Afficher le menu
Information and comments (0)
<<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>

[RP] Vengeance d'une blonde

Armoria
Elle court, elle court, la vanille, la vanille du bois mesdames...

Un crochet par Noirlac, vite, et vite, reprendre son trajet vers le sud... A crever des chevaux sous elle. Et de ci de là, des messagers.


Argael a écrit:


A vous Armoria de Mortain, Grand Maître de France, Princesse d'Etampes, Duchesse de Saulieu.

Nous, Argael dict « le fier » Vicomte de Monestier de Briançon, Seigneur de Montgenèvre, Seigneur de Saint Giraud,

Princesse,
Je vous écris cette missive, afin de pouvoir établir avec vous une correspondance qui a jusqu’ici fait cruellement défaut et au non du conseil ducal je m’en excuse.

D’après nos informations, vous arriverez demain en Lyonnais Dauphiné.

Je porte a votre attention que la situation depuis vostre départ a évolué de manière positive, cette nuit les Libertads se sont éloignés de Lyon semblant avoir fuit en voyant votre étendard arrivé.

En arrivant à Lyon, un conseil restreint, composé du Gouverneur, du Capitaine et de moi-même, vous accueillera dans le salon du gouverneur ,et nous veillerons a ce que vos « 45 » soient prit en charge, afin qu’ils puissent faire soigner leur monture et se reposer un court instant.

J’espère que vous nous pardonnez ce protocole bien peu respecté mais la situation n’est tout de même point encore aux réjouissances, et c’est bien plus le terrain et les nécessités présentes qui commande en ce cas.

Dans le salon du Gouverneur vous serez à même de pouvoir avoir une vue d’ensemble de ce qui a été réalisé et comment vous pouvez être utile a la défense des terres du Dauphin de France.

D’or et déjà, je me tiens à vostre entière disposition, pour toutes questions ou remarque que vous exigeriez.

Vostre dévoué.

Argael de Monestier de Briançon


Attends, mon brave, je te baille réponse, puisque de toute façon, tu rentres à Lyon...

Missive hâtive... Qu'est-ce qui la poussait de la sorte à tout faire en courant ? Impression de journées trop courtes, d'une vie trop courte, de trop peu de temps pour tant de choses à faire ?

Citation:


Messire Argael, le bonsoir,

Ne vous souciez point de la forme, je ne viens que pour le fond ; si ma visite était protocolaire, certes, la chose serait différente. Mais en l'espèce, ma venue n'est motivée que par le devoir, celui de mon plus jeune fils, si jeune qu'il ne le peut faire seul.

Je devrai, normalement, être en terres dauphinoises demain, si Dieu veut, puisque j'ai fait hier un détour par Noirlac, le Berry étant, comme vous le savez, fort proche de la Bourgogne.

Je vous dis donc à demain, et que Dieu vous garde.

Cordialement,
Armoria de Mortain


Pas de scel en voiture, pas de bougie rouge... Tant pis. Le messager repartait déjà. Ah, zut ! Ni ville ni date ! Trop tard, l'homme était déjà loin.

Humpf.
_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Gaborn
Bourgogne. Un joli jour, la nuit tombante.

Gaborn, assis seul à une taverne. C'est pas que la compagnie humaine le rebutait mais presque. Tant d'immoralité autour de lui, tant de déshonneur qu'il en venait à regretter sa haute tour et son ermitage... C'est qu'on est bien seul. Sans personne pour vous déranger, ni salir la vision du monde... Mais comme le paradis n'est point accessible du vivant du commun des mortels, le Duc était plongé dans la fange humaine, dans les rumeurs sordides et dans l'immoralité la plus improbable. Non pas que la taverne soit mal fréquentée du reste. Sémur avait une réputation de probité... Mais entre les appels déguisés à une pseudo révolte pour soutenir la Ruse, un Duc qui venait de quitter son poste, des amnésies et autre disparitions, la Bourgogne subissait son habituel balais de va et viens et de remue ménage aussi inutile que distrayant pour la foule. Du pain et des jeux semblait être devenu le nouvel adage de la déliquescence bourguignonne.

Autant dire que le Duc était perdu dans de noires pensées en cette soirée qui débutait. Était ce la proximité du départ ou d'autres soucis ? Il ne savait pas et osons le dire n'en avait rien à faire... Il se concentrait sur les idées noires, les poussant et les repoussant du coin de son esprit.

Las, il s'adossa contre son siège et promena son regard tout en prenant son verre de vin pour en boire une gorgée. un homme, un coursier entra dans la taverne. A sa mine, on sentait une certaine fatigue, à l'état de ses vêtements et à leur poussière, l'assurance qu'il avait parcouru de nombreuses lieux; à l'odeur, on devinait que certaines avaient été parcourues dans les rues de Semur. Promenant son regard sur les personnes présentes, le coursier s'arrêta sur Gaborn, resta un moment concentré sur ce que le Duc pensa être sa mèche blanche. Le messager s'approcha et demanda.

Pardonnez moi, êtes vous le Duc de Louhans ?

Gaborn acquiesça sommairement, en général -et il le savait- ce genre d'arrivée ne pouvait donner de bonnes nouvelles. L'homme tendit une missive cachetée aux armes d'Armoria. Un soupire non retenu émergea des lèvres du pauvre duc. Fouillant sa poche il lança une piécette et dit.

Va prendre un repas et une bière et dit à l'aubergiste de le mettre sur ma note.

Laissant l'homme partir il ouvrit la missive.

Citation:
Gaborn, mon frère,

Comme tu le sais sans doute, me voici à patrouiller autour de Lyon, en respect des liens de vassalités que m'octroient le douaire des Dombes. Nous avons taillé en pièces quelques marauds, mais ce n'est point l'objet de la présente, qui te concerne directement.

En patrouillant, voici deux nuits, j'ai vu passer cette jeune femme qui avait demandé à me voir en taverne, voici quelques temps, celle qui avait pris en charge l'enfant de Loewenne. J'ignore si elle se dirigeait vers la Bourgogne, mais peut-être, peut-être, as-tu une chance de l'apprendre. Si c'est le cas, elle peut se trouver à Mâcon, Chalon, peut-être.

Puisse la présente te trouver en bonne santé, je t'embrasse aussi fort que je t'aime, et je prie pour toi. Salue de ma part ceux auxquels je tiens : tu les connais tous.

