Saanne
Conséquence d'une longue chevauchée harassante, le savoyard avait atteint Troyes en compagnie de l'Irlandais mais de fort méchante humeur.
Il faut dire que malgré toute l'amitié qu'il éprouvait pour le seigneur de Cazayous, il avait consentit à pas mal d'emmerdements.
D'abord, parce qu'il avait bien failli crever son cheval sur la route. Qu'ensuite, demander une permission après des semaines passées à rien foutre en armée, c'était un coup à manquer un soubresaut d'action et à encore passer pour des pleutres. En outre Troyes c'est quand même une ville merdique pour un mariage... Mariage papiste, dont il avait accepté d'être le témoin malgré les murs décadentes de cet ordre et dont il fallait se coltiner la messe.
Et enfin, à peine arrivé à destination, le briscard s'était empressé de rejoindre sa rousse, laissant au chevalier de Bouillon le loisir de se dégourdir les arpions là où bon lui semblerait. Et de toute évidence dans une taverne...
Quelques heures, andouillettes et outres de vinasse champenoise plus tard, le huguenot ronflait bien paisiblement au coin du feu. C'est alors qu'un mioche s'approcha du montagnard et lui secoua timidement l'épaule :
- C'est vous messire Humbert ?
- Gnééé ?
- V'la pour vous !
Un message laconique de Finn lui annonçait l'imminence de la cérémonie et lui intimait de le rejoindre prestement à l'église.
L'esprit embué d'Humbert tilta sur les quelques incohérences du dît message avec le plan initialement prévu. Puisqu'il devait servir tant d'escorte que de témoin, le fait que l'irlandais se trouvait déjà sur place, et lui encore affalé dans une auberge, pouvait s'avérer problématique... PROBLEMATIQUE !!!!
Le savoyard bondi de sa chaise, se remémorant les avertissements de Finn quant à la cousine de sa fiancée, et l'avis prudent de venir armé à la cérémonie. Puis, oubliant de régler sa note au tavernier, se précipita vers l'extérieur en grommelant et en claquant la porte !
Quelques précieuses minutes plus tard, notre bon chevalier avait regagné les écuries où plus tôt il s'était séparé de son acolyte. Après s'être négligemment débarbouillé le visage, il avait enfilé une robe noire par dessus le haubert rehaussé d'un large col blanc. On ne transige pas avec la foy, et c'était là la seule tenue décente pour un mariage aux yeux d'un réformé.
Bref cavalcade et arrivée en trombe, le savoyard mène sa jument au grand galop pour débarquer au seuil de l'église, gare sa monture à côté du napolitain à robe pommelée, et pénètre dans ce lieu honni avec un sourire aussi lumineux que sa robe.
Visiblement il était le dernier, mais n'avait absolument rien manqué à la fête. Il salua donc platement la maigre assemblée et glissa à l'attention du futur marié en armure : « Vous avez une mine affreuse. Mais c'est qu'on dort fort mal dans cette ville vous ne trouvez-pas ? ».
_________________
Il faut dire que malgré toute l'amitié qu'il éprouvait pour le seigneur de Cazayous, il avait consentit à pas mal d'emmerdements.
D'abord, parce qu'il avait bien failli crever son cheval sur la route. Qu'ensuite, demander une permission après des semaines passées à rien foutre en armée, c'était un coup à manquer un soubresaut d'action et à encore passer pour des pleutres. En outre Troyes c'est quand même une ville merdique pour un mariage... Mariage papiste, dont il avait accepté d'être le témoin malgré les murs décadentes de cet ordre et dont il fallait se coltiner la messe.
Et enfin, à peine arrivé à destination, le briscard s'était empressé de rejoindre sa rousse, laissant au chevalier de Bouillon le loisir de se dégourdir les arpions là où bon lui semblerait. Et de toute évidence dans une taverne...
Quelques heures, andouillettes et outres de vinasse champenoise plus tard, le huguenot ronflait bien paisiblement au coin du feu. C'est alors qu'un mioche s'approcha du montagnard et lui secoua timidement l'épaule :
- C'est vous messire Humbert ?
- Gnééé ?
- V'la pour vous !
Un message laconique de Finn lui annonçait l'imminence de la cérémonie et lui intimait de le rejoindre prestement à l'église.
L'esprit embué d'Humbert tilta sur les quelques incohérences du dît message avec le plan initialement prévu. Puisqu'il devait servir tant d'escorte que de témoin, le fait que l'irlandais se trouvait déjà sur place, et lui encore affalé dans une auberge, pouvait s'avérer problématique... PROBLEMATIQUE !!!!
Le savoyard bondi de sa chaise, se remémorant les avertissements de Finn quant à la cousine de sa fiancée, et l'avis prudent de venir armé à la cérémonie. Puis, oubliant de régler sa note au tavernier, se précipita vers l'extérieur en grommelant et en claquant la porte !
Quelques précieuses minutes plus tard, notre bon chevalier avait regagné les écuries où plus tôt il s'était séparé de son acolyte. Après s'être négligemment débarbouillé le visage, il avait enfilé une robe noire par dessus le haubert rehaussé d'un large col blanc. On ne transige pas avec la foy, et c'était là la seule tenue décente pour un mariage aux yeux d'un réformé.
Bref cavalcade et arrivée en trombe, le savoyard mène sa jument au grand galop pour débarquer au seuil de l'église, gare sa monture à côté du napolitain à robe pommelée, et pénètre dans ce lieu honni avec un sourire aussi lumineux que sa robe.
Visiblement il était le dernier, mais n'avait absolument rien manqué à la fête. Il salua donc platement la maigre assemblée et glissa à l'attention du futur marié en armure : « Vous avez une mine affreuse. Mais c'est qu'on dort fort mal dans cette ville vous ne trouvez-pas ? ».
_________________