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[RP] La sombre histoire de Germaine Landru

Germaine
Eh bien ! Ça n'va pas, m'dame Germaine ? S'inquiète Raoul/Niçaise la voyant entrer, les traits tirés, les yeux tombants.

J'ai la calebombe en déroute, Raoul ! À m'la claquer contre les murs !
Ah bah, une bonne bière ça vous r'montera tout ça !
Y a des matins, Raoul, quand tu te lèves, tu sens très bien que ça n'ira pas bien !
Ça va d'aller, m'dame Germaine, ça va d'aller... lui tapotant doucement la main.
Chais pas, Raoul, chais pas... j'ai fait un putain d'rêve !
Ah...
Oui... figure toi que j'ai rêvé qu'j'étais maire, que j'étais en train de bidonner ma double comptabilité, quand on a défoncé la porte de mon bureau, mis un sac sur ma tête, saucissonnée proprement et....
Raoul, qui se retient de rire :
Et.....
Ben chais pas, j'me suis réveillée.
C'était un rêve préno... primo... nitoire.
Prémonitoire, couillon ! Et en quoi ce serait prémonitoire, au juste ?
Ben y a eu une révolte cette nuit, m'dame Germaine !

Oh

Sers moi à boire, Raoul ! Faut que j'avise...

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En mode Shadow.
Germaine
Quelques verres plus tard, on peut assister à une scène que je juge personnellement comme dégradante pour l'image de la femme, mais que je me dois tout de même de restituer afin de rester historiquement fiable.

Hips ! Comme j'vous l'dis, m'dame Bertille ! Hips ! À huit qu'y z'étaient, les bandits ! À s'acharner sur moi, qui suis si frêle ! Oooh rigolez pas ! S'tait pas... hips... drôle ! Y m'ont éjectée d'mon fauteuil ! Mon beau fauteuille tout neuf !
Mais.... vous n'êtes pas maire, voyons, madame Germaine !
Hips ! Kouâââ ? Dites tout d'suite voir que chuis une menteuse, hein ? Dites pour voir ! Et la mairie elle a pas été prise, p'têt' ? J'ai rêvé, p'têt' ?
Non, madame Germaine, je dis pas que vous mentez. Enfin, si, mais non. Bon, Raoul, je m'en vais, faut que je fasse la soupe pour l'Edgar. Bon courage !
C'est ça, la Bertille ! Tu f'rais mieux d'lui faire de la ouiche à ton Edgar ! La ouiche lorraine, ça rapproche !
Quiche, m'dame Germaine, pas ouiche m'enfin ! Le fleuron ! s'insurge Raoul, à raison.
Ben moi j'dirai ouiche si ça m'plaît ! Après tout, chuis pas une vraie lorraine, j'ai pas une once de patriotisme !
Allons bon !
Bah oui ! Qu'est-ce j'en ai à fout' ? Y a que l'Palogar, tu t'rappelles, çui qui m'a dit qu'j'avais pas l'droit d'êt' – hips – maire... ben y a que lui qu'a daigné v'nir m'parler !
Alors tu vois, la lorraine et les lorrains, ranafoute !
---
Sers moi une bière, va !

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En mode Shadow.
Germaine
Il a bien fallu quelques heures de sieste à Germaine avant qu'elle ne réapparaisse, fraîche comme un brochet, sourire à la hache.

Oh mais z'avez l'air en meilleure forme, m'dame Germaine !
Toi l'bistrotier, j't'ai pas sonné ! Epicékoi tout ce monde, là ? C'est carnaval ? Y a une noce ?
Aaaaah mais z'êtes pas au courant, Germaine ? Frétille Bertille.
Au courant d'quoi ? D'l'air que tu brasses, la Bertille ?
Oooh – petit rire – figurez-vous qu'y a plusieurs sortes de brigands?
Ah ouais ? Secouant la tête, faussement désolée : t'as pas inventé la lyre, toi !
Ah mais si ! Enfin non ! Mais si ! Ceux qu'ont pris Toul, à c'qu'y paraît, y sont des nobles brigands ! La famille Corleone, à c'qu'on dit !
Ah ouais ? Et mon cul, il est noble aussi ? Et pis, Corleone, c'est pas corse ?
Je sais pas...

c'est quoi, corse ?

