit la Jeune Fille manqua de faire jaillir son palpitant de sa gorge délicate aux formes arrondies. Car oui, pour un peu un "Ouf" de soulagement franchissait les lèvres purpurines de la Demoiselle. La réaction du Balafré, qui n'avait pas mâché ses mots - en même temps c'était bien pour son tempérament direct que l’Étincelle l'avait embauché - avait fait naître dans ses entrailles de l'angoisse, de la peur peut-être même de la terreur. Non ? Bon n’exagérons rien ! Tout de même, en le connaissant un peu, il n'était pas si terrifiant....
Bref...
Elle avait d'abord ressenti l'angoisse, ce sentiment vicieux qui paralyse les membres et la respiration lorsqu'il s'insinue doucement mais surement dans les veines. Il allait la gronder, la réprimander, peut-être même allait-il crier ! Étrange ça, un Employeur qui stresse à l'idée de se faire remonter les bretelles par son employé. Mais la Frêle pouvait parfois n'être qu'une petite fille. Après tout, à l'époque, on ne lui avait pas laissé le temps d'être insouciante et inconsciente comme une enfant.
Bien vite, l'angoisse s'était muée en peur. Pernicieuse, elle avait mis tous les sens de la Rouquine en alerte. Et s'il changeait d'avis, sur leur contrat ? Et s'il partait sans se retourner ? Et si pire encore il décidait de quitter Limoges parce qu'elle était complétement folle ? Bizarrement cette troisième option ne lui plaisait pas du tout. Pourtant, si c'était ce qu'il pensait d'elle, elle ne pouvait que lui donner raison. Il y avait très peu de jeunes filles qui se seraient autorisées à pénétrer sur une Terre où elle n'étaient pas vraiment les Bienvenue.

Heureusement, par une simple phrase, juste quelques mots, le Blondinet de Garde / Maître d'armes, avait balayé tous ses doutes. Et là c'était juste, le petit moment de la journée à apprécier pleinement. Pourtant ... Malheureusement ... L'euphorie de l'instant, retomba vite, comme un soufflet. Et la déglutition de la Flammèche devint difficile. Qu'avait-il demander ? Ce qu'il y avait à savoir sur le Berry ... Hum ... * Alors euh ... Comment te dire ... Je suis la fille adoptive de la Chancelière, celle-là même qui est soupçonnée du meurtre de Prudence de Champlecy, et je te le donne en mille, le Duc, lui aussi est un Champlecy, c'est rigolo non ? Et ce qu'il y a encore de plus drôle c'est que c'est le frère jumeaux de Prudence. Prudence, dite Poumona était devenue folle, elle avait voulu assassiner son propre fils Guilhem - que j'ai presque élevé soit dit en passant, puisque Poumona fut un temps ma nourrice - et ma Mère Aldraien. D'ailleurs à propos de folie, j'ai comme l'impression que le frère suit les traces de sa sœur. Il déteste les Malemort, c'est marrant c'est mon nom de famille adoptée, et lui aussi souhaite voir ma Mère morte. Non vraiment ne t'en fais pas Nizam, on va être super bien accueillis... Ca va être sympa, presque des vacances ! On va se faire plein d'amis, on voudra plus partir, Jamais ! Une vraie partie de plaisir quoi. *
Heureusement, le Balafré s'était avancé de quelques pas, ainsi il n'eut pas loisir de voir le teint de la Flammèche devenir encore plus pâle. Avalant sa salive avec difficulté, elle parvint tout de même à articuler.


- Des choses à savoir sur le Berry ? euh non pas tant que ça. Menteuse. * Désolée Nizam mais ça Même Harchi ne le sait pas. Mais après tout un secret n'est-il pas le mieux gardé, à l'abri derrière mes lèvres scellées ? *
C'est un duché forestier principalement, Le Limousin pendant la guerre de 1457 a annexé Châteauroux pendant un long moment d'ailleurs. Pour l'anecdote, les berrichons occupé avaient monté une liste en Limousin et s'était retrouvé au Conseil. Bien que le Duc Soit Zelgius Champlecy de la Rose Noire, la figure la plus emblématique de ce Comté, c'est George Le Poilu, déclaré félon par le roy Levan III mais réhabilité par le Roy Vonafred Ier. Bien que ce soit un personnage assez controversé et décrié surtout par les Royalistes, moi, personnellement j'admire son courage, Il a tenu tête longtemps et s'est battu et sacrifié pour son peuple. J'espère réussir à renouer le Dialogue ici, je pense que l'on a beaucoup de chose à apprendre des uns et des autres.

La Flammèche éluder le nœud du problème ? Mouarf ... Si peu ... De toute façon elle savait à quoi s'en tenir en venant ici, elle savait même comment réagir en cas de soucis. Même si rien ne laisser présager un quelconque soucis, puisque le Duc Zelgius, tout comme Mahelya d'ailleurs ne pouvait affirmer avec certitude qu'Aldraien était responsable du décès de Poumona. Fut un temps, la Rousseur avait même soupçonné Guilhem d'avoir commis le geste impardonnable, se rappelant à quel point il avait été traumatisé. Mais ce soupçon là aussi elle s'était bien gardé d'en parler au Champlecy sur le Trône, celui-là même qui lui avait affirmer que Guilhem deviendrait fou de toute façon... Avec le recul, et si c'était vrai ?
Enfin bref si jamais l’Étincelle était menacée, elle marchanderai pour que Nizam puisse rentrer chez lui après tout il n'avait rien demandé lui, l'Incandescente non plus remarquez... Mais c'était son lot que d'assumer les actes des autres et ce depuis petite, elle s'était fait une raison depuis.
Le trot avait repris doucement, la Flammèche à quelques foulées du Balafré.


- Nizam ! quoiqu'il arrive ! Je vous interdis de me désobéir même si vous pensez que c'est pour mon bien, même si vous pensez que c'est juste, même si vous pensez avoir raison ! Faites moi cette promesse et ne revenez pas dessus le temps de notre séjour en Berry. * Que si je te dis de partir sans moi, tu partiras ... Et je ne plaisante pas ! *

Encore quelques foulées...
5 ...
Le Berry tout proche ...
4 ...
Tiens on va pouvoir picoler un peu de Poire.
3 ...
Pourvu que Saint Aignanais et Sancerrois ne recommencent pas la guère de la Poire.
2 ...
Un blocage de Poire maintenant serait atroce.
1 ...
La Flammèche avait tant besoin d'un verre.
0 ...
Berry Nous voilà !

_________________
Nizam.

___________________

    Il la laissa le rattraper, ne se doutant pas que le visage de Mahelya venait alors de blêmir à quelques pensées. Bien qu'il découvrait chaque jour de nouvelles choses sur la rouquine et son histoire, jugeant que celle-ci lui avait déjà confié des bribes de ses aventures antérieures, il savait qu'il était loin, bien loin de tout connaître de la jeune fille qu'il accompagnait depuis le jour de son embauche, cela ne faisait que justifier sa curiosité à son égard. Il se doutait d'une enfance compliquée, mais aurait été incapable d'imaginer tout ce qui était revenu à l'esprit de l'Etincelle. Nizam ne fit pas attention au malaise planant dans la discussion, trouvant la raison dans la légère irritation qu'il avait manifesté lors de la révélation de leur entrée supposée illicite au Berry. Il écouta les premières explications concernant le duché, s'il y avait mis les pieds, c'était il y a plusieurs années sans réellement se soucier de la diplomatie de l'époque. George Le Poilu, cette histoire-là, il en avait entendu parler, le reste fut rapidement enregistré dans un coin de sa mémoire, cette dernière avait le pouvoir de retenir des détails précis comme d'oublier tel un trait gommé plusieurs souvenirs que le blond s'efforçait de mettre de côté, une spécificité du Balafré, exagérant cette amnésie volontaire dès qu'il avait bu plus de verres qu'il ne saurait dire, ou compter. Le concernant, c'était justement le passé familiale qui en avait le plus pâti.