Armoria


Pas de sceau mais il reconnaissait l'écriture. Il replia la lettre et la déposa sur la table. Beaucoup de choses se passèrent dans sa tête. Nombre concernait Armoria et leur relation. Et ce qu'il en pensa n'était peut être pas très plaisant, en tout cas c'est ce qu'aurait pu déduire tout observateur de la taverne au vue de la mine plus sombre et de la grimace esquissée par ses lèvres. Comme un mets amer... Ses réflexions coururent longuement. Sur Armoria, sur Loewenne, sur le fils de Loewenne, sur la vie... Au final, il prit la lettre et en quelque pas, la jeta au feu. Fin de tout cela...
Il retourna s'asseoir et se remit à boire, tranquillement. La soirée allait être longue, très longue.

_________________
Mariealice
Même jour, même taverne

Préparatifs finis, tourbillon calmé. La journée avait ressemblé à cela, un tourbillon dans lequel elle s'était retrouvée prise mais qui l'avait bien arrangé.

Tout à vérifier, que ce soit pour le départ le soir même, ou pour le séjour des enfants, ou leur départ lorsqu'ils les rejoindraient. Et dieu que son esprit avait trouvé de quoi tourner et retourner pour être certain que tout irait bien. Ou pas trop mal. Enfin que cela ne s'effondrerait pas. Ou bien pas sur eux.

Brouhaha incessant qui lui permettait de ne pas entendre ce que la petite voix lui susurrait si amicalement à l'oreille. Lâcheuse, mère indigne, tueuse d'enfant... Un fils mort au loin, dans un monastère sans elle ne lui suffisait pas qu'elle retentait l'expérience? Une autre voix aurait pu répondre que là ils seraient sous la surveillance de la préceptrice, chez eux. Mais voilà, cette voix là, Marie ne l'entendait pas du tout, sa culpabilité préférant de loin se nourrir de remords que de vérités.

Enfin la Vicomtesse dut bien reconnaître que tout était prêt, préparé, que non elle n'avait plus de raison d'asticoter son monde. Et l'absence d'une personne se fit soudain jour. Difficile de partir sans l'un des membres de l'expédition qui en comportait deux, de membres.

Après s'être rapidement enquise auprès de la domesticité de l'endroit où il pouvait se cacher, se terrer, travailler, se morfondre, la licorneuse en tenue de voyage avait pris la direction de la ville et avait visité les tavernes habituelles.

Elle finit par pousser la porte de la bonne, tombant sur un homme couvert de poussières et qui semblait avoir fait un long chemin, attablé devant un repas chaud et plus loin, la silhouette recherchée qui lançait quelque chose dans la cheminée avant de se rasseoir.

Froncement de sourcils à le voir ainsi, visage fermé, sombre, nez froncé à se demander ce qu'il avait ainsi jeté et qui se trouvait désormais réduit en cendres par les flammes.

Hésitation aussi. Avait-il envie de la voir? Il semblait soudain si loin, si distant. Rarement elle l'avait vu avec cette mine des mauvais jours. Triste oui, en colère aussi, mais là.. Difficile de définir les sensations qu'éveillait en elle l'homme assis, verre à la main. Ne l'eut-elle connu que ses pas l'auraient évité sans nul doute. Tout en lui à cet instant appelait à ce qu'on passa son chemin, de préférence loin du Ténébreux, surnom affectueux qu'il portait à merveille.

Des dents vinrent mordiller la lèvre inférieur tandis que les noisettes se teintaient de perplexité sur la marche à suivre. Le laisser là, seul, en cet état? Facilité qui ne lui ressemblait guère. L'aller trouver quitte à essuyer l'orage? Plus dans ses cordes et dans sa façon de faire. En état de supporter une tempête? Sans doute que non mais voilà, cet homme là elle l'aimait, et rien que par ce simple fait, le reste n'avait pas droit ne serait-ce que de citer.

Elle s'approcha donc du tavernier, lui commanda de quoi boire pour eux deux, choisissant un des vins qu'elle savait à son goût, paya sans rechigner la somme demandée, prit la bouteille et un verre de plus sous le bras puis se dirigea vers Gaborn.

Le verre se retrouva sur la table, posé devant un siège libre, la bouteille eut tôt fait de le rejoindre tandis qu'elle demandait.


Bonsoir Yeux Noirs. J'espère que cette place est libre car elle est désormais mienne.

Sans attendre de réponse, elle fit tourner la chaise, dossier contre table, s'y assit à califourchon, déboucha la bouteille pour en remplir les deux verres avant de les entrechoquer.

A la vôtre. Vous me semblez songeur, puis-je vous aider?

Coude sur le dossier, menton au creux de la main gauche, main droite portant une gorgée de vin à ses lèvres, l'amante observait les traits du bourguignon, prête à à peu près tout, sauf à le laisser. Et s'il commençait à la connaître, cette idée ne lui viendrait même pas à l'esprit.
_________________
Gaborn
Même taverne, même moment.

Un verre de vin, ça se déguste, ça s'apprécie. Dans le silence parfois, dans l'animation de temps en temps mais on s'en délecte. Là, le verre de Gaborn se trouva coupé alors qu'un verre -vide- venait se poser sur la table. C'est ça d'être plongé dans ses pensées, on en oublie le monde autour.
Un regard qui se lève pour prolonger la main -jolie au demeurant- pour passer par coude et épaules et finir sur le visage de son Émeraude Violette.
Voilà qu'en plus elle prenait un siège au son de


Bonsoir Yeux Noirs. J'espère que cette place est libre car elle est désormais mienne.

et qu'en plus elle s'installait à califourchon. Bon, heureusement elle était en tenue de voyage, Dieu qu'il la préférait en robe, cela mettait tellement plus en valeur sa silhouette... Quoiqu'il en soit, elle était en braie et donc en cette position ne montra nul jupon. L'épée reposant sur le coté, c'était tout de même plus simple que la sienne qu'il avait du enlever pour la suspendre par le baudrier à la chaise.
Quittant là ces regrets de la voir en tel accoutrement, et accessoirement les pensées liées à cela, il se concentra sur la bouteille entre eux posée. Les verres -vides- furent remplis tandis qu'elle lançait joyeusement.


A la vôtre. Vous me semblez songeur, puis-je vous aider?


Comme si on pouvait l'aider et comme si ELLE entre toute, avec ce qu'elle traversait, pouvait l'aider ! De qui se moquait on ! On n'avait donc même plus le droit de se retirer pour être seul dans cette ville ! Et puis, et puis ! Il énonça à voix haute ce qui lui traversa l'esprit.

Qui dit que j'ai besoin d'aide ma chère ?

Et tac ! Un point pour le Gaborn ! Un demi sourire naquit sur ces lèvres, détendant peut être temporairement le flot de pression né sous son crane de ses pensées. Un deuxième point acquis par diversion celui ci.

Très bon vin... fameux. Merci à vous...