J'en sais rien. Ça me paraissait bien !
...
Sont peut-être ritals ?

Ah non !
Bah pourquoi non ?
Un groupe de brigands italiens, y s'appellerait Cornuto !
Ah oui, vu comme ça...
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En mode Shadow.
Germaine
En ce trentième jour de janvier, Germaine a perdu de sa superbe... déjà hier, on l'a bien senti, mais là, elle se traîne lamentablement jusqu'à la taverne de Raoul, les cernes lui dévorant les joues qui se sont creusées. Elle n'a mangé que du pain, acheté à Carolane, mais même ça n'est pas passé.

Aah m'dame Germaine ! Z'avez vu ? La mairie a été reprise aux Corléone ! C'est Constance de Clèves qu'est maire !

M'en fous ! Chuis malade ! J'ai mal partout ! Alors la mairie, hein, s'pas mon problème !

Ben m'dame Germaine, faut pas vous laisser aller ! Paraît qu'c'est rien c'te maladie ! M'dame Bertille elle l'a eue aussi, ben elle est guérie à c't'heure !
La mère Bertille, c'est qu'une dinde ! Ranafoute de ses maladies !
Houlà ! J'vois qu'vous êtes pas d'humeur, m'dame Germaine ! Une tite bière ?
Ah ! Quand même ! Ben oui tête de pioche !

Oh j'allais oublier, m'dame Germaine ! Z'avez du courrier !
Non mais tu pouvais pas l'dire plus tôt, andouille !

Ah ben tiens ! S'exclame Germaine à la lecture du premier courrier. Y a la Cornuto, celle qu'a été maire mais qui l'est déjà plus, tu sais, Raoul ? Celle que tu lui lorgnais les fesses ? Ben elle m'a fait un certificat pour l'conseiller du comte qu'est duc. Faut croire qu'elle aime se faire crier d'ssus !
Mais quand même, m'dame Germaine ! Elle aurait pu porter plainte, comme même...
Quand même.

Et l'aut' lettre, vous l'ouvrez pas, m'dame Germaine ?

Nan.
C'est mon jardin secret.

Oh mais pardon, m'dame Germaine.
...
Même les femmes comme moi ont un jardin secret, Raoul.

...
Houla ! Je vous remets une bière !

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En mode Shadow.
Germaine
Il y a des matins comme ça, où tu te lèves, tu mets le nez à la fenêtre et tu aperçois un truc qui t'oblige à te frotter les yeux comme une mouche parce que tu ne crois pas ce que tu vois. Germaine n'y échappe pas et, enfilant sa lourde cape, file au menu trot à la taverne de son ami.

Raaaaaaoulllll ! Ma.... mon escorte est arrivée !

Votre escorte ? Mais d'quoi donc que vous m'parlez, m'dame Germaine ?
Ben mon escorte !
...
Ah mais oui, je t'en ai pas parlé ! T'as qu'à t'asseoir, va ! J'vais t'espliquer !


De sa besace elle sort quelques lettres froissées.

Voilà ! Y a 15 jours j'ai écrit à l'avoyer de Genève pour...
C'est quoi un avoinier ?
Ben c'est en quelque sorte un maire, sauf que c'est plus qu'un maire. Bref.... j'y ai écrit, pour lui demander s'il pouvait me fournir une escorte pour v'nir me chercher ici et m'amener à Genève.
Mais... pourquoi qu'vous voulez partir à Genève ?
Ben ici j' me fais chier !
Ben z'avez qu'à vous occuper, faire d'la politique ! J'vous verrai bien en...
Non mais là j't'arrête tout d'suite ! Jamais j'f'rai d'politique ! Chuis une humaniste, moi ! Oui, parfait'ment ! Une humaniste ! Et éclairée encore !
Z'avez pas soif, m'dame Germaine ?
Ventrecouille, un peu oui, qu'j'ai soif !
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En mode Shadow.
Germaine
Quelques chopes plus tard...

