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[RP] Parfois le plus pénible n'est pas la blessure...

Eusaias
Citation:
Hrp :Bonjour.

RP fermé et réservé au camp royaliste lors des combats près de Langres.
Mais également ouvert au médecin royal.

Si vous n'êtes ni des uns, ni des autres, un petit mp pour expliquer pourquoi et comment et on vous trouvera sans doute une place.

Bon jeu.

Ps : Omar*rature* Actarius m'a tué..



Le roi avait ouvert les yeux et scrutait dans le ciel les charognards en train de tournoyer au-dessus de ce qui avait été le champ-de-bataille. L’odeur du sang agressait ses narines, mais autour de lui se trouvait les preux qui l’avaient accompagné.

Les étendards de Champagne, de Bourgogne et de France claquaient autour du blessé. Des charrettes à provision furent aménagées en chariot pour blessés.
Combien étaient-ils dans son état ? Combien de morts ? Ses enfants allaient-ils bien ? Thoros gisait-il au sol, vidé de son sang ?

Bien que la route fût chaotique, le remuant de droite et de gauche, il ferma l’œil toujours sans avoir dit un mot, la douleur comme seule compagne.



Hospice le plus Proche…

Ce n’est que bien plus tard qu’il ouvrit les yeux dans une chambre trop sombre, sentant l’humidité et la poussière à plein bec. La pièce avait été divisée en deux par un drap blanc accroché à une cordelette. Il était rafistolé « à la va vite » sans doute dans l’attente de l’arrivée du médecin royal.

Lorsqu’il interrogea une sœur qui lui changeait le linge sur son front, il apprit qu’il était dans l’ancienne commanderie templière d’Avalleur située à Bar-sur-seine. L’ancienne commanderie était devenue un hospice de fortune et en ce jour accueillait non pas un soldat champenois, mais le Roi de France.

C’est d’ailleurs grâce à celle-ci qu’il su que par manque de place, il devait partager sa chambre avec le Roi d’Arme.

Ingeburge dans sa chambre, elle devait être heureuse… Il aurait d’ailleurs bien ri de la situation, s’il savait au moins dans quels états étaient les siens.

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Rosalinde
    Maudit Aimbaud !


Voilà un leitmotiv qui reviendrait souvent entre les lèvres de la Rousse, pour de longues journées à venir. Et si Rose avait eu quelque pouvoirs mystiques à la Jacques de Molay, nul doute que le Josselinière verrait sa descendance affligée de tous les maux de la terre pour les 27 génération à venir. Encore fallait-il qu'il en ait une, de descendance, haha ! (C'était la minute méchanceté de la narratrice, merci).

Minute méchanceté, temps additionnel : Non, je ne vous conterai pas comment Rosa en était arrivée là. Suffit d'aller lire ici.

Mais elle se réveillait de sa sieste. Si on peut appeler ça une sieste, elle avait dormi de longues heures durant, d'un sommeil agité par la fièvre qui l'avait prise (suite à la transmission des miasmes d'Aimbaud, d'où la malédiction, suivez un peu !), et avait fini par se réveiller en nage, encore plus pâle qu'à l'accoutumée, les yeux brillants et le front luisant. Des souvenirs de la bataille avaient hanté ses rêves, cris de guerre, hurlements de douleur, et il lui avait fallu quelques secondes pour réaliser qu'elle se trouvait à l'infirmerie.

Plus de période de latence, cette fois la douleur la reprend immédiatement, et la belle au bois (du crâne) anciennement dormant de grimacer tout son saoul, cependant qu'elle se trouve prise d'un réflexe stupide : Faire bouger doigts et orteils, pour vérifier qu'il ne manque aucune partie de son anatomie. Rassurée sur ce point, elle put reposer sa tête au milieu des plumes de son oreiller. Que faire ? Manifestement, elle n'était pas seule dans la salle, celle-ci se trouvait divisée, à l'instar de la chambre d'Eusaias, par des draps blancs tendus sur des cordes. Sauf que manifestement, ici, ils devaient être plus de deux dans la pièce. Qui étaient ses voisins ? Sans doute le découvrirait-elle plus tard.