    Toujours à observer les alentours, il avançait au trot auprès de Mahelya. Renouer le dialogue qu'elle disait... Nizam était sceptique, de tous ses vagabondages il avait vu des comtés dépérir juste avec des guerres intestines, des anecdotes revenir à chaque élection au lieu de s'intéresser à l'avenir, des politiques perdre leur temps et celui du peuple, autant de manipulation, d'arrangements dans les hautes sphères qu'entre gueux. Alors comment deux terres qui furent ennemies pouvaient enterrer toutes hostilités l'une contre l'autre ? Il sous-estimait depuis les capacités d'une diplomatie, mais ne voulut pas blesser la Frêle en lui disant son opinion dubitative, il n'allait pas remettre en doute ses talents d'ambassadrice dès lors premier voyage.
    Tiré de sa vigilance par la jeune fille, la demande qu'elle lui fit éveilla une nouvelle méfiance, où voulait-elle en venir ? Qu'elle allait lui refaire le coup du "Vous pouvez partir si vous voulez", quitte à la jouer mademoiselle j'suis-aussi-épaisse-qu'une-brindille-mais-je-me-débrouille-sans-toi ? Il la fixa, et amena aussitôt Tahir près du pur sang de Mahelya, il plaça son bras devant la cavalière et l'obligea à s'arrêter. Le Balafré n'avait plus aucun air moqueur - pour une fois - mais du sérieux dans chacun de ses traits.


    - Oh non, non, attendez, j'ai aussi mes conditions.
    Vous le savez, vous ne vous éloignez pas de moi tant que nous n'sommes pas arrivés, vérifiez que je suis toujours près de vous. Comprenez que j'insiste pour vous suivre où que vous alliez, même lorsque nous serons avec ce Duc. Je resterai en retrait mais si pour quelconque raison vous voulez que j'intervienne, faites moi signe. Criez, té, ou d'manière plus discrète... J'sais pas, croisez les doigts et je comprendrai.

    Je respecterai au mieux vos choix, soit, mais n'oubliez pas qu'engager un garde ne veut pas dire le renvoyer dans les moments les plus critiques, il ne sert à rien sinon.

    Et je vous vois venir avec cette promesse. A votre tour, et cela ne vaut pas seulement pour ce voyage, si jamais nous sommes particulièrement en mauvaise posture et que vous avez le choix entre fuir pour avoir la vie sauve ou rester en difficulté avec votre garde préféré, je ne veux pas vous voir hésiter, vous déguerpissez immédiatement sans vous retourner, il sera trop tard pour m'ordonner autre chose. Compris ?
    Un dernier détail, vous avez votre dague, ou une arme sur vous ? J'aurai dû vous demander d'en prendre une avant de partir.


    S'il avait su, bien sûr. Il plongea son regard dans celui de Mahelya, le garde, qui avait relativisé à l'annonce du mensonge, commençait à envisager mille et une situations après la phrase de la rouquine. L'homme traitait parfois avec légèreté ce qui l'entourait, mais les contrats et les peu d'engagements qu'il prenait, il faisait en sorte de les respecter. Si elle savait comme son orgueil était susceptible dès qu'on lui parlait de lâcheté, il ne voulait pas qu'on le lui dise s'il devait rentrer à Limoges sans elle.
Mahelya.
Et ce qui devait arriver, arriva... Ça aurait été trop beau que le Balafré acquiesce sans poser plus de questions. Beau mais irréaliste, et bien que la demande de promesse avait franchi les lèvres purpurines de la Rouquine, à l'instant même ou le dernier son était sortie de sa gorge, elle avait compris qu'elle aurait mieux fait de garder le silence. La réaction du Blond ne se fit pas attendre et confirma les doutes de l’Étincelle. * Tu vois Mahelya, des fois tu parles trop ! * Le ton du garde était sérieux, presque effrayant. Il y avait teinté une pointe de menace, du moins c'est ce que ressentit la Petite Flamme. Bien que son palpitant tambourinait contre sa poitrine, elle n'en baissa pas pour autant son regard sinople. * Arrêtes Nizam tu me fais peur ! Tu ne comprends même pas pourquoi je te demande ça. *
Mais comment lui expliquer au Balafré que si cela tournait au vinaigre en Berry, elle, et elle seule serait la cible ? Et qu'il y avait de grande chance pour qu'on ne la laisse pas rentrer. Il faudrait donc quelqu'un pour prévenir sa famille ...

Elle le toise, elle l'observe, elle le scrute, et finalement les dents blanches viennent se planter dans la lèvre inférieure de la Rousseur. *Pardon, je vous déçois ... je suis désolée ... Mais je ne vous donnerai pas cette parole que vous espérez... Je ne peux pas... pas cette fois ... pas pour l'instant ... Pas en Berry ... Pas ... *
Le silence tomba alors. Réfléchit ! Réfléchit ! Réfléchit ! Que faire, comment se sortir de cette situation délicate dans laquelle L’Incandescente venait elle même de s'embourber.


- De toute façon je doute qu'il y ait un quelconque soucis avec le Duc Zelgius de Champlecy. * Tu doutes, mais tu n'en est pas certaine n'est-ce pas petite Flamme ? Et si Zelgius avait appris de nouvelles choses sur la disparition de Poumona ? *

Et un sourire qui se voulait rassurant vint à ponctuer la phrase.


- Vous ai-je déjà dis, que je l'avais rencontré quelques mois auparavant ce voyage, à l'époque j'étais seule et voyez je suis en vie. Mais si cela peut vous rassurer alors oui Nizam, je vous écouterai. Et non je n'ai pas d'armes sur moi, cela serait mal venu de venir armer pour parlementer non ?


Et la Rouquine baissa la tête vaincue. Elle abdique, et dépose les armes à terre... Etrange... L'autorité naturelle de Nizam a gagné sur le caractère décidé de Mahelya. Elle venait de lui donner sa parole, elle lui obéirait quoiqu'il lui demande... Etrange... Il en avait de la chance le Blond. Inutile d'en dire plus, Inutile de parlementer, Elle avait perdu, elle le savait...
A moins que ...
Ou bien alors ...
Ou bien n'avait-elle pas négocié pour ne pas le décevoir plus encore ? Et pourquoi se préoccupait-elle de le décevoir ou non ? N'était-ce pas elle qui l'avait embauché ? Un début d'attachement au minois Balafré peut-être ? Ce qui est sur, c'est qu'elle aimait bien discuter avec lui même si souvent c'était elle qui parlait et lui qui l'écoutait. Ne vous méprenez pas, cette situation convenait parfaitement au Blondinet. Pas à la Roussotte...
Mais un jour, la Flammèche s'en fit la promesse intérieure, un jour elle le ferait parler de lui. Bon courage Rouquine...
Un fin sourire, plus naturel cette fois, fleurit sur le visage aux tâches de rousseurs.


- Dites, est-ce que cela vous dirait que l'on pousse un peu nos chevaux au galop ? cela leur ferait du bien je pense ? Dès qu'on trouvera une auberge, je vous offre le couvert. J'espère que ce sera bon ...

C'était ça aussi la Rouquine. Inconstante. Pouvant rapidement passer à autre chose. Pourtant elle ne le faisait pas exprès.
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Nizam.

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    Il voit que la lueur dans le regard d'émeraude vacille, cette Étincelle qui avait paru si déterminée s'éteignait presque après les paroles strictes qu'il venait de prononcer. Mahelya découvrait peut-être que l'humour caustique de son garde avait ses limites et qu'il ne plaisantait pas avec certains sujets, surtout si cela la concernait. Le blond pensait que la jeune fille ne lui avait pas tout dit sur le Berry, sinon pourquoi cette promesse, pourquoi tenter de le rassurer ? Bien que supportant mal ce sentiment d'ignorance, il ne posa pas plus de questions, même sa curiosité savait s'arrêter, pour le moment. Au moins un avantage, la rousse semblait bien connaître l'endroit. Il acquiesça lorsqu'elle s'avoua vaincu dans leur bref combat d'autorité, oui elle l'avait engagé, oui selon l'encre il était à ses ordres, mais son but était avant tout la protection et il se jugeait mieux placé pour faire des choix dans ce domaine. Reprenant peu à peu une allure plus souple, il lui répondit toutefois plus sèchement qu'il ne l'aurait souhaité.