Ouais ! J'disais donc qu'il m'a répondu, m'a dit de m'rapprocher d'la Compagnie du Léman. Du coup, j'leur ai écrit aussi et d'puis sa dernière lettre ben j'attends !
...
Et ?

Et ? Ben niquedouille, mon escorte est arrivée j'te dis !
Ben d'où qu'elle est c'te fameuse escorte ?
Aux portes de la ville, môôôôssieur je doute de tout ! Même que j'ai vu la bannière helvète qui flottait !

Et comment qu'elle est c'te bannière, madame je sais tout ?

Ben comme une bannière, quoi, comme ça et pis elle flotte au vent, c'est beau !

Mais...hum... si j'peux m'permettre, m'dame Germaine...

Quoi ? Sourcil levé.

Ben vot'bannière, là... c'est... comme qui dirait... ben c'est pas une escorte.

Ah ouais ? Et tu peux m'dire c'que c'est alors ? Œil qui fulmine.

C'est l'armée de Fatoume...



Quouââââ ? Y m'ont envoyé une armée pour m'escorter ?

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En mode Shadow.
Germaine
Germaine est rentrée chez elle pour y déjeuner d'une soupe de légumes et d'une miche de pain achetée au pétillant Upsa, l'un de ses boulangers préférés, bien que muet, comme tant d'autres. Puis elle est allée vite fait récolter les choux du potager de Palogar, pour un salaire de 16 écus. Ça a été rapide, les vers blancs avaient quasiment tout ravagé. Du coup, la voici de retour en taverne.

Ave Raoul ! Une chope !
Tout d'suite, m'dame Germaine !

Alors ? Z'en êtes revenue, d'votre idée d'escorte ?


Fais pas chier Raoul ! Déjà que j'me bats avec les pigeons d' Floche de Raie au Mont Caboche, un truc comme ça !

Pourquoi, m'dame Germaine ? Kècekizon les pigeons d'la duchesse ?
D'la duchesse ? Ah, c'est une duchesse ! Ben elle m'a écrit, mais elle m'appelait Aminus, ça m'a vexée. Pis j'ai rien compris à ce qu'elle disait. Alors j'y ai répondu que son pigeon, ben y s'était gourré.
Bah c'est pas grave, m'dame Germaine !
Ben si, elle m'a encore écrit.
Ah bon ! Et elle dit quoi?
...
Sans indiscrétion, hein !
C'est peut être vot'jardin secret, m'dame Germaine.


Elle le regarde, l'oeil soupçonneux, se demande s'il se fout d'elle puis se dit qu'il est bien trop con pour faire de l'ironie.

Ben elle dit que le courrier était au nom d'un autre mais adressé à moi aussi et que Toul est en grand danger.
Ben kèce vous allez faire ?
Ben chais pas. Toi tu m'dis que c'te armée c'est des brigands de chez Fatoume. Moi j'ai bien vu que c'était l'drapeau d'Genève.
Et alors, vous allez quand même pas les laisser attaquer la ville ?
Dis donc, toi ! T'es un grand gaillard, t'as qu'à y aller au lieu de vouloir envoyer des faibles femmes ! Namého !
Mais... Germaine... Savez bien que j'suis s'condaire dans c't'histoire... j'pourrai rien y faire !
Ben moi j'm'en fous ! J'me battrai pas contre mes futurs concitoyens ! Chuis neutre, voilà !
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En mode Shadow.
Germaine
Pauvre Germaine, qui s'affaiblit. Cette maladie... et le jeûne. Enfin, au niveau solide, parce que la Landru, elle fait dans la restauration gastroliquide. Ça a ses avantages, on oublie les douleurs, et ses inconvénients, on oublie de manger.

Mais bon, ce n'est pas ça qui va nous démonter le moral de notre emmerdeuse.
Et la voici entrant dans la taverne, à petits pas comptés, précautionneusement, histoire d'apitoyer les habitués.


    Salve, les gens ! Oh, Raoul ! Prépare moi un vin chaud ! Fait un froid d'gueux !
    Tout d'suite, m'dame Germaine ! Alors ? Quoi d'neuf ?
    Bah ! Rien qu'du vieux, Raoul ! Rien qu'du vieux !

    Dis donc ?