Car pour l'instant, elle avait un autre problème à gérer, problème qui venait de faire son apparition dans le champ de vision de Rosalinde, et qu'elle avait immédiatement pu identifier comme un médicastre. Elle était très douée pour les reconnaitre, ayant depuis toujours manifesté une méfiance aiguë envers cette espèce, au point de n'avoir accepté qu'un remède de l'Anaon quand Moran lui avait lacéré le ventre. Ceci dit elle ne s'expliquait toujours pas pourquoi elle avait fait confiance à la Bretonne, mais passons. Car cette méfiance, additionnée à la fièvre, menaçait de se transformer en peur panique. Et avant même que l'homme ait pu dire quoi que ce soit, elle lui lance un autoritaire :


- Ne m'approchez pas ! Je les connais, les charlatans de votre genre !

Autrement dit, il était hors de question qu'elle s'étale sur le crâne un cataplasme à base de chiure d'âne fermentée ou qu'elle boive un sirop à la pisse.

Telle la biche aux abois, la voilà prête à s'échapper au moindre mouvement suspect. Pas dit qu'elle irait loin, ceci dit. Enfin, au moins elle pourrait hurler et ameuter tout le monde à dix lieues à la ronde. Cette idée lui paraissait même un sacré bon plan. Enfin, encore fallait-il que le médicastre manifeste clairement l'intention de la soigner. Un haussement d'épaules semblait ici signifier "si tu ne veux pas que je te soigne, et bien crève", et le voilà qui passe son chemin.

Rassérénée, elle se détend, et se perd dans la contemplation des fissures du plafond, après avoir essuyé une bonne quinte de toux.

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Revenge is a dish best served nude ! - Dr Sheldon Cooper
Ingeburge
La marquise de Dourdan s'emmerdait positivement. Installée dans un lit qu'on ne pouvait décemment pas désigner comme tel, elle rongeait son frein, maugréant la Fortune qui l'avait fait tomber dès le premier combat et qui avait fait qu'elle avait échoué dans un trou comme on en rencontre quelques-uns quand on sillonne le Royaume de France et qu'on traîne ses guêtres dans des contrées riches en patelins abominables comme en Champagne. Contrainte à rester en une commanderie convertie par les nécessités en hospice de campagne, elle était condamnée à évoluer en ce lieu où elle n'aurait jamais mis les pieds dans des conditions normales et à le découvrir pour tuer le temps. Et découvrir, c'était vite dit : pas le droit de se lever pour le moment car « vous comprenez Votre Seigneurie, les blessures que vous avez subies vous ont faire trop de sang et vous ont durablement affaiblie. » C'était certainement pour cela, au terme d'une réflexion où la logique tenait la première place, que ces sangsues avaient cru bon de s'adonner à un prélèvement sanguin au prétexte de la soigner.

Dire que ses terres auxerroises étaient toutes proches, à quelques vingt-quatre ou vingt-cinq lieues, si ce n'était moins, une nuit de voyage et elle aurait pu agréablement s'emmerder chez elle, confortablement installée en son lit fermé par des courtines de velours et formé d'un vrai matelas, douillettement recouverte par une courtepointe doublée. Et non, par la grâce d'un complot cosmique, elle était coincée au sud de Troyes et à ne pouvoir rien faire. Broder avec une seule main? Impossible. Il lui fallait les deux et sa gauche était au repos forcé. Si elle ne se souvenait guère de l'intervention que les physiciens avaient pratiqué sur son flanc, elle avait en mémoire son coude disloqué et la manipulation effectuée pour remettre celui-ci en place; tirer l'avant-bras et taper sur l'articulation histoire que ça s'emboîte à nouveau – c'était en tous les cas ce qu'elle avait compris entre deux spasmes, de toute façon bien trop occupée à gémir pour la forme dès qu'on lui avait pris la main. Ils avaient aussi parlé de son épaule palpée avec circonspection et après, le trou; elle s'était réveillée, là. Ecrire, pas plus aisé; dessiner, pas pratique du tout. Il ne lui restait que la lecture et elle avait distraitement tourné les pages d'un quelconque ouvrage après qu'Äanchen, sa blonde et bavaroise servante qui suivait la troupe avec les autres petites mains non combattantes et qui avait donc rallié l'hôpital au plus tôt, lui avait dévoilé en allemand le contenu de lettres sans importance. Le livre avait promptement été délaissé, elle n'avait aucune envie de lire.