    - Vous n'auriez pas besoin de moi dans ce cas. Dites vous qu'il serait mal venu de finir dépouillés ou dans une geôle ce soir.

    La diplomatie par les armes peut-être, mais le Balafré était ainsi, faisant davantage confiance à une lame qu'à la parole d'un homme. Il porta sa main à la dague turque attachée à sa ceinture, hésitant un instant. Il restera toujours proche d'elle, si la Frêle apaisait ses craintes quant à la réaction berrichonne concernant leur arrivée, il ne négligeait pas pour autant brigands et autres truands trainant sur les chemins. Peu de chance d'en rencontrer, en théorie.
    Il vit la rousse tête baissée, comme si elle venait d'être réprimandée, à quoi avait-elle pensé ?
    Ce n'est pas pour me rassurer que j'ai envie de te l'entendre dire, c'est pour que je puisse faire ce que j'ai signé, avec toi Rouquine, tu t'en souviens ? Ne fais pas cet air-là, ne me crains pas, j'avais perdu l'habitude de veiller sur une autre tête que la mienne mais je ne veux pas faire d'erreur. Ne me dis pas que je ne comprend pas, que j'ai tort. Tu me caches des choses petite Flamme, et pourtant je suis le premier à éviter ta curiosité et ses questions. Nous ne sommes plus des inconnus, même si tu me reproches mon silence... Pour le rôle que tu me donnes j'ai besoin de ta confiance, mieux vaut que tu gardes l'image que tu as de moi. Ne cherche pas, ne t'attache pas davantage à cette balafre que tu as face à toi, et nous serons tous deux satisfaits par notre accord.

    Alors qu'il pensait avoir mis un froid dans la discussion, la dernière question ponctuée d'un sourire calma les traits froncés du blond. Si elle n'avait aucun problème pour passer d'un sujet à un autre dans la minute, lui alternait aisément entre deux humeurs opposées. Par conséquent le sérieux passa en retrait, et revint un air de défi dans les azurs de l'homme d'armes.


    - Je crois que Tahir peut battre votre Ezildur... Allons-y alors, plus vite nous serons arrivés, plus vite nous serons servis !

    Vitesse à défaut de la discrétion, ceci dit un moyen comme un autre d'être difficilement atteignable. Brides en mains, il ordonna rapidement le galop au pur-sang, vérifiant que la patronne en faisait autant. Ils pouvaient espérer arriver à la première ville berrichonne avant la tombée de la nuit.
Mahelya.
L'orage était passé, la tempête envolée, et heureusement pour la petite Flamme qui supportait difficilement les conflits. Pour moins, Nombreux ceux qui seraient resté à pester tout le reste de la Journée. Pas le Balafré. Si la Rouquine avait une facilité naturelle et surtout involontaire, pour changer de sujet comme de chemise, il semblait à présent évident que le Blondinet possédait la même qualité pour passer d'une humeur à une autre. Avouez tout de même que c'était fort pratique, ainsi en cas de conflit ou de dispute entre les deux, celle-ci serait oubliée en moins d'un battement de cils, et la bonne humeur immédiatement reviendrait. Un air de défis flottait sur les traits de Nizam, et l'Etincelle avait comme dans l'idée que le "nouveau garde" allait proposer une course. Et son intuition fut vite confirmée.
La brise glaciale, fit virevolter ses longues boucles, et tout en rabaissant la capuche de sa cape sur son visage aux tâches de rousseurs, un fin sourire étira ses lèvres purpurines. Amusée, comme si le fameux Tahir pouvait battre son Ezildur. Son Pur Sang Alezan qui avait tant parcourt la campagne ? Son cher équidé qui la suivait maintenant depuis quelques années. C'est qu'il en avait vu l'animal et les deux avantages non négligeables qu'ils avaient sur le noiraud, lui assurait presque la victoire.
D'une il connaissait la route pour l'avoir déjà pratiquée. De deux sa cavalière était bien plus légère et frêle que le cavalier du sombre.
Elle pouvait bien lui laisser une petite longueur d'avance au Blondinet. Le sourire éclairant son visage s'élargit quand elle constata les talons de Nizam donné le départ. Ezildur semblait comprendre l'agitation de Tahir et déjà les sabots de l'Alezan martelaient le sol dans l'espoir de partir au galop. La Frêle maintient pourtant la bride, tenant encore l'étalon. Flattant l'encolure de sa main gantée, la Flammèche pensait : Patience mon beau patience, laisse lui donc de l'avance. La Bête hennissait, secouant sa crinière de flammes. Le son de ses sabots cognant le sol meuble de la forêt raisonnant en bruit sourd contre les arbres.
Les Sinoples de Mahelya observaient le dos de Nizam s'éloigner progressivement. Soudainement, les talons de la jeune fille vinrent à taquiner les flancs de la monture. Un hennissement de ravissement plus tard, et l'Alezan s'élança au galop, naseau complètement dilatés.


Yaaah !

Il ne fallut que peu de temps à la Rouquine pour être dans l'ombre du Balafré, c'était ça la force d'Ezildur, un départ aussi rapide qu'un boulet de canon. Nul besoin de frapper le cheval pour le faire avancer, se pencher à son oreille et lui murmurer quelques mots de latin suffisaient amplement pour le débrider. La capuche avait depuis bien longtemps libéré la cascade de boucles Flammes, et le vent frais vivifiait le visage de l'Etincelle, le pigmentant d'un couleur rosée. Encore un petit effort et elle se placerait au même niveau que le Blondinet, pas pour très longtemps, un peu plus loin elle se souvenait d'une léger virage ou le sentier se réduisait, si elle ne le doublait pas ou ne le laissait pas passer se serait l'accident. Ezildur du sentir l'ordre muet de sa cavalière car il accéléra. Tournant son minois vers Nizam, elle ne put s'empêcher de lui balancer.

- Sincèrement, vous pensez que Tahir peut battre Ezildur ? je suis plus légère que vous ! Et c'est un atout lors d'une course. Vous faites trop le poids !

Et déjà les sinoples se détournaient du visage à la cicatrice, pour scruter l'horizon, le virage était en vue. Alors, qui passerait devant ? * Me laisseras-tu passer beau Balafré ? *

- Plus loin la route rétrécie ! Prenez gardes ! j'ai pas vraiment l'intention de vous laisser passer.
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Nizam.

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    Une humeur changeante... Passant notamment du sérieux au jeu en un battement de cil, si avec vous le blond ne fait preuve d'aucune provocation, aucune ironie dans ses propos, soit il vous tient en respect, soit vous lui êtes totalement indifférent, il n'y a que de rares exceptions où la sincérité envahit ses paroles. Il ne s'était pas attardé sur la légère irritation qu'il avait eue, heureusement pour Mahelya, autant était-il encore fréquentable railleur, autant colérique ou désabusé mieux valait se tenir éloigné. Lui-même s'isolait pour broyer du noir et s'oublier souvent dans le premier verre d'alcool qui passait sous sa main, crachant sur quiconque voulant l'approcher et le critiquer. Ce n'était pas le cas aujourd'hui, depuis son arrivée à Limoges le caractère du garde s'adaptait lentement à son engagement auprès de la rousse, et allez savoir si l’Étincelle ne donnait pas parfois de son enthousiasme au Balafré.
    Retour au pari, Nizam avait regardé derrière son épaule si la Frêle réagissait au départ, visiblement non. Problème, il n'allait pas partir au galop si la jeune fille sur laquelle il était censé veillé ne le suivait pas. Mais qu'attendait-elle donc ? Des cours d'équitation ? Le noiraud laissait les traces enfoncées de ses fers dans le sol, le blond cavalier adoptait et venait supporter le rythme donné par les foulées de l'équidé. Il avait ralenti, la jeune fille l'avait bien suivi ? Il entendait dans son dos Ezildur prendre enfin part à cette course improvisée. Elle le rattrapait... Evidemment, le poids de la Flamme facilitait la chose, et Tahir, tout jeune étalon qu'il était, n'avait pas l'expérience de l'alezan, en dépit d'une fougue qui n'était plus à nier. Mèches blondes dansant également au vent, il tourna son visage vers Mahelya qui avait réussi à se poster à son niveau. Ne plus sous-estimer sa patronne. Provocante à son tour, il relevait le défi et se contenta d'afficher un sourire narquois. La route se rétrécie disait-elle ? Allons, cela passera... ou cassera. Que fais-tu Balafré ? Tu es trop orgueilleux pour être battu par une pucelle, trop fier pour que de la jolie tu ne vois que le dos et les boucles. - Il raffermit ses talons sur les flancs de sa monture, prenant alors de la vitesse. - Mais... mais que feras-tu si cela est trop risqué ? Cela ne t'aurait pas effrayé, c'aurait été un compagnon de route à tes côtés, tu l'aurais peut-être bousculé et tenté ce virage, quitte à finir dans le fossé, pour goûter à ce moment d'adrénaline que tu apprécies tant. - Il tient l'allure de la rousse. - Souviens-toi, tu n'es pas là pour t'amuser, est-ce qu'un garde entraîne sa protégée avec lui au danger ? Choisis ta priorité, ton arrogance ou ton devoir.
    Ce ne devait être qu'un simple défi... *Je veux bien te traiter en égale rouquine, mais tu m'as donné d'autres obligations* Nizam se redressa, et tempéra rapidement la vigueur de l'étalon noir malgré un hennissement de ce dernier. Le virage arrivait juste devant eux, Mahelya y alla la première. Avec moins d'encombres que prévu, ils passèrent jusqu'à retrouver la largeur initiale du chemin. La prétention du Balafré mise entre parenthèse un instant, il reprit le galop, un poil renfrogné. Il faudra t'habituer à la faire passer avant toi, blondinet, pas seulement dans cette course.