    Oui, m'dame Germaine ?
    J't'ai pas dit qu'ma hache s'est brisée ?
    Ah ben c'est normal, ça ! C'est pas éternel, une hache !
    J'te parle pas d'éternité, j'te cause que ma hache, j'm'en suis servie que 5 fois !
    Ah ça, j'dirais... euh... qu'vous vous êtes fait rouler, m'dame Germaine !

    Mmouais... L'avait l'air honnête, pourtant, malgré son nom, ce marchand !

    C'était qui ?
    Clément de Mon moute ! 160 écus que j'l'ai payée !
    Ah ben vous z'en êtes d'vot'poche là !



Citation:
02/02/1461 04:07 : Votre hache s'est cassée alors que vous l'utilisiez. Il ne vous reste qu'un misérable bâton 'Made in China' et vous pleurez à chaudes larmes.


    J'crois que c'est le fer qu'est pourri ! Chuis sûre qu'y gardent le bon pour faire des armes pour chasser le fatoume et qu'y laissent la mauvaise qualité pour les outils !

    J'vais aller doléer à Nancy ! Vont m'entendre, les duchistes !

    J'viens avec vous m'dame Germaine, j'vous protégerai !
    Ben Raoul, j'dis banco pour Nancy !

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En mode Shadow.
Germaine
Quelques jours se sont écoulés depuis les « évènements ». Germaine a décidé de raconter cette folle journée, qu'elle classera plus tard dans la rubrique « Fatum » - sous-rubrique « Ecorcheurs », en couchant ses mots sur le papier recyclé helvète.

Sur la page de garde, le curieux qui regarde par dessus son épaule pourra lire :




    OTAGES DE FATUM
    Témoignage d'une rescapée.
    Vécu et décrit par Germaine Landru
    ,


.Une nouvelle feuille. Le premier chapitre.



1 - "La Salle de Doléances" ou "Quand Vomito a changé mon destin."

Après ma mésaventure dans les bois de Toul, j'avais décidé de sortir enfin de mon trou pour aller en salle de doléances exposer la mienne.

Il se trouve que je suis arrivée juste derrière une femme enchignonnée, qui demandait l'entrée au garde.

A cet instant précis, je n'ai pu me retenir de chantonner.
Lorsque le garde s'est tourné vers moi, je lui ai répondu :


    Tout pareil que la Laidie, j'veux parler au Diouque.


Le garde est parti nous annoncer. Il y avait du monde, en particulier un casse-pieds intarissable.Assise sur le banc, aux côtés de la Rosse Biffe, j'ai rongé mon frein en m'éventant avec vivacité, quand un petit margoulin est arrivé, prétendant nous passer sous le nez. Je m'apprêtais à râler à juste titre mais le drôle a vomi aux pieds du porte parole..

Outrifiée, je me suis tournée vers ma voisine :

    J't'enfermerais ça dans un placard pour lui apprendre les bonnes manières, moi!


Mais pas moyen d'avoir une conversation soutenue dans cette salle! Voilà un type qui colle une affiche, observais-je alors. De là où j'étais, je ne pouvais la lire.

Et voilà que l'homme qui portait doléance devant le porte parole s'avance vers ma voisine et moi et nous apostrophe..

Je l'ai écouté avec uns stupeur grandissante, avant d'exploser.

    Nan mais vous vous êtes tous donné l'mot ou quoi? Depuis quand je suis votre bonniche? Je suis une Landru, moi, Monsieur! Z'avez qu'à lécher vous même, z'avez l'air pas mal dans l'rôle!


Me tournant vers la Lady :

    Je vous laisse, Laidie! Je reviendrai plus tard!


Et j'ai quitté les lieux.

Si j'avais su...


Germaine pose la plume, se tourne vers Raoul :
    Raoul! Me faudra ton témoignage!
    Témoignage de quoi, m'dame Germaine?
    ...
    Aaah mais réfléchissons ensemble... De quoi qu'tu pourrais bien témoigner? T'en aurais pas une p'tite idée?

    ...
    Ah mais oui! Chuis con des fois! Mais j'vous préviens, m'dame Germaine, j'écris pas très bien!