Verre qui monte et bouche qui avale le reste du verre a peine gouté pour emmètre le jugement. C'est pas du cul sec hein, on est pas des cul terreux chez les Hennfield, mais ça y ressemblerait étrangement à qui le regarderait faire.

_________________
Mariealice
Toujours les mêmes

Amusée elle avait suivi le regard étonné qui était remonté de sa main à son visage avant de finir sur sa silhouette et sa posture.

Désapprouvait-il sa tenue? Petit sourire. Non le connaissant, et vu l'expression, il aurait préféré la voir habillée d'une de ces tenues féminines par excellence. Ces robes au décolleté dans lesquels il plongeait avec délice le regard, aux jupons amples ou serrés qui soulignaient sa taille et qu'il aimait soulever dans l'intimité. Seulement pour les voyages, elle s'était toujours sentie plus à l'aise ainsi. Se battre en robe? Non merci. Oh rien ne disait que combat aurait lieu mais elle avait l'habitude de prévoir.

La réponse ne tarda pas tandis qu'il semblait prendre un air presque offusqué qu'elle eut l'idée de vouloir l'aider.


Personne. Juste que je vous connais quelque peu désormais et que je vous ai vu, d'une part, jeter quelque chose dans le feu avant de vous rasseoir, ici, la mine sombre.


Elle se pencha en avant, assez près pour pouvoir lui parler à voix basse et lui fit signe d'en faire autant. Attente qu'il finisse son verre, qu'il se penche avant de lâcher.

Et voyez-vous, Votre Grasce, je ne sais ce qu'il se passe, et vous avez tout à fait le droit de ne point vouloir me le dire, mais il me semblait normal de vous faire savoir que si besoin, je suis là.

Buste redressé, noisettes pétillantes pour un temps mais qui, pourtant, soulignaient ce qu'elle venait de dire. Qu'elle n'aille guère était un fait, que pour cela elle dut se fermer aux douleurs des gens aimés, n'était pas envisageable.

Verre remplit à nouveau, bouteille levée pour en faire de même avec le sien, regard sur lui.

_________________
Gaborn
En avance de plusieurs centaine d'année, Gaborn aurait pu -si seulement il en avait eu l'idée- chanter une ritournelle aux paroles très claires : elle m'enerveeeeeeeee. Toutefois il ne le fit pas. Adressant toutefois une prière silencieuse à Dieu et à ses saints -pour faire bonne mesure- il écouta sagement ce qu'elle lui disait.
D'humeur clairement détestable, n'ayant pas le moins envie de faire des efforts il lâcha en réponse à sa question.


Je n'ai pas la mine sombre. Et j'ai jeté au feu la dernière lettre d'Armoria. Par la Malpeste il n'y a rien là qui soit à cacher ou qui me faille nécessiter aide ou conseil.

Bon, le ton n'avait pas été trop dur. Les mots peut être un brin, mais qu'importait. Le second verre, en fait troisième si tout le monde suit, fut avalé aussi prestement que le précédent. C'est qu'à parler on a le gosier aussi sec que le désert. Et c'est qu'il avait longuement parlé là... non ? Si... lui répondit une petite voix dans la tête.

En vérité, il ne le reconnaitrait certainement pas de bonne grâce mais il était content d'avoir de la compagnie. Espérant le montrer, à sa manière, il déshabilla Marie des yeux, un regard légèrement teinté d'alcool et fortement teinté de concupiscence... Le vice et la luxure ont de tout temps étaient les meilleurs remèdes à des idées noires... Et quel échappatoire ! En effet, si il y a bien UN moment où l'on ne parle plus c'était celui là ! Allait il en plus glaner une teinte carmin aux joues de la dame ?


_________________
Mariealice
Il n'était clairement pas d'humeur. Entre le regard plus noir que noir qu'il lui lança, visiblement exaspéré, et les mots prononcés, aucun doute possible.

Oh le ton était plutôt calme mais ce qu'il avait dit, avait eu un effet bien pire que s'il l'avait crié, un peu comme une gifle. Et au noir répondit l'émeraude, aussi sombre. Elle avait voulu le soutenir et recevait en retour une fin de non recevoir. Message reçu et compris, il pouvait lui faire confiance, en général elle comprenait vite.

Et le résultat fut une Emeraude Violette se refermant comme une huitre, replongeant plus avant dans ce qu'elle avait tenté de fuir toute la journée. La culpabilité de laisser les enfants sans elle, d'aller encore une fois par monts et par vaux pour d'autres qu'eux. Certes, bientôt ils les rejoindraient. Certes, deux hommes se battant, fusse-t-il pour l'honneur, n'était pas spectacle à offrir à de petites têtes qu'elles soient brunes ou rousses. Mais il n'en restait pas moins un fait. Elle partait. Ils restaient.

Perdue dans ses pensées, elle ne se rendit pas tout de suite compte du regard qu'il lui lançait ni du fait que les verres se vidaient presqu'aussi vite qu'ils se remplissaient. Mais Marie finit par sentir cette petite pointe habituelle lorsqu'on est observé et tourna la tête.

Nouvelle rencontre entre noir et émeraude. Ce qu'elle y lut lui fit monter le rouge aux joues mais pas comme il devait l'espérer. Rouge oui, mais d'une tempête naissante. Oh non.. Aucune envie de se montrer agréable ni de lui laisser entrevoir autre chose que ce qu'il avait présentement sous les yeux. Pourtant d'habitude, une seule de ses oeillades suffisait à la faire fondre et à ce qu'elle fasse tout ce qu'il voulait. Mais pas cette fois-ci.

Visage fermé, regard aussi glacial qu'une pluie d'hiver, à son tour d'avoir droit à la douche froide.


Je crains que Sa Grasce n'obtienne ce qu'elle espère visiblement. J'ai bien compris que vous n'aviez point besoin d'aide, d'aucune sorte.

Elle appuya sur les derniers mots, histoire qu'il comprenne bien ce qu'elle insinuait puis détourna son regard sur la salle après avoir repoussé son verre de vin, croisant les bras sur le haut du dossier de la chaise, ne lui laissant voir qu'un bout de son visage.

Non, il ne verrait pas qu'il lui avait fait mal alors qu'elle ne voulait que le soutenir, et non, elle ne se laisserait pas aller à nouveau en un lieu public. Soit il se rendait compte qu'elle n'était pas là pour subir ses humeurs, soit elle le planterait là et le retrouverait au moment du départ.