Non, il n'y avait pas à dire, c'était une punition divine que d'être blessée pour sa première campagne, d'être forcée à demeurer quinze jours dans un bled qu'elle espérait oublier au plus tôt, de songer qu'elle aurait déjà pu être à Auxerre et de devoir supporter de partager ce qui avait été qualifié de chambre avec quelqu'un. Le drap blanc tendu dans la pièce était significatif, ce qu'elle avait cru entendre aussi. Mécontente, elle avait envoyé Äanchen auprès de ceux qui tenaient l'endroit, afin que les responsables de cette installation procédassent à un changement qui se révèlerait salutaire tant pour l'indésirable et pour elle-même que pour lesdits responsables. Assise dans son lit, adossée à un oreiller qui était aussi oreiller que le lit était lit, elle attendait que la bonne revînt, ne cherchant pas à savoir qui on avait pu lui coller dans les pattes. A quoi bon? Si l'Allemande se débrouillait comme prévu, tout ceci serait de l'histoire ancienne. La porte s'ouvrit et avec l'espoir se matérialisa pour aussitôt se dissiper. Une religieuse était entrée et Ingeburge avait cru que c'était pour elle. Eh bien non, la femme était passée de l'autre côté, sans faire seulement cas d'elle et voilà maintenant que...

Complot cosmique? Punition divine? Pouah, foutaises! C'était une magouille garantie cent pour cent préséance car n'entendait-elle pas maintenant la voix du Blanc-Combaz? Les yeux agrandis de surprise, enfin autant que cela se pouvait puisque l'un des deux était poché, le blanc de l'œil voilé par le sang, trônant en haut d'une moitié de visage tuméfiée et quelque peu violacée, il lui semblait reconnaître les inflexions du monarque. Si le prétexte du regroupement pour manque de place était exact, celui-ci avait dû être opéré en regard de la qualité des blessés. Certes, rien ne pouvait égaler un roi mais en y réfléchissant un peu, quand on examinait la troupe hétéroclite que formait la compagnie d'Artus, eh bien, elle faisait elle-même partie du haut du panier du groupe en question, si elle était du coup la seule de la haute à s'être fait fracasser, ceci pouvait expliquer cela. Belle ironie de la situation pour la thuriféraire de la différence sociale qu'elle était. Penser donc la prochaine fois à se faire dézinguer en compagnie d'une section pleine de princes français quitte à en pousser un en avant histoire qu'il se fasse refaire le portrait avant elle. Ou éviter d'intégrer une armée royale qui est royale non pas parce qu'elle obéit au roi de France mais parce que le roi de France y est justement. Mais ne rêvait-elle pas? N'était-ce pas la manifestation de la douleur qui la faisait délirer? N'était-ce pas la médication dont elle avait gavé qui atténuait sa lucidité? S'humectant des lèvres desséchées, elle tendit l'oreille, tâchant de balayer toutes ces interrogations dont la réponse lui était en fait connue.

Äanchen qu'elle avait totalement oubliée parut pour lui faire savoir que le comte du Tournel sollicitait un entretien, communiquant ainsi une demande à mille lieues de la mission confiée plus tôt. La Danoise se redressa, le visage congestionné. Non, mais il fallait que celui-là se radine en plus! Ce n'était donc pas suffisant qu'elle fût blessée, coincée et avec le roi de surcroît? Il fallait que ce maudit, damné Languedocien voulût la voir! Un non fut grommelé alors qu'elle tenta, vilain réflexe, de croiser les bras pour montrer à quel point elle était contrariée. Le mouvement la fit grimacer. La peste soit cet homme-là. Et la peste soit le roi. Le premier était un pire mal encore et il était certain qu'il resterait là tant qu'elle n'accepterait pas de consentir à sa requête. Quant au second... Allez savoir, tout était possible.

C'est alors qu'une idée germa dans l'esprit troublé d'Ingeburge. Puisqu'il était certain que les deux l'enquiquineraient, en admettant les mêmes deux dans la même pièce, peut-être que l'un arriverait à annuler les effets de l'autre, et réciproquement. Et puis, avec le premier, il lui fallait en finir.