    - Hmpf ... Mais vous connaissiez l'chemin aussi !

    Mauvaise foi ? Oui, entièrement. Vivement l'auberge !
Mahelya.
Le vent giflait les joues de la jeune fille, faisant tourbillonner sa cascade de boucles feu dans son dos. Le virage arrivait et avec lui l'adrénaline grandissante dans les entrailles de la Frêle. Elle n'avait pas vraiment le droit de prendre autant de risque chez elle, surveillée en permanence. Voilà pourquoi avait-elle embaucher un "nouveau garde" en la personne de Nizam, lui était différent, lui la traitait normalement, lui la laissait passer la première ... Hein ? Quoi ? Même pas d'affrontement ? L'avait-il réellement laissée gagner ? Avait-il freiné sa monture pour que la Petite Flamme s'engage sans encombre sur le virage un peu dangereux prit au galop ? Était-ce vraiment ce qui était arrivé ? Bien possible en effet et le hennissement insatisfait de Tahir confirmait la théorie de la Rouquine, qui elle n'avait pas cédé...
Et le palpitant de l’Étincelle partagée entre Joie et Déception... Joie parce que le Blondinet avait mis sa fierté de coté pour la laisser passer que c'était bien la première fois qu'il agissait ainsi avec elle, il ferait donc un excellent garde... Ou autre... Bizarrement, le renoncement du Blond emplissait un peu trop de joie le cœur de la Jolie.
Et Déception, parce qu'une Victoire sans gloire ni panache n'en était plus vraiment une, surtout s'il n'y avait pas eu combat, C'était juste un lot de consolation...

Alors que l'épingle à cheveux était franchie et que la route retrouvait sa prime largeur, mains blanches sur la bride, un petit coup sec et l'Alezan ralentit, obéissant au doigt et à l’œil de sa Maîtresse. De nouveau les deux équidés étaient au même niveau. Le minois au regarde sinople se tourna vers le Balafré, les joues de la Frêle aux taches de rousseurs, rosies par le vent frais. * Dis-moi beau Blond pourquoi m'a tu laissée passer ? Ne t'avais-je pas demandé de me traiter normalement ?*
La pointe de défis qu'il avait éveillé en elle un peu plus tôt, semblait totalement éteinte à présent, même si le cœur de la jeune fille chantait : "Il m'a laissé passer ! Il m'a laissé passer ! "
Les lèvres purpurines eurent un plis boudeur qui apparut à leur commissure. * Comment te faire comprendre Balafré, que tu dois me traiter en amie et non pas en objet précieux à ne surtout pas sortir de son écrin ? * Mais la voix qui s'échappa de la gorge aux formes naissantes était douce et enjouée comme à son accoutumée, une pointe de malice éclaira même ses émeraudes.


- Je connaissais le chemin ... Je connaissais le chemin ... Certes, mais au retour vous le connaîtrez aussi, et à ce moment je ne veux aucune pitié de votre part ! Mais merci de m'avoir laissé passer c'était gentil. Inutile ... Mais gentil ! Provocante ? si peu.

Elle lui adressa un large sourire avant de lui tirer la langue rapidement. Et ouais le Balafré tu ne sais pas encore à qui tu as affaire. Elle veut sa course, elle fera donc tout pour l'avoir, et une vrai !
Alors que L’Étincelle ralentissait peu à peu le galop d'Ezildur, elle rapporta sa capuche sur son front, emprisonnant de nouveau ses longues boucles. Le regard viride se perdit à l'horizon, avant qu'elle ne lève sa main et qu'elle ne pointe devant elle.


- Là ! c'est Châteauroux, la première ville Berrichonne quand on arrive du Limousin. Il y a une petite auberge avant la porte de la ville, nous allons nous arrêter là. Nous y mangerons, en général c'est plutôt bon. Bien sûr ça ne vaut pas Bertille. Mais on s'en contentera. Et puis je ferai vérifier les fers de Tahir et Ezil'.

A nouveau les prunelles de l’Étincelle scrutait le ciel à l'horizon. Et comme à chaque fois qu'elle réfléchissait, sa tête se pencha de gauche à droite et de droite à gauche. Le soleil était sur le déclin mais la lumière diurne encore assez claire. Cependant s'ils prenaient le temps de manger correctement ... Et les fers à vérifier ... Et les chevaux qui venaient de galoper ...
Son attention se porta de nouveau sur le Blondinet.


- Je crois bien qu'il nous faudra y rester cette nuit également, je doute qu'après manger nous ayons le temps de traverser la ville...
Habituellement c'est deux chambres communicantes, mais euh ... Là ça n'en sera qu'une. Je préfère que l'on reste ensemble cette nuit quitte à se relayer pour dormir. Et on ne laissera rien aux pur sang, nous montrons même les scelles.


Oui oui, elle venait bien de dire qu'ils seraient dans la même chambre cette nuit. En temps normalement amener un homme dans sa chambre ne la perturbait pas plus que cela, c'était bien là que c'était déroulé l'entretien d'embauche de Nizam, en tout bien tout honneur évidemment, la jeune fille étant plus que niaise sur le sujet... Moui enfin elle s'était quand même presque changée devant lui ... Enfin bref...
Cependant, le fait que cette fois ce soit pendant la nuit, avait comme un goût d’interdits pour l’Étincelle. Et c'est donc en essayant de ne pas rougir et de garder un ton naturel qu'elle l'avait annoncé à Nizam. Mouais, bah le non rougissement et le ton naturel étaient encore à travailler...

La conversation se faisant, ils étaient enfin arrivés à destination. La bicoque était humble mais déjà les odeurs de cuisine attiraient le nez des voyageurs. D'un bond gracile même si la réception fut plus approximative, la Flammèche retrouva le plancher des vaches, laissant Ezildur et Tahir à l'étable juxtaposée, ou avoine et paille fraiche attendaient les équidés.
Pour le Balafré et Elle, direction l’intérieur. Au fur à mesure du voyage les températures avaient chuté, le froid devenait mordant. Une bonne soupe et un feu leur ferait le plus grand bien. Toujours encapuchonnée, Mahe fut la première à rentrer. Qu'avait-elle dit déjà ? Ah oui éviter de se faire remarquer, les nobles limougeauds n'étaient spécialement bienvenues. Aie ! Bon bah pas trop de jolies phrases et pour le teint on dira qu'elle était malade. Se remémorant les jeux avec son frère, paupières closes un instant, une grande inspiration et ... Concentration, concentration.