_________________
Gaborn
Ahhhhhhh ! Le rouge était monté aux joues. C'est qu'il était doué le Gaborn quand il voulait. Un instant de concentration sur les yeux, devenus Émeraude et la joie du travail accompli... Enfin la joie... jusqu'au moment où dans l'obscurité de son cerveau se furent des dizaines de cors de chasse qui résonnèrent. Un peu comme une alarme. Et d'un coup, ce fut là devant ses yeux. Il avait commis une bévue. Une grosse si il en croyait la tête de Marie en cet instant juste avant que ses lèvres ne s'entrouvrent pour lui assener un coup.

Je crains que Sa Grasce n'obtienne ce qu'elle espère visiblement. J'ai bien compris que vous n'aviez point besoin d'aide, d'aucune sorte.

Bon, il l'avait mérité. Si si objectivement il l'avait mérité. Mais qui se soucie d'objectivité dans ces moments là ? Bon voilà qu'en plus elle se calait sur son siège de manière à ce qu'il ne la voit plus. Tiens... Bouffée de colère en lui, là d'un coup.
Analysant la situation comme détaché de lui même, il vit presque ses mâchoires frémir tandis que ses doigts enserraient avec violence le verre de vin... vide.
Mouvement de diversion commandé par un esprit qui montait doucement... enfin doucement... qui montait en pression. Seconde main qui enserre la bouteille et la vide dans son verre. Là, geste dont il regretta tout de suite la porté. Tant pis, le vin tiré il faut le boire.
Aussi regarda t il la bouteille voler jusque dans le foyer de la cheminée. S'ensuivit un bruit caractéristique, celui du verre qui se brise.

Tavernier qui relève vivement la tête, la main se déplaçant vers le bâton caché sous son bar. Regard du Duc qui le foudroierait bien... si tant est qu'il puisse jeter des éclairs. Comme ce n'est pas le cas, il se contente d'un regard de réduire le pauvre homme au silence. Enfin... lui et sans doute l'homme d'arme qui le suit partout et qui présentement se trouve à quelques tables de là, tout proche du tavernier. Ce qui est bien quand on est noble, c'est qu'on a toujours un homme d'arme non loin qui vous connait et qui sait quand il doit faire taire la gueuserie pour leur épargner la douleur d'une bastonnade non méritée.
Là ce fut le cas. D'une voix calme l'homme d'arme ramena le tavernier dans son giron en lui expliquant que son maitre payait toujours les frais en triple... C'est fou comme la promesse d'écus mêlée à la vue d'un fourreau contenant une arme ramène souvent le calme... Le Tavernier baissa servilement la tête et retourna s'occuper à astiquer ses verres... tout en priant la Sainte Boulasse pour qu'il y ait énormément de casse... Un regard de sa part vers les autres client et habitués, un mouvement de tête pour leur demander de ne pas intervenir. Et il fit bien, vu l'état du Duc, l'homme d'arme aurait pu lui dire que tout étranger le touchant aurait vu une dague plantée dans son ventre avant de ressentir la douleur liée à cette présence incongrue.

Revenons maintenant au Duc et à la Vicomtesse. Résumons nous... Le verre est plein dans la main du duc. L'autre main est posée sur la table, tambourinant. Le regard obscur est dirigé vers la tête de Marie Alice tandis que la voix claque.


Ne détourne pas ton regard !

Oh... et il y a bien évidement cette bouteille totalement éclatée dans un âtre vide... c'est joli le verre brisé. Si vraiment... Par contre, c'est moins joli le regard d'un Duc chargé de colère, de tristesse, d'angoisse, de rage et d'incertitude. Et le pire, c'est qu'il ne savait certainement pas pourquoi il réagissait ainsi...
Et surtout, il réintégra son corps. Plus de vision périphérique, plus de chance de se dire qu'on a été un observateur. Non, il était bien en train d'agir et de parler... Oui c'est même lui qui venait de brusquer Marie et qui, avouons le, n'avait pas été franchement agréable...
C'est fou comme il réagissait bêtement des fois le Duc...

_________________
Mariealice
Sentait-elle l'orage qui montait derrière elle, la rage qui gagnait en force jusqu'à explosion? Celle d'une bouteille contre une cheminée?

Non.

Pour cela il aurait fallu qu'elle ne fut pas déjà en train de canaliser la sienne, de monter à toute allure des digues pour empêcher le fleuve bouillonnant, plus proche de la lave que de l'eau, qui coulait en ses veines, de déborder. Et cela lui prenait déjà une énergie incroyable en temps normal alors que dire celle monopolisée à cette occasion et dans son état?

Epuisée de lutter sans cesse, organisme faisant de son mieux avec le peu de sommeil et de nourriture accordés pour fonctionner, Marie pourtant commençait à aller un peu mieux, à sortir lentement mais sûrement, la tête hors de l'eau. En partie d'ailleurs grâce à l'homme assis à cette table. Mais là, en quelques mots, il venait de détruire les efforts et progrès de plusieurs jours. Le travail qu'elle menait contre elle, gagnant pied à pied le combat engagé en elle, opposant folie et raison, vie et mort.

Le fracas du verre ne lui fit même pas tourner la tête, concentrée qu'elle était à calmer l'ouragan, à diminuer la force du vent, à respirer tout simplement.

Pas plus qu'elle ne vit le manège entre le tavernier et l'homme d'armes de son compagnon. Insensible. Statue immobile où seule la poitrine qui se soulevait était signe de mouvement. Le second aurait pu égorgé le premier qu'elle n'aurait pas levé le petit doigt. Trop loin pour voir... Trop loin pour s'en soucier....

Les mots claquèrent à nouveau, la ramenèrent à la salle qui emplie à nouveau son champs de vision, odeurs et bruits mêlés, présences non plus devinées mais sues.

Lentement elle tourna la tête, comme au ralenti, jusqu'à ce que leurs yeux se croisent à nouveau en un défi muet.

Forêt sombre, aux arbres si nombreux, aux branches si touffues, que nulle lumière ne parvenait à en éclairer les habitants. Que pouvait-on lire dans ce regard là si on s'y attardait, si on passait la première impression de fermeture complète?

La colère sans doute, éclatante, vivace, rugissante. Celle qui faisait crisper les doigts sur le bois.

Mais derrière encore? Que se cachait-il plus loin, tout fond dans cette clairière au centre parfait de cet enchevêtrement de bois?

La douleur. Immense. A en couper le souffle du malheureux assez fou pour s'aventurer si avant. Celle d'une femme, debout au milieu de cette terre froide, les pieds au sol, les yeux vides, la bouche grande ouverte mais dont pourtant nul son ne semblait sortir. Luttant contre les arbres qui grignotaient la clairière petit à petit, réduisant la lumière, interdisant la vie, la rendant muette et sourde, et sans doute bientôt aveugle à toute autre chose que cette plaie sanglante en elle.