— Oui finalement, mais avant...
Il fallait s'arranger un peu. La Bavaroise s'ingénia donc à rapidement préparer sa maîtresse, drapant le haut du corps de celle-ci dans un scapulaire sombre et masquant ainsi le bras passé en écharpe, déposant sur ses cheveux nattés un voile de guipure immaculée pour lui couvrir décemment la tête, lui confiant un mouchoir parfumé au Lys de Florence – il faut dire que la Prinzessin avait exigé que ses affaires, ou au moins une partie, lui fussent rapportées afin que l'ordinaire du lieu fût amélioré. L'ouvrage abandonné lui fut ensuite rendu et elle s'appliqua à lire.

Ce n'était peut-être pas Auxerre, c'était peut-être la guerre, mais il n'était pas dit que l'emmerdée marquise de Dourdan ne savait pas recevoir, et ce, qu'elles que fussent les conditions.

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Actarius
On lui demanda d'attendre et ... il attendit. Enfermé dans son armure, le Comte, dont seul le visage échappait à la douce caresse du métal, observait les allées et venues, perdu dans de bien sombres pensées. Il aurait pu combattre des siècles sans éprouver la moindre crainte de l'ennemi ni même de la mort, mais elle... elle, il la craignait en cet instant. Il avait connu un bonheur sans borne de la voir se relever, puis avait surgi la culpabilité et naturellement à la culpabilité avait succédé la peur du jugement. Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agissait du seul qui comptait véritablement à ses yeux. Les bras croisés, le regard dur du guerrier, le coeur tendre de l'amoureux éperdu, il attendait répondant aux rares salutations d'un sourire légèrement crispé. On vint finalement le chercher et il suivit docilement son guide jusqu'à la chambre. Et là...

Il ne put masquer son étonnement lorsqu'il lui annonça que le Roy reposait dans la même pièce. Certes, il découvrit, après avoir marché dans l'incrédulité, qu'il y avait ce drap blanc, mais était-ce une plaisanterie ? Il fallait donc cela pour partager la chambre de la Prinzessin une couronne royale. En Bourgogne, il avait été relégué à une heure de route d'Auxerre, pour les convenances, et voilà qu'il la trouvait dans la même pièce que le Roy, comment avait-elle pu consentir à cela ? La jalousie, perfide, élabora bien des scenarii plus farfelus les uns que les autres, mais aucun où le manque de place ne jouait un quelconque rôle. Oh ! Il ruminait sous son faciès impassible sévère. Oh ! Il aurait volontiers fait danser sa lame quelques instants tant l'idée de la voir aussi proche d'un autre lui déplaisait. Et ce à plus forte raison qu'il ne pourrait rien dire, rien faire de tendre, de doux, sous peine de se voir opposer un œil noir et cruel dans l'iris duquel s'illumineraient quelques lettres d'un albâtre impitoyable pour former le mot "convenance".

Injuste ! Infâme ! Indigne ! Le Roy venait de perdre tout crédit, car dans chacune des historiettes fabulées, il portait le costume du coupable. Jamais elle n'aurait pu consentir à cela ! Et si ? Non jamais ! Pourtant... Non, non et non. Il chassa tant bien que mal cette idée saugrenue profitant d'un petit laps de temps supplémentaire, mais guère trop long pour ne pas éveiller les soupçons du Monarque ou pire encore contrarier une Prinzessin. La lente marche sur des œufs commença alors. Et autant dire qu'avec sa carrure et son armure, le Mendois partait perdant. De loin. Ne pas laisser croire au Roy que... ne pas donner d'indice... comment... Il se tourna vers lui en premier après avoir jeté un coup d'œil inquiet à son Altesse et "pénétra" dans la demi-chambre royale.


Votre Majesté, glissa-t-il. Je vous apporte les bons vœux de rétablissement des soldats. Nous avons retrouvé Troyes ce jour. Aucun autre combat, aucun autre blessé à déplorer. Toutes et tous vous souhaitent un bon rétablissement et vous réaffirment leur soutien. Remettez-vous vite.Chose à laquelle, il ne croyait pas au vu du spectacle peu ragoûtant que lui offrait le Monarque. Il y eut ce petit instant où son gantelet, posé sur le pommeau de son épée, frémit légèrement, où la pensée d'un régicide le caressa. Il se contint cependant et s'inclina légèrement. Je vais donner quelques nouvelles de ses gens à Son Altesse et vous laisserez vous reposer. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas à faire appel à moi.