    J'm'en fous de comment qu't'écris! Ce que j'veux, c'est que tu racontes!

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En mode Shadow.
Raoul, incarné par Germaine


Confier un travail d'écriture à Raoul revient à lui demander de broder les culottes de Germaine. Quelque chose d'inaccessible et pourtant si proche. Il a tourné et retourné dans sa caboche le moyen d'accéder aux désirs de la Landru. Tout au moins à celui qu'elle avait formulé clairement, témoigner par écrit.

Peut-être qu'elle m'appréciera un peu plus... conclut-il avant de se mettre à la tâche.



Quelques heures, pintes servies, tripatouillages de moustaches plus tard, bien plus tard donc :


    T'nez, m'dame Germaine ! Mon témoignage !




Témoiniage de Niçaise Findrasse, dict Raoul

Tou ta comansé quan madame Germène a vu son nouti se brisé. Elle s'été fé avoire, alore elle été pa contante du tou. Elle a voulu se plindre o duque, mai elle a pa pu a cose du vomi.

Alore ji è propozé de visité Nanssi é je lé anmené dan lé ru malfamé é dan lé ru pa malfamé.

Toutacou, on a vu in ga qui colé une afiche mé y fezai noire é on a pa vu se qui avé écri desu. On na pa tré bin conpri apré, y avé dé solda qui nou crié desu, é y avé une viaiye avèque in boné an dantèle que s'été moche, é y a dé brigan qui son venu.

Pis y a u dé flèche, même que j'été pa rasuré, mé Germène s'an fiché, elle ralé toujoure.

Apré elle m'a acusé d'ètre le chef de fatoume mé sé pa vré é jété pa contan du tou. Apré jé conpri, sé parse quèle voulé fère 10 ver sion. Mé sa a pa marché é on sé fé ataché ansanble é on nou za gardé an otage. Dan une églize, é madame Germène èle été an colère pasquèle ème pa lè curé.

Apré y nou zon libéré.

Sété la nui du 2 févrié 1461.

Raoul

Avec angoisse, il tente de déceler la moindre mimique de son amie qui lui indiquerait ce qu'elle pense et, avant même qu'elle dise quoi que ce soit, lui lance :
    Dites, m'dame Germaine ! Pourquoi qu'vous portez pas plainte cont'les autorités ? Moi aussi, j' témoignerai qu'y z'ont même pas essayé d'nous délivrer !

    Ouais ! Surtout qu'j'ai pas d'réponse à ma d'mande de laisser-passer ! Si j'suis obligée d'rester ici, faudra bien qu'ils me l'paient ! D'une façon ou d'une autre !
    Bien parlé, m'dame Germaine !
S'exclame Raoul, heureux d'échapper à la critique littéraire de l'implacable amie.
Germaine
Germaine arbore un sourire satisfait. Elle vient d'écrire une lettre mais, avant de l'envoyer, en fait la lecture à Raoul.

    Alors, voilà, Raoul!


Elle lit :

"De Germaine Landru, touloise, au Capitaine de Lorraine, Capitaine,"

    Oui, j'écris au capitaine, en fait! je me vois mal porter plainte, non?
    Bin pourtant...
    Oui bin non!

"Je viens par cette bafouille porter à votre connaissance l'irresponsabilité des soldats lorrains en général et, en particulier, du Général Loguen,"

    Dis, t'es sûr qu'il est général, au moins?
    Tout c'qu'y a d'plus sûr! j'm'y connais en grades!
    Bon...

" qui a abandonné deux civils aux mains de dangereux brigands du Fatum, durant la nuit du 2 février 1461."

    C'est qui, les deux civils, Germaine?

    ...
    Bah nous, andouille! mais laisse moi lire!


"En effet, ce dernier, après avoir accusé mon guide, Niçaise Findrasse, dit Raoul et moi-même d'appartenir à cette bande et nous avoir ordonné de monter dans un chariot pour nous emmener au Château aux fins d'interrogatoire, le cheval s'est emballé et a échappé à l'un des soldats,"

    C'est gentil ça, de dire que j'suis vot'guide!
    Oui, c'est bon, c'est pour faire sérieux!