- Hey ! Tavernier ! L'bonjour ! J'viens d'mander hospitalité pour deux voyageurs v'nus d'loin ! J'ai d'quoi payer. Deux chopes bien remplies et pas d'entourloupe, m'fout pas d'jus pisse faudrait pas m'le mette en colère! Désignant d'un regard la silhouette de Nizam Deux écuelles d'soupe, un bon gros plat d'ragout avec l'sauce et l'miche d'pain ! Pour deux l'plat ! Et une chambre.

Elle esquissa un sourire à Nizam genre : "Et ouais moi aussi je sais me fondre dans la masse." Avant de lui désigner d'un signe de tête une table un peu isolée au fond, mais proche des flammes tout de même. Tandis qu'elle, elle s'approcha un peu plus du tavernier.

- Dis-y voir mon Mignon, j'te laisse 20 écus d'plus si tu envoie quelqu'un pour r'garder les fers d'nos deux ch'vaux et qu'il mont'les scelle dans not'e chambre.

L'affaire conclue, l'Incandescente, toujours tête couverte, revint auprès de Nizam, où l'on commença à leur servir le repas. Et il n'y avait pas à dire après le trajet, la ripaille était plus qu’appréciable.
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Nizam.

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    Alors, contente ou déçue ? Si le blond devient grincheux un instant, que ce ne soit pas pour rien. Lui, "nouveau" garde, ne savait pas toujours comment agir avec Mahelya, il oscillait entre le simple respect dû à l'employeur, rappelons que seules les personnes le payant pouvaient se vanter d'une certaine retenue dans son comportement, et la relation naissante où les deux jeunes gens s'apprivoisaient à coup de défis, le contrat les obligeait à se voir continuellement, jusque là ce point n'avait pas énervé le garde, la rouquine avait beau le provoquer de temps à autre, se montrer têtue et parfois contrariée, sa compagnie devenait au fil des jours une habitude. Elle semblait le considérer comme ami, et vouloir qu'il fasse de même avec elle. *Tu as beau me le demander, souviens-toi que tu ne m'as pas engagé pour ça.* Il avait justifié cela par la jeunesse et l'innocence de la rousse dans certains domaines, bien que maline dans d'autres. Elle le tenta encore en lui parlant du retour, voilà que l'ego du blond fut touché, ce qui le rendit tout aussi bougon mais fit pencher la balance vers le traitement sans aucune faveur. Il croisa les deux sinoples avant de revenir à la vide contemplation du chemin et de marmonner.

    - Tsss... Gentil, puis quoi encore.. Continuez et 'verrez si j'suis gentil au r'tour...

    Il ne faudra pas pleurer si l'on retrouve la Frêle dans un fossé longeant la route sinueuse. Il eut un rictus lorsqu'il vit la langue rose, elle cherchait vraiment les ennuis. Désormais plus amusé que vexé, il suivit l'allure imposée par Mahelya jusqu'à ce qu'elle lui montre les aperçus de Châteauroux, bientôt ils pourront se reposer mais surtout satisfaire un ventre creusé et ballotté par le voyage. Le soir allait tomber rapidement et le froid qui les avait assaillis toute la journée deviendra plus vif, il ne fut donc pas surpris par la décision de la patronne, tandis qu'il se réjouissait déjà de retrouver un lit, ses agréables pensées furent détruites par un détail.

    - Une seule chambre ? Hmpf... C't'une invitation ?

    Sourire railleur à la vue des pommettes rougissantes, la question n'attendait pas de réponse, il se contentera par conséquent du plancher ou d'une paillasse improvisée. Nizam aussi égoïste fut-il, n'allait pas mettre au sol celle qui lui versait sa solde, ni dormir dans sa couche juste pour profiter du matelas. En d'autres circonstances il aurait prétexté la fraicheur de la nuit et mis en avant les bienfaits de la chaleur corporelle, mais le garde se voyait davantage rire devant la réaction de Mahelya que d'insister. Il n'ajouta rien, elle dictait les ordres, il faisait avec, trouver le sommeil à quelques mètres d'elle ne le dérangeait pas spécialement, pudeur et retenue chez le Balafré avait été rognées par les années, il se doutait cependant que ce n'était pas le cas pour Mahelya. Comme il avait hâte que cette soirée soit entamée.
    A leur arrivée, et à la trouvaille de l'auberge, il ne quitta pas l’Étincelle, de l'étable jusqu'au comptoir où il eut droit à une belle démonstration du langage gueux version nobliote. Pour des affaires courantes, Nizam avait souvent l'accent de la gueusaille et avalait ses mots, il oubliait le sujet d'une phrase, des voyelles et assaisonnait le tout d'expressions, ou de jurons, il n'y avait qu'une fois sérieux qu'il faisait attention à ses paroles, comprenez que cela arrivait peu souvent. Il prit son air baroudeur pour appuyer les propos, jouant sur son image, avec sa carrure et son estafilade sous les yeux, ce n'était pas compliqué de deviner qu'il ne valait mieux pas l'irriter. L'homme retint un rire à la fin du bref discours de la rouquine, et préféra s'échapper à leur table pour ne pas trahir sa "discrétion".


    - M'fous pas d'jus pisse, faudrait pas m'le mett' en colère, bahaha, j'lui ressortirai, té.

    Enfin assis, le menu demandé fut servi le temps que la jolie le rejoigne. Attaquant la soupe brûlante soit avec une cuillère de bois, soit portant l'écuelle à ses lèvres, il était visiblement heureux de ne plus subir la saison pré-hivernale qui avait rosi ses joues et son nez, ne mettant pas en valeur la balafre. Levant la main, il commanda deux verres de vin paillé, sachant que Mahelya ne lui en tiendra pas rigueur. Passant au ragoût, il pouvait le juger excellent même s'il venait du fond d'une marmite tant la faim avait grogné. Nizam était encore dans l'âge où des fringales venait s'ajouter à l'appétit journalier, lui qui avait déjà eu du mal à se remplir l'estomac durant ses vagabondages, il profitait désormais de chaque repas sans laisser une miette, ne pas s'étonner s'il termine parfois le plat des autres. Merci jeunesse, sa voracité n'entravait pas sa forme physique, et ses muscles s'étoffaient à mesure des travaux manuels pour lesquels on l'embauchait.
    Se redressant et ralentissant ses gestes pour ne pas paraître goinfre ni trop vulgaire face à la rousse, il reprit la discussion, parlant à voix basse pour que l'on ne puisse distinguer ses paroles.

    - 'Savez, en fait on f'rait bien de trouver un soldat, ou un garde, pour qu'vous puissiez vous annoncer, si on vient à eux y'aura p't'être moins de risques. Sinon on tâte le terrain en s'faisant passer pour des voyageurs d'un autre comté, comme ça, vous pourrez r'prendre vot'accent.

    Le visage se fendit d'un sourire moqueur avant de poursuivre.

    - Vous avez d'mandé à monter les selles et nos affaires ? Pour la chambre, c'pas un problème hein, on verra bien après manger, hum, d'ailleurs, 'finissez vot' ragoût ?

    L'échange se ponctua d'autres remarques et de silence troublé par le crépitement du feu ou la venue des personnes logeant comme eux à l'auberge. Nizam avala son dernier morceau de pain et proposa de continuer la conversation dans la chambre, ils seront plus tranquilles pour évoquer le sujet de la diplomatie et lui pourra évaluer la pièce pour trouver où reposer son dos. A l'étage, il laissa l’Étincelle ouvrir et entrer la première - point de course. Sacs, baluchons et selles étaient posés en évidence dans la pièce, au pied d'un lit double qui prenait la majorité de la place. Celui-ci à l'armature usée sans doute de chêne massif était recouvert d'un drap et d'une épaisse couverture de laine sombre, un couvre-lit sur le dernier tiers. Nizam se douta d'un matelas également de laine, de crins ou de plumes, en regard se trouvait une cheminée où rougeoyaient lentement quelques braises, réchauffant faiblement le lieu, du bois posé là sera certainement à ajouter durant la soirée. De chaque côté du traversin, deux vieilles tables de chevet sur lesquelles traînaient chandelier ou bougeoir, des flammes y mourraient silencieusement et éclairaient encore l'endroit, on avait visiblement préparé la chambre pour les limougeauds mais il ne fallait pas exiger davantage. Seul dans un coin, un miroir sur pied au cadre ovale de bois, ce dernier avait dû voir défiler plusieurs silhouettes et présentait en bas une fine craquelure. L'homme observa la mince fenêtre donnant vers la rue, au moins auront-ils les rayons de l'aube pour réveil.
    Le balafré n'attendit pas plus, il pouvait très bien se caler entre le lit et l'âtre. Se baissant, il mit de côté leurs affaires et saisit sa selle, jugeant que bien tournée, elle sera suffisante pour servir d'oreiller de fortune.