Ce qu'il fit. Il contourna le drap, anxieux. Avait-il bien fait pour étouffer d'éventuels soupçons avant même qu'ils ne fussent apparus ? Il ne pouvait le dire tant la vision de l'être aimé alité et blessé ranima avec fureur la culpabilité qui était sienne depuis... le drame. Son regard ému épousa la silhouette allongée cependant que les remords gangrénaient son esprit. L'envie de tuer l'objet de l'injuste jalousie n'était rien en comparaison du désir d'accourir vers elle et de la prendre contre lui. Il s'en abstint bien évidemment sentant déjà la coquille d'un œuf craqueler sous son lourd soleret.

Votre Altesse. "Pardonnez-moi d'avoir failli, de n'avoir su vous protéger". J'espère que vos blessures ne vous font pas trop souffrir. "Cette couche aurait dû être la mienne". J'ai pensé que vous seriez heureuse d'apprendre que Luzerne est saine et sauve. Vous l'avez entendu, l'armée est de retour à Troyes. Elle ne devrait pas y demeurer néanmoins. "Je ne veux pas vous laisser, mais il le faut. Je dois combattre pour me racheter, pour me pardonner". Voulez-vous que je lui transmette un message ? Avez-vous besoin que je vous fasse amener quelque chose ? Ses yeux de Sienne, attendris, témoignaient de la douleur que lui infligeait cette vision d'elle, mais il se refusait à trahir par le geste ou la parole son ressenti en présence de ce Roy désormais maudit.
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Leanore


Léanore pestait...... Les pigeons n'étaient plus ce qu'ils étaient. Celui-ci avait dû perdre son chemin ou pris des méandres inconnus. Elle avait donc été prévenue assez tardivement et espérait ne pas arriver trop tard auprès du Roy blessé. Cette situation doublait son angoisse. Elle n'avait jamais été présentée officiellement au monarque puisque la guerre l'avait happé dès son avènement.

Elle avait rassemblé rapidement tout ce qui était nécessaire. En voyant les instruments d'amputation, elle espérait ne pas devoir s'en servir.

Lorsqu'elle arriva sur place, elle resta un instant interdite devant le spectacle. Jeune femme douce plutôt réservée, elle était plutôt habituée aux malades du dispensaire qui lui donnaient plutôt à soigner les maladies courantes.

Des soldats valides étaient occupés à rassembler à l'écart ceux pour qui on ne pouvait plus rien faire. D'autres estropiés étaient portés ou soutenus dans un coin où des barbiers devaient déjà être à l'oeuvre.

Un soldat la remarqua, frêle jeune femme, sans la moindre trace de sang sur elle, ni de sueur, ni de crasse. Tableau plutôt anachronique au milieu de ce chaos.

C'est ainsi qu'elle fut amenée dans l'ancienne commanderie, hospice le plus proche. Il avait fallu montrer patte blanche, les regards suspicieux posés sur elle avant d'être amenée enfin dans une pièce.
Le regard interrogateur, elle cherchait le corps royal. On la guida alors derrière un drap tendu à l'abri des regards.

Une soeur était occupée à rafraichir le front du monarque. Léanore s'agenouilla humblement, la tête baissée

Votre Majesté, j'ai fait aussi rapidement que j'ai pu.

Elle réalisa que le Roy devait se demander qui était cette jeune femme habillée en vêtements civils tenant de tels propos.

Je suis Léanore, votre médecin Votre Majesté....

La suivaient deux soldats portant caisses contenant herbes, fioles, pots de toute sorte.

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Ingeburge
Ainsi, il était en vie. Certes, l'annonce de la requête du Phœnix laissait entendre que ledit Phœnix était en vie. Mais si c'était quelque chose que de le comprendre, c'en était une autre que de se rendre compte par soi-même. Cette voix connue, reconnue, ne laissait nul doute sur l'état de l'homme, mieux, elle annonçait qu'il était non seulement en vie mais manifestement bien portant. Et qu'elle, donc, avait été bien idiote. Si l'agacement avait germé quand Ännchen lui avait fait savoir que le comte du Tournel demandait audience, l'attente qui s'en était suivie quand la Bavaroise était allée faire connaître l'accord de sa maîtresse avait fait naître une vague d'appréhension. Et si...? Et s'il n'allait pas bien? S'il avait été blessé? Car à la fin, y avait-il une autre raison pour sa venue dans la commanderie? Ingeburge préférait ne pas songer qu'il y eût pu avoir un autre motif comme elle avait essayé de ne pas espérer qu'il avait rejoint l'armée pour elle. Et ce « et si... », elle l'avait par trop connu quand au début de l'année, elle avait appris par le comte du Languedoc d'alors que l'Euphor était porté disparu, époque à laquelle ce qu'elle ressentait était loin d'être aussi clair pour elle qu'aujourd'hui. Alors, la blonde servante sortie, elle s'était fait un sang d'encre.