Et pourtant, au dehors, la voix qui appartenait à cette même femme s'éleva, froide, cinglante et en même temps si basse que si la bouteille n'avait pas réduit au silence la salle, Gaborn ne l'aurait entendue...


Sinon quoi?
_________________
Gaborn
Dans une salle bondée au silence de mort.

Oh et puis tant pis. Ce furent ces mots là qui firent chuter la dernière limite. Parce que la culpabilité le rongeait. Parce que la douleur le torturait. Parce qu'il aurait voulu avoir mal physiquement plutôt que la voir souffrir moralement.
Parce qu'au moment de lire la lettre il avait ressenti une bouffée de haine envers Armoria. Parce qu'au moment de jeter la lettre au feu il avait fait une croix sur Loewenne et son fils.
Et parce qu'au nom de Dieu il en avait assez d'être gentil et policé. Il voulait du sang et de la violence. De la haine et de la violence. De la colère et de la violence. Et qu'il cherchait la douleur. Simplement.

Alors, il laissa le contrôle à cet autre que lui même. Celui de Savoie. Il ferma son cœur, ses yeux s'obscurcissant totalement. Puits d'ombre, ils devinrent tout à fait des trous noirs. Nulle lumière pour les faire briller. Au contraire, ils semblaient attirer en eux, manger, se gargariser de lumière, l'emprisonnant la faisant disparaitre. Cet autre en lui savourait cet instant où le bon lui cédait le pas pour lui permettre de se lâcher tout à fait...

Ce qu'ignorait cet être, c'est que Gaborn le faisait volontairement. Depuis des jours Marie avaient peu à peu cessé de lutter, se recroquevillant dans son obscurité personnelle. Et il ne pouvait rien faire pour elle, il n'avait même pas su être là pour elle. Alors aujourd'hui, il allait la secouer. Il allait la faire le haïr au besoin, pour qu'elle évacue cette tempête en elle. Il serait le chêne qui supporterait ses coups... Il serait le mur qui arrêterait les pots de terre cuite... Il lui offrirait cela. Alors, il cessa de raisonner pour lancer la furie, la bête au galop. Sa voix baissa d'une octave devenant plus grave qu'à l'ordinaire.


Sinon je planterai ma dague dans chaque personne présente ici, puis je te giflerai pour t'apprendre à ne pas détourner ton regard quand tu es devant moi, femme ! Est ce suffisamment clair ou dois je en plus te l'expliquer ?

Dieu que c'était bon de pouvoir dire tout ce qui passait par la tête. D'insulter, de menacer, de faire souffrir. Gratuitement. Main qui se serre de jouissance autour du verre qu'il fait éclaté, mêlant sang et liquide rubicond. Violence et douleur savouré comme on le fait d'un mets précieux. Ah, la peur... etait ce la peur qu'il percevait face à lui ? Visage de marbre, expression clairement malveillante.

Et pourtant là dedans, au fond de ses pupilles, fenêtres sur son âme ouverte aux vents, c'était l'amour et l'angoisse qui observait le monde autour de lui.

Autre que lui même qui savoure la violence qui monte en lui et autour de lui. Autre que lui même qui esquisse un sourire mauvais, un rictus emprunté à un autre mauvais...

Lui dedans qui espère que Marie cédera la première et qui craint soudain que son plan qui n'en est pas un déraille avant même que d'avoir commencé...

_________________
Mariealice
Silence de mort? Signe avant coureur mais de quoi?

Elles observaient. Silencieuses. Impavides. Droites.

Oui elles.

Celle du dedans, à travers le peu de jour que lui laissait le bois et les feuilles. Celle qui priait encore et encore que tout se calma, que tout cessa, qu'une main secourable vint la tirer de là, sur une prairie verdoyante. Là où seul le ciel décidait si le soleil brillait ou pas, plaçant ses nuages ou les envoyant jouer au loin. Là où elle pourrait courir, rire, s'allonger sans crainte du lendemain et de son lot de douleurs, de déceptions. Vivre en somme.

Celle du dehors, à travers les paupières qui s'étaient plissées. Celle qui n'arrivait qu'à grande peine à vivre justement, espérant elle aussi que cette même main se tendit vers elle. Qu'elle lui montra qu'elle n'avait pas à se croire fautive de tout, parce qu'elle n'était pas fautive de tout justement. Et qu'elle seule se mettait un tel poids sur les épaules.

Les deux le fixèrent alors qu'il lui expliquait en quoi le sinon résultait.

Sourire. Pas le sourire gai en réponse à un bonheur, une plaisanterie, une douceur. Sourire qui avait mené voici peu à un fou rire, dans une taverne bourguignonne, que seul un broc d'eau fraiche avait su arrêter. Il menaçait fortement de se lever à nouveau.

Les émeraudes sombres ne cillèrent pas en se plantant dans le puits noir en face d'elle, voix toujours aussi basse, petite soupape de sécurité mais ne relâchant guère de pression.


Rien que cela? Pourquoi subiraient-ils votre courroux Votre Grasce?

Lentement, la voix s'abaissait encore, lentement elle se relevait, passant une jambe par dessus la chaise pour se retrouver les pieds au sol, les mains à plat sur le bois.

Me gifler? Mais faites donc je vous en prie. Montrez-moi à quel point vous êtes un homme. Parce que c'est cela n'est-ce pas? Frapper une femme pour avoir regarder ailleurs c'est être le maitre. Dois-je aussi vous baiser les pieds?

Un éclat de rire, un deuxième, à peine contenu, voix à l'intérieur de sa tête, supplique pour qu'elle se calma, qu'elle cessa tant qu'elle le pouvait. Mais déjà trop tard. La main brisant le verre, le sang se mêlant au vin, le sourire mauvais, rien ne pouvait plus l'endiguer.

Et le fou rire de monter de son ventre, parcourir ses veines, remonter à sa tête, sortir en notes haut perchées, la secouant tout autant que la forêt l'était à l'intérieur.

Dehors, rire, dedans ouragan. Le résultat était le même, Marie perdait pieds, seuls ses yeux témoignaient de son appel à l'aide, et si on ne l'arrêtait pas très vite, plus rien n'y ferait.

_________________
Armoria
(Ne vous dérangez pas pour moi, vais faire une boucle temporelle. )

De retour en Bourgogne, le 30 mai 1457 :

La folie. C'était la folie qui la guettait, elle le savait, elle le sentait dans toutes les fibres de son âme. Elle avait lu et relu la lettre aimée et maudite tout à la fois, y cherchant un indice, une raison d'espérer, un petit quelque chose à quoi se raccrocher, juste de quoi se dire qu'elle se trompait, que cette certitude qu'il ne reviendrait jamais était stupide.