" nous menant dans une course folle dans les rues de Nancy en compagnie de prétendus malandrins, molestés par vos soldats.
Je suis tombée à bas du chariot, sonnée, de même que Monsieur Findrasse."


    Ouais! même que j'ai eu drôl'ment mal! J'ai encore des bleus sur...
    Oui, bon ça va, on s'en fout de tes bleus!


" Je ne sais où étaient passés ceux qui sont supposés défendre les lorrains. Nous avons alors été capturés par les malandrins dont j'ai parlé ci-dessus, qui nous ont torturé, saucissonnés, affamés et je fus moi même violée, le tout dans une église !"
...
Violée? ... Quand?

Rhooo, me casse pas les pieds, j'ai brodé, pour attendrir le capitaine!
Aaaah! j'préfère!
Oui moi aussi, figure toi! Bon!

"Bienheureusement, j'ai pu nous détacher et nous avons pu nous enfuir. Mais dans quel état !
Pourtant, je ne tiens pas à déposer de plainte, car je désire quitter la Lorraine très prochainement. J'attends une escorte, dont j'ai confié les noms au Prévôt pour une demande de laisser-passer, à laquelle je n'ai pas eu de réponse."

    Ah alors c'est bien vrai qu'vous partez?
    ...
    Mille fois que je te l'ai dit!


Elle reprend :

"Vous l'aurez compris, je compte sur votre compréhension pour réparer les torts qui m'ont été faits en appuyant cette demande de laisser-passer.
Courtoisement, Germaine Landru"


    Voilà! Qu'est ce que t'en dis? Je l'envoie comme ça?
    J'en dis que je vais m'ennuyer quand vous s'rez plus là!
    Bon, je l'envoie, donc.

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Germaine
Matin frileux du 16 février 1461

Raoul ! J'ai fait un rêve merveilleux !
Ah bon ? Racontez nous ça, Germaine ! L'on notera que Raoul devient plus familier, ce qui n'est pas plus mal, parce que « m'dame Germaine » ça fait un peu plouc.
Sers moi donc une chopine !
Verre posé sur la table, Germaine s'exprime.
Ah au fait, Raoul ! Le Capitaine de Lorraine m'a déjà répondu !
Ah oui ? Mais vot'rêve, là ?
Germaine, l'oeil sévère :
Il m'a dit que Loguen était sergent.

Sergent, Raoul ! Pas général !
Raoul, penaud : ah... ben.... j'croyais... y z'ont dû changer les grades, pour sûr !
Mmouais... passons ! Il me dit qu'il est désolé, qu'il espère que j'vais mieux.
Ah ben pour aller mieux, vous allez mieux, ça c'est sûr !
Haussement de sourcil de Germaine, qui soupçonne Raoul d'ironiser.

J'aime pas trop tes commentaires, Raoul !

Bon, il m'a écrit qu'il montrera ma lettre au conseil !

Ah, ben ça avance vot'affaire alors !
Ben j'espère... parce que j'crois qu'il veut utiliser mon courrier pour autre chose !
Bah ! C'est pas vot'problème, Germaine !
Si tu l'dis !

Et vot'rêve, alors ?

Bah, j'ai oublié... ça avait un rapport avec le fromage.
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Germaine
Germaine entre dans la taverne, le front barré d'une ride soucieuse.

B'jour Germaine! Ben alors, ça a pas l'air d'aller bien fort!
...
Ben non, ça va pas, j'ai pas l'moral!

Allons, Germaine! Faut pas vous laisser abattre! qu'est-ce qui va pas?
...
C'qui va pas? Tu m'demandes c'qui va pas? Ben tu l'vois bien, chuis toujours là!

Oooh! j'ai compris! Z'avez pas d'réponse pour vos laisser-passer!
Exactement! des propres à rien, j'te l'dis! Pourtant pas dur de signer trois papelards!
Ben p'têt' qu'y sont comme moi, y veulent pas vous voir partir!
...
Et pourquoi qu'y voudraient pas, hein? j'leur sers à quoi, hein? j'défends pas la ville, j'ai pas d'champ, pas d'échoppe et j'travaille même pas à la mine!