Et maintenant, la Danoise s'agonissait in petto de reproches. Elle n'aimait pas perdre le contrôle et s'affoler comme elle venait de le faire durant quelques secondes n'était pas de nature à la pousser à l'indulgence envers elle-même. Idiote, bien idiote, comme souvent quand il s'agissait de lui. Mais ce fameux lui était en vie et les quelques mots qu'il adressa au roi de France avec lequel elle partageait une chambre démontrait cette vitalité. Si le soulagement vint, les mauvaises épithètes, elles, ne cessèrent pas, car voilà qu'il se tenait désormais devant elle et qu'il la gratifiait de ce regard éperdu qui avait la capacité de la troubler. Une bouffé de chaleur inonda son visage, causée par un attendrissement de fort mauvais aloi – comment allait-elle tenir sa résolution de plus jamais lui adresser la parole si en l'observant ainsi il avait le don de la mettre mal à l'aise? Elle maudissait ce drap tendu dans la pièce censé garantir une intimité qu'elle estimait inexistante, ce drap tendu qu'elle aurait voulu voir tomber pour ne plus être en butte aux assauts contenus mais émus d'Actarius. Si celui-ci avait pu être persuadé que l'on pourrait remarquer son air, il se serait davantage tenu et aurait tâché de contraindre ses sentiments. Et Dieu qu'il la faisait souffrir en se tenant ainsi à distance respectable sans rien dissimuler de son état d'esprit, plus sûrement encore que s'il avait lui-même porté les coups qui expliquait qu'elle se présentât à lui diminuée.

Cette souffrance tordit un instant ses traits alors qu'elle refermait son livre de sa main valide. Il parlait, donnant quelques nouvelles mais elle n'en perçut pas le quart, commençant à s'agiter sur sa couche. La grimace n'échappa pas à Ännchen qui se pencha vers elle et lui demanda si elle pouvait faire quelque chose pour la soulager. Ingeburge aurait bien volontiers répliqué que mettre à la porte le comte du Tournel était de nature à l'apaiser mais voilà, ils n'étaient pas seuls et elle ne se sentait pas de force à subir le retour d'Actarius à cette énième pique. Quelqu'un entra à ce moment-là, sans se soucier de quiconque en dehors du Blanc-Combaz. Là encore, Ingeburge n'était pas en état de relever l'impolitesse manifeste, elle était entièrement préoccupée par l'envie qu'elle avait de se retrouver seule pour ne plus avoir à affronter celui qu'elle tenait pour un traître et à qui elle ne devait pas parler. Et il n'y avait qu'un moyen – hormis le sarcasme – retourner cette émotion contre lui, quitte à ce qu'il s'alarme davantage.

Nouveau spasme, et feint celui-là, accompagné d'un petit soupir tout aussi simulé. Enfin... pour parfaire la contrefaçon, elle avait légèrement remué son bras blessé, il fallait bien cela pour convaincre l'ennemi. Puis, le premier acte de sa comédie joué, elle repoussa l'ouvrage tout en glissant quelques mots en allemand à sa servante. Celle-ci hocha la tête, se tourna pour attraper un linge humide et commença à baigner le front de la Prinzessin. Tout en rafraîchissant la mine éprouvée, la Bavaroise indiqua de sa voix aux inflexions gutturales que la marquise de Dourdan était trop faible pour voir l'entrevue se prolonger et que celle-ci avait besoin de repos. Elle ajouta que ladite marquise remerciait son visiteur pour ses bons offices et espérait que le Très-Haut veillerait sur lui le temps de son engagement au sein de l'armée. Et en guise d'appui à ce qui venait d'être ânonné par une bonne complice malgré elle des simagrées de sa maîtresse, cette dernière dodelina vaguement la tête et ravit à la vue de son ennemi ses prunelles opalines.