    - J'vous laisse l'lit, je m'occup'rai plus facilement du feu et.. d'surveiller quelques bruits étranges, sait-on jamais. J'espère qu'vous n'parlez pas en dormant.

    Car il n'était ni doué pour rassurer, ni patient lorsqu'il n'arrivait pas à fermer l'oeil. Il jeta un regard interrogatif à la jeune fille, se doutant qu'elle accepterait la proposition implicite qu'il venait de lui faire, après l'invitation d'un inconnu dans sa chambre, elle ne passera pas à proposer son lit à un garde, n'est-ce pas ?
Mahelya.
Tout au long du repas, picorant plus que dévorer réellement, l’Étincelle avait tenté de garder cet accent de "gueusaille" afin de maintenir l'illusion qu'elle avait tenté d'établir dès son entrée. Peu habituée à jouer à ce jeu si longtemps, bien que cela ravivait dans sa mémoire de très bons souvenirs avec son Frère, bien vite elle était devenue presque silencieuse, se contentant d'écouter les recommandations de Nizam et les remarques qu'il avait à faire. Toujours dissimulée sous sa capuche, le soyeux de sa longue cascade de boucles rousses aurait eu vite fait de trahir ses origines nobles, La Petite Flamme lançait des regards amusés en direction du Balafré. S'il ne lui avait montré alors que des qualités ou presque depuis qu'il était entré à son service, elle devinait à présent l'un de ses plus grands défauts : La Gourmandise ! Le Blond avait toujours faim. Tout le temps. Même parfois quand il venait à peine de sortir de table, du moins c'est ce que pensait la Flammèche qui le voyait souvent grignoter, l'air de rien. Un éclair de malice éclaira les émeraudes de la Frêle qui notait mentalement cette information de choix sur son "nouveau garde". En profitant un peu ... Peut-être ... Plus tard ?! ... Non dès maintenant.
Les doigts fins à la peau immaculée glissait le reste de ragout en direction de l'Affamé, tandis qu'un sourire amusé étirait les lèvres purpurines de la jeune fille.


- T'nez, prenez ! j'n'ai plus très faim. j'vous en prie ! Mangez.

Aussi étrange que cela puisse paraître pour une jeune fille de sa condition, là à cet instant, dans cette auberge en compagnie d'un Blond fort gourmand, elle se sentait parfaitement à l'aise, presque à sa place, du moins pour rien au monde, elle n'aurait désiré la céder à quiconque. Même si les prunelles vigilantes toisaient les silhouettes qui s'approchaient trop de leur table, l'Etincelle se sentait parfaitement en sécurité auprès de son Garde, qui se révélait malgré quelques bougonnements parfois, d'excellente compagnie. C'était absolument fascinant de le regarder se régaler comme ça avec un ragoût qui certes n'était pas mauvais, mais ne valait tout de même pas celui de Bertille légèrement épicé et aux petits oignons. Elle qui piochait plus que mangeait était complètement hypnotiser par un gourmand, qui se sustentait avec empressement, gourmandise et peut être même une pointe d'avidité. Alors qu'elle formulait cette remarque dans son esprit. Ce dernier toujours très actif et rarement au repos, glissa sur quelques hypothèses concernant l'enfance de Nizam. Avait-il était heureux ? Avait-il connu la faim ? La pauvreté ? Mais la divergence de ses pensées, fut bientôt interrompue par le blond qui proposait de discuter dans leur seule et unique chambre. Opinant doucement du minois, la frêle silhouette se leva avec la grâce non dissimulée qu'on lui connaissait. Humpf ... "Discretion n'avait-on pas dit ?" Ses gestes se devaient d'être plus brouillons, moins gracieux et précis. * Concentres-toi Mahe et comportes-toi comme n'importe qui ici. *

Alors que le petit pied délicat protégé dans sa botte de cuir allait suivre Nizam, une nouvelle idée vint à troubler les pensées de l’Étincelle. Qui fit volte-face pour se précipiter vers l'aubergiste, laissant là Nizam pour à peine quelques instants. Concentration de nouveau. Léger papillonnement des cils roux.


- Dis donc mon chou ! T'aurai pas un baquet ou une salle d'eau pour m'rafraichir d'main matin ?J'dois rajouter combien à l’addition ? Immédiatement l'aubergiste acquiesca et formula un prix qui laissa la Flammèche dubitative. Pour c'prix la t'a intérêt qu'ton eau soit chaude. T'souviens de mon ami ? Eh bah l'aime pas quand j'suis sale, et l'aime pas quand j'ai froid. Eviter d'le mett' en colère dès l'matin ça s'rait gentil. Té. C'est pas toi qui voyages avec'lui.

Même en voyage, envisager de ne pas se laver ne serait-ce qu'une journée était impensable pour la Délicate. C'était un rituel qu'elle appliquait chaque matin depuis sa mauvaise rencontre avec un certain Francis, préférant avant, une toilette sèche à celle à l'eau. A présent l'eau et le savon étaient devenus presque une nécessité. Une façon de laver sa mémoire de ses souvenirs qui la hantaient encore malgré ce qu'elle disait à tous. Mais ceci est une autre histoire et l’Étincelle satisfaite par l'affaire conclue, rejoignit toute guillerette la Silhouette du Balafré. Ahhh le garde menaçant ! un bon moyen d'obtenir ce qu'on voulait ! * Allez montons, je t'expliquerai plus tard ! Je suis certaine que tu vas adorer ! *. La Rousseur ne s'en doutait pas encore, mais entre le Balafré et l'eau ce n'était pas vraiment une grande histoire d'amour.

Arrivée dans la chambre, les sinoples balayèrent la pièce, tandis que les mains fines délaissaient la cape, qu'elle posait alors sur le lit. Sommaire, mais bien plus confortable que ce qu'elle avait connu dans certains monastères de son enfance. La chaleur qui se répandait dans la petite salle grâce aux quelques braises rougies de la cheminée, n'était pas suffocante, mais suffisante pour dormir correctement. Le lit était grand et semblait moelleux. L’Incandescente ne put réprimer un sourire de satisfaction à cette idée. Le voyage avait été rude, et quoi qu'en disait les gens, passer une journée entière assise sur une selle de cheval, et bien ça arrivait à bout même des popotins les plus robustes, et un lit bien confortable un vrai soulagement. Ils allaient bien dormir là ...

A l'instant même où la pensée se formulait dans le cerveau de la Rouquine, le blond lui semblait en avoir décidé autrement, s'installant sur le sol avec une selle en guise d'oreiller. * Hein ? Quoi ? Il est sérieux là ? Il a peur de quoi ? Que je lui mette des coups de pied pendant la nuit ? Que je ronfle ? Que je le prenne pour mon nounours ? Je ne dors plus avec de peluches depuis au moins quatre ans, bon d'accord six mois ... Mais quand même ! Il ne va pas dormir par terre. Le pauvre. *
Évidemment la Flammèche allait protester en grand renfort d'arguments, comme elle savait si bien le faire d'ailleurs, quand elle constata, qu'ainsi lui tournant le dos, il lui permettait d'enfiler tranquillement sa chemise de nuit, sans craindre les regards. Il était impossible, pour la jeune Flamme, même en voyage d'oublier quelques coquetteries, et dormir dans sa chemise de nuit en était une. Sans mot dire, pour l'instant du moins, elle se saisit de sa besace y retirant une chemise blanche, simple, longue et confortable.