...
Ben quesse vous faites de vos journées alors?

...
J'te l'ai d'jà dit, j'coupe du bois! Dans dix ans, je s'rai toujours là, à couper du bois!

Et vous en faites quoi de tout l'bois qu'vous coupez?
Je l'garde! J'me f'rai ptêt' construire un bateau, voilà!
...
Un bateau? Vous savez m'ner un bateau, vous?

Et pourquoi que j'saurais pas, hein? j'sais m'ner ma barque, alors un bateau!
Mais...
bon, si vous l'dites!

Oui, j'le dis!
...
Faut que je réécrive à cette Prévôte là, cette malpolie! Pis au Cap'taine, tant qu'j'y suis!

Euh... vous pensez pas qu'ça risque de les énerver si vous insistez?
Quoi insister? C'est pas humain, moi j'dis, d'laisser les gens dans l'expectative!
Les specks hâtifs?
La ferme, Raoul!
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En mode Shadow.
Germaine
Une bonne journée. Germaine a reçu des nouvelles. De son escorte, de son ami Robert et surtout la réponse à sa lettre adressée à l'Avoyerie de Genève.
Toute guillerette, elle brandit le parchemin en entrant dans la taverne.


Raoul, tu peux préparer tes affaires !
Mes affaires ? Pourquoi ?
Tu pars avec nous pour Genève.
Qui ça, nous ? Votre escorte est arrivée ?

Moi ?
À Genève ? Mais... et ma taverne ?

T'en ouvriras une autre, et t'auras du monde. Ici, à part moi et deux ou trois vieux poivrots, t'as personne ! Et me dis pas l'contraire !
Ben... faut que j'réfléchisse, comme même !
Quand même !!! Ben tiens, écoute donc ça, tu comprendras mieux, j'te lis la lettre que j'ai reçue.



Ma chère Germaine,
J'espère que vous êtes proche du départ et vous écris pour vous confirmer que l'avoyer a accepté votre candidature pour le poste de Tribun de Genève. Félicitations !
Je vous ai expliqué dans un précédent courrier le fonctionnement de la Confédération Helvétique et je vais aujourd'hui vous conforter dans votre décision de venir vous y installer.
La porte-parole du Conseil des XII a fait connaître une nouvelle, dont je vous retranscrit le principal.


Citation:
Grâce à une gestion rigoureuse des mines par notre éminent commissaire aux mines, Messire Atomlik, ainsi qu’aux bénéfices perçus sur la vente des animaux par notre Bailli, dame Aurea,
[...]
Le conseil des XII a décidé de redistribuer une partie des bénéfices de sa gestion optimale aux six cantons.
Chacun des cantons va ainsi se voir attribuer une subvention de 500 écus par semaine pendant un mois, soit au total 2000 écus par canton, ou encore 12000 écus redistribués.
Chaque avoyer sera libre d'utiliser l'argent à sa guise.

Car quand on y réfléchit un peu, entre le gaspillage, l’organisation de la milice, le remplissage des quotas, des mines, ces écus sont bien mieux dans la caisse des cités, qui peinent à joindre les deux bouts et doivent parfois faire face à une désertion de leur population active, qu’à dormir dans le coffre-fort de la Diète, à attendre la visite impromptue de quelques soudards impériaux... ou autres.

Ailleurs, chez les miséreux, beaucoup de duchés ont une trésorerie en banqueroute et croulent sous les impôts et les taxes.
Chez nous, le conseil des XII redistribue au lieu de prélever. Il est au service des cantons.
Ce jour […] l'expression prend tout son sens.
Faites le savoir autour de vous [...]

Je vous laisse le soin de commenter ce texte, et je vous attends avec impatience.

Votre dévoué,
Robert Arctor


Alors ? Qu'est ce t'en pense ?
Ah ben ça ! Pour sûr ! Jamais vu un duché qui donnait de l'argent aux mairies !
Ouais ! Et y a pas d'impôts!
Ah, mais dites-moi, Germaine ! C'est un vrai paradis d'où qu'vous voulez m'emm'ner !
Tu l'as dit, Robert ! Un paradis !
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En mode Shadow.





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