Citation:


Citation:

    Ma Duchesse, ma mie, mon éternelle promise.
    Armoria,

    Avant tout, pardonnez le manque de respect de certain de vos titres, vous gagerez qu'il en est que je n'ai jamais su retenir... Mais si je vous écrit aujourd'hui, c'est pour me confesser. Me confesser de ma faiblesse envers vous. Envers nous. Je vous ai fui. Oui, je vous ai fui, et la honte de me dévorer car vous le savez, jamais la lâcheté ne me fût jadis conseillère. En tout cas certainement pas ceux qui m'ont, un jour béni, menés à vous.
    En choisissant cette vie recluse, je fuyais votre bon souvenir. Je voulais oublier. J'ai d'abord souhaité tout le malheur sur vous et votre famille. Mais un seul souvenir, une seule image de vous, et tout mon être me prouvait que je n'étais pas capable de vous en vouloir, de vous haïr... ni même simplement de ne plus vous aimer.
    J'ai tenté de lutter... J'ai laissé le temps éroder ma mémoire, le silence vider mon coeur... J'ai prié. Chaque jour, j'ai prié. Oui mais prié la créature sans nom, pour qu'elle m'ôte à tout jamais la capacité de chérir, d'adorer, d'aimer, de pardonner... Mais je n'eus aucune révélation. Et un temps vide de sens à coulé comme des larmes qu'aucune ombre n'a pu sécher.

    Je dois me résoudre à ce qu'aucun aimant ne puis. Je vous aime d'un amour que je haïs, indestructible et si puissant qu'il m'a réduit au silence... Alors je vous écris maintenant, enfin, après toutes vos lettres que j'ai laissées sans réponses. Pour vous dire que vous êtes tout ce que je souhaité, mais que je me suis corrompu dans la pureté de mes sentiments. Je ne puis plus vivre dans cette damnation d'amour qui me consume. Il est maintenant temps pour moi d'arrêter de mentir, je ne puis plus rester. Je vous ai un jour promis de ne jamais partir sans vous laisser, alors que vous me sauviez la vie. Ou de ne vous voir partir que de ma propre main. Mais je ne puis plus tenir cette trop lourde promesse. Je dois vous écrire que je m'en vais.

    Je ne sais où, je ne sais pour combien de temps. Ni si je ne reviendrais jamais, ou sous quelle forme. Mais de toute manière, je quitte ce royaume qui m'aura arraché ma dernière part d'humanité. Cela fait bien des Ducs qui ne voient plus mes allégeances, et je gage que mes terres seront bientôt saisies. Mais cela n'a plus aucune importance. Je dois nous libérer. Pour peut-être ne jamais nous retrouver.

    Vous êtes la meilleure chose qui me soit arrivée... La pire... Mais surtout la meilleure...
    Du fond du coeur.

    Puissiez-vous jamais me pardonner,

    Philippe.


Le pauvre messager, qui n'avait commis pour seule faute qu'accepter quelques Ecus moyennant le port d'une missive, avait été quasiment passé à la question. Peu en était sorti : un homme vêtu de velours bordeaux, s'appuyant sur une canne, lui avait confié cette lettre en lui disant de la porter à Ménessaire, et de là, une jeune fille blonde l'avait envoyé vers Lyon... Que savait-il ? Il vivait dans l'un de ces petits bourgs qui ornaient la campagne de Saulieu de ces clochers vernissés. L'homme était parti sur le dos d'une belle jument blanche. Pas de voiture armoriée ? Non. Un rubis au bout de la canne ? Une chevalière ornée d'un canard ? Oui. Que savait-il d'autre ? Rien...

Elle avait demandé et obtenu le droit de rentrer en Bourgogne : sur Lyon, la menace était moins vive. Un messager les avait précédés, Snell et elle, de quelques heures. Ses ordres : filer tout droit vers Nuits-Saint-Georges.


Citation:


Lyon, le 29 de mai 1457

Cardinal, mon ami,

C'est en Bourgogne, à un beau Duc aimé et respecté, qu'écrit ce jour une mignonne princesse dont le coeur vient de se briser, et qui n'a de cesse de pleurer... A se demander si les larmes ne se vont pas muer en glace, pour former autour de ce coeur une tour infranchissable.

Cardinal... J'ai reçu hier une lettre dont le contenu m'a plongée dans un gouffre d'inquiétude. Asterius de Merceuil m'y annonce un départ dont je sens qu'il sera sans retour. Je l'ai reçue si loin et pourtant si près, à un jour de la Bourgogne, où je reviens dès demain.

Cardinal... Souventefois, je vous ai dit, écrit, à quel point vous me manquiez : jamais autant que ce jour. Jamais autant qu'en cette heure, je n'ai ressenti le besoin de votre présence, de votre épaule pour m'y appuyer.

Je le vais chercher, je le dois retrouver... M'y aiderez-vous, mon ami ?

Oh, Cardinal, je vous en prie... Je sais que mes lettres troublent votre ataraxie, tant et si bien qu'elles restent bien souvent sans réponse. Qu'y puis-je si j'éprouve le besoin de vous écrire, le plaisir égoïste de savoir que vos yeux découvrent mes mots ?

Cette fois, c'est un véritable appel au secours que je vous lance. Je perds pied... S'il a disparu, s'il ne compte jamais revenir, que vais-je devenir ? Quel lointain espoir guidera ma route ? Quel amère pensée me rappellera tout ce que j'ai sacrifié sur l'autel du devoir ?

Cardinal, je vous en prie... Aidez-moi.

Armoria


Snell, une fois en Bourgogne, ferait le tour des monastères. Sebonemo la rejoindrait à Mâcon, le lendemain. Et elle... Elle devait réfléchir. Que faire, à qui écrire, qui prévenir, où se renseigner ? Sa soeur... Ses amis... Qui avait-il gardé, comme amis ? Le Duc... La Grande Prévôté... Le SRING ? Utiliser ses contacts...

Dans l'auberge où elle avait pris ses quartiers jusqu'au lendemain, la plume courait sur le vélin, aussi légère que son coeur était lourd.


Citation:


Mâcon, le 30 de mai 1457,

Baronne Juliette,

J'ai reçu de votre frère missive plus qu'alarmante, où ce qu'il m'écrit me laisse penser qu'il a l'intention de disparaître du Royaume, n'hésitant pas pour cela à renoncer à ses titres et bien. Je ne cherche en rien à vous cacher mon inquiétude, pour ne point dire davantage, et je vais user de tous les moyens à ma disposition pour tenter de le retrouver. Il m'est tout bonnement insupportable de le laisser errer ainsi loin de tout ce qu'il a connu et aimé, loin de tout ce qui a fait de lui ce qu'il est.