Parfait, et les doigts dans le nez si elle était du genre à se les fourrer dans les narines : non seulement elle ne l'avait pas gratifié elle-même d'un seul mot et en plus, les yeux désormais clos, elle pouvait mieux lui résister. Certes, il était encore là, elle pouvait percevoir les ondes chaleureuses et séduisantes qui émanaient de lui mais elle avait tenu l'engagement pris avant qu'elle ne sombrât dans l'inconscience sur le champ de bataille. Et avec un peu de chance, il quitterait les lieux.

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Actarius
Il marchait de son pas toujours assuré en direction du campement de l'armée. Devant lui, à chacune des étapes de sa progression, se déroulait l'image de la douleur qu'elle endurait par sa faute. Oui, il avait couru dans les toiles savamment tissées par la diabolique Prinzessin et y demeurait encore et toujours piégé. Ficelé de soie, plongé dans les nimbes de la culpabilité, il attendait désormais sans le savoir d'être dévoré. Un jour ou l'autre. Il revoyait avec amertume la scène qu'il imaginait véridique, ce rictus, ce mouvement du bras, cet échange avec la Bavaroise, ce visage las, ce front qu'il s'imaginait fiévreux, ces yeux refermés. Il entendait le silence, l'irruption inopportune, la voix rauque et le léger claquement de la porte qui avait été rabattue derrière lui. Tout s'était déroulé rapidement et pourtant chaque mouvement, chaque inflexion se décomposait désormais en son esprit avec une indolence quasi insupportable. Car tous, dans leur moindre détail, le propulsaient irrémédiablement vers l'horreur ressentie sur le champ de bataille. Une horreur empreinte de remords qui étaient autant de lames acérées perforant la douceur des rêves d'un avenir commun.

Il marchait toujours de son pas assuré à travers les rues de la ville. Enfermé dans sa carapace d'acier, dont seule s'extirpait sa tête couronnée de cheveux joyeusement désordonnés, il laissait parfois glisser son gantelet jusqu'à son pommeau qu'il caressait nerveusement. De tout temps, il avait aimé la guerre où il évoluait comme un saumon à contre-courant, loin des vaines considérations sur la douleur, la souffrance... Dans son esprit forgé pour cet art, le combat constituait l'exacerbation de ce que l'homme pouvait faire de plus grand, faisait écho à de vraies valeurs, celles dont la sincérité s'affirmer face à la mort. Mourir sur le front, plus qu'un souhait, c'était un espoir dans son coeur bercé d'héroïsme. Il aimait cette sensation unique, cette peur à canaliser, cette union et cette solidarité dans les campements, dans le feu de l'action. Il s'y sentait en vie, utile, bien plus que dans toutes les fonctions qu’il avait occupées un jour où l'autre. Bâti comme un colosse, il avait de surcroît la nature guerrière. Guerrière mais non pas belliqueuse. Pour un tel caractère, il était préférable, et de loin, de mener une charge perdue d'avance que de se replier. C'était là une question d'honneur. Mais toutes ses considérations ne valaient plus grand-chose en comparaison de ce qu'avait engendré en lui l'insondable Bourguignonne.

Toujours, il marchait de son pas assuré et pour la première fois la guerre, cette guerre ne lui semblait pas si agréable. Ils se rapprochaient lorsqu'elle avait éclaté, il allait lui faire part de son vœu le plus cher. Mais quelques Angevins en avaient décidé autrement. Oui, il se serait porté bien mieux dans la tranquillité d'Auxerre, dans la découverte de Donzy que désormais. Bientôt, il aurait retrouvé la troupe. L'armée reprendrait son exode vers l'Anjou et elle, elle resterait là à souffrir de blessures qu'il avait provoquées par sa négligence. Comment dès lors imaginer un instant que ses espérances se concrétiseraient ? Alors même qu'il ne pouvait se pardonner, qu'il se sentait à nouveau indigne d'elle. Alors même qu'il s'éloignait de celle qu'il aspirait à ne plus quitter. De bien sombres nuages menaçaient son horizon, et seul le souffle du pardon l'éclaircirait à nouveau. S'amender à ses propres yeux en excellant dans ce pourquoi il était né, la guerre. Y survivre, revenir plus fort avec dans les iris l'éclat de celui qui ne doutait plus.

Pourtant, le pas devint plus hésitant. S'éloigner d'elle, encore...

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