A genoux sur l'épaisse couverture du lit, tournant le dos à la cheminée, on n'était pas à l'abri d'un sursaut du blond qui s'inquièterait de son silence, l'Etincelle, qui n'offrait désormais que ses longues boucles rousses en paysage, entreprit de se changer. Retirant d'abord les bottes qu'elle cirerait avant de partir et qu'elle déposa au pied du lit. Puis, doucement, la jeune fille roula ses bas de laine épaisse le long de ses mollets, libérant ainsi une très fine cheville. Ca faisait longtemps qu'elle n'avait pas parlé.


- Nizam ?! Pour demain j'ai demandé un baquet d'eau chaude, si vous voulez en profiter. N'hésitez pas.

Double sens ? certainement pas dans l'esprit de la Pucelle...
Alors que la voix cristalline retrouvait son langage d'antan, la Frêle retirait à présent ses braies aussi noire que la nuit, les pliant avec soin pour les ranger dans sa besace coté linge sale. Les jambes totalement dénudées, elle repris le fil de sa conversation.


- Et je pense que vous avez raison, je ferai mieux de me présenter au premier soldat ou milicien que nous croiserons. Nous ferons donc cela demain.

La chemise fut enlevée à la toute fin faisant virevolter ses boucles rousses sur la peau au teint de perle de son dos. Quelques bandes entravaient les formes naissantes, lui offrant un certain maintient quand elle galopait. Délicatement elle entreprit de s'en libérer souhaitant être parfaitement à l'aise pour dormir. Enfin elle enfila son vêtement de nuit, sobre, sans chichi, juste de quoi dormir agréablement dans un tissus doux sur sa peau délicate. Dis moi petite Flamme, tu n'as pas remarqué le miroir qui renvoyait ton reflet ? Non, elle ne l'avait pas remarqué, elle ne l'avait pas fait exprès. Et puis de toute façon qui dit que Nizam a regardé ?
Enfin convenable, selon ses propres codes, la petite Flamme se retourna vers le Balafré, un large sourire illuminant son visage aux tâches de rousseurs.


- Allez vous ! ne vous faites pas prier ! Venez donc dormir dans le lit, il y a bien de la place pour deux. Et puis je ne vais pas vous manger. Et si nous devons nous présenter à une armée demain, mieux vaut que vous soyez en forme et reposé ! Sans mal de dos.

Ne pas proposer son lit c'était bien ça ? Et bien si Mahe le fait.
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Nizam.

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    [Tell me what you saw, i'll tell you what to...*]

    Parlons-en de son enfance, avant que la rouquine trouve comment tirer parti de son pêché pour la gourmandise. Nizam avait grandi dans le banal giron familial, dans une ville au nord de ce royaume, lui qui se moquait parfois des Flandres en était pourtant né à quelques lieues. Gamin turbulent, traînant avec d'autres de son âge parmi les ruelles, il n'avait pas connu la faim à cette époque, ses parents roturiers et commerçants n'étaient ni bourgeois, ni miséreux. La vie n'était pas aisée mais la pauvreté était donc relative, lui n'avait pas dormi dans la rue mais au chaud sur une paillasse avec ses frères, jusqu'à ce que les affaires du paternel fructifient. Ce ne fut pas cette période qui lui apprit à se méfier d'un ventre vide, ni celle passée dans un monastère, non... La faim se manifesta dès qu'il décida de quitter ce chemin qui semblait d'avance tracé, il devait alors avoir un ou deux ans de moins que Mahelya, le garçon prit dans des groupes avait rapidement compris qu'il s'était bercé de douces illusions concernant son besoin criant de liberté. S'il avalait aujourd'hui ses repas en une vitesse surprenante, c'est que s'ajoutait inconsciemment à son appétit démesuré l'instinct primaire de se remplir la panse avec la crainte que cette occasion ne se représente pas le lendemain, instinct développé par des mois d'errances adolescentes. Ce fut également à ce moment que son intérêt pour l'agréable bruit tintant d'écus grimpa soudainement, incapable d'amasser de l'argent par des années au champ, le mercenaire avait tenu un rythme de vie vacillant entre vagabondage et contrats, des fortunes éphémères dilapidées dans les multiples plaisirs qui se présentaient à lui, ainsi marquait-il la différence entre sa cupidité éternelle et l'avarice.

    Parenthèse fermée, dans leur chambre blondinet, lui genoux sur le plancher, s'occupait toujours de son lit improvisé. Il ne se douta pas un seul instant de ce qu'avait en tête l’Étincelle, défaisant la cape de ses épaules et l'arrangeant comme matelas ou couverture, dormir à même le sol ne l'aurait pas plus dérangé si elle le lui avait demandé, le dos aurait grincé au réveil, mais qu'importe. Il entendit Mahelya et releva aussitôt le visage, un bain ? Et elle voulait se faire passer pour de la gueusaille ? Il savait qu'elle aurait du mal à se défaire de ses habitudes, aussi apprécia t-il la proposition - sans double sens n'est-ce pas ? - il avait peu d'affinités avec l'eau, mais ne pas avoir pu se laver depuis leur départ lui donnerait bientôt une odeur de fauve, la Frêle risquait de le lui fasse remarquer. Et puis, il n'y aura qu'un seul baquet...


    - Si on a le temps, j'irai après vous.

    Il se tourna légèrement vers la jeune fille, un sourcil s'arqua avant que le Balafré ne lui montre à nouveau son dos. Elle se dénudait. Là. Derrière lui. Ses braies, elle retirait ses braies, et ne le prévenait pas ? Pour ce genre de choses, il s'attendait à ce qu'elle lui demande d'aller patienter dans le couloir, ou de ne pas bouger. Rien, elle n'avait rien dit.

    - Hm ... Oui, ça vaut mieux.

    Elle n'allait pas dormir dans le lit avec la seule couverture sur sa peau blanche ? Les azurs troublés surprirent les reflets donnés par le miroir, il avait le mince profil de la Flammèche offert à son regard. Selon les convenances, il aurait dû dévier, retenir la curiosité et respecter la pudeur de la rousse... mais ce n'était ni son genre, ni visiblement celui de Mahelya qui s'inquiétait nullement de se changer à quelques pas de lui, certes elle l'avait déjà fait lors de l'entretien d'embauche, mais là, pas de paravent. Allons, Balafré, c'est une pucelle et tu as déjà vu des femmes nues, tu n'y es juste pas insensible. Impossible encore de retirer les iris d'un bleu givré du miroir, lui immoral mais presque charmé par les courbures qu'avait dissimulé la chemise. Les boucles protégeaient quelques parcelles du corps de la Jolie, elle retirait les bandes emprisonnant la poitrine naissante, et lui, enfin, posa ses yeux sur le sol. En d'autres circonstances, il aurait été amusé, il en aurait profité jusqu'au bout mais... Le fait que ce soit l’Étincelle changeait étrangement beaucoup de choses.

    Il se releva lorsqu'elle lui parla et lui fit face, son regard descendant sur la chemise de nuit. Au moins était-elle vêtue et lui résistait aux images qui restaient dans son esprit. En bon menteur, il tenta d'esquisser un sourire, comme si tout était normal, comme s'il n'avait rien vu mais eut une lueur d'embarras. Elle l'invitait dans son lit. Dans son éducation la nobliote avait mis le feu au parchemin parlant d'un protocole à tenir ? Plus qu'une invitation, le blond pourrait prendre cela pour un ordre, quoique... Si votre patronne vous demande de la rejoindre sur un lit, vous avez bien une petite voix malsaine qui vous chuchote quelque chose, non ? Il se doutait que Mahelya faisait cela sans arrières pensées, aussi ne devait-elle pas comprendre l'hésitation de son garde, mais il resta un bref instant perplexe. *Oh, je n'ai pas peur pour moi, rouquine, mais tes codes me paraissent bien illogiques si tu entraînes maintenant un homme sous ta couverture.*


    - Bon, hem... Va pour le lit.