Je suis navrée de vous asséner ceci de façon si abrupte, mais le fait est que j'ai moi-même grand-peine à ne point verser dans la folie la plus sombre.

Je vous en prie, je vous en supplie... Si jamais quelque nouvelle vous parvenait, faites-le moi savoir : c'est par lui que je respire. Même s'il veut que j'ignore où il se trouve, que je sache, du moins, qu'il est en vie et se porte bien. Il a emporté avec lui la meilleure part de moi.

De mon côté, je vous aussi au courant si jamais je parviens à apprendre quelque chose.

Armoria de Mortain


Juliette... D'autres ? Berry, il aimait le Berry. Qui ? Thomas ! Johanara ! Vite, encore du vélin, vite, encore de l'encre, vite, une autre plume !

Citation:


Mâcon, le 30 de mai 1457,

Duc Thomas,

Ce sont les affres des pires craintes qui poussent ma plume ce jour : Asterius d'Harles m'a mandé missive, et je crains qu'il ne soit perdu pour nous. Il semble s'être lancé sur les routes pour ne plus jamais revenir... Si vous avez reçu des nouvelles, je vous en supplie, faites-le moi savoir, je suis sur des charbons ardents.

Armoria de Mortain


Citation:


Mâcon, le 30 de mai 1457,

Baronne Johanara,

Las, cette missive n'a point pour but de vous féliciter de votre récent mariage : elle n'est causée que par ma grande inquiétude. Asterius d'Harles est parti sur les routes, et grande est ma crainte qu'il ne revienne pas. Si vous savez quelque chose de lui, de grâce, dites-le moi...

Armoria de Mortain


Doigts qui pianotent sur le bois de la table... Tentation ô combien forte... Avait-elle le droit ? Mais à quoi bon être Grand Maître de France, à quoi bon n'avoir jamais rien demandé pour elle, à quoi bon avoir toujours accompli son devoir dans l'abnégation ? N'avait-elle pas déjà payé le prix, si amer et si lourd ? N'y avait-elle pas déjà laissé son coeur ? Ses doigts tremblaient quand elle reprit la plume. Sa conscience lui hurlait de ne pas écrire cette lettre, quand son coeur l'y encourageait. Tempête dans son esprit. Pitié, non, encore un peu de lucidité... Pitié...

Citation:


Mâcon, le 30 de mai 1457,

Dame Pisan,

Cette missive doit demeurer confidentielle. Je voudrais que vous lanciez nos services à la recherche d'un homme qui m'a dérobé quelque chose à quoi je tiens énormément. Il est grand et brun, se déplacé avec une cannne-épée de bois noble et ornée d'un gros rubis rouge. Sa vesture est de velours bordeaux, et il ne se dépare jamais d'un long mantel. Il porte une chevalière ornée d'un canard aux ailes déployées.

Soyez discrète, comme à votre habitude. Ne vous saisissez point de lui si vous le trouvez, mettez-le sous surveillance et prévenez-moi : je ferai diligence.

Armoria de Mortain


Elle sortit de son corsage un mouchoir vanillé et s'en essuya les tempes, songeuse. Avait-elle le droit ?

Son regard se porta sur sa robe. Sa robe bleue. Elle ne supportait plus ce bleu. Il lui fallait du bordeaux. Des vêtements bordeaux, et rien d'autre.

_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Armoria
Le samedi 30 mai 1457 :

Armoria de Mortain dit :
**se fait annoncer*

Vaxilart dit :
**Arf! Va devant le miroir et refait sa coiffure! Arf, arf, de l'eau vite! Deux verres de vin, un petit coup de balais! Une voix:*

-Entrez!


Armoria de Mortain dit :
**tenue de velours bordeaux, décolletée comme Asterius l'aimait, vanillée de frais, mais les traits tirés par les nuits sans sommeil, Armoria entre et tend la main à Vaxilart*
*Messire Duc, le bonjour

Vaxilart dit :
**Baise main, arf la vanille!*
Princesse, salut.


Armoria de Mortain dit :
*Ce n'est - hélas - pas une visite de courtoisie
**regard délibéré vers les sièges*

Vaxilart dit :
**se sent mal là, zut encore des emmerdes!*
*Prenez place alors,
*que puis-je pour vous?


Armoria de Mortain dit :
**s'installe, remet en place quelques plis de sa jupe d'un geste distrait et habitué*
*Je sais que les allégeances n'ont encore point eu lieu...
*... Et je sais aussi dans quelle détestation vous vous êtes toujours tenus, mais
**sent sa voix manquer et se redresse sur une profonde inspiration, priant de ne pas flancher*
*Le Duc Asterius a disparu
**se lève et met un genou à terre, humblement*
*A vous, notre suzerain, pour l'un de vos vassaux, je demande assistance

Vaxilart dit :
**surpris, un peu décontenancé...*
-Heu, en quoi puis-je vous porter assistance


Armoria de Mortain dit :
**relève le visage vers lui, attendant un signe pour se relever* Lancez des recherches... Votre devoir n'est point tant de le retrouver que de tout mettre en oeuvre pour ce faire

Vaxilart dit :
*Oh, il a donc littéralement disparu...
*Avez-vous quelques indices sur sa disparition?


Armoria de Mortain dit :
**hésite à lui montrer la lettre, la main remontant vers son canard, dont elle s'empare, attendant toujours de pouvoir se relever, commençant à se demander s'il ne prendrait pas plaisir à la voir ainsi*
*Je n'en ai que fort peu, hélas... Je sais juste qu'au sortir du monastère, il s'est rendu dans l'un de mes bourgs, et que c'est de là qu'il est parti, à cheval

Vaxilart dit :
*uh uh, *acquiescent*
*Bien, je ferai mander une annonce qu'on le retrouve!
**un peu déçu*
*Relevez-vous, et soyez sans crainte


Armoria de Mortain dit :
**se relève et l'observe attentivement*

Vaxilart dit :
*Je vais faire une annonce de recherche, et la ferai distribué à l'Ambassade


Armoria de Mortain dit :
*Pourquoi cette déception sur votre visage ? *lève un sourcil, prête, déjà à sortir les griffes malgré une voix calme*

Vaxilart dit :
*-Déception, il n'y en a aucune... Vous savez que nous n'avons jamais été très proche, lui et moi, sa disparition ne fait ni chaud ni froid sincèrement. Mais au delà des sentiments, il y a le devoir.


Armoria de Mortain dit :
*Hmmm
*Quoi qu'il en soit, Duc Vaxilart, grand merci de ce que vous pourrez faire
**lui tend la main pour prendre congé* La bonne journée, et que Dieu vous garde

Vaxilart dit :
*Bonne journée à vous princesse. Que St-Bynarr nous éclaire en ces moments tragiques


Armoria de Mortain dit :
*Tragiques, de tout coeur, j'espère que non...
**le salue d'une inclinaison de la tête et sort sur son sillage vanillé*

Vaxilart dit :
**attrape une dernière bouffée, et pose le velin sur sa table, il préparait ses mots*

_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Armoria
Dimanche 31 mai 1457 : prières et pêche...

Pas de messe, disait le pannonceau. Pas de messe ? Mais pourtant, les cloches sonnaient... Aucune importance : on était dimanche, elle se rendait à l'église. Elle, pourtant pieuse, avait rarement autant eu besoin du soutien de sa foi. La messe, elle n'y prêterait guère attention, de toute façon. Trop profondément perdue dans ses pensées.

Prier, prier, et prier encore.


Seigneur, Vous qui décidez de chaque chose de ma vie, de la vie de tout être vivant... Vous savez que mes prières ne sont d'ordinaire jamais pour moi. Cette fois fait exception, et je Vous en demande pardon.

Seigneur, donnez-moi de le retrouver. Dans Votre sagesse, donnez-moi la force de ne jamais renoncer, et de toujours y croire. Donnez-moi la force de ne point sombrer... Veillez sur lui, quel que soit le prix que Vous exigerez de moi pour cela. Seigneur, c'est à Vous que je dois d'avoir un instant effleuré ce bonheur qui fut le prix de mon devoir. Donnez-moi de ne point me glacer comme je suis en train de le faire. Asterius porte avec lui ma part d'humanité : que sa recherche m'aide à la conserver intacte.

Seigneur, merci de m'avoir donné de connaître cet homme. Merci. Je le paie ce jour d'une douleur aliénante, mais je n'en ressens nul regret.


**************

Les actes, les mots, les écrits s'enchaînaient, sans désir ni passion, tout juste la force de l'habitude ; elle vivait, tout simplement, sans guère plus y prêter attention qu'à sa respiration. Sa seule préoccupation du moment était ce but qu'elle s'était fixé : retrouver Asterius. Ses prières, à l'église, n'avaient tendu que vers cela. Ses pensées, ses réflexions, en étaient toutes entières occupées.

Que faire, en ce dimanche au temps lourd, un peu voilé, dont les nues portaient promesse d'orage dans la soirée ? Les courriers étaient partis, elle n'avait pour loisir qu'attendre les réponses. Attendre et se ronger les sangs.

Elle avait croisé un gamin, canne de bois grossier sur l'épaule et sourire jusqu'aux oreilles : il allait pêcher. Elle l'avait suivi du regard, et lui avait emboîté le pas. Pourquoi pas, après tout ?

Elle fit jouer les rames aussi loin que possible, tâchant de ne pas trop s'approcher des autres pêcheurs : une fois, l'un d'entre eux avait reconnu la Princesse, et voulant la saluer, était passé par-dessus bord...

Passer par-dessus bord... An dour...


Ma sirène

L'eau qui venait clapoter sur les flancs ventrus de sa barque était claire et douce. Celle qui coulait de ses yeux était salée et brûlante. Elle se débarassa de ses effets, ne gardant que sa camisole, et enjamba le plat-bord, se laissant glisser, saisie par la fraîcheur.

Aucune importance.

An dour. La sirène. Sa Sirène.

Elle se laissa couler, s'aidant des mains pour s'enfoncer plus vite sous la surface. Oh, ne plus jamais ressortir ! La fraîcheur s'accentuait à mesure qu'elle s'enfonçait. Elle sentait son corps s'engourdir.

Ne plus lutter. Juste se laisser aller. Ne plus se battre. Sans lui, à quoi bon ?


Ma Sirène... Sans vous pour me sauver ?

Pas le droit. Elle n'avait pas le droit de renoncer. Pas le droit de l'abandonner, même si sa lettre semblait dire que plus jamais elle ne le reverrait. Elle devait le retrouver.

Se battre. Chercher. Se battre, encore et toujours. Y croire. Et prier.

Elle remonta vers la surface ; ses oreilles bourdonnaient, elle ne s'était pas rendu compte qu'elle était descendue aussi bas. Nulle panique dans ce constat : Dieu serait juge. Comme toujours.

Ses mains reparurent à la surface, avant la blonde tête. Elle rejoignit sa barque, y remonta et s'allongea sur le fond, les yeux perdus dans le ciel, le souffle court.


Asterius... Où êtes-vous ?

De nouveau, son coeur se glaçait, ce cœur que pourtant il lui avait pris en partant.
_________________

Vous pouvez utiliser mes lettres RP.Héraldique
Gaborn
[désolé, du retour en arrière... au pire je vais aller jouer tout seul dans mon coin *boude*]

Le 26 mai, même taverne, même arène

Et elle éclata de rire. Il rêvait ou elle riait… ah non, elle riait… La Folle. La Sotte… L’autre n’aima guère cela, quant à Gaborn, le lâche, il pensa se cacher, loin, très loin en lui. Mais… pfff, qu’il est lourd cet homme avec ces bons sentiments… il resta là coincé au fond du regard de l’autre, cherchant la faille, essayant d’influer sur les paroles et les actes… Sans beaucoup de succès avouons le. Aux mots de Marie, il eut un frisson, tout intérieur soit, mais frisson quand même. Comme s’il pouvait vouloir qu’elle lui baise les pieds…
Là ce fut un moment particulier, un moment de grâce. Il réalisa. Si lui n’était plus lui, elle n’était plus elle non plus… Cela changeait tout… vraiment tout. Il réfléchissait déjà à la manière de reprendre le contrôle quand un bruit ré-attira son attention.
Là il vit la trace rouge sur la joue de Marie. Et en étant un peu plus attentif à son corps, il sentit son bras finir sa route.
Nom de Dieu, pensa t’il. Il l’avait giflé. Si il avait eu son corps, il aurait avalé sa salive avec un petit bruit comique rien que pour montrer qu’il craignait le retour de flamme. Mais comme il n’avait pas son corps, il ne put qu’entendre la voix dire.


Suffit l’Alterac, tu crois que ça va te mener où de rire comme ça ? Et c’est quoi ce regard de femme blessée ? T’as quelque chose à te reprocher ?

Aie, là, ça allait sans aucun doute finir dans un précipice cette histoire…
_________________
See the RP information <<   <   1, 2, 3, 4, 5   >   >>
Copyright © JDWorks, Corbeaunoir & Elissa Ka | Update notes | Support us | 2008 - 2024
Special thanks to our amazing translators : Dunpeal (EN, PT), Eriti (IT), Azureus (FI)