    Le voilà qui paraissait idiot, son dos le remerciera mais comment refuser après ce qu'il venait de voir ? il détacha azur et sinople, avec son interdite contemplation il avait totalement oublié d'ôter les épaisseurs qu'il avait gardé sur lui, ce qui expliquait peut-être la chaleur ressentie. Il se tourna une nouvelle fois de trois quart, elle sur le lit, lui debout et défaisant sa ceinture. Ses armes furent posées près sur son attirail, vint le tour de la brigandine, les lacets de cuir tirés, la protection libéra le thorax du Balafré et une tunique froissée. Cette dernière avant de retrouver le baluchon emporta avec elle le reste de tissus qu'il avait. Mèches en bataille et torse nu, s'il avait obtenu une carrure, la virilité du blond ne dépassait pas un duvet entre ses pectoraux et le long de son abdomen, pourvu que la petite Flamme ne remarque pas que le jeu du miroir fonctionnait pour lui, comme pour elle. Quoique... Savoir que la rouquine l'observait lui aurait arraché un sourire enjoué. Il n'avait pas le buste entièrement couvert de cicatrices, rien de honteux seules quelques estafilades rosées barraient de manière superficielle ses muscles. Nizam défit le tas de vêtements et remit une simple chemise à col ouvert, malgré l'âtre n'oublions pas que les degrés pouvaient être négatifs dehors; il retira bottes, bas, mais conserva ses braies. La coquetterie était une autre dimension.
    Il s'assit sur le bord du lit, du côté évidemment laissé libre et croisa le regard émeraude, toute trace de gêne s'était volatilisée pour la raillerie habituelle.


    - Si j'ronfle, j'me prends un coup d'coude c'est ça ? J'dormirai d'un oeil, j'irai r'mettre une bûche au feu dans la nuit. Le premier réveillé à l'aube secoue l'autre, inutile de prendre du retard, s'pas ?

    A voir selon lequel des deux a le sommeil le plus léger cette nuit.
    ________
    (*Trad: "Dis-moi ce que tu as vu, je te dirai quoi..." pris de Yeah Yeah Yeahs - Gold Lion)
Mahelya.
    Il suffit d’un atome pour troubler l’oeil de l’esprit...

(Citation de William Shakespeare ; Hamlet)

... Parfois juste un geste anodin peut semer le trouble même dans l’œil de l'Esprit le plus sain. Et c'est ce qu'il se produisit dans cette chambre d'auberge en Berry. La Petite Flamme attendait, le sourit toujours étirant ses lèvres purpurines, une réponse du Balafré. Sans vraiment savoir pourquoi, elle avait placé sa confiance en lui. Certes un peu limité, l'épisode du double forfait pour les leçons d'armes l'avait un peu contrariée bien qu'elle ne lui ait jamais montré, mais une confiance acquise tout de même. Convaincue qu'elle était, qu'il ne ferait rien sans son consentement. Partant de cette conviction, pourquoi ne pourrait-il pas lui aussi jouir d'un matelas douillé et confortable ? Avait-elle brûlé le parchemin d'un protocole à tenir en compagnie d'étrangers ? Non. Elle avait simplement été élevée par des moines, couvents et monastères avaient été si longtemps sa maison. Et parmi les hommes de foi, la pudeur n'était pas de mise. C'est eux qui lui avaient appris à nettoyer son Corps et son Esprit. Le premier en lui apprenant le bain, le second en lui apprenant les textes sacrés. La chair n'était qu'une image, seule l'âme importait vraiment. * Petite Étincelle, tu as juste oublié que depuis ces temps anciens, ce n'est plus l'apparence d'une enfant que tu revêts mais bien celle d'une jeune Femme. Une chrysalide devenant papillon. Tu n'es plus si insignifiante qu'auparavant. *
Bref...

Elle attendait donc, et le Blondinet finit pas accepter la proposition. Elle n'avait juste pas pensé que lui aussi se changerait. * Te voilà bien dans l’embarras la Frêle. * A son tour Nizam se leva et commença à se défaire de tout son attirail. Aucune raison de détourner les sinoples, il allait sans doute rester habillé... Ou pas. Bien vite, le "Nouveau Garde" retira sa chemise malmenée par la journée passée à dos d'équidé. Doucement, les émeraudes se détournèrent et s'accrochèrent involontairement sur le miroir de la pièce. Tiens, un miroir ici ? Pourquoi ne l'avait-elle pas remarqué avant. Et si lui aussi l'avait vu se changer ? Lentement, une couleur rose vint à pigmenter les joues aux tâches de rousseurs, pourtant l'Incandescent fut incapable de détacher ses prunelles de la surface réfléchissante. Le spectacle qui se jouait sous ses yeux, éleva un trouble dans son esprit. * Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; un trouble s'éleva dans mon âme éperdue ; mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler, je sentis tout mon corps et transir et brûler. (*) * Quel était donc ce ressentit qui se manifestait dans tout son être et qui lui vrillait les sens ?

Hypnotisée, elle fut incapable de la retenue qu'avait eu le Blondinet à son égard un peu plus tôt. Fascinée par la peau et les cicatrices de Nizam, elle était attirée. Sa fine main blanche désirait se poser sur cette peau marquée. * Vois-tu petite Flamme même toi, à jouer avec le feu, tu peux te bruler. * Heureusement, il enfila bien vite une nouvelle chemise, mettant fin immédiatement à la fascination de la jeune fille, même si le rose s'attardait encore sur ses joues, lorsqu'il prit la place libre qu'elle lui avait accordé. Discrètement, elle essaya de chasser ces drôles de pensées de son esprit encore perturbé, secouant la tête, ce qui eut pour effet de faire virevolter ses boucles de feu. * As-tu été mordue, la Frêle ? * Heureusement le garde choisit cet instant pour la taquiner. Immédiatement, un sourire étira les lèvres charnues, faisant passer son émoi pour de l'amusement. La gêne avait été refoulée au plus profond de son être. Maintenant place aux taquineries.


- Si vous ronflez, je vous pousse du lit. Un bon coup de pied et vous chuterez ! Alors à moi le matelas et à vous les bleus. Je n'en ai pas l'air comme ça mais je suis bien assez forte pour vous mater. A présent allongée sur le lit, bras replié pour maintenir son minois surélevé, elle lui faisait face, vraiment amusée, provocante aussi un peu. La fine chemise qu'elle portait, épousait les courbes de sa silhouette. Dessinant ses hanches et le creux de sa taille, suggérant même sa gorge naissante, à l'arrondi féminin.- Mais pour sur, je serai réveillée avant vous. Je dors très peu et cela me va. * Ouais comment te dire, au monastère, il y avait des messes pendant la nuit, j'ai appris très vite à ne presque pas dormir. *

Sur ces bonnes paroles, la Flammèche se glissa dans les draps, tournant le dos au Balafré, s'isolant avec ses pensées. Un Souffle après, et sa chandelle fut éteinte. L'odeur qui s'en échappa ne la gêna pas le moins du monde, trop absorbée qu'elle était à analyser les sensations qui l'avaient envahies. Si le Blondinet trouva le sommeil - mais après tout elle n'en savait rien - ce ne fut pas le cas pour elle. Immobile, silencieuse, les pensées de la Belle vagabondaient. Ce n'est que plus tard qu'elle se laissa happée par le pays des songes. Le rêve était trouble... Et son palpitant chantait un peu plus fort. * Il t'avait pourtant dis de ne pas t'attacher. Tu crèvera se ressenti, ou tu le taira le scellant à tout jamais au fond de tes entrailles ! *
Si elle ne bougea pas de la nuit, elle n'en fut pas pour autant reposée lorsque les premiers rayons du soleil traversèrent la fenêtre de la chambre. Les dernières brumes de la nuit se dissipant de son Esprit, elle se redressa sur ses coudes et glissa un regarde sur le garde.


- Nizam, vous dormez encore ? Il faut que nous allions déjeuner, et surtout que nous puissions nous laver.

La phrase prononcée, elle repoussa l'épaisse couverture à ses pieds, et chancelante s'extirpa du lit. Note pour plus tard : Ne pas réfléchir en dormant. Elle était exténuée. Doucement elle se saisit des braies de la veille pliées dans sa besace, et les enfila. La Petite Flamme mourait de faim, aussi la ripaille avant le bain.

- Je meurs de faim, pas vous ? j'espère qu'il y aura de la brioche.

Faire abstraction de la soirée : ok
Ne rien laisser paraître : ok
Parler avec désinvolture genre tout va bien : ok


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(*) Phèdre, Racine.
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